Voilou cette partie 7.... qui parle de retard ?
Que je lui plante une hache dans le dos
Partie 7 :
Maya jura. Le garçon l’observait, ses grands yeux bleus passant de la Zabrak dominant l’humain, à l’humain, accroupi, une main sur le sol, son sabre gisant un peu plus loin. Les deux êtres le regardaient. Les yeux de l’homme, qu’il venait de reconnaître malgré sa perte de poids depuis la dernière fois où il avait dispensé un cours au jeune Padawan, laissaient filtrer la confiance et Blueno comprit qu’il n’avait rien à craindre de la femme. Bien que les yeux de la femme n’inspirent pas la tranquillité.
Blueno fit un pas en arrière, heurtant un caillou. Il saturait depuis longtemps, était mort de fatigue, ne parvenait pas à chasser l’horreur qui le hantait. Qui que soit cette Zabrak, quoi qu’elle cherche à faire, il voulait qu’elle fasse au plus vite, que sa vie prenne fin rapidement. Il ne pouvait plus tenir.
Maya regarda Blueno, comprenant ce qu’il appréhendait. Elle devait vraiment faire peur pour qu’un simple garçon la craigne au point d’imaginer qu’elle allait lui faire du mal. Elle se rendit compte que son sabre pointait toujours sur le jeune apprenti. Avec un soupir elle désactiva sa lame qui se rétracta dans son chuintement particulier. Elle hésita puis remisa finalement son sabre à sa ceinture, appela celui d’Ika qui se logea dans sa main et le tendit au Jedi, toujours agenouillé.
Ika l’observa avant de récupérer son arme. Se relevant doucement, il hocha la tête en signe de remerciement, reprenant son visage habituel de douce idiotie.
- Tu changes d’avis, ou tu te rappelles les limites qu’il ne faut pas dépasser ?
Maya le regarda froidement.
- Tu crois que ne pas être un Jedi signifie ne pas avoir de cœur ou être un monstre ? Je sais qu’un maître peut s’en sortir, alors te livrer ne signifiait pas ta fin, et j’aurais pu t’aider. Mais ce gosse, c’est différent.
Ika frissonna. Il y avait un moment que ce regard, plus tranchant que son sabre, ne lui avait pas été destiné, et il ne lui manquait pas.
- Tu comptes faire quoi, maintenant ?
- Quitter Coruscant. Et vu que je n’ai plus de monnaie d’échange, tu vas avoir ton utilité. Et ce gosse pourra être pratique aussi.
- Je te préfère comme ça.
- Je te l’ai dit, ne pas être un Jedi ne signifie pas être un Sith.
Maya se dirigea vers le jeune garçon et s’accroupit, affichant un sourire rassurant et tendant la main. Après une courte hésitation, et avec un signe apaisant d’Ika, Blueno la prit et Maya l’attira contre elle, posant sa tête sur le haut de son crâne. Elle l’embrassa doucement et fit appel à la Force. Elle fut surprise qu’Ika la laisse faire.
- Tu lui as fait quoi ?
- Tu ne m’en as pas empêchée.
- Je te fais confiance.
- Je l’ai endormi et j’ai effacé une partie de sa mémoire.
- Pourquoi ?
Maya tourna la tête vers Ika, tenant toujours le jeune garçon blond contre elle. Ika semblait juste curieux.
- Il doit venir du temple et ce qu’il a vécu doit l’avoir traumatisé, inutile de lui laisser de tels souvenirs.
- Que veux-tu dire ?
Maya prit une grande inspiration. Elle se doutait qu’il n’était pas encore au courant des évènements meurtriers du temple, conservant tout de même l’espoir qu’elle n’aurait pas à lui expliquer. Il n’en était rien, évidement.
- Le temple a été pris d’assaut par les clones et il est évident qu’ils en sont sortis vainqueurs. Je suis désolé, Ika, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de survivants.
Dire les choses ainsi pouvait sembler dur, mais il s’agissait de la meilleure manière de le faire. Prendre des pincettes maintenant ne servait à rien. Le temps manquait trop. Ika avala difficilement, imaginant parfaitement ce que les paroles de Maya signifiaient. Les Jedi se trouvaient peut-être éparpillés dans toute la galaxie, il en restait suffisamment au temple Jedi pour que les clones fassent beaucoup de dégâts, sans compter que les clones qui l’avaient attaqué sur Anatapor devaient avoir été imités par ceux des autres planètes. Aux côtés de nombreux Jedi.
Tous ne pouvait pas être morts. En revanche, ceux du temple devaient l’être. Et les enfants s’y trouvaient présents en grand nombre.
Ika inspira, comprenant enfin ce qu’il avait ressenti. Tous étaient morts. Y compris les plus jeunes, il le savait. Ils avaient perdu.
Pas la République, mais les Jedi. Vaincus par ceux-là même avec qui ils se battaient. L’obscurité qu’il sentait grandir dans la Force prenait son sens. Les Sith que le conseil recherchait en marge de la guerre venaient de gagner, sans même que personne ne s’en rende compte ou que qui que ce soit puisse agir.
Ce qui lui donnait envie de vomir, plus que cette défaite rapide et sans même en avoir conscience, c’était que même les enfants avaient été tués. Ika le savait, le sentait. Il ne l’acceptait pas.
- Tu as bien fait, fit-il d’une petite voix. Inutile de donner à ses rêves plus de force qu’ils n’en n’auront à présent. Ika s’accroupit à côté de l’enfant, ébouriffant doucement ses cheveux en laissant échapper ses larmes.
Maya étendit ses bras pour englober Ika et l’enfant contre elle, laissant le Jedi à ses sanglots saccadés. Elle laissa son odeur, brouillée par la fumée qui s’était collée à lui, emplir ses narines alors que le corps était secoué par les pleurs. Maya embrassa tendrement Ika sur le front, les joues humides, les lèvres sucrés et toutes aussi humides. Elle comprit alors à qu’elle point il était marqué, chamboulé, par ce qu’il venait d’apprendre et plus probablement de comprendre, sinon il ne se laisserait jamais aller à un tel débordement d’affection. Et ce qu’elle devait faire n’allait pas arranger les choses.
Maya ne pouvait pas laisser Ika à sa douleur, son chagrin. Les soldats clones ne tarderaient plus maintenant et il ne serait pas bon qu’ils les trouvent dans cette position. Surtout pour eux, en fait. Dans l’état actuel, Ika perdrait probablement le contrôle de lui et ce n’était pas ce qui pourrait arriver de mieux. Maya secoua Ika, lui murmurant de se lever avec toute la douceur dont elle était capable. Elle lui dit que des clones allaient apparaître rapidement et qu’il fallait mettre le jeune garçon à l’abri.
Ika fit un énorme effort pour se reprendre et se lever en chassant ses larmes faisant scintiller ses joues sous le feu englobant le vaisseau accidenté. Il eut un faible sourire et prit le garçon dans ses bras qu’il souleva sans même marquer son poids.
- Maintenant que l’obscurité gagne la partie, tu vas devoir nous servir de guide. Tu as l’habitude de vivre avec les ténèbres, alors soit notre phare.
A son ton assuré, ne tremblant plus, Maya comprit qu’il venait de se reprendre. En partie. Il était clair que le Jedi était abattu, vaincu par un ennemi qu’il ne connaissait pas, contre lequel il ne s’était jamais battu. Maya eut un pincement au cœur. Elle ne l’avait jamais vu baisser les bras, mais d’un autre côté, il n’y avait jamais eu de plus grande crise pour l’Ordre Jedi.
Plutôt que le rôle qu’elle voulait tenir auprès d’Ika, il lui faudrait être celle qui lui remontait le moral, le poussait, lui criait dessus. Un rôle qu’il haïrait probablement.
- Arrête de croire que, sous prétexte que je n’ai pas suivi les pas d’une Jedi, ou que mes méthodes diffèrent des vôtres, que je suis forcement un être qui ne suit que l’obscurité. Et ne laisse pas ton cerveau te faire croire que les Jedi ont d’ores et déjà perdu. Marche et rappelle-toi que tu peux encore te battre. Et il y en a d’autre, alors ne recommence pas avec tes apitoiements de défaites.
Ika encaissa sans broncher, son regard toujours perdu dans le vide. Une lueur passa, fugitive.
- L’heure est à l’obscurité. Mais tu as raison sur un point, quelqu’un se lèvera un jour contre cette obscurité. Seulement, le temps n’est pas encore là.
- Et tu vas faire quoi, en attendant ?
- Rester caché jusqu’à ce que ce moment arrive. Et je voudrais que tu sois avec nous.
Maya fut surprise par la demande. Avant qu’elle ne puisse dire quelque chose, Ika continua.
- Nous ne serons pas des Jedi, juste des gens normaux qui attendent leur heure.
- On verra ça plus tard. Pour le moment, je serai ton guide pour fuir cette planète.
En se retournant pour emprunter un chemin et quitter ce lieu, Maya n’arrivait plus à garder ses idées claires. Son esprit en ébullition ne parvenait pas à complètement saisir ce qu’il venait d’entendre : la raison, la vraie, pour laquelle elle avait quitté le temple Jedi, ainsi que la voix qu’elle suivait jusqu’alors, venait de lui demander de rester avec elle. Et pas en tant que Jedi. Juste comme deux êtres vivant ensemble. Les Jedi interdisaient l’attachement et elle aimait cet homme. Elle ne pouvait pas être une Jedi et voilà que la Force lui permettait de vivre avec cet homme.
De rejoindre la vie qu’elle voulait avoir avec lui.
- Du nouveau ?
Dlown leva la tête vers Flot, un membre de son escouade. Ils attendaient d’avoir le rapport des deux dernières unités avant de pouvoir établir les prochains mouvements de chaque escouade. Jusqu’à présent, tout était calme pour les soldats, mis à part la septième escouade qui avait été caillassée par des créatures non identifiées. Ce genre de déboire n’était pas une surprise. Ne pas en avoir eu plus en était une.
Très vite, les soldats clones avaient compris que les déclarations, et les actions qui en découlaient, de Palpatine ne recevaient pas un appui inconditionnel. Les huées, les regards noirs, les graffitis sur les murs et les désirs contrôlés de froisser et compresser les soldats clones comme de simples boites de conserve arôme Jango Fett, leur suffisaient pour saisir que de sauveurs, ils étaient devenu ceux qui inspiraient la peur.
Dlown secoua la tête pour répondre à Flot, qui retourna s’asseoir avec les autres, gueulant contre celui qui venait de profiter de son court départ pour prendre sa place. Dlown conserva son calme. Il détestait attendre d’avoir des nouvelles de ses hommes, ne sachant pas si tout allait bien.
- Sergent, ici Couac 2.
- Ici Dlown, j’écoute, fit le soldat avec soulagement.
- Nous sommes avec Iris. Aucun problème dans les secteurs 9 et 12. Quelques rigolos ont tenté quelque chose, mais ils se sont vite calmés.
- Bien. N’hésitez pas à faire feu si besoin est. Nous devons sécuriser les lieux, qu’importe la méthode.
- On a vraiment tous les droits ?
- Sans dépasser les bornes. Vu que vous êtes les derniers, je vous laisse une heure de repos avant de repartir faire une tournée. Reposez-vous et ne prenez pas notre travail à la légère. Même si ça change de ce que nous avons l’habitude de faire, c’est important.
- Reçu.
Dlown coupa la communication après avoir donné les nouvelles affectations, appelant les autres unités les unes après les autres. Se retournant vers ses hommes, il les vit parés, casques remis et armes en main. Il sourit, fier de ses hommes et de leur promptitude à passer d’un état détendu à celui pret à en découdre avec n’importe quel ennemi.
Contrairement à ce qu’il assurait aux hommes placés sous ses ordres, Dlown ne comprenait pas comment on pouvait se passer d’autant de soldats pour faire une tâche aussi faible que celle de protéger, intimider plutôt, la population de Coruscant. Bien sûr la guerre était finie, de manière trop subite et rapide pour que tout ce soit déroulé de manière vraiment naturelle. Pourtant, se passer de spécialiste, d’hommes créés dans ce but, de la guerre ne collait pas.
Dlown prit la tête de son unité, cherchant la raison à la présence de tant de soldats. Après deux heures de patrouilles, aucune raison claire ne lui parvenait. Bien sûr, ils avaient subi une attaque, à coup de poubelle et de détritus. Les soldats non clones avaient beau être faibles, Dlown n’imaginait pas qu’ils ne puissent faire face à des lâches armés d’armes dont le seul réel danger consistait à salir les armures si blanches des soldats.
- Unité Iris appelle à l’aide. Unité Iris appelle à l’aide.
Dlown réagit rapidement, malgré son doute du réel danger que risquaient les unités dispersaient sur Coruscant. Peut-être était-il pris en sandwich par deux gangs armés de pain moisi, de feuilles de salade et d’œufs périmés.
- Ici Dlown, indiquez votre position et le danger.
- Deux Jedi dans les tunnels du secteur 4. Un Shistavinien et un jeune humain. Ils…
La phrase du soldat finit sur un cri de douleur et le choc d’un corps rencontrant une surface dure. Il y eut des bruits étranges, alors que Dlown courait, suivi par ses hommes, en dispensant ses ordres aux unités assez proches pour agir rapidement, et à celles, plus lointaines, à qui il ordonna de rester prêtes à agir en se mettant en position à divers endroits. Un grognement résonna, si fort qu’il obligea les clones à stopper leur course la main sur leur casque.
- A tous clones assez fous pour nous attaquer, vous découvrirez pourquoi vous n’avez pas intérêt à le faire.
Un craquement sec suivit la voix grave et hachée, très probablement le Shistavanien, puis plus rien. Dlown comprit que le Jedi venait d’écraser le casque, et ainsi le comlink intégré. Le soldat sut aussi pourquoi les clones étaient envoyés sur Coruscant : chasser et tuer les Jedi. Encore une fois, ils étaient utilisés pour les tâches les plus dures, envoyés à la boucherie où un trop grand nombre finiraient comme hachis ou pâté, en fonction de l’envie des Jedi.
Non. Ce n’était pas tout à fait exact. Les Jedi ne les utilisaient pas de cette manière. Comme échos à ses pensées, Iri s’avança vers lui et retira son casque, imité par l’unité.
- Dlown, je ne peux pas faire ça. Tue-moi si tu penses que je suis un traître, mais il est hors de question que je m’en prenne encore aux Jedi. Je sais que l’Empereur les appelle traître, mais je sais aussi qu’il ne peut s’agir de la vérité. Quelque chose nous échappe, et on en profite pour nous faire tuer les seuls qui s’inquiètent réellement pour tout être vivant, nous compris.
Iri avala sa salive, attendant un coup de blaster pour avoir trahi les ordres. Un coup qui ne vint pas.
Dlown baissa la tête. Sur le moment, cela aurait été plus simple de ne pas avoir un soldat comme Iri jouant le rôle de la conscience. Il passa une main sur son visage buriné par les combats. Sur le moment seulement car ces actes l’auraient suivi toute sa courte vie, hantant ses rêves.
- Tout le monde pense ça ?
Ses soldats acquiescèrent, d’abords timidement avant de montrer que c’était exactement ce qu’ils pensaient. Dlown hocha la tête.
- Nous nous apprêtons à devenir des traîtres, fit doucement Dlown. Y compris pour nos frères. Va-t-on vraiment faire ça ?
- C’est préférable à trahir ce que nous sommes devenus, fit Flot.
Dlown le regarda, lisant l’assurance que c’était la chose à faire. Il se releva, claquant ses cuissardes, et remit son casque.
- Bien, cherchons, trouvons et protégeons les Jedi. Et tout cela, sans que personne ne le remarque.
Ses soldats répondirent en criant. Maintenant qu’ils avaient un objectif, une mission, leurs doutes s’envolaient. Ils allaient agir et réussir, non pas parce qu’il s’agissait d’un ordre venu d’un obscur politicien, mais justement parce que ce n’en était pas un. Une mission naissant de leurs convictions.
- Je me demande s’ils vont encore arriver en si petit nombre, ou attaquer en surnombre.
- Dans un cas comme dans l’autre, il nous vaut mieux éviter le combat. Suivre des Jedi est facile quand il suffit de suivre les soldats tranchés. C’est comme de porter une grosse pancarte bien lumineuse avec écrit : « nous sommes des Jedi, venez nombreux. »
Ouri ne prit même pas la peine de montrer à quel point il trouvait affligeant le trait d’humour de son maître. Il sauta un tas d’ordure éventré sur son chemin et se baissa pour éviter une enseigne à moitié détruite, reprenant son rythme de course comme si de rien n’était à chaque fois. En revanche, il comprenait le découragement de Vornest. En à peine une heure, leur route avait croisé celle de trois escouades de clones. Et à chaque fois, avant même que les Jedi n’aient pu parler, les clones avaient ouvert le feu. Au final, les Jedi ne pouvaient rien faire d’autre que de les tuer.
Et son maître disait vrai : laisser les cadavres couverts de traces de sabre laser ne ferait rien pour leur permettre d’échapper à leurs poursuivants.
Si on pouvait vraiment s’échapper sur une planète comme celle-ci. Car la seule échappatoire actuelle consistait à s’enfoncer toujours plus dans les entrailles de la cité, vers les dangers des bas-fonds, ce qui n’était pas nécessairement mieux. Arrivé à un croisement, son maître ralentit, lui faisant signe de s’arrêter.
Les deux sabres s’allumèrent au moment où dix soldats clones surgirent de la rue sur leur gauche, armes braquées vers les Jedi. Il y eut un moment de flottement qui intrigua Vornest. Les clones réagissaient promptement et ceux qu’ils avaient croisés jusque-là n’avaient pas tardé à faire feu. Plus surprenant encore, les soldats baissèrent leurs armes et se détendirent, tout doucement.
Le soldat de tête donna son arme au soldat derrière lui et retira son casque.
- Nous ne ferons rien. Je sais que ça doit être dur à croire, mais nous voulons vous aider.
Ouri haussa un sourcil sarcastique. Peut-être les clones envisageaient une nouvelle manière de tuer les Jedi, préférant la ruse au concept de foncer en tirant à tout va. Ou alors…
Eteignant son sabre, Vornest ne se détendit pas entièrement, les muscles contractés. Surpris, Ouri l’imita, gardant le pouce sur le secteur d’activation de sa lame.
- Il se pourrait que je vous croie, grogna Vornest. Il vous faudra juste me donner une bonne raison.
Dlown hocha la tête sans montrer de signe d’inquiétude. Soit ces clones disaient vrai, soit ils avaient une bonne couverture et étaient persuadés de ne rien risquer. Le premier choix semblait le bon car Ouri ne sentait pas le moindre danger direct. Son maître non plus, apparemment.
- Je peux vous dire une chose que vous ignorez probablement, assura Dlown. Le nom de celui qui nous a donné l’ordre de vous pourchasser et d’annihiler les Jedi.
Ouri frissonna alors qu’à côté de lui, son maître laissait échapper un grognement sourd montant du fond de sa gorge. Quelqu’un avait bien donné l’ordre aux clones de tuer les Jedi. Ce quelqu’un voulait donc ne pas avoir sur le dos des êtres qui se battaient pour défendre la paix dans une galaxie corrompue. Cette personne possédait suffisamment de pouvoir pour implanter dans le programme des clones un ordre que les clones suivaient. Et si ce qu’il sentait dans la Force était vrai, ainsi que se que son maître lui avait révélé, il s’agissait d’un Sith.
Bien sûr, de tels cheminements ne se révélaient exacts que si Dlown leur disait la vérité. Donc, Ouri en revint à ce qui le concernait dans l’immédiat. Les clones qui leur faisaient face, à lui et à son maître, et leur demandaient de leur faire confiance.
- Vous nous demandez de vous faire confiance en nous proposant une information qui peut être au choix fausse ou trop grosse, fit Vornest qui devait avoir suivi le même raisonnement qu’Ouri. On en revient donc au point crucial, comment vous faire confiance.
Dlown sourit. Apparemment, il avait prévu la méfiance des Jedi, ce qui était assez normal dans la mesure où tous ses frères couraient après les Jedi pour y pratiquer de jolis trous fumants.
- Vous nous avez appris une chose, vous les Jedi, fit le soldat. On est plus que de la simple chair à canon et on doit agir en tant qu’être et non pas en tant que clone donnant leur vie pour une République qui les méprise.
Le sérieux du soldat convainquit Ouri qu’il disait la vérité, presque autant que les ondulations de la Force.
- Je suis heureux de voir que certains écoutent nos paroles, lança Vornest en coulant un regard rapide vers Ouri.
- Ca va, je sais, grommela le jeune Padawan.
- Vous nous proposez votre aide, mais en quoi consiste-t-elle au juste ? reprit le Shistavinien.
- Vous cacher quelque temps sur Coruscant et trouver un vaisseau qui vous permettra de quitter, avec nous, cette planète. De plus, vu que les soldats m’obéissent pour le moment, il y a peu de risque qu’ils vous tombent dessus.
Ouri observa son maître. L’offre était trop grosse pour ne pas cacher quelque chose. Pourtant, elle était très tentante aussi. Et trop utile pour la jeter sans même la considérer. Ouri resta en retrait de la conversation, comme il en avait l’habitude lors des transactions de toutes sortes. Son maître était doué, mais son domaine restait plus les actions musclées. Ce que les autres ne pouvaient, ni ne devaient, savoir. En restant ainsi en marge des discussions, Ouri pouvait se concentrer et voir les failles.
Si ça ne marchait pas, son maître montrait les crocs, dans tous les sens du terme.
- Vous semblez être prêts à faire beaucoup pour nous, dit Vornest. Contrairement à vos frère, qui plus est.
- Nous sommes des soldats. Notre rôle est de nous battre pour protéger, pas servir un Empire qui nous donne l’ordre d’induire la peur par notre simple présence alors même qu’il vient juste d’arriver…
- Tu as dis quoi ?
Dlown regarda le Jedi Shistavinien, puis l’humain. Aux regards qu’ils lui offraient, le soldat comprit que les deux Jedi n’étaient pas au courant des dernières évolutions politique.
- Ecoutez, fit-il. Je vous expliquerais tout ce que vous voulez savoir, mais pour le moment, faites-moi confiance. Si nous restons ici trop longtemps, d’autres soldats vont arriver et la partie majeure de notre plan nécessite que personne ne sache qu’on vous aide. S’il vous plait, rajouta t’il face à l’hésitation des Jedi.
Ouri laissa filtrer au travers de la Force la confiance qu’il accordait aux clones, en émettant une réserve. Son maître prit une inspiration avant d’accepter l’offre du soldat. Soulagé, Dlown remit son casque et récupéra son arme. Les clones venaient de redevenir ce qu’ils étaient : des hommes efficaces qui agissaient vite. Dlown distribua ses ordres, son le micro intégré de son casque allumé pour que les Jedi puissent l’entendre.
- Iri, Cart, Kol, Troy et Bline, guidez les Jedi jusqu’au point de parcage convenu. Passez par les endroits les plus sécuritaires, même si ça vous rallonge. Interdiction de faire feu, vous laisseriez des traces trop reconnaissables. Ecoutez les Jedi et faites leur confiance, si un combat devait survenir, détournez l’attention des soldats, mais retenez que tout le monde doit ignorer notre rôle, sinon nous ne pourrons plus agir librement.
« Les autres, avec moi. Si on vous demande pourquoi l’unité n’est pas au complet, on s’est séparé pour couvrir plus de terrain. Notre rôle sera de leur ouvrir une voix royale vers la sécurité.
Les soldats saluèrent leur chef avant de se séparer en deux groupes, les cinq cités rejoignant les deux Jedi. Les cinq autres saluèrent d’un signe de tête les Jedi et se mirent en marche. Dlown se retourna.
- Au fait, mon nom est Dlown, et vu que c’est vous, le matricule ne compte pas, pas vrai ?
Sans attendre de réponse, il se tourna et partit à la suite de ses hommes.
Les Jedi et les soldats s’observèrent. Une chose était amusante dans la situation présente. D’un côté, les Jedi ne faisaient pas entièrement confiance aux clones car ceux-ci avaient reçu l’ordre de les tuer. Les clones devaient pour leur part se battre contre les ordres spécifiant de tuer les Jedi. En somme, chaque partie devait faire confiance à l’autre, en ne sachant pas s’ils pouvaient se faire confiance.
- Bon, bah on va filer, fit le soldat nommé Iri. On vous indique la voie et vous nous dites si c’est bon, ça marche ?
- Pour le moment, ça devrait aller, acquiesça Vornest. Moi c’est Vornest et lui, c’est mon Padawan, Ouri. Alors, c’est par où ?
Deux jours plus tard :
- Je commence sérieusement à penser à trouer ce mur à coups de poing et à sortir de cette prison soit disant protectrice.
Ouri eut du mal à retenir un rire moqueur. A peine deux heures après être entrés dans un bâtiment plutôt ancien, fait d’une pierre rouge détonant dans les sombres bas-fonds, sans fenêtre et en mauvaise état, son maître avait commencé à tourner en rond, un grognement exaspéré s’échappant de sa gorge. Le Shistavinien n’avait attendu que dix heures pour se plaindre et tourner en rond. Après deux jours, Ouri, bien qu’excédé par le fait de rester aussi longtemps enfermé dans un bâtiment sans rien pouvoir faire, trouver plus énervant le comportement de son maître que l’attente d’agir.
Heureusement que les clones ne faisaient pas trop attention à eux. La tension s’était quelque peu calmée entre eux, mais pas au point d’avoir une confiance aveugle. Les Jedi vérifiaient les différents plans que les clones mettaient au point, apportant leur aide et des conseils sur les possibilités que leur offrait une planète comme Coruscant.
Le reste du temps, Ouri et Vornest dormaient, à tour de rôle, sur une paillasse en assez bon état en comparaison des murs décharnés couleur rouille, du sol couvert de poussière là où le passage des bottes se faisaient moins présent et de débris venant en partie du plafond. Une pièce d’eau, indiquant aux Jedi que le bâtiment était un ancien hôtel, fonctionnait encore assez bien pour qu’ils prennent des douches. Une simple table bricolée servant à tout, repas, mise en place des plans ou simple discussion, était entourée de chaises en duracier, simples boites traînant dans l’immeuble ou tout ce qui pouvait servir à s’asseoir. Des vêtements civils trouvés par les clones servaient d’habits pour les Jedi. Sortir avec des bures ne serait pas des plus intelligent.
Irrité par le claquement des bottes sur le sol de l’immeuble, Iri s’approcha du Shistavinien et commença à lui parler.
Flot écouta d’une oreille distraite son frère d’arme demander au maître Jedi certaines informations, plus pour le calmer que pour avoir une réelle opinion. Le soldat gardait son casque, tentant de se couper de tout bruit. Ile venait juste de rentrer de son dernier quart et voulait se reposer un peu. Bien que la guerre semblât finie pour eux, il avait l’impression de se trouver encore en plein combat. Faire des tours de garde, vérifier les caméras de sécurité. La seule différence ici consistait en un point : leurs ennemis étaient leurs frères d’armes et probablement une grande partie de la République. Flot se reprit. De l’Empire, maintenant.
- Il semble féru de ses Jedi, fit une voix dans son casque.
Flot n’eut pas besoin d’ouvrir les yeux pour comprendre de qui parlait Kol. Il avait lui aussi remarquait cette étincelle dans le regard et dans la voix d’Iri chaque fois qu’il parlait avec les Jedi, ou qu’il parlait d’eux.
- Je me suis jamais vraiment posé la question, mais j’aimerais vraiment savoir pourquoi les Jedi, qui se nomment eux-mêmes gardiens de la paix, portent une arme comme le sabre laser, continua Kol, sans remarquer que son frère voulait juste dormir. Flot en avait l’habitude. Kol manquait sérieusement de tact. C’est vrai, reprit Kol. Je n’y avais pas pris garde jusqu’à présent, mais leur tube qui fait vroum et hop, un membre tranché, c’est pas réglo. Ca allait tant qu’ils dézinguaient du droïde, mais on a été à deux doigts de se battre contre eux. Nous, on leur tire dessus, et eux, ils peuvent non seulement nous taillader tranquillement, mais ils peuvent aussi nous renvoyer nos propres tirs. Sérieux, c’est pas du jeu leur arme. Comment tu veux faire le poids ?
Non seulement Kol manquait de tact, mais il ne savait pas la fermer en plus, pensa Flot. Le clone se tourna pour faire comprendre à Kol qu’il ne désirait pas parler. Son frère parut comprendre car il retourna à son occupation, jouer avec ses armes.
Flot crut devenir fou quand une nouvelle voie retentit dans son casque, avant de mieux comprendre ce qu’il entendait. Un reflexe idiot l’obligea à se lever et vérifier que les deux Jedi étaient toujours là, ce qui était évidement le cas. L’expression des Jedi lui confirma qu’il ne rêvait pas. Des unités poursuivaient, à grand renfort de tir, vraisemblablement des Jedi à à peine cinq kilomètres de leur position. Bien sûr, les Jedi étaient déjà au courant, sans même avoir besoin d’un casque pour leur apprendre les positions et ce qu’il se passait.
Encore une chose à propos des Jedi qui le glaçait.
- Je crois que vous allez enfin pouvoir vous défouler, maître, fit Ouri en prenant son sabre.
Iri fit mine de se mettre sur leur chemin, les deux Jedi ne devant pas sortir. Le regard d’avertissement que lui réserva le Shistavinien suffit à le faire reculer. Après un moment où les clones se regardèrent, devinant les expressions derrière les casques, ils prirent leurs armes et se joignirent aux Jedi.
Flot poussa un soupir avant de se lever à son tour. Lorsque Dlown reviendrait, il exigerait de son chef une chambre rien que pour lui et surtout le droit de ne pas faire les prochaines rondes.
La suite, très bientôt