Ayant téléchargé le recueil de l'Ordre 66 il y a quelques mois maintenant (plus que 3 autres à lire

j'ai décidé de venir poster une histoire qui me trottait dans la tête contemporaine de cette période. J'ai pas pu tout lire du recueil, ni tout ce qui a été posté ici, donc j'espère que le développement proposé n'aura pas déjà été traité.
Voilà, je poste ici les 2 premières parties, je posterai la suite régulièrement, n'hésitez pas à commenter

NB: pendant l'écriture, j'ai eu très vite l'envie d'en faire une parodie. Incapable de trancher entre une version "sérieuse" et une version détournée, j'ai fait les deux en simultané !
Voici donc d'abord l'histoire "originale", et lorsque tout aura été posté, la parodie suivra


Bonne lecture !
Le bâtiment des Investigations des Affaires Militaires avait ceci de particulier qu'il frappait même le regard du badaud Coruscanti le plus blasé, par sa taille immense et par la majesté qu'il dégageait. Totalement recouvert de vitres mates, il reflétait la splendeur de la multitude d'immeubles qui composaient le paysage urbain de Coruscant, offrant sur sa façade une réalité inversée s'étendant à perte de vue... À mesure qu'il s'approchait de la surface du bâtiment, polie comme une pierre précieuse, le Jedi pouvait voir s'y dessiner son propre reflet et celui, fantomatique, du clone qui le suivait consciencieusement.
_Nous y sommes, fit Aran.
_Bel esprit de déduction, lui répondit Goma. C'est la Force qui vous a soufflé ça ?
Aran sourit et ne releva pas. Les sarcasmes de Goma étaient toujours inattendus, et somme toute osés pour un clone s'adressant à un supérieur hiérarchique, mais le lien qui liait le Jedi au clone ne relevait plus de cette nature depuis bien longtemps... Depuis le début de la Guerre, à bien y réfléchir.
Les deux hommes arrivèrent devant les imposantes portes vitrées qui s'ouvrirent automatiquement. Aran marqua une pause.
_Nous allons voir si l'autorisation de Maître Windu va donner quelque chose...
_Après vous, lâcha Goma dans un souffle.
Ils se dirigèrent vers un vaste bureau circulaire trônant en plein centre du grand hall d'accueil. Il s'y croisait une multitude d'employés, tous vêtus du même uniforme grisâtre et foncé, dont quelques uns escortaient des politiciens à l'air affairé. Tout ceci dans un silence troublant où seul le murmure léger des conversations et les bruits de pas résonnaient sous l'immense dôme. L'arrivée d'un clone en armure intégrale et d'un Jedi fit son petit effet dans ce microcosme uniforme, mais très vite tout le monde reprit ses occupations sans plus se soucier d'eux.
Arrivé au niveau du bureau, Aran s'adressa à l'agent d'accueil.
_Je suis le Padawan Aran et voici le Commandant T-1123. Nous sommes envoyés sur requête directe du Conseil Jedi. Nous venons pour une investigation concernant l'occurrence 27-C-MI.
L'hôtesse releva la tête, posa un regard bienveillant sur eux et leur répondit poliment :
_Je me renseigne, un instant je vous prie.
Goma s'approcha légèrement de l'oreille du Jedi et chuchota :
_C'est moi Général ou vous lui avez tapé dans l'œil à cette petite ?
Aran sourit.
_C'est vous, Goma, lui répondit-il d'un ton amusé.
La jeune femme coupa leur échange d'une voix douce :
_On me dit malheureusement que l'accès à ce dossier est momentanément bloqué. Puis-je éventuellement prendre une requête écrite ?
_Motifs du refus d'accès ? demanda abruptement Goma.
_Eh bien, le système informatique le classe simplement comme tel, je ne peux vous donner de plus amples informations. Si je puis...
_Mais vous pouvez en revanche nous débloquer l'accès, la coupa Aran.
La jeune femme dévisagea le Jedi et sourit timidement, visiblement gênée.
_Je regrette messieurs, je ne suis pas autorisée à modifier les classifications des identifications de dossiers. Si je puis vous...
_Cela ne pose aucun problème, vous pouvez nous donner l'accès, nous sommes des personnes de confiance, lâcha Aran en fixant intensément la jeune femme droit dans les yeux.
Oh non, il va pas remettre ça en plein public..., se dit Goma pour lui-même. Mais heureusement pour eux, personne ne prêtait attention à ce qui se tramait devant le terminal.
_Cela ne pose aucun problème, répéta la jeune femme, comme si elle cherchait à s'en convaincre. Elle tapa rapidement sur son interface. Vous êtes des personnes de confiance.
_Mouais... lâcha doucement Goma dans le dos du Jedi.
_Je vous remercie continua Aran, sans lâcher la jeune femme du regard.
_Turbo-élévateur 2, sous-sol 23-A, lui dit l'hôtesse en lui tendant une datacarte.
_Merci beaucoup, dit le Jedi en s'éloignant.
Goma regarda encore un moment la jeune femme puis s'éloigna pour suivre le Jedi.
_Je ne m'exprimerai pas sur le caractère suspect de vos méthodes..., dit-il d'un ton blasé tandis qu'il rentrait dans la cabine et appuyait sur les touches du panneau d'ascenceur.
_Et cela tombe très bien puisque je ne vous ai rien demandé sur le sujet..., lui répondit le Jedi avec une lueur de malice dans le regard.
Les portes se refermèrent sur les deux hommes.
Arrivé au sous-sol, Aran et Goma se dirigèrent vers le poste de contrôle et présentèrent leur autorisation au vigile. Celui-ci marqua un temps d'arrêt.
_Dossier 27-C-ES ? demanda-t-il en haussant un sourcil. Il les toisa un long moment du regard puis se leva.
_Suivez-moi, c'est par là.
Les deux hommes lui emboitèrent le pas.
Son étonnement est plutôt normal, se dit Goma. l'homme devait savoir que ce genre d'affaire était confidentiel, et il était rare qu'on autorise des personnes hors du service à examiner ce type de dossier. Et celui-ci était de niveau 27, sur une échelle de 30, le maximum en matière de secret militaire. Et puis, un indice C-ES, sur Coruscant, il n'a pas dû en voir tous les jours dans sa carrière, se dit le clone tout en continuant de suivre Aran et l'autre homme.
_Voilà, c'est ici, dit l'homme en s'arrêtant devant une porte massive. Il glissa une datacarte dans la borne à côté de la porte. Sur cette dernière figurait en gros l'inscription « 27-C-ES »
27 pour la classification.
C pour Crash
ES pour Engin Séparatiste.
La porte s'ouvrit sur l'obscurité, et le bruit du clac métallique résonna longtemps par l'ouverture.
Puis des lumières dans le plafond s'allumèrent, révélant un gigantesque hangar, dont tout l'espace était rempli par une immense carcasse métallique en ruine, telle un monstre marin échoué sur le flanc.
_Vous pouvez disposer, dit Aran au vigile.
Ce dernier referma la porte sur lui, tandis que Goma retirait son casque et avançait lentement vers le monstre de métal, n'arrivant pas à le saisir tout entier dans son champ de vision.
La Main Invisible.
_Allez, on ne traîne pas, dit Aran en s'approchant de la carlingue et en cherchant un accès.
_Vous êtes sûr de savoir ce que vous cherchez, Général ?
_Pas vraiment... lui dit le Jedi.
Il trouva une écoutille, dont la fermeture avait apparemment fondue.
_Par là, lança Aran en s'engageant dans l'obscurité.
En observant la fine silhouette d'Aran entrer dans l'énorme vaisseau, Goma se sentit tout d'un coup extrêmement... oppressé. Enfermé dans son armure, se trouvant sous des tonnes d'acier à des dizaines de kilomètres sous terre, il devait maintenant rentrer se perdre dans le labyrinthe d'une carcasse de métal carbonisée...
_Un peu plus ou un peu moins, lâcha-t-il pour lui-même.
Il emboîta le pas au Jedi et avança dans le noir.
La vision de nuit de son casque s'activa instantanément, révélant un long couloir où pendaient de nombreux câbles et autre panneaux de métals, le tout baigné d'une teinte verdâtre. Aran ne devait rien voir du tout dans ce four.
_Général, vous devriez me laisser ouvrir la route...
_Tout va bien, lui répondit une voix plus loin dans le corridor. Goma vit le Jedi avancer en effleurant de sa main le long du mur, évitant les obstacles et progressant facilement.
Sacrément efficace son système de guidage, se répéta le clone pour la millième fois. Voir dans le noir, c'était une chose. Mais avoir accès au passé des objets inanimés, c'en était une autre.
Par le biais de sa perception psychométrique, Aran progressait dans le dédale du vaisseau, à travers une foule de droïdes et de Neïmodiens qui couraient dans les coursives. Pas après pas, il revoyait ce qui s'était passé pour l'équipage juste avant le crash. Et ce n'était pas des plus apaisant. À la sensation de panique et de terreur se mêlait le brouhaha des alarmes et l'odeur de brûlé. Tout le monde cherchait un moyen de fuir, certains neimoidiens laissant derrière eux leurs congénères moins chanceux, coincés sous des câbles et des plaques de métal, d'autres vociférant inutilement des ordres paniqués sur des droïdes incapables de gérer une telle situation.
Arrivé au coin d'une coursive, Aran tourna la tête et vit à côté de lui, juste à ses pieds, un neimoidien en train d'étrangler un humain, hurlant sous le coup de l'effort pour enfin parvenir à faire expirer sa victime. Puis il prit la clé magnétique que le cadavre tenait dans sa main, courut vers l'écoutille d'une cabine de sauvetage et s'engouffra dedans sans se retourner.
Aran ferma les yeux un moment. Du passé. Juste du passé.
La main gantée de Goma sur son épaule le fit sortir doucement de sa transe.
_Ça va Général ?
_Maintenant oui, lui répondit Aran en lui tapotant l'épaule. Je crois bien que c'est par là, poursuivit-il, indiquant un long corridor menant à une double porte.
Le clone et le Jedi se dirigèrent jusqu'à elle.
_C'est verrouillé, nota le clone.
_Bel esprit de déduction, fit Aran. Est-ce la Force qui vous a...
_Je voulais dire par là, le coupa le clone, à vous l'honneur... dit-il avec une pointe de condescendance légèrement exagérée.
Aran ne put s'empêcher de sourire dans le noir, et activa son sabre laser. Le couloir fut tout d'un coup illuminé d'une pâle lueur azur, puis orange lorsque le Jedi plongea sa lame dans l'acier. Au bout de quelques instants, la plaque qu'il dessinait céda et tomba par l'ouverture improvisée.
Aran et Goma entrèrent dans la salle.
_Ce sont bien les quartiers de Grievous.
Aran le savait sans même chercher d'autre indices qui auraient pu le lui confirmer. Il se dégageait de tous les coins de la pièce des courants houleux dans la Force. Et une forte présence de l'obscurité.
_Eh bien... On dirait que tout a crâmé là aussi... Vous êtes sûr que vous allez trouver quelque chose dans ce tas de cendres ?
Le Jedi ne répondit rien et continua d'arpenter la pièce, à l'écoute des fluctuations de la Force.
Là. Dans un coin de la pièce. Niché au creux d'une alcôve de métal fondu. Il était encore là. La grande verrière de la salle avait évidemment éclaté durant le crash, mais il était par miracle resté coincé dans ce minuscule endroit, à l'abri d'une chute infinie dans le vide glacé de l'espace.
Le sabre de Dooku.
Fais-le.
Elle claqua dans l'air et en lui comme un couperet, et dans un éclair aveuglant la tête de Dooku fut tranchée nette.
Aran s'extirpa de sa vision en sueur, les projecteurs du HUD de Goma l'aveuglant.
_Aran ? demanda-t-il d'une voix inquiète.
Lorsque Goma l'appelait par son prénom, cela signifiait qu'il sentait que la situation était grave, et qu'il était là pour soutenir son ami, et pas seulement un général.
_On nous a menti, articula péniblement le Jedi, haletant. Quelque chose de grave se trame.
_Expliquez-moi, lui dit Goma en le soutenant par l'épaule.
Mais Aran ne pouvait s'empêcher de reconstruire intérieurement le puzzle des événements, et sentait qu'il avait mis le doigt sur l'élément qui avait échappé à tout le monde. Il marmonnait pour lui-même :
_Si Maître Kenobi était dans les pommes et que Maître Skywalker tenait le Comte à sa merci, alors... alors... Goma, il faut se rendre au plus vite au bureau du Chancelier. Dooku n'a pas été tué au combat, comme on le répète en boucle jour et nuit sur l'Holonet.
Il marqua un temps d'arrêt.
_Il a été assassiné.
Goma resta interdit pendant un instant. Puis il considéra qu'il devait quand même exprimer le fond de sa pensée.
_Et quelle différence y a-t-il dans cette incroyable révélation ?
_Tu ne comprends donc pas ? répliqua Aran, visiblement encore sous le choc, qui se dirigeait vers la sortie. Dooku n'a pas été vaincu par Skywalker au cours d'un combat, il a été exécuté, alors qu'il l'implorait à genoux et désarmé. Skywalker l'a abattu froidement. Et sur ordre de quelqu'un...
_Quelqu'un ?
Le Jedi et le clone gagnèrent enfin la sortie. Le Jedi s'arrêta et fixa le clone avec un regard mêlé de peur, de tristesse et de détermination. Goma n'aurait sû dire si le jeune homme était blessé de voir un de ses pairs s'être livré à un tel acte de violence, ou si quelque chose d'autre le déstabilisait à ce point. Il avait vu pour sa part tellement pire au cour de la guerre...
_Dans les heures qui vont suivre, lui dit le Jedi, nous allons vivre de sombres événements...
Et Goma ne put rien faire d'autre que d'opiner en son for intérieur, parce qu'il savait que si Aran confessait une telle chose, c'est que c'était malheureusement vrai. Et qu'il allait falloir faire avec cette certitude.
_Vous avez remarquez Général ? le héla le clone
_Quoi donc ? lui répondit-il, alors qu'il se frayait un chemin dans la masse mouvante d'individus.
_La foule. Vous ne notez rien de particulier ?, réussit-il à dire par-dessus le brouhaha infernal qui régnait dans la station.
Aran pris le temps de regarder tout autour de lui en avançant, et la chose le frappa par sa visibilité flagrante. Des clones. Des clones partout. Il n'avait pas réalisé à quel point ils étaient désormais nombreux dans les rues. Mais pourquoi ?
_Après ce qu'a subit Coruscant ces derniers jours, le renforcement de la sécurité des civils semble plutôt logique, dit-il au clone, répondant du même coup à sa propre question. Même s'il n'était pas particulièrement convaincu par son raisonnement.
Les deux hommes continuèrent leur chemin jusqu'aux quartiers supérieurs du 2e quadrant, la nuit tombant définitivement sur Coruscant. Ils arrivèrent enfin au pied du 500 Republica. Qui tranchait nettement avec le décor de tout à l'heure.
_C'est désert, remarqua le clone. Il parcourait les fréquences des Services de Sécurité pour savoir si la zone était classée interdite. Apparemment non.
_Et pourtant... Et pourtant... murmurait le Jedi, Il se passe quelque chose. C'est ici que tout se joue...
À peine eut-il le temps d'achever sa phrase qu'une fenêtre vola en éclat dans les étages les plus élevés du bâtiment.
Tous deux relevèrent la tête, Goma levant son DC-17 vers l'endroit.
_Contact, Général. On se bat, là-haut.
Sans la lunette dont bénéficiait Goma, Aran pouvait quand même voir des éclats de lumière sortir de la lointaine ouverture.
_Quel étage, demanda-t-il ?
Goma dénombrait déjà les niveaux en comptant intérieurement.
_320 je dirais.
La suite du Chancelier.
Les deux hommes restèrent immobiles un moment. Les éclats cessèrent.
_Général ?
_Je n'arrive pas à savoir ce qui se passe de là où nous sommes, mais je perçois une présence. Je suis sûr que Skywalker est là. Et il y en a deux autres, obscures elles aussi.
Les éclairs reprirent tout en haut de l'immeuble, avec un éclat décuplé. Pendant un long moment, Goma et Aran restèrent là, fasciné par l'étrangeté du spectacle et incapables de décider quoi faire. Puis les éclairs cessèrent à nouveau.
_On y va, fit Aran.
_Attendez mon Général, mieux vaut attendre les Services de Sécurité. On ignore ce qui se passe là-haut, et quel est le nombre de...
_Justement, on monte pour savoir ce qu'il en est et on intervient ! Les Services de Sécurité vont mettre des lustres à venir, et le Chancelier dispose déjà des siens. S'ils ne sont pas déjà en train d'essayer de mettre fin au combat, cela veut dire qu'il y a un problème non ?
Le raisonnement du Jedi n'était pas faux, et Goma allait donner son feu vert lorsque retentit à nouveau un immense fracas du haut du bâtiment.
Ils virent alors quelque chose de minuscule tomber de la fenêtre, brillant un instant d'un éclat fugace et disparaissant dans l'obscurité vers le sol.
Et la présence se fit durant un court laps de temps beaucoup plus nette dans l'esprit d'Aran.
_Maître Windu...
Puis elle disparut dans l'obscurité.
Le clone cligna des yeux un bref instant derrière la lunette de son fusil, pas vraiment sûr de ce qu'il avait vu, puis il se retourna vers le Jedi.
_D'accord, on entre.
_Plus maintenant, dit Aran en s'éloignant du bâtiment en courant.
_Général où allez-vous ? lui cria Goma en se mettant lui aussi à courir.
_Chercher mon Maître.
_Mais le Chancelier ? En cas d'attaque du chef d'état, l'Ordre 7 stipule que la protection...
_Goma, le Chancelier n'a pas besoin de protection pour l'instant, crois-moi ! lui dit-il en se frayant un chemin dans des rues labyrinthiques, qui devinrent bientôt des ruelles de plus en plus sombres.
Aran n'écoutait que les courants de la Force pour se guider, et poursuivait son chemin sans jamais hésiter, tournant abruptement à chaque croisement, et repartant de plus belle à une vitesse impressionante. Goma avait du mal à le suivre à cette allure.
Tout à coup, ils s'arrêtèrent au croisement d'une ruelle, le Jedi aux aguets.
Et enfin il le vit. Une tâche floue sur le sol, dans un renforcement sombre. Sa présence dans la Force était comme toujours unique, mais désormais évanescente.
_Maître !
Le Jedi se rua jusqu'à l'homme au sol, et le retourna. Il était inconscient, et son visage était inanimé, comme celui d'un mort. Une de ses mains avait été... tranchée.
_Est-ce qu'il est toujours... ?
_Il respire. Il faut qu'on l'emmène au Temple immédiatement.
Goma ne protesta même pas, sachant qu'Aran ne changerait pas d'avis. Il activa son comlink pour dépêcher un LAAT/i jusqu'à leur position, lorsqu'Aran l'en empêcha.
_Non, on part maintenant, à pied. Si les Services de Sécurité ne sont pas intervenus tout à l'heure, je doute que quiconque puisse intervenir pour un sauvetage ici.
_Général...
_C'est une intuition, c'est tout. On fait le chemin à couvert, pas de contact avec l'extérieur, compris ?
Goma le regarda un long moment et acquiesça.
_Ok, alors on y va mon Général.
Et il se pencha vers Windu et le prit sur ses épaules.
_Voilà, comme ça vous ouvrez la marche, lui dit-il, et moi je fais la baby-sitter.
Aran réussi à lui faire un pâle sourire reconnaissant, puis il se mirent en route vers le Temple.
Durant tout le trajet, les deux hommes n'échangèrent pas un mot, Aran étant trop inquiet, son esprit entièrement tourné vers son Maître, et Goma, bien au fait de son inquiétude, préférant ne pas l'augmenter en commentant la situation.
À mi-chemin, le comlink de ce dernier bipa.
Mais il ne prit même pas le temps de ralentir pour prendre la communication.
Il mit l'appel en attente.
Et continua à courir.
Après de longs moments, ils débouchèrent enfin sur la large place du Temple.
Où y régnait le chaos.
IV
Du majestueux édifice dédié à l'Ordre Jedi se dégageait un enfer de flammes et de fumée. De l'intérieur du bâtiment, on entendait résonner des tirs de blasters et des cris s'élever dans la nuit, perçant le vacarme assourdissant de l'incendie.
_C'est impossible... murmura le Jedi, anéanti.
_Général, lui dit Goma, il nous faut un véhicule d'extraction. Maintenant.
Aran se retourna vers lui, et le clone fut abasourdi. Pendant un long instant, figé hors du temps, il se vit lui. Lorsqu'il était sur Kamino. Lorsqu'il était encore un enfant. Et que les cloneurs, avec leur long cou effrayant, menaçaient d'emmener les plus récalcitrants d'entre-eux à l'extérieur, sous les orages, et de les jeter dans la mer déchaînée, afin d'en faire un cruel exemple. Et malheureusement, les enfants comprenaient mieux avec des exemples...
Aran était redevenu comme cet enfant. Apeuré, dans le chaos, loin des siens, impuissant à les sauver et à se sauver.
_Général, lui dit doucement Goma. Il faut s'en aller.
Aran se détourna et avança vers le Temple, obnubilé par la vision fantasmagorique qui s'offrait à son regard baigné de larmes.
_Je...
Un tir de blaster fusa depuis l'entrée, frôlant le Jedi à la tête. Il n'avait même pas réagi. Ce que Goma ne manqua pas de noter.
_Général, à terre !! lui hurla-t-il.
Mais le Jedi ne bougeait pas. Goma déposa aussi délicatement et rapidement que possible son fardeau, et se rua pour plaquer le jeune homme au sol.
Ce qu'il ne put jamais faire.
Un deuxième tir, mieux ajusté celui-là, souffla la tête du Jedi.
Pendant un instant, il resta comme suspendu dans les airs, sa silhouette sombre se détachant sur les flammes, avant de s'écrouler sans un bruit.
Goma fit instantanément volte-face, et courut ventre à terre se saisir de Windu, le hissa en un mouvement incroyablement rapide sur ses épaules, et se mit à courir de toutes ses forces pour gagner les ruelles sombres qui s'ouvraient devant lui.
La priorité : trouver un véhicule pour se mettre à l'abri, hors de portée, et aviser ensuite. Goma modifia l'affichage de son HUD et une carte du quadrant apparut en surbrillance. Il recherchait le dock le plus proche et en trouva un, juste un niveau en dessous du sien. Il suivit le chemin indiqué et se retrouva sur la baie, déserte. Quelques speeders étaient encore garés ça et là, Goma se dirigea vers le seul ayant un habitacle fermé. Arrivé près du véhicule, il introduisit dans le lecteur une clé magnétique, qui ronronna un instant, puis déverrouilla la porte. Il déposa doucement le corps inanimé de Windu à l'arrière.
Assis derrière les commandes, Goma relâcha enfin toute la pression qui l'habitait. Il ne réalisait pas ce qui venait de se produire, et ne comprenait pas pourquoi ses mains tremblaient sur les leviers du véhicule.
Un bip familier retentit. Son esprit reprit le dessus. La com. Toujours en attente. Avec le Jedi sur le dos, il n'avait même pas eu le temps de s'arrêter pour en prendre connaissance.
Machinalement, il sortit le comlink de sa poche et l'activa.
La figure de Palpatine, métamorphosée, apparut et déclara : Exécutez l'Ordre 66.
Puis sa paume redevint noir, et la petite cabine fut plongée dans l'obscurité, laissant le clone seul avec ces mots résonnant dans sa tête. Il prit son DC dans les mains. Les larmes qui glissaient sur ses joues lui laissaient un goût amer.
Ça n'aurait rien changé de toute façon. Rien.
Il cherchait à s'en convaincre alors qu'il glissait le canon de son arme vers la tête du Maître Jedi. Celui-ci, alors, ouvrit les yeux, pour voir venir la mort.
Et un nouvel espoir s'alluma au cœur de l'obscurité.
Puis sa paume redevint noir, et la petite cabine fut plongée dans l'obscurité, laissant le clone seul avec ces mots résonnant dans sa tête.
Et Il voyait par cette image qui flottait encore devant ses rétines toute l'amertume, toute la colère, toute la tristesse que lui renvoyait cette ironie du sort. C'est par cet ordre, l'ordre de tuer un ami, qu'il aurait pu le sauver. Tout lui dire et le mettre en garde. Trop tard. Juste trop tard. Goma se retourna, regarda Windu. Et il savait maintenant quel était son but. Le sauver, lui, à tout prix.
Mais lorsqu'il vit que sa poitrine ne se soulevait plus, il comprit que la mort ne voulait rien négocier ce soir.
Il découvrit alors sous lui un océan sombre en furie à perte de vue. Le vaisseau effleura la surface de l'eau, parsemée de blocs de glace, dérivant à la surface de vagues effrayantes. Il plana un moment sur place puis se posa sur l'eau mouvante. Il en sortit un homme en armure blanche, comme un fantôme dans l'immensité déchaînée, qui tenait dans ses bras un corps, enroulé dans une étole brune. Il se pencha, plongea le corps dans l'eau, et le regarda sombrer lentement dans les profondeurs noires, avant d'être recouvert par les tourbillons de vagues et d'écumes.
Puis le fantôme sauta, par le hublot de la cabine, pour se poser sur le radeau de glace qui se trouvait tout près du vaisseau. Très vite, il fut emporté par les vagues et il se perdit, dans l'obscurité, et le lointain.