StarWars-Universe.com utilise des cookies pour faciliter votre navigation sur le site, et à des fins de publicité, statistiques, et boutons sociaux. En poursuivant votre navigation sur SWU, vous acceptez l'utilisation des cookies ou technologies similaires. Pour plus d’informations, cliquez ici.  
Chapitre 23 : L'Homme en Blanc
 
Le peuple de Litonia paraissait bien excité, et le garçon se douta qu’un événement particulier allait avoir lieu. Les adultes semblaient nerveux, mais les gamins continuaient à jouer avec leur ballon anti-grav dans les cours sableuses du village.
Au-dessus d’eux, la sombre forteresse masquait le soleil. La demeure du Moff dominait le village de façon tristement tyrannique. Soudain, une autre forme attira l’attention des enfants. Cette dernière était encore en orbite, mais sa taille était telle que les enfants purent la voir à l’œil nu.
Inquiets, des parents sortaient pour ordonner aux enfants de rentrer en vitesse.
– Un truc pareil, c’est jamais de bonnes nouvelles… murmura une vieille femme.
Les gamins rentraient peu à peu chez eux. Seul un resta un moment dans la cour, observant avec curiosité le vaisseau spatial triangulaire qui approchait de sa planète.
– Je sens quelque chose, et je n’aime pas ça, fit l’enfant d’à peine cinq ans.
– Kano ! retentit une voix. Rentre immédiatement !
Kano obéit et courut chez lui. En arrivant, il sentit tout de suite un malaise chez sa mère Nicoma et sa nourrice Autum. Kano ressentait parfois des choses, sans parvenir à les expliquer. Il estimait être trop jeune pour se poser des questions.

La navette de classe Lambda, escortée de ses chasseurs Tie, gagna rapidement l’atmosphère de Litonia. Le seul point intéressant de la planète fut vite repéré, et la navette se posa sur la plate-forme d’atterrissage située entre deux tours de la forteresse noire encastrée dans un canyon.
Le Moff Disanta, dans sa plus belle toge, attendait que les passagers descendent. La première silhouette à se dessiner quand la porte coulissa fut celle d’un non-humain. Pas très grand, mais visiblement costaud et farouche. Le noghri huma l’air, inspecta les environs, puis fit un signe aux personnes derrière lui que la voie était libre.
Un homme sortit à son tour. Un officier, capitaine d’après ses galons. Il fit un bref salut militaire au Moff. Puis enfin, l’être attendu apparut. Un humanoïde à l’uniforme blanc de Grand Amiral et à la stature imposante sortit. Ses yeux rouges étincelaient au milieu de sa peau bleue pâle. Il porta son regard vers Disanta.
– Salutations, Votre Excellence, fit le visiteur.
– Heu… soyez le bienvenu sur Litonia, Amiral.
Disanta attendit un instant, pensant que des gardes allaient sortir pour escorter l’Amiral. Mais personne ne vint.
– Pouvons-nous y aller, Votre Excellence ?
– Bien sûr, mais…
– Non, je n’attends personne, si c'est ce que vous voulez savoir. Mon escorte est ici. Permettez moi de vous présenter le Capitaine Pellaeon, du Chimaera. Et Rukh, mon garde du corps.
Disanta regarda le noghri du coin de l’œil. Comme tout bon impérial, il ne tolérait pas les non-humains. Il acceptait que le Grand Amiral Thrawn soit à ce poste (l’Empereur devait avoir ses raisons), mais qu’il fasse confiance à un inférieur comme ce Rukh dépassait l'entendement
Peu importait. Thrawn n’était pas venu pour rien, et le Moff l’incita à le suivre à l’intérieur de la forteresse. Le lieu était plutôt luxueux, ce qui ne surprenait guère quand on savait que l’Empereur y avait habité de temps en temps.
Sans perdre de temps, le Moff guida ses invités dans le centre de clonage de l’Empereur. Ils pénétrèrent dans la grande pièce, où trônait un cylindre Spaarti. Thrawn laissa passer un sourire sur ses lèvres.
– Voilà Amiral, bredouilla Disanta. Le matériel est à vous. J'ignore si vous saurez l'utiliser.
– Je ne suis pas là pour ça, Votre Excellence.
Disanta hoqueta de surprise.
– Je vous demande pardon ?
– Ce matériel est inutilisable depuis la mort de l’Empereur, expliqua Pellaeon. Nous n’en tirerons rien. En revanche, l’Amiral souhaiterait visiter le village.
– Mais messieurs, bafouilla le Moff, dépassé par les événements, le village n’a pas le moindre intérêt !
– Voilà qui montre votre ignorance, Disanta, fit sèchement Thrawn.
L’Amiral semblait avoir volontairement omis le titre. Le Moff n’osa pas le lui rappeler. Il avisa le guerrier noghri, droit et solide comme un roc, et tressaillit…
– Nous y allons, dit Thrawn. Restez ici si vous le voulez. Ou venez avec nous. Et apprenez.

Disanta ne comprenait toujours pas où Thrawn voulait en venir, mais le suivit quand il emprunta la passerelle gravifique qui descendait vers le village. Le Moff répugnait à y aller, n’appréciant pas de se mêler aux villageois, à ces moins que rien dont il gouvernait la planète.
Les rues étaient désertes, personne ne souhaitant rencontrer d’officiers impériaux. Thrawn, toujours calme, se posta au beau milieu de la place centrale, son garde noghri à sa droite, Pellaeon à sa gauche. De sa voix forte et posée, Thrawn prit la parole.
– Habitants de Litonia, je ne vous veux pas de mal. Je souhaiterais juste rencontrer vos enfants. Mais je me permets de vous conseiller d’accepter ma requête.
Aucune réponse. Thrawn ne bougea pas, mais Rukh commença à s’agiter. Enfin, un père emmena sa petite fille sur la place. Elle s’approcha, terrifiée, des trois individus. C’est alors que Thrawn lui sourit franchement. La gamine se calma, et fit un sourire espiègle au non-humain. Le charisme légendaire du Grand Amiral Thrawn n'opérait pas que sur ses officiers et soldats, bien au contraire.
Rassurés par la tournure des événements, d’autres enfants se décidèrent à aller voir de plus près ce type au beau costume blanc. Ce qui les fascinait surtout, c’était sa prestance, ainsi que le noghri : coincés sur cette planète, ils n’avaient jamais eu l’occasion de rencontrer d’extraterrestres. Le noghri grogna quand un des gosses se mit à lui tripoter sa jambe rugueuse en gloussant.

En fin de compte, la plupart des enfants étaient venus sur la place. Kano ne pouvait pas bouger, sa mère le retenant d’une main de fer.
– Ne bouge pas Kano. N’approche jamais les gens de ce genre. Promets-le moi.
Kano ne répondit pas, intrigué par cet individu qui venait dans son village. Le monsieur bleu parla de nouveau.
– Je vous remercie de votre attention, je souhaitais juste vous rencontrer.
– C’est ça… cracha doucement Nicoma, la mère de Kano. Disparais, ordure d’impérial ! Tous les mêmes…
Thrawn sembla lui obéir, lui et sa clique firent demi-tour pour reprendre le chemin de la forteresse. Nicoma relâche sa prise sur son fils, et se relaxa.
En chemin, Pellaeon s’adressa à l’Amiral.
– Vous n’avez pas trouvé ce que vous cherchiez, n’est-ce pas ?
– Tout à fait Capitaine. J’ignore pourquoi, mais je suis sûr de reconnaître le gamin quand je le verrai. Il n’était pas sur la place.

Toute le reste de la journée, les gamins jasèrent sur cet étrange non-humain qui les avait tant impressionné. Kano boudait dans son coin, déçu de ne pas pouvoir partager ses impressions avec ses copains.
Il ne cessa d’y penser toute la nuit. Le sommeil ne semblait pas s’intéresser à lui, et, exaspéré, il sauta sur ses pieds, s’habilla et passa par la fenêtre pour sortir sans alerter sa mère. Il courut dans les ruelles sombres de Litonia, et se dirigea vers la forteresse.
Sa décision était prise. Il n’y avait pas de raison que ses copains aient pu rencontrer le type bleu et pas lui. Il ne frémit pas en arrivant au pied du mur de pierre qui grimpait vers la forteresse. Il n’hésita pas une seconde avant d’entreprendre une ascension périlleuse et longue.

Le Grand Amiral Thrawn était seul dans les appartements qui lui étaient alloués dans la forteresse. Rukh montait la garde devant la porte, quand Thrawn s’approcha de lui.
– Tu peux partir Rukh.
– Pardon ?
– Va te promener, c’est un ordre. J’attends quelqu’un.
A contrecoeur, le noghri obéit et partit dans les couloirs de l’édifice. Thrawn ne s’était pas trompé dans ses prévisions. Un quart d’heure plus tard, on frappait à sa porte. L’Amiral ouvrit, pour tomber sur un gosse de cinq ans qui lui arrivait aux genoux.
– Je t’attendais, Kano.
– Vous connaissez mon nom ? demanda l’enfant avec de gros yeux ronds.
– Bien sûr. Je sais beaucoup de choses sur toi.
Thrawn s’aperçut alors que le jeune garçon était essoufflé, couvert de sueur. Il se doutait que l’enfant avait aisément rejoint la forteresse, et les gardes n’avaient pas dû voir une personne de sa taille se faufiler entre les défenses. Et le chiss savait que Kano avait certains dons. Il était tout de même impressionné que Kano ait eu le courage de le rejoindre.
– Je ne sais pas pourquoi, mais je savais que vous seriez là, dit le garçon.
– Et moi je savais que tu viendrais. Nous avons beaucoup de choses à nous dire, petit Kano.
Il posa une main sur la chevelure brune désordonnée de Kano, qui ne réagit pas.
– Qui êtes-vous monsieur ?
– Quelqu’un qui te veut du bien. Tu es encore petit, mais un jour je reviendrai, et tu pourras venir avec moi.
– Dans votre engin en triangle ? fit Kano dont les yeux s’illuminèrent à cette idée.
– Oui. Et tu auras même tes engins, à toi. Autant que tu voudras.
– Et je verrai la galaxie ?
– Non Kano. Tu la dirigeras.
Kano ne comprit pas ce que le monsieur voulait dire, mais il sourit.
– Tu es quelqu’un de très spécial, Kano. Tu as un destin hors du commun, et je t’aiderai à le remplir. Seras-tu prêt à me suivre ?
– Oui… mais j’aimerais rester avec ma maman.
– Ta maman, comme tu l’appelles, ne pourra pas t’empêcher de partir en temps voulu. Personne ne peut s'opposer à la Volonté de l'Empereur.

Sept ans après, Kano comprit enfin les paroles du non-humain. Celui-ci était reparti dans sa grosse machine, et Kano n’avait jamais parlé à personne de sa rencontre.
Aujourd’hui, il avait douze ans et voyait les choses différemment. En fait, ce n’était pas son âge, mais les événements qui lui avaient ouvert les yeux. Partout dans le village, on entendait des bruits, des cris et des détonations.
Le peuple d’Aztilar se révoltait. Kano savait à présent que les gens dans cette forteresse étaient des méchants, et que les villageois s’étaient décidés à les combattre. Des gens mourraient un peu partout, et des soldats tout blancs arrivaient en tous sens pour poursuivre la bataille.
Kano n’avait jamais revu le monsieur blanc. Il ignorait même s’il était encore en vie, puisqu’il ne connaissait même pas son nom. Ce type était venu dans la forteresse, c’était donc un méchant lui aussi, et Kano pensait que ce qu’il lui avait proposé n’avait rien de louable. Ce sentiment était conforté par l’attitude qu’avait eue sa mère envers lui. Pourtant, il aurait aimé voir la galaxie, les grands vaisseaux, les planètes bleues ou vertes, et les extraterrestres bizarres.
Le type n’était jamais venu le chercher, et Kano était encore sur Litonia. Il lui avait parlé de diriger la galaxie, et Kano ignorait encore si c’était sérieux ou pas. De toute façon, il n’avait aucune raison, ni envie, de diriger quoi que ce soit.
Ce dont il avait envie pour l’heure c’était que cette bataille s’arrête et que les méchants partent. Comme beaucoup d’enfants, Kano était caché dans la cave de la maison du chef des combattants, Sileso. Des enfants effrayés pleuraient et Kano, un peu plus vieux que certains, essayait de les consoler.
Une explosion retentit, accompagnée de cris. Kano ferma les yeux, priant pour qu’il n’arrive rien à sa mère et à Autum.

Le Moff Disanta perdait le contrôle de la situation. Il se résolut à l’évidence : il devait quitter la planète, et en vitesse. Néanmoins, il refusait d’abandonner son projet. L’Amiral Thrawn était venu sept ans plus tôt, pour rencontrer un enfant. Disanta n’avait pas pu voir qui c’était à l’époque, mais des années d’enquête lui avaient appris de qui il s’agissait.
Disanta n’avait pas osé intervenir, laissant ses plans à Thrawn. Puis celui-ci était mort, emportant le secret dans sa tombe. Le Moff avait alors décidé de s’occuper de cette histoire, à son propre profit. Pour lui, il semblait évident que le petit Kano était le fils de l’Empereur Palpatine, qui avait séjourné sur Litonia. En outre, Thrawn s’était intéressé à l’enfant, et celui-ci semblait avoir des prédispositions pour ce que l’Empereur appelait la Force.
Si le gosse était bien le fils de Palpatine, cela ferait de lui l’Héritier de l’Empire. Avec l’enfant à ses ordres, Disanta pourrait prendre le contrôle de ce qui restait de l’Empire. Kano grandirait, deviendrait un Sith comme son père, et mettrait la Nouvelle République à genoux.
Jusqu’à présent, Disanta s’était contenté d’observer Kano, n’ayant aucune envie de s’occuper de son éducation. Mais aujourd’hui le temps pressait, et Disanta ne voulait pas partir sans l’enfant qui représentait tant de possibilités.
Il fit appeler sa garde personnelle et se dirigea vers le village, champ de bataille. Les villageois s’étaient en effet soudainement révoltés, refusant son autorité. La garnison de Litonia était restreinte, et aucun seigneur de guerre impérial ne daignerait lui envoyer des renforts. La bataille était perdue. Le Moff allait récupérer Kano, avant de quitter définitivement cette planète.
Sans perdre une seconde, le Moff ordonna à ses hommes de le suivre. Il avait ses espions parmi les villageois, et savait pertinemment où étaient cachés les enfants.

Les soldats débarquèrent sans crier gare. Les trois hommes chargés de protéger la cachette des enfants pensaient être à l’écart de la bataille, mais tort leur fut donné quand ils se firent occire par les tirs des blasters impériaux. Le Moff fit un signe.
– Vous quatre, descendez dans la cave et faites remonter les gosses. Les autres, restez ici.
Les stormtroopers en armure blanche se précipitèrent. On entendit des cris de terreur, les impériaux n’ayant pas la tête de nounous et effrayant les enfants. Peu après, on vit de petites silhouettes sortir en boudant, encadrées par les soldats. La plupart des petits pleuraient, alors que les plus vieux regardaient les impériaux avec une haine évidente.
– Bien, fit Disanta. Que celui d'entre vous qui s'appelle Kano se montre. Immédiatement.
Pas un ne bougea. Le Moff changea de tactique.
– Je vous abattrai les uns après les autres si vous ne me dîtes pas qui c’est.
Aucune réponse. Exaspéré, le Moff se trouva forcé de les inspecter un à un pour trouver celui qui l’intéressait. Soudain, une voix féminine retentit, et les soldats braquèrent leurs armes simultanément sur la nouvelle venue.
– Vous ne le trouverez jamais, Disanta. Je ne laisserai personne faire de mon fils un malade sanguinaire comme vous, Thrawn ou Palpatine.
– Nicoma… voilà donc la catin que l’Empereur a honoré de son héritage.
– Je n’ai jamais rien demandé à ce salaud, fit la mère de Kano. Mais Kano est mon fils, et jamais il ne vous suivra. Et ça m’est égal ce que l’Empereur avait en tête à son sujet.
Avec un grognement, Disanta désigna les gamins.
– Vous allez me dire immédiatement où il est, où j’exécute ces mioches les uns à la suite des autres. Ca vous tente ?
– J’ignore où il est, mais je peux vous dire qu’il faudra d’abord me passer sur le corps avant de vous approcher de mon fils.
– Ca, ça peut s’arranger, dit l’impérial avec un sourire carnassier.
Il dégaina son petit blaster et fit feu à plusieurs reprises, sans grande précision. Nicoma s’effondra quand un laser l’atteignit enfin, au ventre. Elle ne cria pas, ne gémit pas, glissa juste sur ses genoux, en continuant à regarder le Moff. Elle parvint encore à parler.
– De toute façon… vous avez perdu… et vous n’avez rien compris.
Elle roula alors à terre, tandis que Disanta rangeait son arme fumante.

Autum courait à en perdre haleine. Nourrice de Kano depuis sa naissance et amie fidèle de Nicoma, elle avait acquis la confiance de la femme. Celle-ci lui avait confié son enfant, pour le cacher aux impériaux. Autum avait toujours senti qu’il y avait quelque chose de particulier chez cet enfant, et les choses commençaient à s’accélérer. Kano avait tout de même douze ans, et commençait à peser lourd pour les bras de la femme…
Elle atteignit enfin une des petites granges où dormaient les banthas des fermiers du village. Elle avisa une grande meule de foin, et y déposa Kano, qui dormait paisiblement. En effet, pour limiter les risques, Nicoma avait donné quelques somnifères à son fils, pour s’assurer que tout se passerait bien. Autum le cacha soigneusement, et lui murmura à l’oreille.
– Tout ira bien, mon garçon. Ta maman et moi seront bientôt de retour.
Elle déposa un dernier baiser sur le front du garçon, et repartit vers le village.

Le Moff Disanta était hors de lui. Cette garce de Nicoma s’était moquée de lui, et le Moff ne comprenait toujours pas comment l’Empereur Palpatine avait pu faire un enfant à une vulgaire villageoise.
La bataille faisait toujours rage au centre du village, et Disanta se doutait que les combattants viendraient bientôt à lui. Alors, sa garde ne suffirait plus. Il devait fuir, mais refusait de laisser Kano derrière lui. Sinon, Nicoma gagnerait pour de bon.
En pensant à Nicoma, il s’aperçut que la femme respirait encore faiblement. Avec un geste d’ennui, il sortit à nouveau son blaster et se prépara à tirer pour en finir une bonne fois pour toutes. Autour de lui, les enfants étaient terrorisés, et ses huit soldats de choc suivaient la scène avec intérêt.
Soudain, un éclair l’aveugla. Il ferma les yeux, puis les rouvrit pour constater que le canon de son arme avait été tranché net. Il tourna la tête, et vit une forme blanche qui fonçait à toute vitesse mais avec grâce vers un stormtrooper, avant de l’éventrer. Un second garde fut transpercé, un troisième décapité. Puis la chose blanche décrivit un arc de cercle pour battre en retraite.
A l’autre bout de la rue, un individu avait fait revenir son sabre laser dans sa main. La lame blanche crépitait doucement. Tous les visages se tournèrent vers le non-humain. Une cape marron couvrait ses épaules, tandis que son long visage jaune surmonté de petites cornes inspirait la noblesse.
Les soldats n’eurent pas le temps de réagir, hésitant entre tirer sur le nouveau venu ou se servir des enfants comme otages. Le type était déjà sur eux. Sa lame d’énergie faucha deux soldats d’un coup. Puis l’extraterrestre bondit, fit une vrille en l’air et retomba derrière un garde, qui fut embroché net. Les deux derniers impériaux tirèrent, et les lasers ricochèrent sans dommages sur l’arme ardente.
Une force invisible poussa les soldats à terre. Le temps qu’ils se relèvent, le type jaune était près, et les attendait avec son sabre laser.
Disanta entendit les deux derniers corps s’effondrer. Au même instant, un groupe de villageois arriva, blaster au poing. Ils observèrent la scène. Certains se précipitèrent pour s’occuper des enfants, tandis que les autres encerclaient Disanta. Le Moff semblait abattu, fixant bêtement l'extrémité tranchée de son blaster.
L’individu qui était intervenu s’agenouilla près de Nicoma. Il plaça ses mains sur la poitrine de la blessée, qui sembla se sentir mieux. Elle regarda le non-humain et se força à articuler.
– Vous êtes… le Jedi que j’ai contacté ?
– Oui. Je suis Maran Cahru, Chevalier Jedi. Je suis venu voir Kano.
– Parfait, fit Nicoma. Et moi… C’est fini, n’est-ce pas ?
– Je suis désolé, Nicoma. La Force ne peut rien. Elle vous rappelle à elle. Je m’occuperai de Kano, vous avez ma parole. Lui aussi, la Force l'appelle. Pour d'autres raisons.
Autum débarqua en courant, et se précipita auprès de son amie, tandis que le Jedi s'éclipsait pour lui laisser la place. Elle fondit en larmes en voyant la blessure. La Force apportée par Maran Cahru apaisait ses souffrances, mais il ne faisait aucune doute que Nicoma était condamnée. Rassemblant toutes ses forces, elle parla encore.
– Kano va bien ? demanda-t-elle à sa vieille amie.
– Oui… fit Autum en sanglotant.
– Merci Autum, merci pour tout. Dis à Kano que, qu’il soit mon fils ou non, je l’aime.
Autum ne comprit pas le sens de ces paroles, mais serra son amie dans ses bras quand celle-ci s’éteignit pour de bon. Maran Cahru regardait la scène, et murmura quelques paroles pour accompagner la femme dans son ultime union avec la Force.

Derrière lui, les villageois toisaient Disanta avec mépris. Le leader de la résistance, Sileso, se détourna de la scène et s’approcha de Maran Cahru.
– Jedi… pourriez-vous faire justice pour Litonia ?
Maran se tourna et regarda le Moff.
– La justice est un concept bien relatif, et ce n’est pas la Force qui en décide. C’est à Litonia de faire sa justice. Faites ce qui vous semble bon.
Sileso acquiesça. Il retourna vers Disanta, et attendit que plus de monde approche de la scène. Maran tourna le dos. Il ne demanda pas à Autum, encore au chevet de Nicoma, où était Kano. Le futur Jedi n’avait que douze ans, mais le champ de la Force révélait déjà sa présence au Jedi, un takisha. Maran Cahru, Chevalier Jedi, se dirigea vers son futur élève, alors que la foule se pressait autour de Disanta et Sileso, qui avait sorti son blaster.
Maran ne réagit pas quand la détonation d’un blaster résonna. Litonia était libre.

– C’est bien, Kano. Très bien. Laisse la Force couler en toi, fais abstraction de ta propre existence pour te fondre dans le courant de la Force. Seule la Force compte, ton corps est secondaire. Il n'est qu'un outil.
Kano effectuait une sorte de danse. Seul au milieu d’une pièce, il se trouvait près d’un pilier d’où dépassaient des poutres de métal. Ces poutres sortaient et se rétractaient au hasard, et le pilier tournait sur lui-même. A côté, Kano se baissait, esquivait ou sautait pour éviter d’être touché par une poutrelles. Il avait commencé sa formation de Jedi depuis deux ans, et progressait vite.
Les yeux fermés, il bougeait souplement, faisant onduler son corps, frôlant sans jamais toucher les barres de métal. Avec un sourire, Maran Cahru tourna un bouton et la rotation du pilier s’accéléra. Kano dut bouger encore plus vite. La Force le guidait, lui permettant d’anticiper les sorties aléatoires des poutres. Il continuait à se mouvoir, couvert de sueur, mais tellement calme.
Après un moment, Maran tripota un autre bouton, et le pilier ralentit, avant de s’arrêter.
– Je suis fier de toi, Kano. Très fier. Tu progresses très vite, ta symbiose avec la Force grandit de jour en jour.
– Merci Maître Maran. Ca me touche.
Cela faisait déjà deux ans que la mère de Kano avait été assassinée sur Litonia, et que le jeune garçon avait suivi Maran Cahru à l’autre bout de la galaxie. Kano avait découvert avec émerveillement certains coins de la Nouvelle République, voire de d’autres secteurs. Il les avait découverts au moment même où la Nouvelle République menait la guerre aux arrogants yevethas, mais depuis quelques temps la galaxie était calme. Cette nouvelle vie permettait à Kano de mieux supporter la douleur inhérente à la mort de sa mère. Le dépaysement total estompait l'effet de manque.
Du haut des ses quatorze ans, Kano avait une vision approfondie de la Force, que lui avait fait découvrir Maran Cahru. Le takisha l’avait pris en charge, l’avait soutenu après la perte de sa mère, et lui avait enseigné les voies de la Force. Kano se sentait prêt à devenir un Chevalier Jedi.
Il se plaisait à l’Académie Jedi sur la planète-jungle Yavin IV, mais avait fini par vouloir voir autre chose. Il avait fait de rares voyages avec Maran, mais souhaitait devenir un Chevalier, pour pouvoir partir découvrir d’autres mondes, d’autres peuples, et leur apporter ses connaissances de la Force.
Kano alla se doucher en vitesse. Il fit appel à la Force pour retrouver la présence familière de Maran Cahru. Il repéra son Maître dans leur chambre commune, où vivaient quelques autres apprentis. Jadis, les élèves étaient formés ensemble, mais depuis peu Luke Skywalker avait décidé qu’une fois les bases acquises, un Maître prenait en charge l’apprenti.
Naturellement, Maran était devenu le mentor attitré de Kano dès que les progrès avaient commencé à être significatifs. Il l’attendait, assis tranquillement sur le lit de Kano. Il tenait dans sa main un petit joyau étincelant. Kano savait pertinemment ce que c’était et à quoi cela servait. Maran sourit en la lui tendant.
– Tu progresses à grand pas, Kano. Je te laisse cette gemme, tu sais à quoi elle sert. Je l’ai choisie en sachant quelle couleur tu voulais. Tu es libre de commencer quand tu veux. Quand tu te sentiras prêt.

Ce jour, Kano l’avait sagement attendu. Mais au fond de lui, il redoutait la précipitation. Maran lui faisait confiance en lui proposant de créer son sabre laser quand il le voudrait, mais il s’agissait également d’un test : Kano, devait être en mesure de s’auto-évaluer pour choisir l’instant adéquat pour franchir ce cap.
Prudent et modeste, le jeune apprenti avait attendu près d’un an, avec cette âme du sabre qu’était la gemme, avant de se lancer dans l’aventure. Sans savoir pourquoi, il avait un jour su que le moment venait, comme si la Force l'avait murmuré à l'apprenti de quinze ans. Il passa toute la nuit à concevoir son arme, selon les méthodes qu’on lui avait enseignées.
Au petit matin, Maran Cahru l’attendait à la sortie de l’atelier, comme s’il était au courant. Il vit un Kano épuisé sortir du temple massassi, un petit cylindre chromé dans la main. La garde du sabre était de couleur gris métallique étincelant et noir, avait des formes arrondies élégantes qui assuraient une prise en main confortable. Kano s'était appliqué. Il s’approcha de son Maître.
– Je tenais à ce que vous soyez là, quel que soit le résultat. Pour me féliciter en cas de succès, ou m’expliquer mon erreur en cas d’échec.
– Je suis là, Kano. Et j’ai confiance.
La conception du sabre laser était une étape cruciale dans la formation d’un Jedi. Il s’agissait d’un travail minutieux, qui faisait appel aux ressources de la Force. Si l’étudiant parvenait à créer l’alignement équilibré et sensible des composants de l’arme, il prouvait sa compréhension de la Force.
Kano hésita avant de mettre l’arme en route. Soit elle fonctionnerait et marquerait le début de sa carrière de Chevalier Jedi, soit elle lui imploserait entre les mains et symboliserait un échec flagrant. Ou même la mort. Maran prit la parole.
– Je vois que tu as déjà gravé ton nom sur le pommeau, remarqua-t-il. Cela prouve qu’au fond de toi, tu sais que ça va marcher et que cette arme t’appartient. Aie confiance, Kano.
Après un dernier soupir, le jeune homme pressa le bouton d’activation et la lame se déploya dans un flot de lumière violette. Maran sourit aussi franchement que son élève.
–Parfait, enchaîna sans transition le takisha. Je suis envoyé en mission pour résoudre un conflit relatif au Document de Caamas. Chevalier Jedi Kano, j’aimerais que vous m’accompagniez. Maître Skywalker vous estime prêt…
Kano fit un grand sourire.
– Avec le plus grand plaisir, Maître Cahru, répondit-il.
Il sentit que sa vie allait changer. Il n’avait que quinze ans, mais son statut de Chevalier Jedi lui donnait l’impression d’être bien plus vieux. Il était un des Chevaliers promus parmi les plus jeunes, et en était très fier. Néanmoins, une remarque de son Maître doucha un peu son enthousiasme.
– Alors mettons-nous en route. Et ne te réjouis pas trop vite. Je te donne le titre pour que tu puisses m’accompagner, parce que l'affaire du Document de Caamas requiert l'aide d'un maximum de Jedi. Mais ce voyage sera aussi une occasion pour toi d’apprendre certaines choses et de parfaire ta formation.
Le Maître fit un clin d’œil pour rassurer son élève. Et Kano comprit une des nombreuses leçons de Maran Cahru : quel que soit son statut, il aurait toujours des choses à apprendre et des obstacles à surmonter. Surtout lui…
<< Page précédente