La Voie du Destin (Star Wars #01 à 06), par Charles Soule et Jesus Saiz
L’Empire a contre-attaqué… et l’Alliance Rebelle est en déroute. La flotte continue d’être prise pour cible, même une fois séparée. Han Solo a été emporté par Boba Fett. Lando Calrissian a fui Bespin, abandonnant derrière lui ses administrés et son fidèle Lobot. Luke Skywalker a perdu sa main, le sabre-laser de son père et sa foi à maîtriser à la suite de l’horrible vérité : Dark Vador est en réalité Anakin Skywalker ! Dans ces conditions, nos héros peuvent-ils encore relever la tête et poursuivre la lutte ?
Alerte spoiler : la réponse est oui.
Nouveau départ pour la série
Star Wars après 75 numéros d’une première mouture qui, après avoir bien démarré, a sombré dans le plus ou moins n’importe quoi jusqu’à ce que Kieron Gillen tente de remonter le niveau de tout cela, bien mal aidé dans un premier temps par Salvador Larroca. Greg Pak a enfoncé le clou, au point que c’est avec soulagement que la précédente série s’est achevée. L’annonce de Charles Soule au scénario de ce relaunch a cependant de quoi rassurer. Soule, c’est l’homme de confiance de Marvel sur la saga, celui à qui on confie les gros titres, celui qui a lancé la Haute République, celui qui a signé plusieurs mini-séries et en est désormais à sa troisième série régulière.
Et on sent bien la patte de Soule sur le scénario de ce premier arc. Un scénario pas évident à appréhender, d’ailleurs, dans un contexte beaucoup moins accessible que celui qui correspondait au lancement de la précédente série. Ici, nous sommes dans un contexte bien particulier, et le scénariste est obligé d’en passer par des passages imposés. Il faut bien traiter les traumatismes de Luke, le cas Lando, la flotte rebelle… et tout cela est fait dans ces pages.
Oh, bien sûr, tout n’est pas fini, tout n’est pas résolu, mais qu’importe : la série retrouve une direction, un liant : on se croirait revenu à l’époque de Kieron Gillen, où chaque arc apportait une pierre supplémentaire à l’intrigue générale. Après juste un premier arc, on sent que c’est le même style qui se prépare : Soule semble avoir en tête un fil directeur, et lance plusieurs pistes qui seront davantage exploitées dans les prochains arcs.
Tout n’est cependant pas parfait, évidemment : d’abord, et c’est étonnant, le scénario va vite. Très vite. Trop vite, peut-être ? L’intrigue sur Bespin aurait pu durer un peu plus longtemps, tout en évitant certains passages imposés (la sous-intrigue impliquant Leia ?). Les personnages s’agitent pendant deux numéros dans la Cité des Nuages… pour que tout cela disparaisse au profit d’une focalisation sur Luke. Et c’est là qu’un problème de rythme s’installe : ce qui arrive à Luke est très intéressant, vraiment, et permet au scénariste de montrer que tout est vraiment lié (ses précédentes séries sur Poe Dameron et Dark Vador ? C’est fait !
Star Wars Rebels ? C’est fait… et tellement bien fait!

)… mais cela provoque une coupure de rythme et un changement d’ambiance tel qu’on en vient à se dire que le premier arc n’aurait du faire que 4 épisodes, les deux derniers formant un mini-arc à eux seuls. Curieux… à moins que ce ne soit pour des histoires de découpage en TPB ?
Aux dessins, Jesus Saiz livre une prestation qui rappelle celle d’Angel Unzueta, à tel point que j’ai d’abord cru que c’était le même dessinateur ! Néanmoins, et comme l’a soulevé Lain dans sa critique, il est vrai que les premières pages sont d’une tristesse grisâtre, on se croirait presque dans le film
Batman v Superman, tiens (oui, cette attaque était gratuite). L’ensemble manque également de dynamisme et de perspective, les personnages donnant l’impression de s’agiter derrière des décors dans lesquels ils ne se trouvent pas (un peu dans le style de la prélogie, où l’on sent les fonds verts derrière les acteurs).
Redémarrage réussi sans être exceptionnel, donc. L’arc gagnera sans doute à être relu une fois la suite de la série disponible, pour voir comment les pistes s’assemblent et les intrigues se lient. Il est néanmoins indéniable que Charles Soule a plusieurs idées pour la suite, et ça, ça fait plaisir !
Note : 70 %