Hiivsha a écrit:Elle se doutait bien que si elle était suivie il y avait de forte chances qu'on ait un peu regardé ses antécédents, non ?
Oui. Mais cela veut-il dire qu’elle n’a pas le droit d'en être courroucée ?
Plein de fragments ce soir...
Il se demanda pour quelles raisons il n’avait pas tenté de faire la même chose la première fois, à savoir chercher un simple commutateur dans le but d’éclairer son chemin. Puis, se rappelant de son état léthargique la dernière fois qu’il était ici, il vit comme une évidence que son cerveau était alors bien trop endormi pour penser à une chose aussi simple « qu’allumer la lumière ». Cette fois-ci en revanche, il trouva vite le bouton, juste à côté de celui qui contrôlait la porte, et le pressa.
Par chance pour lui, la base disposait de plusieurs systèmes énergétiques indépendants. Aussi, avec un ronronnement grave et plutôt inquiétant, l’éclairage se remit quand même en marche, des néons plafonniers venant soudain baigner la pièce d’une lumière aveuglante.
Jinn balaya la salle du regard. Les premiers mots qui lui vinrent à l’esprit furent « Poussière » et « Foutoir ». Il y avait devant lui le plus monstrueux amas d’objets hétéroclites et incongrus qu’il ait jamais vu, le tout recouvert de tellement de saleté que les couleurs d’origine de certains objets était presque invisibles. D’ailleurs, il trouva très étonnant d’en trouver autant dans une pièce visiblement hermétiquement fermée, à plus forte raison se situant tout au fond d’une base elle-aussi coupée du monde extérieur.
Il avança entre les rangées d’objets divers. La plupart lui étaient totalement inconnus. Certains évoquaient des œuvres d’art complexes, quelques autres des expériences scientifiques comme celles qui avaient fait partie de son éducation de jedi, au temple. Tous les matériaux, toutes les formes se mélangeaient, semblant ne pas vouloir vraiment s’accorder. Il décida sans grande conviction que les objets connus étant pour la plupart ce qu’il pouvait qualifier de « scientifique », ceci était probablement plus le laboratoire d’un savant fou que la réserve d’une galerie d’art. Il passa devant ce qui était sans doute une paillasse, évita les morceaux de verre brisés au sol, scrutant sans trop savoir quoi chercher. Il s’était dit initialement que revenir ici opérerait un déclic, lui indiquant pourquoi et comment il y était arrivé. Visiblement le déclic se faisait attendre. Aussi, espérait-il plus, en cet instant, pouvoir reconstituer son passé par une enquête minutieuse. Et les indices qui la résoudraient ne pouvaient se trouver que dans cette pièce.
Pendant que le jedi de jadis tournait dans la salle, commençait à ramasser prudemment les objets les plus évocateurs pour chercher à les lier à des choses appartenant au passé qui lui restait encore, Kints s’était approché à pas de loup. Il avait depuis longtemps éteint la lampe qui lui avait permis de parcourir le labyrinthe de couloirs à la suite de Jinn, mais un moment d’inattention, un son indésirable, et sa mission aurait été un échec. Il était collé contre le mur, suffisamment éloigné de la porte pour pouvoir avoir le temps de rebrousser chemin en vitesse et se cacher, dans l’hypothèse envisageable où Skywalker serait sorti précipitamment de la pièce. Il plongea sa main dans sa poche et en retira un minuscule objet translucide. On aurait dit une sorte de petit scarabée étrange. Il pressa un point blanc sur le dessus, l’appareil s’activa. Puis il posa délicatement la petite chose frêle au sol, et se tourna vers une mini-tablette qu’il sortit de son autre poche.
Matériel d’espionnage impérial expérimental, issu d’une technologie plus ou moins légalement « empruntée » aux bothans. Il alluma la tablette et la vision retransmise de la micro-caméra apparut. L’image avait perdu en netteté et le transmetteur en portée ce que la caméra mobile avait gagné en petitesse et en silence. Bref, l’outil d’espionnage parfait.
Le « scarabée » se plaça juste devant la porte. D’une pression de l’écran tactile, Kints fit s’incliner la caméra. L’image certes floue, permettait de voir une silhouette fouiller les recoins de la pièce, toucher les objets, sans trop savoir quoi chercher. Pour le major, il était une fois de plus clair que soit Jinn croyait à ses histoires, soit il simulait si bien qu’il ferait ce qu’un amnésique dans son cas ferait pour retrouver sa mémoire. A savoir fouiller de fond en comble tous les endroits accessibles de cette base, qui était de toute évidence cet « endroit dans la forêt jusqu’où remontaient ses souvenirs » décrit plus tôt au général Coff. Il décida donc de le devancer.
Douglaz se rapprocha lentement de la porte, le dos collé au mur, veillant bien à ne toujours faire aucun bruit. Sur son écran, Jinn était à l’autre bout de la pièce : pas de risque dans l’immédiat. Mais il jouait risqué, il le savait. Il se baissa très lentement. Il fit une dernière vérification sur sa tablette, Jinn avait le dos tourné. Il passa la porte à toute vitesse, récupérant le mini-droïde au passage, en ne faisant pas le moindre bruit. Son entraînement n’était, après tout, pas si loin derrière lui…
Il s’éloigna dans l’autre sens, cette fois. Il prit soin de vérifier à nouveau que la fonction mémorisation du tracé était activée (il aurait été fâcheux de se perdre dans un tel labyrinthe), et commença à explorer lui-même le reste de la base.
Il avait alors rapidement constaté qu’il était allongé, mais pour une raison qu’il n’avait pas comprise tout de suite, il était coincé de part et d’autre. Il avait promené ses mains de droite à gauche, hésitant, pour tenter de comprendre. Il s’était accroché, difficilement, aux rebords de chaque côté. Quels rebords ? Les rebords de ce caisson-là.
Jinn s’approcha lentement de la machine. En apparence, rien de plus qu’une grande cuve cubique, une cuve à taille humaine. Une cuve dans laquelle, il en était certain à présent, il s’était réveillé.
Il glissa ses doigts fins le long de la paroi. Le cube était pratiquement lisse et, n’étaient les tuyaux métalliques et les pompes qui se dessinaient par en-dessous, il n’aurait pas cru à autre chose qu’à un simple bloc de métal taillé en un cube parfait. En un sens, cela faisait un peu penser à une baignoire. Mais il aurait été très étonnant que ce le fut : une baignoire, là, au milieu de ce bric-à-brac scientifique… Il songea à sa théorie de tantôt, quand il croyait encore avoir fait un bond dans le futur : ce cube métallique faisait plus facilement penser à un caisson de stase qu’à un appareil à voyager entre les dimensions. Ou peut-être que le maintien d’un corps dans un état statique était la condition sine qua non pour son passage d’un monde à l’autre ?
Non mais, tu t’entends penser un peu Jinn ? Ce que tu dis est grotesque !
Grotesque ? Pas plus que de se retrouver perdu dans un autre univers. Que je sache, que cette chose informe soit un appareil issu des plus grands récits de Science-Fiction est la théorie la moins stupide que j’ai eue jusque là…
Il regarda à l’intérieur, constatant des micro-ouvertures qui pouvaient facilement aspirer du liquide. Mais rien qui soit de nature à lui faire revenir la mémoire. Et le mutisme définitif de la Force ne semblait guère l’aider dans cette tâche. Il regarda les tuyaux qui entouraient le cul de la cuve. Rien de particulier, si ce n’étaient les quelques inscriptions légales du fabricant : des numéros d’identification, des numéros de normes de sécurité, et la marque, Rictov Engineerings écrite en lettres rouges. En en faisant le tour, il nota que la même marque et les mêmes normes étaient inscrites sur la cuve elle-même. Cette base appartenait-elle à cette entreprise ? Possible. Mais alors, pourquoi l’abandonner ?
Faute de trouver plus d’éléments concernant le caisson, il décida de vérifier qu’il ne s’était pas trompé. Il continua d’examiner le reste la pièce, et tout spécifiquement les objets qui faisaient moins « prototypes artisanaux » que produits manufacturés. Cette recherche sembla échouer dans un premier temps : les objets farfelus ne portaient aucune inscription. Et puis, il prit ce qui ressemblait à un prototype de transmetteur, et lut en plusieurs endroits de l’objet : « Semher, inc. ». Quelques doutes naquirent en lui. C’est quand il eut en main un nouveau prototype conçu par une certaine entreprise « Cehlian », qu’il décida d’abandonner son hypothèse. La base mystérieuse n’appartenait pas à Rictov Engineerings –mauvaise piste !- mais plus probablement à un scientifique du dimanche qui avait réuni ici des produits de haute technologie, dans le but de les utiliser (un fana de Science ?), de les copier (de l’espionnage indutriel ?), ou de… la Force savait quoi. Vu la taille de la base, la thèse de l’espionnage était possible. Et ça pouvait expliquer le fait qu’elle ait un jour été abandonnée à la hâte. Une société qui aurait fait faillite par exemple. Ou une dont les petits secrets un peu louches auraient été menacés, et dont il aurait fallu évacuer en urgence le site incriminé.
En revanche, ça n’expliquait toujours pas comment il s’y était retrouvé enfermé.
Après s’être assuré qu’il avait vraiment exploré cette salle de fond en comble –en vain, soit dit en passant- il décida de poursuivre son exploration du bâtiment souterrain.
Il le suivit sur son bio-scanner. Le « jedi » était confronté au même souci que lui un peu plus tôt, et il ne passait pas longtemps devant chaque porte. Puis, après qu’il eut presque essayé toutes les portes disponibles, Skywalker fit demi-tour dans la direction approximative de l’entrée du tunnel –et donc de la sortie. Le major nota l’excellente mémoire de Jinn (comme quoi, il lui en restait encore !), car lui-même, pourtant d’usuel doué pour le pistage, aurait été bien en peine de retrouver son chemin dans ces couloirs noirs et identiques sans sa tablette.
Jinn respira un grand bol d’air frais. Il s’était mis à pleuvoir dru, mais peu lui importait. Car sans être spécialement claustrophobe, il n’était pas mécontent de sortir de ce terrier obscur pour la seconde fois. Et comme la première fois, la même sensation de renaître.
Là, légèrement abrité sous un arbre au feuillage dense, collé contre son tronc, il songea à la prochaine étape.
Cette visite ne lui avait rapporté aucun indice exploitable. Et même en admettant qu’il existe une autorité quelconque sur Koboc sachant quelle était la nature exacte de cette base secrète et enterrée, elle n’aurait eu aucune raison de l’aider lui. Faute d’avoir une meilleure trace à suivre, il pouvait toujours aller faire un tour sur Cato Neimoidia. Certes, la Cato Neimoidia d’ici n’était pas celle qu’il connaissait, pas celle où il s’était retrouvé un jour à protéger un politicien dans son rôle de jedi. Mais peut-être trouverait-il là quelque indice. Après tout, c’est là-bas que s’arrêtait le fil de ses pensées. Peut-être aussi que c’était là-bas –ou en tout cas dans la version positive de ce là-bas- qu’on l’avait capturé pour le transférer ici. Et donc, peut-être qu’avant de se retrouver dans un caisson de stase au fin fond d’une base souterraine, il avait fait un séjour inconscient sur la Cato Neimoidia locale, la version négative (car un univers gouverné par un sith ne pouvait être que négatif).
C’était un peu une piste désespérée, une folle lubie ; mais ce serait faute de mieux…
Et puis une autre idée lui vint, cette fois un peu plus matérielle que la quête de son passé. Il songea que malgré sa grande générosité, Lyona ne lui avait pas laissé beaucoup d’argent. Trop peu pour survivre longtemps. Mais on pouvait encore l’aider. Son ami sur Malastare –dont il ne parvenait toujours pas à se rappeler le nom- y était probablement encore. Connaissant le bonhomme, il en était certain à présent. Et puis surtout dans son début de désespoir, il refusait de penser qu’il n’en fut pas ainsi.
Alors : Cato Neimoidia ou Malastare ?
Même s’il aurait volontiers poursuivi ses recherches, il fallait toujours, dans la mesure du possible, faire le choix raisonnable. Pas besoin d’être un jedi pour le comprendre. Et puisque la raison affirmait que, sans savoir comment repartir, il ne savait pas non plus combien de temps il allait rester dans cette dimension parallèle, il était indispensable de s’occuper d’abord de sa survie. Et franchement, ce ne serait pas sur Cato Neimoidia qu’on lui proposerait des offres aussi généreuses que celle de Lyona : il n’y avait pas grand chose à attendre des neimoidiens. Sur Malastare au moins, c’était encore possible.
Quelques heures plus tard, arrivé à l’astroport de Sonimagin, il prit un ticket pour Malastare. La carte d’identité fournie par Lyona fonctionna à merveille : il était passé sans être inquiété le moins du monde. Il espérait que ce serait toujours le cas…
Il s’envola sur un long-courrier. Avec le repas pourtant sommaire qu’il fit juste avant le décollage, quand il monta dans le véhicule spatial, il ne lui restait déjà presque rien de ce que la Kobocoise lui avait donné.
Il s’installa à l’arrière, sans rien dire. Il ne remarqua même pas l’officier impérial en civil qui était monté avec lui.