Hello, sujet intéressant, je me permets de rebondir avec un bon gros PAVÉ du dimanche matin.
Rikuiame a écrit:En gros tu cherches les informations perdues du genre cette indication de localisation "depuis les fosses d’équipage" qui disparait dans la traduction officielle ?
Il faudrait le texte original pour juger un peu mieux de la pertinence de cette disparition et vérifier que l'info n'a pas été glissée un peu plus avant ou après du texte traduit.
C'est ce que j'ai compris aussi pour ma part en lisant le post introductif de Chertref. Et si je comprends bien l'idée était de s'en tenir à une vérification personnelle et non concurrentielle des éditeurs :
Chertref a écrit:Mon message était plutôt vis à vis d'un travail d'amateurs (nous) purement académique pour identifier et comprendre les écarts et identifier d éventuelles partie importante enlevée.
Mais en aucun cas pr publier une traduction ou une correction de traduction qui est sous copyright.
En l'occurrence l'exemple qu'il a donné prenait bien en compte le texte v.o. si on prend en considération le prompt :
Chertref a écrit:"Hello, j aimerai que tu verifies ma traduction Anglais -> Francais
Voici les règles : Traduction complète, fidèle à l'œuvre originale, sans résumé.
Respect du vocabulaire Star Wars et des noms propres.
Fluidité et cohérence dans le texte traduit.
Eviter les repetitions.
Faire une coherence global de chapitre.
Je vais t envoyer 2 fichiers. Un en anglais : la source. Et un en Français : mon resultat. Peux tu améliorer mon document en francais en mettant en gras tes changements.
Après bien sûr il faudrait comme tu le disais repasser dessus pour voir que l'agent conversationnel utilisant "l'intelligence artificielle" générative (je la mets entre guillemets à dessein

) fait bien ce qu'on lui demande et ne rajoute pas/modifie pas des choses en s'éloignant du matériau anglais (le but plus ou moins général d'une traduction).
Maintenant, est-ce une bonne chose ?
Loin de moi l'idée de lancer un débat, mais il serait sans doute judicieux de poser là quelques jalons visant à considérer un tel usage, fût-il restreint à une utilisation purement ludique. Je reprends quelques éléments de réflexions glanés ça et là, notamment du côté de l'astrophysicien et philosophe Barrau, auxquels je me permets de rajouter mon opinion.
Si on s'en tient aux externalités négatives (pollution engendrée, exploitation des ressources naturelles, addiction et désensibilisation), ce qu'on appelle l'IA est évidemment une mauvaise idée. Elle offre bien sûr, et offrira, des avantages indéniables dans de nombreux domaines, notamment en médecine. Mais les dégâts engendrés, à l'heure actuelle, pèsent malheureusement bien plus que les bénéfices restreints que l'on en tire et ne sauraient ainsi être balayés d'un revers de la main au prétexte que cette IA nous fascine et qu'elle devrait fatalement (?) de toute façon advenir.
Mais là où ChatGPT et l'IA posent un vrai problème de sens, c'est tout particulièrement dans le langage. Comme on le sait, ChatGPT ne parle pas vraiment, il aligne entre autres les mots les uns derrière les autres de façon statistique, il essaie de reproduire une suite de mots appropriés dans un contexte donné. Mais ce n'est pas encore parler.
La spécificité du langage, c'est qu'il est toujours doublement référencé : référence au monde d'abord, référence au locuteur ensuite. ChatGPT n'a ni l'un ni l'autre. Sa référence au monde n'est jamais empirique, il ne fait pas l'expérience du monde mais via des données à propos du monde, qu'il compile et retient.
La référence au locuteur (et interlocuteur d'ailleurs) est absente et pour cause : comme il le dit lui-même, n'en déplaise à nos fantasmes technologiques, il n'est pas une personne et ne donne pas d'opinion par exemple. Le terme d'intelligence est parlant et donc utilisé comme tel mais il n'a pas vraiment de sens ici. De même ne peut-il pas considérer la personne à qui sont adressées les propos. Ce n'est pas une question d'orgueil ou de conservatisme vis-à-vis de la technologie en question mais bien de différence.
Dire à quelqu'un qui vient d'achever son récital sur scène : "Bravo à vous, votre performance était incroyable." n'est pas tout à fait la même chose que : "De la première note jusqu'au dernier silence, vous avez disparu : il n'y avait plus qu'une Muse." De la même manière, pour un énoncé plus trivial : "Comment puis-je vous aider ?" n'est pas "Tu es sûr que ça va ?"
Retour au sujet précis. Pardon pour la digression au-dessus mais c'est là que se joue le nœud de l'intérêt et du sens même de ce type d'objet : le travail de traduction sera-t-il fait plus rapidement ? Sans doute.
Cela fera-t-il gagner plus d'argent et de temps à l'éditeur ? Sans doute (est-ce une bonne chose dans l'absolu ? Pas nécessairement).
Ce travail sera-t-il aussi bien fait que par un traducteur/une traductrice humain.e, lui/elle-même aussi faillible et sujet aux erreurs ? En d'autres termes, ChatGPT (ou autre modèle équivalent) sait-il traduire ? Voici le nœud.
Car enfin remettons un peu de littérarité et sens dans tout cela sans se limiter à l'utilitarisme : on est bien d'accord que nous écrivons des livres pour nous, de l'humain à l'humain, en ayant comme référence ce qui nous est commun, le monde. De là, on perd nécessairement de notre puissance d'être dès lors qu'une de ces conditions n'est pas au rendez-vous. Sans parler du plaisir de faire cela soi-même (traduire n'est pas qu'utilitaire, c'est réfléchir, et c'est agréable de réfléchir

), mais c'est à la discrétion de chacun.
Revenons donc à la traduction précise, pour reprendre la dernière ligne (en gras les éléments discordants) :
VF humaine : —
Ouvrez l’œil. Personne ne doit décoller de cette planète. (
Il posa un regard noir sur le disque à peine visible.) Non, personne, répéta-t-il entre ses dents.
VF ChatGPT : —
Restez vigilants. Personne ne doit décoller de cette planète.
Il lança un regard noir sur le disque à peine visible. — Non, personne, répéta-t-il entre ses dents.
Avec la VO enfin le travail serait quasi-terminé, il ne nous resterait plus qu'à choisir laquelle nous conviendrait le mieux, en prenant en compte tout ce que l'on connaît : le texte d'origine, le contexte, le caractère de l'amiral Ozzel (dirait-il plutôt "Ouvrez l’œil" ou "Restez vigilants" ?), la valeur intrinsèque de l'expression et l'intention qu'on veut faire passer (le personnage pose-t-il son regard sur la planète ou lance-t-il un regard ?), autant de considérations qui seront à prendre en compte pour arriver au résultat souhaité par le traducteur/la traductrice et l'éditeur/l'éditrice, pour plaire au lecteur/à la lectrice.
ChatGPT est un outil, qu'on peut donc décider d'utiliser ou non. La question qui doit ainsi tout le temps se poser est : doit-on s'en servir ?
Chacun jugera.

« Vous pouvez échouer dans ce que vous ne voulez pas faire. Alors vous pourriez aussi bien tenter votre chance en faisant ce que vous aimez. » Jim Carrey