StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Chapitre 17 : Les Masques Tombent
 
Tout cela était navrant. Se trouver sur la planète mère des indépendantistes et ne rien y apprendre. Kano était toujours considéré comme un roi, mais absolument pas comme un leader. Danika se servait de lui pour des apparitions publiques, mais à aucun moment on ne l'avait mis au courant de plans ou de projets. On se moquait de lui, et dans les grandes largeurs. Tous devaient savoir qu'il jouait la comédie, et ils lui rendaient la monnaie de sa pièce, Kano en était persuadé. On l'avait informé de l'existence d'un frère, sans daigner lui en dire plus. La forteresse gardait ses secrets inaccessibles.
Plus pour longtemps. Exaspéré, Kano sauta de son lit et attrapa son sabre laser. Les deux gardes allaient se passer de lui. Il allait faire dans l'originalité : passer par la fenêtre, comme dans un bon vieux holo ringard. La simplicité pouvait être une arme. Kano regarda par la fenêtre, et estima à sept ou huit mètres la distance qui le séparait d'une terrasse en bas. C'était faisable, avec la Force pour alliée. A cet instant, les gardes entrèrent, et Kano eut la confirmation que l'on surveillait ses moindres faits et gestes. Il eut une seconde la tentation d'activer son arme et de se débarrasser de ces deux types, qui le collaient comme des ewoks qui l’auraient accepté dans leur tribu. Mais la réputation des gardes rouges impériaux le fit hésiter, et il abandonna.
– Monsieur désire-t-il visiter la ville et découvrir son activité nocturne ? demanda un des gardes d'un ton mielleux.
– Ce n'était pas prévu, répondit Kano, surpris.
– Nous estimions que vous pouviez désirer un peu de détente, monsieur. Demain, j'ai cru comprendre que vous aviez une importante journée.
– Vous me l'apprenez. J'arrive.
Ces types ne pouvaient pas le saquer, c'était évident. Leur loyauté allait à l'Empereur, mort ou vif. Les indépendantistes avaient dû être leur seule issue possible. Et ils devaient ronchonner à servir de nounous à un imposteur. La tension était palpable, mais Kano les suivit : une ballade en ville pourrait présenter des occasions de fuite. Il ignorait pourquoi ils parlaient d'importante journée. Les choses allaient peut-être se débloquer, il avait probablement intérêt à attendre le lendemain.
Une fois dehors, Kano essaya de supporter la sensation relative au fait d'avoir les deux types sur les talons. Il erra un instant dans les ruelles d'Aztilar, se demandant ce que les gardes voulaient qu'il y voie. L'activité était quasiment nulle, les gens rentraient chez eux. Aztilar servait de base militaire aux Survivants, et les civils servaient les militaires. Cela n'avait rien à voir avec un lieu de vacances.
Ennuyé, Kano prit le chemin du retour. Il longea un grand fossé, profond de plusieurs dizaines de mètres, les gardes toujours sur les talons. Les alentours étaient déserts. Soudain, il sentit une main sur son épaule. Il se retourna pour faire face à un des gardes rouges.
– Excusez-moi Seigneur Kano, on aimerait vous dire deux trois mots.
– Je vous écoute.
A peine avait-il parlé que le second garde lui enfonçait sa lance vibro-active entre les côtes.

– Oh oh, fit Tolet Tolfa. Ca ne s'annonce pas terrible.
Les scanners avaient détecté une forme de vie, et les restes de l'Amiral Zosskan filaient vers la décontamination bactérienne, Tolet compris. Le zhin préférait se passer d'une cure aux rayons alpha, qui le désintégreraient. Il grimpa les rebords du bac qui glissait vers la zone, et chercha une issue. Il dut s'agripper quand le bac cogna le rebord. Rassemblant son courage avec toutes ses mains disponibles (c'est-à-dire deux), il plongea à l'extérieur, et se réceptionna sur le tapis roulant de chargement. Vers le bas, il entendait le bruit peu rassurant des lasers faisant disparaître tout élément à purifier. Il s'agissait d'une mesure de sécurité standard pour le traitement des cadavres à bord du Survivant.
Heureusement, Tolet avait réussi à rejoindre une bouche d'aération, aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. La grille avait des barreaux suffisamment écartés pour que le minuscule être puisse passer, et Tolfa bénit sa vieille maman de lui avoir toujours fait manger équilibré. Il passa sans encombres, et marcha dans les conduits sales et malodorants. La vie d'espion n'était vraiment pas de tout repos… Restait à s'orienter pour ressortir au bon endroit.

Il n'avait aucune idée de la manière dont il pourrait bien aider Kano. La rencontre avec Alera ne lui avait pas apporté de preuves, mais la savoir à ses côtés était une bonne chose. En outre, Teydo appréciait d'avoir récupéré l'Arc de Cristal, qu'il avait immédiatement catalogué comme le plus bel appareil de la galaxie connue. Il aurait aimé en rencontrer le maître d'œuvre, le père d'Alera, un certain Marvic Sanaka, aujourd'hui décédé.
Teydo avait fait jouer tous ses contacts, et avait appris que Kano avait quitté le Survivant pour une nouvelle affectation. Teydo ignorait parfaitement ce que sa destination pouvait être. Pour l'heure, il traînait dans un bar louche sur Ord Mantell. Ce genre d'endroit était idéal pour rencontrer les personnes adéquates pour obtenir certaines informations. Teydo n'avait pas touché à la boisson d'un bleu lacté peu engageante que lui avait servie le barman, un quarren.
Après quelques minutes à supporter l'odeur du site, Teydo vit enfin arriver son contact. Il s'agissait d'un ancien soldat impérial, libre depuis le Traité de Paix. Le type était devenu un escroc à la petite semaine, qui monnayait des informations. On disait qu'il avait le don de savoir ce que vous ignoriez et vouliez savoir. Il localisa Teydo, et s'assit en face de lui. Teydo devina le blaster pointé sur lui sous la table. Les bonnes vieilles traditions de ce genre d'endroit… En réponse, il se laissa aller dans son fauteuil et posa distraitement la main sur la garde de son sabre.
– On ne m'a pas dit que vous étiez un Jedi. Jedi Noir ?
– Essayez de deviner, rétorqua Teydo.
Son interlocuteur, un homme blond et grand, et dont l'haleine empestait l'alcool à plein nez, leva un sourcil. Il haussa les épaules.
– Ca m'est égal. Du moment que vous payez.
– Et que vous avez mes informations.
– Bien entendu. Qu'est-ce qui vous tracasse, mon enfant ? persifla-t-il.
– Je veux le relevé complet des forces armées à la disposition des indépendantistes du Moff Danika. Ainsi que la localisation actuelle du destroyer de classe Impérial I le Survivant.
– C'est tout ?
– C'est déjà pas mal. Quand ?
– Dans trois jours. Vous payez d'avance. Vous avez assuré avoir un objet rare et facilement vendable, qui est censé me satisfaire.
Teydo fouilla dans son sac, et en tira un lourd cylindre qu'il posa sur la table. Le type écarquilla les yeux, tendit les mains et l'examina, cessant de viser Teydo sous la table. Teydo nota que personne ne faisait attention à eux. C'était le but de ce genre d'établissement. Satisfait, le type s'empara du sabre laser volé à Reez. Un objet de valeur, qui allait lui rapporter un certain nombre de crédits.
– Trois jours. Bonne journée Jedi. Et ne laisse pas refroidir ta boisson. C'est du sang de dianoga premier choix !
Le type sortit. Teydo Pa'aja attendit quelques minutes avant de faire de même. Trois jours à passer sur cette planète mal famée…

Kano hurla pour deux raisons. Premièrement, la lance vibro-active avait dû lui casser quelques côtes. Ensuite, un autre garde venait d'arriver, avec un support artificiel et une cage sur l'épaule. Il était accompagné de trois collègues. Kano vit l'ysalamari ; il avait déjà côtoyé ces animaux lors de sa captivité sur Yavin IV. Les ysalamaris avaient l'étrange faculté d'annihiler les pouvoirs de la Force. Kano était à la merci de six gardes rouges, des guerriers surentraînés. Un coup de botte le fit rouler sur le côté, et la Force ne put lui permettre d'amortir le coup.
Il essaya de se redresser, et chercha son sabre laser, mais ne le trouva pas. Un garde l'agitait sous ses yeux, et l'enleva quand Kano tenta de l'attraper. Ils avaient dû lui subtiliser à un moment ou à un autre. Sa situation n'était pas des plus brillantes. Sans arme, sans Force, et ne sachant même pas ce qu'on lui voulait. Sa seule possibilité était de se débarrasser de l'espèce de rongeur juché sur l'épaule d'un type baraqué et entraîné.
Un garde s'approcha, et lui flanqua un autre coup. Kano en eut le souffle coupé et cracha du sang. L'impérial lui redressa la tête en lui tirant les cheveux. Il approcha son visage, ses yeux masqué par la visière noire de son casque.
– Nous on en a assez des ordres de Danika, fit-il. Les ennemis de l'Empire, on les écrase. On a assez joué les toutous. On sait ce que tu mijotes, Kano. Et on ne va pas te laisser faire.
Il frappa de plus belle, arrachant un cri de douleur à sa victime. Kano essaya en vain de se relever, les gardes le cernaient et le tabassèrent. Il savait qu'ils auraient déjà pu le tuer. Mais non, ils jouaient. Ils en avaient eu assez de servir un opposant à leur cause, et lui faisaient payer sa témérité. Kano sentait qu'il avait quelques membres cassés, et qu'il ne pouvait rien faire. Ces maudits ysalamaris…
Néanmoins, il était décidé à ne pas se laisser tuer impunément. Rassemblant toute sa force, il sauta sur ses pieds et chargea un de ses agresseurs. Il le poussa de toute sa puissance, le contraignant à reculer vers le bord du fossé. En dessous, une chute de plusieurs dizaines de mètres les attendaient, mais Kano ne voulait pas y rester seul. Il poussa encore, prenant le garde rouge par surprise. Ce dernier ne vit pas le précipice, et poussa un cri de stupeur quand ses pieds ne touchèrent plus le sol et qu'il tomba dans le vide. Kano, emporté par son élan, allait le suivre. Mais quelqu'un, ou quelque chose, l'en empêcha.

Tolet déboucha enfin au-dessus du poste de communication. Il se faufila entre les barreaux de la bouche d'aération, et bondit sur une console émettrice. Il n'avait jamais été aussi sale… Il sortit son petit adaptateur de commandes, et se brancha à un poste de communication. Son premier réflexe fut de se souvenir du numéro holonet transmis par Kyp Durron, et d'envoyer un message à Teydo Pa'aja. Le Jedi devait savoir que son ami Kano était piégé, et que son frère se servait de lui depuis le début.

Kano se retourna, et fit face aux cinq autres gardes rouges. Son bond sur le premier garde avait été le résultat d'une poussée d'adrénaline, mais il sentit alors la douleur le déchirer, et il s'affaissa. Il n'était pas parvenu à voir ce qui l'avait empêché de tomber. Les gardes avaient réagi, et se mettaient en garde avec leurs lances. Ils allaient mettre Kano en pièces, quand son regard fut attiré par une flaque sur le sol, près de lui. Et la flaque bougea, il ne rêvait pas. Elle vint très vite se mettre entre Kano et ses adversaires. Personne n'y comprit rien quand cette flaque, très exactement de la même couleur bleu foncé que le sol, se souleva et prit la forme d'une silhouette humanoïde, tenant une sorte de bâton. Un garde réagit et frappa, et la silhouette para à l'aide du bâton d’un mouvement agile.

Teydo Pa'aja se reposait tranquillement dans le cockpit de l'Arc de Cristal. Sa légendaire chance lui avait permis de gagner un peu d'argent au sabbac contre des chasseurs de primes d'Ord Mantell. Mais sa bonne fortune lui attirait les mauvais regards, et il préférait dormir à bord plutôt que dans un hôtel. Son contact devait lui remettre les documents demandés le lendemain.
Soudain, la console de communication signala l'arrivée d'un message. Teydo en regarda l'expéditeur. Destroyer Stellaire le Survivant, poste 42. Teydo fronça les sourcils, surpris. Puis il consulta le message et comprit.
"Ici Tolet Tolfa, espion zhin au service de Kyp Durron, à bord du Survivant, destroyer impérial. J'ai des informations vitales pour le Jedi Pa'aja."
"Kano est piégé, sa mission est vouée à l'échec. Le Maître est son frère, et lui a tendu un piège sur la planète Aztilar."

Cela suffit à Teydo, et le message était accompagné des coordonnées d'Aztilar. Il savait déjà que Kano était dans de beaux draps, Tolfa ne lui apprenait rien. Le Maître l'avait dit devant lui. Mais Teydo apprenait où se trouvait son ami, et pouvait partir le tirer de ce mauvais pas. Le plus inquiétant était que le type qui avait fait tant de mal à Teydo soit le frère de Kano. Les deux jeunes gens se connaissaient bien avant son amnésie, et Pa’aja n’avait jamais entendu parler d’un quelconque frère.
Ne se souciant guère des informations escomptées pour le lendemain, il fit décoller l'Arc de Cristal. Le superbe vaisseau quitta l'atmosphère d'Ord Mantell, puis Teydo mit le cap sur Aztilar, avant de passer en hyperespace.

– Un corps intrus a quitté la zone de décontamination, informa un technicien chargé de l'hygiène du navire.
Ils avaient détecté que quelque chose s'était introduit dans les conduits d'aération, et les équipes s'empressèrent de partir à la chasse à l'intrus. Ils pensaient à un rat ou un autre nuisible. Les troupes de choc furent mises à contribution. Le travail passionnant des soldats de l'Empire…
Malheureusement, ils étaient équipés de lunettes de détection de la chaleur, signalant la présence de toute forme de vie. Quand un groupe mit les pieds dans la salle des communications, ils repérèrent immédiatement Tolet, activant leur zoom automatique pour pouvoir apercevoir le minuscule être. Ils ouvrirent le feu en attendant les équipes de décontamination. Mais il aurait fallu être sacré bon viseur pour tirer au but…

Un des gardes préféra se charger de Kano. Celui-ci, trop faible pour se défendre, fut balayé par le coup de lance, et tomba à genoux une nouvelle fois en gémissant.
Il vit un autre garde attaquer la silhouette mystérieuse. Celle-ci se déforma, créant un trou dans son corps, qui laissa passer l'arme ennemie. A toute vitesse, la chose réagit et frappa à son tour, arrachant la mâchoire du garde rouge dans un bruit sourd.

Les issues étaient bloquées, même Tolet Tolfa ne pouvait sortir. Les équipes d'hygiène venaient d'arriver, pulvérisant un produit toxique dans la pièce. Tolet avait deux solutions : rester et périr en suffoquant, ou se jeter dans les bras (ou plutôt les pieds) des gardes qui bloquaient l'entrée.

Kano encaissa un nouveau coup, et chancela, tombant sur le ventre. Mais il était fasciné par le guerrier aux prises avec les autres gardes.
– Par la Force, qu’est-ce qu’il se passe ? murmura-t-il.
La chose semblait faite de liquide, et changeait de forme sans répit, esquivant les coups avec aisance. Sa vraie forme ne devait pas être une silhouette humaine, mais il avait pris cette apparence pour être au même niveau que les gardes. Un de ses coups de son étrange bâton transperça un garde, un autre le fit voler et tomber dans le précipice. Kano ne vit pas comment le dernier se faisait éliminer. Celui qui s'occupait de lui allait l'achever, alors qu'un bruit effroyable annonçait que le dernier garde avait dû y passer, certainement avec bris d'os à la clé. Kano attendait le coup de grâce, qui ne vint pas.
Il fit un effort pour se retourner, et vit alors son bourreau être soulevé du sol, un "membre" de la chose s'étant enroulé autour de son cou et le soulevant comme un fétu de paille. L'homme se débattait, mais était impuissant face à la poigne qui paraissait irréelle.

Tolet se jeta entre les bottes des stormtroopers, qui réagirent en piétinant le sol. Ils ignoraient comment combattre un adversaire de cette taille, et jugeaient que l'écraser était la solution. Tolet, agile, se faufila entre les masses qui tombaient tout autour de lui, échappant de peu au sort d'une crêpe. Mais un pied apparut au-dessus de lui, et il ne fut pas assez rapide. La botte s'écrasa sur le zhin.

Kano, captivé, vit l'incroyable scène se dérouler sous ses yeux, oubliant ses blessures. L'ysalamari avait été tué en même temps que son porteur, mais Kano ne se soucia pas du fait que la Force lui revienne. Il était à deux doigts de s’évanouir à la suite de ses blessures, et ne parvenait pas à contrôler suffisamment la Force pour résister à la douleur.
Le garde rouge ne touchait plus terre, et agitait frénétiquement les membres. La chose, de forme changeable et couleur du sol, n'était pas prête de le lâcher.
L'impérial se débattit encore un peu, mais son adversaire resserra brusquement la pression. La nuque du vaincu craqua dans un bruit sourd, et le corps s'effondra près de Kano.
Ce dernier n'en avait pas perdu une miette. La forme se pencha, et Kano sentit qu'on le soulevait de terre avec précaution. Puis il perdit connaissance, succombant à ses blessures.

Je suis mort ? Quelle fin lamentable, écrabouillé par une botte d'impérial…. Il fait tout noir, je dois être mort. On va me laisser ici longtemps ?
La lumière revint soudainement, et Tolet Tolfa retrouva le décor de la salle des communications du Survivant. La botte remontait lentement, et les impériaux essayaient de savoir s'ils l'avaient enfin eu.
Tolet comprit. Il s'était trouvé juste dans un des creux de la semelle de la botte, et avait échappé de justesse à la mort. Ca vous apprendra à mettre des semelles creuses… Il profita de l'hésitation des impériaux pour filer hors de la pièce condamnée. Il n'eut pas beaucoup de mal à semer ses poursuivants dans les coursives du Survivant. Il allait avoir à quitter ce maudit destroyer par ses propres moyens.

– Tout va bien, Kano. Tout va bien se passer.
Il tenta d'ouvrir les yeux, en vain. Pourtant, il voyait. Il mit un certain temps à comprendre qu'il rêvait. En fait, il le comprit quand il se souvint que l'être qui se tenait face à lui était mort. L'individu avait une prestance évidente. Près de deux mètres de haut, vêtu d'une bure marron de Jedi classique, le non-humain avait une peau tirant sur le jaune foncé, des petites canines acérées et de courtes cornes. Sa taille élancée lui donnait de l'élégance, et il émanait de lui la sagesse.
– Maître Maran ? bredouilla Kano dans son songe.
– C'est moi, Kano. Ca fait bien longtemps. Tu as l'air d'avoir quelques soucis depuis que je suis parti.
Kano ne sut que dire, ignorant s'il s'agissait d'une vue de son esprit ou d'une apparition. Les souvenirs affluaient, quand il s'était entraîné avec son Maître Maran Cahru, un takisha renommé. Quand ils avaient ensemble résolu une crise au cours de l'affaire du document de Caamas. Puis tout était noir. Maran avait été tué, Kano enlevé et accusé du crime. Tous ses problèmes étaient partis du jour où son Maître avait été assassiné.
– Ne t'inquiète pas pour moi, mon jeune élève. Je vais bien mieux que toi.
Le jeune Jedi était à moitié conscient. Suffisamment pour savoir qu'il rêvait, pas assez pour se réveiller. Malgré tout, il sentait un goût bizarre dans sa bouche. Il était probablement en cuve bacta.
– Maître Maran, je suis désolé…
– De quoi, Kano ? Ce n'est pas toi qui m'a tué, tu le sais aussi bien que moi.
– Alors qui est-ce ? Je suis désolé, je n'ai pas su vous défendre… Pourtant, j'avais la Force pour alliée.
– Kano, tu as des choses à découvrir. Seul. Mais je suis venu te délivrer trois messages.
Kano voulut bouger, ce qui se révéla impossible. Il n'arrivait même pas à décider de ses paroles à son Maître. Il ne se souvenait pas des évènements de sa disparition. Néanmoins, la mémoire lui revenait progressivement. Un jour, il serait en mesure de tout se rappeler. Et d'agir. Pour l'heure, il regarda, fasciné, l'image de son Maître. Spectre ou songe ?
– Premièrement, tu dois te souvenir de mes enseignements. Il est primordial que tu voies la Force comme elle est. Elle n'est pas ton esclave, Kano ! Elle n'est pas une arme ! Tu as été choisi, parmi tant d'autres, pour être un relais de la Force dans notre univers. Tu es un point d'émission, un transmetteur du savoir et de la puissance détenus par la Force. Si elle est en toi, c'est parce qu'elle le veut bien, pas parce que tu es meilleur qu'un autre qui n'a pas eu cette chance. C'est toi qui dois la servir, pas l'inverse. Nous avons l'honneur d'être les serviteurs de la Force, nous ne pouvons pas nous détourner de ce devoir. C'est la clé de notre existence, Jedi. Sans la Force, nous n'avons plus de raison d'être. Laisse la couler en toi, laisse toi guider par elle. Elle est ton maître, le fil rouge de tes actes. S'il te plaît, ne l'oublie pas, Kano. Si tu commences à en faire ton arme, à t'en servir pour toi et pas pour la servir, ainsi que l'univers, alors tu rejoindras les légions des ratés. Les Jedi Noirs. Comme l'autre.
– Maître Maran, qui est mon frère ? Je dois savoir qui il est, et qui je suis. Je sais que vous le savez.
Le Maître le regarda tristement.
– C'est à toi de faire ta route. Peu importe ce que tu es, l'important est ce que tu deviens. Toi et la Force.
Kano reconnaissait bien là Maran Cahru, l'éternel penseur et philosophe, tant écouté par les autres Jedi. Sa mort avait dû être un coup dur au sein de l'Ordre. Kano se souvenait de ses passionnants discours sur la Force, permettant à tant de jeunes Chevaliers arrogants de se remettre en cause. Il se souvint sa façon si subtile de ne jamais répondre aux questions…
– Vous me manquez, Maître Maran. J'ai besoin de vous. Ils doivent comprendre que je ne vous ai pas tué.
– Tu as bien plus à faire, Kano. Et tu y arriveras. Mon second message est de faire confiance aux gens qui t'aiment. Seul, tu échoueras. Il y a des êtres qui sont là pour toi. Ne les oublie pas. Enfin, je voulais te dire de prendre garde. De faire la part des choses entre la réalité et ce qu'on veut te faire croire. Ne vas pas croire tout ce que tu verras. Kano, tu n'as pas encore idée de ce que tu es. Mais méfie-toi de ce qu'on essayera de te montrer. Fie-toi à ce que la Force te dit. Jamais elle ne ment à ceux qui la respectent.
Kano observa le sage Jedi décédé. L'Ordre avait tant perdu. Il n'insista pas, sachant que le Maître Jedi ne lui dirait rien de plus.
– Tu as ta route à faire, Kano. Avant de partir à tout jamais, je voulais que tu saches que la Force est avec toi. Et moi aussi, je reste avec toi. A jamais.
En un instant, l'image disparut, et Kano se retrouva hors de la cuve bacta, trempé mais soigné. Il repensa un instant aux paroles de Maran Cahru. Il ignorait toujours si le Maître lui était réellement apparu, ou si ces paroles étaient le fruit de son imagination. Peut-être s'était-il dit les paroles qu'il avait besoin d'entendre. Il sourit, conscient que le mystère ne serait jamais résolu. Peu importait. Il savait que Maran était à ses côtés.
La salle médicale était vide. La chose qui avait sauvé Kano était introuvable. Et là, il était sûr qu'il n'avait pas rêvé. Il se rinça, et se rhabilla en vitesse. Il trouva un message sur un databloc. Prenez garde, monsieur Kano. Méfiez-vous de ce qui est vrai et ce qu'on veut que vous croyiez vrai. A très bientôt.
Intrigué, Kano regretta de ne pas rencontrer son mystérieux sauveur. Ce guerrier était fascinant. Mais quelque chose lui disait qu'il aurait de nouveau l'occasion de le voir. Pour le moment, il était débarrassé des gardes rouges, et libre d'agir. Il ne découvrirait rien de plus sur Aztilar, il devait retourner à bord du Survivant, et faire comme si les gardes rouges avaient trahi. Les informations de Tolet Tolfa pouvaient être cruciales. Avant toute chose, il devait rencontrer le Maître, et son frère. A moins qu'il ne s'agisse de la même personne.

Teydo Pa'aja avait peu de temps. Il avait eu la chance de réussir à amarrer l'Arc de Cristal à un transporteur lourd en ravitaillement, la Force aidant, et avait ainsi pu rentrer dans la planète. Pour un bastion indépendantiste, Aztilar avait un système de sécurité qui laissait à désirer…
Quoi qu'il en soit, il ne tarderait pas à être découvert. Il sentait la présence de Kano dans le coin, et par chance il avait pu se séparer du transporteur près du secteur où se trouvait son ami. Il n'avait plus qu'à le récupérer et à filer en vitesse.

L'homme caressa sa blessure. Il allait lui faire payer, que le Maître le veuille ou non. Ce Jedi Noir voulait la cible vivante, mais l'homme s'en fichait. Il s'agissait d'un compte personnel à régler, et le Jedi Noir n'avait pas à s'en mêler. Si l'homme voulait Kano mort, il l'aurait mort.
Cet avorton de Jedi lui avait causé bien des soucis sur Tabal. Le patron des chasseurs de primes avait en effet perdu plusieurs de ses employés, et son bras avait été tranché. Le Jedi l'avait épargné, et le chasseur de primes avait réussi à filer avant que la maison qu'il avait attaquée n'explose. Il avait rassemblé ses quelques hommes encore en vie, et avait failli périr face à la colère du Jedi Noir. Ce dernier avait précisé vouloir Kano en vie. Mais à présent, le patron allait le tuer.
Lui et ses hommes avaient éliminé les passagers d’un vaisseau de ravitaillement impérial. Les chasseurs de primes avaient pris leur place, et avaient ainsi pu s’infiltrer sur Aztilar. Le groupe s'était introduit à l'intérieur de la croûte de la planète gazeuse. Ses sources avaient confirmé que le maudit Jedi s'y trouvait : l'heure était venue d'agir. Son contact prétendait que Kano se réfugiait dans un petit centre médical abandonné, qu'un individu l'avait soigné et qu'il ne restait à présent plus qu'à le cueillir.
La joie au cœur, le patron enfonça la porte du centre médical, et ses hommes se ruèrent à l'intérieur, arme au poing.

Son bienfaiteur avait eu la présence d'esprit de récupérer son sabre laser, et Kano éprouva une certaine satisfaction à sentir le contact du métal froid du pommeau dans sa main. Il l'accrocha à sa ceinture, et réfléchit à la manière dont il pourrait bien quitter la planète.

La Force le guidait. Teydo Pa'aja survolait un quartier d'Aztilar, quand il sentit précisément la présence de son congénère Jedi. Il enclencha les répulseurs de l'Arc de Cristal, et amorça une lente descente vers ce qui semblait être un centre médical.

Quand les premiers tirs de laser se firent entendre, le chasseur de primes se décida à suivre ses hommes, son unique main tenant fermement le magnifique blaster volé à Marvic Sanaka. Il n'allait pas laisser la fête commencer sans lui…
<< Page précédente