Salut à tous !
Après une longue période d'attente, voici la première partie du chapitre 2. Certes elle est courte et j'aurais pu avoir le temps de tout faire mais le recueil a pris plus de temps que prévu. Rassurez-vous, je vais essayer de reprendre une cadence plus acceptable (pas de post en plus d'un mois tout de même

). Enfin, bref : bonne lecture à tous

EDIT du 16/06 : postant les modifications apportées au chapitre, j'ai tout rassemblé en un seul post, ça sera plus pratique pour tous je l'espère.
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Chapitre 2 – Marteau Tyrénien, phase 1Cinnagar, avenue de l'Unification. Koros MajorMonde hautement urbanisé, Koros Major est l'une des rares planètes du Noyau Central à pouvoir rivaliser avec le Centre Impérial en termes d'architecture et de commodités offertes aux habitants. Le visiteur arrivant au Centre Impérial depuis Koros Major remarquait rapidement les différences entre les deux mondes : la ville de Cinnagar recouvrait une grande partie de sa planète mais sans atteindre le niveau d'urbanisation de l'ex-Coruscant. De plus, les origines d'une grande partie des bâtiments remontaient à la reconstruction qui avait suivi le chaos de la Grande Guerre de l'Hyperespace, d'où une architecture plus classique, plus ancienne, mais beaucoup plus intéressante - esthétiquement parlant - que les griffes-ciels de permabéton et de transparacier de la capitale impériale. Un plan plus intelligent avec de nombreux espaces verts, de grands magasins et des musées n'ayant rien à envier à la métropole galactique... Cinnagar était une capitale régionale dynamique grâce aux revenus des mines de carbonite et à la Guilde des Navigateurs. Une cité où il faisait bon vivre, une ville où les hommes d'affaires pouvaient travailler dans un cadre idyllique, tels étaient les slogans proclamés par les guides touristiques.
L'avenue de l'Unification, elle, n'était autre que la grande rue de la capitale. Baptisée ainsi cinq millénaires auparavant, en hommage au regroupement des sept planètes habitables du système en un empire dépendant du gouvernement galactique. Les plus grands magasins s'y trouvaient, les habitants les plus riches y habitaient, les stars et autres personnalités de la région venaient y parader... En résumé : un lieu touristique incontournable. Et aussi un bon moyen pour le sergent Miren et ses coéquipiers de justifier leur couverture d'antiquaires arrivant dans la région (ce qui était la stricte vérité d'ailleurs) et qui flânaient en attendant leur rendez-vous. Ils avaient pris contact avec le Hutt à leur arrivée au spatioport et obtenu une entrevue sans difficulté. Ayant quelques heures à patienter, Sanaz avait proposé à Jia et Derek de faire un peu de tourisme, Ashoka se portant "volontaire" pour garder le vaisseau. Pour se justifier, il précisa que les moteurs avaient besoin d’être inspectés. Cela ne trompa personne car, malgré les indéniables talents de mécanicien d’Ashoka, il préférait passer son temps devant un terminal informatique ou à zapper sur l’Holonet. Après une visite au musée des Arts Aldéraaniens et un déjeuner au Club Corellia, qui fit faire la grimace à Derek : il était né sur Tanaab et sa gastronomie “natale” n’était que peu à son goût, ils s'étaient retrouvés à déambuler sur l'avenue de l'Unification avant de se rendre à l’entrevue. Près d'eux, ils virent une borne holographique branchée sur une chaîne d'informations de l'Holonet. Le reportage qui y était diffusé retint leur attention :
« Concernant la sécession des planètes du secteur Boreo-Tyrénien, le porte-parole de l'Empereur Palpatine a déclaré ce matin que – je cite – 'la situation est actuellement sous contrôle et l'Empereur espère trouver au plus vite un règlement pacifique à cette affaire afin que les habitants du secteur puissent de nouveau bénéficier de l'aide impériale.' Interrogé au sujet des rumeurs – non confirmées – selon lesquelles un haut responsable de l'Ubiqtorate aurait ordonné la coupure des transmissions Holonet avec les planètes concernées et qu'un blocus militaire serait actuellement en cours, le porte-parole a nié ces rumeurs 'sans fondements' et a rappelé que la politique impériale n'autorise l'usage de la force qu'en dernier recours. Il a aussi ajouté que 'la présence de nombreuses anomalies stellaires dans cette région du Noyau Central entraîne d'importantes difficultés techniques pour les transmissions Holonet, difficultés qui sont sans doute à l'origine des problèmes rencontrés par certains usagers.' C'était Tev Dorik en direct du Sénat Impérial pour la
Tribune Impériale. »
Les studios reprirent la main et passèrent au championnat intergalactique de zoneball où Corellia dominait toujours le classement, tandis que le Centre Impérial et Corulag se disputaient âprement la deuxième place. On parlait aussi de l'équipe de Yaga Minor qui montait en flèche dans le classement grâce à de nouveaux talents recrutés dans la région. Derek ne se pria pas de couvrir de louanges les joueurs phares de l’équipe en tête du classement et de s’en vanter auprès d’Etosa / Ashoka qui supportait plutôt l’équipe de Brentaal, actuellement à la limite de la rélégation.Le précédent reportage n’était pas passé inaperçu car, à quelques pas de Sanaz, un père de famille accompagné de son épouse et de ses trois enfants lâcha à haute voix :
« Difficultés techniques, mon œil ! C'est comme pendant la Guerre des Clones : Isard leur a coupé l'Holonet parce qu'ils ont voulu faire cavaliers seuls. Superbe idée de nos inestimables dirigeants, comme si ça allait les faire réfléchir. Et puis 'n'utiliser la force qu'en dernier recours', pff. Ils feraient mieux d'admettre que l'idée est de tirer d'abord pour ne pas avoir à poser de questions ensuite. Bravo Palpy ! »
A ces mots, le visage de la femme se décomposa tandis qu'elle entraînait son mari et ses enfants le plus loin possible de la borne d'informations, espérant que personne n'avait entendu ce monologue passionné. Il n’en fut rien car une patrouille de la police locale, se trouvant non loin, les accosta. Parmi les policiers, Sanaz identifia un homme du contre-espionnage. La discussion fut brève et les forces de l'ordre emmenèrent l'homme, malgré les supplications de son épouse et les pleurs de ses enfants. Devant un tel spectacle, Sanaz voulut intervenir mais une main la retint : c'était Derek, qui hocha négativement la tête. Elle comprit instinctivement le message : celà ne valait pas la peine de détruire leur couverture. Jia n'avait pas bougé, interdite. Finalement, Sanaz jura et entraîna le petit groupe dans une rue transversale. Après s'être assurée qu'ils étaient seuls, elle s'insurgea :
« Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ? On n'arrête pas les gens dans la rue juste parce qu'ils n'apprécient pas les décisions du gouvernement !
- Devant une telle situation politique, élever la voix contre l'un de nos dirigeants peut être assimilé à une tentative de diffamation du régime et ça donne autorité à la police et au contre-espionnage pour intervenir. Vous le savez aussi bien que moi, chef, la sermonna Derek.
- Mais c'est idiot ! Ce type n'est pas un révolutionnaire ! Il a une famille et... et....
- Mais c'est la loi, chef. Allez, haut les cœurs : si il est innocent, il sera de retour chez lui pour le dîner, la rassura le petit natif de Tanaab.
- Oui, il a sûrement raison », approuva Jia sans vraiment avoir l'air d'y croire.
La jeune femme était choquée par ce spectacle mais préféra ne rien en dire. Elle avait été élevée en digne fille de l’Ordre nouveau, elle avait cru aux messages pacifiques du gouvernement et en un instant, les fondations de ses convictions venaient d’être ébranlées. C’était un peu plus facile à accepter pour Derek car il avait eu vent d’histoires à propos d’agents du contre-espionnage trop zélés ; il se contenta de baisser le regard. Sanaz, elle, songeait à ce jour où des agents du BSI étaient venus arrêter une famille rodienne dont l’un des enfants était accusé d’avoir frappé et injurié l’un de ses camarades – humain – à l’école. Des bruits selon lesquels l’enfant agressé était en fait le fils d’un officier du BSI avaient ensuite courus. Que dire aussi du sort réservé à son propre père ?
Sanaz acquiesça silencieusement aux paroles de Derek et se reprit : ils avaient une mission à accomplir. Cette scène l’affecta bien plus qu'elle ne voulait se l'avouer ou le laisser paraître. Quel piètre officier elle faisait ! Elle venait d'échouer dans le contrôle de ses émotions lors d'une mission sous couverture. Pas vraiment une preuve de compétence. Elle ne voulait pas que sa hiérarchie regrette d'avoir accepté sa promotion et elle désirait montrer ses capacités à assurer un commandement sur le terrain. Jusque-là, tout ce qu'elle avait fait qui s'en approchait le plus c'était sergent par intérim lors de deux engagements militaires, dont un qui avait failli se solder par un désastre. Sans oublier les préjugés impériaux à l'égard des non-humains. Elle avait donc du travail en perspective pour se faire accepter. « Allez ma fille, en selle », se dit-elle, songeant aux motospeeders qu’elle avait pilotés durant son adolescence sur Kuat et plus tard au Centre Impérial.
Après avoir consulté sa montre, elle se rendit compte que l'heure du rendez-vous approchait et elle prit la tête du groupe. Leur détour par la ruelle transversale les avait cependant éloignés de leur chemin et ils eurent un peu de mal à s’orienter dans le labyrinthe de ruelles bordant l'avenue de l'Unification. Après une dizaine de minutes d'errance, Sanaz se rendit compte que les autres n'étaient plus avec elle. Elle allait les contacter par comlink lorsqu'elle entendit du bruit derrière elle. En se retournant, elle constata qu'il s'agissait d'une mendiante assise dos contre le mur. Visiblement, elle ne voyait pas grand monde passer par ici car elle entama la conversation :
« Jeune fille, vous n'auriez pas un crédit en trop pour la pauvre vieille Rima ? »
Elle voulut l'ignorer mais l'autre s'était entêtée dans son idée et tentait de se relever, exploit qu'elle aurait du mal à accomplir au vu de son grand âge, révélé par les nombreuses rides et les cheveux blancs agglutinés en mèches crasseuses.
« Tenez vieille femme, lui dit-elle en lui fourrant une barre de céréales entre les mains.
- Merci ! Merci ! Vous sauvez la pauvre vieille Rima ! Pauvre vieille Rima ! Encore merci mademoiselle...
- Zara, répondit-elle.
- Mille fois merci, Zara »
La mendiante en avait presque les larmes aux yeux et se mit à dévorer la nourriture qu'on lui avait offerte. La barre fur engloutie en un éclair et la vieille Rima leva la tête pour examiner sa bienfaitrice, sourire béat aux lèvres.
« Pour vous remercier... oui la vieille Rima peut vous remercier. Donnez votre main. »
Avant que Sanaz ait pu réagir, la mendiante lui saisit la main droite pour l'examiner avec un intérêt non dissimulé, son index squelettique suivant les lignes de la paume de la jeune Zabrak.
« Oui, une jeune Zabrak qui voudrait tellement ne pas l'être. Elle est avec le vieux despote mais sans l’être. Hmm, qu'est ce que c'est ? Ooooh oui... lui, qui a trahi par deux fois, ses amis et ses chefs. Peut-être trahira -t-il encore ou sera -t-il trahi... »
Guère rassurée par cette diseuse de bonne aventure, Sanaz réussit à lui faire lâcher prise.
« Vous ne voulez pas que la vieille Rima vous parle ? Zara ne veut pas connaître son avenir... ou son destin ? », interrogea la mendiante dans un sourire révélant une rangée de dents pourries.
Sanaz cherchait une réponse appropriée pour battre en retraite quand, fort heureusement, Jia et Derek arrivèrent. Elle les rejoignit, trop heureuse de cette distraction pour remarquer que Rima l'observait intensément, sourire aux lèvres.
« Bon, qu’est-ce qui vous a pris si longtemps pour arriver ? interrogea Sanaz.
- On ne vous voyait plus alors on a pris une rue au hasard, mais ce n’était pas la bonne, répondit Jia.
- Ouais, et bien tu aurais pu quand même regarder où était partie la chef, au lieu de bailler aux corneilles ! la critiqua Ashoka.
- Quoi ? Tu aurais pu m’aider aussi, au lieu de regarder ces étudiantes rentrer dans le bar !
- Quelles étudiantes ? Quel bar ? Je couvrais nos arrières,
moi.
- Bon, vous avez fini de vous chamailler, tous les deux ? » les interpella la Zabrak.
Stoppés net dans leur élan, les deux humains prirent un air gêné et suivirent Sanaz qui se dirigeait à grand pas vers la station de speeder-bus la plus proche.
***
ISS Retaliator
, quelque part dans l'hyperespaceLe vaisseau arriverait à destination d'ici quelques heures, aussi les hommes se reposaient-ils en attendant l'appel aux postes de combat et le premier engagement qui s’ensuivrait. Les officiers faisaient de même : quand l'amiral passa devant la cabine du commandant en second, il entendit une mélodie venant de l'intérieur. Il en avait déjà discuté avec son auteur autour de la table du carré des officiers : les hommes qui ne sont pas de quart doivent bien s'occuper l'esprit d'une manière ou d'une autre. Etudier l'Histoire, un langage, l'art... Alors pourquoi pas la musique ?
Le premier lieutenant Obré était différent d'autres mélomanes, de par son instrument. Ce n’était pas une quelconque machine produisant un bruit électronique mais d'un vieil instrument à cordes fabriqué en bois précieux. Pour en jouer, il fallait le caler entre l'épaule et le cou, puis manier un bâton auquel était fixée une mince cordelette. Les officiers étaient enthousiastes à l'idée de voir l'un de leurs pairs jouer de cet instrument, surtout depuis que le chirurgien en chef du bord avait acquis un instrument similaire, mais aussi grand qu'un humain moyen. Ce qui frappait le plus Waldemar, n'était non pas la dextérité artistique du commandant en second, mais ses compétences martiales. Il savait qu'il irait loin. Un jeune officier prometteur, l'amiral en avait tellement vu et surtout cet élève si particulier... C'était il y a si longtemps maintenant.
***
Les deux camps étaient sur la défensive et chacun des opposants savait que la partie touchait à son terme : le premier qui commettrait une erreur aurait perdu. Le joueur blanc, officier animé par la fougue de la jeunesse, possédait un net avantage en matériel mais se trouvait curieusement sur la défensive suite aux coups subtils de son opposant, malgré les pertes subies par ce dernier. Face à la formation défensive des blancs - appelée "roque" par les joueurs d'holo-échecs – se tenaient un Fou, un Cavalier et une Dame noirs, respectivement aux coordonnées f3, f4 et g4. Pour défendre son Roi, outre les trois Pions et la Tour du roque, les blancs disposaient d'un Fou en g3, d'une Dame en e1 et d'un Cavalier en e4. Les autres pièces, noires ou blanches n'interviendraient pas : tout se jouait en un unique point de l'échiquier. Le plus dangereux pour le joueur blanc était qu'il n'avait pas l'initiative : c'était aux noirs de jouer.
« Dame en h3 », déclara le commodore Waldemar.
Le capitaine de vaisseau Trevelyan Phanteras n'hésita pas : son roi était directement menacé, il devait frapper fort.
« Pion de g2 vers h3. Prise de la Dame », annonça- t-il.
Il avait à peine annoncé son coup qu'il comprit : avant même que son adversaire n'ait avancé sa Dame, il avait déjà perdu. La suite fut logique et impitoyable :
« Cavalier de f4 en h3. Prise du Pion. »
Puis la conclusion :
« Échec et Mat, capitaine. »
Effectivement : le Roi menacé par le Cavalier ne pouvait aller de g1 qu'en g2 ou h1, cases contrôlées par le Fou noir placé en f3. Il avait perdu, et ne décela aucune jubilation chez son adversaire : il avait gagné, c'était cela qui comptait.
« Tu t'es bien défendu, Trevelyan, constata Waldemar. ce qui t'as perdu c'est ton manque de réaction face aux pièces que j'ai pu amasser devant ton roque. Si tu avais compris plus tôt, tu aurais pu éliminer le Fou et empêcher l'estocade finale. Souviens-toi : ne laisse en aucun cas l'adversaire prendre l'initiative. Il n'attaquera jamais une position bien défendue sur un coup de tête ; donc chacun de ses mouvements fait – dans une telle situation – partie d'un plan préétabli . Si tu élimines l'une de ses unités, son plan s'en trouvera affecté. Garde cela à l'esprit, Trevelyan.
- Oui, commodore.
- Ton examen final est pour bientôt, avec un nouveau commandement à la clé. Veux-tu éclaircir certains points ?
- Et bien...***
Un élève brillant qui avait beaucoup appris de son professeur. Maintenant, enseignant et étudiant allaient de nouveau s'affronter : une position bien défendue contre des attaquants dispersés. A l'assaut du roque, une nouvelle fois, avec des enjeux bien plus élevés...
***
Siège des chantiers Aarrba, Koros Major.« Mon Maître, le très estimé Maarba, vous souhaite la bienvenue », annonça solennellement le droïde protocolaire argenté.
« Nous sommes heureux de faire la connaissance du président-directeur général des chantiers Aarrba et nous le remercions du temps qu’il veut bien nous accorder, répondit Sanaz en s’inclinant, imitée par ses compagnons.
- Mon Maître désirerait savoir quel est le genre exact d’antiquités à votre disposition.
- Et bien… Si vous le permettez », déclara Sanaz en désignant un holoprojecteur au centre de la pièce richement décorée qui servait de salle de réception à Maarba.
Le Hutt opina du chef et Sanaz introduisit un holodisque dans la machine. Jusque-là restée en retrait, Jia vint se poster près du clavier et fit défiler les représentations tridimensionnelles des différents objets proposés à la vente. Zara/ Sanaz s’occupa des commentaires :
« Nous disposons d’un certain nombre de poteries d’origine ithorienne », commença-t-elle.
Maarba eut une moue de dégoût.
« De riches vases en cristal taillé de la Haute Epoque Alderaanienne, de superbes sculptures figuratives – à mon avis, l’abstrait n’est bon que pour les musées avant-gardistes. Des estampes décrivant de nombreux sujets parfois… heu… osés », récita-t-elle en rougissant à la vue d’une peinture suggestive.
Le Hutt émit un borborygme sonore ressemblant vaguement à un ricanement, que son droïde s’empressa de traduire :
« Mon Maître serait intéressé par certaines de vos estampes et peut-être une sculpture. Il demande aussi si vous disposez d’autres pièces en stock.
- Nous pouvons effectivement proposer d’autres produits. Il s’agit d’une panoplie de vibro-lames echanis et de blasters mandaloriens. Peut-être désireriez-vous aussi jeter un œil à notre collection spéciale ? »
Maarba approuva et, bientôt, Sanaz présenta les fameux artefacts que le Dévaronien Jii’Maahtt Vrahrk avait pu admirer quelques temps auparavant. Le regard de leur interlocuteur se fit à la fois avide et impressionné devant l’ancien sabre-laser ainsi que les holos de la carcasse du droïde de combat et de l’autel. Il cligna même des yeux devant cette dernière pièce. Puis il partit dans un rire tonitruant qui secoua ses innombrables plis de graisse à la façon des rides formées à la surface de l’eau par la chute d’une pierre. Une fois Maarba calmé, Sanaz interrogea le droïde :
« Je vous demande pardon, mais… serait-il indiscret de vous demander la cause de cette hilarité ? »
A la grande surprise des occupants de la pièce, ce fut le Hutt qui répondit dans un basic correct :
« Tout simplement que vous avez un sacré sens de l’humour pour venir me proposer ça de nouveau ! et il s’esclaffa à nouveau..
- Je ne comprends pas… Il s’agit là d’une pièce unique que vous ne trouverez nulle part ailleurs.
- Vraiment ? Dans ce cas, vous pourrez certainement m’expliquer pourquoi deux humains se disant archéo trucs ou je ne sais quoi sont venus me proposer le même autel il y a plusieurs mois. Je m’en souviens comme si c’était hier : ils avaient tout comme vous insisté sur la rareté de ce bloc de pierre, mais je n’en aurais pas vraiment eu l’utilité, alors je les ai envoyés promener.
- Le même ? Dans ce cas, peut-être notre source d’approvisionnements est-elle compromise…, répondit la Zabrak, l’air songeur. Auriez-vous leur carte de visite ? Il s’agit certainement de concurrents que nous devrions tenir à l’œil.
- Bien entendu. J'ai moi-même eu quelques "difficultés" avec la concurrence par le passé. Heureusement, elles sont aujourd'hui résolues. »
Le Hutt appuya ses paroles par un nouveau rire qui les fit frissonner. En même temps, il fouillait ses énormes replis graisseux à la recherche de la fameuse carte et finit par la sortir d'un d'entre eux.
« Il les utilise comme des poches… », songea Sanaz, dégoûtée.
Au moment où elle attrapa prudemment l'objet du bout des doigts, le tenant le plus loin possible d'elle, Derek déglutit et Jia réprima péniblement un haut-le-corps. Finalement, le droïde reprit la parole :
« Mon Maître désirerait faire l'acquisition d'estampes et de sculptures. Il vous enjoint à vous asseoir confortablement afin d'entamer les discussions à ce sujet. »
***
Rues de Cinnagar, non loin du siège des chantiers Aarrba, Koros Major.« Et bien, lança Derek à la cantonade, pour une fois que notre interlocuteur ne passe pas son temps à admirer votre poitrine, chef ! »
L'intéressée s'éclaircit la gorge et fronça les sourcils pour faire comprendre à son "associé" qu'il y avait des limites à la plaisanterie. Un sourire candide lui répondit.
Un silence gêné s'instaura pendant quelques pas jusqu'à ce que Jia intervienne :
« Alors ? Quelle est la suite du programme ?
- Nous allons rendre une visite de courtoisie à nos "concurrents" je pense. Ce n'est pas très loin d'ici en plus. Par contre, ce sera seulement Reddy et moi : tu rentres au vaisseau, Jaan. Quelqu'un doit bien tenir compagnie à notre chef mécanicien pour éviter qu'il ne tente de nous concocter une nouvelle recette de Talfaglio.
- Bon d'accord, d'accord, répondit Jia/ Jaan, visiblement dépitée.
- Hmm patron, puisque nous serons seuls, pourquoi ne pas en profiter pour… prendre un verre ? Nos chers concurrents peuvent bien attendre, pas vrai ?
- Quoi ?! Et les empêcher d'"admirer ma poitrine" ?, fit-elle en imitant Derek. Quelle honte, tu ne crois pas ? Allez, ne décevons pas ces pauvres garçons. »
Sur ce, ils se séparèrent et partirent chacun de leur côté. Sanaz et Derek se demandaient en leur for intérieur si leurs futurs interlocuteurs étaient bien les scientifiques renégats qu'ils étaient chargés de retrouver. Ils l'espéraient tout en redoutant ce qui se passerait lorsqu'ils leur feraient face. Se rendraient-ils ou choisiraient-ils de défendre chèrement leur vie comme tant d'autres personnes rattrappées par les forces impériales ? Etant cependant formés à ce genre d’éventualité, ils reprirent vite confiance.
***
Siège des chantiers Aarrba, Koros Major.Le petit groupe était parti depuis quelques minutes et Maarba, après avoir congédié le droïde, s'était replongé dans la consultation des tableaux détaillants les activités de sa société au cours des trois derniers mois. Malgré les restrictions sur la circulation des personnes, mises en place par l'Empire au sein du Noyau Central, les affaires se portaient plutôt bien. Satisfait que ses propres calculs du résultat net sur le premier mois correspondent à celui annoncé par le rapport, Maarba allait s'attaquer à la suite quand un bruit de pas l'arracha à sa comptabilité. Il leva les yeux pour apercevoir un être vêtu de noir, le visage masqué par une grande cape, noire elle aussi. Maarba l'interrogea en huttese :
« [Vous avez tout entendu, je suppose ?]
- Oui, grâce aux judas, répondit une voix froide et désincarnée.
- [Comme vous avez dû l'entendre, je les ai envoyés à l'adresse que vous m'avez donnée. Et je suppose que je ne les reverrai pas de sitôt, non ?]
- Exactement. J'espère pour vous que le prix que je vous ai offert en compensation des services fournis pour la "réception" des précédents visiteurs vous convient. En ce qui me concerne, nous ne nous sommes jamais rencontrés. »
Le Hutt accueillit ces paroles d’un rire tonitruant, accompagné cette fois-ci de postillons. Son interlocuteur ne broncha pas, et une fois calmé, Maarba déclara :
« [Pas d'inquiétudes, mon cher "associé" ! Je ne vous ai jamais vu et ces personnes ne sont jamais rentrées dans ce bâtiment. Tout de même, qu'y a-t-il de si important dans ce que les deux premiers visiteurs ont ramené de cette planète ?]
- Rien d'important, quelques babioles tout au plus », mentit l'être vêtu de noir. Sa voix s'était faite encore plus froide et menaçante. Maarba déglutit péniblement.
« [Peut-être vaudrait-il mieux que je prenne quelques vacances ?]
- Excellente idée, approuva son interlocuteur tout en se dirigeant vers la sortie. Et ne vous inquiétez pas : j'honore toujours mes engagements. A vous d’en faire autant. »
Sur ce, il quitta la pièce, laissant Maarba méditer sur la menace implicite contenue dans ces paroles.
***
Une friche industrielle de Cinnagar, Koros Major.L'adresse indiquée par Maarba se trouvait dans un quartier industriel de la capitale plus ou moins déserté par ses occupants et en attente d'être reconverti. Partout, ce n'étaient qu'usines abandonnées, entrepôts en ruines… Les murs étaient couverts de graffitis, le sol jonché de détritus. Les deux faux antiquaires furent heureux de ne rencontrer personne en chemin, car dans un tel quartier, on ne pouvait guère faire que de mauvaises rencontres : parias avides de vengeance envers une société qui les avait abandonnés, criminels de tous poils, policiers à la gachette facile…
Sanaz et Derek finirent par arriver au numéro recherché : un vieil immeuble de bureaux surplombant un entrepôt en tout aussi mauvais état. L’endroit avait connu des jours meilleurs : pas une seule fenêtre n'était intacte, les murs de permabéton bon marché étaient couverts de salissures et attaqués par la pollution. Une rafale de vent vint agiter des lambeaux de tissus qui avaient dû être être des rideaux à une époque reculée. Des volatiles prirent leur envol par un trou dans le toit de l'entrepôt.
« On ne peut pas dire que ça grouille d'activité dans le coin, remarqua Derek.
- Non, pas vraiment, répondit la chef de mission en réprimant un frisson intérieur. J'ai comme un mauvais pressentiment, là. »
Derek ricana avant de commenter :
« Venant de la part de mon chef, je crois que je ferais bien de m'inquiéter. Mais, à mon humble avis, c'est une fausse piste : il n'y a personne ici.
- Tu as certainement raison, mais puisque nous avons fait l'effort de venir ici, autant nous en assurer pour de bon. Allez, au travail. »
La porte n'était par fermée, aussi purent-ils commencer la visite d'une construction dont l'aspect intérieur égalait - voire surpassait - l'extérieur. Aucune trace d'un passage récent d'êtres vivants dans le coin, insectes et volatiles exceptés. Après avoir inspecté les trois étages de bureaux, ils passèrent à l'entrepôt. Leurs narines furent aussitôt assaillies par une odeur nauséabonde tandis que plusieurs petits mammifères charognards fuirent à leur approche.
Tentant de se protéger au mieux de l'odeur en se bouchant le nez, ils ne mirent pas longtemps à découvrir la source de cette puanteur : deux corps d'humains à moitié décomposés.
« Et moi qui croyais que la visite des banlieues désaffectées n'aurait aucun intérêt, grommela Derek.
- Arrête ton speeder, d'accord ? lui intima la Zabrak.
- D'accord, d'accord, fit-il en se penchant sur les cadavres pour mieux les examiner. Tu vois quelque chose de particulier ? demanda-t-il à Sanaz.
- Rien d'identifiable surtout… Les vêtements ont l'air ordinaire et on leur a fait les poches. Plus de mains ni d'yeux… Même les dents sont trop pourries pour qu'on puisse en faire tirer quelque chose par un laboratoire.
- Ah, dommage. Par contre, le mien à quelques jolies traces de brûlures sur le torse, ce qui reste du visage et l'abdomen.
- Pareil ici. Ça pourrait être tout aussi bien nos "concurrents" que deux membres d'un gang exécutés par des rivaux, ou encore des gens normaux. En fait, ça pourrait être n'importe qui.
- Génial. Bon, puisqu'il n'y a rien d'autre ici, je suggère qu'on rentre au spatioport. »
Sanaz allait répondre quand une voix aux intonations menaçantes se fit entendre :
« Vous savez, je pense que c'est une mauvaise idée. Vous feriez mieux de ne pas bouger et de lever lentement vos mains. Ah, et n'essayez pas de jouer les héros, je ne suis pas seul. »
A ces mots, Sanaz jura intérieurement, furieuse de s'être fait avoir comme une débutante et encore plus de n'avoir emporté aucune arme.
***
Système Boreus, secteur Boreo-Tyrénien.Levant les yeux de sa console, le militaire regarda à travers la baie de transparacier. Les étoiles brillaient, imperturbables, tandis que les stations de défense, comme celle où il se trouvait affecté en tant qu'opérateur senseurs, continuaient leur mission : surveiller l'unique couloir hyperspatial reliant le secteur au reste de la galaxie. Droit devant lui, à bien des années-lumières de là, se trouvait le système Tétan mais aussi - certainement - la flotte impériale envoyée pour mater leur "insurrection". La population du secteur connaissait les risques encourus, à plus forte raison les membres des forces de défense car aux yeux de l’armée impériale, ils étaient des déserteurs.
L'homme savait aussi que si ils tenaient bon ici, en bordure du système Boreus, alors leur rêve de vivre en paix loin du tumulte de la galaxie et de la tyrannie du pouvoir central se réaliserait. Un rêve partagé par tout un peuple. Un rêve qui en valait la peine. Vivre dans ce paradis reculé sans gêner personne, sans rien demander au reste de la galaxie.
Laissant échapper un soupir, il repensa une dernière fois à sa famille sur Mestag IV et à sa fiancée avant de se repencher sur ses senseurs.
Dans chacune des cinq stations de défense positionnées en quiquonce à l'entrée du corridor hyperspatial, les hommes d'équipage partageaient des pensées similaires et la même détermination. Les impériaux ne passeraient pas ! Ils pouvaient compter sur les sept vaisseaux qu'on leur avait assignés comme couverture ainsi que sur le reste de la flotte, répartie dans tout le secteur.
On avait coutume de dire que la volonté farouche de gagner était pour moitié dans la victoire. Si c’était vrai, il ne leur restait plus beaucoup de chemin à accomplir pour l’emporter.
Des bips retentirent soudain sur la console de l'officier et sur celles de ses homologues dans les autres stations. S'emparant de son micro, il contacta le PC :
« Passerelle, ici senseurs. Contacts multiples en hyperespace devant nous. Désignation Sierra 1 à 7. Les mesures indiquent un groupe de vaisseaux de fort tonnage. Estimation du délai avant réintégration de l'espace normal : environ six minutes. »
L'alerte générale fut sonnée dans tout le système et les hommes coururent en bon ordre à leurs postes de combat. Les radars de tir et autres instruments de détection passèrent de "veille" à "actif" tandis que les rares tourelles ne se trouvant pas en position pivotèrent sur leurs axes pour se braquer sur le point d'arrivée estimé des vaisseaux inconnus.
Cinq minutes avant l'arrivée.
Les ordres ayant été donnés et exécutés, les hommes, du matelot de seconde classe au commandant de la zone, purent commencer à ronger leur frein en attendant l'irruption de l'adversaire.
Quatre minutes.
Nouvelle vérification des boucliers déflecteurs et des stocks de munitions.
Trois minutes.
Deux destroyers de classe
Victory vinrent se positionner de part et d'autre de la ligne de défense et firent décoller leurs intercepteurs.
Une minute.
Les trois cuirassés
Dreadnought à l'arrière de la formation annoncèrent qu'ils étaient parés. Un quatrième arrivait depuis Boreus III.
Dix secondes.
Silence total, l’officier s’épongea le front.
Et ce fut la réintégration dans l'espace normal. Le groupe se composait de sept vaisseaux de guerre de la flotte impériale. Les quatre croiseurs légers
Carrack se déployèrent en arc de cercle à l'avant de la formation tandis que deux destroyers
Venator entouraient un vaisseau plus gros.
Le destroyer stellaire de classe
Imperator. Les officiers Boreo-Tyréniens ne le connaissaient que par une fiche technique rudimentaire et quelques films de propagande. On le disait réservé à l'élite de la Marine Impériale et le doute commença à s'insinuer dans leur esprit. Ils se reprirent pourtant assez vite : leurs concitoyens comptaient sur eux et, surtout, l'entraînement impérial qu'ils avaient suivi les avait bien préparés.
Sur la station principale, la console de communications bipa : les impériaux les contactaient. L'officier en charge activa les hauts-parleurs et une sommation fut diffusée :
« Attention, forces d'autodéfense du secteur Boreo-Tyrénien. Ici le contre-amiral Waldemar, commandant le groupe de combat impérial assigné à ce secteur. Nous sommes venus mettre un terme à la tentative de sécession organisée par le gouverneur Rees. Il constitue notre seul objectif. Rendez-vous immédiatement et aucune charge ne sera retenue contre vous. »
Tandis qu'une copie de ce message était transmise au PC des forces armées locales sur Tyra, le commandant de la station envoya la réponse prévue depuis longtemps :
« Ici le commandant en chef des forces Boreo-Tyréniennes pour le système de Boreus. Notre gouvernement provisoire ne reconnaît pas l'autorité impériale. Par conséquent, toute action hostile visant à faire pénétrer une unité militaire sur notre territoire sera considérée comme un acte de guerre et traitée comme telle. »
A bord du
Retaliator, le contre-amiral Waldemar soupira.
« Au moins je les aurai prévenus. Qu'ils assument les conséquences de leurs choix, maintenant. Capitaine Joris ?
- Oui amiral ?
- Transmettez au groupe : paré à l'attaque.
- A vos ordres. »
***
Un entrepôt désaffecté à Cinnagar, Koros Major.« Allons, retournez-vous lentement, qu'on voie vos jolis minois. Et pas de blagues, hein ? »
Obéissant à contrecœur, les deux agents impériaux se retournèrent. Ils faisaient face à quatre humanoïdes armés de poignards et de vibrolames excepté le chef - un Twi'Lek - qui pointait nonchalamment un pistolet blaster sur eux.
« Un nabot et une Zabrak, voyez-vous ça. Et pas laide en plus la petite. »
Sourire sarcastique.
« Si tu restes tranquille, on essaiera de finir en vitesse. »
Les trois autres - un Dévaronien, un Quarren et un Aqualish - partirent d'un rire gras dû aux sous-entendus des propos de leur chef. De son côté, Derek rougit de colère, furieux de se faire traiter de "nabot" par cette bande de voyous de bas étage. Sanaz arbora un sourire, mi-enjôleur, mi-prédateur qui sembla amuser le Twi'Lek.
« Fais gaffe petite, mes gars n'aiment pas qu'on les nargue. Rahl, occupe-toi du nabot : il assistera à la fête aux premières loges. On en terminera avec lui plus tard. »
Acquiesçant, l'Aqualish s'approcha de Derek avec la ferme intention de le ligoter à un pilier tout proche. Toujours mise en joue par le chef des gangsters, Sanaz ne bougea pas.
Rahl se plaça devant Derek et lui agrippa les bras pour les menotter. L'humain en profita pour lui décocher un violent coup de genou à l'entrejambe. Submergé par la douleur, l'humanoïde se plia en deux. Derek se libéra de son adversaire, lui déroba son poignard de la main droite tandis que la gauche agrippait sa ceinture et l'attirait contre lui.
Excellent réflexe, car avant que le son du coup de genou n'ait fini de résonner dans la salle, le Twi'Lek pivotait et tirait instinctivement vers l'origine du bruit. Double erreur, puisque d'une part il abattit son collègue - utilisé comme bouclier - et d'autre part, il oublia la Zabrak.
Calquant son timing sur celui de Derek, Sanaz fonça sur le Quarren, qu'elle percuta de plein fouet et fit chuter. Se rendant compte de ses erreurs, le chef des criminels voulut abattre Sanaz mais ne put éviter le poignard lancé par Derek et qui l'atteignit en pleine gorge. Portant les mains à son cou, il tenta désespérément d'arrêter le flot de sang et tomba au sol, agonisant dans un horrible bruit de gargouillement. Dépossédé de son couteau, le Quarren fut poignardé en plein cœur par sa propre arme.
Quant au Dévaronien, il prit la sage décision de fuir. La Zabrak s'empara du blaster du Twi'Lek mais l'humanoïde cornu n'était plus là. Jurant, elle se lança à sa poursuite, suivie par Derek. Malgré les nombreux détours imposés par les couloirs, les deux agents impériaux gagnèrent du terrain sur leur agresseur. Arrivant en vue de l’entrée du bâtiment, ils crurent pouvoir rattraper le non-humain mais déchantèrent vite en entendant le hurlement des réacteurs d'un landspeeder. Leur cible était déjà à l'autre bout de l'avenue lorsqu'ils sortirent.
Tentant de reprendre son souffle entre deux jurons tandis que sa supérieure balayait les environs du regard, Derek entendit un bruissement derrière lui. Se retournant, il fut surpris par un volatile fonçant droit vers lui et sauta en arrière. Par manque de chance, il percuta un obstacle et s’étala lourdement sur le sol.
« Une moto-speeder, bonne initiative soldat, complimenta Sanaz, se retenant difficilement de rire.
- Oui, je dois dire que je m'étonne moi-même des fois, répondit l'infortuné en se massant le crâne. On essaie de le poursuivre ?
- Négatif, il va certainement prévenir des copains à lui. De toute façons, le quartier va grouiller de policiers d'ici peu et je n'ai pas envie de balancer notre couverture pour une rixe. On retourne au vaisseau.
- Quand même, on a eu de la chance. Je veux dire, ces petites frappes n'y connaissaient pas grand-chose en assassinats ou en combat rapproché.
- Oui, mais les vrais tueurs professionnels ne sont peut-être pas très loin quand on y réfléchit. Utiliser des boulets comme ceux-là permet d'éviter que des citoyens lambda ne viennent fouiller par ici. Ceux qui passent ce test sont suffisamment dangereux pour mériter toute l'attention des vrais hommes de main.
- Ca paraît logique, chef. Et pour le Hutt ?
- On ira le voir une fois qu'on aura repoussé la prochaine attaque. Allez, en selle. »
***
Astroport de Cinnagar, Koros Major.Le trajet de retour vers le hangar de l'
Emerald Sparrow leur parut incroyablement long. Ils furent donc soulagés de voir Jia descendre la passerelle pour les accueillir, Ashoka sur ses talons.
Sans prendre le temps de garer convenablement la moto-speeder, Sanaz sauta de l'engin et se rua vers le vaisseau. Elle allait bousculer Jia quand elle se rendit compte des regards qu'elle et Ashoka lui lançaient. Ils arrivaient trop tard et venaient de tomber dans un piège.
Elle remarqua soudain qu'une pointe de chaussure dépassait du sas au sommet de la rampe d'accès. On les attendait pour en finir. La jeune Zabrak ne pouvait pas foncer tête baissée là-haut sinon tout serait perdu, mais si elle restait immobile trop longtemps, leurs adversaires comprendraient. Aussi tenta-t-elle le tout pour le tout : saluant poliment ses collègues, elle fit semblant de trébucher et de s'écrouler sur la rampe. Ce faisant, elle passa la main dans son dos et sortit le blaster récupéré auprès du défunt Twi'Lek. Lançant son bras gauche devant elle pour amortir sa chute, elle amena l'arme en position de tir au moment où elle rencontra le métal de la rampe. Moment qu'avait choisi le tueur dissimulé dans le vaisseau pour se démasquer. Deux tirs, l'un à l'épaule, l'autre au cœur eurent raison de la menace. Jia et Ashoka en profitèrent pour s'abriter derrière les patins du train d'atterrissage.
Sanaz roula sur elle-même et se retourna pour contrôler ses arrières. Elle ne vit que Derek, poignard à la main, qui s'aidait de la moto-speeder pour se couvrir. Aucun signe de danger.
« Qu'est-ce que ? » pensa-t-elle avant de comprendre son erreur. Des bruits de pas retentirent sur la rampe et trois humanoïdes équipés de vibrolames et les traits masqués par des cagoules se jetèrent sur eux.
Simultanément, six hommes armés ouvrirent le feu sur les impériaux depuis leurs cachettes à l'autre bout du hangar. Sanaz abattit l'un des humanoïdes venant du vaisseau et sprinta vers l'abri relatif offert par la tuyère du moteur bâbord pour canarder les nouveaux arrivants. Près de la passerelle, Derek s'était jeté au secours d'Ashoka et avait réussi à éliminer son agresseur. Restait l’adversaire de Jia, mais ils étaient trop rapprochés pour que Derek puisse venir à son secours. D'un coup de pied bien placé, la jeune humaine avait réussi à désarmer son agresseur. Malheureusement pour elle, il semblait très bien se débrouiller à mains nues et lui assenait une pluie de coups que le meilleur entraînement de l’armée impériale avait bien du mal à endiguer. Quelques directs du droit avaient bien atteint l'assassin mais il ne semblait guère dérangé par un nez tuméfié et des douleurs à l'estomac. Une nouvelle attaque faucha la jambe gauche de Jia au niveau du genou et elle s'écroula.
Se jetant sur elle, le tueur sortit un poignard et le dirigea vers sa gorge. Empoignant la main qui tenait l'arme, la jeune femme empêcha la lame d'atteindre sa cible mais l'autre était plus fort qu'elle et, bientôt, la pointe descendit, millimètre par millimètre… Un bruit, comme un fruit d'eau qu'on aurait tranché, et le corps de son adversaire s'affaissa, sa tête roulant à gauche de Jia. Au-dessus d'elle se tenait Ashoka, vibrolame tachée de sang à la main. Reprenant sa respiration, la femme hocha la tête pour remercier son sauveur. Ce dernier abandonna son arme et aida Jia à se mettre à l’abri.
Ils n'étaient pas tirés d'affaire pour autant, car la fusillade redoublait d'intensité. La coque du cargo encaissait volontiers ces tirs de blasters légers mais Sanaz n'avait plus de munitions et Derek, qui avait ramassé l'arme du premier tueur et se trouvait sous le réacteur tribord, avait fort à faire pour se défendre. Trois tireurs avaient été mis hors d'état de nuire mais ceux qui restaient augmentaient la précision de leurs coups. Songeant à l'arsenal - à la fois officiel et non-officiel - se trouvant à bord, elle profita d'une accalmie passagère de la fusillade pour se replier vers la rampe d'accès. Elle passa devant Jia et Ashoka, adossés derrière un patin du train d'atterrissage et visiblement trop sonnés pour l'aider. Elle monta la rampe mais s’arrêta avant de pénétrer dans le vaisseau, quand de nouveaux tirs de blasters retentirent. Elle pensa tout d'abord à un nouveau groupe d'assaillants, puis elle entendit les coups de feu venant du fond du hangar diminuer puis stopper complètement. Quelques minutes plus tard, les nouveaux arrivants daignèrent enfin se montrer : ils s'agissait des forces de sécurité Tétanes. Sanaz poussa un soupir de soulagement avant de songer avec inquiétude qu'il allait lui falloir s'expliquer sur un certain nombre de points…
***
Système Boreus, secteur Boreo-Tyrénien.Les deux groupes de vaisseaux de guerre restaient à s'observer en chiens de faïence depuis quelques minutes déjà, comme si leurs commandants respectifs craignaient de provoquer l'adversaire. A leurs postes de combat, les hommes d'équipage devenaient nerveux, certains espérant même que l'engagement n'aurait pas lieu.
Sur la passerelle du
Retaliator, le contre-amiral Waldemar observait la vue holographique du champ de bataille, ne relevant pas les regards posés sur lui. Personne n'osait s'exprimer. Enfin, il donna un ordre :
« Chasseurs et bombardiers parés au décollage à mon ordre. Que le
Manticore et le
Basilisk se déploient sur bâbord et tribord. Transmettez aux croiseurs
Carrack : en avant lente, formation serrée. »
Instantanément, le charme qui semblait paralyser la scène se leva : les ordres furent répercutés, confirmés et exécutés. Les vaisseaux se déplacèrent et la réaction adverse ne se fit pas attendre : en formation deux par deux, les cuirassés
Dreadnought se portèrent à la rencontre des unités de classe
Carrack, qui ne feraient pas le poids contre eux. Les deux destroyers
Victory se déployèrent à leur tour afin de couper la retraite des croiseurs légers.
« Amiral, les
Carrack rapportent un mouvement d'encerclement ennemi, ils indiquent qu'ils ne pourront pas tenir sans assistance. »
Waldemar ne répondit rien, absorbé par l'hologramme. Inquiet, le capitaine Joris se rapprocha :
« Amiral, nous risquons de perdre nos escorteurs légers. Amiral ?
- Navigation, donnez-nous un cap nous amenant en couverture des
Carrack. Que le
Basilisk et le
Manticore attaquent le
Victory à notre tribord !
- Heu… oui Amiral ! »
Le mouvement des impériaux surprit la flotte adverse, qui resta indécise un moment avant de déporter deux cuirassés à la rencontre du
Retaliator, tandis que les deux autres attaquaient les croiseurs légers. Ayant adopté une formation défensive, ceux-ci purent résister aux salves de l'artillerie ennemie tout en amorçant une retraite lente vers le
Retaliator. A tribord, les artilleurs des deux
Venator firent mouche dès les premiers coups et la coque du
Victory s'embrasa en plusieurs endroits. Partout, le vide de l'espace fut strié de traits lumineux .
Sur le
Retaliator, c'était l'effervescence :
« Décollage des bombardiers ! Objectif : la passerelle et les moteurs des cuirassés.
- Amiral, des chasseurs ennemis convergent sur nous. Environ trois escadrilles.
- Faites décoller les nôtres. Pièces bâbord et tribord : choisissez vos cibles, parés à faire feu à mon ordre !
- Nous sommes à portée, amiral. Riposte adverse en cours. Évaluation des dégâts : les boucliers tiennent bon.
- Compris. Artillerie : feu ! »
Répondant à cet ordre, les monstrueux turbolasers du destroyer firent cracher leurs traits mortels vers les deux cuirassés. Les boucliers ne pouvaient encaisser une telle quantité d'énergie. des tirs percèrent les coques renforcées en plusieurs endroits, détruisant des pièces d'artillerie, faisant sauter des câbles électriques, exposant certaines sections des vaisseaux au vide spatial. Les hommes d'équipage qui survécurent aux explosions furent aspirés par la décompression et moururent gelés par le froid interstellaire. La défense était cependant toujours active, et les flancs du
Retaliator se trouvaient pilonnés sans relâche. Les boucliers déflecteurs tenaient bon mais leur puissance baissait petit à petit.
Autour des vaisseaux, chasseurs et bombardiers des deux camps se livraient à un ballet mortel, chacun cherchant à déborder l’opposant pour pouvoir s'attaquer aux vaisseaux capitaux. Waldemar lança un nouvel ordre et, aussitôt, deux salves de torpilles furent tirées vers les cuirassés, diminuant d'autant leur résistance.
Non loin de là, les croiseurs
Carrack continuaient de se replier mais subissaient de plein fouet les tirs ennemis. Les dégâts s'accumulaient et leurs commandants commençaient à douter. Puis, un flash lumineux éblouit tous les protagonistes : à tribord de la formation impériale, le
Manticore et le
Basilisk venaient d'achever leur adversaire. Tandis que les débris épars du
Victory terminaient de se consumer, faute d'oxygène, les deux destroyers se dirigèrent vers le cœur de la bataille afin de couvrir les
Carrack et d'aider le
Retaliator.
Simultanément, les bombardiers impériaux parvinrent à se dégager de la mêlée et foncèrent sur leurs objectifs, tels une nuée de scarabés piranhas se ruant sur leur proie. Trop occupés à rendre coup pour coup au
Retaliator, les artilleurs Boreo-Tyréniens se rendirent compte de la nouvelle menace trop tard. Assaillie de toutes parts, la passerelle d'un des cuirassés explosa tandis que les moteurs rendaient l'âme. Désemparé, le vaisseau se mit à dériver, des capsules de sauvetage s'échappaient de ses flancs, et les artilleurs impériaux purent se reporter sur le deuxième cuirassé.
Comprenant le danger auquel il faisait face, le commandant Boreo-Tyrénien ordonna un repli de ses forces vers la ligne défensive des stations spatiales. Les vaisseaux obéirent au moment où les destroyers
Venator impériaux venaient ajouter le poids de leur artillerie à celui du vaisseau amiral et des unités
Carrack. Constatant que l'ennemi se désengageait, certains officiers impériaux voulurent les poursuivre pour porter l'estocade finale à la flotte ennemie mais un ordre de l'amiral les en empêcha.
Waldemar donna ensuite l'ordre à ses vaisseaux de camper sur leurs positions, laissant ainsi leurs adversaires récupérer la carcasse du cuirassé endommagé et les capsules de sauvetage flottant sur le champ de bataille.
« Quel est le rapport des dégâts, capitaine ?
- Aux dernières nouvelles, avaries mineures sur le
Retaliator et le
Basilisk. Pour les
Carrack : cinquante tués, quatre-vingt sept blessés. Les dégâts subis leur on fait perdre environ vingt pour cent de leur maniabilité et les boucliers sont eux aussi affaiblis. Nous avons perdu sept bombardiers et quatorze chasseurs. Onze pilotes ont pu être récupérés.
- Hmm ils vont nous faire défaut, Mais nos amis Boreo-Tyréniens ne tenteront pas de forcer le blocus de sitôt. Déployez le groupe pour interdire tout saut hyperspatial vers le système Tétan. Le blocus commence dès maintenant. Autre chose, capitaine ?
- Oui, Amiral. Je ne comprends toujours pas votre plan de bataille, vous avez fait courir un grand risque aux escorteurs légers sans même tenter de vous attaquer aux stations spatiales.
- Le risque était lourd mais acceptable, capitaine. Mon but n'était pas de forcer leurs défenses mais d'endommager suffisamment leur flotte pour les faire réfléchir à deux fois avant de tenter de forcer nos propres lignes. De plus, avec un cuirassé gravement endommagé et les blessés à soigner, ils utiliseront une partie de leurs ressources - hommes, matériel, temps - pour essayer de réparer les dégâts subis.
- Je comprends, Amiral.
- Ah, et vous pouvez aussi transmettre au contrôle de Foerost : 'phase Un de Marteau Tyrénien accomplie'. Et apportez-moi une tasse de thé, l'attente risque d'être longue. »
"And gradually their bittersweet laughter floated from the wooden table [...], up, ever up into stars too numerous to count [...], vectoring out across space and time, as if destined to be heard in galaxies far, far away..."
The Unifying Force