À la recherche de leur amie, les Sentinels doivent faire face à une nouvelle menace tout en tentant de lever le voile sur les mystérieuses Archives.
Cette fois, il leur faudra de l'aide.
Des alliances se forment, d'autres se défont. Entre retrouvailles et révélations, les rebelles s'apprêtent à découvrir des secrets qui dépassent de loin tout ce qu'ils avaient pu imaginer…"
Bonjour tout le monde!

Après une longue absence, je reviens pour vous présenter la suite des aventures des Sentinels! Cassiopea et ses amis ne sont pas au bout de leurs surprises dans ce second tome intitulé "The Archives' Secrets".
Il m'a fallu un moment pour achever l'écriture de ce roman mais je suis ravie de pouvoir vous le présenter aujourd'hui. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'histoire ou voudraient se rafraîchir la mémoire, le premier tome - "The Lost Crystals" - est disponible dans la rubrique Bibliothèque du forum.
Sur ce, je vous laisse avec le premier chapitre! Je posterai les suivants à un rythme régulier, à savoir tous les lundis à 17 heures.
Bonne lecture et, surtout, donnez-moi vos avis en commentaires. J'ai hâte d'entendre vos retours

Base militaire des Sentinels ~
La nuit était déjà bien avancée et la base entière était endormie. Dans le silence des ténèbres, on aurait pu croire que la paix régnait sur la planète. Une bien triste illusion. Appuyée contre la rambarde de son balcon, Matylda observait la nature qui s'étendait sous ses yeux, incapable de trouver le sommeil. Comme toutes les nuits depuis maintenant des semaines, elle avait été réveillée par d'atroces cauchemars qui finissaient toujours par la tirer de son lit. Un mois s'était écoulé depuis leur retour à la base. Quatre semaines interminables passées sans la moindre nouvelle de Cassiopea, enlevée par Darth Hell sur Jedha. Matylda avait beau se repasser les évènements en boucle toutes les nuits, elle était encore incapable de croire ce qui était arrivé.
Évidemment, ils étaient arrivés trop tard. À l'instant où la jeune femme avait vu le Phoenix se poser à quelques mètres à peine des chasseurs impériaux, elle avait compris qu'ils n'arriveraient pas à temps. Pendant un instant, elle crut que Hell prendrait d'abord le temps de la tuer avant de s'enfuir mais il s'était rapidement détourné d'elle. Comme si elle ne présentait aucun intérêt pour lui. Frissonnant, Matylda tenta d'évacuer de son esprit les souvenirs des coups de feu échangés, sans succès. Ils n'avaient rien pu faire. Pourtant, Sor avait sorti l'artillerie lourde mais les impériaux avaient été plus rapides. Les Sentinels n'eurent même pas le temps de les rejoindre qu'ils avaient déjà fait décoller leurs vaisseaux. Hell emmenant Cassiopea à bord du sien.
Matylda tenta de refouler les larmes qui menaçaient de couler. Elle avait déjà tellement pleuré qu'elle ne pensait même plus en être capable. Pire que le chagrin, c'était la culpabilité qui la rongeait. Malgré toutes les paroles rassurantes et réconfortantes qui lui étaient adressées chaque jour depuis leur retour, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir et de se sentir coupable.
Tout est de ma faute. Ça n'aurait jamais dû arriver. Pour l'amour de Dieu, j'ai fait ce maudit rêve pendant des mois et je n'ai même pas été capable de le voir venir ! À quoi ça sert d'avoir des pouvoirs de divination si on ne sait pas s'en servir ? Je ne mérite pas ces dons. Heureusement que les Jedi ne m'ont jamais trouvée, ils auraient perdu leur temps avec moi je suis complètement inutile.
Matylda avait envie de hurler de rage. Si seulement elle n'était pas restée plantée là comme une idiote au moment de l'attaque des guérilléros. Si elle avait réagi et était montée derrière Navo sur le speeder, rien de tout cela ne serait arrivé. Ils seraient retournés aux vaisseaux et auraient pu rentrer sains et saufs à la base.
Et maintenant on en est là. Sans aucune nouvelle d'elle depuis des semaines et impossible de la localiser. Je ne me le pardonnerais jamais s'il lui arrivait quelque chose. Elle était gravement blessée quand il l'a emmenée. Qui sait ce qu'il peut se passer.
Alors que le soleil commençait à poindre à l'horizon, la jeune femme retourna dans l'appartement préparer du café. Depuis leur retour, ils se levaient tous aux aurores pour poursuivre les recherches et aussi enquêter sur les Archives. Dans leur malheur, ils avaient tout de même eu la chance de pouvoir rapatrier l'étrange cube lumineux sur Kidron. Seulement voilà, impossible de trouver un accès aux précieuses informations contenues à l'intérieur. Navo avait étudié l'objet sous toutes les coutures et lancé un long processus de décodage pour tenter de craquer l'ouverture. En attendant, ils étaient coincés.
Et je continue à me sentir de plus en plus inutile, Matylda soupira en versant le café chaud dans les tasses. Sor et Wolf ont pris les commandes, Navo passe son temps dans le labo de l'observatoire à tenter de décoder ces maudites Archives, Ivan cherche des solutions pour parvenir à localiser Cassiopea et moi je ne sers à rien. C'est insupportable.
« Tu as réussi à dormir un peu ? »
Matylda sursauta et se retourna brusquement. Sélène se tenait à l'entrée de la cuisine, elle ne l'avait pas entendue approcher, trop absorbée par ses pensées.
« Pas vraiment, soupira Matylda. J'ai encore fait des cauchemars.
- Tu devrais en parler à Ann-Mary, lui suggéra son amie en lui passant un bras autour des épaules. C'est une Jedi, elle aussi. Elle pourra peut-être t'aider.
- Je ne sais pas trop. Elle est déjà tellement occupée avec ces Archives. Elles y passent tout leur temps avec Navo, je ne veux pas l'ennuyer avec mes histoires.
- Premièrement, intervint Emiliana qui venait de se lever. Elle t'aiderai avec plaisir et, deuxièmement, ce ne sont pas juste des histoires, Matylda. Ce n'est pas bon signe ces cauchemars, c'est peut-être grave.
- Je suis d'accord, approuva Sélène. Il vaudrait mieux lui en parler. Elle connaît peut-être une solution pour qu'ils s'arrêtent. Ça fait des mois qu'ils t'empêchent de dormir, tu es épuisée et tu vas finir par t'effondrer.
- Je lui demanderai alors, se résigna Matylda.
- De toute façon, il faut qu'on passe la chercher avant de monter à l'observatoire, dit Emiliana. Vu l'heure qu'il est, elle doit être entrain de méditer dans le patio.
- Je n'arrive pas à comprendre comment elle fait ça, s'étonna Sélène pour la énième fois depuis des semaines. Elle pourrait rester assise là pendant des heures sans bouger, personnellement je ne tiendrais pas en place.
- C'est sûrement un truc de Jedi, conclut Emiliana. Et c'est pour ça qu'elle peut t'aider. Alors, on mange et on va la chercher. Sinon elle va méditer jusqu'à ce soir. »
Ann-Mary devait avouer qu'elle était alors complètement perdue. Jamais encore elle ne s'était retrouvée dans cette situation et elle avait eu du mal à comprendre la réaction et la décision des Sentinels. Ils étaient partis immédiatement, abandonnant Cassiopea et Jedha par la même occasion. Évidemment, ils savaient ce qu'ils faisaient et elle eut tôt fait de comprendre la logique derrière leur raisonnement. Les impériaux étaient certes dangereux mais aussi prévisibles. Ainsi, les Sentinels avaient rapidement compris ce qui allait se passer. Cassiopea était probablement la personne la plus recherchée dans toute la galaxie alors, une fois que Hell l'aurait rapatriée à bord de son Destroyer, il était évident qu'ils n'allaient pas rester là. Ils quitteraient immédiatement l'orbite de Jedha pour emmener leur prisonnière vers un lieu plus sûr. Sans connaître leur destination, impossible de les prendre en chasse. La menace impériale levée, Jedha aurait droit à un peu de répit.
Kidron était la meilleure solution, Ann-Mary l'avait rapidement compris. Sa décision fut rapidement prise. Elle avait fait le serment de veiller sur les Archives et jamais elle ne trahirait la confiance que son Maître avait placée en elle avant de mourir. Hors de question donc de les laisser aux mains de ces gens qui, s'ils étaient vraisemblablement très qualifiés, restaient de parfaits inconnus à ses yeux. De plus, elle ne pouvait pas rester les bras croisés alors que Cassiopea se retrouvait aux mains d'un Seigneur Sith, inconnu lui aussi, qui pouvait lui faire subir les pires atrocités. Elle venait à peine de la retrouver, elle n'avait pas l'intention de la perdre à nouveau. Elle avait donc embarqué avec eux.
Voilà comment elle se retrouvait là, un mois plus tard, à méditer dans les jardins de la base des Sentinels. Un mois durant lequel elle avait découvert des choses jusqu'alors inimaginables pour elle. Tout d'abord, elle ne s'était pas attendue à un organisme d'une telle envergure. La base des Sentinels était gigantesque et elle recouvrait quasiment la totalité de la forêt vierge de la planète. Tout y était parfaitement organisé. Les bâtiments étaient répartis selon leur fonction et il y régnait une agitation permanente. Quand ils avaient parlé de milice, elle s'attendait à trouver quelque chose de relativement important mais jamais elle n'aurait pu imaginer une chose pareille. Ils étaient des centaines, qui sait, peut-être même des milliers. Après tout, ils n'étaient pas tous stationnés sur Kidron, plusieurs escadrons étaient en mission à travers la galaxie. Plusieurs semaines passées en leur compagnie avaient suffit à Ann-Mary pour comprendre que ces gens-là pourraient bien changer le destin de la galaxie.
C'est la session de méditation la moins efficace de toute ma vie, la jeune femme se trémoussa légèrement pour tenter de trouver une position plus confortable. Je n'arrive pas à me concentrer et en plus j'ai faim. Je n'aurais pas dû sauter le petit-déjeuner. Ann, si tu penses à manger c'est que, vraiment, ta méditation n'a aucun intérêt.
Désespérée, Ann-Mary ouvrit les yeux et rompit son état méditatif. Son esprit était bien trop encombré pour qu'elle puisse espérer se concentrer sur quoi que ce soit. Rien ne s'était déroulé comme prévu depuis leur arrivée sur Kidron et la jeune femme ne savait plus vraiment quoi penser. Cette histoire aurait dû se résoudre en un rien de temps. À en croire les Sentinels, leurs systèmes informatiques étaient extrêmement bien développés et le trackeur aurait dû localiser Cassiopea en à peine quelques minutes. Après des heures passées à scruter en vain les écrans, ils avaient bien dû se rendre à l'évidence. Pour une raison qui leur échappait encore, la balise de Cassiopea avait été désactivée ce qui la rendait impossible à localiser. Selon Navo, la seule explication possible serait que la distance les séparant était trop grande pour que le logiciel puisse fonctionner, Cassiopea pouvait alors se trouver n'importe où aux confins de la galaxie. Ann-Mary devait reconnaître qu'ils avaient réagi avec un flegme remarquable. Alors que cette simple idée l'avait immédiatement fait paniquer, les Sentinels étaient restés calmes et s'étaient rapidement mis au travail. Il fallait trouver un autre moyen de la localiser et Ivan y travaillait maintenant depuis des semaines. Malheureusement sans grand succès.
Comme si cela ne suffisait pas, les Archives leur donnaient également du fil à retordre. Navo savait qu'elle ne pourrait pas les déverrouiller en une soirée mais elle pensait quand même réussir à percer leurs secrets assez rapidement. Encore une fois, ils s'étaient retrouvés face à une énigme. Le système était extrêmement complexe, impossible à hacker, et la Miralan avait été obligée de lancer un processus de décodage qui, en plus d'être long et complexe, en était encore au stade expérimental. Heureusement, le programme semblait fonctionner et, selon l'informaticienne, ce n'était plus qu'une question de temps avant que les Archives ne révèlent leurs secrets.
Le temps, c'est justement ce qu'il nous manque. Peut-être qu'elles contiennent quelque chose qui pourrait nous aider à retrouver Cassiopea. Plus les jours passent, plus elle est en danger. Qui sait ce que cet homme pourrait lui faire subir.
Ann-Mary devait cependant admettre que les Sentinels avaient pris la situation en main. Afin d'éviter tout mouvement de panique dans les rangs, Sor'Leku et Wolf avaient pris les commandes. Ils avaient évidemment mentionné l'absence de Cassiopea mais étaient restés vagues pour tenter de contenir les mouvements de révolte qui menaçaient d'éclater. La jeune femme s'était vite rendue compte que les hommes de Cassiopea lui étaient entièrement dévoués et qu'ils n'hésiteraient pas un instant à se jeter dans la tourmente pour la sauver. Hors de question de s'exposer plus qu'ils ne l'étaient déjà, il fallait donc faire profil bas. Jusqu'à présent, cette technique semblait fonctionner mais Ann-Mary savait que l'angoisse montait parmi les troupes. Ils commenceraient bientôt à poser des questions et demanderaient à connaître toute la vérité. Effectivement, il s'était avéré que la base n'était pas au courant de l'intrigue des Archives. Cassiopea n'avait pas voulu ameuter les troupes avant d'avoir eu la certitude des agissements de l'Empire et avait donc préféré garder le secret. Si elle ne revenait pas rapidement pour calmer le jeu, ils allaient devoir faire face à des problèmes internes qui n'arrangeraient en rien leurs affaires. Vraiment, le temps leur était compté.
Le soleil se levait dans la jungle, Ann-Mary allait devoir rejoindre les autres dans l'observatoire pour leur réunion quotidienne.
Qui sait, peut-être que celle-ci sera différente. Peut-être que les Archives se seront ouvertes pendant la nuit ou alors peut-être que la balise de Cassiopea se remettra à émettre. Peut-être que je pourrais commencer à envisager mon retour sur Jedha.
Malgré sa présence sur la base, Ann-Mary n'avait toujours nullement l'intention de rejoindre une milice rebelle et ce, même si elle était aussi formidable que les Sentinels. La jeune femme n'avait jamais eu une âme guerrière. Même si Maître Windu avait fait son travail en l'emmenant avec lui sur quelques missions, elle était rapidement retournée à l'essence de sa formation de Consulaire. Elle s'était contentée de pratiquer et d'observer un minimum de façon à accumuler des techniques et des connaissances de base, mais elle n'était pas faite pour le combat. Son Maître le savait et, quand il avait estimé qu'elle en avait assez vu, il l'avait laissée se concentrer sur ce qui lui importait vraiment. La jeune femme ne gardait pas un bon souvenir du peu de temps qu'elle avait passé sur le terrain. Quand elle avait seize ans, son Maître l'avait emmenée avec lui participer à l'une des plus grande bataille de la Guerre des Clones, celle qui en était d'ailleurs à l'origine, sur la tristement célèbre Geonosis. Autant dire qu'elle en faisait encore des cauchemars. Ces quelques jours de combat acharné avaient suffit à la convaincre de rester définitivement concentrée sur ses livres et sur son devoir de transmission et de mémoire, bien moins dangereux.
Non vraiment, je ne suis pas faite pour me retrouver dans le feu de l'action. Les Sentinels n'ont clairement pas besoin de quelqu'un comme moi. Je ne me sentirais pas légitime à participer à cette cause, pas après ce qu'il s'est passé au Temple. Aucune des personnes que j'ai rencontrées ici n'aurait agi comme je l'ai fait. Ce sont des guerriers, ils seraient tous allés combattre, même si on leur avait donné l'ordre de se mettre en sécurité. Personne ne serait resté caché dans les sous-sols pendant que les Novices se faisaient massacrer. Je n'ai pas ma place ici. Surtout que je ne dois pas oublier ma promesse. Je dois veiller sur les Archives, les protéger quoi qu'il arrive. Et je ne peux pas laisser Jedha, ces gens m'ont accueillie à bras ouverts et je ne les abandonnerai pas. Alors je vais rester là pour veiller sur les Archives jusqu'au retour de Cassiopea. À ce moment-là, on aura sûrement réussi à les décoder, les Sentinels feront des sauvegardes de ce qui les intéresse et je devrais pouvoir repartir avec le cube. Tout redeviendra comme avant.
Ann-Mary soupira. Elle se répétait la même chose depuis son arrivée sur Kidron sans vraiment réussir à se convaincre de quoi que ce soit. Elle savait qu'elle n'était pas faite pour la vie de combattant mais, d'un autre côté, elle restait un Chevalier Jedi et on lui avait inculqué certaines valeurs depuis sa plus tendre enfance. Rester impassible face à la misère dans laquelle se trouvait la galaxie s'avérait être bien difficile. La jeune femme essayait de ne pas trop y penser. Elle n'avait pas l'intention de se mêler à ce combat et, même si une partie d'elle ne pouvait pas s'empêcher d'y penser, elle devait rester concentrée sur ce qui comptait vraiment à savoir Cassiopea et les Archives. Une fois que son amie serait de retour, elle pourrait mettre un terme à cette situation et discuter avec elle de la suite des évènements. En attendant, elle allait essayer d'aider au mieux les Sentinels dans leurs recherches pour qu'elles avancent le plus vite possible.
« Ann-Mary ? »
Sélène, Matylda et Emiliana entrèrent prudemment dans le patio. Elles savaient qu'il valait mieux éviter d'interrompre la méditation de la jeune femme. Elle n'appréciait pas et était généralement d'une humeur maussade pour le reste de la journée. Cette fois cependant, Ann-Mary ne semblait pas méditer. Elle était assise à l'ombre d'un arbre et avait plutôt l'air de réfléchir.
« Bonjour, les salua-t-elle en se levant. Vous êtes déjà debout ?
- Il est presque 7 heures, répondit Emiliana. On s'est dit qu'on allait monter à l'observatoire pour regarder les monitorings. Les autres ne devraient pas tarder.
- J'arrive. Peut-être qu'on aura une bonne surprise ce matin.
- C'est possible, dit Sélène. Navo a dit que le décodage des Archives était en bonne voie, on va bientôt découvrir ce qu'elles renferment.
- On pourra peut-être même s'en servir, ajouta Emiliana qui tentait de conserver un certain enthousiasme.
- Espérons-le, soupira Ann-Mary. On y va ? »
Les quatre jeunes femmes se dirigèrent ensemble vers l'observatoire. Il était encore tôt et la base s'éveillait à peine. Elles ne croisèrent pas grand monde et, quand elles arrivèrent au point culminant du bâtiment principal, l'immense pièce était encore déserte. Elles savaient que Navo avait veillé très tard, les yeux rivés sur le monitoring des Archives, et qu'elle ne serait donc pas levée avant deux bonnes heures. En réalité, ils étaient tous épuisés. Tous manquaient de sommeil et la fatigue se faisait sentir. Ils allaient devoir ralentir un peu la cadence s'ils ne voulaient pas risquer le burn-out. Il fallait à tout prix rester opérationnel.
Les jeunes femmes allumèrent tous les systèmes et mirent en route les processeurs. Depuis un mois, les radars tournaient à plein régime tentant vainement de repérer quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait les rapprocher de Cassiopea. À la suite de son enlèvement sur Jedha et grâce au départ précipité de Hell et ses hommes, les Sentinels avaient mis la main sur un comlink impérial. Perdu dans le sable, il était probablement tombé de la cape de Hell lorsqu'il s'en était débarrassé au moment du combat. Le petit appareil était relié au signal du Croiseur de son propriétaire et il ne manquerait pas de réagir si ce dernier venait à passer dans les zones scannées par les radars sentinels. Sans grand succès pour le moment mais Navo ne désespérait pas. Elle aurait bien aimé tirer davantage d'informations du dispositif de communication mais ce dernier était dépendant du système principal et resterait inutile tant que celui-ci n'entrerait pas dans son champ de détection.
Après un rapide coup d'oeil aux écrans, Sélène eut tôt fait de constater qu'une bonne nouvelle n'était visiblement pas au programme du jour. Elle était loin d'avoir le niveau de Navo en matière informatique mais elle l'avait suffisamment observée ces dernières semaines pour savoir que rien de particulièrement intéressant ne ressortait des scans.
« Je ne vois rien de spécial, dit-elle aux autres. Je ne suis pas une experte mais je pense qu'on n'a pas besoin d'aller les réveiller en urgence.
- Tant mieux, dit Emiliana. Ils pourront dormir un peu plus longtemps, ça ne peut pas leur faire de mal. Au moins ils se reposeront un peu, eux.»
La jeune femme insista bien sur cette fin de phrase en lançant un regard explicite à Matylda qui aurait vraiment préféré éviter d'avoir cette conversation. Elle savait que ses amies s'inquiétaient pour elle et elle leur en était vraiment reconnaissante. Elle avait récemment compris qu'elles pouvaient compter les unes sur les autres et cela la rassurait mais, il y a certaines choses qu'elle aurait préféré garder pour elle. D'autant que, si elle avait appris à bien connaître Sélène et Emiliana qui vivaient avec elle, Matylda ne savait pas encore trop quoi penser d'Ann-Mary. Elles avaient bien essayé de l'intégrer, elles avaient même proposé de déménager dans un appartement plus grand pour qu'elles puissent rester toutes les quatre. Pourtant, la jeune femme restait réservée et plutôt secrète. Certes, elles avaient fait des progrès notables ces dernières semaines mais Matylda avait l'impression qu'elles ne parvenaient pas à se rapprocher d'elle. Qu'elle restait toujours dans sa bulle et refusait de s'ouvrir complètement.
Évidemment, Matylda se doutait bien qu'Ann-Mary pourrait la conseiller sur ses problèmes de sommeil. Les Jedi avaient certainement des techniques ou des astuces à mettre en application pour limiter ce genre de choses. D'après ce que lui avait dit Cassiopea, les Jedi ne rêvaient jamais et ils considéraient les songes comme des désagréments malvenus. Nul doute qu'Ann-Mary pourrait l'aider à retrouver un sommeil plus paisible.
Mais je préfèrerais quand même garder ça pour moi. Je ne veux pas avoir à expliquer pourquoi je rêve et surtout de quoi je rêve. Même si à ce stade ce sont plutôt des cauchemars. C'est mon problème, pas celui des autres et c'est à moi de trouver une solution mais pour cela il faut que j'arrive à me pardonner pour ce qui est arrivé. Les rêves ne s'arrêteront pas avant, j'en suis certaine. D'ailleurs, je ne veux pas qu'ils s'arrêtent. Comme ça, je n'oublierai pas ce qu'il s'est passé et surtout, je n'oublierai pas que tout est de ma faute.
En plus de ça, Matylda n'était pas certaine de faire entièrement confiance à Ann-Mary. Elle ne savait quasiment rien d'elle, la jeune femme refusant obstinément de parler de son passé. De plus, elle n'avait encore rien dit ou fait qui aurait pu lui laisser entendre qu'elle était disposée à l'aider dans son cheminement de Force. Apparemment, Cassiopea lui avait dit qu'elle était sensible mais cela ne semblait pas vraiment affecter la jeune Jedi.
Elle pense sûrement que je ne vaux pas le coup. Et elle a raison, ce n'est pas la peine qu'elle perde son temps avec moi.
« Quelqu'un a des problèmes de sommeil ?, demanda Ann-Mary qui avait perçu l'oeillade d'Emiliana.
- Non, pas… essaya Matylda
- Matylda a des problèmes de sommeil, la coupa Sélène. Elle fait des cauchemars.
- Vraiment, Ann-Mary fronça les sourcils. Ça fait combien de temps ?
- Ça m'arrivait de temps en temps avant, se résigna Matylda. Mais c'est plus fréquent depuis qu'on est revenus à la base.
- C'est plus que fréquent à ce stade, ajouta Emiliana. Tu ne dors presque plus.
- C'est assez inquiétant, dit Ann-Mary. Surtout dans ton cas. Normalement, on ne rêve pas. Ou alors très peu et ces rêves ont alors toujours une signification qu'il faut absolument essayer de comprendre.
- C'est déjà fait, la coupa Matylda avant qu'elle n'aille plus loin. Je sais très bien pourquoi je rêve et ce que cela signifie.
- Oh, Ann-Mary semblait surprise. Dans ce cas je connais un processus méditatif qui pourrait peut-être t'aider à mieux dormir.
- Merci, mais je n'en ai pas besoin.
- Matylda !, Emiliana ne semblait pas ravie. Tu ne crois pas que tu as passé assez de nuits blanches comme ça ?
- C'est gentil de vous inquiéter pour moi mais ça va. C'est quelque chose qui ne regarde que moi et que je dois résoudre seule.
- Si tu es sûre de toi, Ann-Mary ne voulait pas insister. Mais s'il y a quoi que ce soit qui ne va pas, tu peux venir m'en parler. Je pourrais t'aider.
- Ça va aller.
- Vraiment ?, Emiliana n'était pas convaincue et, à en croire son regard, Sélène non plus.
- Je vous assure que oui. C'est vraiment quelque chose que je dois régler seule. »
La discussion était close. Matylda ne changerait pas d'avis. Ann-Mary savait que, parfois, il valait mieux garder ses problèmes pour soi. Elle non plus n'irait jamais accabler les autres avec ses propres doutes et questionnements et elle comprenait très bien ce que voulait dire Matylda. Nul doute que, si la jeune femme estimait que le problème devenait plus grave, elle n'hésiterait pas en parler. En attendant, elle n'avait pas l'intention de creuser davantage. À en croire les regards échangés par Sélène et Emiliana, elles semblaient prêtes à se résigner à en faire de même.
Ann-Mary savait que cette décision devait être dure à prendre pour elles. En un mois, elle avait eu l'occasion de se rendre compte du lien déjà assez fort qui unissait les trois jeunes femmes. En plus de vivre ensemble, elles avaient déjà partagé des expériences fortes et il était évident que ce genre de choses rapprochait. Ann-Mary n'envisageait pas de se mêler à cette histoire, quand bien même elles semblaient prêtes à l'accueillir à bras ouverts. La jeune femme se sentait un peu coupable de repousser leurs tentatives de rapprochement mais elle n'avait pas le choix. Elle n'avait pas l'intention de rester sur Kidron ni même de s'allier aux Sentinels. Elle partirait dès qu'elle en aurait l'occasion, quand toute cette histoire serait résolue. Elle n'avait donc pas prévu de s'intégrer plus que nécessaire, afin de ne pas trop s'attacher ce qui rendrait son départ plus difficile.
« Par quoi on commence aujourd'hui ?, demanda Matylda pour changer de sujet.
- Étant donné que les radars n'ont toujours rien détecté, dit Sélène, penchée sur l'holocran principal. Je pense qu'on va se concentrer sur les Archives. Si Navo a raison, on ne doit plus être loin.
- N'empêche ça n'avance pas, dit Emiliana. J'espère vraiment que la situation va se débloquer.
- On est d'accord.
- Caféééééé… »
Cette voix d'outre-tombe, qui avait fait sursauter les quatre jeunes femmes, provenait directement de l'entrée de l'observatoire. Complètement débraillé et l'air encore somnolent, Sor'Leku tentait de se maintenir debout dans l'entrebâillement de la porte.
À la manière d'un zombie, le Twi'lek se dirigea tout droit vers la machine à café, manquant de percuter une dizaine de meubles au passage. Les filles le regardaient l'air légèrement ahuri.
« Tu es sûr que ça va ?, demanda Matylda.
- Tout baigne, lui répondit l'intéressé après avoir avalé un mug de café d'une traite. Je suis au sommet de ma forme.
- Ce n'est probablement pas le terme que j'aurais employé, commenta Emiliana en analysant la tenue plus que douteuse de Sor. On dirait que tu viens de te réveiller d'un sommeil éternel.
- J'aurais bien aimé qu'il le soit tiens. Mais faut bosser, alors je me suis vaillamment levé pour venir assumer mes fonctions.
- Par vaillamment je suppose que tu entends que Ivan a menacé de te tuer si tu ne te bougeais pas, proposa Sélène.
- Il est possible qu'il ait mentionné quelque chose de ce genre.
- Vous êtes déjà là ? »
Ivan et Navo venaient de les rejoindre dans le laboratoire. D'ordinaire les premiers, ils étaient assez étonnés d'arriver après tout le monde. Même s'ils avaient fait l'effort d'être présentables, ils n'en avaient pas l'air moins épuisés que Sor. À eux trois, ils étaient les lieutenants de Cassiopea. En cas de problème, il leur revenait la tâche d'assurer le commandement des Sentinels à sa place. Ils étaient donc extrêmement sollicités depuis leur retour. Si Wolf avait pris le commandement des forces armées pour les soulager un peu, il n'en restait pas moins qu'ils étaient débordés. Les Sentinels avaient des missions en cours aux quatre coins de la galaxie qu'il fallait gérer à distance. Évidemment, tous ceux qui étaient sur la base voulaient se rendre utiles et ne les lâchaient pas d'une semelle ce qui leur rajoutait encore un poids supplémentaire. Ils devaient gérer les approvisionnements, les prises de contact diplomatiques, et bien d'autres formalités administratives le tout en tentant de rester concentrés sur ce qui importait vraiment, retrouver Cassiopea.
« Wolf nous rejoindra plus tard, dit Navo en s'installant au poste de contrôle. Il va faire des exercices avec les nouveaux pilotes ce matin. Apparemment, la météo est idéale.
- On en est où ?, lui demanda Sor en se penchant derrière elle.
- Rien sur les radars mais je suis plutôt contente de l'évolution du programme des Archives. Je pense que je vais réessayer de forcer un passage. Peut-être que j'arriverai à passer. »
Le cube lumineux était maintenu en lévitation dans une sphère de verre disposée au centre de l'observatoire. Une multitude de câbles et de capteurs reliaient l'étrange objet aux ordinateurs qui tournaient à plein régime. Des millions de codes défilaient en permanence sur les écrans, des codes qui devaient déverrouiller un par un les multiples niveaux de sécurité qui entouraient l'artefact.
Après avoir rapidement analysé l'objet à leur retour, Navo en avait déduit qu'il n'avait rien de mystique. C'était une sorte de boîte noire, un disque dur surpuissant qui contenait probablement des centaines de milliers de données inaccessibles. Il y avait quand même un peu de magie Jedi qui entourait le cube. Cette lumière bleue provenait de fragments de cristaux Kyber disséminés sur l'artefact. Une sorte de poussière qui formait une barrière protectrice autour de l'objet et qui empêchait d'accéder à ses branchements. Ann-Mary avait dû user de plusieurs pratiques ancestrales pour réussir à faire baisser les émanations de Force du cube assez longtemps pour que Navo puisse s'y connecter. Ils l'avaient ensuite placé dans une sphère qui permettait normalement de contenir les radiations à ion. Les Sentinels avaient découvert que celles émises par le Kyber y ressemblaient fortement. Les Archives étaient donc placées en confinement afin de les empêcher d'émettre leurs ondes perturbatrices.
Tandis que tous prenaient place derrière leurs écrans, Navo s'installa au poste de contrôle. Elle avait déjà tenté à plusieurs reprises de forcer l'entrée du système des Archives, jusque là sans succès. Les multiples sécurités qui entouraient le cube étaient infranchissables et il était évident que les Jedi avaient bien assuré leurs arrières. Navo pouvait se vanter de s'y connaître en piratage informatique, cependant elle devait bien admettre qu'elle n'avait jamais rien vu de pareil. Ann-Mary lui avait expliqué que l'Ordre utilisait des techniques informatiques uniques qu'il avait lui-même mises au point à travers les âges. Impossible donc de hacker le système de façon traditionnelle, Navo avait été obligée de lancer un programme de décodage extrêmement long et fastidieux.
Mais maintenant il pourrait y avoir une brèche, l'informaticienne pianotait à une vitesse fulgurante. Plusieurs barrages ont déjà sauté, je peux peut-être franchir les derniers.
Ce niveau de sécurité surréaliste rongeait les esprits des Sentinels. Ils savaient qu'une protection aussi élevée ne pouvait signifier qu'une chose, les Archives renfermaient de terribles secrets et si l'Empire s'y intéressait ils ne pouvaient que craindre pour l'avenir de la galaxie.
Quand je vais lui mettre la main dessus. Je ne sais pas ce que je vais lui faire, mais il va souffrir cet enfoiré.
Wolf donna un violent coup de gouvernail qui envoya son chasseur dans une vrille plutôt violente. Dans sa nacelle, l'astromech co-pilote émit des sons de désapprobation.
« Pardon R4, s'excusa Wolf. J'ai besoin d'un peu d'adrénaline.
- BABOBAP !
- Ne t'inquiète pas, je fais attention. Je n'ai pas l'intention de casser quoi que ce soit. »
Ignorant les protestations de son droïde, Wolf lança son vaisseau encore plus haut, vers l'orbite de Kidron. Il n'était pas fait pour diriger. Du moins, pas pour diriger la milice rebelle la plus puissante de la galaxie. Le jeune homme était un soldat, il n'avait jamais été rien d'autre qu'un soldat. Alors, il avait peut-être des compétences en tant que chef d'armée, mais, en dehors du champ de bataille, il se sentait complètement impuissant. Pourtant, il devait à Cassiopea de s'occuper des Sentinels en son absence. Hors de question qu'elle revienne sur Kidron pour trouver une base complètement perdue et désorganisée. Ils s'étaient répartis les tâches avec Sor. Lui gardait le contrôle des forces armées. Au lieu de diriger uniquement son propre escadron, il s'était improvisé Général. Le Twi'lek de son côté supervisait la totalité des opérations depuis l'observatoire. Wolf savait que Sor s'était fait violence pour prendre cette décision. Il aurait largement préféré se mettre aux commandes du Phoenix pour partir en mission.
Cette situation ne convient à personne. On aimerait tous être ailleurs ou faire autre chose, mais ce n'est pas comme si on avait le choix. Quelqu'un doit bien faire tourner la boutique jusqu'au retour de Cass.
D'un geste de rage, Wolf enfonça les propulseurs du chasseur et l'envoya traverser le mur du son vers le noir sidéral de la stratosphère.
Si Navo ne trouve pas rapidement une solution, je vais finir par partir moi même à sa recherche. Je commencerai par Coruscant, je suis sûr que certains vieillards lèches-bottes savent quelque chose. En les menaçant bien comme il faut, je devrais pouvoir leur faire cracher le morceau.
Wolf savait que son idée était mauvaise. Premièrement, il ne pouvait pas abandonner la base et, deuxièmement, il n'avait aucune chance de parvenir à quoi que ce soit s'il se lançait seul dans cette quête illusoire. Le pilote laissa échapper un rire cynique. Il n'était jamais objectif lorsqu'il s'agissait de Cassiopea. Leur passé commun l'empêchait, et l'empêcherait toujours, de rester rationnel. Pourtant, il savait très bien ce qu'elle dirait si elle savait ce qu'il envisageait de faire. Elle aurait commencé par lui mettre une jolie gifle avant de lui demander s'il était tombé sur la tête et s'il avait perdu quelques neurones en chemin.
Je vais éviter de faire trop de conneries. Elle pourrait m'écharper vivant. Minute, qu'est-ce-que…
« R4, tu vois ce que je vois ?
- BAOUAP, BITAC ?
- J'en sais rien mais ça ne me dit rien qui vaille. Lance un scanner, je veux savoir ce que c'est. »
Passant son chasseur en mode furtif, Wolf ralentit la cadence. À distance respectable, il venait de détecter une distorsion de l'espace. Elle avait été brève, mais il avait été capable de la discerner à l'oeil nu. Elle n'était donc pas banale. Les yeux rivés sur son écran de contrôle, le pilote attendait, tendu, les résultats de scanner de son droïde. Alors qu'un diagramme apparaissait sur l'écran, une lumière aveuglante jaillit des tréfonds du néant. Rouvrant les yeux une fois l'éclairage revenu à la normale, Wolf se retrouva, horrifié, devant ce que les Sentinels craignaient le plus depuis leur installation sur Kidron.
« Bonté divine… »