Kanan, tome 1 : Le dernier padawan (Kanan #01 à 05), par Greg Weisman et Pepe Larraz
Pour ravitailler les réfugiés de Tarkin-ville de Lothal, le leader rebelle Fulcrum envoie le
Ghost sur la planète Kaller pour récupérer des caisses de marchandises. En apparence, cette mission est banale, mais pour l'un d'eux, Kaller symbolise la fin de tout : c'est en effet là que se trouvaient le jeune Caleb Dume, futur Kanan Jarrus, et son Maître Depa Billaba lors des derniers jours de la Guerre des Clones et le sinistre Ordre 66. La mention de la planète réveille alors en lui le souvenir de ces jours douloureux où la galaxie semblait se rebeller contre les Jedi...
Dernière série régulière lancée par Marvel,
Kanan surprend par son choix de héros et son positionnement chronologique. Exit en effet la trilogie classique et les personnages iconiques que sont Luke, Han, Leia et Vador dans un contexte post-
Episode IV, et place à Kanan Jarrus, le Jedi au passé mystérieux de la série
Rebels. Passé "mystérieux" ai-je dit ? Le but de la série est de l'éclaircir en tout cas, grâce à une narration simple mais agréable en forme de flash-back datant de l'époque de la Guerre des Clones et de l'avènement de l'Empire. Car ici, les héros de
Rebels ne font que de la figuration, présents uniquement sur la première et la dernière planche. Non, la vedette ici est bien Caleb Dume, pour le plus grand plaisir du lecteur.
Et voilà donc que ce premier arc nous plonge dans les derniers jours de la Guerre des Clones, juste avant le déclenchement de l'Ordre 66. Au scénario, on retrouve Greg Weisman, l'un des auteurs de la série animée pas forcément des épisodes les plus palpitants il faut bien le reconnaître ; en tout cas un scénariste qui au premier abord a toute légitimité pour écrire la série. Et c'est une réussite évidente.
Pour moi, ce premier arc de
Kanan est à ce jour l'arc publié par Marvel le plus convaincant, le plus abouti, celui où on sent le plus l'adéquation entre le pitch, l'auteur et le dessinateur. On est plongé en pleine Guerre des Clones avec une bataille, une vraie, et un relationnel entre Caleb et Billaba d'une part, et entre Caleb et les commandants clones Grey et Styles d'autre part qui fait que oui, on est bien dans la lignée de ce que
The Clone Wars a pu nous proposer par le passé... et renfonçant d'autant plus la méfiance de Kanan à l'égard de Rex et des siens au début de la saison 2 de
Rebels. Après tout, s'il a vu les clones avec lesquels il était ami le trahir, pourquoi ferait-il confiance à ceux qu'il ne connaissait même pas à l'époque ? Arrive ensuite un passage faisant office de tie-in à
la Revanche des Sith, avec un caméo fort sympathique d'Obi-Wan Kenobi avant que l'arc ne nous offre "enfin" quelque chose de totalement inédit. Et c'est fait avec une maturité certaine.
Car dans une série a priori destiné au jeune public, celui de la série animée Rebels, l'ambiance est tout de même sombre. Caleb est aux abois, les clones le traquent sans relâche, il se méfie de tout et de tout le monde, vole pour manger, trahit les gens qu'il rencontre, les ennemis d'hier deviennent les alliés d'aujourd'hui, avec même des réflexions assez poussées pour le personnage sur la nature même de leur opposition lors de la Guerre... Il y a donc à boire et à manger dans cet arc, qui n'évite pas pour autant quelques faiblesses : Caleb est ainsi un peu trop performant dans tout ce qu'il entreprend, et le rythme est parfois haché sans que l'on sache bien combien de temps il se passe...

Mais ne boudons pas notre plaisir tant tout cela est remarquablement construit.
Et les dessins ! Mes amis, quels dessins de la part d'un dessinateur loin d'être aussi reconnu que ceux des autres séries !

Si les couvertures de Mark Brooks sont jolies mais un peu statiques, Pepe Larraz réussit à alterner les ambiances, les scènes d'actions comme les plus intimes, l'évolution psychologique de Caleb (et même son tic sur les cheveux ! C'est le genre de détail qui donne une existence aux personnages, une vraie !

) les designs des aliens sont très réussis, dans un style qui rappelle furieusement celui d'un Stuart Immonen. C'est une très belle réussite que voilà, et j'ai hâte de retrouver ce dessinateur par la suite !
Vous l'aurez compris, j'ai été totalement séduit par les aventures de ce
Dernier Padawan, transition parfaite entre les séries animées
The Clone Wars et
Rebels. Le scénario est très réussi, le personnage de Kanan se dévoile comme jamais - brisant ainsi l'image un brin monolithique du personnage dans la série - et les dessins ne gâchent rien, bien au contraire. Comme je le disais plus haut, c'est à ce jour pour moi le récit le plus abouti publié par Marvel. Et que vous aimiez ou pas
Rebels, il est certain que vous passerez un bon moment lors de votre lecture !
Note : 85%
A suivre : l'épilogue de l'arc avec le sixième numéro de la série
Kanan, lui aussi recueilli dans la VF !
J'en profite pour dire que l'édition VF est une nouvelle fois de très bonne qualité, les épisodes étant comme de rigueur désormais séparés par leurs couvertures originales (avec le titre original à chaque fois !). Encore une fois, Panini a fait du bon boulot ! Niveau traduction, je n'ai rien relevé de choquant non plus. Bref, aucun argument pour ne pas le lire !
