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Chapitre 26 : Dans l'Antre de la Bête
 
Kano était occupé à ranger ses affaires dans son sac de voyage, quand Teydo apparut sur le seuil de la petite chambre.
– Qu'est-ce que tu fais ?
– Je pars, Teydo. Maintenant que cette affaire est terminée, j'ai besoin de renouer avec mon passé. De redevenir celui que j'étais. Je t'ai retrouvé toi, je suis resté sur Yavin. A présent, il me faut repartir pour Litonia. J'ai fait une promesse à Autum, alors j'y vais.
– Tu n'aurais pas une petite place à bord de l'Arc ? demanda son ami.
– Désolé mon vieux, mais il est préférable que je sois seul.
– Parce que tu ne l'es pas déjà assez ? s'exclama Teydo. Kano, tu me caches la vraie raison.
– Soit. Teydo, depuis quelques temps, il n'arrive que du mal à ceux qui m'entourent, tu es bien placé pour le savoir. Je ne veux pas t'embarquer à nouveau. Déjà que je suis gêné qu'Edo vienne… Le brave droïd aussi a besoin de repos.
– Dis-lui ça et il te descend sur place ! fit Pa'aja en souriant. Sérieusement, Litonia est un monde paumé, tu n'y risques rien. Alors laisse moi venir, parce que si les choses tournent mal, je préfère être là ! J'en ai marre de te courir après partout dans la galaxie !
– Désolé, sincèrement. Mais mon périple sera long. Je veux retrouver des traces de mon père, même s'il est déjà tristement célèbre… Je veux comprendre pourquoi j'existe.
– Qu'est-ce que tu veux dire ?
– Je ne te l'ai pas dit mais… Thrawn est venu me voir quand j'étais gosse, et je crois qu'il a fait pareil avec Kahn. Je veux savoir à quoi Palpatine nous destinait.
– A être des bouchers… cracha Teydo avec dégoût. Palpatine n'avait certainement pas de projets caritatifs. Tu es bien sûr de vouloir en savoir plus ? Tu risques de te faire plus de mal qu'autre chose.
– Au point où j'en suis… C'est important pour moi. Beaucoup de gens sont morts dans cette histoire, et j'estime que la vérité honorera leur mémoire. Ils le méritent.
– Si tu le dis… Mais qu'espères tu trouver ? Tu m'as dit que la forteresse de Litonia était en ruines.
– Elle l'est. Mais sentir la présence de l'Empereur me guidera peut-être vers mon destin. La difficulté sera d'en rester assez loin.
– Un peu tiré par les cheveux, ta théorie. Et je préférerais être là quand même. Les loyalistes t'en veulent peut-être encore. Tu as d'autres projets après.
– Oui. Partir faire la même chose sur Aztilar.
– Tu rigoles ? Là tu es sûr que les indépendantistes te tomberont dessus !
– Je te rappelle que Pellaeon a annexé la planète, il m'y donnera donc carte blanche.
– Je vois. J'espère que tu sais ce que tu fais. Comme l'a dit Kyp, ce n'est pas parce que Kahn est mort que cette histoire est terminée.
– Très juste, et je compte bien en finir. Les réponses que je trouverai, bonnes ou mauvaises, m'apaiseront l'esprit. Ca ne pourrait pas être pire, entre ma famille et la mort des Sanaka.
– Je sens que tu pars aussi pour oublier tout ça. Tu sais ce que ça a donné sur Nar Shaddaa…, fit Teydo avec une pointe de reproche dans la voix.
– Ca ne se reproduira pas, Edo y veillera.
– Et moi surtout. Je viens avec toi, tu n'as pas le choix.
– Teydo, respecte mon choix.
– Je voudrais bien, mais les Maîtres n'en ont pas décidé ainsi. Pour calmer les esprits, on m'a ordonné de te suivre. Je suis désolé.
– Pas tant que ça je parie, rétorqua Kano en regardant Teydo de travers. On part dans une demi-heure…

Après avoir salué ses amis sur Yavin IV, Kano amena l'Arc de Cristal hors de l'atmosphère de la lune et entra les coordonnées hyperspatiales de Litonia, avant de quitter le champ d’attraction de la planète. Autum avait bien esquivé ses questions la dernière fois. Ce coup-ci, Kano se jura de lui arracher la vérité, que la vieille femme veuille son bien ou non.

L'officier responsable d'Alpha Blue observa son visiteur. Alpha Blue était un service secret des Renseignements de la Nouvelle République, et avait pour mission de régler les problèmes que le gouvernement ne tenait pas à rendre publics…
A la tête de cette unité depuis sa création par Mon Mothma, l'amiral Hiram Drayson était très gêné par les nouvelles récentes, qui faisaient état de l'existence probable de cylindres de clonage Spaarti sous contrôle ennemi. Ces cylindres ne plaisaient pas à grand monde, et avaient causé bien des soucis : tout d'abord la terrible Guerre des Clones des décennies auparavant, puis le retour de Thrawn, suivi de clones aux commandes de la Flotte Katana et de Joruus C’baoth. Pire encore, le fait que l’Empereur Palpatine se soit réincarné dans des clones de son corps… Les clones étaient donc rarement synonymes de bonnes nouvelles.
Le risque actuel était moindre : il s'agissait certainement d'une seule unité de clonage rescapée, et son utilisateur présumé, un Jedi Noir, avait été tué. Par ailleurs, les indépendantistes avaient été maîtrisés par l'amiral Pellaeon. Il était possible que plus personne ne se serve de ce matériel. Mais pour des raisons de sécurité, Drayson était chargé de détruire ces installations.
La tâche venait de lui être facilitée : un scientifique impérial venait de se rendre à lui, avec des informations prétendument cruciales. Drayson s'en rendit vite compte quand le renégat, assis dans son bureau, révéla tout.
– Je connais l'emplacement du cylindre, commença-t-il.
Derrière lui, l'agent Golpi Rilim regarda Drayson avec une moue dubitative.
– Et vous venez gentiment nous le dire ? dit Drayson.
– Bien sûr, fit l'autre en souriant. Bien entendu, vous ne m'aurez jamais vu…
– Evidemment.
– Et vous transférerez la modique somme de 50000 crédits sur mon compte, dont je vous donnerai le numéro. Enfin, vous me fournirez une nouvelle identité, ainsi qu'un passeport pour le Nouvel Empire.
– Voilà qui est moins évident, soupira Drayson.
– Ceci est à prendre ou à laisser.
– Répondez d'abord à ces questions, fit Golpi. Pourquoi trahissez-vous votre camp ?
Le scientifique eut un petit rire nerveux.
– La notion de camp est caduque dans cette galaxie, messieurs. Parlons plutôt d'intérêt, voulez vous ?
– Si ça peut vous faire plaisir, marmonna Drayson.
– Alors, poursuivit Rilim, outre l'aspect financier, qu'est-ce qui vous a poussé à quitter votre employeur.
– Ce Jedi Noir était un détraqué…
– Merci, fit l'agent.
– De quoi ?
– De nous avoir gracieusement révélé la nature de votre employeur.
– Pour ce que ça me fait… grogna l'impérial. Je suis parti il y a quelques jours, et j'ai appris qu'il avait été tué.
– Pourquoi êtes-vous parti ?
– Je vous ai dit qu'il était dangereux. Il ne se sentait plus à chaque changement de corps !
– Pardon ? dit Drayson.
– Il semblerait que ce type se soit servi des clones comme nouveaux corps, expliqua Golpi à son supérieur. Mais laissons cet aspect-là aux Jedi…
– Bien, acquiesça Drayson. Continuez je vous prie.
– C'est pas bien compliqué. J'en avais marre que ce type nous prenne pour ses larbins. Alors j'ai mis les voiles, avant de réussir à vous contacter. Et si nous parlions de mon… dédommagement…
– Pas si vite. Comme vous le souhaitiez, personne ne vous a vu entrer. Personne ne s'étonnera donc de ne pas vous voir sortir… déclara Drayson avec un sourire carnassier.
Le traître blêmit, puis fit un effort pour se ressaisir.
– Oui… voici les coordonnées de la station expérimentale… vous êtes satisfaits ?
– Nous allons voir ça. Vous resterez ici, nourri et logé, jusqu'à la fin de l'enquête. Si vos informations nous ont donné satisfaction, vous aurez ce que vous avez réclamé. Sinon… priez pour qu'il n'y ait pas de sinon.

– Alors c'est là ? dit Teydo Pa'aja en observant Litonia par la verrière du cockpit. C'est pas beaucoup mieux que Koltary…
– C'est chez moi, déclara Kano. Je suis né ici.
– J'aimerais un jour rentrer chez moi et retrouver aussi mes origines, dit Edo 27 avec nostalgie.
Les deux Jedi, ébahis, observèrent le droïd avec consternation.
– Humour, fit celui-ci en secouant sa tête. Je plaisante.
Teydo soupira. Les droïds dont on ne réinitialisait pas régulièrement la mémoire devenaient souvent très bizarres.
– On ira un jour faire un tour sur Tabal, dit Kano en souriant. Ca te va ?
Edo ne répondit pas, et Kano se demanda un instant s'il ne l'avait pas "blessé" en lui rappelant ses souvenirs avec les Sanaka. Puis il se décida à amorcer la descente vers sa planète natale.

Il y fut aussi bien accueilli que lors de sa dernière visite, et l'apprécia plus, ayant retrouvé une bonne partie de ses souvenirs. Néanmoins, il ne reconnut pas pour autant tous ses amis d'enfance, qu'il n'avait pas vus depuis huit ans. Sileso lui proposa de l'héberger, mais respecta la décision de Kano d'aller dans sa maison, là où il avait grandi. Et il ne comptait pas rester bien longtemps.
Teydo le suivait paisiblement, respectant ce moment de retrouvailles. Quand Kano se décida à aller voir Autum, il lui parla.
– Tu préfères peut-être rester seul… demanda Pa'aja.
– Pas vraiment. Quelles que soient les nouvelles, j'aurai peut-être besoin de toi pour m'aider à les supporter…
– Bien. Allons-y.
Ils sonnèrent à la porte de la maison d’enfance de Kano, et Autum s'exclama en voyant arriver le jeune homme.
– Kano ! Comme c'est gentil d'être revenu !
– Ravi de vous revoir Autum. Nous devons parler.
– Bien sûr, fit-elle, embarrassée. Bonjour monsieur.
– Je suis Teydo Pa'aja, Chevalier Jedi, dit-il en lui serrant la main. Enchanté.
– Alors c'est vrai, dit Autum en souriant. Les Jedi sont ressuscités…
– Oui Autum, répondit Kano, saisissant l'occasion. Mais aussi les Jedi Noirs. Comme mon frère.
– Alors ta mère avait raison d'avoir peur pour lui…
Kano sourit. La vieille femme était piégée. Elle mit un moment avant de s'en rendre compte.
– Comme ça tu sais… murmura-t-elle. Ca devait arriver. Comment l'as tu appris ?
– Pas par vous en tout cas, répliqua sèchement Kano. Pourquoi me l'avoir caché ?
– Ta mère le voulait, dit Autum doucement. Mais elle savait que ça arriverait. Tu as vu ton frère ?
– Il est mort, dit Teydo sans autre explication. Il le méritait.
Kano jeta un regard désapprobateur à son ami, qui tenta de s'excuser.
– Enfin, reprit-il, c'est ce qui devait arriver.
– Que sais-tu d'autre, Kano, demanda Autum avec une curiosité bizarre.
– Ce que vous me révélerez, dit Kano en la fixant droit dans les yeux. Sur mon père, entre autres.
Sans un mot, la vieille femme entra dans la maison, invitant les deux Jedi à la suivre. Elle arriva dans la cuisine, et déplaça d'un geste brusque le synthétiseur de repas. Derrière se trouvait un petit compartiment dont l'ouverture était bloquée par un code à entrer sur un petit clavier. Sans hésitation, Autum entra le code et le petit coffre s'ouvrit en coulissant. Elle en sortit un petit disque noir, qu'elle tendit à Kano.
– Tout est là mon garçon, dit Autum. A présent, je ne veux plus entendre parler de cette histoire. J'en ai déjà trop souffert.
Interloqués, Kano et Teydo la laissèrent retourner à ses occupations, préférant rester seuls un moment. Puis sans attendreKano partit en direction de l'Arc de Cristal, où il trouva Edo en plein travail. Teydo le rejoignit peu après. Sans lui demander son avis, Kano inséra le disque dans le lecteur multi-modal du droïd, qui renonça à râler et se laissa faire en émettant quelques commentaires outrés, par principe et par habitude.
– Voyons ce qui m'attend encore comme mauvaises nouvelles… murmura Kano avant de lancer la lecture.

– Ce coin est perdu en plein espace, grogna Golpi Rilim. J'espère que ce type ne s'est pas moqué de nous.
– Il a intérêt, répondit Drayson. Agent Rilim, préparez une équipe et allez me faire sauter cette saloperie.
– Vous pensez que nous rencontrerons de la défense ? demanda le soldat.
– J'en doute. Kahn est mort, et les rats ont dû quitter le navire. Mais soyez tout de même prudents.
– Bien Amiral. Nous partirons au plus tôt.

Le cœur battant à lui arracher la poitrine, Kano attendit que les données apparaissent sur le projecteur holo d'Edo 27. Enfin, Edo bipa quand une image se matérialisa, projetée sur un mur de la pièce.
Kano reconnut instantanément le visage calme et rassurant de sa mère, Nicoma. Il fallut quelques secondes avant qu'elle ne se mette à parler.
– Bonjour mon fils.
Kano sentit les sentiments qui se bousculaient dans son esprit. Elle lui parlait. Même si le message avait dû être enregistré des années auparavant, il était une des dernières choses qui lui restaient de sa mère.
– Maman… murmura-t-il.
– J'espère que c'est bien toi qui vois ce message. Si c'est quelqu'un d'autre, il a dû avoir du fil à retordre pour prendre le disque à Autum ! fit Nicoma en souriant.
"Kano… Si tu entends ces mots, c'est certainement que tu as appris certaines choses. J'ignore ce que tu es devenu. J'imagine que je suis morte, et je prie pour que le Jedi que j'avais contacté soit venu te chercher pour te former. Quoi qu'il en soit, je sais que tu es quelqu'un de bien. Et que l'Empereur a perdu."
"Mon fils, il y a beaucoup de choses à dire. Alors écoute moi attentivement. Peut-être connais-tu déjà certains des éléments que je vais te révéler. Mais je pense que si Autum te laisse voir ceci, c'est qu'elle t'estime prêt à connaître la vérité."
A côté de lui, Kano sentit que Teydo retenait sa respiration, intrigué. Edo aussi regardait l'holo avec curiosité.
– Je ne suis pas née sur Litonia, Kano, mais sur Coruscant, au sein d'une riche famille. Quand Palpatine a commencé à exercer sa dictature, il a éliminé mes parents pour un banal conflit. Quant à moi et ma sœur, nous étions des enfants. Il nous a intégrées à sa suite, mais j'estime que le terme d'esclaves était plus approprié…
"Nous le suivions partout, comme le reste de sa cour. Nous avons vu plusieurs Chevaliers Jedi être exécutés sous nos yeux. Puis un jour, Palpatine est parti vers une planète dont je ne connais pas le nom. Il n'avait emmené que ma sœur. Il y a séjourné quelques temps, puis est revenu. Sans ma sœur. Je n'ai jamais su ce qu'elle était devenu, même si j'ai des soupçons à ce sujet."
"En effet, mon tour venait. Il m'a emmenée sur Litonia. Il avait exterminé la population locale, et s'était bâti une forteresse, où nous nous sommes installés. Je n'étais qu'une adolescente, quand il a déclaré qu'il nous avait choisies, ma sœur et moi, pour honorer la Volonté de l'Empereur."
"Quelques temps plus tard, je me retrouvais enceinte de toi, Kano. Mais il est primordial que tu saches que je ne me suis jamais offerte à l'Empereur. J'aurais préféré mourir que de laisser ce monstre me souiller. Je tenais à ce que tu le saches."
"J'étais quand même enceinte, sans savoir pourquoi. Mais j'avais suffisamment côtoyé Palpatine pour connaître l'étendue de ses pouvoirs. Je ne tenais pas vraiment à savoir quel procédé démoniaque il avait utilisé. Je n’étais pas étonnée non plus quand, après plus d'un an de grossesse, tu n'étais toujours pas né…"
Teydo leva un sourcil en entendant cette déclaration. Il allait dire quelque chose, quand Kano le fit taire de la main.
– Palpatine est venu sur Litonia à plusieurs reprises, et ce malade contemplait avec satisfaction mon gros ventre. Je savais qu'il exerçait un contrôle sur ta naissance, il n'était pas du genre à laisser des choses au hasard. J'imagine qu'il préférait mater la Rébellion avant, pour après se consacrer pleinement à ton "éducation".
"Même si je ne savais pas tout, j'étais loin d'être idiote, et je savais que Palpatine voulait faire de toi un Jedi Noir. Et j'avais la ferme intention de te tuer dès ta naissance."
"Puis soudain, tu es né sans que je comprenne pourquoi. J'ai hésité à me débarasser de toi, et j'ai eu raison. J'ai appris quelques heures plus tard que l'Empereur était mort lors de la Bataille d'Endor. Son influence s'est dissipée, et tu es né naturellement. J'ai alors compris que, quels que soient les projets de Palpatine, ils devaient disparaître avec lui. J'ai résolu de t'élever comme mon fils."
"Bien sûr, je savais que d'autres impériaux pouvaient être au courant et pourraient essayer de te récupérer. Même si je dois être morte à l'heure qu'il est, je suis certaine qu'Autum ne les a pas laissés faire. Je prie pour avoir raison."
"Je conçois que tu voudrais peut-être en savoir plus. Mais c'est là tout ce que j'ai pu apprendre, et ce que j'ai dit au Jedi."
Kano tressaillit. Maran savait tout. Depuis le début… Il serra les poings.
– Je suis désolé de ne pouvoir t'en dire plus. J'ignore ce que Palpatine avait précisément en tête, comment je suis tombée enceinte et qui tu peux considérer comme ton père. Certainement Palpatine. Pardonne moi de t'apprendre ça. Pardonne moi de ne pas t'avoir protégé jusqu'au bout. Et sache une chose : qui que tu sois, quoi que tu sois, pour moi tu as toujours été mon fils.
L'enregistrement prit fin, et Kano essuya ses yeux mouillés.
– Bien sûr que je te pardonne maman… murmura-t-il.
– Elle l'a enregistré quelques semaines avant sa mort, fit la voix d'Autum.
– Pourquoi me l'avoir caché si longtemps ? dit Kano, partagé entre la tristesse et la colère, et cachant sa surprise de voir Autum arriver à bord de l’Arc de Cristal..
– Pour te protéger, intervint Teydo.
– Exactement, acquiesça Autum. Thrawn est venu te voir une fois, et c'était ce que ta mère redoutait. Elle voulait t'éviter de mal finir.
– Comme mon frère… fit Kano. Que savait-elle sur Kahn ?
– Absolument rien, répondit la vieille femme. Mais elle était intelligente et se doutait que Palpatine avait fait la même chose avec sa sœur.
– Pourquoi Kahn a-t-il mal tourné ?
– Voilà ma théorie. Ta mère disait souvent que sa sœur haïssait Palpatine, mais l'admirait tout en le craignant. Quand l'Empereur est mort, elle a dû respecter sa Volonté…
– Et faire de lui un Jedi Noir, conclut Kano.
– Sans oublier qu'Ysanne Isard a dû l'influencer, rappela Teydo. Isard est venue voir Kahn, on l'a vu sur l'holo sur Aztilar. Et elle est venue bien avant que Thrawn ne te découvre.
Kano commençait à avoir l'habitude des mauvaises nouvelles, mais était plus chamboulé qu'il ne l'aurait pensé. Il avait une dernière question.
– Autum… Croyez-vous que je sois réellement le fils de Palpatine ?
– Je n'en ai pas la moindre idée, mon garçon, fit-elle, désolée. Mais ça m'est égal. Comme ta mère, je t'aime. Qui que tu sois.
Kano en voulait encore aux deux femmes de lui avoir caché la vérité. Peut-être lui faudrait-il du temps pour admettre que c'était pour son bien. Après tout, il suffisait de voir ce que Kahn était devenu pour comprendre qu'elles avaient bien agi. Et Maran Cahru comptait peut-être lui révéler un jour la vérité, mais il était mort avant d'en avoir eu le temps. Son frère en avait peut-être su plus, mais il était mort lui aussi, emportant ses secrets dans la tombe. Peut-être valait-il mieux que Kano oublie toute cette histoire.

La navette d'assaut aux couleurs de la Nouvelle République jaillit de l'hyperespace à des coordonnées précises, au beau milieu de nulle part. Le pilote repéra immédiatement la petite station qui orbitait autour d'une lune déserte, et il mit le cap vers l'objectif. Le responsable du groupe le rejoignit dans le cockpit.
Avant même ses exploits aux côtés de Teydo Pa'aja quatre ans auparavant, Golpi Rilim avait été secrètement placé à la tête d'une des sections commando d'Alpha Blue. Puis, après sa participation à la protection d'un convoi vital pour la République, il avait été promu comme commandant de la section d'élite d'Alpha Blue, la guidant lors de la résolution de plusieurs affaires de terrorisme indépendantiste. Il était donc un expert dans ce conflit, et la mort de Kahn représentait une grande victoire pour lui et pour ses hommes. Jusqu'au jour où il parviendrait à débarrasser définitivement la République (et l'Empire) de ces rebelles.
– Nous y voilà… annonça Golpi Rilim. Arrimez-vous à la station, et laissez les moteurs tourner.
– Bien, répondit Ace Azzameen.
Héros de la Rébellion, Azzameen était un pilote réputé, et avait été affecté au groupe d'assaut d'Alpha Blue. Un rôle intéressant, qui mettait en valeur ses talents. Il aborda la station, et vérifia sur les radars qu'aucun autre vaisseau n'était dans les parages.
Pendant ce temps, Golpi alla faire son briefing à l'équipage. Il inspecta son équipe, plutôt restreinte : lui-même à la tête des opérations, un soldat de choc issu du commando Page, un tireur d'élite (bien que Golpi lui-même soit un tireur hors-pair), deux experts en explosifs et déminage, un spécialiste informatique et un éclaireur, auxquels s'ajoutait le pilote de l'équipe. Tous avaient en outre une formation de soldats d'élite, capables de se défendre au mieux si nécessaire.
– Messieurs, nous devrons être très prudents, nous aurons affaire à du matériel sensible, mais nous ignorons de quoi il s'agira exactement.
Il expliqua rapidement son rôle à chacun en vitesse et donna les ordres, précisant que le matériel éventuel devrait être détruit, ainsi que la station. Les deux experts en démolition sourirent jusqu'aux oreilles.

Quand Azzameen signala la fin de la procédure d'arrimage, le groupe se leva, prêt à agir. Ils vérifièrent le fonctionnement de leurs casques et micros, puis, quand la rampe de la navette s'abaissa, Rilim donna le feu vert.
L'humain chargé de la reconnaissance partit le premier dans les entrailles de la station. Le soldat et le tireur, un hortek et un quarren, se mirent en position pour le couvrir. L'expert informatique verpine suivit vite l'humain, afin de se préparer à débloquer d'éventuelles portes fermées.
– La zone est calme, fit la voix de l'humain dans les casques de ses coéquipiers.
– Aucun système à neutraliser, fit la voix aiguë du verpine.
– C'est déjà ça, fit un bothan, impatient d'utiliser ses explosifs.
– Ca ne me dit rien qui vaille… murmura Golpi.
Quelques minutes plus tard, tout le groupe, à l'exception du pilote, avait investi la station, déserte. Golpi et les experts en explosifs, le bothan et un shistavanen, se trouvaient face à l'objectif. Les Autres membres attendaient en retrait, prêts à l'évacuation.
– Alors c'est ça un cylindre de clonage Spaarti ? grogna le shistavanen.
– Faut croire que oui, fit son collègue. Mais on aurait mieux fait d'embarquer un pro du clonage avec nous…
– Bonne idée, même si j'ignore s'il en reste. Palpy en a massacré une bonne partie, fit le leader. Bon, finissons-en.
Le bothan et le shistavanen ne se firent pas prier, et entamèrent une série de branchements, destinée à placer la charge au mieux.
– On va se connecter sur l'alimentation du cylindre, expliqua l'homme-loup. Ca améliorera le feu d'artifice.
– Comme vous voulez, dit Rilim. Mais dépêchez-vous je n'aime pas cet endroit.
Du coin de l'œil, Golpi aperçut le verpine qui bidouillait l'ordinateur central, et il le laissa. Les experts en démolition achevaient leurs préparatifs. Le bothan brancha un dernier fil, et s'attendait à voir un minuteur se mettre en marche. Rien.
– Ca ne marche pas ? s'enquit Golpi en fronçant les sourcils.
– C'est pas ça, s'expliqua le bothan, dont la fourrure se plissa sous l'effet de la frustration. Les branchements sont bons mais…
– L'alimentation du cylindre est nulle, compléta son collègue shistavanen. Les batteries de la station sont en marche, mais celles du cylindre sont mortes.
– Le Jedi Noir a dû la couper avant de partir, fit Golpi. Pas étonnant.
– Vous ne comprenez pas, dit le bothan. Je n'y connais rien en cylindres Spaarti, mais ce truc n'a pas servi depuis au moins… deux ou trois ans.
Soudain, la voix du verpine retentit.
– J'ai trouvé quelque chose dans les données de l'ordinateur. Ce cylindre a tourné à plein régime il y a quatre ans, puis il y a eu un dysfonctionnement. L'ordinateur stipule qu'une dizaine de clones ont été créés. Ils sont stockés… là.
Le verpine cliqua, et soudain le mur derrière le cylindre pivota, révélant une pièce auxiliaire. Golpi fut le premier à se précipiter dans la pièce, et ne put s'empêcher de s'exclamer :
– Sainte mère des météores…
Plusieurs tubes de croissance ornaient les murs. Certains étaient vides. Dans les autres flottaient des corps inanimés, dans un liquide verdâtre qui devait servir, d'après la connaissance rudimentaire que Golpi avait du clonage, à nourrir le clone et à le faire grandir en accéléré. Rilim s'approcha d'un corps, et vit le même dans les autres tubes : un gamin, d'à peine une dizaine d'années, avec des cheveux bruns, des yeux verts un peu bridés. Golpi Rilim n'eut pas de peine à reconnaître l'individu : c'était exactement l'enfant que Kano avait dû être à dix ans.