Bonsoir à tous, comment ça va ?
C'est l'heure de la suite et au programme : du sang et des larmes

!!!
Devant le palais, les milliers de sympathisants et adeptes du Pius Dea qui avaient investi la place urbaine, montraient des signes d’hostilité de plus en plus évidents envers les gardes du palais, retranchés derrière la herse et le champ énergétique.
Le sergent Polaik qui commandait le peloton, passa en revue ses hommes avec célérité.
- Vérifiez armes et équipement, leur intimait-il.
Lui tout comme chacun de ses hommes, était équipé d’une armure compacte de duracier et d’un bouclier tout aussi blindé. Une matraque électrique et un blaster pendaient à leur ceinture, complétant leur aspect martial.
Trois rangs de protection avaient été constitués derrière la herse et d’autres gardes se positionnaient de même aux étages suivants, le plus gros contingent se rassemblait devant la Salle du Trône pour protéger le Roi Korol.
- Sergent, regardez !
À travers le champ énergétique et la herse, le sous-officier surprit les fanatiques déchaînés en train de brandir leurs armes. Des blasters… et ce qui ressemblait à des lances missiles portatifs.
- Par les Neufs Enfers ! Jura-t-il. Contactez les Forces de Sécurité, dites-leur que nous avons besoin de soutien devant le palais !
Un caporal devant lui, saisit son comlink au moment où les partisans du culte extrémiste s’approchaient dangereusement de l’entrée et leur criaient :
- Repentez-vous, mécréants ! La Déesse vous accordera sa miséricorde !
Le caporal se tourna vers Polaik.
- Sergent, les communications avec les Forces de Sécurité sont coupées !
Mauvais signe, songea le sergent.
- En position, allez ! Les encouragea-t-il.
Plusieurs militants épaulèrent les lance-missiles à deux, pour viser l’entrée. D’autres ciblaient les générateurs installés sur le toit du palais. En riposte, des tirs de fusils blaster tombèrent des fenêtres pour les disperser.
Polaik observa des corps joncher la place, mais cela ne fit qu’accentuer la fureur des extrémistes qui décochèrent les puissants projectiles en direction des générateurs. Les missiles filèrent vers les cieux de Corellia avant que leur trajectoire ne se courba pour frapper les générateurs par-dessus. Ce furent les détonations qu’entendirent Relon e Koldyr et les Korol, lorsque le Roi décida son arrestation.
Le halo du champ énergétique s’évanouit, réveillant la joie hystérique des fanatiques. Un prêtre fendit leurs rangs, les mains levées en croix.
- Ceci est un signe divin, ô fidèles ! Aujourd’hui, nous purifierons Corellia des impies pour y apporter la vertu aux égarés ! La Déesse le veut ! Lança-t-il à pleins poumons.
- La Déesse le veut !
Polaik constata avec effroi qu’ils rechargeaient leurs tubes pour les pointer vers eux.
- Levez vos boucliers !
La fumée s’échappa en filtrant des affûts, peu avant que les puissantes roquettes ne percutèrent les barreaux de la herse, la descellant de ses gonds. Le souffle de l’onde de choc mit au sol la première ligne.
- Debout, vite ! Pressa Polaik à ses hommes hébétés.
Ceux-ci se relevaient laborieusement lorsque les fanatiques lancèrent l’assaut, masqués par la fumée aux yeux des gardes royaux.
- Massacrons-les tous ! À mort ! À mort !
- En position ! Feu à volonté !
Les défenseurs calèrent leur blaster sur le sommet de leur bouclier, pressant la détente à l’unisson. Les traits ardents transpercèrent la brume et ils eurent la satisfaction d’entendre des hurlements de douleur et des râles d’agonie.
Puis Polaik donna l’ordre de reculer lentement vers les turboascenseurs pour amortir le choc de leur assaut frontal, sans cesser le feu nourri. Les fanatiques jaillirent à travers le brouillard de cendres, exhibant leurs poignards, leurs blasters, et ces visages grimaçant de haine, ce regard dément qui traduisait leur absence de considération totale de toute vie.
Y compris la leur.
Animés par leur foi aveugle en leur Déesse, ils se précipitèrent à toutes jambes vers leurs victimes expiatoires qu’ils voulaient accompagner avec eux sur le chemin de la Pureté. Les rafales de blaster les ralentissaient à peine.
Le contact fut brutal.
Les gardes royaux furent bousculés et ils réagirent en s’arc-boutant les uns contre les autres pour résister à la pression exercée par la meute déchaînée. Les tirs de blasters furent échangés de part et d’autre puis les gardes à court de munitions saisirent leur matraque électrique pour contrer les vibrolames de leurs agresseurs.
Polaik pris dans la mêlée, sentait qu’ils ne tarderaient pas à céder. Déjà, les coups de vibrolame devenaient plus précis et plus mortels. Devant lui, deux de ses hommes s’effondraient au sol, la gorge percée, dans des gargouillis écœurants.
Cela encouragea leurs meurtriers à persévérer et la pression irrésistible finit par renverser les défenseurs sur le dos, les uns après les autres. Les fanatiques les piétinèrent pour leur arracher les boucliers et les frapper de leur lame à travers les jointures de leur armure. Polaik qui avait reculé derrière ses hommes pour se préserver et garder leur cohésion, les vit se faire massacrer, totalement impuissant.
Il les entendait appeler à l’aide, en vieux corellien. Le sang jaillissait de leurs plaies, se répandant dans le hall et tapissant les murs. Ils se turent l’un après l’autre, sous le nez de Polaik qui reflua vers les turboascenseurs en saisissant son comlink.
- Ici le sergent Polaik ! Nous sommes débordés, ils sont entrés dans le palais !
Des tirs de blasters le frôlèrent de près, alors qu’il se précipitait dans la cage du turboascenseur, en proie à la rage de survivre. Il appuya frénétiquement sur le bouton pour refermer les battants, les doigts crispés sur la crosse de son arme.
Trop tard.
Les traits ardents lui percèrent la cuisse gauche et l’abdomen, malgré l’armure et sa dernière vision fut celle du Disciple de Hapos qui courait sur lui, en brandissant sa vibrolame.
Polaik agrandit les yeux, stupéfait de voir sa fin arriver si vite. Le sang inonda son champ de vision lorsqu’il fut percé à l’aisselle puis au cou.
Le crépuscule des Korol approchait.
Une trentaine de gardes s’était regroupée dans la Salle du Trône, entourant le Roi, sa famille et Relon e Koldyr que deux gardes continuaient de maîtriser. Entre deux rangs, le chambellan Helder se tenait informé de la progression inexorable des insurgés extrémistes, ralliés au culte Pius Dea.
Nul besoin d’un comlink et de rapports continus pour comprendre que la situation du Roi était désespérée.
Derrière les grandes portes, les échos de la furieuse bataille sanglante pour la prise du palais se rapprochaient de plus en plus. En orbite, Gel’harold e Ripsan menait depuis le Coeur de Rellidir, sa flottile dans un combat perdu contre la Quatrième Flotte de l’amiral Praji. En effet, ses vaisseaux et ceux des autres Maisons Nobles qui remontaient à la Première Guerre Alsakan, ne tiendraient pas longtemps la comparaison. Les puissants turbolasers des cuirassés républicains matraquaient déjà leurs boucliers vieillissants qui ne tarderaient pas à rendre l’âme.
Aethred avait des préoccupations plus immédiates, que le sort des Barons bloqués en orbite de Corellia.
Il regardait sa femme réconforter leur fils pris de frénésie. Un indice de la panique et de la confusion qui le gagnaient.
- Huh… huh…
- Cela va aller, Dehimos. Maman est là.
L’adolescent malingre ne cessait de rouler des yeux, en mordant ses manches sous le regard attristé de son père qui aurait souhaité faire plus pour lui. Mais il n’en aurait plus jamais l’occasion.
Il ne lui restait plus que des regrets à exprimer.
- J’aurais voulu tant vous emmener sur Saccoria, le berceau de mes ancêtres, leur confia-t-il en les prenant dans ses bras. De simples paysans qui se sont engagés au service du premier Roi Karel qui les a récompensés par l’anoblissement.
Dehimos murmura :
- Pa… pa.
- Tout ira bien, mon fils. Ce sera bientôt fini, nous nous retrouverons dans un monde meilleur. Sans haine ni obscurantisme. Je regrette seulement de ne pas en avoir fait plus pour toi, de ne pas t’avoir offert tout l’amour que je te devais. Tu méritais mieux.
- Sire, ils sont là !
Les gardes royaux se raidirent, tenant leur bouclier devant eux et serrant leur blaster dans leur poing. Ils visaient les lourds battants qui barricadaient l’entrée de la Salle du Trône et gémissaient sur leurs gonds quand les fanatiques se mirent à l’ébranler à l’aide d’un bélier improvisé.
- Ne les laissez pas vous prendre vivants, recommanda Aethred à sa femme. Ce ne sont que des Panthères des Sables, bestiales et sans compassion.
Elle acquiesça, la mine grave. Elle dissimulait dans son corset, un stylet qu’elle était prête à utiliser pour abréger la vie de son fils. Puis se trancher la gorge…
Le Roi se détourna d’eux pour rejoindre ses gardes, épée à la main. Les cris de triomphe de leurs bourreaux prochains, leur parvenaient.
- Nous purifierons cet endroit au nom de la Déesse !
La Reine recula vers le fonds de la pièce avec son fils. C’est alors que Relon se tourna vers elle, effaçant son sourire suffisant.
- Il vous reste encore un espoir, fit-il.
- Que dites-vous ? Demanda Maniya e Korol.
- Si vous abdiquez en faveur des Koldyr, je leur demanderai de vous épargner et de vous laisser partir.
Les traits résignés de la reine s’illuminèrent d’un nouvel espoir. Elle appela son mari.
- Aethred ! Le baron Koldyr a une proposition.
Le roi d’abord circonspect, daigna s’approcher finalement. Relon lui répéta ces derniers mots, ce qui suscita la méfiance de Aethred. Puis celui-ci pensa à sa famille, son héritier. Il ne pouvait pas les laisser mourir s’il existait une échappatoire.
- Vous nous laisseriez quitter Corellia ?
- Oui, à la condition que les Korol s’exilent sur Saccoria, leur planète d’origine et ne se mêlent plus de la politique corellienne.
Aethred fronça les sourcils, s’interrogeant sur la fiabilité de son antagoniste.
- Vous n’avez plus le temps, sire.
Le souverain assiégé sentit ses épaules se voûter sous le coup de la lassitude. Il rangea son épée et ôta la couronne qui ceignait sa tête pour la laisser rouler sur le marbre, dans un claquement d’agonie.
Le temps des Korol en tant que maîtres de l’Hégémonie, était révolu.
- Ainsi soit-il.
Il ordonna aux deux gardes de le relâcher et Relon e Koldyr fut placé devant les lignes de défense des soldats royaux, à l’instant où les portes furent enfoncées.
Alors que les fanatiques s’élançaient pour en finir, il leva les mains et cria pour les interpeller :
- Arrêtez mes frères et mes sœurs ! Arrêtez !
Les partisans du culte et les suprémacistes freinèrent, cessant leurs clameurs enflammées et les appels au meurtre.
- Les mécréants se rendent ! Jetez vos armes ! Ajouta-t-il ensuite en direction des loyalistes.
Les gardes se tournèrent vers le Roi, guettant son approbation.
- Obéissez, accorda Aethred. C’est terminé, merci pour votre loyauté au trône et à ma Maison.
Les soldats jetèrent boucliers et blasters avec fracas. Relon e Koldyr ne masqua pas un rictus triomphant.
- J’abdique en votre faveur, lui confirma le souverain déchu. Maintenant, à vous de tenir votre part du marché.
Un long silence succéda à cette annonce. Un moment historique se déroulait et beaucoup le réalisaient à peine. Les Korol avaient décidé pendant des siècles du sort de l’Hégémonie Corellienne, sauvegardant sa culture face aux aléas politiques et de l’Histoire. Aethred resterait dans les mémoires comme celui qui avait capitulé devant le culte Pius Dea. Il avait tout donné mais cela n’avait pas suffi.
Son seul souci était de se mettre en sécurité avec sa femme et son fils. Les Korol reviendraient aux sources sur leur berceau de Saccoria. Des paysans honorant la terre, comme aux premiers temps de la dynastie Karel.
Une vie paisible et retirée, loin des tumultes de la galaxie.
- Massacrez-les !
Relon recula après avoir donné cet ordre fatal, qui prit au dépourvu ses ennemis. Les fanatiques se jetèrent sur les gardes désarmés, dont les yeux étaient agrandis par la terreur et le désespoir. Aethred tira sa femme et son fils derrière lui, leur servant de bouclier. Dehimos se mit à balbutier encore plus vivement.
- Huh… huh.
Aethred dégaina de nouveau son épée tout en jurant à l’adresse de Relon qui s’avançait dans la mêlée, dague dans le poing.
- Traître ! Votre parole ne vaut rien !
Trois fanatiques l’assaillirent mais il fit danser son épée au-dessus de la tête. Il fendit la poitrine de la femme chauve dont le sang éclaboussa sa tunique royale, avant d’empaler coup sur coup ses deux corelligionnaires.
Cela servit de diversion à Relon qui le poignarda mortellement entre les omoplates. Le souverain écouta ces derniers mots :
- Les Contispex vous saluent. Que vos yeux se ferment à jamais afin que ceux des impurs s’ouvrent enfin.
- Aethred, non !!!
Le hurlement déchirant de Maniya e Korol résonna longuement alors que le massacre des gardes était toujours en cours. Les tapisseries qui représentaient les portraits des Rois de Corellia depuis l’avènement des Karel, étaient lacérées par les suprémacistes en guise de profanation à leur mémoire.
- Pa… pa, souffla Dehimos qui avait assisté à sa fin et vit le chambellan Helder se faire décapiter puis démembrer par les fanatiques du culte.
La reine exhiba son stylet, pour le mettre sous la gorge de son fils. Elle était en pleurs, ne pouvant se résoudre à l’achever.
- Reine Maniya, venez avec moi ! L’exhorta subitement Relon.
Elle considéra avec mépris, la main qu’il lui tendait.
- Vous avez trahi mon mari !
- Épousez-moi et votre fils sera épargné ! Insista-t-il.
Elle recula vers le trône avec Dehimos qui gémissait.
- Huh… huh.
- Vous épouser ?
- C’est votre seule chance ! Pensez à votre fils !
Maniya fixa son enfant et se souvint de ce qu’il représentait sur le plan politique.
- Vous mentez ! Il est l’héritier du trône, vous n’accepterez jamais de le laisser vivre !
Il rangea sa dague puis un blaster apparut dans son poing.
- Vous avez sans doute raison.
Il pressa la détente et Dehimos e Korol, fils d’Aethred e Korol, s’écroula sur le trône, un trou fumant dans le front. Ses yeux révulsés étaient dirigés vers le plafonds, alors que sa mère étreignait son cadavre.
- Non !!
Relon ne respecta même pas son deuil et l’attrapa sans ménagement par les épaules, pour s’emparer de sa personne.
- Les Korol ne sont plus ! Il est temps pour vous de devenir ma femme, vous porterez le nom des Koldyr.
Elle le repoussa avec virulence et Relon sentit une lame pénétrer profondément dans son bras. Elle lui avait planté son stylet dans le biceps.
- Je n’épouserai jamais un parjure ! Proclama-t-elle avec rage.
Il tituba avant de se ressaisir.
- Alors, partagez le sort des Korol !
Il empoigna de nouveau son blaster et cribla le corps de la reine, de plusieurs impacts ardents sur la poitrine. Elle bascula aux pieds de son défunt fils. Relon éprouva une vague pointe de regret avant que ce sentiment ne s’évanouit.
Après tout, c’était mieux ainsi. Il trouverait une épouse docile parmi l’élite corellienne, pour perpétuer sa lignée avec les faveurs de la Déesse. Les bourreaux s’emparèrent des corps royaux pour les emmener et les exposer sur la place comme symbole de leur victoire.
Relon ramassa la couronne de Korol et en ceignit sa tête. Il marcha vers le trône, s’y assit avec une profonde inspiration soulagée.
Maintenant, les Koldyr régneraient.
Certains des partisans du culte se rangèrent devant lui, ses plus anciens soutiens corelliens qui avaient toute sa confiance. Ils attendaient ses ordres.
- Les Forces de Sécurité ?
- Leur quartier général est tombé entre nos mains, frère Relon. Nous avons obtenu leur reddition sans condition. Devons-nous les exécuter ?
- Non, relâchez-les. Il faut rétablir la sécurité et le calme. Cependant, les Korol ont encore des partisans en dehors de Coronet, voire de Corellia. Trouvez-les et exterminez-les, nous ne devons pas les laisser se reprendre.
Il les regarda s’éloigner puis demanda à ce que la liaison soit établie avec la Flotte de l’amiral Praji. Contispex IV devait être informé de son succès.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
On se retrouve pour la suite et fin de cette sixième chronique sur le Pius Dea

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