Le film ne laisse pas indifférent, et c'est plutôt bien. Pour ce qui est de la description du monde et de se habitants, c'est vrai que celle-ci est très rudimentaire, et à part quelques plans très courts, on a l'impression que la ville n'est peuplée que par les 4 personnages principaux ; mais comme l'a soulevé Fluke, c'est très théâtral, et sur une scène de théâtre, impossible de mettre un peuple. Il a néanmoins une fonction très importante : celle d'élire Jaren à la tête de la cité, ce qui fait définitivement sombrer Erik du Côté Obscur.
Moi, j'avoue que personnellement, je ne vois pas l'intérêt d'en dire plus sur la vie de M. Tout-le-monde. Les films nous montrent-ils la réalité de la vie sur Coruscant ou Tatooine ? Pas vraiment...
La question du "trip" mystico-religieux est elle aussi importante, et à mon avis elle permet de mieux comprendre le film. Elle découle d'une autre passion de l'auteur (j'ai eu confirmation sur le forum du fanfilm) :
Dune. L'ambiance globale du film emprunte autant (si ce n'est plus) à Dune qu'à Star Wars. Or, cet élément religieux et la constitution du héros par le sacrifice est très importante dans la saga de Frank Herbert. J'avais même noté de grandes similitudes au niveau de l'image et de l'emploi de la musique avec le très bon téléfilm
Children of Dune, mais là, ce n'est que pure coïncidence, l'auteur ne l'a pas vu.
L'insertion de l'élément
Dune oblige à avoir une vision différente de la chronologie. Un millier d'années peut s'écouler entre deux tomes de la saga de F. Herbert. Ainsi, ma théorie est la suivante, mais elle doit être confirmée : l'action se passe sur Tatooine. Mais il pleut sur Tatooine ?, me direz-vous ! Pas de problème : des centaines, voire des milliers (enfin, là, ça fait peut-être beaucoup) ont passé. Ce qui peut expliquer un petit recul de la technologie et l'évolution du climat. Arrakis est plus aride que Tatooine, et pourtant il y pleut dès le 3è tome ; et la technologie du Jihad Butlérien est plus avancée que mille ans après sous le règne de Muad'ib.
Pour preuve : le fantôme Jedi dit que l'ordre Jedi s'est quasiment éteint. Cette situation était celle de l'Episode IV, mais nous ne sommes pas ici en l'an 0 de la chronologie
SW. La destinée du héros est d'être le nouveau leader Jedi, il est un Skywalker, et plusieurs leaders ont émergé de cette planète, Tatooine. "The line will continue. The Jedi Order shall once again live." La lignée doit perdurer ; l'Ordre Jedi renaîtra à nouveau. Avant la venue de Palpatine, et à l'exception des jeux
KoTOR, l'Ordre Jedi avait-il disparu auparavant ?
Jaren est un Skywalker, il ne peut pas échapper à sa destinée. Un autre élément très présent dans
Dune : impossible de renier son double héritage Atréides, celui, glorieux mais lourd à porter, de Paul Muad'ib, et celui, tragique, d'Agamemnon l'Atride.
Tout le film est très tragique, Jarren lutte contre sa destinée, mais il ne peut pas la changer. Par contre, il a le choix entre deux visions et constructions de sa personnalité : celle de Maître Oram, "La destinée ne peut pas changer ce que l'on est." contre celle du fantôme Jedi "La destinée façonne ce que l'on est". Ce tragique renvoie aussi à Shakespeare, avec ces deux forces au final peu présentes dans le film : le peuple, à peine entrevu, et les Sith, sans nom ni visage. L'un et l'autre groupe sont les pions de la destinée.
Bon, je m'emballe un peu, je l'avoue, et peut-être qu'il n'y a pas besoin de chercher aussi loin. Mais le fait est que c'est le premier fan-film qui pose autant de questions, et ce n'est pas une mauvaise chose !