Bonsoir à tous, comment allez-vous ?
C'est l'heure du chapitre 51 et de la fin de l'Arc Tapani

!!!
Chapitre 51Les cris de la commandante Hopenel résonnaient en permanence dans la salle d’interrogatoire, au milieu des entrailles du Cœur de Pelagon. Les droïdes de torture se dressaient autour de la prisonnière allongée et enchaînée sur une table. Ils lui infligeaient des piqûres, à l’aide de seringues insérées dans leur corps, destinées à affaiblir sa résistance d’une part et à lui asséner des décharges saccadées de douleur.
Derrière la vitre de transparacier, la Baronne ne perdait rien du spectacle. Tout comme Nerelas Timpel, Ivixa Delbaeth, Fin So Rowan, Alan Tissan et Zeviya. La zeltronne savourait les échos de désespoir qu’elle percevait de la mercenaire capturée, tandis que 2-B-1 flottait autour d’elle, enregistrant la séance.
Le Jedi céréen fit alors entendre sa désapprobation.
- Je ne suis pas d’accord avec ces méthodes.
La Baronne demeura impassible, jusqu’à ce qu’un officier Tapani la rejoignit avec son fils cadet Handir pour lui remettre un datapad. Il s’agissait du rapport des patrouilles qui avaient localisé l’épave du vaisseau de son héritier, et l’avaient fouillé scrupuleusement. Un cadavre en décomposition avait été retrouvé et les analyses avaient confirmé qu’il s’agissait de Hemdel Pelagia. La nouvelle accabla sa génitrice devant les utilisateurs de la Force qui percevaient son chagrin.
Elle rendit le datapad à son cadet.
- Je suis navré que nous n’ayons pas réussi à le sauver, mère.
- Tu sais maintenant ce que cela signifie, Handir. Tu es l’héritier de ma Maison, la nouvelle cible de nos ennemis de toujours. Les Mecetti.
Alan sursauta lorsque Yanila murmura à son oreille de sa voix suave alors que Handir Pelagia prenait congé :
- En voilà un qui ne doit être pas malheureux de la disparition de son frère.
Il pivota la tête à demi pour lui glisser avec réprobation.
- Le moment est mal choisi pour être cynique, Zeviya.
- Je ne fais que constater la vérité.
Le corellien fronça les sourcils, comprenant que d’un point de vue très pragmatique, la jeune zeltronne avait raison.
- Vous n’allez quand même pas prétendre…
- Chut, nous en parlerons après sur l’oreiller.
Elle lui avait saisi le coude, ce qui le fit frissonner malgré lui.
- Nos chambres sont séparées, lui rappela-t-il.
- Cela pose un problème à un Jedi aguerri comme vous ?
Leur conversation finit par attirer l’attention de leurs pairs.
- Souhaitez-vous nous faire part de votre opinion sur le sujet, Maître Tissan ?
- Pas pour le moment, Ivixa. C’est encore un peu tôt.
La zeltronne indiqua ensuite qu’elle souhaitait se retirer dans sa chambre. Elle frôla au passage la main de son amant corellien :
- Je vous attends.
Il ferma les paupières un bref instant, reniflant son parfum, imaginant de nouveau l’intensité de ses yeux mauves qui le couvaient. À peine disparue, tout son être brûlait de la retrouver pour l’étreindre dans une ardeur renouvelée.
Il patienta quelques minutes, histoire de donner le change tandis que la séance de torture se prolongeait. Puis il s’éclipsa discrètement pour regagner la chambre de Zeviya, laissant derrière lui les gémissements plaintifs de la mercenaire suppliciée. Mais il n’avait pas la moindre pensée pour cette dernière, elle ne représentait rien pour lui.
Car Zeviya était tout.
Le cœur battant, il entra dans la chambre de la jeune femme et sourit d’un air béat devant la nudité de son corps rose sucré. D’un index impérieux, elle l’invita à le rejoindre sur le lit dans lequel elle était déjà allongée. 2-B-1 se retira dans un coin de la chambre, se désactivant pour les laisser à leur intimité.
La zeltronne ne quitta pas des yeux le corellien qui ôta ses vêtements avec célérité. Puis celui-ci se jeta sur elle pour assouvir la passion qui le dévorait, qui embrumait son esprit jusqu’à lui faire perdre la raison. La Sith ne se déroba pas, le serrant entre ses bras et se blottissant contre son corps athlétique. Elle plongea sa langue à l’intérieur de sa bouche, libérant sa chevelure bleue qui enroulait sa tête. Ils s’emboîtèrent, avec des grognements bestiaux. Elle commença à le mordre et à le griffer, l’encourageant à faire de même.
Il n’existait plus de raison en lui, seulement une faim insatiable. Il désirait rester avec elle, ne plus jamais la quitter, ne pas l’abandonner. Il se sentait prêt à détruire une galaxie entière si elle le lui demandait. Si les Sith avaient survécu, il la protégerait d’eux. Oui, il avait trouvé une nouvelle mission aussi importante que la sauvegarde du Chu’unthor.
Yanila le sentait et elle avait l’intention de le conforter dans cette illusion. Jusqu’à ce qu’elle agisse au moment opportun pour la briser définitivement. Épuisés par leur fougue respective, ils restèrent enlacés avant de s’écarter pour reprendre leur souffle. Allongés côte à côte.
- Alan, vous devez découvrir la vérité, lui dit-elle subitement.
Il tourna la tête, surpris.
- La mercenaire ne tiendra pas cet interrogatoire longtemps, la Baronne n’a besoin de personne pour la faire parler.
Elle se redressa sur le flanc, laissant sa main aller et venir sur la poitrine du Jedi corellien, pour l’exciter de nouveau.
- Je ne suis pas certaine que la Baronne agisse avec discernement. Elle a perdu un fils et voudra certainement le venger. Ce que la prisonnière lui avouera sous la douleur, n’aura aucune importance pour elle.
- Exprimez-vous clairement, Zeviya.
- Quoiqu’elle entendra, elle fera la guerre aux Mecetti.
Elle n’eut pas besoin d’en dire plus car il savait les conséquences d’un déclenchement des hostilités par les Pelagia. La guerre dans le Secteur Tapani entraînerait la République dans le chaos. Ce qui ne faisait pas pour le moment les affaires des Sith, car le Chu’unthor et les Jedi s’empresseraient d’éteindre l’incendie, augmentant par ce biais, leur prestige.
Non, il fallait pour ces derniers, un fiasco bien plus éclatant et personnel.
- Mais elle entendra raison si quelqu’un d’autre lui certifie que c’est la vérité. Elle fait confiance aux Jedi et à la République.
- Si les Mecetti sont responsables de la mort de l’héritier, ils devront payer, trancha-t-il.
- J’ai appris une chose important en travaillant pour le Clan Bancaire, Alan. Les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent.
- Parfois elles le sont.
- Vous devez vous en assurer, insista-t-elle. Vous avez le pouvoir d’éviter une guerre civile si la vérité est tout autre. Rien ne peut être laissé au hasard. Si vous le faites, vous serez le héros de la paix. Vous serez mon héros, Alan.
Le corellien sourit car il se sentait paré pour une nouvelle session charnelle et ardente.
- Je vous prêterai mon droïde 2-B-1 pour qu’il vous assiste dans cette mission. 2-B-1 ? Appela-t-elle.
Le droïde s’approcha au-dessus d’eux.
- Maîtresse ?
- Tu assisteras le Jedi dans la mission que je lui ai confiée.
- Me mettre au service d’un Jedi ? Se plaignit l’autre. Cela outrepasse mes attributions, êtes-vous certaine de ne pas souffrir d’un dysfonctionnement dans vos circuits ?
- Tu feras ce que je t’ordonnerai, martela-t-elle d’un ton qui n’acceptait pas la contestation.
L’automate se retira de nouveau dans un coin de la chambre.
- Dans ce cas, je ferai mieux de me préparer, suggéra le Jedi avec regrets.
- Non, le rassura-t-elle. Cela peut attendre un peu.
Ils roulèrent de nouveau au creux du lit, leurs corps fusionnant de nouveau.
Alan se retrouva derrière la vitre de transparacier, observant la prisonnière en train de récupérer de sa dernière séance de torture. Elle semblait dormir mais il la sentait agitée d’une angoisse profonde, celle de parler.
Celle de révéler la vérité. Il se retourna vers 2-B-1.
- Tu as désactivé les systèmes de sécurité ?
- Oui, monsieur. Bien avant que nous arrivions ici.
- Dans combien de temps reviendront la Baronne et les autres Jedi ?
- Je ne peux le calculer avec précision, monsieur Tissan. Mais je peux affirmer que nous ne disposons que d’une poignée de minutes.
Ses yeux bleus exprimaient la détermination du corellien d’arracher à la mercenaire, tombée entre les mains des Tapanis.
- Allons-y. Je ne veux pas faire attendre Zeviya.
Non, il ne la décevrait pas.
Il entra dans la pièce baignée d’une lumière aveuglante, qui lui permit d’étudier à loisir les lésions infligées à Hopenel. Une partie de sa figure était gonflée et avait viré au violet angoissant, sous l’effet des liquides injectés dans le corps. Du sang avait coulé de ses narines et séché sur le bas de son visage.
2-B-1 dépassa Alan pour se pencher au-dessus d’elle et l’examiner avec ses scans. Le droide confirma peu après que la prisonnière était consciente et apte à répondre à ses questions. Resserrant son capuchon, le corellien s’approcha à son tour.
- Commandante Hopenel, m’entendez-vous ?
Ses sourcils tressautèrent avant qu’elle n’ouvrit les yeux.
- M’entendez-vous ? Répéta-t-il.
Elle grogna.
- Vous… voulez… quoi ?
- Dites-moi qui vous a engagée pour éliminer l’héritier des Pelagia.
Elle le dévisagea avec morgue avant de tousser en ricanant.
- Pourquoi devrais-je vous l’avouer ? À vous ?
- Parce que les enjeux sont trop élevés pour que vous gardiez le silence. De nombreuses vies peuvent être sauvées si vous parlez. Une guerre civile peut être évitée.
Elle soutint son regard avant de rire nerveusement.
- Vous croyez qu’on me laissera vivre si j’avoue ? J’en sais beaucoup trop…
- Vous serez sous ma protection si vous avouez. Je suis votre seule chance.
Elle redressa la tête, ses traits ne laissant paraître que le mépris.
- Voici ce que je suis prête à vous avouer. J’ai toujours détesté la République et bien plus encore, les Jedi. Vous les parangons de vertu, vous n’avez pas la moindre idée du nombre de gens qui vous haïssent. Vous savez ce qu’on m’a promis, en plus des crédits ?
- Je suppose que vous avez hâte de me le confier, répliqua froidement le corellien.
Alan n’aimait pas la tournure que prenait cette conversation. Il ne voulait pas décevoir Zeviya, il devait être un héros pour elle. Son héros.
- On m’a promis que la guerre ravagerait le Secteur Tapani pour se répandre comme la peste candorienne dans le reste de la République. On m’a promis que je vivrais assez longtemps pour voir le Sénat et Coruscant sombrer dans le doute et l’incertitude, et que les Jedi seraient rongés par la peur de ne pas pouvoir protéger leur précieuse République. On m’a promis que je pourrai me réjouir de vous voir sombrer dans le désespoir.
- Raahaa !!
Avec un hurlement semblable aux Panthères des Sables de Corellia, Alan avait refermé ses doigts sur la gorge pour l’obliger à se taire. Puis il retira sa main.
- Qui vous l’a promis, mercenaire ? Qui ?
- Votre précieux code vous empêche de me torturer, Jedi. Vous ne pourrez jamais m’obliger à parler.
- Non, trancha-t-il. Vous ne vous en sortirez pas aussi facilement. Pas après avoir essayé de tuer Zeviya.
- Qui ça ?
Résolu à découvrir la vérité malgré cette résistance imprévue, le Jedi apposa sa paume sur le front de la femme. Comme sur Raxus Prime, comme sur Dagobah… il était paré une nouvelle fois à franchir les limites qui le séparaient pleinement de tout le potentiel de la Force. L’obscurité embruma son esprit, tandis qu’il commença à déverser ses pouvoirs pour atteindre la psyché de sa victime.
Cette dernière s’agita subitement sous la table, commençant à paniquer.
- Que faites-vous ? Arrêtez !
Puis elle se mit à geindre comme une enfant, lorsqu’il intensifia ses efforts pour pénétrer ses pensées. Il y accéda finalement, fermant les yeux pour se concentrer. Il sélectionna les pans de sa mémoire récente, visionnant des centaines d’images jusqu’à freiner sur celle qui l’intéressait, guidé par son instinct.
À travers ses yeux, il faisait face à l’hologramme du mystérieux commanditaire qui flottait sur la passerelle face à la mercenaire, pour lui donner des instructions. L’homme avait resserré un large capuchon sur le crâne, camouflant ses traits. Alan devinait cependant qu’il s’agissait d’un noble Tapani, dont la posture respirait l’arrogance.
La conversation prit fin, l’hologramme s’apprêtait à disparaître. Le commanditaire pivota sur lui-même, reculant son capuchon vers l’arrière. Alan sentit tout à coup l’esprit de la mercenaire se débattre pour échapper à son emprise psychique. Elle semblait le redouter… elle résistait farouchement par l’instinct de conservation.
- Non… vous ne pouvez pas…
Le Jedi ne l’écouta pas, ne ressentant aucune pitié pour elle. Il voulait être le héros de la République, le héros de Zeviya. Il ne libéra pas son étau, se concentrant sur l’image figée de cet homme qui avait commis une infime erreur.
Celle de dévoiler, ne serait-ce qu’une partie minime de son identité. La capuchon avait suffisamment reculé pour faire apparaître une partie de son visage… le corellien eut un choc en comprenant de qui il s’agissait.
Handir Pelagia.
Il se retira brusquement de l’esprit de la mercenaire qui saignait de nouveau du nez. L’intrusion violente du Jedi corellien dans son cerveau l’avait fortement secoué.
- Monsieur, nous devrions partir, le pressa 2-B-1.
- Pas encore.
Alan contempla sa victime. Le sentiment de honte qui commençait à l’envahir, se dissipa lorsqu’il pensa à Zeviya. C’était pour elle qu’il avait tourmenté Hopenel. Il se pencha de nouveau au-dessus d’elle.
- Commandante, écoutez-moi. Vous allez révéler ce que vous m’avez appris, à la Baronne. Je confirmerai vos aveux et ensuite… je vous autoriserai à vous laisser mourir.
Il posa de nouveau la main sur son front, connecta son esprit au sien pour la convaincre que c’était la seule issue acceptable. La mercenaire gémit devant cette issue fatale mais il lui insuffla la paix en lui démontrant que cela lui épargnerait bien d’autres tourments.
Son esprit brisé était devenu malléable entre ses mains. Il la sentit s’apaiser, acceptant au fonds d’elle-même, la proposition du Jedi. Il s’écarta d’elle pour quitter la pièce, le droïde dans son sillage.
Zeviya était venue le retrouver, avec un sourire amical. Maintenant, il ressentait du bonheur délicieux en sa présence. Ils s’embrassèrent rapidement sur les lèvres avant de se placer tous les deux face à la vitre de transparacier. La mercenaire semblait apathique, il était vrai que le corellien l’avait mise à rude épreuve.
- J’ai fait le nécessaire, lui glissa-t-il.
- Merci, Alan.
Elle se serra contre son flanc, blottissant sa tête sur ses épaules. Peu après, la Baronne revint avec les Jedi et une escorte de soldats Tapanis. Personne ne fit de commentaires sur leur présence précoce en ces lieux, même si Nerelas, Ivixa et Fin échangèrent quelques regards désapprobateurs en remarquant une nouvelle fois, la très grande proximité entre eux.
- Il est temps de reprendre là où nous nous en sommes arrêtés, annonça la dignitaire.
De nouveau, les droïdes de torture furent activés, rodant autour de la prisonnière à bout de forces. Ivixa projeta ses sens vers cette dernière, pour avoir une idée de sa forme physique. La Jedi chauve à la peau sombre fronça les sourcils.
- Attendez, quelque chose ne va pas.
- Ivixa ? S’enquit son ami céréen.
Alan lutta pour rester calme et ne pas se trahir. La jeune Sith lui serra le poignet pour l’apaiser.
- Son esprit semble… ailleurs.
- Peu m’importe, pourvu qu’elle avoue, martela la Tapani.
À cet instant, la mercenaire s’anima subitement, revenant brièvement à la réalité. Se rappelant du funeste marché qu’elle avait passé avec le Jedi corellien.
- Je vais vous donner un nom ! S’écria-t-elle.
Les droïdes de torture s’écartèrent, rangeant leurs sinistres appendices.
- Nous vous écoutons, autorisa Elwyn Pelagia qui laissa transparaître un grand sourire.
Un sourire qui s’effaça immédiatement, lorsque Hopenel prononça le nom fatidique. Celui d’un proche qui avait trahi sa propre Maison. Le choc laissa place au déni de la dignitaire.
- Non, c’est impossible ! Elle ment !
- Votre Excellence, elle dit la vérité, intervint alors Alan. Je le perçois dans la Force.
Comme Yanila s’y attendait, les autres Jedi corroborèrent les propos de leur condisciple.
- Nous le sentons aussi dans la Force, appuya Nerelas. Il n’existe pas l’ombre d’une duplicité en elle, Excellence.
- Non, je refuse de croire ça !
Elle interrompit son élan, commençant à accepter la vérité, aussi rude soit-elle.
- Comment… pourquoi aurait-il fait tuer son propre frère ?
- Il n’était pas le premier sur la liste de succession, remarqua Fin.
- Mais il l’avait accepté depuis longtemps. Je lui ai offert tout ce dont il avait besoin, il n’avait jamais manqué de rien.
Ivixa secoua la tête.
- Parfois au sommet du pouvoir, cela ne suffit pas.
- Je veux en avoir le cœur net, je ne peux pas croire qu’il ait comploté contre sa famille. Amenez-moi mon fils, ordonna-t-elle.
Les soldats se retirèrent avant de revenir en encadrant étroitement le fils cadet qui gardait une mine impassible. Les lèvres tremblantes, sa mère lui posa la question fatidique.
- Handir, mon enfant, as-tu quelque chose à voir avec la mort de ton frère ?
Il soutint son regard sans ciller, manifestant une froideur inhumaine.
- À votre avis ?
La Baronne agrandit les yeux de stupéfaction.
- Tu ne cherches même pas à nier ?
- Pourquoi le devrais-je ?
La dignitaire se fit violence pour continuer cette pénible conversation.
- Pourquoi as-tu détruit ta famille et qui t’a aidé dans ce sinistre complot ?
- Parce mon frère avait tous les honneurs et le prestige de sa position tandis j’étais relégué dans l’ombre à jouer les faire-valoir. C’est le Duc Mecetti qui m’a fait comprendre l’injustice de ma situation.
- Je t’ai donné tout pour que tu sois heureux.
- Heureux ? Vous m’avez considéré comme un joker, rien de plus. Un palliatif au cas où il adviendrait un malheur à Hemdel.
- Les Mecetti t’ont influencé, perverti l’esprit. J’ignore comment ils ont pu t’approcher, mais je ne les laisserai pas s’en tirer ainsi.
- Vous vous trompez, mère. C’est moi qui les ai contactés.
Cet aveu mit un terme définitif à la conversation. La dignitaire était ébranlée, au point que des soldats se précipitèrent pour la soutenir, alors qu’elle menaçait de perdre connaissance. Elle se redressa, les traits blêmes, croisant une ultime fois le regard de son fils traître.
- C’est plus que je ne puis en supporter. Emmenez-le.
Handir fut saisi par les épaules, hors de la pièce. À cet instant, les droïdes de torture annoncèrent que le cœur de la prisonnière s’était arrêté de battre. Le contrat passé avec le Jedi corellien était arrivé à son terme, tout comme son utilité. Alors que l’on détachait le cadavre de la table dans un silence de cathédrale, les Jedi entourèrent la dignitaire.
- Au nom du Chu’unthor et de la République, nous vous assurons de tout notre soutien. Si vous avez besoin…
- Vous ne pourrez pas m’aider de quelque manière que ce soit, amis Jedi. J’ai bien peur qu’il me faille supporter ce fardeau seule. Je pensais faire la guerre aux Mecetti, liguer les autres Maisons contre eux pour en finir. Mais je réalise que si Handir est à la tête de ce complot, personne ne serait fou pour me suivre dans cette entreprise.
- Alors que ferez-vous ? Fit Alan.
- La bataille de Reyna est terminée et la mort de Hemdel, élucidée. J’aurais seulement souhaité entendre une autre vérité. Je vais rentrer sur Pelagon, d’importantes décisions doivent être prises pour l’avenir de notre Maison. Je ne peux laisser la trahison de Handir impunie, je ne pourrai pas empêcher le discrédit être jeté sur moi et les miens. Il y a d’autres Pelagia, il en existe sûrement un qui sera digne de ma fonction et des responsabilités qui y sont liées.
Elle jaugea l’un après l’autre.
- Jedi, ambassadrice Zeviya. Votre tâche ici est terminée et je vous remercie de votre loyauté que vous avez montré envers moi. Je m’assurerai que vous soyez suffisamment ravitaillé sur Procopia, afin que votre voyage puisse se poursuivre sans encombre.
Les Jedi et la zeltronne s’inclinèrent devant elle, prenant définitivement congé. Dans le couloir d’accès principal qui les ramenait à leur hangar et à leur navette, la jeune Proche Humaine murmura au corellien :
- Vous avez réussi, je suis fière de vous.
- Je n’ai fait que mon devoir, répondit-il à voix basse. Je le ferai toujours.
À leur insu, Ivixa Delbaeth serrait les poings dans son dos. Elle était impatiente de faire entendre son point de vue au Jedi corellien, de lui rappeler à quel point il s’écartait dangereusement de ses devoirs.
La Jedi chauve à la peau sombre attendit le trajet de retour jusqu’au Chu’unthor pour l’aborder rudement aux pieds du vaisseau, dans le grand hangar.
- Maître Tissan, puis-je vous dire un mot ?
Nerelas et le céréen s’éloignèrent en même temps que la jeune zeltronne avec son droïde.
- De quoi s’agit-il, Ivixa ?
Elle vérifia que personne n’était à portée de voix car elle tenait à ce que les prochaines paroles restent connus d’eux seuls. Elle mit les pieds dans le plat.
- Qu’avez-vous fait à la prisonnière, Alan ?
Ivixa ressentit la surprise du corellien qui ne s’attendait pas à ce qu’elle se montre si directe. Il jeta des regards dans toutes les directions, comme s’il cherchait une échappatoire. Elle devina que ses pensées étaient vers cette ambassadrice zeltronne dont il semblait s’être entiché. Avant qu’il ne se résigna finalement à l’affronter.
- Je ne comprends pas votre question, Ivixa.
- J’ai senti la mercenaire changée, plus tout à fait elle-même. Comme si quelque chose ou quelqu’un avait détraqué son esprit. Vous avez peut-être une explication ?
- Peut-être, répondit-il froidement. En ce qui me concerne, elle éprouvait tellement de remords qu’elle ne l’a pas supporté. Quoiqu’il en soit, personne ne prendra la peine d’enquêter là-dessus. Il ne faudrait pas remettre en péril la paix qui a été si durement préservée. Vous n’êtes pas d’accord ? Ajouta-t-il avec un zeste d’insolence.
Ce qui ne fut pas du goût d’Ivixa.
- Cette affaire-là est terminée, Alan. Mais tant que vous resterez à bord du Chu’unthor, nous n’en avons pas fini. Il serait temps de retourner auprès de Corellia, auprès de votre famille. Vos devoirs ont été négligés depuis trop de temps.
Le Jedi corellien percevait qu’elle avait raison sur ce point. Mais quitter le Chu’unthor, reviendrait à abandonner Zeviya. Cela, il ne pouvait s’y résoudre, pas tant que les Sith continueraient de roder dans l’ombre. Pas tant qu’il mettrait en doute leur disparition depuis les Réformes de Ruusan.
- Nous en avons fini pour aujourd’hui, Ivixa. Si vous voulez bien m’excuser.
Il coupa court à l’entretien, la contournant pour quitter le hangar et rejoindre sa maîtresse zeltronne. Elle seule lui importait. Voilà bien trop longtemps, qu’il avait renoncé à tout le reste. Il n’existait pas de retour en arrière possible.
Coruscant, Siège du Clan BancaireDark Mungol attendit le départ de son chef comptable givin, pour répondre à l’appel provenant du Secteur Tapani. Elle reconnut aisément l’hologramme de son apprentie zeltronne, malgré que celle-ci se camouflait sous un capuchon. Aux dernières nouvelles, la jeune femme avait appris à la muun que le Chu’unthor stationnait au large de Procopia, en attente d’être ravitaillé avant son départ vers d’autres horizons.
- Quelles sont les nouvelles ?
- Le ravitaillement vient de s’achever, tout à l’heure, confirma Yanila. La cargaison spéciale a été embarquée comme prévu, à bord du Chu’unthor et des autres vaisseaux de l’escorte.
- L’Ordre de Mecrosa ?
- Ils ont pris la place des techniciens qui se sentaient… indisposés et qu’ils ont pris soin de faire disparaître. Leur infiltration est restée inaperçue aux yeux des Jedi.
- Tu dois en être certaine, Yanila. La destruction du Chu’unthor doit être menée à son terme, insista lourdement la sous-directrice du Clan Bancaire.
- Je m’en assurerai. Je libérerai les Derriphan au moment adéquat et laisserai agir les mecrosans pour qu’ils sabotent le Chu’unthor de l’intérieur.
Certaine de sa détermination, la muun se permit de se détendre légèrement dans son siège.
- Alors nous y sommes bientôt. Les Jedi connaîtront de nouveau la terreur et le désespoir. À bord du Chu’unthor, ils commenceront à comprendre que leurs plus terribles ennemis ont survécu à la débâcle de Ruusan.
- Je les frapperai en plein cœur, affirma Yanila.
- Y compris Alan Tissan ?
Le silence succéda à cette question déconcertante.
- Je ferai ce qu’il faut, martela la zeltronne.
- J’en suis ravie, reprit Mungol qui avait remarqué sa confusion. Méfie-toi de la cargaison lorsque tu la libéreras de ses containers… les Derriphan ne sont pas réputés pour la loyauté. Assure-toi qu’ils rempliront leur mission et que leur cible sera les Jedi. Leur cible prioritaire.
Toi aussi, tu seras une cible, pensa-t-elle à la zeltronne. Cette dernière saisirait-elle la mise en garde savamment dissimulée ? Dark Mungol finirait par le savoir tôt ou tard.
Elle mit fin à l’échange, méditant seule dans son bureau. Elle ne s’inquiétait pas outre mesure de l’issue de la mission. Le Chu’unthor serait détruit, mais qu’en serait-il de son apprentie ? Elle avait conclu sur Ziost un accord avec les Derriphan. Yanila en était le prix, un diamant que la muun avait adopté, formée et aiguisée.
La zeltronne avait toutes les qualités pour devenir la prochaine Dame Noire des Sith mais survivra-t-elle à la férocité et la fourberie des Derriphan ? Mungol nourrissait des doutes à ce sujet. L’idée de trouver un nouvel aspirant à l’insu de la jeune femme, germa peu à peu dans son esprit. La décision ne fut pas facile à prendre mais elle devait penser aux intérêts de l’Ordre Sith qui ne pouvait se permettre d’être amputé d’un membre.
La Règle des Deux prévalait toujours. Rien ne devait mettre en péril le Grand Plan, y compris la mort de Yanila.
Elle se mettrait dès demain à la recherche d’un remplaçant adéquat.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
Allez, à la prochaine

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