Bonjour à tous !
Une actu pour vous parler d'une petite nouveauté apparue dans l'univers Star Wars, et qui a entraîné des subtilités de langage, en VO comme en VF.
Il y a deux mois est sorti le roman Baroud d’Honneur (Last Shot en VO) dans lequel se trouvait (enfin se trouve, le personnage est toujours dedans, vous pouvez vérifier ou me croire sur parole !) Taka.
Mais Taka n’était pas un personnage comme les autres. Bien qu’humain, Taka était un personnage non genré (et aussi pilote !).
Mais qu’est-ce que ça veut dire, « non-genré » ? Sans rentrer dans les détails anatomiques, génétiques, hormonaux ou psychologiques, il s’agit de personnes dont le genre (comprenez homme ou femme) n’est pas défini, ou qui ne se reconnaissent ni exclusivement dans le genre féminin, ni exclusivement dans le genre masculin. Un genre neutre, pour simplifier grandement.
Comment représenter à l’écrit ce type de personne, me direz-vous ? En anglais, deux solutions semblent être privilégiées. La première consiste à ne pas dire « he » ou « she » (il ou elle), mais le « they » pluriel. Ce qui n’est pas choquant car, rappelez-vous, « tu » et « vous » en anglais sont un même mot, « you ». De même, le pronom personnel pluriel neutre « them » sera utilisé au lieu de « him » ou « her » (lui ou elle).
L’autre proposition consiste à utiliser le pronom « Zhe » (au lieu de « they ») mais on y reviendra.
Bien que ces termes soient utilisés, il ne s'agit aucunement de mots officiels dans la langue anglaise. Il s'agit de termes utilisés par des militants ou des personnes concernées pour se définir, faute de mieux dans le dictionnaire.
Pour finir, l’adjectif, en anglais, étant non accordé, il n’y a pas besoin de chercher des mots nouveaux pour chaque adjectif de la langue.
Mais en français alors ? Des militants ont dû, à défaut de mot officiels, s’inventer des termes. Les plus courants sont « iel » et « iels » au lieu de « il »-« ils » ou « elles »-« elle », et « ellui » au lieu de « elle » ou « lui ».
Malheureusement, la question des adjectifs pouvait poser problème. En français, par exemple, on pourrait imaginer qu’il faudrait un nouvel adjectif pour définir la beauté « elle est belle » féminin, « il est beau » masculin. Quid d’un genre neutre ? En général, on voit apparaître à ce niveau l’écriture inclusive. Par exemple : « iel est persévérant.e » ou encore, au début de l’article, j’aurais pu dire « Taka était un.e pilote non genré.e ! ». Malheureusement, cette écriture ne passe pas à l’oral, et on voit ici les limites qui peuvent exister.
Ça, c’est pour exposer le cas, et quelques-unes des solutions créées par les personnes concernées.
Taka, donc, personnage non genré, qui était simplement défini par l’auteur grâce à un « they », fut tout bonnement passé au masculin par Pocket, lors de la relecture du roman. Sans note de bas de page, sans explication, avec juste l’ajout d’une petite phrase de description le définissant comme androgyne.
Une petite vague d’indignation eut lieu, notamment pour cause de non-respect de l’œuvre originale (je vous renvoie par exemple vers ce billet du traducteur du roman, ou ce tweet de l’auteur même du livre). Pocket se défendit en expliquant que, dans la langue française, il n’existe pas ce « they » pratique, ni de terme officiel. Comme on l'a vu, le terme n'est pas officiel non plus en anglais, mais l'échange en était resté là.
Mais ça c’était cet été. Hier est paru Dette de Vie (Life Debt en VO), avec dedans le personnage pirate Eleodie ! Eleodie étant aussi une personne non genrée, Chuck Wendig, l’auteur, avait choisi d’utiliser le pronom sujet « Zhe » (ce qui rappelle que le « they » n’a rien d’officiel dans la caractérisation de ces personnes, puisque le terme utilisé varie d’un auteur à l’autre).
Cette fois, et peut-être sensibilisé par la parution de Baroud d’Honneur, Pocket proposa, non pas le « iel » non officiel français, mais bien le « zhe » d’origine (pas plus officiel), en italique. De plus, une note de bas de page fut ajoutée, note disant « Le pronom zhe est un néologisme de l’auteur pour indiquer que le personnage d’Eleodie Maracavanya est à considérer comme non genré. (N. d. E.) »
Enfin, dans les tournures de phrase, et comme je le fais par moment depuis le début de cet article, il semblerait que les traducteurs se soient arrangés pour ne pas à avoir à accorder d’adjectif (comme j’ai pu le faire dans ce texte en disant « cette personne »).*
Pocket a donc été à l'écoute des remarques qui ont pu être faites, et a respecté la vision de l’auteur lors de la traduction. Cependant, on a vu que plusieurs solutions existent (en VO et VF), et on ne sait pas encore laquelle s’imposera.
Et pour info, Eleodie sera de retour dans Empire’s End (dernier tome de la trilogie Riposte)... Et c’est une très bonne nouvelle, vu les événements qui l’entourent dans ce tome...
Merci à Jies et Sky Karrde pour m'avoir aidé à rédiger cet article, Niva pour la correction et Tyria pour les extraits.
Alfred M. a écrit:Rien que de poser mes yeux sur cet extrait m'a fait reconsidérer mon envie d'acheter le bouquin . Je devrais peut-être essayer au moins un peu de lire Riposte avant .
magiefeu a écrit:En gros c'est un hermaphrodite ?
magiefeu a écrit:En gros c'est un hermaphrodite ?
swu a écrit:EDIT MODO : rien de forcément tabou, ces perso existent dans les romans. les débats qu'ils occasionnent par contre sont malheureusement trop souvent hors charte donc jurisprudence