
Mauvaise graine sera une fic semi-longue, une centaine de pages, je pense. Je ne vous cache pas que depuis deux ans, suite à divers problèmes, et l'écriture d'une fic de 450 pages, j'ai énormément de mal à me remettre au travail de création : j'ai bien les idées, mais quasi plus d'énergie. Ecrire devient beaucoup plus physique qu'avant, et je manque rapidement de force. Je me sens comme un sportif pro après une blessure. Et je pense qu'il y a de ça.

Mais pour parler de choses plus concrètes que ma petite personne, bien que ce ne soit pas nécéssaire, je conseille fortement de lire l'Eclosion du Mal pour mieux comprendre le passé de l'héroine. Des élements du Bordextpress seront aussi là, mais de manière bien moins cruciale.
J'ai sinon abandonné le fandom des poneys, ce qui veut dire que je vais à nouveau me consacrer au fandom star wars. Avec l'ep VII qui arrive, j'étais bien obligé de retourner à mes premières amours.
Bref, trève de blabla. On y go !
-- Edit (Ven 01 Mai 2015 - 1:20) :
Les enceintes du club, poussées à leur maximum, crachaient la musique si fort qu'elles en tremblaient. Les vibrations se ressentaient dans l'air, traversant les corps, et résonnant dans les poitrines.
C'était un mélange de scrak et d'heavy isotope. Un genre de bouillie musicale infernale, dans laquelle il ne fallait pas chercher un sens, à moins de vouloir perdre la raison.
Je regrettais la disparition du swing-bop. Chaque musicien jouait au moins de dix instruments en même temps, mais ça restait clair et compréhensible, même avec le volume au maximum.
Il n'y avait pas que la musique qui me déplaisait ce soir. C'était un tout, de la lumière fluo des néons qui perçait la fumée artificielle, aux mouvements désordonnés des clients qu'on voyait au delà.
Je n'aimais pas les clubs. A vingt-quatre ans, j'étais pourtant en plein dans le public ciblé, ces jeunes adultes qui s'abreuvaient de lumière et de son jusqu'au lever du jour.
Pas que je n'aimais pas faire la fête, mais dans mon idéal, ça prenait plus la forme de réunions plus intimes, en petit groupe d'amis, dans l'appartement de l'un, ou la maison de l'autre. Merde, je ne crachais même pas sur l'alcool ou un petit joint de temps en temps ! Mais encore une fois, c'était en petit cercle, dans des territoires connus. Pas dans ces grands hangars où les gens mettaient à l’épreuve leur déodorant en dansant comme s'ils étaient désarticulés.
Par dessus le rebord de mon verre, je pouvais voir mes collègues partager un rire. Joaqder venait encore sûrement de raconter une blague minable, et Doubra et Tat avaient du se sentir obligés de rigoler pour ne pas le vexer.
On aurait pu trouver ça un peu hypocrite de leur part, mais étant donné ma situation, j'allais pas leur reprocher de mentir : ç'aurait été le hutt qui dit au besalik qu'il est gros.
J'allais boire une gorgée quand Joaqder et Doubra firent signe qu'ils allaient danser, me laissant seule avec Tat.
Je n'en étais pas fâchée : la twi'lek était d'un naturel calme, plutôt facile à vivre. Par rapport à la boule d'énergie qu'était Doubra, ou la lourdeur de Joaqder, la placidité de Tat était la bienvenue. Et puis elle était jolie, ce qui ne gâchait rien : sa peau rose bonbon se mariait à merveille avec ses profonds yeux noirs, et son corps, tracé en un seul coup de crayon, était attirant au possible.
La voix de la raison avait beau me marteler de faire attention, que j'aimais trop les twi'leks pour mon bien, mon désir était d'un autre avis. La robe de Tat y était aussi pour quelque chose, même si la soie de saava bleue se perdait un peu dans les ombres du recoin du club où nous étions installées.
L'alien se tourna vers moi, me décochant un de ses habituels sourires.
_Tu passes une bonne soirée, Rheïane ?
_Mouais, répondis-je honnêtement. Tu sais que je préfère le Pétale à cet endroit.
_Ouais je sais, dit Tat en passant machinalement sa main dans ses lekkus, comme à chaque fois qu'elle était un peu gênée dans ses réponses. Mais tu connais Doubra, elle trouve le bar trop chiant. Et comme on avait dit que c'était elle qui choisissait où on allait ce soir...
_C'est pas parce qu'on lui a refusé le droit d'y danser sur le comptoir qu'il est chiant, répondis-je au tac au tac.
L'alien rose gloussa, et changea de position pour recroiser les jambes, faisant remonter le tissu de sa robe d'un centimètre ou deux. Je relevai les yeux et essayais de me concentrer sur mon cocktail.
_Non, t'as raison, admit la twi'lek.
Elle porta une cigarette à ses lèvres, aspira, gardant un instant la fumée dans ses poumons, avant de lentement la recracher par le nez.
_Je serais bien allé à la Cité d’Émeraude, mais la police l'a fermé la semaine dernière.
_Contrôle d’hygiène qui tourne mal ? J'avais toujours dit que leur bière brune était suspecte...
Je fis glousser Tat, qui dut se forcer pour redevenir sérieuse.
_Plutôt le patron qui envoyait une partie de ses recettes aux Disciples de Ragnos.
Je haussai les sourcils.
_Sérieusement ?
_Sérieusement, me confirma l'alien en tirant sur sa cigarette. A ce qui paraît, c'est le roi qui a ordonné qu'on s'occupe rapidement de cette affaire, avant que Coruscant vienne trop voir ce qui se passe ici.
Ben merde. Je savais que l'actualité était mauvaise ces derniers temps à cause des Disciples, un culte cinglé qui multipliait les attentats et les assassinats, mais de là à imaginer que le tenancier d'un bar où on avait l'habitude d'aller leur filait des crédits...bon finalement, c'était assez logique, vu l'immensité de la galaxie, le groupe était forcément soutenu par des gens extérieurs. Mais ça me faisait bizarre de se dire que des gens sur Grimzalt avaient les mêmes objectifs que ces malades.
La remarque de Tat concernant le roi ne me surprit pas. La monarchie grimzaltienne était connue pour aimer son indépendance, et cela lui déplaisait beaucoup quand des officiels de Triple Zéro venaient fouiner dans le coin.
C'était d'ailleurs une des raisons qui m'avait fait choisir cette planète. Grimzalt collaborait peu avec l'extérieur. L'idéal pour une fille comme moi qui voulait se faire oublier.
Joaqder finit par revenir à notre table, une plaque de sueur sur le front. Il s'affala plus qu'il ne s'assit sur son siège.
_Du mal à tenir le rythme face à Doubra ? lui demandais-je en lui tendant mon verre.
_La défiez jamais à la danse, nous conseilla t-il d'une voix sifflante. Sérieux, je crois même qu'elle est capable de tuer un bith sur la piste.
Tat et moi partageâmes un rire. L'idée d'essayer de faire jeu égal avec cette pile humaine qu'était Doubra était de toute façon perdue d'avance.
Joaqder finit ce qui restait dans mon verre en une gorgée, et se proposa de me reprendre un cocktail. Je fis un geste négatif de la main, et me levai doucement.
_Non merci. J'en ai eu bien assez. Il est tard, et Doubra et moi on est de service demain matin.
_T'es sûre ? me proposa la twi'lek. Prends un dernier truc sans alcool au moins.
Son regard manqua de me faire craquer, mais je me forçai à prendre mon manteau, qui avait glissé de la banquette.
_Faut vraiment que je rentre. Passez une bonne fin de soirée, on se voit lundi au bureau.
Voyant qu'ils ne pourraient me convaincre, mes deux collègues me saluèrent avant de me laisser quitter le club.
L'air frais de la nuit me cueillit dès ma sortie par la porte principale. Je resserrais les pans de mon manteau, et hélai un taxi. Donnant mon adresse au droïde-chauffeur, je n'eus qu'à me laisser conduire.
Assise dans le fond de l'aérotram, j'avais la tête tournée sur le coté, et je regarderais distraitement défiler le paysage urbain, m'efforçant de ne pas m'endormir. Il était sept heures trente du matin, on était samedi, et la plupart des gens dans le véhicule étaient dans un état approchant. Il n'y avait guère que Doubra à être pétillante de vitalité à une heure aussi matinale. La grimzaltienne semblait dans une forme éblouissante, autant que si elle n'avait pas fait la fête avec nous la veille au soir.
Généralement, l'énergie de ma collègue était une bonne chose, c'était un moteur très communicatif pour achever de lourds travaux de paperasserie. Mais avant la prise de poste, c'était plus de la nuisance qu'autre chose.
Sachant très bien qu’arrêter le flot de paroles de Doubra revenait à essayer de stopper une charge de buffle à mains nues, je la laissais faire, essayant de fixer quelque chose dans mes pensées pour ne pas me laisser dévorer par la fatigue.
Ca m'apprendrait à aller faire la fête la veille, tiens. Je savais bien qu'au Commissariat aux Comptes, on avait cette tradition d'aller boire le vendredi, mais bon. Bah, c'était pas la première fois que ça m'arriverait. Et la semaine prochaine, ce serait au tour de Joaqder et de Tat de devoir travailler le samedi.
Chacun son tour.
Mine de rien, même si j'étais fatiguée, j'aimais bien ma vie. Un poste de commissaire aux comptes publics de Grimzalt, ce n'était pas rien à vingt-quatre ans. Le salaire n'était pas mirobolant, mais je gagnais assez pour m'en sortir et me faire plaisir de temps en temps, comme hier.
Ce n'était pas le travail le plus excitant du monde, beaucoup de comptabilité et de travail de bureau, mais au moins, il était calme. Et surtout, pas du tout exposée. Je n'étais qu'une des innombrables gratte-filmplast de la galaxie, totalement fondue dans le système, parfaitement oubliée. C'était tout ce que je voulais.
Ça n'avait pas été facile. Changer de nom, changer d'apparence...j'avais même essayé de gommer les tics que j'avais quand j'étais gamine, afin de pousser mon alias jusqu'au bout. Et depuis quelques années, ça marchait.
Pour tout Grimzalt, je n'étais que Rheïane Sonov, honorable fonctionnaire des impôts.
Personne ne connaissait ma véritable identité. Et c'était tant mieux. Toutes les personnes qui m'avaient connue avant étaient morts, ou disparus. Au moins, mon alias ne sauterait pas.
La litanie de Doubra s'était muée en une sorte de bruit sourd, quelque chose qui me rappelait désagréablement le son du club d'hier soir.
Je tentai de rassembler mon énergie en voyant le tram décélérer. Station Rill. Encore un arrêt, et nous serions aux bureaux.
Les portes du véhicule s'ouvrirent, et des voyageurs descendirent sur le quai tandis que d'autres montèrent à bord.
Sans trop savoir pourquoi, un rodien accrocha mon attention. Il se tenait de façon bizarre, un peu voûté, comme s'il avait du mal à avancer. Son grand manteau sombre, qui traînait jusque par terre, était étrange lui aussi.
Je chassai mon impression d'une pensée. J'avais mieux à faire que de consacrer de l'énergie aux drôles d'énergumènes qu'on pouvait croiser à sept heures trente du matin dans l'aérotram.
J'essayais plutôt de revenir à ce que me disait Doubra, de manière à revenir de façon naturelle dans la conversation.
_Et c'est là que le jawa a voulu devenir un jedi, annonça t-elle avec un grand sourire, attendant visiblement que je commente son histoire.
Je clignai des yeux. Bon. Pas grave. Elle m'en avait fait des pires, et je m'en étais toujours sortie avec la même technique, ça marcherait bien encore maintenant.
_C'est cool, dis-je du ton le plus inspiré que je pus trouver à cette heure matinale.
_Trop, hein ? pépia t-elle, à la limite de la surexcitation. Une fois mon cousin m'a dit qu'il avait vu un jawa sans son manteau, mais je pense qu'il mentait.
J'ouvris la bouche pour répondre, quand le cours des choses me força à en revenir au rodien. Il s'était avancé jusqu'au milieu de la rame, la tête rentrée dans les épaules, et l'on pouvait voir son groin vibrer. Comme s'il psalmodiait quelque chose.
Puis soudainement, il plongea la main dans la poche, en sortit un appareil et le pressa avant que quiconque ne comprenne son geste. Le monde disparut dans un flash bleuté.
Je sentis d'abord l'air sur mon visage, un effet de souffle si puissant qu'il me poussa en arrière, m'enfonçant de force dans mon siège. Puis la chaleur, qui nous roula dessus comme une vague.
Le bruit pour terminer. Une détonation sourde, une vibration si basse que je la ressentis longtemps dans mes os.
Quand le bleu se dissipa, j'avais des étoiles de couleur dans les yeux, et je voyais mal. Mais je me sentais clairement glisser, tomber en chute libre.
Le flou s'en alla juste assez pour que je regarde par la fenêtre les immeubles défiler à la verticale et que je comprenne que le tram s'était détaché, et que nous allions droit vers le sol.
Nous nous fracassions sur le parabéton avant que j'eus le temps de pousser un seul cri.
Juste un choc, le noir, et puis le silence.