Hop, voici ma contribution (mieux vaut tard que jamais, même si j'ai une réputation à préserver^^) au recueil.
Y'a un peu de sang et d'égorgement avec les dents, pour info.
Les uns… et l’AutreLes uns… – Navette de reconnaissance FG-125z à
Executor, vous me recevez ?
–
Fort et clair, FG-125z. – Rapport de situation : notre objectif, la comète HY-124568, est à portée de nos senseurs. Nous entamons la procédure d’atterrissage.
–
Bien reçu. Illyria Matander, enseigne de vaisseau et pilote de la navette, coupe la communication et en ouvre une autre, interne, cette fois-ci.
– Stalminn, tu es prêt ?
– Affirmatif, Matander. Mon scaphandre est scellé et je suis harnaché. Paré à l’atterrissage.
Illyria reporte dès lors son attention vers la comète.
Concentre-toi, ma vieille. Pas question de se louper. Ta carrière, peut-être même ta vie en dépendent. Illyria n’a beau être qu’une enseigne parmi des millions d’autres au sein de la Marine Impériale, son affectation peut éventuellement la placer sur le fil du rasoir, là où la différence entre la survie et la mort est très ténue…
Être affectée à l’
Executor dès sa sortie de l’Académie Impériale a été un grand motif de fierté pour elle. Le superdestroyer impérial est le fer de lance de la Flotte, et dirigé par rien moins que le bras droit de l’Empereur, le Seigneur Vador en personne.
Elle a ensuite quelque peu déchantée en apprenant qu’il était aussi facile de monter en grade à bord que de tomber en disgrâce. Si ce n’est que ce dernier cas ne se présente que sous forme de mort par strangulation à distance, perpétrée par les mystérieux pouvoirs du Seigneur Vador.
Et le Seigneur Vador est parfois considéré comme étant relativement instable dans ces rapports avec ses subordonnés…
Les camarades de bord avec qui elle a sympathisé lui ont expliqué la manière de bien remplir son rôle sous les ordres de Vador : avant tout, il faut être irréprochable. De là, soit il décide de lui-même de votre promotion, soit il écarte – définitivement – un de vos supérieurs directs, ce qui a pour conséquence de vous faire monter dans la hiérarchie… jusqu’à vous retrouver à votre tour le cas échéant en première ligne, avec tout le danger que cela comporte.
Très concentrée, suivant à la lettre les protocoles impériaux, attentive aux informations délivrées par la batterie de senseurs dont est bardée son poste de pilotage, elle réalise un atterrissage qu’elle-même, pourtant toujours prompte à se remettre en cause à la moindre occasion, juge parfait.
C’est à peine si elle ressent le moindre choc quand le train d’atterrissage entre en contact avec le sol de la comète.
En proie au stress, son cœur bat fort mais elle se force à adopter une voix calme quand elle rouvre le canal de communication à destination de son coéquipier :
– Nous sommes en position. À toi de jouer, Stalminn.
– Reçu. Je sors.
Et tandis qu’Illyria adresse son rapport à l’
Executor, Stalminn exécute ses propres ordres : sortir de la soute au volant de sa foreuse et prélever un échantillon de sol dans la comète afin de vérifier si celles-ci dispose de ressources minières intéressantes pour l’Empire.
Travail rébarbatif s’il en est mais Stalminn y met toute son application : si quelque chose se passe mal par sa faute et que le Seigneur Vador en est informé… ce serait la dernière erreur de toute sa vie.
Il arrime au sol la foreuse à l’aide des pitons et des grappins magnétiques intégrés à l’engin et met en action la pointe de la foreuse.
C’est parti pour le carottage ! – Bon sang, Stalminn, qu’est-ce que tu fous ? Réponds-moi, c’est un ordre !
Le champ de vision de Stalminn s’est soudain transformé en un kaléidoscope délirant, avec en toile de fond la voix presque hystérique d’Illyria qui lui crie dessus.
– Mais… Que… ? fait-il, le cœur au bord des lèvres.
– Stabilise cette foutue foreuse, tu fais n’importe quoi, là !
– Hein ?
Stalminn ferme les yeux et sent sa raison revenir peu à peu. Dans cette position, il sent clairement qu’il est balloté en tous sens, comme s’il se trouvait dans une centrifugeuse.
À l’attention d’Illyria, qui crie toujours sans qu’il n’arrive à y comprendre goutte, Il articule péniblement :
– Que… Que s’est-il passé ?
– À toi de me le dire, bougre d’imbécile, répond-elle dans un mélange de soulagement ou de colère. Pourquoi est-ce que tu as décroché tes crampons d’arrimage ?
– Je… Je n’ai pas fait ça, voyons. Quelle idée !
– Je sais encore ce que je vois, ajoute Illyria d’un ton sec. Reprends le contrôle de la foreuse, fais-la atterrir à nouveau et procède au carottage. Et attends-toi à recevoir un rapport gratiné de ma part à notre retour sur l’
Executor.
Stalminn préfère ne pas insister. Il est clair qu’il a eu une absence, qu’elle qu’en soit la nature. Mais pour le bien de sa carrière, il se doit de retourner au travail le plus vite possible et s’en acquitter au mieux. Il espère juste ne pas être trop pénalisé par cet événement et prie pour qu’il ne se reproduise pas.
Il reprend le contrôle de la foreuse, se sert des moteurs latéraux pour la stabiliser, et réamorce la séquence d’arrimage. Il est soulagé quand il touche le sol, et encore plus quand les patins s’ancrent à nouveau à la surface de la comète.
Bon. Tout a l’air d’aller pour le mieux. Stalminn remet la foreuse en route, prêt à percer le sol pour en extraire du minerai.
– STALMINN ! À QUOI TU JOUES ?
Allons bon, voilà qu’il a encore perdu le contrôle, encore eu une absence. Il flotte librement dans l’espace, quelques mètres au-dessus de la comète. Apparemment, il s’est déharnaché de la foreuse. Ça devient franchement inquiétant.
– Je… Je suis là, Matander. Mais… je crois que j’ai un problème.
– Ça, tu peux être sûr que tu vas en avoir, en effet !
– Je crois que le souci est… médical. Il vaut mieux que je rentre.
Silence. Puis Illyria acquiesce :
– Ne bouge pas, je viens te chercher. Ensuite, je récupérerai la foreuse et retour à l’
Executor. Tu dois te faire examiner.
Là, Stalminn commence à s’inquiéter. Même s’il n’en conserve aucun souvenir, il a fait n’importe quoi. D’ici à ce qu’il est un grave souci pouvant signifier la fin de sa carrière… Le pire serait de ne rien découvrir d’anormal chez lui. Auquel cas ce serait la cour martiale assurée… et le renvoi de la Marine.
Dans le cockpit du vaisseau, Illyria rend son rapport à ses supérieurs :
–
Executor, ici navette de reconnaissance FG-125z. Annulation de la mission en cours, je répète : annulation de la mission en cours. Mon coéquipier, le première classe Ingter Stalminn, rencontre des soucis qui semblent requérir un examen médical ou au moins psychologique. Dès qu’il est rentré à bord, nous revenons.
–
Reçu, navette de reconnaissance FG-125z. J’avise le lieutenant de l’échec de votre mission. Ce dernier commentaire tombe comme un couperet aux oreilles d’Illirya. Pourvu qu’elle ne subisse pas les conséquences des problèmes rencontrés par son coéquipier…
Penaud et inquiet, Stalminn rentre la foreuse dans la soute sans incident. Dès que l’atmosphère reprend ses droits, il ôte son scaphandre et, au bord de la déprime, rejoint Illirya dans le cockpit.
– Je suis désolé, lui dit-il quand il lui fait face, sans oser croiser son regard accusateur. Mais ce n’est pas ma faute : ce qui m’arrive est indépendant de ma volonté. C’est forcément médical.
– Nous verrons cela une fois rentrés au bercail. Mais je t’assure que si je suis moi aussi sanctionnée à cause de ton comportement erratique, je vais te pourrir la vie pendant longtemps !
Il soupire mais s’abstient de répondre. Il comprend sa position et à sa place, aurait probablement adopté la même attitude. Lors des prochains jours voire semaines, il va lui falloir faire profil bas. En espérant ne pas être tenu responsable pour son comportement.
Soudain, la main droite de Stalminn jaillit et enserre le cou gracile d’Illirya. L’horreur qui se lit dans les yeux d’Illyria se reflète dans ceux de Stalminn. Sa main a agi indépendamment de sa volonté !
– Que… mais… lâche… moi, articule péniblement Illirya.
Elle se débat mais n’a pas la force de lutter contre la poigne de fer de Stalminn.
De son côté, lui pense devenir fou : il n’arrive pas à reprendre le contrôle de son bras. D’ailleurs, il n’arrive ni à bouger ni même à parler. Il est prisonnier de son propre corps et assiste à la scène en spectateur impuissant.
Le visage d’Illyria bleuit, l’étau se resserre autour de son cou. Elle tend la main en arrière et trouve à tâtons le bouton du signal de détresse. Elle appuie dessus tout en se rendant compte de l’inutilité de son geste. Rien ne la sauvera. Elle sombre dans l’inconscience. Définitive.
Dès que le corps d’Illyria n’est plus qu’une coquille vide, le bras de Stalminn l’accompagne pour la poser sur le sol de la navette. Des larmes s’écoulent des yeux du première classe impuissant. Même hurler sa rage et son désespoir lui est interdit. Il est emmuré vivant dans un corps qui ne lui répond plus, et voilà que ce dernier se met en branle. Direction la soute.
Pressentant ce qui va suivre, Stalminn lutte en vain pour reprendre son contrôle. Il voudrait se taper la tête contre les murs, faire n’importe quoi pour se libérer. Il ne peut que continuer à hurler sans qu’aucun son ne franchisse ses lèvres.
Son corps marche jusqu’à la porte de la soute. Tend sa main vers le bouton d’ouverture. L’air contenu dans la navette est aussitôt expulsé dans l’espace. Ainsi que Stalminn. Sans scaphandre.
*
**
– Lieutenant Ecbet, nous venons de recevoir un signal de détresse d’une de nos navettes de reconnaissance.
L’officier interpelé quitta sa console sur la passerelle de l’
Executor et gagna celle de son opérateur communications.
– Au rapport, enseigne.
– Navette FG-125z, égrène l’officier comm en lisant ses données, partie faire une estimation des ressources minières de la comète HY-124568. Équipage, deux membres : enseigne Illyria Matander et première classe Ingter Stalminn. Matander a envoyé un rapport il y a cinq à dix minutes pour annoncer l’annulation de la mission à cause du comportement erratique de son coéquipier. Et voilà qu’un signal de détresse vient de nous parvenir de leur navette, sans autre forme de communication. Impossible de les joindre depuis.
– Que ce soit un problème technique, une défaillance humaine ou n’importe quel autre événement, pas question de prendre le moindre risque. Envoyez… disons l’escouade Oméga-27. Exécution immédiate.
– À vos ordres, lieutenant.
Ecbet tourna les talons, vaguement inquiet. Il détestait l’imprévu, et perdre une navette ne pouvait que lui faire du tort. Quand il rédigerait son rapport au capitaine de l’
Executor, il lui faudrait tous les justificatifs possibles et imaginables pour se dédouaner de l’incident. En tout premier lieu, incriminer ses deux imbéciles de subordonnés. Et bien entendu et quoi qu’il arrive, il ne fallait surtout pas que le Seigneur Vador ait vent de la situation. À l’évocation du Seigneur Sith, son œil gauche se mit à tressauter.
Courage, Ecbet, tout va bien se passer, tenta-t-il en vain de se rassurer en songeant à tous les officiers ayant déçu le Seigneur Vador, et aussitôt exécutés à distance sous ses yeux…
*
**
– On arrive dans deux minutes, lieutenant, annonça le pilote de la barge d’assaut.
– OK, escouade Oméga-27 ! Tous en position, bande de tapettes ! Flingues au poing, prêts à tirer sur tout ce qui bouge.
– Chef, oui, chef, répondent à l’unisson les cinq hommes de l’escouade.
Le lieutenant Calist se redressa et fit jouer ses muscles puissants en s’étirant. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas eu droit à un bon vieux carnage, aussi espéra-t-il que la situation allait vite dégénérer.
Il lissa sa moustache aux bouts recourbés et arbora un sourire carnassier, avant de caresser langoureusement la fine lame de sa dague. Il soupira, triste pour son arme : il était presque certain que se gorger de sang lui manquait, à cette bonne vieille lame, compagne indéfectible depuis tant d’années.
Il la remit au fourreau, enfila son casque de stormtrooper et prit son blaster-mitrailleur T21 – son bébé, trois cents tirs à la minute –, qu’il brancha à son pack dorsal histoire de ne pas dépendre d’un seul chargeur. Grâce au pack, il pouvait au besoin tirer des heures, et n’attendait que cela.
Il inspira profondément, s’imaginant déjà sentir la bonne odeur du sang qu’il allait répandre.
Calist fut extrêmement déçu quand ils arrivèrent à la navette. Ils investirent les lieux comme à l’exercice, mais n’eurent à affronter aucune résistance. Pas la moindre. Même pas la trace du moindre agresseur qui serait entretemps reparti.
Mission de merde, bougonna Calist en débranchant son blaster-mitrailleur de l’unité d’alimentation dans son dos et en enlevant son casque.
Frustré de ne pas avoir pu verser le sang, exploser quelqu’un voire le torturer un peu, comme ça, pour le plaisir, il se mit à gueuler sur ses hommes dès qu’il eut l’occasion. Et quand rien ne le justifiait, il inventa des prétextes pour pouvoir se défouler.
Le corps de l’enseigne Matander fut retrouvé dans le cockpit de la navette et ramené à bord de la frégate de l’escouade oméga-27. Les senseurs de la frégate retrouvèrent également trace du corps du première classe Stalminn, non loin dans l’espace, et il fut rapatrié par rayon tracteur.
Les corps furent allongés dans la minuscule infirmerie de la frégate et Calist vint entendre le rapport du médecin de bord.
Encore une foutue perte de temps. Et en plus il va falloir rédiger un rapport là-dessus. – Alors, doc, ça donne quoi ? demanda-t-il en jetant un coup d’œil furieux aux deux corps allongés côte à côte.
Ils lui auraient bien fait perdre son temps, ces deux-là. Heureusement pour eux qu’ils étaient morts, sinon il leur aurait pourri la vie bien comme fallait…
– Ben… Stalminn a étranglé Matander, puis s’est suicidé en sortant dans l’espace sans scaphandre.
– C’est ce que dit l’autopsie ?
– Non, je n’en ai pas pratiqué. Mais les caméras de surveillance de la navette ne laissent aucun doute sur la manière dont se sont passées les événements. La conclusion est donc simple : Stalminn est devenu dingue, a étranglé sa chef et s’est tué ensuite. Fin de l’histoire.
– Passionnant, cracha Calist.
– Par contre, il faut qu’on garde les corps pour une future autopsie à bord de l’
Executor. Je pense que le médecin en chef voudra procéder à des vérifications.
Calist grogna ce qui pouvait passer pour un assentiment.
C’est alors que se produisit l’inimaginable : le cadavre de Stalminn s’assit sur la table d’examen sur laquelle il reposait. Calist resta sans réaction en voyant l’homme mort aux yeux laiteux émettre un grognement et se mettre sur pied d’un pas lourd et maladroit.
En sus de Calist et du docteur, deux autres stormtroopers se trouvaient sur les lieux, sans leur casque, en mode repos. Le seul d’entre eux qui fut armé tira à bout portant sur le cadavre animé : le trou de l’impact, de la grosseur du poing, n’eut aucune autre incidence sur le cadavre que de le voir se tourner vers son agresseur et s’en approcher, bras en avant comme pour le saisir, et mâchoire mordant dans le vide.
En proie à la panique la plus totale, le stormtrooper continua à tirer tant et tant, mais rien n’y fit. Le cadavre se jeta sur lui et lui déchira la gorge avec les dents.
L’autre stormtrooper, désarmé, lui, avait pâli et reculé pendant ce temps, jusqu’à se retrouver bloqué par la deuxième table d’examen. Il ne vit pas le corps de l’enseigne Matander se redresser, au contraire du docteur, qui tourna les talons et quitta l’infirmerie en hurlant. Lui aussi subit le même sort que son camarade.
Ce n’est qu’à ce moment, alors que le cadavre du première classe Stalminn se tournait vers lui, que le lieutenant Calist retrouva ses esprits. Lui, dur à cuire parmi les durs à cuire, s’était écroulé mentalement face à l’impossible et en était devenu léthargique.
Mais finalement, son instinct de survie conjugué à son entraînement de guerrier d’élite prirent le dessus sur sa peur. Il dégaina sa dague et se mit en position de combat. Conditionné par des années d’exercices et de combats à l’arme blanche, il était persuadé que son vis-à-vis allait lui aussi se mettre en position défensive pour chercher une éventuelle faille dans sa garde. Sauf que le cadavre de Stalminn ne réagit absolument pas comme un être intelligent l’aurait fait. Il s’empala de lui-même sur la dague de Calist et lui attrapa la tête pour l’attirer à sa bouche.
Calist cogna le cadavre avec l’énergie du désespoir, mais ses coups – qui auraient assommé aussi sec une personne normale – furent aussi inefficaces sur Stalminn qu’une brise printanière.
Calist hurla de désespoir quand il sentit les dents de Stalminn lui déchirer les chairs. Il eut soudain un regain d’espoir quand il vit deux de ses hommes à l’entrée de l’infirmerie, chacun avec son blaster-mitrailleur. Mais cet espoir mourut quand ils ouvrirent le feu sans se préoccuper de qui ils atteignaient. Et lui-même mourut à ce moment.
Les deux stormtroopers ne se préoccupèrent en effet pas de viser. Un seul objectif : atteindre les cibles et cesser le tir seulement quand tout le monde serait à terre, mort. Sauf que… Sauf que les morts, qui par nature l’étaient déjà, refusaient de mourir une deuxième fois. Stalminn avançait vers eux, lentement, de même que Matander, et bientôt furent rejoints par Calist et les deux stormtroopers morts, car ils finirent par se relever à leur tour.
Dans le cockpit, le jeune pilote céda à la panique. Entendant les cris d’horreur dans son dos et les tirs de blaster qui ne cessaient, il décida vite de verrouiller la porte du cockpit. Puis il ferma son esprit. Jusqu’à ce que les tirs se taisent. Jusqu’à ce que les cris des hommes qui le suppliaient de leur ouvrir la porte se taisent à leur tour.
Les mains tremblantes, il réussit à programmer le saut hyperspatial qui allait les ramener à l’
Executor. Là, il serait sauvé. Cadavres animés ou non, rien ni personne ne pouvait résister à la puissance de l’Empire, surtout quand celle-ci était représentée par le vaisseau-amiral de la flotte, et commandé par un homme sinistre aux pouvoirs et à la puissance défiant l’imagination.
*
**
L’agitation qui perturbait un coin de la passerelle de l’
Executor avait beau se faire d’une manière feutrée, elle n’échappa pas au Seigneur Sith Dark Vador. Il glissa silencieusement vers le problème – toute agitation qu’on ne lui signalait pas était un problème –, satisfait de sentir les officiers de la passerelle exsuder de peur sur son passage : c’était le gage qu’ils restaient sur le qui-vive, qu’ils seraient efficaces dans leur tâche.
– Quelque chose ne va pas, lieutenant Ecbet ?
Le ton sec de la voix sourde et profonde laissait suindre une menace à peine voilée, et Ecbet sentit un frisson de peur lui hérisser l’échine.
– Monseigneur, fit-il en s’inclinant, sans oser croiser le regard du Sith. Nous avons perdu l’équipage d’une navette, et la frégate partie enquêter a également rencontré des problèmes.
– La Rébellion ?
– Non, monsieur. Ni pirates, ni contrebandiers. Aucun autre vaisseau ne les a pris à partie, aussi je ne comprends pas. Le pilote a mis le cap vers nous, la frégate va quitter l’hyperespace d’ici quelques secondes. Il a été… incohérent dans ses rapports, où perce surtout de la panique.
– Amenez-le moi à son arrivée, je lui ferai connaître le véritable sens du mot « panique ».
– À vos ordres, monseigneur.
Vador tourna les talons et commença à s’éloigner, quand il sentit… il ne savait quoi, à vrai dire. Quelque chose de dangereux, de puissant. Très puissant. Trop puissant. Il fit volte-face, juste à temps pour voir la frégate émerger de l’hyperespace.
Il fit jaillir ses sens surnaturels dans sa direction et ce qu’il sentit le fit hésiter. Pire, sans même s’en rendre compte, il recula d’un pas. Lui, Dark Vador, Seigneur Sith, l’un des hommes les plus puissants de la galaxie, ressentit un sentiment qu’il avait cru oublié, perdu à jamais en lui : la peur.
Il vit la mort se jeter sur eux, éradiquer l’Empire tout entier, peut-être même toute vie intelligente dans la galaxie.
Il hurla :
– Tous les canons en position ! Détruisez cette navette ! Maintenant !
Le lieutenant Ecbet se leva et dit :
– Mais monseign…
Sa tête se tordit brutalement sur le côté, avec un bruit de brindille qui casse sous le pied, et son corps retomba sur la passerelle, inerte.
– Feu à volonté ! reprit Vador comme s’il n’avait pas été interrompu.
Un déluge de feu s’abattit sur la frégate, qui fut détruite en quelques secondes à peine. Le feu nourri qui l’avait cueillie ralentit considérablement mais Vador insista :
– Détruisez le moindre débris que vous pourrez trouver, et préparez un saut en hyperespace. Contactez l’État-Major de la Flotte : je décrète ce système interdit à toute circulation.
Si personne ne comprit pourquoi de tels ordres étaient donnés, chacun eut le bon sens d’obéir aveuglément sans poser de question.
J’espère que cela suffira, se dit Vador.
J’espère que cela suffira… Il s’étonna d’entendre une série de petits claquements, et l’imputa à une défaillance de son système respiratoire. Avant de se rendre compte qu’il s’agissait de ses dents qui s’entrechoquaient de peur.
– Hyperespace, ordonna-t-il d’une voix furieuse, furieuse contre sa propre faiblesse. Amenez-nous n’importe où ailleurs qu’ici.
Il espéra que cela suffirait. Que la puissance de la créature, quelle qu’elle soit, quelle que soit sa forme, ne s’étendrait pas jusqu’à les rejoindre. Car dans ce cas, Vador n’avait aucun doute : ils seraient tous balayés comme des fétus de paille.
… et l’Autre Franchement, les mecs, vous êtes super relous, à mettre toutes vos forces à essayer de me détruire. D’autant que
un, vous êtes pathétiques, barbares et primitifs au possible, bref vous vous mettez le doigt dans l’œil bien profond si vous pensez pouvoir m’éradiquer. Et
deux, fallait pas venir m’emmerder.
Non mais c’est vrai, quoi : moi j’ai rien demandé à personne. J’étais peinard dans mon petit trou dans les entrailles de la comète, à bouloter tranquilou quelques cailloux quand j’avais faim, et à sucer un peu de glace pour m’humecter, le tout en étudiant les circonvolutions de la comète afin d’en tirer un modèle théorique potable qui puisse faire fonctionner la physique, qu’elle soit giga grande ou méga petite.
Et voilà que l’autre tocard de bipède débarque là, me pollue mon atmosphère ténue en atterrissant avec son machin archaïque qui vole entre les étoiles. Pour lui, ça s’appelait vaisseau spatial et c’était une perle de la technologie. C’est super, mon gars. Sauf qu’à mes yeux, ton truc c’est un kart à pédales à peine amélioré.
Je vous raconte même pas quand ce cuistre a mis en route sa foreuse et a commencé à faire des trous dans ma comète. Ça va, garçon, tu t’amuses bien ? Prends tes aises, ne te gêne pas. Ne vérifie surtout pas que le coin est habité avant de faire des trous partout, hein ? Après tout, qu’est-ce qu’on s’en fiche de quelques formes de vie protozoaires, ou de briques fondamentales qui donneront des espèces intelligentes d’ici quelques centaines de millions d’années ?
Et si moi j’entrai chez toi, comme ça, juste pour utiliser tes toilettes, avant de faire des trous partout, tu serais content, peut-être ? Bah non. Tu te battrais pour défendre ce que tu as ? Bah oui. Tu chercherais à détruire le parasite que je serais ? Bah oui encore. Sauf qu’en l’occurrence, t’as pas tout compris : c’est toi qui es venu m’envahir, c’est toi le parasite. Et les parasites, ça mérite un bon coup de pied au cul.
Prendre le contrôle de l’esprit du premier pékin a été d’un facile… C’est déconcertant, à la limite. Gentil, je lui ai fait décrocher sa foreuse de mon astéroïde, mais il était un peu borné, il est revenu. Alors je l’ai fait quitter son marteau-piqueur sur roues, et là, bam ! Voilà qu’ils sont deux.
En tous cas, ces semi-animaux, ces singes savants sont faciles à manipuler, c’est déjà ça : étranglement de l’un par l’autre, petit tour dans l’espace sans scaphandre pour le sauvage à la foreuse et hop, tranquille Émile !
Tu parles. J’aurais dû me douter que d’autres viendraient. Bornés, je vous dis. En tout cas ils m’ont bien fait rire, à se faire bouffer par les corps inertes que je manipulais à distance, et à s’entretuer avec leurs propres blasters rudimentaires mais néanmoins efficaces.
Après ça, des êtres intelligents auraient compris que c’était pas la peine d’insister, mais eux, non ! Pires que des clébards qui veulent bouffer des pare-chocs de bagnoles ! Et v’là-t-y pas qu’ils débarquent avec un monstrueux vaisseau, fruit de l’imagination d’un ingénieur qui a forcément des problèmes de surcompensation.
Vous êtes contents avec votre superjoujou de dix-neuf kilomètres de long ? C’est jour de fête ? Vous êtes sûrs que ça suffira pour vous battre contre moi tout seul ? Nan, répondez pas, c’est pas la peine. Déjà, vous n’êtes même pas foutus de me percevoir, et évidemment la réponse est non : jamais vous ne pourrez me tuer. Je laisse ce genre d’accident de parcours aux races sous-évoluées comme la vôtre. Moi je fais partie des cadors ; vous, vous êtes des larves d’amibes. Au mieux.
Y’en a qu’un d’intéressant parmi vous. Frustre et le pire des bourrins de votre joyeuse bande d’empêcheurs de bouloter de la silice en paix, mais il a un truc, pas de doute là-dessus. Il a presque réussi à me percevoir. En tout cas, il a compris qu’il était une petite crotte à côté de moi. C’est juste dommage que sa seule réaction ait été de tirer dans le tas. Oui, je le répète, un gros bourrin que voilà.
Mais derrière sa carapace de cafetière sur pattes, son respirateur artificiel et sa jolie cape noire trop la classe, j’ai senti le potentiel. Un petit tour dans son esprit tordu m’a fait me rendre compte que cette pseudo-civilisation minable – et qui ne vaut par ailleurs pas grand-chose, de ce que j’en ai vu – utilise depuis 25 000 ans à peine ce qu’ils appellent la Force. Et il connaît un concept qu’il appelle « midi-chloriens ». Vous êtes loin du compte en ce qui concerne vos midimachins, mais on va dire que c’est un début de commencement d’ersatz d’explication.
Et surtout, que ça vous donne un potentiel pour la suite. Maintenant, le chemin va être long pour arriver à une forme de vie supérieure comme la mienne, genre quelques millions d’années, sans doute. Il faut juste que la casserole sur pied ait plein de descendants et qu’ils soient plus équilibrés que lui, ce qui ne devrait pas être trop difficile quand on regarde. Et va falloir bosser un max sur vos bidules chloriens. Quand vous vous rendrez compte que le concept que vous avez mis sur pied c’est de la crotte, y’a peut-être une chance que vous vous approchiez de la vérité. En tout cas accrochez-vous, les mecs, et vous prendrez peut-être la bonne voie !
Quand vous aurez enfin évolué, repassez dans le coin, on pourra se tailler une bavette entre gens civilisés. Parce que là, y’a du taf.
Bon, c’est pas le tout mais j’ai un petit creux. Où est-ce qu’elle est, la prochaine comète la plus proche ? Je boufferai bien un peu de silice, moi…