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Moi, Droïd
Vendetta
 
Une nouvelle vie… Un nouveau départ. Je réalisais soudain que j’étais encore meilleur qu’avant, bien que je n’eus pas cru cela possible auparavant. Euphorique, je laissais mon corps s’élever à un bon mètre du sol, puis redescendit pour m’arrêter à un millimètre du permabéton, tout fier de ma précision. Je fis encore quelques tours, sous le regard ravi de l’auteur de ce merveilleux changement.
Je n’avais jamais vu cette humaine auparavant, pourtant je lui devais beaucoup. Monsieur Marvic, Arc et moi-même nous étions rendus chez l’ami de Monsieur Marvic, Jey K, en passant discrètement à travers les pitoyables défenses planétaires de Derra IV. En arrivant, Jey K nous avait présenté cette jeune femme. L’humain, coincé dans une chaise à répulseurs depuis la Guerre des Clones, semblait ravi que nous la rencontrions.
– Marvic, Edo, laissez-moi vous présenter…
– Djayd Napar, avait coupé la femme à la peau noire. Je suis son assistante.
– Un peu plus que ça, avait fait Jey K avec un regard complice vers Djayd Napar.

Jey K avait longtemps discuté avec Monsieur Marvic, et pendant ce temps l’humaine s’était mis en tête de me trafiquer. J’étais venu avec l’espoir de profiter du savoir technique de Jey K, et n’avait guère envie de me faire bidouiller par une inconnue. Mais Jey K m’avait affirmé que je ne le regretterais pas.
Alors que la petite humaine aux longs cheveux noirs préparaient son matériel, j’avais perçu des bribes de la conversation de Monsieur Marvic et Jey K, et j’avais entendu des sanglots, sans savoir à qui les attribuer. Mais je pensais que les deux hommes avaient dû pleurer la disparition de Madame Mystra, Jey K ayant également très bien connu ma défunte maîtresse.
Djayd Napar avait travaillé des heures durant, pendant que Monsieur Marvic et Jey K s’occupaient d’Arc. « Pour une question de sécurité », Napar m’avait désactivé pendant ses manipulations. Je détestais perdre le contrôle des événements, mais je me laissai faire, respectant Monsieur Marvic et sa décision de me confier à cette femme.

Je venais juste de me « réveiller ». Je n’avais pas vu grand chose au départ, si ce n’était que l’on m’avait fixé un nouveau bras, pour remplacer celui amputé lors de la bataille. J’avais ensuite fait un rapide diagnostic interne, pour constater que les circuits endommagés par ces brutes d’impériaux avaient été restaurés. Ensuite, je remarquai qu’à présent, je savais manier près du double d’armes que la veille ! Bref, j’étais vraie une machine à tuer. Enfin, encore plus qu’avant, je veux dire.
Et puis je voulus faire un pas en avant, et là… Le miracle. Enfin, la peur tout d’abord en constatant que la section inférieure de ma structure avait été ôtée. Puis je réalisai que des répulseurs remplaçaient mes vieilles et minables chenilles ! Depuis le temps que j’en rêvais… Heu, façon de parler ! Je me retrouvai donc à tester cette nouvelle capacité, puis m’interrompis soudain et fixai Djayd Napar.
– Madame Napar…
– Mademoiselle. Et appelle-moi Djayd.
– Mademoiselle Djayd, s’il y a bien un humain dans la galaxie qui puisse m’égaler, c’est vous, déclarai-je d’un seul coup.
– Oh, s’exclama-t-elle en riant, si ce que m’a dit Jey K à ton propos est vrai, prononcer ces paroles a dû être un vrai sacrifice pour toi !
– Mais Mademoiselle, je le pense, fis-je, un peu vexé de ne pas être pris au sérieux.
– Tu es un gentil droïd, fit-elle avec un sourire en me tapotant le dôme. Bon, on a encore du boulot tous les deux.

Les deux heures qui suivirent furent parmi les plus belles que mon disque dur enregistrèrent. Je découvris que mon zoom était deux fois plus puissant, que j’étais doté d’un système d’acquisition de cibles des plus performants, que je pouvais atteindre de grandes vitesses avec mes répulseurs, et enfin que l’ensemble de mes senseurs avait été amélioré. Ca, c’était pour les plus gros changements. Je ne parlerai pas de l’installation d’un distributeur de boissons, Djayd me paiera un jour cette blague d’un goût douteux. Nous passâmes donc deux heures à tester toutes ces fonctionnalités de rêve. Et je ne rêvais pas…
Je me demandais ce que faisaient Monsieur Marvic et Jey K pendant tout ce temps, je le compris en montant à bord de l’Arc de Cristal. Son aspect externe avait peu changé (la nouvelle couche de peinture bleue ce serait pour plus tard !), hormis la nouvelle tourelle qui ornait la seconde aile. Je vis aussi que les deux canons avant avaient été améliorés et réparés. Et surtout… A l’avant. L’acier neuf brillant au milieu de la coque. Un double tube lanceur de torpilles…
– Un grand jour, Edo ! fit Jey K dans mon dos.
Il s’interrompit, réalisant sa bévue : Madame Mystra venait de mourir… Monsieur Marvic arriva à son tour.
– On a fait pas mal de changements, et j’en ai encore d’autres de prévus ! Mais ce sera pour une autre fois. Et à ce qu’il paraît, Djayd s’est bien occupé de toi…
– Oui Monsieur Marvic, elle…
– Ca va, m’interrompit l’humaine. Tu as déjà réussi à me faire un compliment, ne te force pas à recommencer. Cela m’a fait plaisir de bosser avec toi.
Je ravalai mes paroles, me demandant pourquoi tout le monde réagissait aussi bizarrement face à mon amabilité. En tout cas, j’avais hâte de causer un peu avec Arc pour partager nos découvertes.

– Allez, on va y aller, fit sobrement Monsieur Marvic.
– Qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda Jey K depuis son fauteuil à répulseurs. Tu n’as pas fait ces modifications pour rien j’imagine…
– Désolé mon vieux, je préfère ne rien dire. Cette histoire est entre Venko et moi.
– Et moi, rétorqua Jey K, les larmes aux yeux. Mystra était peut-être ta femme, mais moi je la connais depuis l’enfance. J’ai autant de raisons que toi d’en vouloir au gouverneur. Je viens.
– Pas question, tu…
– Je sais, dans mon état je serai plus un boulet qu’autre chose. Mais j’ai une offre à te faire.
– Je t’écoute, fit Monsieur Marvic en levant un sourcil.
– On se partage la tâche. Toi, tu seras les bras et les jambes. Moi, les yeux et les oreilles. Djayd…
La femme noire sembla comprendre, et partit dans leur atelier. Elle me fit un signe pour que je la suive. Une fois dans l’atelier, elle s’empara d’un système de casque et micro, et me désigna une console.
– Marvic va porter ce casque et des détecteurs, et Jey K sera ici, à analyser les données et à le guider dans le palais de Venko, puisqu’à mon avis c’est là qu’il va.
Elle me regarda un moment.
– Ces deux là vont faire une paire, et je te propose que nous on en fasse une autre, lança-t-elle en me faisant un clin d’œil sympathique.
– Qu’entendez-vous par là ? demandai-je.
– Tu verras, Edo. Soyez prudents, veille sur ton maître. Bonne chance, et à bientôt.

Nous décollâmes de la station perdue en pleine campagne de Jey K quelques instants après. Monsieur Marvic paraissait soucieux, et je n’osai pas lui demander ce qu’il avait en tête. Je savais qu’il réalisait encore plus à chaque seconde la perte de sa femme. Mais une question me brûlait les lèvres.
– Monsieur Marvic…
– Oui ?
– Quoi que vous comptiez faire… J’aimerais vous demander de me laisser vous accompagner.
Il m’observa un instant, interloqué. Puis il se mit à rire doucement en souriant.
– Mon cher Edo… Ma femme est morte, alors crois-tu que ce soit le moment de t’offrir des répulseurs et autres gadgets ?
– Je ne vous suis pas…
– Le succès de cette opération repose sur un point : toi.
– Pardon ?
– Je ne peux pas y arriver tout seul. Tout a été prévu en tenant compte de tes compétences, alors tu ne risques pas d’y échapper !
– Je suis touché, Monsieur Marvic, fis-je timidement.
Monsieur Marvic avait confiance en mes compétences… Mais en fin de compte ; c’était la moindre des choses. Après tout, c’était moi !

L’Arc de Cristal approchait rapidement du centre de la capitale de Derra IV, qui abritait la célèbre forteresse de Venko, où était censé reposer sa fortune personnelle. Monsieur Marvic nous avait expliqué en détails, à Arc et à moi, ce qui allait se passer. Le casque de l’humain captait la voix de Jey K et Djayd, tandis que ce même système avait été intégré en moi et dans Arc. Ainsi, Monsieur Marvic, Jey K et Djayd Napar, Arc et moi pouvions tous communiquer en direct. Jey K et son assistante disposait d’unités informatiques qui pirataient le réseau interne de la forteresse. Ils étaient donc en mesure de nous informer de la plupart des événements dans le palais.
Tout était planifié et minuté, et le tout début de l’opération serait très périlleux. Monsieur Marvic et moi avions chacun revêtu un système de parachutage à répulseurs, et j’eus la surprise de voir que cette brave Djayd m’avait parfaitement programmé pour cela. Je me demandais si Monsieur Marvic ne lui avait pas fait part de ses projets, alors que Jey K ne savait rien. Je me doutai que Monsieur Marvic avait fait cela pour protéger son ami et ne pas le pousser à s’embarquer avec lui dans cette guerre personnelle.

Une certaine excitation agitait ma mémoire vive en pensant à ce qui nous attendait. J’étais carrément génial, ça vous le savez, mais cette opération était suffisamment risquée pour représenter un vrai défi pour moi. Avec mes améliorations, je devrais m’en sortir. Et je pris soudain conscience que tout ceci me permettrait sûrement de venir à bout de Darth Vader. Je devais en finir avec Venko, avant de m’attaquer à une cible digne de moi, le Seigneur Noir de Sith.

Tout se passe très vite. Monsieur Marvic et moi attendions près du hublot de largage du vaisseau, et Arc pilotait tout seul comme un grand. Quand les premières détonations se firent entendre, je devinai que nous survolions le repaire de Venko, et que les défenses n’appréciaient pas. De toute façon, l’Arc ne faisait qu’un bref passage, et dans quelques instants il pourrait filer loin, à l’abri.
C’est ce qu’il fit, mais après avoir fait son travail. Monsieur Marvic et moi avions été expulsés par le hublot, et tombions en chute libre dans le ciel nocturne de Derra IV. Arc avait largué des paillettes, à l’origine des contre-mesures anti-missiles, pour masquer davantage notre présence.
La sensation était étrange, de flotter comme cela au beau milieu du vide. Monsieur Marvic plaçait son corps de manière à orienter sa chute, tandis que mes répulseurs flambant neufs me permettaient de contrôler vaguement la mienne. Je dus admettre que Monsieur Marvic se débrouillait remarquablement bien, ce qui pouvait s’expliquer par son entraînement dans l’Armée Républicaine, sa participation à la Guerre des Clones, et enfin son enrôlement forcé dans l’Armée Impériale.
Jey K avait tout calculé à la seconde près, ordonnant le saut au moment de la rotation des tours de garde. Ainsi, les défenses étaient occupées à chasser l’Arc de Cristal, les soldats échangeaient leurs places, et personne ne remarquait les deux objets tombant du ciel, et se rapprochant du mur d’enceinte ouest.
Un ordre de Djayd retentit dans mes circuits et dans les oreilles de Monsieur Marvic, et nous activâmes nos parachutes à répulseurs. Les appareils fixés à nos dos (enfin si je puis dire dans mon cas) respectifs se mirent en route, émettant un champ gravitationnel qui s’opposa au sol pour ralentir notre chute. Peu après, nous atterrîmes sur le permabéton de l’étroit mur d’enceinte, à deux cent mètres l’un de l’autre. Il nous restait quelques secondes avant que les gardes reprennent leur place.
J’utilisai mon zoom pour voir que Monsieur Marvic me faisait un signe. Je réagis alors, me débarrassai de mon parachute et le jetai par-dessus la rambarde du mur d’enceinte, tandis que Monsieur Marvic faisait de même. Nous n’en avions plus besoin et ne pouvions pas nous encombrer d’un tel poids inutile. Je pris un instant pour apprécier la vue. Vers l’extérieur de la citadelle, je vis les lumières de la capitale de Derra IV, les feux des speeders qui se croisaient, les néons publicitaires. Le mur d’enceinte dominait toute la cité. Vers l’intérieur, je vis des baraquements, des systèmes de défense, et au milieu de tout ceci, le palais de Venko. Un monument d’un goût moyen, qui avait dû coûter une fortune extorquée aux derrans pendant des années. Et dans ce palais était caché ce qu’il restait du butin…
Mais, à bord de l’Arc, Monsieur Marvic m’avait équipé de bien d’autres appareils vitaux pour notre mission. J’activai l’un deux, et un grappin jaillit de mon torse, se fixant au sol. D’un geste, je m’élançai par-dessus la rambarde qui donnait sur l’intérieur de la forteresse, puis tomba à nouveau dans le vide. Soudain, le câble du grappin retint ma chute, et j’utilisai mes répulseurs pour ne pas percuter le mur. Puis je laissai glisser le câble, et descendis jusqu’au sol, au cœur de la forteresse. Une fois arrivé, j’actionnai une commande qui décrocha la tête du grappin. L’objet tomba et atterrit à côté de moi.
Je jetai un œil à Monsieur Marvic, qui avait fait comme moi (avec ses propres moyens bien sûr), et qui à présent me rejoignait. La voix de Djayd Napar se fit entendre dans nos systèmes audio respectifs.
– Pas mal les enfants. Marvic, vous semblez avoir gardé la forme. Edo, bon réflexe avec les répulseurs !
J’ignorai comment la femme avait deviné que j’y avais fait appel. Elle avait sûrement dû entendre que je ne m’étais pas cogné contre le mur (oh, c’est moi quand même !).
– Mais c’est à vous que je le dois ! répondis-je.
Je pouvais émettre en interne, ce qui me permettait de ne pas faire de bruit, et de ne me faire entendre que de mes partenaires. Monsieur Marvic n’avait pas cette fonctionnalité, et devait chuchoter dans son micro.
– OK Jey K, mes yeux et mes oreilles, on compte sur toi.
– Je suis là Marvic, répondit Jey K. Je dispose du plan, et j’ai le plaisir de vous annoncer que vous n’y figurez pas. En résumé, vous n’avez pas été détectés.
Au-dessus de nous, sur le mur d’enceinte, j’entendis les gardes qui reprenaient position. Cela avait été juste, mais nous avions réussi. Ce n’était toutefois qu’un début. Nous nous trouvions donc au pied du mur d’enceinte ouest, derrière des baraquements de soldats. En fait il s’agissait d’un terrain vague sale et mal entretenu, qui servait de dépotoir aux soldats. Mais nous avions choisi ce point exprès, sachant que nous y serions tranquilles en pleine nuit.
– Marvic, expliqua Jey K, tu portes avec toi un détecteur de chaleur, qui me permettra de repérer les gardes sur ton chemin. Pour ce qui est des droïds et des systèmes automatiques, ils figurent sur mon plan technique, et je ne vous dirai pas où je l’ai eu. Djayd, prends le relais.
– Nous avons piraté le système de sécurité de la forteresse, enchaîna la jeune femme. Nous pensions que ce serait un défi à notre hauteur, mais ces minables n’avaient mis qu’un seul cryptage et cela a été aussi facile que de faire danser un ewok. Bref, nous avons la plupart des données en notre possession, nous pourrons donc vous guider facilement.
– Marvic, reprit Jey K, tu n’as pas voulu me dire où tu allais, mais ce n’était pas difficile à deviner. J’ai équipé, comme tu as pu le voir, vos blasters de réducteurs sonores.
En effet, j’avais pu constater ce bricolage lors de mon entraînement avec Djayd Napar. En fait, nos armes étaient trop puissantes pour opérer une réduction totale du bruit, et nous devions nous satisfaire d’un léger bruit. Une fusillade à l’aide de ces armes pourrait attirer l’attention, mais un coup isolé devrait passer inaperçu. Bien sûr, nous pouvions nous débarrasser de cet accessoire pour utiliser pleinement les capacités de nos armes. Mais, ignorant le programme prévu par Monsieur Marvic, je ne savais pas si nous aurions l’occasion d’en arriver là.
– Bien, fit la voix de Jey K, je pense qu’il est l’heure de commencer les festivités, vous ne croyez pas ? Vous êtes à la bordure de l’aile ouest, et si je devine ce que te passe par la tête Marvic, ton objectif est le centre de la forteresse, c’est-à-dire le palais de Pakir Venko.
– Ne me dis pas qu’il est inaccessible…
– Marvic, je te connais depuis un bon bout de temps, et je sais au moins que tu n’es pas un idiot. Si tu n’avais aucune chance, tu ne serais pas là, quoique Venko ait pu faire à Mystra. Et puis, tu as Edo avec toi !
– Yep ! m’exclamai-je. Heureusement que le brave Edo est là pour vous protéger.
Mieux que je n’ai pu protéger Madame Mystra, aurais-je voulu ajouter. Mais l’heure n’était pas à la nostalgie. Je ne savais pas ce que Monsieur Marvic voulait faire à Pakir Venko, mais moi je savais qu’il paierait si je venais à le croiser à nouveau.

Je suivis Monsieur Marvic, qui s’était mis en route. Comme je m’y attendais, Jey K et Djayd comptaient bien nous guider pas à pas.
– Ces baraquements sont bondés de soldats qui font gentiment dodo, déclara Djayd. Mais un seul faux pas, un bruit, et vous vous retrouverez avec une meute de stormtroopers aux fesses. Edo, je crois que tu vas me bénir pour t’avoir ôté tes vieilles chenilles.
– Mais c’est déjà fait Djayd ! Je…
– Chut, coupa Monsieur Marvic pour mieux pouvoir entendre les bruits extérieurs. J’entends du bruit. Jey K, y a quelqu’un dans le coin ?
– Un groupe de soldats qui picolent dans un des baraquements. J’espère pour eux que leur supérieur l’ignore… Si vous devez passer à proximité d’un des baraquements, prenez celui-là. Ils ne dorment pas, mais leur état vous aidera bien plus.
– OK, acquiesça Marvic. Edo, reste derrière moi, et garde tes senseurs braqués vers l’arrière pour nous couvrir.
– Affirmatif Monsieur.

Nous traversâmes rapidement le terrain vague, nous rapprochant des baraquements. Nous devions les traverser pour parvenir à la structure de la forteresse, et c’est ce que nous fîmes rapidement, nous efforçant d’être le plus discrets possible. Comme convenu nous longeâmes le baraquement des fêtards, dont le bruit des exclamations furent à notre avantage. Enfin, nous atteignirent une grande porte d’acier qui donnait accès au cœur de la forteresse.
– Une fois à l’intérieur, fit Jey K, vous devrez traverser les multiples systèmes de sécurité prévus pour protéger Venko. Vous devrez également désactiver l’écran de protection si vous voulez qu’Arc puisse venir vous chercher une fois vos petites affaires terminées.
– Entendu, répondit Monsieur Marvic. Et comment on entre ?
– Il vous faut la clé des gardes.
– Et tu n’aurais pas pu le dire avant ? Comment faire ?
– Simple. L’un de vous deux s’introduit dans le baraquement des ivrognes et pique la clé.
– Comme ça, en claquant des doigts ? rétorqua Monsieur Marvic, nerveux.
– J’y vais, déclarai-je. Je me ferais passer pour un droïd de nettoyage, après tout c’est ce que j’ai été pendant des années…
– Et tu t’imagines peut-être qu’ils te donneront la clé ? Non, j’ai une meilleure idée…

J’entrai soudainement dans le baraquement où flottait une forte odeur, mélange d’alcool et de vomi. Je voulus plisser le nez de dégoût mais en fus bien incapable… Je gagnai rapidement le lieu où un groupe d’une vingtaine de soldats sans armure buvaient des litres à la santé de l’Empereur Palpatine. Trop occupés à boire, à chanter, à vomir ou à brailler, ils ne firent pas attention au droïd qui passait entre eux pour débarrasser les bouts de verre cassé. Quelle humiliation pour un être comme moi de s’abaisser à servir ces crétins… Mais c’était pour la bonne cause. Mon petit tour fini, je passai dans une des chambres, où des rangées de lits étaient alignées. Un rapide coup d’œil dans une penderie me permit de trouver ce pourquoi j’étais venu. Je ressortis alors sans tarder.

Quand je revins quelques minutes après, je n’étais pas seul. Un stormtrooper tout équipé m’accompagnait, blaster levé. Nous pénétrâmes dans le lieu de l’orgie, et tous les visages se tournèrent soudain vers le nouveau venu. Voir un soldat en fonction refroidit l’ambiance, et le silence se fit.
– Qu’est-ce que tu fais là toi ? marmonna un ivrogne.
– Matricule TK-42. Puis-je vous demander ce que vous faîtes ?
– Ca ne te regarde pas ! brailla l’autre impérial. Retourne à ton poste !
– Justement. Je viens chercher ceux qui sont de garde dans le centre opérationnel.
Nouveau silence.
– Oups… fit un des soldats saouls.
– Je vois… fit TK-42. Vous savez ce que ça coûte de ne pas assurer sa garde ?
– Oh non…
– Tout cela peut s’arranger. Combien d’entre vous devraient être en poste ?
Sept mains se levèrent.
– Bien. Des collègues de mon escouade seraient prêts à vous remplacer et à ne rien dire sur cette histoire…
– Ah ouais ? fit un des types.
– 50 crédits par tête, annonça le stormtrooper. Non négociable. Réfléchissez vite, sinon c’est la cour martiale.
– Moi je marche, fit un impérial en se levant pour aller chercher la somme réclamée.

Cinq minutes plus tard, nous étions dehors, et Monsieur Marvic ôtait enfin le casque de stormtrooper et l’armure que j’étais allé chercher. Il sourit en montrant la liasse de billets dans sa main.
– Regarde, six de ces crétins ont marché, ça fait 300 crédits en cadeau. On ne sera pas venus pour rien. Et ils n’ont rien dit quand j’ai prétendu avoir égaré ma clé, et voici la leur !
Il me tendit la petite carte magnétique d’accès. Pendant que Monsieur Marvic remettait sa combinaison de départ, je me dirigeai vers la grande porte, insérai la clé et actionnai le mécanisme. Monsieur Marvic me rejoignit en quelques enjambées.
– OK mes petits gungans, fit Jey K. On passe aux choses sérieuses. Là dedans, c’est la totale : barrières laser, holo-caméras, gardes tout à fait sobres… C’est là que tout va se jouer.
– Prêt Edo ? me demande Monsieur Marvic.
– Et comment !
– Bien, fit Djayd Napar. Vous ne ferez pas un pas sans mon autorisation. En principe, tout le couloir d’entrée est dégagé. Ensuite, chaque passage contrôle l’identification intégrée dans les armures des stormtroopers et vérifie s’il s’agit bien du garde dont c’est le tour.
– En fait, si mon truc de remplacement avait été vrai, les remplaçants auraient été refusés, murmura Monsieur Marvic.
– Pire que ça, ajouta Djayd. Une mauvaise identification déclenche les rayons laser, et les heureux gagnants de 50 crédits auraient fini en rondelles.
– Charmant, maugréa Monsieur Marvic. Et nous on passe comment ?
– Simple.
– Ben voyons…
– Sanaka, tu nous prends pour qui ! protesta Jey K. Notre piratage nous permet de déterminer quelle identification le système attend. Nous n’avons plus qu’à copier sa structure et à l’intégrer dans les circuits d’Edo, qui deviendra un gentil stormtrooper ! A chaque passage, nous changerons son matricule selon celui attendu.
– Ca ça marche pour Edo, objecta Monsieur Marvic. Et moi dans l’histoire.
– Je suppose que je partirai devant désactiver les lasers, dis-je.
– Bien vu Edo, fit Djayd. En effet, nous ne pouvons le faire d’ici, il s’agit d’une commande manuelle.

Je n’avais jamais eu de numéro d’identification, Monsieur Marvic pensant, à juste titre, que j’étais bien plus qu’une machine. Mais là, je dus endosser tour à tour neuf identités électroniques, correspondant aux neuf stormtroopers postés aux fenêtres devant lesquelles je passai. Et enfin, après tout ce périple, j’atteignis le poste de contrôle auxiliaire. J’eus vite fait de repérer le mécanisme général des lasers.
Nous avions eu beaucoup de chance. J’aurais dû rencontrer et combattre les neuf soldats en poste, mais aucun n’était là. Ils devaient être en train de boire, et je devinai que trois d’entre eux n’avait pas dit qu’ils étaient de garde quand Monsieur Marvic leur avait demandé. Bref, la chance était avec nous. Ou la Force, comme aurait dit Medi Trabe.

Mais même cette chance avait des limites. En effet, les techniciens du poste de contrôle, eux, étaient bien à leur poste, et m’avaient vu passer tous les points de contrôle. Lorsque j’arrivai dans leur local, ils étaient tournés vers moi, arme au poing. Je dénombrai une demi-douzaine d’hostiles.
– On ne bouge plus droïd. Qu’est-ce que tu fais là et comment as-tu passé les contrôles.
– Monsieur, j’ignore de quoi vous parlez. Les soldats qui devaient être en poste sont retenus par un petit incendie et m’ont chargé de vous prévenir qu’ils ne viendraient.
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire. Je n’ai détecté aucun incendie.
– Heu, oui… En fait c’est un peu leur faute, alors ils essayent d’étouffer les deux : l’incendie et l’affaire !
Le type ne sourit même pas à ma remarque. Je dus enchaîner.
– Pour le contrôle, je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Je suis venu jusqu’ici directement. Pourquoi, que devais-je trouver ?
– Ne dis pas de bêtises stupide machine ! Nous t’avons vu émettre un par un toutes les identifications requises !
– Enfin Monsieur, comment voulez-vous qu’un vulgaire droïd comme moi fasse une chose pareille ? Vos appareils doivent avoir un dysfonctionnement, souhaitez-vous que je les inspecte pour éventuellement les désinfecter de toutes bactéries ?
L’impérial grommela quelque chose d’inintelligible, et se tourna pour vérifier ses consoles de contrôle. Ses collègues firent de même, sauf un qui me gardait en joue, mais dont la vigilance était faible. C’était le moment d’agir.
Je dégainai simultanément mes quatre blasters. L’homme qui me visait ouvrit des yeux ronds, et la surprise l’empêcha de réagir. Un tir l’atteignit au front (ma spécialité !), puis je fis feu des quatre armes sur quatre impériaux qui n’avaient même pas eu le temps de se retourner.
Le dernier technicien, avec qui je m’étais entretenu se précipita vers le système d’alarme. J’avais quatre fois le temps de l’abattre avant qu’il ne l’atteigne et prit donc mon temps pour viser son cœur.
– Tu vas voir ce qu’elle te dit la stupide machine.
Le laser l’arracha au sol et l’envoya contre ses chères machines, où il agonisa rapidement avec un râle (tous plus pénibles les uns que les autres ces humains). Quant à moi, j’actionnai tranquillement le levier d’urgence qui désactivait les lasers.
– La voie est libre, fis-je simplement.
Monsieur Marvic apparut quelques instants après et constata le carnage.
– Bon boulot Edo, tout en finesse. Jey K, la suite du programme ?
– Dis-moi une chose, Marvic. Tu ne m’as pas dit que tu allais dans cette forteresse, mais tu n’avais rien prévu. Tu savais donc que je devinerais et que je préparerais tout pour toi !
– Tu dis bien me connaître, Jey K. Et bien sache que c’est réciproque.
– Je vois.
– C’est bien les enfants, intervint Djayd Napar, vous ne vous en sortez pas trop mal. Vous êtes presque au palais.
– Déjà ? m’exclamai-je. J’aurais pensé que cette forteresse était bien mieux gardée.
– En fait, expliqua Djayd, vous êtes arrivés par l’aile la moins défendue. L’aile sud sert au transport de marchandises et beaucoup de troupes la surveillent. Au nord, c’est l’entrée officielle, je vous laisse imaginer la sécurité. A l’est, c’est le hangar à vaisseau. Quant à l’ouest, il y a les baraquements, voilà pourquoi nous avons choisi ce côté : c’est le seul sans véritable entrée, donc le moins gardé. Actuellement, vous venez de passer la sécurité interne, et vous allez déboucher dans l’espace résidentiel de la forteresse : là où vivent les bureaucrates, les dignitaires, les officiers, et enfin le gouverneur dans son palais. Marvic, auriez-vous l’amabilité de confirmer que c’est bien là que vous allez ?
– On ne peut rien vous cacher.
– Tout à fait. Bon, les rues devraient être désertes, mais il y a des holo-caméras un peu partout. Je pense pouvoir les désactiver, ou pour être plus discret, les détourner lors de votre passage. Je pense aussi que des soldats font des rondes, mais je les repèrerai sans problèmes.

Ce que Djayd appelait des rues consistait en fait plus en de sombres passages, des corridors de base militaire, plutôt que les rues d’une vraie cité. Monsieur Marvic et moi avancions à vive allure, et Djayd nous guidait dans ce dédale.
– Couloir à votre droite. Maintenant !
Sans discuter, je m’engageai dans le passage désigné, Monsieur Marvic sur mes talons. Et effectivement, des bruits de bottes en cadence se firent entendre, et une escouade de stormtroopers passa dans la ruelle où nous nous trouvions quelques secondes auparavant. Les soldats passèrent sans remarquer les deux silhouettes tapies dans le corridor perpendiculaire.
– Merci Djayd, fit Monsieur Marvic.
– Je suis là pour ça. A présent, le but du jeu est de rejoindre le palais sans donner l’alerte, sinon vous allez vous amuser.
Je retins un commentaire sarcastique, sachant que le moment n’était pas à la plaisanterie. Monsieur Marvic repartit prudemment selon le chemin indiqué par nos deux complices. Les impériaux, dans leur grande confiance, défendaient peu l’intérieur de la forteresse et peu de soldats étaient en faction. Néanmoins, je savais que les cadavres des techniciens seraient trouvés tôt ou tard, et j’aurai alors l’occasion de faire une nouvelle preuve de mon talent !

Nous eûmes encore à jouer à « se cacher du wookie » un moment avec les impériaux, quand enfin nous arrivâmes à la place qui donnait sur le palais.
– Attendez. Les gardes sont dans le coin, je vous dirais quand passer pour les éviter.
Quelques secondes plus tard, Djayd Napar donna le signal.
– Allez-y !
Nous partîmes à toute vitesse vers les colonnes de l’entrée de l’édifice. Fait de pierre locale jaunâtre et d’un style antique, il s’agissait d’un monument qui avait dû coûter une fortune et qui était censé avoir de la prestance. Au lieu de ça, je lui trouvais un côté kitsch ridicule qui ressemblait bien à Pakir Venko. Et pourtant, ma programmation ne contient aucune donnée sur l’art. Mais apparemment, les droïds ont plus le sens de l’esthétique que ces pauvres organiques, en particulier les humains. Je me demandais d’ailleurs quel être raisonnable était l’auteur de la merveille qu’était l’Arc de Cristal. Un droïd à tous les coups…
Mais bref, revenons à nos impériaux voulez-vous ? Bien. En quelques enjambées (ou poussées de répulseurs si vous préférez), nous nous mîmes à l’abri derrière les colonnes massives proches de l’entrée. Monsieur Marvic jeta un coup d’œil et confirma que nous n’avions pas été repérés. Décidément, cela en devenait lassant, et mes blasters refroidissaient désespérément.
– Allez c’est parti, à nous deux Venko, maugréa Monsieur Marvic.
Je perçus aisément la tension monter en lui. Il se dirigea vers la massive porte d’entrée, profitant de l’absence de gardes dans la rue pour rentrer. Soudain, Jey K hurla dans nos oreilles.
– Pas un geste !
– Jey K, je te serai reconnaissant d’épargner mes tympans. J’en aurai encore besoin un moment, fit Monsieur Marvic.
– Désolé. Mais je vois un truc bizarre sur le plan. A mon avis, cette porte est un leurre.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Que derrière cette porte vous allez en prendre plein la figure, à mon avis c’est la fausse porte d’entrée, c’est un piège pour les invités comme vous. Je pense que le personnel sait pertinemment qu’il ne faut pas passer par là. Et j’irai même plus loin : si ça se trouve, vous avez été repérés depuis un bon bout de temps, mais ils vous laissent vous jeter dans la gueule du loup pour ne pas se fatiguer.
– Si cette histoire de porte est vraie, intervint Djayd, alors l’hypothèse de Jey K est des plus pertinentes.
– Tout cela ne me plaît pas, dis-je. Encore un truc tordu d’humains. Pourquoi ne pas gentiment envoyer des soldats, ce serait fair-play et bien plus amusant !
– Même si cette porte est suspecte, il doit bien avoir une entrée quelque part.
– Très juste, acquiesça Djayd.
– Les humains sont stupides mais pas à ce point.
L’intervention venait de moi, vous vous en doutez. Ces petits jeux m’agaçaient encore plus qu’un jawa qui tripoterait ma source d’énergie pour en évaluer le prix. Bref, j’en avais marre.
– Moi je rentre, lançai-je.
– Pardon ? firent les trois humains.
– Ils nous cherchent ? Ils vont nous trouver. Je me fiche de ce qui m’attend là derrière. De plus, je pense que c’est conçu pour des humains, et j’ai la chance de ne pas en être un. Donc j’y vais, un point c’est tout.
– Pas question, rétorqua fermement Monsieur Marvic.
– Si. J’y vais.
– Edo 27, je me permets de te rappeler que JE suis ton maître. Fais moi plaisir, ne mets pas la pagaille, on n’en a vraiment pas besoin maintenant.
– Désolé, faites comme vous le voulez, mais moi je pars. Et puis encore une chose : si j’y vais, j’attirerai l’attention, et vous pourrez pendant ce temps trouver l’autre passage.
– Tu oublies encore une chose. Tu vas finir en pièces détachées.
– Rendez-moi un service : passez le bonjour de ma part à Venko.

Sans plus attendre, j’ouvris les battants de la porte massive en bois de Kashyyyk. Les protestations de mes coéquipiers se firent entendre dans mes circuits, et j’activai alors le système d’autodestruction (une protection en cas de capture) de mon ordinateur interne. Les voix se turent dans ma tête. Oui, je savais ce que je faisais.
Comment ça mon sacrifice était honorable ?!? Moi me sacrifier ? Mais où allez-vous chercher des idées pareilles ! Certes, cela permettrait à Monsieur Marvic d’accomplir sa mission. Mais vous croyez peut-être que j’allais me laisser détruire ? Hé ho, on parle de moi là, personne ne m’aura ! Non mais…
Derrière moi, je captais un murmure de Monsieur Marvic, qui, impuissant, me laissait partir. J’imaginai la consternation de mon équipe qui constatait que j’avais rompu le contact. D’accord, Monsieur Marvic comptait sur moi, mais je savais que je me rendrais utile ainsi. Je le sentais, faites-moi confiance.
Dès à présent, j’ignorai parfaitement ce que devenait le reste de la petite équipe, préférant m’isoler pour ne pas subir leurs reproches à longueur de temps. Je prenais les choses en main, bien décidé à agir dans mon style personnel.
Je débouchai dans un long couloir sombre, avec une lumière pâle tout au bout. La porte se referma derrière moi avec un bruit sourd, me plongeant d’avantage dans l’obscurité. Mon senseur visuel s’alluma et éclaira le sol devant moi, et ma vision parfaite me permettait de voir où je mettais les pieds (passez moi l’expression). Quoi que les impériaux aient prévus comme piège dans ce palais, ce ne serait pas de taille face à la plus merveilleuse et compétente des créations de la galaxie.
Moi, bien entendu.