Quelques minutes plus tard, les Sentinels étaient parés pour leur mission. Après avoir manoeuvré pour dissimuler le Phoenix au fond d'un hangar, ils se mirent en route. Comme ils l'avaient prédit, les rues habituellement sous surveillance avait été désertées de toute présence militaire. Ils n'eurent aucun mal à entrer dans la première station de bus volant qu'ils croisèrent. Après avoir trainé Sor par ses lekku pour le forcer à monter dans le bus, la petite troupe pris enfin la direction du Sénat.
Matylda n'en croyait pas ses yeux. Jamais encore elle n'avait vu de cité comme Coruscant. On n'y voyait ni le ciel ni la terre, la planète toute entière était recouverte d'une immense cité aux mille et uns grattes-ciel et on y circulait exclusivement en vaisseau spatial. La jeune femme avait les yeux rivés à travers les vitres du bus quand soudain Cassiopea lui saisit brutalement le bras.
« Ne bouges pas, lui murmura-t-elle. Une patrouille vient de monter. Non, ne te retournes pas. On va avancer pour rejoindre le wagon suivant et on sortira au prochain arrêt. Navo et les garçons sont partis de l'autre côté.
- Ils sont nombreux ?, demanda Matylda.
- Une dizaine, c'est une patrouille de reconnaissance. Les autorités veulent sûrement s'assurer que personne ne viendra troubler la réunion des Parlementaires. Restes le plus naturelle possible, il ne faut pas attirer leur attention. C'est le pire endroit pour déclencher une bataille.
- Le bus est bondé et il y a des enfants, ils n'oseraient quand même pas nous tirer dessus.
- En temps normal non, ils nous maintiendraient en joug jusqu'à ce qu'ils aient fait évacuer le bus, c'est la procédure. Mais s'ils me reconnaissent, ils doivent oublier la procédure.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Parce que je suis classifiée Jedi sur mon avis de recherche et que dans ce cas là ils ont ordre de tirer à vue.
- Oh mon dieu.
- Surtout reste calme, tout va bien se passer. On y va, ne me lâches pas. »
Lentement, les deux jeunes femmes se glissèrent au milieu des passagers. La patrouille s'était divisée et les soldats avaient commencé un contrôle d'identité. Cassiopea entraina Matylda jusqu'à la porte reliant les wagons du bus. Là, un trooper montait la garde.
« Vous ne pouvez pas quitter le wagon, Mesdemoiselles. Montrez-moi vos papiers d'identité je vous prie.
- Oh, je suis bête, lui répondit Cassiopea avec un joli sourire. Je crois que je les ai oubliés dans mon speeder.
- Euh… je dois voir vos papiers, c'est la procédure, le soldat semblait soudain moins sûr de lui.
- Je sais, Cassiopea posa sa main sur le biceps du soldat. Mais nous sommes vraiment pressées et je ne peux quand même pas retourner à l'autre bout de la ville pour les chercher. Je vais arriver en retard à un rendez-vous important et ça sera de votre faute, lui asséna-t-elle avec une moue boudeuse.
- Je suppose que si je vois avec mon supérieur on pourra peut-être…
- Votre supérieur ? J'étais persuadée que vous aviez l'autorité nécessaire pour prendre toutes sortes de décisions importantes.
- Oh je ne suis pas si haut gradé, je…
- Mais si, je suis sûre qu'il n'y aura aucun problème. Vous allez nous laisser passer et faire comme si de rien n'était.
- Je vais vous laisser passer et…
- Et vous ferez comme si vous ne nous aviez jamais rencontrées.
- Et je ferais comme si je ne vous avais jamais rencontrées, répéta le trooper comme s'il était en transe. »
Suite à quoi, il s'écarta de son poste devant la porte et laissa passer les deux jeunes femmes. Ne perdant pas une seconde, Cassiopea entraina Matylda encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer et elles se glissèrent au milieu des passagers de l'autre wagon. Là, aucun soldat. Ils termineraient d'abord leurs contrôles à côté. Jetant un œil à l'holocran, Cassiopea calcula qu'il leur restait encore trois minutes de trajet avant de pouvoir descendre au prochain arrêt. Elle espérait que ses amis avaient eux aussi réussi à se mettre à l'abri des troopers.
« C'était quoi ça ?!, Matylda semblait vraiment perturbée.
- Quoi donc ?, lui demanda distraitement Cassiopea, trop occupée qu'elle était à surveiller les portes du wagon.
- Ça ! Ce soldat nous a laissées passer sans chercher plus loin !
- Ah ça. C'est de la persuasion, un truc de Jedi.
- Un truc ?
- Oui, on nous apprend à manipuler les esprits grâce à la Force. On peut les amener à faire presque tout ce qu'on pourrait leur demander, si on se débrouille bien. Évidemment, c'est à utiliser uniquement en cas d'urgence, quand on a aucune autre solution. C'est dangereux comme pouvoir.
- À ce stade je n'appelle plus ça dangereux. C'est carrément de la manipulation !
- Et c'est pour ça qu'on ne l'utilise que rarement. Contrairement aux Sith qui s'amuse à manipuler tout et n'importe quoi quand bon leur chante.
- Je vois. Franchement, j'ai d'abord cru que tu draguais le type.
- C'est un peu l'idée, répondit Cassiopea en étouffant un rire. La persuasion fonctionne différemment pour chacun, tu comprendras ça quand tu la maîtrisera mais…
- Parce que tu comptes m'apprendre ça ?
- Bien sûr, si tu veux apprendre autant tout apprendre. La méthode change, mais le résultat reste le même.
- Tu dragues tes victimes ?
- C'est plus discret que de faire des gesticulations vaudoues devant eux.
- Euh quoi ?
- Je connaissais quelqu'un qui faisait comme ça.
- J'ai un peu du mal à visualiser.
- N'essaies pas, c'était perturbant. Attention, dit subitement Cassiopea. On arrive à la station, il va falloir faire vite pour descendre. Les troopers vont arriver pour s'assurer que personne ne quitte le bus sans avoir été contrôlé. »
Comme elle l'avait imaginé, les troopers commencèrent à investir le wagon à la seconde où le bus commençait à ralentir. Profitant de l'agitation causée par leur présence, les deux jeunes femmes se dirigèrent lentement vers les portes de sortie du véhicule.
« Personne ne quitte ce wagon!, hurla alors le capitaine de patrouille, reconnaissable au liserai rouge sur son casque. Je veux contrôler tout le monde ! »
Les passagers ne semblaient guère ravis de la situation et l'agitation redoubla au moment où le bus entra en gare. Alors que le capitaine renouvelait son ordre, les portes s'ouvrirent et Cassiopea poussa Matylda à l'extérieur avant de sortir à son tour. Immédiatement, elle entendit une voix les appeler et des pas se précipiter dans leur direction. Se retournant, après s'être assurée que Matylda continuait bien de courir loin du bus, Cassiopea força les portes du wagon à se refermer en plein dans la figure des soldats qui tentèrent vainement de les ouvrir à nouveau. Adressant un salut et un joli sourire au capitaine, Cassiopea parti à la suite de Matylda.
« Matylda ?, l'appela-t-elle une fois à l'intérieur de la gare.
- Par ici, lui répondit-elle depuis un coin isolé.
- Mais qu'est-ce-que tu fais ?, ria Cassiopea.
- Je me cache.
- Je vois ça mais je pense qu'il faut que tu sortes de là parce que les gens commencent à nous regarder bizarrement. »
Effectivement, la gare était peuplée de voyageurs qui s'arrêtaient fréquemment à leur hauteur pour tenter de comprendre ce qu'il se passait. S'extirpant de sa cachette, Matylda s'épousseta dignement et décida de faire comme si de rien n'était.
« Ils sont partis ?
- Le bus est reparti, on est tranquilles maintenant. Par contre, on ne va pas s'éterniser ici. Le capitaine de patrouille a bien vu mon visage avant que le bus ne reparte et il ne va sûrement pas tarder à donner l'alerte.
- On va où ?
- On va trouver un autre moyen de transport. Plus discret cette fois. Il faut vite qu'on rejoigne le Temple, la session a du commencer au Sénat ce qui veut dire qu'il ne nous reste que quelques heures pour boucler cette mission.
- Et les autres ?
- Pour le coup, vu que j'ai clairement été repérée, il vaut mieux qu'on reste un peu séparés. Navo a les coordonnées du Temple et on va se retrouver là bas.
- D'accord mais on y va comment ?
- Disons, qu'on va réquisitionner un speeder dans le parking.
- Réquisitionner ? Tu veux dire voler.
- Emprunter. On va emprunter un speeder. »
Les deux jeunes femmes se déplaçaient rapidement et elles eurent tôt fait de rejoindre le parking, bondé, de la gare. Tous les voyageurs laissaient ici leurs véhicules personnels avant d'emprunter les transports en commun pour les trajets quotidiens. La journée touchait à sa fin et le parking n'allait donc pas tarder à se vider, il fallait donc agir vite. Rapidement, Cassiopea repéra un speeder qui pourrait correspondre à ce qu'elle cherchait. Modèle standard, quatre places, couleur passe-partout, le modèle familial typique. Elle était presque sûre que ce modèle n'avait pas d'arme intégrée mais peut-être que le propriétaire en avait fait rajouter en option. Sinon, elles allaient devoir se débrouiller sans et éviter les problèmes. Cassiopea demanda à Matylda de l'attendre sur le côté et se dirigea tranquillement vers le véhicule. Il fallait agir le plus naturellement possible.
S'arrêtant à la hauteur de la portière conducteur, la jeune femme fit mine de rechercher les clés dans son sac, lâcha une petite exclamation joyeuse laissant croire qu'elle les avait trouvées et s'approcha pour saisir la poignée de la portière. Là, elle déverrouilla la porte d'un simple mouvement de la main. Prenant place derrière les commandes, elle démarra le moteur de la même manière. Après avoir fait monter Matylda à bord, les deux jeunes femmes quittèrent le parking, les portes de sécurité s'ouvrant d'elles-mêmes sur leur passage.
« Comment tu as fait pour nous faire sortir de là ?, demanda Matylda.
- La Force est très utile en cas d'absence de clé, lui répondit Cassiopea avec un clin d'oeil. Maintenant, en route. On n'a plus beaucoup de temps.
- Tu sais piloter des vaisseaux individuels ?
- Quand tu t'es planquée dans les cales l'autre jour, tu as forcément vu mon vaisseau.
- Quoi, le vaisseau vert et argent ? Je n'avais encore jamais vu quelque chose comme ça.
- C'est un starfighter, les vaisseaux des Jedi. On apprend tous à piloter quand on devient Padawan et les plus doués deviennent star-pilotes. Ce sont des vaisseaux de combats fabriqués sur mesure pour les Jedi et R7, mon droïde, est co-pilote du mien.
- C'est comme les X-wing fighter alors ? Il faut un astromécano pour les piloter ?
- Oui, mais c'est la seule chose qu'ils ont en commun. Tous le système est différent. Je suis partie avec quand j'ai quitté l'Ordre et depuis je l'emmène partout.
- J'ai aussi appris à piloter des speeder mais ça n'a rien à voir avec ça, tu dois être douée.
- Je m'en sors plutôt bien, oui. Si tu veux vraiment t'intégrer aux Sentinels tu vas devoir prendre des leçons de vol. Tous mes hommes sont formés à piloter des fighter, généralement des L-wing, mais on a toute une armada.
- J'ai hâte d'apprendre.
- Ne te réjouis pas trop vite, lui conseilla Cassiopea avec un sourire espiègle. C'est Sor le prof de pilotage…
- Pourquoi est-ce-que j'ai un doute sur ses talents de pédagogue ? »
*****
« ATCHOUM !
- C'est pas vrai, tu peux pas être un peu plus discret non ?!
- Désolé, Sor'Leku s'essuyait le nez. Je ne sais pas d'où c'est venu.
- Dites donc vous deux, s'énerva Navo. Au lieu de bavarder vous pourriez peut-être avancer ! On crève de chaud là dedans ! »
Les trois amis étaient présentement entrain de ramper dans les tuyaux d'aération du réseau de transports en communs. Une idée de Sor'Leku qui avait estimé qu'ils tenaient là leur meilleure chance d'échapper aux patrouilles de troopers. Autant dire que Navo et Ivan étaient ravis de la situation surtout qu'ils n'avaient pas croisé la moindre possibilité de sortie depuis le début de leur parcours.
« Je te jure que plus jamais je ne te suis dans un de tes plan foireux, Ivan fulminait. C'est quoi cette idée ?
- Ecoute, l'idée de base me paraissait plutôt géniale figures-toi. Comment tu voulais que je sache qu'il n'y avait pas de bouches de sorties ?
- J'en sais rien, mais tu aurais pu y penser avant et arrêtes d'agiter ton derrière dans ma figure !
- Les garçons…
- Quoi ? Je suis pas du tout à l'aise dans ce pantalon. Je savais que j'aurais du garder ma combinaison parce que là c'est vraiment trop serré à…
- LES GARÇONS ! Si vous voulez bien arrêter vos conneries on pourrait peut-être avancer et trouver une sortie. Parce que si on continue à ce rythme on n'arrivera jamais au Temple et Cassiopea va nous allumer.
- Oui madame, maugréèrent-ils d'une même voix.
- Maintenant, si vous pouviez avoir une idée lumineuse pour nous sortir de là, je suis preneuse.
- Sor, commence par avancer on va pas rester là indéfiniment.
- J'y vais, j'y vais. »
Les trois Sentinels se remirent à ramper en silence. Le tunnel ne semblait jamais s'arrêter et à aucun moment ils n'entrevirent quelque chose pouvant s'apparenter à une porte de sortie. Après de longues minutes ils se trouvèrent devant une sorte de croisement.
« Et maintenant, demanda Ivan agacé. On fait quoi ?
- Visiblement, on va devoir faire un choix, répondit Navo.
- Je propose qu'on tire à pile ou face.
- Sor…
- Ou alors tu peux regarder si on capte ici et nous dire lequel des deux chemins a le plus de chances de nous sortir de là.
- Mouais, je préfère ça, dit Navo. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à tirer des données. Je dirais que les deux tunnels conduisent à la centrale d'épuration mais après…
- Alors quoi ? On continue de ramper ?
- Je pense qu'on n'a pas le choix, on trouvera peut-être une autre issue en cours de route mais pour l'instant c'est notre meilleure chance.
- Formidable… »
Après quelques protestations de la part de Sor, les trois amis se remirent en mouvement. Malheureusement pour eux, aucune issue ne les attendait le long du chemin et ils durent se résoudre à aller jusqu'au bout.
« Euh c'est un cul-de-sac, asséna Sor. Faut faire demi-tour.
- Mais non, soupira Ivan. Tu dramatises. Bouge tes fesses, que je puisse voir.
- Tu fais une fixation sur mes fesses ma parole, sourit Sor. Pourquoi tu me regardes comme si tu voulais m'assassiner ?
- Bouge.
- Oui. »
Ivan passa devant et il ne lui fallut que quelques instants pour trouver une échelle encastrée dans le plafond et le trappe située juste en-dessous. Ignorant Sor'Leku qui affirmait qu'il avait bien évidemment vu l'échelle, Ivan descendit.
Bientôt il se retrouvèrent tous les trois dans une pièce plongée dans le noir dégageant une odeur nauséabonde.
« Ouais, dit Sor en se bouchant le nez. Je pense qu'on a atteint la centrale, ça sent le vieux Hutt mort.
- Normal, c'est l'épuration c'est pas fait pour sentir bon. Par contre on a un soucis…
- Quoi ?
- On est à des kilomètres du Temple, souffla Navo en observant sa tablette. Et je ne vois pas comment on va faire pour y arriver à temps, vu que les transports en commun c'est mort.
- De toute façon je ne remettrai pas les pieds dans un bus, Sor se bouchait toujours le nez. On va trouver une solution.
- Tu veux bien arrêter de parler comme ça ? Tu as l'air ridicule.
- Ça pue trop, désolé. Je propose qu'on commence par sortir de là et qu'on regarde ce qu'il y a aux alentours. On pourra toujours chourer un vaisseau. »
Une fois hors de la centrale d'épuration, ils purent constater que celle-ci se trouvait au centre d'une immense zone industrielle complètement excentrée. L'option du vaisseau volé semblait être la seule possibilité s'offrant à eux.
Il leur fallu hacker les systèmes de déverrouillage de plusieurs portes et assommer quelques gardes mais ils finirent par trouver un hangar abritant de nombreux vaisseaux cargo. Ils choisirent de réquisitionner le plus petit et le plus maniable, malgré les protestations de Sor qui aurait largement préférer s'approprier le plus gros modèle du parc. Finalement, il s'installa aux commandes.
« Franchement, on aurait au moins pu prendre un nouveau modèle. Quitte à voler un truc, autant que ça soit un truc classe. On aurait pu le ramener à la base et le rajouter à notre collection.
- Sauf que tu oublies qu'on doit se promener en ville avec. Le Temple est en plein centre de Coruscant et si on se promène avec un monstre on ne risque pas de passer inaperçu.
- Certes. Bon, allez on y va, Sor actionna les propulseurs. On est à la bourre et j'aime pas quand Cass est en colère. »
Finalement, même si le cargo était de taille respectable, tous les passants se retournèrent sur leur passage. Et le fait que Sor'Leku conduisait comme un pilote de course n'arrangeait pas vraiment la situation. Ils eurent rapidement rejoint le centre et Navo les guidait en direction du Temple.
Une grande avenue menait à l'ancien quartier général des Jedi et au Sénat qui se trouvait juste à côté. Décidant d'ignorer les priorités à droite jalonnant toute l'avenue, Sor lança le vaisseau à pleine vitesse et manqua de percuter un speeder sortant de l'une des rues perpendiculaires. Le choc frontal aurait pu être fatal si les deux pilotes n'avaient pas été aussi bons l'un que l'autre. Reprenant le contrôle du cargo qu'il avait éjecté sur le côté, Sor commença à s'énerver, ignorant volontairement le fait qu'il était fautif.
« Bordel ! Il est sérieux lui, il peut pas faire gaffe cet espèce de… »
Il s'interrompit brutalement et fixa son regard à travers le pare-brise. En face, au volant du speeder qu'il avait manqué de percuter se trouvait Cassiopea. Et à en juger par l'expression menaçante qu'elle arborait, elle n'avait pas du apprécier.
« Oups. »