Hello ! On est lundi, donc nouveau chapitre. Et un gros chapitre (je ne sais pas si c'est un bien ou un mal) ! C'est clairement le genre d'extrait que j'aurais diviser en deux en temps normal, mais ce n'est pas le but de cette fic' de s'étaler et il a fallu faire un peu de découpage.
Bonne lecture à tous, je vous laisse en compagnie du duo de la semaine:
Chapitre 7 : Un choix
28 av.BY, Niveau 1313, Coruscant
La puanteur, la crasse, l’infamie de cet endroit s’accrochait à vous encore plus fortement qu’un Mynock sur la carlingue d’un cargo. Sombre, abandonné par le Sénat, ce niveau n’était illuminé que par les enseignes d’échoppes qui, pour la plupart, pouvaient vous envoyer tout droit vers votre mort si vous étiez chanceux. Beaucoup arrivaient en ce lieu d’une superficie suffisante pour faire rougir les plus grandes mégalopoles de la galaxie. Néanmoins, peu en repartaient ou, si cela arrivait, ils n’avaient alors plus grand-chose à voir avec ceux qu’ils avaient été auparavant. Commerçants miteux, mendiants, prostituées et citoyens oubliés y côtoyaient certains des criminels les plus recherchés de la galaxie. Voleurs, violeurs ou meurtriers profitaient sans inquiétude des quelques joies, mais surtout de l’opacité que leur confiait cet endroit. Après tout, qui aurait osé venir les chercher aussi loin dans les bas-fonds de la capitale ? Les sénateurs avaient pour seule préoccupation le bien-être de leurs mondes respectifs ou le leur. Le Chancelier Suprême était trop occupé à combattre une crise galactique dont les premiers signes étaient apparus quatre années auparavant alors qu’il entamait à peine son mandat. Quant aux forces de l’ordre et aux Jedi, Cela faisait maintenant des siècles qu’ils les avaient abandonnés. N’importe quelle créature douée de raison aurait évité de descendre intentionnellement dans ces abysses. Le niveau 1313 avalait ses victimes et jamais il ne le recrachait. Vêtue d’une capuche à l’état faussement déplorable, une Arkanienne aux lèvres d’un bleu sombre tranchant avec la pâleur de son visage, l’avait bien réalisé. Depuis de nombreuses minutes, elle n’avait pu détacher son regard d’un jeune Gotal assis à même le sol.
— Je ne comprends pas pourquoi nous ne descendons pas plus souvent ici, Deek, murmura-t-elle avec une voix cassée.
Son compagnon kage, lui aussi drapé dans un manteau noir, observa l’individu cornu. D’une maigreur que l’on pouvait aisément juger de cadavérique, sa fourrure sans éclat était parsemée de très nombreuses zones privées de poils. Certaines d’entre-elles avait même laissé place à d’épaisses croutes à l’aspect peu ragoûtant, signes évidents de nombreuses carences, mais aussi d’infections. Le non-humain au sol tendait, en tremblant, une main autrefois griffues dans un vain espoir qu’une des discrètes formes circulant régulièrement devant lui viendrait à lui tendre un crédit. Sans doute était-il conscient que les citoyens de ce niveau ne pouvait, pour la majorité, ou ne voulait, pour les quelques aisés, pas se séparer d’un bien aussi précieux. Son regard en disait long, privé de toute espérance. Il était évident qu’il ne mendiait que par habitude et non plus dans l’expectative possibilité de se voir offrir le précieux objet de son désir. Deekon grimaça, ne sachant s’il devait éprouver de la pitié, du dégoût ou de la colère.
Peut-être un peu de tout ça.
— Pourquoi faire ? répliqua le jeune Kage. Les gens ici nous ont oublié, pour la plupart, et ceux qu’il reste nous tueraient avec le plus grand plaisir. Tu te rappelles de ce que nous a dit Roova.
Maya, le visage efficacement dissimulé par sa capuche, hocha faiblement la tête. Le Wookie, toujours aussi brusque dans son pilotage au grand désespoir de Deekon Jeren, était l’individu qu’il les avait mis sur la piste qu’ils suivaient à présent. Durant ses premières années aux côtés de Sar Labooda, le jeune apprenti avait été réticent à se servir des contacts peu recommandables de son Maître, puis les années étaient passées et il avait commencé à prendre conscience de ses préjugés. Contrairement à ce qu’il avait toujours pensé, la galaxie n’était ni blanche, ni noire, elle n’était constituée que d’infinies nuances de gris. Il lui appartenait ensuite de décider de la teinte au sein de laquelle il désirait évoluer. Au fil des années, il avait même fini par se constituer son propre, bien que très modeste, réseau sur plusieurs mondes du Noyau, du concierge d’un hôtel réputé, à l’agent de police des Forces de Sécurité de Coruscant, ou FSC, en passant par la danseuse twi’lek favorite d’un baron du crime local. Osha lui avait plusieurs fois dit qu’elle trouvait que la voie sur laquelle le poussait son Maître n’était pas conforme aux principes Jedi, mais il avait fini par ne plus s’en occuper.
Pour venir en aide aux citoyens de la République, il faut sortir de sa tour d’ivoire, parfois.
Du coin de l’œil, il finit par repérer ce qu’il cherchait. Un Dévaronien d’une cinquantaine d’années émergea d’une ruelle encore plus faiblement éclairée que celle dans laquelle ils se trouvaient actuellement. Deekon le connaissait bien, pour avoir vu son portrait sur l’un des fichiers de son contact aux FSC. Néanmoins, il ne désirait pas l’arrêter maintenant. D’un signe de la tête, il enjoignit son amie à le suivre après avoir vérifié que sa tresse de Padawan était encore efficacement dissimulée sous sa capuche. Tels deux ombres aussi invisibles que les dizaines d’autres âmes errantes autour d’eux, ils traversèrent la ruelle, prenant garde à éviter les lumières les plus vives, puis finirent par atteindre l’étroite voie d’où provenait le Devaronien. S’ouvrant à la Force, le Kage ne mit pas longtemps à trouver ce qu’il cherchait.
— Le panneau est dissimulé juste là, le devança Maya en émettant une pointe d’émotion joyeuse au cœur de son inquiétude.
Deekon s’en approcha en quelques pas et retira la grossière plaque métallique censée dissimuler l’appareil aux yeux de tous. Le camouflage aurait pu être efficace s’il n’avait pas eu affaire à deux jeunes Jedi suffisamment versés dans les arts de la Force pour le repérer en quelques secondes. De son regard doré luisant dans l’obscurité, il analysa le modèle qui se trouvait devant lui et serra les dents.
C’est cher, surtout pour ce secteur.
— Cela va me prendre un moment de le court-circuiter, prévint-il Maya en se mordant la lèvre inférieur.
Cette dernière eut un petit rire amusé, qui le frustra. Le Kage était parfaitement conscient de ce qui suivait cette intonation précise. Il connaissait parfaitement l’Arkanienne et pouvait lire ses émotions presque aussi bien qu’elle était capable d’analyser ses moindres pensées. En temps normal, sa fierté lui aurait dicté de s’occuper lui-même du panneau d’accès, mais il s’agissait de Maya et gagner de précieuses minutes pouvait avoir une grande importance pour leur mission. Il s’écarta, non sans avoir effectué un geste exagéré pour laisser le champ libre à sa partenaire.
— Merci, s’amusa-t-elle en retirant taquinement le gant de sa main droite avant de se placer devant l’appareil.
Quelle nouveauté va-t-elle utiliser cette fois ?
Maya possédait une affinité particulière avec la Force. Elle était douée et même probablement bien plus que le Kage ne le serait jamais. Régulièrement, elle lui montrait une nouvelle capacité que lui-même n’avait que tout juste commencé à développer. Leev ou Fizz n’hésitaient jamais à faire étalage de leur talent. L’Arkanienne, en revanche, utilisait toujours ses capacités avec parcimonie. Pourtant, et pour la première fois depuis qu’il la connaissait, un doute le parcourut au moment où il la vit court-circuiter le panneau de contrôle. Il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il avait vu ou, pour être honnête, préférait le réfuter, mais un sentiment inhabituel s’installa doucement en lui. Tout sourire et peu préoccupée par ses émotions, Maya lui présenta le nouvel accès qui s’offrait à eux.
— Après toi, jubila-t-elle.
Le Padawan aux cheveux argentés s’empressa de rentrer dans le bâtiment autant en raison de leur mission que pour masquer son trouble à son amie. Il y régnait une humide odeur de moisissure et d’huile rance qui lui chatouilla les narines pendant un instant et il décida de réduire sa fréquence de respiration. L’éclairage, quant à lui, était tout bonnement presque absent et il lui fallut un léger instant pour percevoir clairement la direction à prendre. Sans un mot, il s’avança, attentif à éviter les flaques de substances inconnues sur le sol et les objets qui pourraient trahir sa présence. Il décida d’étendre sa conscience pour repérer d’éventuelles sentinelles, mais le regretta presque immédiatement. La seule conscience qu’il rencontra fut celle de Maya, emplie de douceur et de lumière. Elle accepta sa présence sans la moindre réticence et il sursauta. Il se ferma brusquement à elle, mais eut juste le temps de ressentir la surprise chez son amie. Etonnée, elle se contenta de joindre son esprit au sien une nouvelle fois. La sensation ressemblait à une caresse rassurante et bienveillante, mais il craignit de lui ouvrir l’accès et qu’elle ne ressente le doute passager qui l’envahissait.
— Deek ? demanda-t-elle d’une voix qui laissait clairement poindre son anxiété. Il y a un problème.
Évidemment, c’est encore pire de se renfermer.
— Tout va bien, répondit-il avec un sourire forcé qui ne le convainquait pas lui-même.
Elle lui attrapa le bras, non pas d’une poigne ferme, mais affectueusement. Lorsqu’il se retourna, la déception dans les yeux azur de l’Arkanienne lui serra le cœur. Il savait qu’elle n’avait aucune difficulté à lire en lui.
Ne rien se cacher.
— Lorsque tu as ouvert la porte, avoua-t-il sans cesser de se déplacer. J’ai vu comment tu l’avais court-circuitée.
— Et ? demanda-t-elle comme si elle ne voyait aucunement ce qui pouvait le perturber.
— Maya, j’ai lu des archives sur cette… compétence. Des éclairs qui jaillissent des doigts… Ce n’est pas pour rien qu’on ne nous apprend pas à le faire au Temple. C’est un pouvoir pratiqué par les utilisateurs du Côté Obscur.
Il sentit clairement la déception chez l’Arkanienne, mais aussi sa contrariété.
— Tu penses que je me suis ouverte au Côté Obscur pour ouvrir une porte ? l’accusa-t-elle avec un ton amer sans pour autant être inquisiteur.
— Non ! se justifia-t-il en s’arrêtant. Enfin…
— Tu m’as senti en colère, emplie de haine ou de douleur lorsque j’ai ouvert la porte ? demanda-t-elle calmement en ayant retrouvé sa douceur habituelle.
Il était conscient que son amie avait été parfaitement calme lorsqu’elle leur avait déverrouillé l’accès. Rien dans ses perceptions ne l’avait alarmé. Néanmoins, ce qu’il avait vu le perturbait.
— Non, bien sûr et tu le sais très bien, mais cette capacité ne devrait pas être utilisée par un membre de l’Ordre.
— Pourquoi ?
La question le surprit. Maya maîtrisait la Force et les nombreuses connaissances sur l’histoire des Jedi bien mieux que lui, qu’elle puisse s’interroger sur la raison de son trouble le perturbait.
— Parce que c’est mal, se contenta-t-il de répondre pris au dépourvu.
À sa grande surprise, Maya révéla un immense sourire débordant de chaleur. Sa présence était brillante, cela ne faisait aucun doute. Elle irradiait au sein des ce tunnel sombre bien plus fortement que les quelques néons qui s’y trouvaient.
— Tu vois cette conduite d’eau ? demanda la jeune femme en indiquant une vieille gouttière rouillée un mètre devant eux.
Interloqué, Deekon ne put qu’hocher la tête.
— Comment t’y prendrais-tu pour la saisir avec la Force ?
Le Kage la regarda avec stupeur en se contentant de cligner des yeux pendant quelques secondes.
— Maya, je suis désolé de t’avoir mis en doute, mais tu penses que c’est le meilleur moment pour une séance d’examen.
— Il n’y a personne à cent mètres à la ronde, insista-t-elle. Comment t’y prendrais-tu ? Je ne bougerai pas tant que je ne serais pas sûre que tu as une totale confiance en moi.
C’est ridicule. On pourrait tomber sur des gardes.
— Je dessinerais mentalement les contours de la gouttière dans mon esprit, soupira-t-il en restant attentif, et y exercerait une légère pression.
— Et si je te demandais de la compresser ?
Il ne voyait pas où elle voulait en venir, mais l’autorité employée par la Padawan aux cheveux blancs lui suffit pour le convaincre de ne pas discuter sa demande.
— J’accentuerai la pression sur les points les plus faibles. Heureuse ?
— Où as-tu appris à faire ça ? demanda-t-elle le plus sérieusement du monde.
Elle a vraiment décidé de me faire la leçon en pleine mission au niveau 1313. On va jouer le jeu.
— Tu sais très bien qu’il s’agit d’un entraînement de télékinésie basique qu’on nous apprend au Temple.
— Effectivement, confirma-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Comment t’y prendrais-tu si je te demandais de faire la même chose avec la trachée de notre ami dévaronien de tout à l’heure ?
Pardon ?
— Maya…
— Comment t’y prendrais-tu ?
Il eut un rictus avant de secouer la tête.
— Ce n’est pas la même chose.
Se positionnant devant lui, elle le força à la regarder dans les yeux.
— C’est exactement la même chose Deek, déclara-t-elle d’une voix grave. Cette compétence pourrait tout aussi bien te servir à déplacer un objet qu’à enlever une vie. Est-ce que tu la considères pour autant comme un attribut du Côté Obscur ?
La réponse devenait évidente dans l’esprit du Kage. Pourtant, une partie de lui-même doutait encore et sa partenaire ne mit pas longtemps à le comprendre.
— Une poussée de Force peut aussi bien déplacer une charge lourde que projeter un être vivant au bas d’une falaise, expliqua-t-elle. Une décharge électrique peut relancer un cœur et non seulement infliger la douleur. Combien de fois as-tu utilisé la manipulation mentale pour te sortir d’une situation dangereuse en manœuvrant le libre arbitre d’un être ? Certains Jedi étudiaient la Méditation de combat permettant de coordonner des armées pour augmenter leur efficacité dans une guerre. Est-ce bien ou mal ?
Les paroles de l’apprentie le frappèrent bien plus fortement qu’il ne l’avait escompté, remettant en cause plusieurs des vérités qu’il avait alors considérées comme acquises. Il se sentit soudainement idiot d’avoir douté de sa meilleure amie.
— Je dois avouer que je n’avais pas réfléchi de cette manière-là.
— Et tu n’es pas le seul, le rassura Maya. Nous apprenons à utiliser ce que nous appelons le Côté Lumineux. Cependant, il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises aptitudes. Seule la façon dont nous nous en servons fera pencher la balance d’un côté ou de l’autre. La Force n’est pas lumineuse ou obscure, ce sont ceux qui s’en servent qui le sont.
Des nuances de gris, hein ?
Il n’y avait pas d’agacement, ni d’arrogance dans sa voix, uniquement une sérénité profonde et Deekon eut le sentiment que, pour la première fois en plus de dix ans, il voyait enfin l’Arkanienne dans son entièreté. Il ne put retenir un discret éclat de rire. Cette fois, ce fut Maya qui ne put dissimuler une mine stupéfaite.
— Excuse-moi mais, pendant un instant, je me suis dit que Maître Sar avait choisi le mauvais disciple. Je comprends pourquoi elle a accepté de me laisser avec toi sur cette mission.
À son tour, l’Arkanienne se mit à lui sourire avant qu’un pic d’adrénaline amplifié par son amie ne vienne s’emparer du Kage. Le cylindre métallique dissimulé dans la ceinture de sa tenue civile vint se loger en une fraction de seconde dans sa main gantée et une lumière d’un bleu glacial baigna les parois alentours. Une vague de surprise se projeta à une dizaine de mètres de leur position, mais les Jedi s’étaient déjà déplacés tels un seul être. En parfaite harmonie, chacun anticipait les mouvements de l’autre. Poussé par la Force, Deekon atteignit le premier humain au moment où il dégainait son blaster. D’un mouvement du poignet, il en trancha le canon avant de lui frapper la tempe avec le pommeau de son sabre. Celui-ci n’avait pas encore touché le sol que le Kage s’attaquait aux autres armes qui perdirent drastiquement de leur efficacité au moment où la lame cyan les coupa en deux. Encore sous le choc, les deux criminels eurent tout juste le temps de pousser un cri de surprise avant que Maya ne les soulève dans les airs brusquement afin de leur faire heurter le plafond. Lorsqu’ils touchèrent à nouveau le sol, ils avaient déjà perdu connaissance. Les deux jeunes Jedi restèrent immobiles pendant un instant, écoutant et ressentant tout ce qui se trouvait autour d’eux. Lorsque Deekon fut convaincu que d’autres gardes n’allaient pas les rejoindre, il se décida à éteindre la lame bleutée avant de se retourner vers sa partenaire.
— Tu ne t’en es de nouveau pas servi, constata-il en observant les mains vides de l’Arkanienne.
Cette dernière se rapprocha de lui avec un sourire.
— Tu es toujours assez prompt à dégainer, c’était inutile, répondit-elle en le frôlant.
Il s’efforça de ne pas réagir à son contact avec un succès mitigé avant de s’élancer à sa suite.
— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu répugnes toujours autant à utiliser ton sabre-laser, annonça-t-il de la même manière qu’il l’avait déjà fait des dizaines de fois.
— Je l’utilise, se justifia Maya bien plus attentive qu’un instant plus tôt.
— Je veux dire pour autre chose que t’éclairer dans un couloir, le taquina le Kage.
Ils continuèrent dans les passages sombres qui se révélaient bien plus déserts qu’ils ne l’avaient imaginés de prime à bord. Sans doute leur objectif était-il encore enfoui plus loin.
— Tu te rappelles ce que nous a dit Maître Yoda ? finit-elle par dire. Un Jedi doit utiliser la Force pour la défense, jamais pour l’attaque. C’est la même chose pour le sabre-laser.
— Et parfois, la meilleure défense, c’est l’attaque, contra Deekon sur un ton borné.
— On dirait un politicien.
— Et c’est mal ? se défendit le Padawan aux yeux dorés. Des politiciens comme le nouveau Chancelier, on en aurait bien besoin si on désire faire bouger les choses. Depuis qu’il est au pouvoir, on nous confie enfin des missions dignes de notre rang.
Maya tourna légèrement son visage vers lui, mais suffisamment pour qu’il puisse lire le désaccord dans son regard bleuté.
— La République a commencé à se désagréger depuis qu’il a été élu, répondit-elle calmement. Des systèmes ont initié le retrait de leurs représentants au Sénat. On parle même de sécession. Des gens en souffrent, Deek.
— La République avait déjà commencé à décliner sous Valorum, se défendit le jeune Kage. C’est sa passivité qui a amorcé cette situation. Les réformes établies par Palpatine sont devenues nécessaires pour éviter que la démocratie ne s’effondre. Surtout maintenant que les Sith sont de retour.
Il sentit une certaine tension se manifester chez son amie à la mention de ce mot. Ce fait n’était pas connu du grand public, mais il était désormais avéré qu’un Seigneur noir des Sith avait été identifié quatre ans plutôt durant le blocus de Naboo. Heureusement, celui-ci avait été neutralisé par Obi-Wan Kenobi, mais le coût n’avait pas été maigre pour l’ordre, le Maître du jeune Jedi ayant été tué dans l’affrontement. Depuis lors, l’ensemble du Conseil débattait pour savoir si le mentor ou le disciple obscur était celui qui avait été éliminé lors de l’affrontement.
L’avantage, c’est que nous savons qu’ils ne sont jamais plus que deux. Quant à cette histoire de Sky…
Soudainement, Maya lui fit signe de s’arrêter et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi. Une intense vague de peur le traversa si fortement qu’il ne lui fut pas difficile de déterminer sa provenance.
— En bas, annonça-t-il en indiquant une trappe.
Utilisant la Force pour atténuer le bruit de leurs pas, ils s’en approchèrent et l’ouvrirent.
Deux gardes.
Maya lui fit un bref signe afin de lui indiquer qu’elle prenait la tête avant de se laisser tomber sans causer le moindre mouvement d’air. Deekon, lui, fut moins gracieux et ne put atténuer un léger son en atterrissant.
Blast.
Cependant, son alliée avait été suffisamment rapide. Se mouvant comme une traînée de brume sous sa cape ébène tachée d’huile, elle atteignit le premier garde, un Pantoran, et lui toucha délicatement la temple. Celui-ci s’effondra discrètement sans que son équipier ne le remarque. Une seconde plus tard, l’autre était également profondément endormi sans que le moindre son n’ait été émis.
— Je ne saurais dire si tu es impressionnante ou ennuyeuse dans ta façon de faire, plaisanta-t-il avant d’être à nouveau envahi par un élan de terreur provenant d’une pièce sur sa droite.
L’inquiétude émise par Maya s’accentua et elle dégaina son sabre laser. La lame dorée émergea dans un vrombissement et crépita lorsqu’elle s’enfonça dans le panneau de verrouillage. La lumière rouge en dessus de la porte s’éteignit et la Padawan d’Oppo Rancisis fit coulisser l’épaisse plaque de métal à l’aide de la Force. Immédiatement après, elle porta sa manche à sa bouche, Deekon en comprit la raison lorsqu’il la rejoignit. À son tour il bloqua l’accès à l’odeur relativement infecte qui atteignait ses narines. La frayeur qu’il percevait continuait d’augmenter et il resta paralysé à la vue de ce que la lueur de la lame de Maya révélait.
Par la Force…
Dans une pièce trop petite pour les contenir se trouvaient plusieurs dizaines d’êtres vivants agglutinées dans la saleté et l’insalubrité. Son estomac remonta dans sa gorge, aussi efficacement qu’après une session de pilotage avec Roova, et il se félicita que sa colère quant à ce qu’il voyait vienne le contrebalancer.
Des enfants.
Il serra le poing, toujours incapable de bouger. Il savait que l’homme qu’ils recherchaient était un trafiquant d’esclaves notoire, ce qui lui avait déjà suffi pour désirer le mettre hors d’état de nuire, mais ça, il ne s’y était pas attendu. Il était évident que la plupart des gamins étaient malades ou, pour certains, à l’article de la mort. Maya fut plus prompte que lui à réagir et s’avança vers un jeune Quarren terrifié qui le fixait et Deekon réalisa que si ces événements l’atteignaient aussi profondément, la compassion de Maya devait actuellement être mise à rude épreuve. Il n’eut pas le temps de lui poser la question. Les poils sur sa nuque se dressèrent un instant avant qu’il ne dégaine son arme pour parer la décharge écarlate qui alla s’écraser contre un mur dans une gerbe d’éclat.
— Jedi ! entendit-il crier une voix rauque qui lui était familière.
Sa colère s’accentua lorsqu’il identifia l’être dont elle provenait. De petite taille, le crâne rasé et le bouc apparent, il était néanmoins particulièrement musclé et bien habillé pour le niveau 1313. Il ne lui fut pas difficile de faire le rapprochement avec le signalement que l’agent du FSC lui avait transmis. Il intercepta un nouveau tir avant de s’élancer sur le petit groupe. Poussé par la rage, seul lui importait de s’approcher de l’humain qui menait ce groupe. Celui-ci le visa de son blaster, puis réalisant qu’il ne s’arrêtait pas, partit en courant dans la direction inverse.
Oh que non.
En un éclair, le Kage faucha les mercenaires qui lui barraient le chemin sans se préoccuper de savoir s’il avait atteint un blaster, un bras ou une jambe. Il sut néanmoins qu’aucun de ses coups n’avait été léthal.
Deek !
Focalisé sur sa proie, il repoussa la présence de Maya. Le trafiquant d’esclaves était parti avec un peu d’avance, mais il n’avait aucune chance de distancer un Kage au sommet de sa forme physique, encore moins lorsque celui-ci était habité par la Force. La poussée que Deekon lui envoya au niveau des genoux fut suffisante pour le faire s’effondrer. Le Padawan entendit un craquement et sourit avant de s’arrêter à sa hauteur, son arme toujours activée. L’humain se retourna, une expression mauvaise déformant ses traits. Il le défiait. Il essayait de parler, de l’insulter, mais ne parvenait pas à faire sortir le moindre son. Le Kage se plaça au-dessus du criminel, au-dessus ce cet homme qui était responsable de l’horreur dont il avait été témoin un instant auparavant et il resserra la prise sur la poignée d’argent sombre. Il devait payer. L’ensemble du monde qui l’entourait s’était assombri, seule lui importait sa proie. À l’aide de la Force, il s’empara de la gorge de l’homme et serra, comme il aurait pu le faire avec la conduite d’eau un peu plus tôt.
Deek !
Une lumière clignota et éclaira le visage de l’humain, une expression de terreur déformant ses traits. Il le fuyait. Il essayait de parler, de le supplier, mais ne parvenait pas à faire sortir le moindre son. Le trafiquant était effrayé et, pendant un instant, il y vit le même éclat de terreur que dans les yeux du petit Quarren.
Ce sont les gens qui choisissent d’être bons ou mauvais.
Deekon Jeren resta immobile, contemplant cet être qu’il désirait réduire à néant un instant plus tôt, un instant avant que Maya ne réussisse à l’atteindre pour le ramener vers la lumière. Il resta immobile et fit un choix. Il relâcha sa prise. La lame bleue s’éteignit.