~ Avec ou sans la Force: Chapitre 7 ~
Quand la trappe s’ouvrit, le cœur d’Ouralle s’emballa soudainement. Elle entendit les droïds monter. Sa respiration s’accéléra, elle manquait d’air dans l’espace exigu où elle se cachait. Alors elle ferma les yeux comme si cela la rendrait invisible aux yeux de tous. Pourvu que les machines ne remarquent pas sa présence ! Subitement la caisse en bois bougea, on ouvrait le couvercle. Elle pinça ses lèvres pour se retenir de crier. La couverture qui la recouvrait laissa filtrer de la lumière provenant d’une torche électrique. C’était fini. Mais aussi soudainement qu’elle était venue la lumière disparue et Ouralle se retrouva de nouveau dans le noir total.
- Aah…
- Mon commandant ?
- Qu’est ce que… ?
- Commandant, ne bougez pas !
- Qu’est que c’est ?
- Commandant Full, ici le soldat Jiss !
- Oui… Où est-ce qu’on est ?
- Dans la paille monsieur.
- Pardon ?
- Nous sommes dans un tas de foin pour échapper aux casseroles qui sont venus inspecter la maison.
- Et le général ? Et Ouralle ?
- Ils sont cachés dans la maison monsieur. Il ne faut pas bouger.
Le commandant clone essaya d’ignorer tout les végétaux qu’il voyait à travers la visière éclairée. Se sentir enseveli lui rappela le mauvais souvenir de l’effondrement de la falaise. Il ferma les yeux pour s’apaiser. En plus de cela sa fracture à la jambe le faisait encore plus souffrir qu’auparavant. Aussi loin que remontait sa mémoire, c’était la première fois qu’il avait aussi mal. Mais il devait prendre sur lui-même et rester en alerte. En serrant les poings, il constata qu’il ne tenait pas d’arme. Cette sensation de vulnérabilité lui était très désagréable. Mais il n’avait guère d’autres choix que de s’en remettre à Jiss et d’attendre. Cette mission sur cette planète chaude était loin d’être finie.
Ouralle sursauta une nouvelle fois lorsque le couvercle de la caisse s’ouvrit de nouveau.
- C’est bon, ils sont partis !
Elle fut soulagée d’entendre la voix d’Olare.
- Et les clones ? demanda t-elle encore sous la couverture.
- Ils ne sont même pas venus inspecter la grange, répondit son ami alors qu’il enlevait la vaisselle au dessus d’elle.
Enfin Ouralle se redressa, s’étira et elle put respirer l’air qui paraissait bien frais. A son tour le Jedi fut libéré d’une caisse similaire à la sienne.
- Ils n’ont pas ouvert la vôtre ? lui demanda la native.
- Ils ont essayé mais j’ai retenu le couvercle avec la Force. Heureusement qu’ils n’ont pas insisté.
Plo koon étant bien plus grand qu’Ouralle, n’avait pas été recouvert par des objets.
- C’est quand même bien utile votre pouvoir, constata Olare.
- On vous est reconnaissant de nous accueillir dans votre maison, monsieur, remercia le Jedi avec s’inclinant. Vous prenez de gros risques.
- Pfffa ! Ce n’est rien ! répondit l’homme avec une saccade de la main. D’ailleurs si on peut vous aider à foutre une branlée à ces robots de malheur.
Une fois l’alerte passée, Full s’assit dans l’unique fauteuil de la maison qui avait déjà bien vécu. Ouralle prit maintenant le temps de s’occuper de sa fracture ouverte. La plaie était peu importante mais le risque d’infection élevé.
- Nom d’un Krakmorph, ce n’est pas beau à voir… commenta Ouliss.
Full observa sa jambe et s’adossa dans le fauteuil en grimaçant.
- Je ne vais plus être apte au combat maintenant, lâcha t-il
- Non, vous croyez ? rétorqua Ouralle.
Le commandant ne répondit pas, il savait qu’il était en tort. Par la suite Ouralle utilisa son don pour le soigner mais elle ne put réparer qu’une petite partie des tissus lésés.
- Bon je vais maintenant nettoyer la plaie et vous shooter pour que vous souffriez le moins possible.
- Vous ne pouvez pas remettre ça en place ou faire autre chose?
- Non, je suis désolée Full. Je ne suis pas médecin non plus, et je ne prendrai pas le risque d’aggraver votre fracture.
- Je vais chercher les remèdes que nous avons, dit Ouliss en se levant.
Après avoir fait le maximum pour rendre la plaie le plus propre possible, Ouralle refit son pansement puis son attelle. Plo Koon quant à lui, eut droit à une pommade pour son allergie. Enfin les deux clones et le Jedi changèrent leurs tenues et armures contre des vêtements d’Olare afin de se fondre parmi la population locale.
Le soir venu, ils se retrouvèrent tous autour de la grande table en bois pour manger.
- Je suis désolée, il n’y a pas beaucoup à manger, annonça Ouliss en servant une soupe froide.
- Tu ne pouvais pas savoir qu’ils allaient débarquer, l’excusa son mari.
- Avez-vous des informations sur le basculement en faveur des Séparatistes ? demanda Plo en bout de table.
- Bah… Les villageois qui se battaient sur le front avec vos soldats et qui sont parvenus à s’enfuir, ont rapporté que des machines volantes étaient arrivées d’un seul coup en très grand nombre. Certains ont même affirmé avoir vu l’armée du roi les épauler.
- Et vous savez s’il y a d’autres rescapés comme nous ? demanda Full.
- Pas à ma connaissance. Les nôtres ont pu s’échapper uniquement parce que les robots s’en prenaient en priorité aux soldats.
Full et Jiss restèrent silencieux.
- Alors… vous êtes coincés ici ? s’inquiéta Ouralle.
- Non, n’ayez crainte, lui dit le Jedi. Jusqu’à cette attaque, la république était présente sur la majorité de la planète. Les Séparatistes n’ont pas pu lancer une attaque massive sur l’ensemble des points stratégiques. C’est impossible. Nous trouverons une solution.
La jeune fille se demandait vraiment comment il faisait pour être aussi calme dans une situation pareille. Les clones aussi n’avaient pas l’air de s’en soucier pour le moment. Ils avalaient la soupe à grandes cuillérées alors qu’Ouralle avait l’estomac noué.
Full était assit par terre sur une couverture. Sa jambe blessée l’épuisait. Sous la lueur pâle d’une lanterne électrique il nettoyait son fusil DC et son pistolet qu’Ouralle lui avait rendus. En bas, il entendait Ouralle et Ouliss discuter sans pouvoir suivre leur conversation. C’était la première fois qu’il se retrouvait chez des civils et il n’aimait pas ça. Plus vite ils regagneraient la GAR, mieux ce serait.
Ses pensées furent interrompues par un grincement provenant de l’armoire en face de lui. Il leva subitement le pistolet dans la direction du bruit. Il réalisa alors qu’avant de se poser, il n’avait pas fait le tour de la pièce car il pensait être en sécurité. C’était une grave erreur. Un grattement se fit entendre par la porte du meuble entrouverte. Il y avait quelque chose à l’intérieur. Le commandant ne bougeait pas d’un poil, son arme toujours levé. Il ramena lentement la jambe droite vers lui pour être prêt à bondir au cas où. Full s’en voulu de sa négligence, mais il chassa ce regret de son esprit pour se concentrer. Puis d’autres bruits discrets. La porte s’ouvrit un peu plus dans un grincement sinistre. Full retint son souffle. Puis deux lueurs jaunes apparurent dans l’ombre. Soudain une créature sauta en dehors de sa cachette. Surpris, il maintint son arme vers elle.
- Miiii, fit la créature.
- Full ?
Le commandant fit un bon quand Ouralle l’interpella depuis le seuil de la porte.
- Qu’est-ce que vous faites ? Eh ! Vous n’allez pas lui tirer dessus !
Elle s’approcha rapidement et prit l’animal dans les bras. Alors Full se détendit.
- Je ne savais pas ce que c’était…avoua-t-il embarrassé d’avoir réagit de la sorte.
- Ah ah ah ah ! Vous avez eu peur ?
Le clone ne sut quoi dire.
- C’est vrai, on ne vous a pas dit qu’il y a Dissa qui vit ici avec ses maîtres, expliqua Ouralle en caressant l’animal. C’est un Sphinx.
Full observa attentivement l’origine de sa peur. C’était une créature quadrupède d’environ trente centimètres au garrot. Son pelage très fin laissait apparaître sa peau de couleur chair tachetée de noir. Elle possédait des yeux jaunes perçants et deux canines dépassaient de sa bouche. Ses quatre pattes étaient longues et élancées tout comme sa queue.
Le sphinx commença à ronronner sous les caresses.
- A quoi sert cet animal dans une maison ? demanda Full méfiant mais intrigué.
- Il chasse les petits animaux nuisibles. Et puis il tient compagnie ! ajouta t-elle en frottant sa joue contre celle de Dissa. Allez va voir Full !
Elle reposa le sphinx sur le parquet près du commandant qui eut un mouvement de recul.
- Caressez-la ! Elle est toute douce.
Avec hésitation il tendit la main devant l’animal. Ce dernier releva la tête, renifla brièvement les doigts du soldat avant de s’y frotter. Finalement il laissa aller sa main sur son dos. Il fut étonné de constater que la créature était plus douce que le cuir. Son contact était très agréable puis l’animal se remit à ronronner. Le clone remarqua qu’ Ouralle souriait tendrement face à la scène.
- Hum, vous voulez me voir ? demanda t-il en se reprenant.
- Oui, répondit –elle en cherchant quelque chose dans sa poche. C’est pour vous donner un anti-inflammatoire pour la nuit.
Elle le lui injecta dans le bras. C’était la première fois qu’elle le voyait sans son armure. Sous sa peau matte se dessinaient des muscles puissants et les mains d’Ouralle paraissaient toutes petites en comparaison.
- Voilà, dit-elle avec un sourire.
- Merci Ouralle.
- De rien ! Jiss, votre général et Olare vont se relayer pour la nuit.
- Très bien, répondit –il à contrecœur.
Puis Ouralle le laissa, Full poursuivit son nettoyage avec le plus grand soin.
Une fois de retour dans la pièce principale, Ouralle et ses deux amis discutèrent des derniers évènements en date. Le couple rigolait volontiers malgré cette période difficile. Plo, assis dans un coin de la pièce, n’écoutait pas ce qu’ils disaient. Ouralle lui jetait des coups d’œil discrets. Il devait dormir car il avait la tête penchée en avant. Depuis qu’elle avait soigné Full devant lui, elle était devenue plus anxieuse, persuadée que le Jedi lui reparlerait de son don qu’il prenait pour la Force. Cependant elle ne souhaitait pas en parler. La guerre et leur cavale l’inquiétaient suffisamment.
~~~~
Voilà enfin la suite que vous attendiez tous