Bonsoir, comment allez-vous ?
Allez c'est l'heure de la suite et de retrouver notre chère Naha sous couverture et en mission d'infiltration/sauvetage
!
Station Kwenn, une heure avant le début de la batailleLorsque Naha, Maathra et Sadec accédèrent à la Ville Haute, ce niveau supérieur de la Station Kwenn débordait d’une activité frénétique. Les commerçants itinérants traînaient le long de la grande artère principale, s’attardant devant les magasins aux enseignes criardes exprimées dans les divers dialectes en cours dans l’Espace Hutt ou se groupaient au milieu de l’avenue, pour parler affaires.
Les soldats d’infanterie de Lix qui patrouillaient, leur rappelaient brutalement que la guerre était proche. Naha frissonnait en songeant que le temps leur était compté, s’ils voulaient sauver Hisi avant que n’éclatent les combats.
La jeune twi’lek Lethan secoua ses lekkus lorsqu’elle leva la tête vers le dôme de transparacier, qui lui offrait une vue imprenable sur l’espace infini et les vaisseaux de guerre de conception républicaine, qui défendaient la Station. Puis elle se retourna légèrement pour observer Ilmi Kliss qui suivait le trio, à vingt pas derrière. L’ancienne pilote zabrak lui adressa un sourire franc, destiné à la rassurer.
Son rôle était de les couvrir et de leur permettre de s’exfiltrer rapidement de la forteresse de Barosh, si les choses tournaient mal. Mais la jeune twi’lek réalisa ce qui la mettait mal à l’aise.
À cause de sa tenue de danseuse exotique, tous les mâles qu’ils croisaient, ralentissaient pour la reluquer. Elle croisa leurs regards appréciateurs et avides, qui la dégouttaient. Elle se sentait mise à nue, fragile comme lorsqu’elle était prisonnière des Contispex junior, livrée sans défense à leur sadisme cruel.
Elle entendit même un chagrien s’exclamer :
- Wouah ! Ça, c’est de la première classe !
Naha serra les dents, endurant la bêtise des hôtes de la Ville Haute. Elle fut soulagée cependant, quand Sadec repoussa fermement un mutant à la peau lépreuse qui voulait la toucher. Maathra foudroya l’intrus du regard, pour le dissuader de recommencer, alors qu’elle tirait sur la chaîne qui reliait le collier de Naha à son poignet, pour la forcer à avancer.
La guerrière echanie soignait parfaitement son rôle d’esclavagiste impitoyable. Mais le mutant revint à la charge, se plaçant dans le dos de Naha, pour lui poser une main lourde sur ses hanches. Son hennissement choqué alerta l’echanie, qui revint aussitôt sur ses pas.
S’interposant devant la twi’lek, l’amazone dégaina de sa main libre, son épée du fourreau si vite que le mutant ne comprit rien jusqu’à ce qu’il fut renversé par terre, les dents brisées par la garde de l’arme.
Il gémit en rampant tandis qu’elle le dardait de ses yeux froids.
- Touche encore une fois à la marchandise et je te tranche la tête. C’est clair, vermine ?
Le mutant ne se fit pas prier deux fois et s’empressa de déguerpir sans demander son reste. D’un regard entendu, Maathra demanda à Sadec de se placer derrière leur jeune camarade. La présence du zabrak dans son dos tranquillisa un peu plus Naha, même s’il la bousculait entre les omoplates pour donner le change de temps en temps.
- Tu te rappelles le signal ? Lui demanda-t-il.
- Je tire sur la chaîne si je vois ma petite sœur, répondit-elle sans hésiter.
Comme par superstition, elle agrippa temporairement la chaîne qui partait de son collier et que serrait Maathra entre ses doigts rugueux.
- Tu tires comme si tu tentais de t’échapper, insista le zabrak.
- Eh, j’avais compris, marmonna-t-elle.
Ses gardiens prirent un air si menaçant, que tous ceux qui tentaient de souiller la marchandise, préféraient rester finalement à distance.
- On y est, signala discrètement l’echanie.
Au cœur de la Ville Haute et barrant la grande artère commerciale, se dressait la forteresse de Barosh. Le moins que l’on puisse dire, est que l’esthétique du domaine du seigneur Hutt jurait radicalement avec l’élégance et les couleurs vives qui caractérisaient l’architecture du reste de la cité artificielle, flottant dans l’espace.
Barosh montrait qu’il possédait un côté fonctionnel dans la gestion de la Station Kwenn, bâtissant son palais comme un bastion inexpugnable, destiné à le protéger de toute attaque ou de tout ennemi. Y compris parmi les autres kadijics.
Naha grimaça en constatant les nombreux gardes à l’entrée sous un préau, protégée par un champ énergétique visant à bloquer toute attaque massive, sans empêcher le transport de personnes ou de marchandises. Les mercenaires du Hutt surveillaient en effet, le passage qui passait sous le palais, encaissant auprès des passants, les frais d’un péage quelque peu abusif.
- Ce sera difficile de s’en échapper, si ça tourne aussi mal que je le crains, commenta-t-elle.
- Bah, il suffira que chacun joue son rôle, répliqua Sadec.
Il échangea au passage avec Ilmi qui les contourna pour s’installer à la terrasse d’une cantina, à vingt mètres de l’entrée du palais.
- Exact, appuya Maathra. Et mieux vaut commencer maintenant.
Elle tira rudement sur la chaîne, faisant trébucher Naha intentionnellement pour donner le change. Celle-ci se retint de l’insulter juste à temps. Elle arbora un air soumis, comme le ferait n’importe quelle esclave.
Le trio fut arrêté par les gardes, menés par un nikto peu avenant, après être entrés à travers le champ énergétique.
- Où allez-vous comme ça ?
- Nous aimerions offrir cette esclave twi’lek au seigneur Barosh, expliqua Maathra. Moyennant un prix raisonnable pour ouvrir un partenariat fructueux avec le prestigieux clan Besadii.
Le natif de Kintan la dévisageait avec distance.
- Le seigneur Barosh est occupé pour le moment, repassez plus tard, grogna-t-il.
- Alors nous attendrons dans l’antichambre, son bon plaisir, répondit l’echanie avec une nonchalance suffisante.
Le nikto perdit alors patience.
- Es-tu sourde, femme ? Je t’ai dit de repasser plus tard avec ta twi’lek !
Il voulut la repousser de la main sans ménagement mais l’amazone réagit plus promptement. Elle lui attrapa le poignet de la main libre et le tordit en une simple traction, froissant impitoyablement ses ligaments.
Elle le mit à terre en lui balayant les chevilles puis le sonna d’un coup de talon sur le front. Les autres acolytes voulurent aider leur chef mais Sadec les braqua de son blaster. Ils restèrent immobiles, ne sachant que faire.
Maathra surveillait le nikto qui se relevait prudemment.
- Comme je le proposais, nous attendrons dans l’antichambre, le bon plaisir du seigneur Barosh. À moins que quelqu’un ait quelque chose à dire ?
Le nikto épongea son front avant d’oser déclarer:
- Vous pouvez entrer mais vous devez d’abord donner vos armes.
- Nous gardons nos armes, trancha Maathra. Si vous n’êtes pas d’accord, nous pouvons reprendre là où nous en étions restés, ajouta-t-elle avec un sourire railleur.
Le nikto hésita avant de lui faire signe de le suivre. Sadec rangea son blaster après qu’il soit certain qu’ils ne tenteraient rien contre eux.
Tous trois traversèrent le préau puis obliquèrent à droite pour emprunter un escalier qui montait en colimaçon jusqu’aux étages supérieurs de la forteresse. Là, ils accédèrent rapidement à une salle d’attente gardée par d’autres mercenaires, et qui contenaient déjà plusieurs individus à l’apparence et aux motivations diverses.
Les commerçants qui souhaitaient acquérir des privilèges de toutes sortes contre une généreuse donation, se mêlaient, agglutinés, à de pauvres hères qui venaient supplier ou porter des doléances à cet inflexible tyran.
- Vous devrez attendre après tous ces gens, leur signala le nikto avant de se retirer.
- Alors nous attendrons, acquiesça-t-elle.
Ils se frayèrent, veillant à éviter les jambes voire les corps étalés de travers. Les plus fortunés et les plus influents avaient évidemment droit aux meilleures places, c’est-à-dire… assis et accompagnés de droïdes interprètes ou scribes.
Et ils étaient surtout prioritaires même s’ils n’arrivaient pas les premiers.
Les miséreux étaient à leurs pieds, oubliés et spoliés jusqu’à cette salle d’attente du Hutt si inaccessible pour eux. Deux commerçants duros se levèrent de leurs sièges, autorisés à entrer dans ses appartements.
Avant même que les mendiants aient pu songer à se battre pour s’en emparer, Maathra et Sadec prirent les devants et s’y installèrent.
Naha toujours tenue en laisse, resta debout, indécise jusqu’à ce que l’echanie ne lui indiqua le sol d’un index impérieux.
- Ta place est ici, esclave.
Son ton adoptait sans défaillir la rudesse des esclavagistes insensibles à la précarité de leurs proies. Naha savait qu’elle devait jouer son rôle puisque Maathra et Sadec n’oubliaient pas le leur. Elle s’assit à même le sol, les jambes repliées contre sa poitrine pour maîtriser sa nervosité.
Et ils attendirent tous les trois, le bon vouloir de Barosh. Comme tous ceux qui patientaient autour d’eux. Un luxe qui mit les nerfs de certains à rude épreuve, comme cette femme devaronnienne âgée qui se redressa sur ses appuis pour s’approcher des gardes.
- Combien de temps allons-nous encore rester ici? Se plaignit-elle. Ça fait douze heures que j’attends d’être introduite auprès du Seigneur Barosh pour qu’il me rende ma fille !
Une mercenaire weequay lui répliqua sèchement :
- Eh bien, tu attendras encore jusqu’à ce que le patron te reçoive. Tiens-toi tranquille pendant ce temps !
Mais la devaronnienne devint hargneuse.
- Assez ! D’autres sont arrivés après moi et ont été reçus avant moi ! J’en ai assez d’être traitée injustement !
Naha sentit que plusieurs visiteurs parmi les miséreux, commençaient à murmurer avec elle contre les gardes qui se raidirent instinctivement. Leur soutien la poussa à s’enhardir jusqu’à tenter d’écarter les gardes de son chemin.
- Je veux voir le Seigneur Barosh ! J’exige que ma fille me soit rendue !
- T’as les crédits pour la racheter ? S’esclaffa la weequay avec une malice cruelle.
- Mais nous sommes une famille pauvre !
La weequay pointa alors son blaster sur sa poitrine décharnée sous ses haillons.
- Alors je ne te laisserai pas faire perdre son temps au Seigneur Barosh.
Une détonation… la devaronnienne s’écroula, un trou fumant au milieu du torse sous les regards horrifiés des autres visiteurs que la weequay apostropha :
- Le Seigneur Barosh vous recevra quand il le voudra ! C’est bien clair, tas de cloportes ? Beugla-t-elle.
Elle se relaxa lorsque les têtes se baissèrent, soumises. Le calme était revenu et cette fois, personne ne songea à protester lorsqu’elle ordonna que le corps soit jeté aux ordures. Le temps s’écoula minute après minute.
Tout à coup, Maathra lança son pied dans les côtes de Naha pour attirer son attention.
- Debout, vite !
La jeune twi’lek bondit sur ses pieds, suivant la rugueuse echanie qui la tirait en laisse vers l’entrée juste après que les précédents visiteurs ne sortent, sitôt leur audience avec le Hutt, terminée. Les trois intrus devancèrent aisément l’epicanthix aisé qui s’apprêtait à s’approcher, son tour venu.
Ils lui grillèrent la politesse pour se présenter devant la weequay.
- Vous avez rendez-vous ? Demanda-t-elle sèchement.
- Non, mais je vous garantis que le Seigneur Barosh sera ravi de nous recevoir. Car nous lui apportons un cadeau inestimable et un contrat prometteur entre notre organisation et Son Excellence.
Maathra tira sur la chaîne pour forcer Naha à se ranger à sa hauteur. Sadec se tenait juste derrière elle, pour la protéger et… dissuader l’epicanthix floué, de protester d’un coup d’œil appuyé.
La twi’lek garda le regard rivé vers le sol, pour ne pas croiser celui de la weequay.
- Qui vous a autorisé à entrer ici avec vos armes ? Interrogea cette dernière, avisant l’épée de l’echanie et le blaster du zabrak.
- Oh, ils ont sans doute oublié de nous les demander, martela Maathra avec insolence. Mais nous sommes disposés, mon associé et moi, à faire preuve de bonne foi pour gagner la confiance du Seigneur Barosh.
Tous deux se délestèrent ainsi de leur plein gré de leurs armes dont la weequay s’empara avant de s’écarter pour les laisser passer.
- Suivez-moi mais je vous préviens que Barosh est d’une humeur massacrante, aujourd’hui.
Les trois lui emboîtèrent le pas alors que Sadec demanda :
- Quelle est la cause de sa contrariété ?
- Les préparatifs de la guerre, les caprices des commandants renégats de la République et des Jedi… bref, beaucoup de choses contraignantes.
- Nous saurons l’amadouer, promit Maathra.
- Je l’espère pour vous. Attention au nexu.
Ils traversèrent un large corridor rempli d’intrigants, de gardes et de prostituées. Aucun ne leur prêta vraiment attention, veillant seulement à ne pas bloquer leur chemin. Naha serra les dents, pour ne surprendre les autres femelles offrir des prestations approfondies aux intrigants et à quelques gardes dont la discipline s’était relâchée.
La weequay aboya d’ailleurs en huttese pour remonter les bretelles de ses subalternes qui s’écartèrent vivement des filles de joie. L’une d’elles, une nautolane, en profita pour attirer l’attention de Sadec mais celui-ci demeurait entièrement concentré. Il ignora royalement l’esclave qui adoptait des postures aguicheuses.
La weequay leur montra un grand portail en duracier et les mercenaires qui en assuraient la charge, écartèrent les deux battants sur sa demande.
Les sons d’une musique basse rythmée par des instruments à vents artisanaux, résonnaient alors qu’ils entraient les quartiers du Hutt. Le maître des lieux se tenait allongé paresseusement sur sa barge antigrav, au fonds de son antre. Trente mètres le séparaient de ses nouveaux visiteurs, alors que Barosh insultait copieusement ses deux hôtes qui se tenaient au pied du trône mouvant.
Deux duros qui n’en menaient pas large.
Ceux-ci tremblaient en balbutiant des excuses. Un bruit de chaînes et des jappements féroces trahirent la présence d’un nexu qui se montra depuis le coin sombre où il s’était discrètement tapi. Un prédateur quadrupède aux griffes redoutables, émacié et ramassé, à la tête plate et compressée, mais garnie de crocs non moins redoutables.
- Barosh a bientôt terminé, expliqua la weequay avec un sourire sinistre.
Les quatre gardes qui patrouillaient dans l’antre, se regroupèrent sur l’ordre de leur maître autour des duros terrifiés pour s’emparer de leurs personnes et… les amener vers le nexu qui se mit à bondir, retenu par sa chaîne.
Les duros se débattirent, comprenant que la mort les attendait. Ils supplièrent le Hutt de les épargner, lui promettant beaucoup. Mais pas suffisamment pour le faire fléchir. Ils furent jetés devant le nexu qui se précipita les mâchoires grandes ouvertes pour les déchiqueter.
Naha pressa ses paumes contre ses cônes auditifs saillants pour ne pas écouter leurs cris stridents et les bruits de mastication du toutou de Barosh.
- À votre tour, grinça la weequay qui leur intima d’avancer.
L’echanie tira sur la chaîne avec une force exagérée pour protéger sa couverture, traînant Naha qui promenait son regard sur les nombreux esclaves qui grouillaient autour de la barge du Hutt pour obéir à ses moindres désirs.
Boissons, nourritures, narguilés, danses sensuelles ou des plaisirs plus charnels… comme cette esclave chagrienne qu’il attrapa brusquement par le collier pour la plaquer contre son corps vermiforme. Naha déglutit, priant de ne pas subir cet outrage.
La chagrienne laissa les petites mains courtaudes du Hutt se balader partout, y compris dans les recoins secrets sans témoigner la moindre protestation. Nul doute que son asservissement prolongé avait fini par user sa volonté aussi lentement qu’un poison.
La weequay hésita avant d’attirer l’attention de son maître qui grognait de plaisir en s’amusant avec son jouet.
- Illustre Excellence, ces visiteurs sont venus de très loin pour vous honorer avec un cadeau afin de vous prouver leur respect.
Barosh écarta brutalement la chagrienne de sa barge, la faisant choir sans ménagement. Ses pupilles fendues s’agrandirent pour mieux étudier les nouveaux venus. Naha sentit qu’il s’attardait un peu plus longuement sur elle.
Sadec se pencha vers sa nuque.
- Il y a des enfants esclaves. Trouve vite ta petite sœur si elle est là. Avant que la République n’attaque la Station.
Naha tourna la tête dans la direction indiquée pour les étudier un à un tandis que Maathra affrontait la méfiance du Hutt. Celui-ci appela auprès de lui un droïde interprète pour faciliter la discussion.
- Qui êtes-vous ?
- Je suis Dame Maathra de Eshan, se présenta-t-elle en accomplissant une révérence. Le zabrak est mon associé. Nous représentons le Cartel des Ambres, Seigneur Barosh.
Le Hutt dévisagea la weequay, mais celle-ci se borna à exprimer sa confusion.
- Le Cartel des Ambres ? Rugit-il perplexe.
- C’est une toute nouvelle organisation, mentit l’echanie. Mais je puis vous assurer que son avenir est prometteur.
L’impavidité du Hutt paralyserait n’importe qui. Mais Maathra avait déjà son compte d’ennemis terrifiants.
- Dans quel domaine, votre cartel est-il spécialisé ?
- L’esclavage mais nous envisageons de diversifier nos activités. Mes camarades de notre organisation sont persuadés que le parrainage d’un kadijic comme le vôtre pourrait nous aider à nous développer.
Une profonde respiration secoua la carcasse du baron du crime.
- Et que nous proposez-vous, femelle d’Eshan ?
- Mon monde possède les guerriers les plus réputés de la galaxie, après les puissants Jedi. Mon peuple a élevé le combat martial au sommet de la perfection. Si vous acceptez de soutenir le Cartel des Ambres, ils seront à votre service.
Une nouvelle révérence et cette fois, le Hutt montra une expression plus aimable.
- Là, vous commencez à m’intéresser, Dame Maathra.
À cet instant, Naha retint de justesse un cri de soulagement. Depuis que les palabres avaient été entamées, elle scrutait fiévreusement le groupe d’enfants esclaves qui s’affairait près d’elle, à gauche de la barge.
Notamment une petite twi’lek couverte seulement d’un pagne misérable. Elle portait un petit plateau de victuailles, le collier à son cou indiquant sa triste condition. Son regard était voilé, privé d’étincelle de vie. Comme tous ceux qui avaient été asservis dans l’Espace Hutt.
Naha l’observait avec insistance, le cœur battant. Elle étudiait ses traits, sa démarche et peu après le doute n’était plus permis.
C’était bien Hisi… elle avait dû traverser tant d’épreuves depuis la Lune Pourpre. Il fallait qu’elle la sorte de là ! Maintenant qu’elle avait retrouvé, elle ne la perdrait plus jamais ! Mais d’abord, il fallait avertir ses deux compagnons.
Quel était le signal, déjà ?
Ah oui… tirer sur la chaîne comme si elle voulait s’enfuir. Maathra l’avait enroulé avec précaution autour de son poignet.
La jeune twi’lek agrippa les maillons de ses mains et s’arc-bouta en détendant brusquement ses jambes. Comme elle s’y attendait, la poigne de la guerrière echanie demeura inébranlable et elle pivota à demi pour gifler la pseudo esclave.
Naha ne l’avait pas vue venir. Elle s’effondra sur le dos tandis que Maathra l’admonesta :
- Reste tranquille, si tu ne veux pas que je te corrige !
Elle adressa cependant un geste discret à Sadec qui l’obligea à se relever. Le zabrak en profita pour glisser à Naha :
- Alors ?
- La petite avec le pagne, répondit-elle en calant ses mains devant ses lèvres pour ne pas être repérée.
Il avisa la petite twi’lek et envoya le signal convenu à Ilmi Kliss pour qu’elle se tienne prête à intervenir à l’extérieur de la forteresse.
- Compris, on s’en occupe, confirma-t-il à Naha. N’oublie pas de jouer ton rôle.
Le zabrak se décala discrètement un pas après l’autre, se tenant à la hauteur de la weequay qui conservait leurs armes.
Maathra tira Naha par un de ses lekkus et la jeta à genoux, juste devant la barge.
- Couchée, esclave ! Et ne t’avise pas de recommencer ou je t’écorche la peau, morceau par morceau.
L’echanie adressa un sourire gêné au Hutt.
- Pardonnez-moi cet incident, seigneur. Mais les esclaves sont comme les animaux de compagnie. Ils ont besoin d’être dressés et rappelés à l’ordre. Vous devez être bien placé pour le savoir.
Barosh ria.
- Peut-être ne les dressez-vous pas suffisamment, Dame Maathra.
- Dans ce cas, nous serons ravis de bénéficier de votre expertise en la matière. Si nous en revenions à ma proposition…
Le Hutt reprit une posture nette.
- Oui, votre projet d’association. Je ne peux pas en décider tout de suite, je dois d’abord en référer aux autres membres de mon clan. Mais je ne manquerai pas d’insister sur les avantages que vous nous procurerez.
- Vous m’en voyez ravie, Seigneur Barosh. Au nom du Cartel des Ambres.
- Je vous encourage à profiter de mon hospitalité, Dame Maathra ainsi que votre associé. Vous verrez que les Besadii peuvent se montrer généreux avec leurs partenaires d’affaires. Dans la mesure de nos moyens à cause des tensions avec la République.
- Nous acceptons votre hospitalité et nous vous accordons les plaisirs que vous donnera cette jeune et jolie twi’lek Lethan. Cette couleur de peau est très rare sur Ryloth, ce qui en fait des créatures très recherchées et… chères.
L’echanie donna un coup de botte à la twi’lek, qui se remit sur sur pied.
- C’est une danseuse tout à fait remarquable et cela vous permettra de juger de la qualité de nos produits.
- Dans ce cas, j’ai hâte d’en juger, Dame Maathra. Une danseuse, dites-vous ? Cela tombe bien, j’ai donné la dernière que je possédais à mon nexu. Il en a raffolé.
Naha déglutit à l’idée de finir aussi pire que la précédente victime. Maathra lâcha la chaîne qui la retenait par le cou avant de s’écarter pour rejoindre Sadec et la weequay. Laissant ainsi la jeune femme face au Hutt allongé sur sa barge.
D’un claquement de doigts impatient, celui-ci ordonna qu’on joua de la musique, histoire de donner un supplément d’ambiance.
Je dois danser comme si ma vie en dépendait, se disait Naha. Elle inspira profondément et étira ses bras vers le haut, comme les ailes d’un cygne.
Je dois danser pour sauver Hisi.
Avec souplesse, elle leva la jambe droite à hauteur de la poitrine puis s’élança enfin dans les premières séquences de bases. Elle accomplissait des sauts latéraux, virevoltait sur un seul pied d’appui, donnait l’impression de planer comme un élégant volatile. Ses lekkus flottaient autour de sa nuque, symbolisant l’éclosion d’une fleur au printemps naissant.
Les bavardages avaient cessé et tous n’avaient d’yeux que pour elle, y compris les esclaves du Hutt qui ralentissaient l’accomplissement de leurs tâches pour assister à sa prestation. Maathra et Sadec eux-mêmes n’en perdaient pas une miette.
Les pensées de la jeune twi’lek étaient tournées vers tout ce qu’elle aimait et avait perdu ou qu’elle avait cru perdre. Chaque mouvement exprimait l’espoir, la désillusion, la terreur qui avaient traversé sa vie.
Quelques applaudissements lui parvinrent et Barosh en personne écarquillait ses pupilles fendues, se demandant si cette divinité était réelle. Le Hutt acclama bientôt d’un gloussement appréciateur, imité par ses esclaves.
- Bravo ! Bravo ! S’exclama le Hutt.
Naha improvisait des mouvements imprévus, se laissant emporter dans sa danse. Jusqu’à ce que quelque chose ne la tira brusquement par le collier. Barosh s’était penché pour ramasser sa chaîne et la tracter vers lui.
-
Haja ! Viens plus près, ma jolie !
Ses grands yeux brillaient d’une grande avidité ce qui encouragea Naha à résister, en ancrant ses talons dans le sol. En vain.
Elle se retrouva sur la barge, plaquée contre le torse du Hutt, qui lui caressa les lekkus.
- Tu es charmante, un produit de premier choix ! Dame Maathra n’a pas menti, hmmm, tu es à croquer !
Il semblait aux anges, contrairement à Naha qui rugissait tout en luttant pour se libérer de son étreinte moite et peu ragoutante.
- Ah, tu me résistes ? Bien, je vais prendre plaisir à te dompter, petite twi’lek.
Elle parvint à tourner la tête vers Maathra et Sadec dont elle quêtait le secours d’un regard implorant. Leurs traits étaient tordus de dépit, jusqu’à ce que Maathra ne se glissa derrière la weequay et ne lui brisa la nuque d’une simple torsion des bras.
Le Hutt tirait sa grande langue luisante pour lécher les joues de sa captive, lorsque des alarmes puissantes retentirent.
Naha et ses compagnons retinrent leur souffle car ils savaient ce que cela signifiait. La République était arrivée et sa Marine attaquerait bientôt la Station.
Voilà, j'espère que cela vous a plu !
Allez, à la prochaine
!