À l’heure des Catalyst, Bloodline et bd Han Solo
À l’heure des rumeurs sur l’épisode VIII,
il est de bon ton de donner à un livre oublié, et parfois méprisé, ce qu’il mérite : un topic à son nom.
Car oui, The Lando Calrissian Aventures, romans de L. Neil Smith sortis en 1983 et jamais parus en version française, ont la réputation d’être les plus mauvais livres que l’UE désormais Legend ait jamais accueilli en son sein.
Car non, hasard des choses ou destin légitime, ce livre n’a jamais eu de topic à son nom.
Et hormis une critique de Darth Piejs perdue dans les méandres du topic "l’UE Legend pour les nuls : vos questions", ce livre n’avait aucune existence tangible sur les forums SWU.
Le mal est réparé.
Et pour ouvrir ce topic comme il se doit, parlons-en, de ces romans.
L’intégrale qui nous intéresse est composée de trois ouvrages :
Lando Calrissian and the Mindharp of Sharu
Lando Calrissian and the Flamewind of Oseon
Lando Calrisssian and the Starcave of Thonboka
Une trilogie donc. Dont les titres fleurent bon l’aventure façon Indiana Jones.
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, arrêtons-nous un instant sur le packaging d’origine de la chose.
1 – Le livre ORANGE : La couverture.
Je crois que ce qui me fascine le plus dans cet ouvrage reste sa couverture. A mes débuts de lecture Starwarsienne, je choisissais sans vergogne un roman à sa couverture, quitte à parfois déchanter en découvrant le contenu (#L’EtoileDeCristal).
En suivant ce critère de sélection, je ne vois pas comment j’aurais décemment pu piocher ce roman. Alors certes, sa date de sortie le place dans la catégorie des premiers ouvrages, avant la sainte trilo de Thimoty Zahn et son Thrawn. Mais tout de même, cette couv. CETTE COUV. Je crois qu’il faut prendre le temps de détailler.

A - La maquette.
On commence avec un gros STAR WARS en haut, très bon point.
Et un bandeau donnant le titre du cycle en dessous. Très bon point aussi.
Et puis une image old shcool tronquée par un encart sur la droite pour y placer le nom des romans et accessoirement celui de l’auteur. Hardcore.
C’est une maquette d’époque peut-être. Mais une maquette d’époque moche. J’aime à le répéter, mais Star Wars, c’est tellement la claque visuelle, à l’époque, et encore aujourd’hui. Alors quand un produit dérivé sort, il faut qu’il mette lui aussi une petite claque visuelle. A ce titre, la couverture de Splinter of the Mind Eyes aka La Pierre de Kaibur, est beaucoup plus évocatrice et réussie.
Là, nous avons un bout de cockpit du faucon, un Lando sur fond étoilé et une mini-scène de gun-fight très cheap. Et une explosion, aussi. C’est la couverture du pauvre je trouve mais cela n’engage que moi. Qui se permet de couper une illustration déjà pas top parce que c’est une intégrale vous comprenez. Même les infâmes Pocket gris et les 4e de couv de certains Fleuve noir me semblent plus réussis.
B - La palette de couleurs.
Orange-rouge délavé pour le fond, orange plus clair pour « Star Wars », jaune urée pour le bandeau et les titres des romans, noir pour le titre de la trilogie, bleu pour les fine lignes de séparation entre les titres, et blanc pour l’auteur et le contour de Star Wars.
J’ignore quel a été le mot d’ordre pour ce rendu visuel, si même il y en a eu un, mais je suppute que ce devait être quelque chose comme « faites un truc méga voyant, qui pique les yeux, qui fait old-school, qui est moche même s’il le faut ! »
J’exagère un peu, parce que cette maquette dans les années 80 ne devait certainement pas autant rebuter qu’elle pourrait le faire aujourd’hui. D’ailleurs Del Rey a pris le parti de ressortir ces romans avec de nouveaux visuels, c’est donc que cette édition orange fait quelque part un peu datée.
C - La police d’écriture.
Des caractères qui prennent presque 4 fois plus de hauteur que de largeur, c’est au mieux moche, au pire cela gêne la lisibilité. Ici c’est les deux. Quand un maquettiste à peu près responsable cherche une police, c’est le genre de caractères sur lequel il ne s’arrêterait même pas, sauf volonté artistique cohérente derrière. Mais là, ils se sont dit que ça allait bien avec la maquette et les couleurs. Avec raison car les trois cumulés c’est du bonheur.
Mais laissons la couverture tranquille, car comme dit la célèbre maxime, il ne faut pas juger un livre à sa couverture justement.
2 – Le Livre Orange versus LE CONSENSUS POPULAIRE
Il est attesté depuis que l’Internet existe que ce livre est « de la caca » (ndlr : citation dans le texte d’une critique lue dans le dossier SWU « Le grenier de Lucasbooks », perdue depuis.) Cela m'a forcément intrigué.
Est-ce vrai ? Ce livre, ces livres, sont ils simplement les plus nuls de l’univers Star Wars ?
Mettons dès à présent hors concours La Saga du Prince Ken, qui est en jeunesse, et qui est avec le recul je pense juste un gros troll des auteurs (sur le sujet je vous renvoie notamment aux extraits compilés par Sol, à lire à partir d'ici, qui s’est infligé la lecture de tout ça, vous n’en reviendrez pas).
Le consensus populaire donc sur la trilogie Lando, l’avis qui ressort sur le livre, que l’on l’ait lu ou non – et nous sommes finalement peu nombreux à l’avoir fait ici –, est qu’il est intrinsèquement nul, voire horrible à lire.
Alors, pour répondre à cette question et faire monter le suspense, j’ai envie de dire : oui et non.
A - OUI, le consensus a raison je pense : c’est grave NUL, quand même.
Le livre, pour moi, part sur un postulat qui fait qu’il ne va pas passionner tout le monde, et qui tient en cinq lettres : LANDO.
Quand il m’arrive de parler à des non/peu fans de SW de ce personnage, ils trouvent que Lando est ridicule, qu’il détonne trop dans la saga avec son look eighties dancefloor. Ce qui n’est pas entièrement mon cas, surtout quand on voit ce que le perso devient dans Le Retour du Jedi.
Mais l’ennui, c’est que le livre, lui, enfoncera, du premier mot à la dernière phrase, les portes ouvertes sur la version honteuse du Lando.
Un peu précieux,
lâche,
qui horripile.
Le Lando cake.
Le kéké.

Et c’est pour moi le premier gros défaut du livre : son intérêt même. Un personnage comme Lando est-il suffisamment intéressant pour qu’on en fasse trois livres ?
Oui et non, encore une fois.
Oui parce que, quand même, son passé suggéré par les films est en soi intrigant : il a connu Han Solo, a perdu le Faucon Millenium contre lui, a réussi à faire fortune pour gérer une cité entière, etc.
Mais est-ce là ce que nous montrera le livre ? Nooooooooooooon, malheureux !
Prenons le premier tome : Lando Calrissian and the Mindharp of Sharu
Je dois avouer que j’ai péniblement atteint les 70 premières pages du bouzin, avant de le reposer pour faire une pause de 3 ANS. De cet incipit, je n’ai donc qu’un souvenir brumeux de Lando passant mollassonement son temps à enchaîner les parties de Sabacc et les brandys correlliens, dans un nuage de cigares.
Le style est ultra-lourd. Mais quand je dis ultra, je pense que vous n’avez pas idée. Lire en anglais représente déjà en soi un petit exercice mental pour celui dont ce n’est pas la langue maternelle. Mais ici, même avec de l’habitude, c’est la lourdeur stylistique qui saute aux yeux à chaque ligne ; à tel point qu’on peine simplement à comprendre ce que veut raconter l’auteur, là où il veut nous emmener. Mêlez à cela un goût pour les détails insignifiants et vous obtenez une narration franchement infâme.
Débute toutefois une quête au trésor quand des joueurs autour d’une table de jeu informent Lando de la Mindharp of Sharu, un artefact sacré d’un peuple qui servirait à appeler leur divinité, Sharu. Quête dans laquelle Lando, curieux, va se lancer en compagnie d’un droïde, Vuffi Raa, sorte d’astromech avec des bras tentaculaires.
L’intrigue en elle-même n’est pas glorieuse, et enchaîne les péripéties sans pouvoir rien en faire, sur la planète Rafa V : Lando a beau être Lando, il finit toujours par se retrouver dans des situations un peu improbables/inintéressantes, trompé, capturé, et même laissé pour mort attaché à un cactus bizarre. Dans ce dernier cas son seul moyen de lutter sera de hurler dans l’espoir qu’on vienne le chercher. Raccord avec le caractère un peu lâche du personnage mais peu glorieux. Et encore moins intéressant à lire.

Le livre n’hésite pas non plus à tomber dans le manque d’originalité total (un artefact sacré caché sous une pyramide, wouhou !), et dans le burlesque même : Vuffi Raa le droïde qui devient minuscule comme un insecte, des paradoxes spatiaux-temporels en-veux-tu-en-voilà. Une résolution avec plus de fantastique que de logique (Lando fait de l’astrologie avec des cartes de Sabacc entre autres !), et qui, en l’espace de trois pages, donne toutes les clés pour comprendre les laborieuses 141 précédentes.
Je n’ai plus les mots.
Le consensus populaire a-t-il raison, donc ?
B - NON, le consensus se trompe : c’est PAS nul.
Ou plutôt ce n’est pas QUE nul. Pas tout le temps. La plongée dans l’histoire du système de Rafa avec les Tonka est intéressante, et le livre a le mérite d’essayer de donner de la profondeur à la fameuse Mindharp, un peu comme l’Arche d’Alliance dans Indiana Jones.
Le pragmatisme et la dérision, deux traits de psychologies appréciables chez Lando dans ce roman.
Autre exemple, l’abnégation dont fait preuve l’auteur pour essayer de mettre en place une dynamique entre Lando et son droïde à coup de « Don’t call me Master » fait que, au bout d’un moment, on peut trouver le personnage presque attachant. Point positif qui montre aussi la faiblesse du roman : quand un sidekick est plus intéressant que le personnage principal, et qu’il est même plus important dans l’intrigue, il y a un problème.
Mais il y a aussi d’autres bonnes choses !
Par exemple, quand…
Et puis aussi,…
…
Non, en fait c’est nul.
CONCLUSION :
Ce premier tome fait 144 pages, qui donnent une bonne impression d’en faire 400. Je crois ainsi que je vais faire une looooooooongue pause dans ce recueil avant d’attaquer le second tome.
Car s’il y avait, soyons honnête (et très indulgent en même temps) du correct/passable dans The Mindharp of Sharu, j’ai surtout trouvé que la raison d’être du livre, et sa forme, font largement honneur à sa réputation DU PIRE LIVRE STAR WARS DE TOUS LES TEMPS.