
La voici :
An -19, Guerre des Clones
C'était une planète sans nom, à de nombreux parsecs du centre de la galaxie. Depuis l'orbite, elle était composée de longues bandes jaunes et bleues. Toute la planète n'était en fait qu'une grande étendue d'eau à l'instar de Mon Calamari ou de Manaan, juste entrecoupée de quelques îles. En réalité, le monde avait bien un nom mais celui-ci, inprononçable en Basic avait été traduit au plus près : dans les archives de la République, la planète se nommait Saluan. Peuplée seulement par quelques colons humains, Mon Cal et d'autres espèces aquatiques, Saluan ne présentait aucun interêt notable pour la République. Elle sombra donc dans l'oubli. Sa seule voisine proche était Utapau. Saluan et Utapau échangeaient peu, tant au niveau diplomatique que commercial. Cette situation aurait pû durer des années, voire des siècles. Mais tout ceci changea avec l'arrivée du plus grand conflit pré-impérial : la Guerre des Clones. Durant 3 longues années, cette lutte embrasa toute la galaxie, la divisant entre partisans de la République et ceux de la Confédération des Systèmes Indépendants. La République dirigée par le Chancelier Suprème Palpatine avait déclaré la guerre au légendaire Comte Dooku et ses alliés. Les Jedi, gardiens de la République luttaient par conviction aux côtés de la République et de leurs troupes clones. Mais un certain nombre désaprouvaient ce choix et préféraient se retirer totalement des combats. D'autres, avaient choisi de se battre auprès des troupes droïdes de la CSI. La plupart étaient des Jedis Noirs, des utilisateurs de la Force Obscure. Rejetés par l'Ordre, ils cherchaient tout simplement un monde, un groupe qui les accepte. Et la CSI se faisait un plaisir de recueillir les sombres Jedi en son sein. Mais d'autres avaient tout simplement quitté la République et rejoint la Confédération par conviction.
Derek Shiel étaient de ceux là. Humain d'une vigtaine d'années, ses cheveux bruns étaient coupés courts. Il portait son habituelle tenue Jedi brune. Mais elle n'était plus aussi éclatante qu'autrefois : elle était salie, trouée par endroit. Une trace de brûlure ornait la partie gauche du dos de la cape. La poussière, le sable, le fer, le sang, le feu, l'acier...la guerre. Toutes ces choses avaient marqué sa bure et son âme. Mais si le vêtement était réparable ou toujours utilisable, Derek ne savait pas s'il en était de même avec son âme. Quand la guerre avait éclatée, il n'était que Padawan. Son maître était parti avec plus de 200 Jedi à Géonosis pour sauver Obi-Wan Kenobi, son Padawan Anakin Skywalker et la sénatrice Padmé Amidala. Hélas, les Jedi ne s'étaient pas préparés à l'affrontement, au vrai affrontement. Ils étaient partis croyant combattre un Jedi Noir et ses alliés bureaucratiques. Ils s'étaient retrouvés façe à un Seigneur Noir des Siths et son armée droïde. En une seule journée, en quelques instants, près de 180 Jedi périrent sous le feu des droïdes de combat. Comme ça. Il ne restait que 20 survivants. Et le maître de Derek n'en faisait pas partie. Quand le jeune Padawan l'apprit, son monde s'écroula : son maître l'avait toujours formé, toujours aidé, toujours aimé. Et il venait de disparaître. Le Code Jedi disait : il n'y a pas de mort, il n'y a que la Force.
Derek aurait aimé que ce soit vrai, qu'il soit toujours là près de lui dans les limbes de la Force. Mais il n'y croyait pas. Peut être qu'avec du temps, cette blessure aurait pu cicatriser. Peut être qu'avec du temps, Derek aurait pu faire le deuil. Mais le temps, il n'en avait pas. Sans avoir un instant pour pleurer son maître, Derek avait été envoyé aux quatres coins de la galaxie, sur des planètes dont il ne savait même pas le nom, à diriger des troupes clones contre les droïdes de combat de la CSI. Pendant un certain temps, cela dura ainsi. Derek, sans savoir ce qui se passait, obéissait au Conseil, partait sur une planète livrer bataille revenait et tout redémarait. Sa lame bleue avait fait couler tant de sang. Bien sûr, les droïdes n'étaient pas vivants mais les troupes de la Confédération n'étaient pas que des robots. Il y avait des Neimodiens, des Quarrens, des Muuns, des humains...comment pouvait-il accepter de les tuer pour des raisons politiques ? Une vie valait une vie, voilà la philosophie Jedi. Voilà pourquoi les Jedi évitaient de tuer leurs captifs. Et les Jedi, les défenseurs de la vie se retrouvaient mués en guerriers ? Rien que pour ça, Derek n'approuvait pas l'Ordre. Ils servaient une République pourrie de l'intérieur, gangrénée par la corruption du Sénat. Le Chancelier Palpatine, sous le prétexe de purifier le Sénat et la République, avait lancé une politique de renforcement des pouvoirs au détriment de la liberté. Derek n'aimait pas ça. C'était une des raisons qui l'avaient poussé à quitter la Grande Armée de la République pour celle de la CSI. L'autre raison était beaucoup moins politique, bien plus personelle. Il avait été exlu de l'Ordre. Rejeté comme un paria, comme s'il était atteint d'une maladie étrange. Le pire, c'est qu'il avait été exclu non pas en période de paix mais en pleine guerre ! Les Jedi étaient sur tous les fronts, à mourir pour la République. Les Gardiens de la Justice disparaissaient un peu plus chaque jour et l'Ordre avait choisi de se priver d'un de ses membres. Pour des questions de morale. Derek s'en souvenait comme si c'était hier même si ça allait bientôt faire trois mois.
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3 mois auparavant, Coruscant
Derek avait été appelé à la salle du Conseil, en plein après midi. Il s'inquiétait. Après tout, il n'était de retour à la Cité capitale depuis très peu de temps et le Conseil voulait le voir lui, simple Padawan . Il était nerveux : le Conseil n'était pas du genre à convoquer pour rien. Il y avait une seule explication : il allait être nommé Chevalier ! Après toutes ces années de bons et loyaux services à l'Ordre, il en devenait enfin membre à part entière. Il avait beau savoir que ça n'était pas très Jedi, il jubilait. Dans le turboélévateur qui l'ammenait à la salle, Derek rajusta un peu sa tunique Jedi. A peine l'élévateur avait-il atteint le sommet de la tour, que le jeune Padawan était déjà au dehors, courant presque. Il se trouva devant les grandes portes de la salle du Conseil. Il inspira un grand coup et entra dans la pièce. Dans la salle, il n'y avait physiquement que 2 Maîtres : Mace Windu et Plo Koon. Les maîtres Ki-Adi-Mundi, Agen Kolar et le vénérable Yoda étaient là par le biais de spectres d'holocom. Mace fit un geste de la main vers Derek :
-Bienvenue, Padawan. Viens au centre de la pièce je te prie
Derek ne se fit pas prier pour obéir à maître Windu. C'était l'un des meilleurs, voire le meilleur guerrier du Temple, le créateur de la forme connue sous le nom de Vaapad, un diplomate avisé, un modèle de droiture et d'intégrité. Derek le respectait énormément, comme tous les membres du Conseil d'ailleurs. Derek fit un petit signe de tête à Maître Yoda qui lui fit un sourire. Le plus vieux membre de l'Ordre était au delà de son statut de grand maître de l'Ordre, un être malicieux et farceur qui n'hésitait jamais à encourager ses disciples. En le voyant, derek se sentait un peu plus en confiance. Il faut dire que Maître Windu était très intimidant. Il prit la parole :
-Padawan, je te remercie d'être venu jusqu'à nous. dit-il en faisant un geste circulaire de la main
-C'est normal, maître. J'obéis au Conseil...
-Si nous t'avons fait mander, c'est parce que nous avons pris une décision pour toi. Une décision difficile mais très importante
Derek avait du mal à contenir les battements de son coeur : enfin au bout de tout ce temps, de toute cette guerre, il allait devenir un Jedi à part entière. Maître Plo Koon parla à son tour, la voix déformée par son masque :
-Au vu de tes récents agissements, le Conseil a décidé d'agir sous l'impulsion de Maître Windu
Les yeux de Derek manquèrent de jaillir hors de leurs orbites : il allait passer Chevalier à la demande de maître Windu ? How...ce devait être la bonne journée pour jouer au sabbac on dirait...
Windu repris la parole :
-Oui. Nous avons décidé...
de me faire passer Chevalier, de me faire passer Chevalier, de me faire...
-...de t'exclure de l'Ordre
-Quoi ?
La voix de Derek était étranglée, pleine de fureur et de surprise. L'exclure ? Mais pourquoi ?
-Nous avons appris que tu avais une liaison avec une autre Padawan.
Ki-Adi-Mundi enchaina :
-Sio Elan...
Le monde parut s'écrouler auour de lui. Ils savaient. Comment le pouvaient-ils ? C'est vrai, lui et Sio avaient eu une relation. Sio était une Arkanienne qui comme tous ceux de son espèce ressemblait beaucoup aux humains si ce n'était ses yeux d'un blanc immaculé et ses mains à quattre doigts griffus. Sio était un peu plus petite que Derek, elle devait mesurer 1 mètre 65, Derek mesurant quelques centimètres de plus. Aussi loin qu'il s'en souvienne, lui et Sio avaient toujours étés proches : ils se connaissaient depuis l'enfance, ils avaient à peu près le même âge, eu les mêmes professeurs...elle avait été affectée à Maître Micha, un Kiffar jovial. Son maître ne riait plus désormais : il avait failli mourir la tête dans la poussière à Géonosis. Mais quand les clones étaient arrivés, ils avaient pu le sauver en l'embarquant dans une cannonière. Il avait ensuite été renvoyé sur Coruscant après de longs traitements au bacta. Bien qu'encore très faible, il dut repartir sur le front, faisant tout pour éviter à sa Padawan de se retrouver au coeur des combats. Leur premier baiser devait dater d'il y a environ un an, juste après la bataille de Praesitlyn. Sio et son Maître furent envoyés sur une planète arride pour capturer une usine sépératiste. La mission fut un grand succès : les troupes de la République occupèrent l'usine en quelques heures. La CSI, voyant le combat perdu avaient fait sauter les installations. Micha se trouvait à l'intérieur. Sio était retournée à Coruscant pour annoncer la prise de l'usine, elle échappa donc à ce funeste destin. Elle n'apprit la mort de son Maître qu'à son arrivée au Temple. Elle venait juste de l'apprendre et se trouvait dans le Jardin aux Milles Fontaines en train de pleurer quand Derek la trouva enfin. Son chagrin était immense et justifié. De nombreux Padawans avaient perdu leurs mentors dans cette terrible guerre et désormais, Sio Elan en faisait désormais partie. Quand Derek l'avait vue aussi triste, il s'était précipité à ses côtés pour la soutenir, comme tout ami. A peine s'était il mis à ses côtés, qu'elle s'était jettée dans ses bras, secouée de larmes.
_Quoi, que ce passe t-il ? avait-il demandé
_C'est Maître Micha...il est mort ! elle avait réussi à parler entre deux sanglots
_Chh...calme toi...
Tout doucement, pour la calmer, il s'était mis à lui caresser les cheveux. Et à la serrer le plus fort qu'il pouvait. Ses tremblements à elle s'étaient un tout petit peu calmés. Et les siens avaient alors commençé. Doucement, très doucement, leurs visages s'étaient rapprochés. Et très naturellement, ils s'étaient embrassés. Elle lui murmura alors dans un souffle :
_Je t'en prie. Promets moi que tu ne seras jamais loin...
Il lui dit alors au creux de l'oreille :
_Ne t'inquiète pas. Je serais toujours là pour toi. Nous survivrons à la guerre. Je te le promets...
Et disant cela, il l'embrassa encore une fois.
Ils s'étaient vus assez peu au cours de cette année, chacun pris par leurs obligations et par la guerre. Mais d'un commun accord, il avaient décidé que dès que l'un deux deviendrait Chevalier, ils arrêteraient leur liaison pour ne pas tout gâcher. Et voilà que le Conseil était au courant. Mace Windu continua, sa voix plus tranchante qu'un sabre laser :
_Comme tu le sais, la passion est interdite au sein de l'Ordre. Elle conduit au côté obscur. Nous t'avons sondé, Padawan Derek et vu une grande affinité avec la Force. Mais tu dois comprendre que si tu bascules tu côté obscur, tout ce pouvoir servira les forces du mal. Est ce que tu veux ?
_Non Maître ! Bien sûr que non !
Agen Kolar prit la parole, son image entrecoupée de parasites :
_Ce n'est pas contre toi Derek. Nous ne faisons que...prendre des précautions.
Les mots frappaient le jeune homme comme des marteaux : parce qu'il avait eu une liaison avec Sio, il était exclu de l'Ordre, tout ça pour une histoire de précautions ? Il fit un regard implorant à Maître Yoda, son préféré. Pas lui ! Yoda était le grand Maître de l'Ordre, il pouvait encore s'opposer à Windu, le sauver !
_Navré je suis, jeune Derek. Mais, comme Maître Kolar l'a dit, des précautions nous devons prendre : trop lié à la Force tu es. Un faux pas et toute ta puissance servira les ténèbres. Au début et toujours maintenant, opposé à cette décision, je suis. Mais étant abscent, à Maître Windu, je m'en remets.
Le Maître de Korun clos la discussion :
_Tu as une heure pour faire tes bagages et quitter le Temple. Tu peux aller où tu veux mais désormais, l'Ordre t'es fermé à tout jamais. Que la Force soit avec toi...
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Et ils le congédièrent. Derek ne sait pas ce qui fut le plus dur : croiser le regard de ses amis tandis qu'il empaquettait le peu d'affaires qu'il avait, le silence de mort dans lequel le Temple tout entier semblait être plongé ou bien ce sentiment d'injustice. Derek quitta le Temple comme un automate, n'emportant avec lui qu'un sac et son sabre laser -pris en cachette-
Il avait erré pas mal de temps avant de tomber par hasard sur une planète sépératiste. N'ayant plus de but dans la vie, il décida de se consacrer à la lutte contre la République. Et il découvrit que son exil lui avait ouvert les yeux : le Comte Dooku avait raison. La République était corrompue, putréfiée. Pour la sauver, ils devaient la détruire pour la reconstruire. Derek embrassa la cause sépératiste et combatit aux côtés de ses ennemis de jadis. Ses talents martiaux et sa maîtrise de la Force le hissèrent au rang de commandant. Il affronta la République mais jamais ses anciens frères Jedi. Le hasard des combats ne les faisaient pas se rencontrer. Jusqu'à ce jour...
Derek avait été envoyé sur Saluan pour servir de base relais à Utapau : le Conseil Sépératiste s'y était établi et Saluan avait stocké les troupes droïdes avant de les faire marcher sur Pau City. Derek, loin de Coruscant aurait pu se croire en sécurité. Mais tout change...il y a quelques jours, la défaite de Coruscant avait coûté cher en troupes droïdes et en matériel. Pire que tout, leur chef, le comte Dooku était mort. Le commandemant revenait donc en théorie au Conseil Séparatiste. Mais en réalité, c'était le général biodroïde Grievous qui était en charge des décisions.
Un jour, les troupes de la Républiques débarquèrent sur Saluan. Ils étaient extrémement nombreux : les maigres troupes de Derek ne pourraient jamais contenir leur assaut. Qui était prévu pour dans quelques heures. Le Jedi faisait les cent pas sur la plage. Devant lui, à quelques kilomètres, les troupes clones se préparaient au combat. Derek était plongé dans ses pensées, si bien qu'il n'entendit pas son droïde Magna arriver. Les Magnagardes étaient le must en matière de droïdes de combat : conçus spécialement pour Grievous, les Magnas étaient aussi en charge de la protection des chefs de guerre de la CSI. Comme Derek.
IG-154 marcha rapidement vers son commandant avant de déclarer :
_Commandant. Nous avons reçu une holocom.
_Renvoyez là. Vous ne voyez pas que je suis en train de préparer notre plan d'action ?
_Mais...c'est le Général Grievous, monsieur.
_Quoi ? Passez le moi !
IG-154 jeta une petite balise d'holocom à terre, dans le sable. Une silhouette bleue apparut alors : le Général Grievous.
_Général. Je suis heureux de vous voir.
_Le plaisir n'est guère partagé Commandant Shiel. Je tenais juste à vous informer que nous avons rejeté votre demande de renforts.
_Quoi ? explosa Derek Vous n'êtes qu'à quelques parsecs d'ici et vous refusez de m'envoyer le moindre droïde !
_J'ai besoin de tous les droïdes, ici, sur Utapau. Je prépare un piège à Jedi, il est essentiel que ma cible ne se doute de rien. Le moindre mouvement de troupes l'alerterait.
_Dans ce cas, exfiltrez nous. Nous ne tiendrons pas ici.
_Je ne peux pas. Si nous envoyons un vaisseau, la République va s'en apercevoir. Il est essentiel qu'ils ne sachent pas que nous sommes là.
_En somme, vous nous laissez crever comme des chiens kath.
Grievous esquissa un geste de dédain :
_Bah...dès que mon Jedi sera mort, j'enverai mes troupes vous exporter. Tout ce que vous avez à faire, c'est survivre.
_Survivre ? Vous avez une idée de nombres de clones sur le sol de cette foutue planète ? Nous tiendrons quelques heures au mieux !
_Alors faites en sorte qu'elles soient les plus longues possibles. Grievous, terminé.
Et la balise coupa. IG-154 se baissa pour la ramasser. Il pencha la tête sur le côté comme pour mieux observer son commandant.
_Hum...Monsieur ?
_Quoi d'autre 154 ?
_Nous avons reçu le rapport de nos espions sur les forces adverses. C'est mauvais.
_Comme si je ne m'en était pas aperçu.
_Nous savons également que les clones sont dirigés par une personne maîtrisant la Force.
_Et comment s'appelle t-il ce Jedi ?
_ « Elle », monsieur. C'est une femme, une Arkanienne pour être précis. Elle répond au nom de Sio Elan...
IG-154 vit clairement la peur sur le visage de son maître :
_Monsieur ? Ca va ? Monsieur ?