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Messagepar Uttini » Jeu 26 Mai 2022 - 16:26   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 10

Merci pour le retour.
Il y a quatre parties, quatre actes. C'est globalement une tragédie. Dès le prochain chapitre, les choses vont commencer à changer sérieusement et certaines réponses arriveront au cours des suivants.
Loucass824 a écrit:Mais peut-être a-t-il été choisi car il était le plus maléable, ou le plus insignifiant...

On aura aussi réponse à ces questions. Et le Cercle Rouge fera aussi son entrée en jeu.
Mais... :sournois:
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Messagepar Uttini » Jeu 02 Juin 2022 - 17:47   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 10

Début de la deuxième partie : chapitre 11.


2ème partie : Le Fils de Gilead


" Et la parole de Psykôs vint encore en la bouche du prophète alors qu’il se trouvait devant tout le peuple et il dit : ‘ Voici que viennent les temps de détresse et de frayeur, l’heure de la destruction des fils de Gilead, jusqu’à suppression.’

La fin des chevaliers Jedi survint avec une brutalité extraordinaire, à en croire les récits légendaires. Rien ne permet d'affirmer avec précision ce qui fut à l'origine de cette disparition, mais la prophétie dite des “temps de détresse” en marque le point de départ. En quelques mois seulement, une race qui domina la galaxie durant des siècles s'éteignit sous les coups d'un ennemi contre lequel elle ne pouvait rien. Certains ont avancé l'idée que l'épisode de la Reine Perverse du Château Périlleux marque en fait la fin des aventures, des enchantements, et par conséquent des demi-dieux, descendants du dieu Gilead et de sa femme Mnémosyne.

(Contes et légendes de l'Ère Néo-Jedi — 12ème édition, par Gilboân Chlorto)


Chapitre 11 — Oruséa Prime

Alors que les quatre millions de voix terminaient l'hymne impérial célébrant la gloire et les victoires des Six Provinces, quelque chose d'imprévu se produisit. Sur l'énorme écran qui dominait le colossal amphithéâtre, l'image de l'empereur Balshar sembla soudain se brouiller, perdre de sa substance, puis disparut complètement. Une lueur vive la remplaça, accompagnée d'un sifflement strident.
Un frisson parcourut la foule, puis, crescendo, une rumeur de perplexité monta des gradins. Depuis son balcon en surplomb sur le haut bâtiment de l'Ordre Jedi, Spell fronça les sourcils. Un problème technique, une défaillance d'un des amplificateurs vidéo ? Peu probable, d'autant que, Spell l'ignorait encore, l'interférence se propageait à travers l'hyperespace, et tous les systèmes reliés à Oruséa Prime par hyperfaisceau recevaient aussi ce spectacle inattendu. Mais cela ne s'arrêta pas là.
Sur l'écran, sous les regards incrédules de milliards d'individus, et sous celui, plus encore, de Arkon Spell, on vit apparaître un homme, un inconnu au visage dur et au teint de cendre, cheveux sombre, vêtu d'un uniforme gris acier. Il inspirait naturellement le respect, rien que par son regard sévère, et il semblait glacer la foule qui le regardait. Il était physiquement tout l’opposé de Balshar. Spell sortit rapidement de son ébahissement et saisit le communicateur qu'il portait à sa ceinture.
— Grand Gilead, qu'est-ce qui se passe ?
Il ne reçut que des grésillements. Pas moyen de faire passer le plus petit ordre aux services de sécurité. Son regard revint vers l'écran, sur lequel l'inconnu demeurait silencieux. La foule en contrebas était comme hypnotisée par l'inquiétant personnage qui les dominait, haut de deux cents coudées. Dans tout l'Empire, la même image s'imposait partout, sur tous les récepteurs, dans toutes les maisons, dans tous les esprits. Enfin, après quelques dizaines de secondes, l'homme sur l'écran ouvrit la bouche:
— Peuples de l'Empire des Six Provinces, dit-il d'une voix sépulcrale que répercutèrent des milliers de haut-parleurs, je suis Agelborn, le prophète, et je suis devant vous pour vous annoncer la fin de la paix.
Le silence se fit presque total dans l'assistance. Dans les cabines de surveillance vidéo, des techniciens au comble de l'affolement cherchaient d'où pouvait provenir cette émission, et pourquoi ils étaient incapables de la stopper. Mais ils s'arrêtèrent subitement dans leurs recherches et se tournèrent vers l'image de l'homme, sur les écrans de contrôle, irrésistiblement attirés. La voix grave et un rien détimbrée les fascinaient.
— Depuis un millénaire, reprit Agelborn, vous pensez tous être parvenus à un nouvel âge d'or, à une nouvelle ère de paix universelle. C'est un leurre. Depuis un millénaire, vous êtes en réalité tous manipulés par une puissance supérieure qui vous domine, vous conditionne, qui instille dans vos esprits des pensées, des sentiments, des idées qui ne sont pas les vôtres grâce à des machines, des émetteurs mentaux qui vous privent de ce que vous avez de plus précieux : votre liberté.
Une rumeur s'enfla dans la foule. Pétrifié sur son balcon, incapable de faire le moindre mouvement, Spell croyait faire un cauchemar. Comme lui, les centaines de chevaliers Jedi disséminés parmi les foules furent soudain pris d'une étrange anxiété.
— Peuples de L'Empire, poursuivit Agelborn, c'est Telmadus qui vous manipule. Vous n'êtes que des pantins entre les mains des chevaliers Jedi et des prétendus prêtres de Gilead. Même votre empereur n'a aucun pouvoir; il est choisi et façonné par les Jedi. Oui, sous couvert de religion et autres balivernes, Telmadus ne vise qu'une chose: le pouvoir suprême, total, sur tout ce qui vit dans la galaxie. Les Jedi sont l'ennemi, les Jedi vous trompent depuis des siècles et cherchent à vous asservir plus encore grâce au recensement génétique qu'ils imposent.
La rumeur prit un peu plus d'intensité encore. C'était comme si un fort courant électrique parcourait les sièges des gradins, tétanisant chacun, réveillant dans le cœur des individus des souvenirs oubliés, des sentiments qu'ils pensaient ne jamais ressentir un jour. Même les nombreux Jedi présents dans la foule pouvaient le discerner en dépit du contrôle mental.
— Peuples de l'Empire, poursuivit Agelborn, sur un ton de plus en plus agressif, le dieu Gilead est un mythe, imposé par les Jedi, et la prétendue Mémoire n'est qu'une machine diabolique qui vous arrache vos pensées profondes et altère votre personnalité. Il est temps, aujourd'hui, que cesse cette imposture. Enfants de la galaxie, réveillez-vous !
La rumeur se changeait en clameur et la foule rassemblée dans l'amphithéâtre commençait à gronder comme une mer en furie, alors que le prophète poursuivait son discours, après une courte pause.
— Peuple de l'Empire, je crie "vengeance !" contre ceux qui nous manipulent depuis mille années, ôtant de vos cœurs, de vos esprits, de vos mémoires tout ce qui entrave leurs projets. Je crie "vengeance !" contre Telmadus ! Peuples galactiques, mes frères, ne laissez plus ces hommes vous égarer ! Anéantissez-les, détruisez ce culte odieux, cet Ordre Jedi qui vous enferme dans cette paix forcée, dans ce bonheur insoutenable qu'aucun d'entre vous ne désire ! Car jamais les dieux, nos anciens dieux d'autrefois que les Jedi ont balayé, n'ont voulu cela. Détruisez les hommes qui se sont fait des dieux eux-mêmes, détruisez les menteurs !
Enfin, Agelborn se tut. Sur la large place, la foule était comme paralysée, alors que l'image du prophète disparaissait, noyée dans une lueur blanche. Un cri perçant monta, parcourut les millions de personnes massées, un cri terrifiant, qui se changea vite en hurlement généralisé, indistinct, le son le plus puissant qu'aucun humain n'ait jamais entendu. Et dans tous les territoires de l'Empire, le même cri se levait, chez tous ceux qui avaient pu entendre les paroles d'Agelborn le prophète. Tous, partout, dans toutes les langues de l'Empire, criaient "vengeance !"
Sur son balcon, heureusement à l'abri de la foule, Spell était glacé d'horreur. Un millénaire de travail, d'efforts acharnés, de sacrifices, tous les efforts de sa vie venaient subitement de tomber en ruine. Le doute et la haine envahissaient la foule, Spell pouvait le sentir, et il s'ancrait de plus en plus profondément dans leur cœur. C'était pourtant impossible ! Les émetteurs mentaliques disséminés un peu partout dans l'amphithéâtre n'auraient jamais dû permettre une telle catastrophe.
Les gens crédules, lorsqu'ils s'apercevaient qu'on les avait dupés, pouvaient se montrer dangereusement vindicatifs, et c'était le cas des quatre millions de personnes rassemblées sur la place d'apparat, dans le grand amphithéâtre de pierre. Un voile se levait sur leurs yeux et ils prenaient conscience qu'on les avait aveuglés, depuis leur naissance, et leurs parents, leurs ancêtres avant eux, que ces Jedi qui se prenaient pour des dieux les avaient réduits à l'état de foule bêlante et heureuse de l'être.
Pourtant, songea Spell, quelques mots même bien préparés, même parfaitement exprimés ne pouvaient suffire à anéantir des siècles d'efforts. Quelque chose d'autre devait s'être produit durant le discours du prophète. Remerciant ses capacités psychiques, Spell retrouva bien vite son sang-froid et réagit rapidement. Saisissant Brewster par le bras, il l'entraîna dans le bâtiment principal. Le jeune journaliste, tout retourné par les paroles du prophète, semblait hébété, abruti, et suivait le Jedi, sans la moindre expression. De simples mots ne produisaient pas un tel effet, songea Spell. On avait certainement utilisé des armes mentales puissantes alors que l'attention de la foule était fixée sur le prophète, et les auteurs de ce coup d'éclat, qui qu'ils soient, désiraient créer un gigantesque mouvement de panique et de colère contre les Jedi.
Chassant temporairement ces réflexions de son esprit, Spell se concentra sur ce qu'il convenait de faire à présent. Une seule chose: fuir, quitter Oruséa Prime le plus vite possible, car cette foule semblait bien décidée à faire passer au mauvais moment aux Jedi. Traînant toujours le journalise ahuri derrière lui, Spell traversa le bâtiment et emprunta un ascenseur privé, réservé aux dignitaires de l'Ordre, qui descendit à une vitesse vertigineuse dans les entrailles du bâtiment. Bientôt, il rejoignit un groupe de Jedi qui attendait dans une grande pièce puissamment éclairée.
— Gilead soit loué, dit l'un des Jedi, vous êtes là. La foule vient de prendre ce bâtiment d'assaut.
— Je le craignais, dit Spell. Il ne faut pas moisir ici, messieurs.
La pièce où ils se trouvaient tous était fort large, mais basse de plafond. Le groupe se concentra au milieu, dans un cercle dessiné sur le sol. Contre un mur, l'un des Jedi manipulait les contrôles d'une console de commande. D'après son uniforme de grande cérémonie, c'était l'un des membres du Conseil Jedi. Après quelques réglages, il dit:
— Allons-y, messieurs. La machine va nous conduire sur Telmadus, où nous serons en sécurité, puis les systèmes de commande s'autodétruiront. Personne ne sera en mesure de nous suivre.
— Parfait, dit Spell.
Le groupe, composé d'une dizaine de Jedi en uniformes d'apparat et du journaliste trigon, se trouva soudain entouré d'un champ d'impulsion hyperspatiale. Sur la console de contrôle, une série de voyants passa au vert, les atomes des onze personnes se retrouvèrent propulsés, sous forme de faisceau d'énergie, à travers l'hyperespace. La large pièce, au cœur du bâtiment, était un énorme téléporteur hyperspatial, pur produit de la Vieille Science, qui propulsa le petit groupe vers Telmadus, la planète mère des Jedi.
Il était temps. Quelques minutes seulement après leur disparition, une foule en furie s'engouffra dans la salle, munie de barres de fer, d'épées et de divers autres instruments contondants, dans l'intention évidente de casser du Jedi. Heureusement pour Spell et ses compagnons, la populace n'eut pas cette chance, et se contenta de détruire systématiquement tout ce qui passait à sa portée. Tous ces gens qui, quelques minutes plus tôt criaient leur joie dans un hymne à la paix universelle, semblaient devenues des bêtes furieuses. La foule dévasta le bâtiment de l'Ordre Jedi, le temple de Gilead et les bureaux de l'administration telmadienne. Une fois leur tâche achevée et cette inextinguible soif de vengeance assouvie, la violence se retira brusquement des esprits, comme elle était venue, et ils laissèrent tomber leurs armes. Lentement, la foule sortit de son hébétude, comme l'on se réveille soudain d'un cauchemar. La force qui les avait dominés quelques heures durant se retirait, mais avait laissé des traces indélébiles dans leurs esprits. Maintenant, pour tous les citoyens de l'Empire des Six Provinces, dans tous les cerveaux, dans tous les cœurs, il n'y avait qu'un ennemi, qu'il fallait abattre avant qu'il ne sème le chaos. Cet ennemi, c'était les Jedi. La guerre éclatait.

— — — — — — — —


Sur Telmadus, Spell et ses compagnons firent une arrivée remarquée. Voir ainsi surgir d'une salle de téléportation le plus haut personnage de l'ordre ainsi que plusieurs des membres du conseil ne manqua pas de stupéfier les gardes en faction. A peine arrivé, Spell se rendit au centre de communication afin de prendre des renseignements sur la suite des événements, et les autres se dispersèrent. Seuls restèrent dans l'antichambre de la salle de téléportation Brewster, encore hébété de ce qu'il venait de vivre, et un vieux Jedi, un ancien membre du Conseil nommé Freder, prodigieusement intéressé par la présence du jeune trigon.
— Sans indiscrétion, jeune homme, dit le Jedi, puis-je vous demander la raison de votre présence ici ?
— Je ne suis pas sûr, dit Brewster. J'ai l'impression d'avoir rêvé. C'est comme si toute une armée défilait dans mon crâne. Mais où sommes-nous ?
Freder sourit. Il n'était plus un Jedi très actif, loin de là, et fuyait le contrôle mental comme la peste. Visiblement amusé du trouble extrême du jeune homme, il expliqua:
— Vous êtes sur Telmadus.
— Pardon ? il y a un instant, j'étais sur…
— Vous avez été téléporté jusqu'ici par un dispositif secret que possèdent les Jedi. Un autre des miracles de la Vieille Science. Un de ces jours, ajouta-t-il en fronçant les sourcils et en grattant son crâne dégarni, il faudra qu'on découvre comment il fonctionne vraiment…
Brewster regarda autour de lui, stupéfait.
— Vous voulez dire que nous avons voyagé dans l'espace sans vaisseau ?
— Bien sûr. Mais ce système n'est prévu que pour des cas d'extrême urgence, comme celui auquel vous avez été confronté sur Oruséa Prime. Votre départ n'a pas dû passer inaperçu, d'ailleurs. Cette téléportation a certainement pompé la moitié de l'énergie disponible sur le réseau d'alimentation de la cité impériale.
— Je ne comprends pas.
— Cette machine consomme tant d'énergie qu'on ne peut l'utiliser que pour des cas d'urgence. Elle fonctionne sur le principe des moteurs hyperspatiaux et transmet de la matière dans l'hyperespace, mais nous n'avons pas encore trouvé le moyen d'amplifier suffisamment les flux énergétiques pour que cela soit économique. Nos ingénieurs pensent que nous sommes passés à côté d'un élément de l'appareil, lorsque nous l'avons construit d'après les plans trouvés dans la Mémoire. Les bons vieux vaisseaux sont moins rapides mais reviennent infiniment moins cher.
Freder prit le jeune homme par le bras et le conduisit vers le centre médical du palais de l'Ordre, où ils se trouvaient. Spell avait eu une idée judicieuse de prendre cet humain avec lui, songea Freder. Son esprit porterait certainement les traces du procédé employé pour déchaîner les foules sur Oruséa.
Lorsque Spell entra dans la salle principale du centre de communication, il y trouva plusieurs autres Jedi de sa connaissance: le conseiller Wallen, plusieurs chevaliers et le secrétaire Walt Smir, un homme grand, mince, au regard froid. Smir n'était plus un Jedi depuis longtemps. Il avait tâté pendant un temps de la philosophie hédoniste, autrefois, mais il était revenu à ses idées initiales. Il avait ensuite adopté les techniques mentalistes et était passé maître dans l'art du contrôle mental, ce qui faisait de lui une sorte de machine vivante, dénuée de toute sensibilité et d'une efficacité redoutable. Il n'était plus vraiment secrétaire du Conseil Jedi depuis bien longtemps, mais avait conservé le titre qui lui collait à la peau.
— Monsieur Spell, dit-il, je suis satisfait de vous voir sain et sauf.
— La joie se lit sur votre visage, dit Spell. Où en est la situation ?
Sans relever ce qu'il considérait comme une insulte, Smir répondit:
— Le conseiller Harlân est en train de faire le bilan. Il vous en dira plus dans un instant.
Ils traversèrent la large salle de communication, pleine de longues files de terminaux devant lesquels quelques techniciens s'affairaient, et se dirigèrent vers le centre nerveux, la console principale surmontée de son projecteur holo. Harlân, conseiller responsable de la coordination des chevaliers, examinait pensivement une liste qui s'affichait sur un écran. Il était décoiffé et portait un uniforme bleu qui, visiblement, n'était plus de la première fraîcheur.
— Harlân, dit Spell, sans plus de présentations, donnez-moi tous les détails sur la situation.
Le conseiller se dressa et salua Spell d'un geste vague. Pour un Jedi, son contrôle mental était presque inexistant. Il avait l'air las et préoccupé, les traits tirés, comme si on venait de l'arracher d'une longue animation suspendue.
— Hé bien, dit-il, la situation empire de minute en minute. Je suppose que vous arrivez d'Oruséa Prime ?
— Oui. J'ai assisté à tout.
— Les paroles de cet individu se faisant appeler Agelborn ont été entendues dans tout l'Empire, sans que nous puissions couper l'émission. Partout, ce message s'est accompagné de mouvements de violence dans les foules, visant spécifiquement les Jedi et les temples de Gilead. Nous sommes la cible, monsieur.
Spell eut une moue embarrassée, qui disparut aussitôt, balayée d'un revers de main psychique.
— Avouons-le, c'était parfaitement préparé, dit Walt Smir. Le moment idéal pour une action de ce genre.
— Combien de blessés ? Des morts ? dit Spell.
Harlân considéra une liste, sur un écran. De nouveaux noms s'y ajoutaient presque à chaque seconde. Le conseiller sourit tristement et secoua la tête.
— Nous sommes sans nouvelles de huit mille de nos hommes. Je ne parle pas des quantités d'autres qui ont été pris à partie sans même avoir pu se défendre. Plusieurs temples ont été mis à sac et une trentaine de nos vaisseaux sont détruits, soit au sol, soit par les patrouilles de protection en orbite.
Spell ne put retenir une sorte de gémissement, tant de douleur, tant de colère ! Même s'ils étaient robustes, les Jedi pouvaient souffrir atrocement. Le fait qu'ils soient solides physiquement les exposaient d'autant plus à des souffrances qui auraient tué sur le champ n'importe quel être humain, des souffrances terribles. Spell avait enduré lui-même de telles douleurs, autrefois, pendant la guerre.
— Faites tout votre possible, Harlân, dit-il. Il nous faut un chiffre des pertes en hommes le plus exact possible. Utilisez tous les circuits d'urgence de la Mémoire s'il le faut.
Il se tourna vers Wallen.
— A-t-on une idée précise de ce qui a pu provoquer cette folie ? Des armes mentales ?
Le conseiller secoua la tête.
— Je l'ignore encore. Freder va tenter de sonder le cerveau du jeune trigon que vous avez ramené avec vous pour tenter d'y voir plus clair. Tout ce que je peux vous dire, c'est que pour manipuler tant de monde en même temps, sur presque tous les mondes de l'Empire, il faudrait un puissant lien avec la Force, bien au-delà de ce qu'un mentaliste, même le meilleur, est capable. Ou alors, des émetteurs d'une rare puissance.
Spell était parfaitement conscient de ce que tout cela signifiait. Les Jedi ne possédaient pas de dispositifs capables d'obtenir un tel résultat. En tant que chef de l'ordre, c'était à lui de prendre une décision. Il fit un geste et un technicien du centre fut près de lui aussitôt.
— Je veux qu'on sorte des hangars de Coruscant les huit cents navires de la flotte et qu'on procède à leur remise en état le plus rapidement possible. Ordre de mobilisation générale sur les systèmes du district telmadien : que chacun se tienne prêt et attende une affectation ! Alerte maximum aux avant-postes frontaliers et dans tous les systèmes.
Une voix se fit entendre, derrière Spell. Une voix familière qui s'exprimait avec un fort accent trigon.
— Monsieur Spell. Si je vous comprends bien, Telmadus possède une flotte de guerre, en dépit de la loi impériale ?
Brewster, flanqué d'un Freder souriant, arborait une étrange grimace. La colère se lisait en lui, et un rapide examen mental révéla à Spell qu'il n'était pas spécialement bien disposé envers les Jedi. Il gardait ses poings serrés, comme s'il était prêt à frapper le premier venu.
— Votre place n'est pas ici, monsieur Brewster, dit Spell. Freder, emmenez-le et veillez à ce qu'il soit enfermé.
— Ce n'est pas une bonne idée, monsieur Spell, dit le journaliste. Quand mes lecteurs apprendront la manière dont vous m'avez traité, ils…
Freder fit taire le jeune homme d'un geste doux.
— Répondez-lui, Arkon, il a le droit de savoir.
— C'est nous qui avons formulé la loi impériale, monsieur Brewster, dit Spell après un soupir. Nous n'avons plus de flotte à proprement parler, seulement des navires dans des hangars. Mais si on nous attaque, il est logique que nous soyons en position de riposter. D'ailleurs, je ne m'étonnerais pas si l'Empire possédait lui aussi une flotte de guerre secrète. Plus rien ne pourrait m'étonner à présent.
Brewster fronça les sourcils. Si les soupçons de Spell se confirmaient, alors la galaxie était sur le point d'entrer en guerre. De nouveau.
Spell s'assit dans un siège, derrière le projecteur holographique et laissa libre cours à sa mauvaise humeur. Maintenir son contrôle mental lui demandait à présent trop d'énergie, et il se laissa donc envahir tout entier par ses sentiments négatifs. Le désespoir. Spell et lui étaient de vieux amis.
Ce fut Walt Smir qui s'approcha de lui pour lui poser la question qui était sur toutes les lèvres, qui préoccupait déjà la plupart des Jedi :
— Que va-t-il advenir du Plan, maintenant ?
Spell baissa la tête d'un air désabusé. La question qu'il craignait ! La question à laquelle il n'avait pas de réponse, du moins pas immédiatement. La question qu'il refusait de se poser, tant la réponse probable le remplissait de terreur.
— Je n'en sais rien, secrétaire. Demain, nous en saurons plus…
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Messagepar mat-vador » Jeu 02 Juin 2022 - 18:33   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 11

Lu !

Eh bien, eh bien, nos chers Jedi sont dans un merdier :shock: ! Comment perdre le contrôle d'une galaxie à cause d'un seul ennemi :x ... Le début de la fin ?

Vivement la suite :oui: !
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Messagepar Uttini » Jeu 02 Juin 2022 - 18:41   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 11

mat-vador a écrit:Le début de la fin ?

Oui, mais pas exactement. Ça serait trop simple, qui est vraiment cet ennemi ? Et sa victoire est trop facile. :sournois:
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Messagepar Uttini » Ven 03 Juin 2022 - 21:27   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 11

Merci à toi pour les commentaires.
Si j'ai choisi de révéler certaines choses à ce moment du récit, c'est que ce qui n'est pas évident c'est le pourquoi. C'est là-dessus que l'histoire va se construire, et d'autres situations vont s'ajouter qui vont encore embrouiller les choses. Le fin des Néo-Jedi est inéluctable, c'est clair (et ce n'est pas encore fini) mais beaucoup de choses restent encore à expliquer et à dénouer. Et si je m'y suis bien pris, le lecteur devrait avoir tous les éléments, disséminés dans les chapitres. Reste à réconstituer le puzzle...
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Messagepar Uttini » Dim 19 Juin 2022 - 17:45   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 11

La suite !


Chapitre 12 — Hyperespace (partie 1)

Une petite porte coulissa et s'ouvrit sur une cabine que Suréna ne connaissait pas. En principe, personne n'entrait jamais dans la salle centrale de l'ordinateur. C'était inutile. Et dangereux : le cœur du navordinateur se trouvait là, accessible du bout des doigts grâce à un simple clavier. De là, on pouvait influer manuellement sur tous les paramètres d'un saut hyperspatial, rectifier la trajectoire du paquebot, modifier le cap sans passer par la timonerie. Bref, c'était l'endroit d'où une seule personne pouvait piloter le Wandering Nova. Suréna y entra avec un sentiment de respect, et reçut un choc. Cette pièce ressemblait à s'y méprendre à une salle de pilotage standard, semblable à celle d'un petit cargo ou d'un yacht de plaisance. Seule différence : un peu plus de manettes, de cardans et d'écrans de contrôle. Tout y était surchargé, lumineux, clignotant, oppressant. Devant les consoles de commande principales, deux sièges similaires à ceux qu'on trouvait dans n'importe quel poste de pilotage.
— Grand Gilead ! dit Suréna. Une salle de pilotage dans un aussi gros navire, c'est presque incroyable.
Mérodac entra derrière lui et referma soigneusement la porte.
— C'est un secret. Dans ces vaisseaux où les ordinateurs contrôlent tout, jamais les passagers n'accepteraient de monter à bord d'un navire s'il était piloté directement par une main humaine, si qualifiée soit-elle. J'espère maintenant que tu vas m'en dire plus sur ton idée.
Suréna s'assit sur l'un des fauteuils et examina les rangées de cadrans. Tout y était, tout ce dont il avait besoin. Il hocha la tête de satisfaction puis se tourna vers le capitaine du Wandering Nova.
— Je ne tournerai pas autour du pot, Zeth. Il s'agit pour nous de passer en hyperespace manuellement.
Mérodac haussa les sourcils et fit mine de reculer vers la porte de la salle.
— Je ne t'apprends rien en te disant que c'est impossible, Suréna. Sais-tu combien de paramètres doivent être calculés avant un saut, avec quelle précision ? Sais-tu combien de variables doivent être prisent en compte, et de quelle manière elles peuvent changer aléatoirement ? Si on a programmé des ordinateurs pour faire ce boulot, c'est bien parce que les personnes en sont incapables.
— Oui, dit Suréna d'une voix qui se voulait convaincante. Mais ceux qui ont programmé les ordinateurs sont bien des personnes, eux, et autrefois, comme tu l'as fait remarquer lors de la réunion, nos ancêtres calculaient tout sans l'aide des machines. Ces calculs ne sont pas hors de la portée d'un cerveau, j'en suis sûr. Aussi…
Mérodac se retourna vers la porte et manipula les commandes d'ouverture.
— Désolé, je ne marche pas. Si c'est cela ton idée, oublie-là. Je ne veux pas de ça dans mon vaisseau.
Suréna se leva et l'arrêta en saisissant sa manche.
— Un instant, Zeth. Tu n'as pas confiance en moi ? Tu ne crois pas en moi ?
— Comment ça, je ne crois pas en toi ? Ne prends pas la grosse tête, jeune voyou. J'ai confiance en toi, c'est vrai, mais je reste à peu près raisonnable. J'ai des comptes à rendre, moi, et Porcius est loin d'être commode.
Suréna retomba dans le siège de pilotage et se croisa les bras.
— C'est la seule solution, Zeth, tu le sais. Des évènements graves sont en train de se produire dans l'Empire, j'en suis certain, et nous détenons des informations vitales. Nous ne pouvons pas rester ici plusieurs semaines et attendre que quelqu'un vienne nous aider, en admettant que quelqu'un vienne un jour. Tout ce que je peux te dire c'est : fais-moi confiance.
Mérodac revint vers les consoles et gratifia Suréna d'un regard désapprobateur. Le jeune Jedi avait raison, et c'était vrai, Mérodac le savait, mais risquer un passage en hyperespace selon des calculs mentaux ressemblait fort à un suicide. Ou à une action désespérée. Personne ne l'avait jamais fait sur un vaisseau de cette taille, pas depuis des millénaires, en tout cas. D'un autre côté, lorsqu'il était son mentor, Mérodac avait eu souvent l'occasion de constater que Suréna faisait parfois preuve d'aptitudes qui dépassaient la normale. Il savait des choses, sans les avoir jamais apprises, il connaissait intuitivement des techniques, possédait des compétences dans différents domaines, et personne ne savait d'où il tirait ce fond. La Force était puissante en lui, mais ça n'expliquait pas tout. Son père avait eu accès à la totalité de la Mémoire, et Suréna était son fils. Peut-être gardait-il quelque chose de ce que son père avait vécu.
— Je veux que tu m'expliques tout, Suréna. Sans quoi, je n'accepte pas de te laisser tenter cette folie.
— Que je t'explique quoi ?
— Tout. Comment vas-tu faire ?
Suréna s'installa dans le siège de pilotage. Lui-même ignorait comment procéder. Alors quant à l'expliquer… Pouvait-il révéler à Mérodac que quelqu'un partageait son cerveau depuis toujours ? Que cette autre personne dont il ignorait même l'identité lui communiquait les informations dont il avait besoin, lui enseignait des techniques, des connaissances nouvelles ? C'était son secret le plus précieux. L'autre, dans sa tête, devait connaître les formules pour le saut en hyperespace. Il devait être capable d'effectuer les réglages indispensables, ou au moins de les indiquer à Suréna. Mais, comment expliquer cela à Mérodac ?
— Fais-moi confiance, Zeth. Je t'en dirai plus après.
— Si cela marche, si nous ne nous retrouvons pas perdu à l'autre bout de la galaxie ou au cœur d'une étoile.
— Ça marchera, Zeth. Aie confiance.

— — — — — — — — —


Toujours debout derrière sa muraille transparente, l'Autre souriait légèrement en manipulant sa pipe. Son costume avait changé, cette fois; il arborait une sorte de combinaison spatiale antique, comme les telmadiens en portaient dans les premiers vols spatiaux, avant la Grande Conquête. Elle ne lui servait à rien, évidemment, puisqu'il n'avait pas de substance réelle, mais souvent il changeait d'apparence au gré de sa fantaisie sans expliquer pourquoi. De l'autre côté de la muraille de brouillard, Suréna attendait, soucieux, débarrassé de son contrôle mental dans cet univers spirituel. Là, plus de faux semblants, plus de masque rigide, rien que Suréna et l'Autre, rien que des sentiments et des émotions vraies. Pas moyen de tricher. L'Autre mordit le bout de sa pipe comme s'il en aspirait quelque chose, puis, après ce qui, dans cet univers, pouvait être un long moment, il dit:
— Je comprends, Suréna. Mais es-tu conscient de ce que tu me demandes ? Te donner les informations ne suffira pas, cette fois, c'est bien plus complexe. Il me faudra intervenir directement dans le monde réel.
— La situation est grave, se contenta de souligner Suréna.
— J'en sais aussi long que toi. Je partage tes sens, j'ai tout vu moi aussi, et ton inquiétude est aussi la mienne, quoique différente. Mais ce que tu me demandes…
Il secoua la tête. Suréna sentit la colère monter en lui, mêlée à un curieux désespoir. Un sentiment nouveau pour lui, qu'il n'avait pas encore pris le temps d'analyser. Une impression d'urgence lui serrait le cœur, le poussait à tout accepter pour sortir de ce piège. Un sentiment de mort qu'il connaissait pour la première fois de son existence.
— Vous m'avez toujours aidé, dit Suréna. Je ne vous ai jamais demandé qui vous étiez ni ce que vous faisiez dans ma tête, j'ai toujours accepté votre présence sans la révéler, comme si c'était normal. Je n'ai jamais autant eu besoin de vous qu'à présent. Je pressens quelque chose de tragique.
L'Autre hocha la tête. Cet arrangement avait toujours existé entre Suréna et lui: de l'aide et des conseils contre le secret absolu sur son existence. Cependant, ce que le jeune Jedi attendait de lui, cette fois, mettait ce secret en péril, risquait de détruire la vie tranquille qu'il s'était fabriquée dans l'esprit de Suréna. Comment avait-il pu imaginer que cette situation durerait éternellement ? Rien n'est éternel, pas même les Jedi. Et puis, le danger était réel, le danger pour le Plan, pour sa propre survie. Si Suréna restait coincé dans ce vaisseau, lui aussi y restait, peut-être pour toujours.
— Les conséquences risquent d'être terribles pour toi, Suréna. Tu ne pourras pas garder mon existence secrète, il faudra bien que tu expliques ce qui va se passer.
— Je saurai temporiser, assura Suréna. Je reporterai les explications le plus loin possible, après la crise qui nous menace.
— Je vais devoir me servir de ton corps, devenir toi, et tu ne pourras pas agir jusqu'à ce que je décide de t'en rendre le contrôle. A ton tour, tu seras prisonnier derrière cette muraille psychique infranchissable, simple spectateur des évènements.
— Je suis prêt à tout, dit Suréna, rongé par une inquiétude croissante.
— Que ferais-tu si je décide de ne pas te rendre ton corps, si je refuse de réintégrer cette place ? Tu ne pourras rien faire pour me déloger, et ton esprit restera éternellement prisonnier, enfermé dans ton propre cerveau. En prends-tu le risque ?
— J'ai confiance en vous, dit enfin Suréna. Je crois en vous. Vous êtes honnête, droit, et vous ne m'avez jamais menti.
L'Autre n'avait plus d'arguments. La relation qu'il entretenait avec Suréna depuis des décennies ne laissait plus de place à la tromperie, c'était vrai. Ils étaient comme deux frères, deux siamois, et L'Autre connaissait Suréna presque aussi bien qu'il se connaissait lui-même. Ce qui n'était pas réciproque, pourtant. Mais lorsqu'il prendrait possession du corps de Suréna, l'Autre savait parfaitement que le Jedi, à travers la Force, aurait accès à la vérité, à sa mémoire, pendant le très bref instant où leurs deux esprits fusionneraient. Un bref instant seulement, certes, mais suffisamment long pour que Suréna comprenne tout ce que l'Autre lui cachait depuis sa naissance. Presque la mort dans l'âme, l'Autre reprit:
— Je vais t'aider, Suréna, mais pendant un temps très court, juste assez longtemps pour faire les calculs nécessaires et effectuer la programmation de ce saut en hyperespace. Il est trop tôt pour que mon existence soit connue de tous.
— Mais il y a Mérodac.
— Si tu t'y prends bien, il se taira assez longtemps. Malgré son âge et l'assurance qu'il affiche, il est impressionnable. Quelque part, les Jedi restent toujours innocents comme des enfants.
— C'est ce qui leur permet de survivre à cette éternité, dit sombrement Suréna.
L'Autre hocha la tête affirmativement et fit mine de tirer sur sa pipe. Finalement, sa pseudo combinaison spatiale montrait qu'il était d'accord dès le début.
— A toi de me donner le signal, Suréna. Je te promets une expérience inoubliable, et terrible, sous certains aspects.
— Merci, dit Suréna. Maintenant, je sais que nous allons nous en sortir. Quant à l'expérience, je vous donnerai mes impressions ensuite.
Suréna disparut brutalement de la scène mentale, et l'Autre resta seul, derrière sa barrière de brouillard scintillant. Le moment qu'il craignait entre tous était finalement venu. Après tant d'années, alors qu'il pensait avoir enfin trouvé la paix, la tranquillité, une éternité de tranquillité, une fois de plus il allait devoir intervenir dans les affaires humaines qu'il croyait avoir quittées pour de bon cinq siècles plus tôt. Cinq siècles d'hypocrisie. Et cela ne lui laissait dans le cœur qu'un sentiment amer et décevant. Un sentiment qu'il ne connaissait que trop. D'un geste désabusé, il jeta sa pipe au loin. Elle disparut, elle n'avait jamais existé, n'étant que la matérialisation d'un certain bien-être maintenant révolu.
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Messagepar mat-vador » Dim 19 Juin 2022 - 20:36   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 12 (part 1)

Lu !

Alors que la domination des Jedi s'est effondrée, Suréna va tenter de s'en sortir en requérant les services de l'Autre ( s'agirait-il d'Arkon Spell :sournois: :sournois: ? )

Vivement la suite :oui: :oui: !
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Messagepar Uttini » Sam 09 Juil 2022 - 16:04   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 12 (part 1)

La suite : partie 2 du chapitre 12.



— Je suis curieux de voir quelle nouvelle carte tu tiens dans ton jeu, Suréna.
Le jeune Jedi s'autorisa un sourire complice et poursuivit l'examen des écrans de navigation. Ce poste de pilotage était incroyablement complexe, et aucune commande n'y manquait. Tous les systèmes du vaisseau pouvaient être contrôlés depuis ces consoles, depuis le chauffage électrique des cabines des passagers jusqu'à la puissance d'impulsion des motivateurs hyperspatiaux. Malgré sa solide formation de pilote, Suréna buttait sur certaines commandes, et Mérodac le rassurait:
— De toute façon, la moitié de ces cadrans ne sert à rien. Tout est accessible par les menus de l'ordinateur principal, et ils ne servent que si la machine présente une défaillance, ce qui n'arrive jamais.
— Bien sûr, dit Suréna. Se retrouver sans navordinateur n'est pas non plus supposé arriver.
Mérodac s'esclaffa. La bonne humeur revenait et c'était plutôt bon signe. Jamais le Jedi n'aurait imaginé se trouver là, en train de préparer un saut hyperspatial sans ordinateur. Bien des aventures il avait vécu, durant sa très longue vie, et parfois même des situations plus périlleuses encore, lors de la guerre contre les chiss. Autrefois, une nouvelle aventure était pour lui quelque chose d'excitant, un nouveau défi, mais ces dernières décennies, il avait mis son esprit audacieux en veilleuse, tout comme le Plan et l'Empire avaient mis en veilleuse pas mal de choses. Et ce goût pour l'aventure, cette témérité qui faisait de lui un grand guerrier, il les sentait revenir à grands pas.
Suréna, lui, n'était pas de ce genre d'hommes. Les premières années de sa vie d'adulte, il les avait passées seul à parcourir la galaxie, à visiter des dizaines de systèmes stellaires, à observer les beautés que recelaient les amas d'étoiles, les nébuleuses, les formidables nuages gazeux où se formaient les étoiles. Mais il avait fallu revenir un jour aux réalités, et l'ère impériale ne laissait pas beaucoup de place à l'aventure. Seul le statut de chevalier Jedi assurait un peu d'action dans une vie morne.
— Finiras-tu par m'expliquer comment tu comptes t'y prendre ? dit Mérodac.
— Plus tard. Je n'aime pas les questions.
— Et moi j'aime les réponses, dit Mérodac. Peut-être veux-tu que je fasse jouer le grade ? Je suis le capitaine de ce navire, après tout.
Suréna secoua la tête en souriant et reporta son attention sur les instructions qui s'affichaient sur l'écran de navigation. Tôt ou tard, il devrait lui répondre. Le plus tard serait le mieux.
— Quel que soit ton dernier atout, c'est en lui que je crois, dit Mérodac, abandonnant finalement les questions. Même le mieux entraîné des pilotes ne peut réussir un saut sans l'aide du navordinateur, surtout pas à bord d'un rafiot mal fichu comme celui-là. C'est bien pour ça que, avant l'Ère des Ténèbres, on avait conçu des droïdes astromeccano qui faisaient les calculs et gardaient en mémoire les paramètres hyperspatiaux. De mémoire de marin spatial, on n'a jamais revu tous ceux qui ont tenté le vol en hyperespace sans ordinateur, et je suis certain que tu le sais.
Suréna fit un signe affirmatif de la tête, toujours souriant. La confiance se lisait sur ses traits détendus. Mérodac était perspicace. Au-delà de son pessimisme proverbial se cachait un caractère obstiné, intelligent, lucide, capable de faire face aux pires situations.
— Qu'est-ce qui me prend de faire confiance à ce gamin ? dit-il encore, réfléchissant à voix haute.
Si Mérodac avait une confiance aveugle dans les ressources insoupçonnées de son jeune ami, Suréna était loin de partager ce point de vue. Lui-même n'avait aucune chance de réussir, il en était parfaitement conscient. C'est l'Autre qui ferait le plus difficile, pas Suréna Spell, et cela avait quelque chose de frustrant. Jamais il n'aurait le front de mentir à ce sujet si on le questionnait, mais avouer son impuissance avait toujours quelque chose d'humiliant lorsque tout le monde vous prend pour un sauveur.
— Tout me paraît en ordre, Zeth, dit-il d'une voix glaciale. Nous pouvons procéder aux premières manœuvres.
Mérodac boucla sa ceinture. Une vague de crainte déferla sur lui, durant une seconde, balayant toute la confiance qu'il avait en Suréna, mais il se domina. Il ne craignait pas pour lui, mais pour les huit mille passagers qui se morfondaient dans le ventre du Wandering Nova. On leur avait raconté quelques histoires pour les faire tenir tranquille, et les moniteurs de manœuvre indiquaient un passage imminent en hyperespace. Le plus délicat avait été de convaincre Malow, Smolett et Porcius. Suréna avait imaginé une histoire un peu bancale, prétendant pouvoir se mettre mentalement en liaison avec la Mémoire afin de calculer le saut. Seul Mérodac savait que cela relevait de la fantaisie, mais ça, plus une petite pression mentale sur leurs esprits, avait suffi à les convaincre. Aussi, le vieux Jedi réprima sa crainte et se concentra sur ses instruments.
— Entrez les coordonnées, s'il vous plaît, dit la voix synthétique de l'ordinateur.
Suréna tapa soigneusement les navicomposantes sur le clavier. Sur l'écran principal, la carte de la galaxie s'afficha, indiquant les positions relatives du vaisseau et de sa destination. Un point rouge se mit à clignoter et un nom s'inscrivit à côté.
Strenotis ? Qu'est-ce que c'est que ce système ? maugréa Mérodac. Pourquoi pas une planète relais où nous pourrions faire des réparations de fortune ?
— Ce n'est pas le monde le plus proche de nous, j'en conviens, dit Suréna, mais il présente un avantage unique: il y a en ce moment une expédition archéologique Jedi sur Strenotis, et ils ont une Info de la Mémoire avec eux. Le plus urgent, ce n'est pas la réparation du Wandering Nova, mais la nécessité de prendre contact avec Coruscant et avec mon père.
— Ça ne peut pas être pire que maintenant, dit Mérodac en secouant la tête. Va pour Strenotis. Mais nous ne serons jamais sur Oruséa Prime pour le début des festivités.
— Quelque chose me dit que ce n'est pas d'une grande importance.
Suréna attendit quelques secondes que l'ordinateur calcule les premiers paramètres, puis se heurta au message d'erreur prévu.
— Erreur fatale dans le module de calcul TH-1138. Les fichiers d'interprétation des paramètres de saut sont manquants, dit la voix de la machine.
— Je suis au courant, répondit Suréna, comme si la machine était capable de tenir compte de sa réponse.
Il déconnecta les circuits du navordinateur et mit sous tension le système de contrôle manuel. Un écran s'allume et afficha un message d'alarme: " Contact avec le processeur de commande impossible – veuillez quitter le système ".
— Je t'avais prévenu, dit Mérodac. Cette mécanique est plus têtue qu'un paysan kiatite.
Suréna sourit à nouveau et entra une combinaison de touches qui déverrouilla le système. Aussitôt, une feuille de calcul complexe s'afficha sur l'écran, où tous les champs de saisie étaient vides. Le moment crucial arrivait. Tous les paramètres du saut devaient être entrés un à un, selon le calcul complexe effectué en principe par le navordinateur.
Mérodac sentit une coulée de sueur froide descendre dans son dos. A présent que cet écran brillait devant lui, il ne se sentait plus aussi certain de la confiance qu'il plaçait en Suréna. La moindre erreur dans les séries de chiffres que le jeune Jedi allait taper signifiait leur perte. Quant à savoir comment il obtiendrait ces fameux chiffres…
— C'est le moment, Suréna, dit-il.
Oui. C'était le moment. Suréna se concentra sur la Force et, chassant l'angoisse qui se répandait en lui, il donna le signal que l'Autre attendait, et celui-ci se rua hors de sa prison. Le corps du Jedi se crispa un peu et ses poings se serrèrent convulsivement, alors qu'il opposait une résistance instinctive à l'invasion de son cerveau par un esprit qui n'était pas le sien. Mais il se contrôla et finit par se détendre, pour faciliter à l'Autre la tâche pour laquelle il l'avait sollicité.
Brutalement, quelque chose changea en Suréna. Pas un changement clair, visible pour le commun des mortels, pas un changement physique, mais quelque chose de plus subtil que seul un Jedi ou un intime pouvaient percevoir. Les traits de son visage se tendirent d'une manière inhabituelle, comme pour adopter une autre apparence, ses muscles semblèrent se faire un peu plus noueux, son léger sourire disparut au profit d'un regard perspicace, profond comme jamais il n'en avait eu un. Il était toujours Suréna, sans pourtant être encore lui-même. Ce n'était qu'un effet des changements cruciaux qui s'effectuaient dans son cerveau. L'esprit de quelqu'un d'autre venait de prendre les rênes, reléguant celui du telmadien, terrifié pour la première fois de sa vie, derrière une barrière impalpable de brouillard scintillant. Suréna se sentit perdre toute substance, perdre ses membres, son corps, son existence même, et pourtant continuer à exister dans un espace psychique illimité. Il n'était plus qu'esprit et pensée pure dans un puits de ténèbres, et l'écho de la moindre de ses réflexions l'assourdissait. Alors qu'il perdait ainsi la maîtrise de son corps physique, sa mémoire se mélangea une infime fraction de seconde avec celle de l'Autre, à l'instant où les deux esprits se croisaient pour échanger leurs places. Pour la première fois de son existence, l'identité de l'Autre qui occupait son cerveau s'imposa à lui. Prisonnier dans l'espace psychique sans substance ni réalité, il poussa un grand cri silencieux où se mêlaient stupeur et frustration:
— Grand Gilead !

— — — — — — — — —


Mérodac, interloqué, vit son jeune compagnon se raidir et se mettre à frapper furieusement sur le clavier de l'ordinateur. Il lui sembla qu'il frappait au hasard, tant ses doigts courraient rapidement sur les touches, tant son regard était fixe, rivé sur l'écran principal où s'affichaient les paramètres. Le vieux Jedi examina lui aussi l'écran, mais les nombres se mêlaient aux nombres et n'avaient pour lui aucune signification. En quelques secondes seulement, la feuille de calcul contenant la totalité des paramètres de saut fut remplie, précise à la cinquième décimale. Avant même que Mérodac ne puisse sortir de son effarement, Suréna valida les valeurs et la feuille de calcul disparut. La machine adressa un message d'accord, puis afficha sur l'écran l'état des unités d'accumulation d'énergie des motivateurs hyperspatiaux, prêts à fonctionner. Le Wandering Nova s'ébranla, prit de la vitesse, et s'orienta selon une nouvelle trajectoire.
Partout à bord du vaisseau, les passagers et l'équipage frissonnèrent. Après quelques dizaines de minutes d'accélération, un voyant se mit à clignoter sur le tableau de commande, face à Suréna, qui étendit la main sans hésiter vers la manette de commande.
Dans un geste convulsif, soudain pris de panique, Mérodac saisit le bras de son jeune compagnon et le tira vers lui, trop tard pour l'empêcher d'actionner le dispositif de commande du vol hyperspatial. A l'arrière du vaisseau, les puissants accumulateurs d'énergie déchargèrent leur contenu dans les motivateurs et une brèche dans le substrat de l'espace temps se créa aussitôt, englobant l'énorme masse du Wandering Nova et projetant celui-ci dans ce qu'on avait coutume d'appeler l'hyperespace. Par les hublots, les passagers assistèrent au spectacle familier du saut : les étoiles s'étirèrent en un ensemble de lignes et le vaisseau plongea dans l'hyperespace, à travers le tunnel bleuté de la non-dimension. Personne ne pouvait dire avec précision ce qui se passait dans l'hyperespace. Le savoir s'était perdu dans la nuit des temps, à l'époque où les tous premiers voyageurs interstellaires avaient quitté le sol de leur unique monde habité pour se lancer à l'assaut des étoiles. Peu importait d'ailleurs le pourquoi et le comment des choses. On maîtrisait le voyage en hyperespace, certes sans en comprendre tous les principes fondamentaux, et c'était bien suffisant.
Dans la cabine de pilotage, Mérodac se figea. Son regard croisa celui de l'homme qu'il croyait encore être Suréna. Il n'en était rien, à l'évidence. Ces yeux, cette concentration, ces traits n'appartenaient pas au fils d'Arkon Spell. Le vieux telmadien déglutit bruyamment et retomba dans le fond de son siège. Jamais il n'avait assisté à quelque chose de ce genre, et il se surprit même à douter de sa santé mentale.
Quelques heures plus tard, le Wandering Nova fut tout entier agité de soubresauts discrets. Il quittait l'hyperespace. A travers les hublots, le tunnel bleuté fit brusquement place au noir d'encre de l'espace normal, piqueté d'une infinité de points lumineux, à seulement quelques heures de vol de Strenotis…
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Messagepar mat-vador » Sam 09 Juil 2022 - 20:36   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 12 (part 2)

Lu !

L'Autre intervient et cap sur Strenotis, donc :whistle: ! Je sens qu'on va revoir une reine fofolle :whistle: ! Suréna risque de subir une nouvelle expérience traumatisante :diable: !

La suite :oui: !
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Messagepar Uttini » Mar 22 Nov 2022 - 13:38   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - Chapitre 12 (part 2)

Je suis un peu de retour. Bon, clairement, je manque de temps pour lire les histoires des autres, je suis de plus en plus occupé et même pour publier... Qui plus est, je regrette un peu, parce que j'ai dénaturé un texte complètement original pour en faire un fan-fic, ce qui en détruit un peu la puissance, puisque l'adaptation dans l'univers Star Wars en réduit l'étendue.
Je vous donne un lien pour la totalité du texte en pdf, si vous êtes assez courageux pour tout lire (quand même presque 300 pages A4).
https://www.fichier-pdf.fr/2022/11/22/l ... -gilead-1/
Du même coup, je vous livre le préquel, soit la deuxième époque de mon histoire, un peu plus courte que la troisième, mais donnant pas mal d'explications sur ce qui s'y passe.
https://www.fichier-pdf.fr/2022/11/22/d ... nquerir-1/
Bonne lecture à tous.
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Messagepar LL-8 » Mer 23 Nov 2022 - 21:59   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - version finie en pdf + prequel.

Contente de te revoir par ici!

Bon, je me permets quand même de râler (mais gentiment hein ^^) : je trouve ça dommage que tu nous balances tout ça d'un coup, l'avantage d'une publication épisodique étant qu'on a le temps et qu'on a pas forcément l'impression de lire un gros pavé - alors que là, ça va être plus compliqué.
Ca casse avec les habitudes de cette partie du forum - et puis du coup j'ai l'impression qu'on aura pas la suite :/

Même réflexion pour La Terre sans Retour - mais là j'imagine que c'est un récit complet et plus court donc je t'épargne mon râlage sur ce topic là.
Dommage ! Même si je comprends tout à fait les raisons derrière ce choix :)

Soit dit en passant, tu peux toujours poster ton histoire originale dans la partie "à part SW" du fofo :think:

Bon courage pour la suite et j'espère te revoir dans le coin!
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Messagepar Uttini » Ven 25 Nov 2022 - 18:55   Sujet: Re: Le Fils de Gilead - version finie en pdf + prequel.

Bon, ok, je comprends... Je publierai la suite. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle.
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