Les Ombres du Flambeau (The High Republic – Shadows of Starlight #01 à 04), par Charles Soule, Ibraim Roberson, Marika Cresta, Jethro Morales et David Messina
Que s’est-il passé lors de l’année séparant la destruction du Flambeau Stellaire par les Nihil et les événements de
L’Oeil des Ténèbres, roman inaugural de la Phase 3 ?
« Le triomphe du fond sur la forme », voilà comment je pourrais résumer ma lecture.
Dans le fond, c’est assez passionnant à suivre… tout en n’étant absolument pas accessible. Clairement, il vaut mieux être à jour des événements survenus dans les Phases 1 et 2 pour bien profiter de l’ensemble des informations glissées dans ces pages. On sent Charles Soule qui se fait plaisir, qui présente des choses, ramène des personnages, se focalise sur plusieurs d’entre eux afin de ne négliger personne, avec en toile de fond le Grand Maître Pra-Tre Veter, ce qui est logique au vu de son rôle dans le roman de George Mann ! Il se passe quelque chose dans chaque page, ou presque.
Mais à côté de ça, qu’est-ce que c’est laborieux !
Déjà, il ne s’agit pas d’une réelle mini-série, mais bien d’une succession de one-shots, chacun focalisé sur un ou plusieurs personnage(s) différent(s), au point qu’il est presque étonnant que Marvel n’en ait pas profité pour nous pondre 4 one-shots avec un beau #1 sur les couvertures plutôt que cette mini, impression renforcée par la présence de 4 dessinateurs différents. Du coup, si chaque épisode raconte une histoire dans l’histoire, ils sont relativement indépendants.
Et puis, comme je le disais, il y a la forme. Et alors là… Tout est survolé, en fait. Le premier épisode donne pourtant l’impression que non, prenant son temps dans les premières pages, mais très vite, on comprend que rien ne sera développé, que tout sera montré en une poignée de cases tant la place est réduite. Tout est expédié. La capture de Pra-Tre Veter, le retour d’Azlin Rell, la décision d’Avar, cette information, glissée l’air de rien, que les Nihil disposent d’une technologie permettant de désactiver les sabre-lasers des Jedi, tout cela est mentionné, à peine développé, n’aboutissant qu’à peu de choses au final...
Pire encore, la lecture de cette mini-série conjuguée à celle du roman
L’Oeil des Ténèbres laisse la curieuse impression que l’un des médias résume l’autre et vice-versa, avec des scènes parfois même redondantes ! Il en est ainsi du retour d’Azlin Rell dans le premier numéro, fantastique surprise mais dont George Mann nous propose une scène quasiment similaire, et au vu des actes d’Azlin ici, difficile d’imaginer Yoda continuer de travailler avec lui ! De la même manière, les évolutions d’Avar et Bell dans cette mini-série donnent l’impression que les personnages ont régressé dans le roman, puisque finalement leur arc narratif semble les ramener à ce point déjà vu dans le roman…
Et surtout, comme le roman, la mini-série loupe le coche sur la révélation de l’existence des Sans-Noms au Conseil, à Elzar évitant ainsi de façon bien pratique les inévitables questions que les lecteurs se posent à l’issue de la Phase 2. On se demandait comment Yoda allait s’en sortir, lui qui connaissait manifestement l’existence de ces créatures, et bien on se le demander encore. Là, tout le monde connaît les Sans-Noms, leurs différents noms, mais tout ça a eu lieu hors écran. Sans compter une amorce de réflexion sur la peur qui pousse les Jedi à rester sur Coruscant, avec cette idée que la peur mène au côté obscur mais que là, en l’occurrence, ce n’est pas de la peur, c’est de la prudence. Mouais. Paye ta subtilité !
Et cette impression de forme négligé est renforcé par la présence de 4 dessinateurs, des habitués de la licence certes et avec lesquels Charles Soule a déjà collaboré pour certains, mais là encore, c’est dommage de ne pas avoir proposé un unique dessinateur. Du coup, la partie graphique est assez quelconque, à l’exception là encore du premier épisode illustré par Ibraim Roberson, davantage soigné que les autres.
Curieuse proposition donc que cette mini-série, qui semble presque être une introduction, mais en fait oui, mais en fait non, enfin peut-être, on ne sait pas trop. On dirait presque qu’elle est conçue pour lue en parallèle du roman de George Mann, ou à la place, ou en complément ? En l’état, difficile de ne pas se dire que ça aurait pu être tellement mieux !
Note : 65 %