Eh bien, résumons-nous...
D'abord, soyons sérieux, Timothy Zahn est l'auteur sans lequel personne ne se serait intéressé à l'
UE, parce qu'il a été le premier à en faire une vraie littérature Space Opera plutôt qu'un complément vaguement sympa aux films... Cela ne s'expliquait ni par son scénario (très trilogique) ni par sa qualité d'écriture (bien qu'elle soit réelle), mais par trois personnages : Talon Karrde, Mara Jade, et surtout, le Grand Amiral Thrawn. Il a ainsi montré que l'
UE pouvait avoir son intérêt intrinsèque, et ces trois bouquins sont les classiques de l'
UE par excellence, aisément lisibles pour qui ne connait pas les films et intéressants, les tactiques élaborées par Thrawn se substituant à l'effet spectaculaire des Seigneurs Sith des films.
Ensuite, après départ en sucette de l'
UE (si, si, je maintiens), le voilà ramené à la barre pour
La Main de Thrawn. Eh bien, au risque de choquer, je trouve ça au moins aussi bon que la Trilogie de Thrawn, moi : le personnage éponyme n'est plus là, mais Zahn joue avec nous pour le faire revenir sans le faire revenir, l'intrigue s'avère plus creusée que celle de la trilogie, et surtout, la qualité d'écriture est supérieure, le style de Zahn s'est enrichi. On note au passage l'influence de la
Trilogie des Conquérants du même Zahn dans certains éléments de l'intrigue, qui est du meilleur effet. Donc voilà, ces cinq romans, ce sont des monuments incontournables pour tout fan de l'
UE. Incontournables.
Mais alors après, c'est là que porte maintenant le litige, si j'ai bien compris... Eh bien, après, l'
UE dans son ensemble s'est brusquement donné un coup de fouet avec le
NOJ, projet d'une ambition jamais envisagée jusque-là, ce qui fait que Zahn s'est retrouvé un peu has been. Son retour se fait effectivement avec un roman anecdotique,
Une Question de Survie, et je pense que si certains lui en veulent, c'est pour l'abandon de la scène galactique à partir de là ; mais enfin, il faut arrêter, je maintiens qu'il est très bien, ce bouquin, on prend un réel plaisir au voyage dans les Régions Inconnues, Zahn nous entraîne dans les profondeurs de son univers... Incontournable ? Peut-être pas, mais on aurait tort de s'en priver.
Surtout quand on sait qu'en même temps, il y a eu
Vol vers l'Infini. Et là, eh bien, désolé les enfants, mais Zahn qui renoue avec Thrawn en pleine prélogie, avec en bonus un superbe jeu de miroir avec
Une Question de Survie, ça arrache tout. Thrawn n'a jamais été aussi fort et aussi ambigu, on découvre de nouveaux personnages, on explore encore plus joyeusement les Régions Inconnues, grandes batailles spatiales à l'appui ; ce n'est même plus une renaissance de Zahn, là, car ce livre est supérieur aux cinq premiers... L'intrigue s'arrache enfin de tout carcan filmesque sans être anecdotique comme celle de
Une Question de Survie. L'idée était tout simplement géniale -bon, pour l'écriture, je préfère quand même
La Main de Thrawn, mais passons, ce livre a un punch qui manque à tous les autres Zahn, ce qui le rend parfait à mes yeux, mon Star Wars préféré après
Star by Star.
Bref, Zahn a largement fait son boulot : après avoir tout inventé dans ses premiers romans, il parvient à rééditer son exploit dans
Vol vers l'Infini, et même en mieux à mon avis. Alors, après ça, que faire ? Eh bien, en l'occurrence, avec les Stormtroopers d'
Allégeance, il est vrai qu'on est en droit d'être déçus... Plus d'envergure galactique, plus de Régions Inconnues non plus, juste Mara Jade et quelques nouveaux personnages, certes sympathiques. Contrairement à tous ses prédécesseurs, y compris
Une Question de Survie, ce livre n'apporte ainsi pas grand chose à l'
UE... Zahn fait très bien son boulot, bien mieux que la quasi-totalité des auteurs, mais il n'empêche que ce livre est bel et bien en-dessous des autres, malgré son charme trilogique. Après ?
Choices of One, il est trop tôt pour que j'en puisse en juger mais il a l'air d'être du même tonneau, et puis... Et puis, il y a
Scoundrels, qui parait conceptuellement tout simplement infâme

Bon, peut-être que ça se laissera lire, en fait, mais il est clair qu'avec une idée aussi désespérément anecdotique, ce bouquin sera tout ce qu'il y a de plus dispensable. Zahn fait joujou dans son coin, c'est tout.
Donc... Disons les choses comme elles sont, après
Vol vers l'Infini (et après seulement), Zahn n'a plus tant d'intérêt, un auteur
SW de niveau moyen+. Cela ne s'explique pas tant par une baisse de la qualité que par le manque d'ambition, ce qui est moins blâmable ; il s'est mis en retraite partielle, en quelque sorte
Soit il considère qu'il n'a de toute façon plus grand chose à apporter à cet univers (ce qui est louable en soi), soit il n'a toujours pas pardonné
Sacrifice à Del Rey.