Bonjour ! Aujourd'hui, je vous propose le chapitre 24, en entier donc. Mes chapitres sont un peu longs et j'avais pris l'habitude de les scinder en deux avant de les poster. Mais voilà, je veux en finir

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Chapitre 24 : Rédemptions
Les yeux agrandis par l’incompréhension et la surprise, Josh embrassait du regard son environnement, lequel ressemblait à l’appartement de l’archiviste de l’Ordre, Odénout Mapassar.
Le jeune homme ne se souvenait pas de la raison de sa présence ici. D’ailleurs, il ne se rappelait pas de grand-chose.
Il tenta de mettre de l’ordre dans sa mémoire en faisant les cent pas. Ce faisant, Josh aperçut son reflet dans un miroir richement décoré de gravures et entrelacé de motifs inconnus.
C’était l’image d’un adolescent en fin de puberté reconnaissable à son allure efflanquée, aux poils de menton encore juvéniles, mais surtout à l’innocence de son regard. Il portait une tunique blanche surmontée de la bure classique des Jedi.
- Mais… qu’est-ce qu’il se passe ? articula-t-il.
Même sa voix avait le timbre rauque d’un adolescent. Et pourtant, parmi tous les souvenirs nébuleux qui se bousculaient dans sa tête, il lui semblait être adulte et très différent. Un teint cireux, des yeux jaunes, d’immenses cernes… son visage ressemblait plus à cela. Était-ce un cauchemar ? Avait-il rêvé qu’il sombrait du Côté Obscur ? Les seuls sentiments qui prédominaient étaient la jalousie, la rancœur et la haine dirigées vers son meilleur ami : Den Liser.
Oui… c’était clair.
Depuis leur arrivée au Temple d’Ossus, Josh avait toujours été comme un grand frère pour le timoré Den Liser. Il l’avait protégé contre les moqueries de leurs pairs et soutenu dans son apprentissage de la Force. Nul ne doutait un instant que son ami ne passerait jamais les épreuves pour accéder au rang de Padawan. Pourtant, tout changea lorsque Den entra en résonance avec un cristal Kiishra. Il devint plus sensible à la Force, ne cessant de s’améliorer sous la houlette de son Maître Kalin Notsun.
Mais Josh ne pouvait revivre ces souvenirs sans y lier Lyra Mayn, une autre Padawan. Au fil des missions conjointes, les deux jeunes développèrent une forte amitié mutuelle avec elle.
Les moments difficiles passaient tellement mieux lorsqu’il se trouvait avec eux. Il les adorait et aurait donné avec joie sa vie pour eux, mais pas pour être en accord avec le Code. L’unique raison était son amour fraternel pour eux.
L’expression juvénile de Josh se durcit soudain.
«
Tout changea récemment... »
Quelques mois auparavant, Den s’épanouit totalement et passa de protégé à protecteur. Son lien avec la Force s’accrut tellement que ses pouvoirs finirent pas dépasser ceux de Chevaliers Jedi accomplis. Il recevait des louanges, représentait un modèle pour les Novices et certains Jedi le pressentait devenir un grand Maître Jedi. Ainsi, Josh se sentit tomber au fond d’un trou alors que ses talents et son assiduité passaient brusquement inaperçus, surtout aux yeux de Lyra.
Quelque temps plus tard, au retour d’une mission, il les surprit lors d’un langoureux baiser. C’est en contenant du mieux possible sa colère que l’adolescent comprit que ses sentiments pour Lyra allaient plus loin qu’une simple fraternité. Il l’aimait d’une ardente passion…
Mais la passion allait de pair avec la haine comme un couteau à double tranchant. Bientôt, le cœur de Janesh s’assombrit au rythme de nombreux conflits entre lui et Den, parfois même avec Vadisha, son Maître.
Finalement, Den commençait à le négliger dans une arrogance remplie de mépris et nourrissait sa rage, sa jalousie et son désespoir. Lyra tentait tant bien que mal de les réconcilier, mais elle ne comprenait pas. Elle ignorait tout des sentiments de Josh et même si elle était au courant : que pesait-il face à l’Elu, le Jedi précoce, l’être voué à un grand destin ?
Josh était perdu et ni le Code Jedi, ni Vadisha ne pouvait l’aider à entrevoir la lumière. Il sut que les dernières bribes de son amitié avec Den s’étaient envolées lorsqu’il décida de tout raconter au Conseil. Quelle douce vengeance cela aurait été si Maître Mapassar ne l’avait pas convaincu du contraire.
L’historien Jedi était le seul à comprendre ses sentiments et à trouver les mots justes. Et pour cause, le Zabrak ne tarda pas à lui révéler sa nature obscure ainsi que ses plans futurs.
«
Oui, Mapassar m’a offert de nouvelles perspectives bien plus séduisantes que de devenir un Chevalier. »
– Je me rappelle… je dois tuer Maître Vadisha et Den Liser, murmura-t-il.
– En effet, mon jeune ami. Je suis heureux de te voir aussi déterminé, agréa une voix sifflante derrière lui. D’ailleurs, il est temps. Les pièces sont sur l’échiquier. Nous n’avons plus qu’à avancer nos propres pions.
Josh fit volte-face vers Mapassar, lequel le fixait avec approbation.
– Je te sens troublé, Josh…
– Ce n’est rien. J’ai simplement quelques… non. Quoi qu’il en soit, soyez certain que je n’éprouve pas de doute.
Mais rien n’expliquait pourquoi ces évènements avaient un air de déjà vu ni d’où lui venait cette sensation d’avoir vécu une vie d’adulte. Il finit par se convaincre qu’il avait eu une sorte de vision prémonitoire.
Mapassar demeura impassible.
– Bien. Allons accomplir ta destinée…
Josh lui emboîta le pas et déambula dans les couloirs du Temple jusqu’à atteindre l’immense pièce des archives. Il était tard, il n’y avait plus personne à cette heure-ci hormis Den et la Twi-Lek Vadisha.
– Bonsoir à vous deux. Maître Mapassar m’a confié que tu avais quelque chose d’important à nous dire, annonça-t-elle d’emblée.
Josh jeta un coup d’œil au Zabrak qui y répondit par un signe affirmatif de la tête.
– En effet… j’ai pris conscience de la gravité de mes errements ces temps-ci. Je me sentais perdu à cause de mes sentiments envers Den. Je l’avoue… sa grande aptitude à manier la Force, sa volonté toujours tournée vers l’aide à autrui et sa nouvelle arrogance m’ont rendu amer et sujet à la colère.
À cet instant, Den arborait pourtant une expression tellement différente de celle à laquelle il était habitué. Était-il possible qu’il soit contrit ?
«
C’est de la comédie ! Pourquoi se déciderait-il à changer juste à cet instant ? »
Le Padawan se rapprocha lentement de Maître Vadisha.
– Mais n’allez pas penser que ce sujet est le seul et unique responsable. Il y a autre chose que vous devriez savoir. J’aime Lyra Mayn plus que tout au monde…
Brusquement, le sabre laser de Josh surgit pour transpercer la Twi-Lek. Bien que surprise, cette dernière parvint à contrer l’agression, mais son Padawan enchaîna plusieurs passes afin de garder l’avantage et finit par lui trancher les deux mains. Elle tomba à genoux, son visage figé dans une expression d’effroi.
– … et ma passion s’est transformée en haine à l’instant où j’ai compris qu’elle avait choisi Den plutôt que moi.
De son côté, Mapassar avait immobilisé Den contre un mur sans la moindre difficulté.
– Tout se déroule selon nos plans. Maintenant, accomplis ton destin et rejoins-moi dans le Côté Obscur, incita le Zabrak.
– Oui, Maître, répliqua Josh.
Il attira l’arme de Vadisha et croisa ses deux sabres de part et d’autre du cou de son ancienne préceptrice. Pourtant, une pointe de remords l’assaillit lorsqu’il fixa le regard terrorisé de sa future victime.
« A-t-elle à ce point peur de mourir ? Ou bien est-ce ce que je deviens qui lui inspire tant d’horreur ? »
Non… Josh sentait qu’elle ne craignait que pour sa vie, ce qui augmenta la fureur qui brûlait dans son cœur. Après tout, le Code ne disait-il pas : il n’y a pas de mort, il y a la Force. Quelle hypocrisie ! Et dire qu’il avait eu un si piètre Maître !
– Josh… ne fais pas ça… parvint à articuler Den, malgré la poigne qui l’étouffait.
– Si ! Je vais le faire, mon ami. Puis ce sera ton tour ! riposta Josh avec hargne.
– Non Josh ! Souviens-toi ! Il y a quelque chose qui ne va p…
Mais Mapassar lui enfonça son poing dans l’estomac pour le faire taire.
– Toi ! Ne dis plus rien ! Ordonna-t-il d’une voix étrangement agitée.
« Souviens-toi ! »
Ces mots résonnèrent dans l’esprit de Josh, lui rappelant la sorte de rêve prémonitoire qu’il avait eu dans le bureau du Jedi Obscur.
– laissez-le parler. Je tiens à entendre ses ultimes paroles.
– Les Jedi vont bientôt s’apercevoir de ce qu’il se passe. Tue-les et partons d’ici, sinon tu ne reverras plus jamais la lumière du soleil. L’Ordre est impitoyable envers ceux qui le trahisse… murmura-t-il d’une voix glacée.
Cette dernière contrastait avec la bienveillance paternelle dont le Zabrak avait fait preuve avec lui. Den avait raison, quelque chose ne collait pas. Le sentiment de déjà vu ne le quittait pas, mais en même temps, un autre lui dictait que cette scène était fausse.
– Il pourrait rejoindre notre cause. Avoir l’Élu de notre côté représenterait un atout inestimable pour le Clan, proposa Josh d’un ton ferme.
Soudain, le Padawan eut une réminiscence dans laquelle il se trouvait dans un contexte semblable au présent. Face à Mapassar, il venait de tuer Maître Vadisha et s’excusait de ne pas avoir réussi à enrôler Den dans le Clan. Cela paraissait beaucoup trop vrai pour un simple rêve. En revanche, la situation actuelle ne concordait pas avec une éventuelle tentative de conversion de son ami.
La suite lui donna raison :
– Tu es encore faible, Josh. Le Côté Obscur ne pourra grandir en toi et te donner force et pouvoir que si tu détruis les êtres qui te sont chers. Ne sens-tu pas la puissance de ta rage ? Elle t’a rendu capable de désarmer Vadisha en seulement quelques secondes, susurra le Zabrak, toujours occupé à maintenir Den immobile.
En réponse, Josh désactiva ses deux sabres et se tourna vers l’historien.
– Laissez-moi parler à Den, ordonna-t-il d’un ton qui ne souffrait d’aucune réplique.
Le visage du Zabrak se tordit en une horrible grimace de rage, mais il relâcha la pression sur la gorge de Den. Pantelant au sol, ce dernier reprit son souffle et leva les yeux vers Josh.
– Merci…
– Ce n’est qu’un sursis, mon ami, ironisa Janesh. Je te déteste toujours autant et nul besoin de t’en expliquer les raisons. Je veux simplement entendre tes dernières volontés.
L’Élu sourit avec tristesse.
– Je me rappelle avoir participé à tous les évènements que tu as décrits. Après être devenu plus puissant que toi, je t’ai effectivement traité avec condescendance, voire avec mépris, parce que tu t’étais transformé celui que j’avais haï pendant des années. À savoir, quelqu’un sur qui on ne pouvait pas compter dans les moments difficiles, quelqu’un qui ne pouvait protéger quiconque, quelqu’un qui était faible. Et oui, Lyra et moi, nous nous aimons.
La colère montait en Josh, mais, il se contenta de demeurer immobile tandis que Den poussait un soupir fataliste.
– Ce dernier souvenir est vrai, je le sens au fond de moi. Mais le reste… permets-moi juste de te poser une question avant que tu n’en finisses avec moi. N’as-tu pas le sentiment, comme moi, que ce que nous vivons en ce moment sonne comme une parodie ? Tu es l’une des seules personnes qui me connaissent vraiment. Déchire le voile du Côté Obscur ! Écoute ton cœur, il n’est pas trop tard.
Aucune autre parole n’aurait fait grandir le doute en Josh à ce point. Den venait très exactement de lui faire part des mêmes impressions que lui même ressentait. Ce n’était pas logique ! Pourquoi se rappellerait-il d’une scène qui n’aurait jamais lieu ? Et il n’y avait pas que ça. Le Temple disposait d’une vidéo surveillance. Comment se faisait-il que le moment de tendresse entre Den et Lyra soit passé inaperçu ? Et Den, lui-même… Josh avait la certitude qu’il aimait Lyra depuis le jour où il l’avait rencontré. Certes, il en éprouvait la même jalousie qu’actuellement, mais au fond de lui, il savait que les deux ne s’étaient jamais avoué leurs sentiments. Les voir se rapprocher dans l’ignorance de leur amour naissant sans que Josh ne puisse rien y faire, c’était cela qui l’avait forcé à vouloir plus de pouvoir. Il désirait seulement réaliser des prouesses qui auraient attiré l’attention sur lui plutôt que Den. Josh comprenait avec tristesse l’affreuse faiblesse dont il avait fait preuve. Voilà pourquoi il avait laissé Mapassar le pervertir à petit feu, jusqu’à ce qu’il embrasse le Côté Obscur. Son cœur et ses bribes de mémoire lui hurlaient que Den n’avait rien à voir dans sa chute. Pire encore, la certitude que l’Élu demeurait un ami fidèle dans les temps passé, présent ou futur, était la plus puissante de toutes.
Désormais, Josh savait ce qui lui restait à faire.
– Relève-toi, lui dit-il en lui tendant une main secourable.
Den la saisit avec détermination tandis que Mapassar laissait exploser sa colère :
– Tu me trahis, Josh ? Tue l’Elu et tu accèderas à un pouvoir défiant toute imagination !
– L’Odénout Mapassar que je connais aurait vu le bénéfice à avoir l’Élu dans notre camp ! Souleva froidement Josh. À cette époque, nous travaillions à former le Clan des Jedi Obscur et nous cherchions des soutiens. Se débarrasser de cette Vadisha-là devrait être suffisant pour me faire basculer du Côté Obscur. J’ignore qui vous êtes, mais sachez que vous jouez votre rôle extrêmement mal !
Den acquiesça silencieusement puis se rendit au chevet de Maître Vadisha :
– Ne craignez rien… je veillerai toujours à ce que Josh ne tombe pas du Côté Obscur. Quant à vous…
Les deux humains émirent à l’unisson une vague de Force continue sur Mapassar, lequel se retrouva compressé contre le mur des archives.
–… nos souvenirs et notre amitié sont bien plus forts que votre habile subterfuge. Libérez-nous immédiatement !
Malgré la rage qui déformait atrocement son visage, le Zabrak ne parvenait pas à se dégager de l’emprise des Jedi. Ses prunelles viciées virèrent étrangement au bleu pur. Il ne put que vociférer :
– J’ignore comment vous avez pu résister à ce pouvoir, mais je trouverai et croyez-moi, je reviendrai mettre un terme à votre existence !
Josh intervint :
– Ou peut-être que tu ignores la nature de l’amitié et l’immense pouvoir qu’elle recèle ? Et sentir que l’on peut compter sur quelqu’un en toute circonstance ? Tu voulais m’inciter à basculer du Côté Obscur tout à l’heure, mais c’est inutile, c’est déjà arrivé par le passé et dans cet endroit même ! Malgré tout, voici ma réponse : Je ne choisis ni la voie du Côté Obscur, ni du Côté Lumineux, mais celle de l’amitié !
Une fois prononcé, le dernier mot fit disparaître Mapassar dans une volute de fumée…
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Une trop grande crainte retient la conscience dans les ténèbres…
Telle était la pensée de Venge alors qu’il déambulait dans un paysage de destruction. Les immeubles de permabéton à moitié effondrés ensevelissaient la moitié d’une avenue de Fassa. La Force bouillonnait encore d’intensité, ultime vestige du combat dantesque qui venait de tout saccager. Même le ciel avait quelque chose en commun avec Venge. Il était sombre, orageux, prêt à se déchaîner et à se transformer en tempête. S’il existait un lieu qu’il n’aurait jamais désiré revoir dans toute la galaxie, c’était bien celui-ci…
– Venge ?
Ce dernier se retourna subitement en entendant son nom et tomba nez à nez avec Josh :
– Toi ! Que fais-tu ici ? Je te croyais en train de sauver Lyra des griffes des Sith !
– Apaise-toi, mon ami ! Tu as déjà vécu ces évènements, lança Josh, conciliant. Ne t’en rappelles-tu pas ? À ce moment, tu venais de vaincre le Grand Prêtre de Dark Proyus.
Mais Venge fronça les sourcils et activa son sabre laser :
– Je le sais ! Ces souvenirs sont les plus douloureux de mon existence ! Mon envie de vengeance, de sang, est tellement forte que j’ai préféré l’emmurée dans un coin de mon cœur pour ne pas devenir une bête enragée. Et là, sais-tu ce que tu fais ? Tu libères le monstre de sa cage et tu vas le regretter !
Ses menaces n’impressionnaient pas Josh le moins du monde. Ce dernier demeurait impassible, voire même compréhensif.
– L’Empereur des Sith essaye de nous corrompre en ce moment même. Il a échoué avec moi, je suis revenu des ténèbres en grande partie grâce à toi. Tu t’en souviens ?
– Oui ! Je me rappelle de tout ! Absolument tout ! Et j’ai tellement mal ! hurla Venge, des larmes coulant le long de ses joues. Tu avais dit que tu sauverais Lyra, tu as échoué ! Je vais te tuer !
Il tenta de trancher Josh en deux, mais ce dernier passa derrière lui et lui fit perdre l’équilibre d’une pichenette. Épuisé, Venge haletait au sol, en proie à l’impuissance.
– Tu n’as aucun pouvoir ici. Je te l’ai déjà dit, l’Empereur te tient dans le creux dans sa main tant que tu ne te libéreras pas de ta colère. Nous l’avons repoussé dans mon souvenir, mais il reviendra bientôt à la charge. En l’attendant, c’est moi qui vais mettre tes convictions à l’épreuve.
Venge jura devant son inutilité. Il n’avait même pas su protéger Lyra de simples acolytes Sith alors comment pouvait-il vaincre un empereur avec cet homme en face de lui. Sa sérénité, sa compassion et sa confiance absolue en lui-même lui donnaient envie de vomir… comme s’il lisait sans ses pensées, Josh le souleva par le col de sa bure comme un vulgaire pantin.
– Je te préviens ! Tu vas souffrir plus que jamais dans les prochaines minutes lorsque tu revivras les morts de Lyra et Kalin ! Ton épreuve sera de faire le bon choix comme moi je l’ai fait dans la salle des archives avec Mapassar.
– Mais… mais comment pourrais-je dompter un tel chagrin ? haleta Venge, désespéré.
L’ancien Seigneur le reposa par terre.
– Par la Force, je n’ai pas de solution miracle ! Sache juste que je serai avec toi pour t’aider, si tu as confiance en moi. Pour ma part, j’ai totalement confiance en toi, comme j’aurais dû l’avoir depuis toujours.
Malgré les sentiments négatifs qui brouillaient encore son discernement, Venge ressentit la sincérité derrière cette affirmation. Étrangement, l’idée d’affronter cette épreuve avec le soutien de Josh lui parut moins insurmontable.
– Très bien… faisons-le, approuva Venge en prenant une grande inspiration.
Le souvenir démarra alors qu’il se voyait croiser le fer avec Lyra, sous l’emprise du maudit Sith insensible à la Force, Jésus. Venge comprit instantanément qu’à l’instar de son double, il ressentait l’immense détresse et la toujours aussi vivace haine qui explosaient dans sa poitrine. En proie à ce tourbillon d’émotion, il tomba à genoux en hurlant :
– Non !! Pitié !! Je ne veux pas revivre ça ! Tout est ma faute !
– Il est trop tard pour reculer maintenant. Darkliser se bat pour vous deux en ce moment même. Tu dois le soutenir ! As-tu seulement conscience qu’il n’a pas pu sauver Lyra à cause de la puissance de tes émotions ? L’exhorta Josh avec véhémence.
Stupéfait, Venge demanda :
– Mais comment sais-tu tout cela ?
– Grâce à la Fusion Mentale, j’ai vu tout ce qui s’est passé dans ta tête. Tu n’as plus aucun secret pour moi. Par ailleurs, je soupçonne que cette technique nous a permis de découvrir les erreurs béantes dans mon souvenir sur Ossus...
Le Jedi acquiesça en tremblant et se releva tant bien que mal. Son regard changea, devenant plus déterminé, mais la souffrance déformait toujours son visage.
– Je… je vais aider Darkliser du mieux possible.
Fermant les yeux, Venge se retrouva instantanément au milieu du combat au côté de l’esprit de Darkliser. L’impression qu’il éprouva alors fut tellement indéfinissable.
Il sentait la volonté de Darkliser tentant de juguler la souffrance de son double, mais aussi l’envie de mourir de ce dernier. C’était comme s’ils se retrouvaient à trois dans un même corps. Il savait que ce Venge-là était incurable, car il amorçait déjà son autodestruction.
Tour à tour, Darkliser affrontait Lyra puis Jésus avec un seul membre valide. Pourtant, le double obscur se battait comme un lion tout en contenant l’autre. Venge ignorait où il trouvait cette volonté, mais elle constituait certainement la clé.
Des images fugitives de lui et Lyra riant et passant de bons moments défilèrent devant ses yeux. Nostalgique, Venge se surprit à aimer ces souvenirs du point de vue de Darkliser. Ils le calmaient et lui donnaient un semblant de sérénité.
«
L’espoir… l’espoir de pouvoir vivre des moments aussi parfaits de lui-même et pas à travers mes yeux. »
Aussi pure, aussi simple soit-elle, c’était la raison pour laquelle son double n’avait pas sombré dans la folie à cet instant-là. Venge ne put regretter que ces émotions n’aient jamais atteint l’autre…
«
Mais oui ! »
L’Élu se concentra sur ces images et parvint à franchir le mur de sentiments négatifs érigés par l’autre. Plus il y pensait fort, plus il sentait la puissance de l’espoir et plus la rage dévorante s’éloigner. Il finit par atteindre l’autre Venge, sorte de pauvre créature vociférante et écartelée par plusieurs chaines, et le toucha au front.
«
- Arrête ! Arrête de ne songer qu’à ton malheur et réfléchis plutôt aux espérances de tes proches ! »
Soudainement apaisé, l’autre cessa de hurler et brisa ses entraves d’une brusque secousse.
«
– Des amis ont besoin d’aide. Merci à toi... »
Désormais, l’espoir prédominait dans ce corps et prenait le pas sur tous les sentiments négatifs. Venge regretta que les choses ne se soient pas déroulées ainsi dans la réalité. Pourtant, il devait accepter ses erreurs et aller de l’avant comme autrefois.
« Il n’y a pas d’échec, il n’y a que l’expérience et ce que je dois en retirer pour que cela ne se reproduise pas. »
L’esprit de Venge se retira et revint auprès de Josh avec un sourire mêlé de tristesse.
– J’ai réussi… annonça-t-il sobrement.
– Je n’ai jamais eu le moindre doute, Den… oh pardon Venge, s’excusa précipitamment Josh.
Mais Venge fit un signe de tête négatif :
– Tu peux m’appeler comme ça si cela te fait plaisir.
– Trêve de bons sentiments. Le souvenir n’est pas arrivé à son terme. Je suis curieux de voir la suite, mais reste vigilant.
Le combat se poursuivait tel que Venge se le rappelait. Toutefois, la physionomie changea, car Darkliser ne se battait plus avec colère. Il s’efforçait de communiquer l’espoir qui était le sien de revoir Lyra saine et sauve. Venge le savait puisqu’il partageait toutes les pensées de son double. Il lui semblait même que Jésus commençait à se défaire de son horripilant sourire mielleux.
Bientôt, il reconnut l’instant fatidique, celui où il devait involontairement tuer Lyra. Mais cela ne se passa pas ainsi. Darkliser parvint à toucher l’esprit de la jeune femme au moment où il esquissait son estoc et lui permit de reprendre brièvement le contrôle de son corps. Le sabre laser atteignit la jambe de Jésus au lieu de transpercer Lyra. Cette dernière en profita pour l’assommer d’un coup de coude.
Une immense joie mêlé au soulagement envahit Venge. Il avait réussi, Lyra était sauve et lui en paix avec lui-même.
Josh le gratifia d’une bourrade amicale :
– Vas’y ! Ce moment est pour toi !
– Non… tu étais là. Toi aussi tu as souffert de sa mort et ne me dit pas le contraire. Viens avec moi ! répliqua Venge avec fermeté.
– À ta guise…
Ils s’approchèrent de Darkliser pendant que Lyra était occupée à ligoter Jésus. Le double de Venge se tourna vers lui avec un grand sourire :
– Je te remercie pour ce que tu as fait, mais je vais m’effacer à présent. Après tout, tu es aussi bien le Venge d’avant que Darkliser alors tu réaliseras mon ultime souhait.
Il disparut sur ces paroles à l’instant où Lyra se retournait vers lui.
– Venge ! Josh ! Vous m’avez sauvé de l’influence des Sith !
Elle rayonnait d’un bonheur contagieux et Venge se laissa contaminer avec joie. Il ne l’avait jamais vue aussi belle et aussi heureuse et espérait que Darkliser, où qu’il soit dans sa conscience, appréciait.
– Je n’ai pas fait grand-chose pour être honnête. Je retenais Alconeyus du mieux possible pour faire gagner du temps à Venge de te tirer de ce mauvais pas, marmonna Josh d’un air gêné.
Lyra éclata de rire :
– Je ne parlais pas de ça, idiot. C’est grâce à toi que l’autre Venge a pu me sauver ! Venez dans mes bras vous deux !
Autant stupéfait que Josh par ces paroles, Venge se laissa aller auprès de Lyra dans un câlin chaleureux et ressentit toute l’affection mutuelle entre eux trois. C’était comme du temps où ils étaient Padawan sur Ossus. Il n’y avait pas d’inquiétude liée à la prophétie, pas de Josh corrompu par le Côté Obscur et encore moins de jalousie entre eux.
Venge aurait voulu que ce moment dure pour l’éternité…
– Je vous aime tous les deux et je serais toujours avec vous, avoua-t-elle en se reculant.
– Mais tu n’es qu’une réminiscence de Venge, Lyra. Comment peux-tu nous dire de telles choses ? demanda Josh, éberlué.
Venge se posait également des questions, car cette Lyra différait de celle de son souvenir.
– Réfléchissez un peu voyons ! Vos esprits sont prisonniers d’une puissante technique de Force où la réalité se mêle au mysticisme. Quant à vos corps, ils baignent actuellement dans une incroyable quantité de Force. Cela fait beaucoup de Force, non ? Alors je te retourne la question, Josh. Comment peux-tu dire que je ne suis pas la vraie Lyra ?
– Car c’est moi qui ai initié ce souvenir pour sauver Venge de l’emprise de l’Empereur, répondit Josh d’un ton moins convaincu.
– Toujours aussi peu ouvert d’esprit à ce que je constate, lâcha Lyra, faussement navrée. La réalité est que Venge m’a tué et que je ne fais plus qu’une avec la Force désormais. Alors, convaincu ?
L’ancien Seigneur n’ajouta rien et se contenta d’acquiescer, l’air contrit. Quant à Venge, il fixait Lyra comme s’il la voyait pour la première fois.
– Lyra… je suis désolé pour… ce qui est arrivé. J’aurais tellement voulu connaître toutes les joies de la vie avec toi. Seulement, on ne contrecarre pas si facilement les plans du destin. Peux-tu pardonner mes actes ? Je sais que c’est beaucoup demandé…
La jeune femme l’embrassa en guise de réponse. Bien que surpris, Venge savoura cet instant, car il savait au fond de lui qu’il s’agissait du dernier.
– Je ne t’en ai jamais voulu, Den… mais mon temps ici touche à sa fin. Je désirais que vous trouviez la paix intérieure, vous deux, comme je l’ai trouvé au sein de la Force. Tout ce que j’espère désormais, c’est que vous la sauverez…
Venge la regarda s’éloigner, mais elle se retourna une ultime fois vers lui :
– Il faut que je te dise. Il y a quelqu’un qui aimerait te voir par là-bas. Adieu ! Reste bon !
- Qui ? demanda le jeune homme.
Mais Lyra se contenta de sourire, puis de disparaître pour toujours.
«
Reste bon. »
Ces deux mots… ils avaient été les derniers qu’elle ait prononcés sur Fassa. Venge ne les avait pas du tout suivis. Au contraire, il était devenu exactement ce qu’il avait toujours juré de combattre.
– Je tâcherais d’être à la hauteur de tes attentes, Lyra. Je t’en fais le serment…
– Désolé de te couper dans ton élan sentimental, mais l’épreuve n’est pas finie. J’ai ma petite idée sur l’identité du prochain fantôme, intervint Josh, pressé.
Venge acquiesça.
Aussi déstabilisant que soit ce qu’il venait de vivre, le jeune homme n’oubliait pas l’Empereur.
Ils prirent la direction indiquée par Lyra et, au détour d’un morceau de balcon, découvrirent un homme meurtri, accoudé contre le rebord de la chaussée.
Vêtu de l’accoutrement caractéristique de l’Ordre et doté d’une barbe imposante, Venge n’eut pas besoin de voir son visage pour reconnaître son ancien Maître, Kalin Notsun. Ce dernier avait été la victime de la bête enragée qui avait supplanté Darkliser et l’autre. Heureusement, le défunt Rédempt était parvenu grâce à un rituel à réunifier l’esprit morcelé de Venge en un seul. Mais le plus horrible dans tout cela n’était pas le meurtre de Kalin. Le jeune homme n’en gardait simplement aucun souvenir…
– Kalin… Maître… vous aussi ? Est-ce que vous êtes un fantôme ? bredouilla Venge, incertain.
– Bonjour, mon ex-Padawan, salua Kalin d’un ton enjoué. Heureux de te voir en vie, de même pour toi Josh. Je sens que vous êtes aussi liés qu’autrefois désormais.
Venge voulut se confondre en excuses, mais le fantôme leva la main :
– Inutile ! Tu n’étais pas toi-même et nous ne pouvons pas revenir en arrière. C’est le présent que tu dois vivre. Mon temps ici est très limité. Lyra est partie afin de freiner le retour de l’Empereur, mais cela ne durera qu’un instant.
– Bon… alors quelles sont vos intentions ? demanda l’Elu.
Kalin Notsun se remit sur pied et prit son ancien élève par les épaules :
– Écoute ! Tu as toujours été pour moi le fils que je n’ai jamais eu biologiquement avec Asha. Bien que tu aies déjà eu un père qui a su t’apporter de l’aide par le passé, je voudrais endosser ce rôle pour la première fois. Donc, ce n’est pas en tant que Maître Jedi que je vais te parler mainte…
– Vous avez toujours été mon père, l’interrompit Venge d’une voix assurée. Quoi que vous pensiez de votre comportement passé, vous m’avez élevé et si je suis l’homme que je suis, c’est de votre fait. Pour cela et bien d’autres choses, vous avez ma reconnaissance éternelle.
Ému, les yeux de Kalin brillèrent jusqu’à qu’une larme coule de part et d’autre pour aller se perdre dans sa barbe.
– Je te remercie… s’émut le vieux Jedi avant de raffermir sa voix. Mais passons aux choses sérieuses. Je suis venu pour vous donner le moyen de vaincre l’Empereur. Est-ce que vous vous rappelez comment il a réussi à vous atteindre malgré votre Armure de Force ?
– Oui, répondit Josh. Nous utilisions la technique de Venge pour absorber la puissance de l’Empereur afin de le rendre vulnérable. Nous avions précédemment récolté la majeure partie de la Force à des kilomètres à la ronde, même celle des Sith. La noirceur de ces derniers a été sans mal contenue, mais nous avons sous-estimé celle de l’Empereur. Ancano a compris cette faiblesse lorsque nous l’avons transpercé et… il nous a piégé. Toute sa malveillance, toute sa perversion, il les a déverséés dans notre épée de lumière qui les a ensuite absorbées. C’était trop pour nous… il a ainsi profité de l’occasion pour nous restreindre dans sa technique.
– Bien répondu, approuva Kalin en claquant des doigts. Mais n’as tu pas remarqué qu’il n’a pas cherché à vous tuer, du moins directement ?
Venge comprit soudainement où il voulait en venir :
– Il veut nous faire basculer du Côté Obscur, Josh ! La seule entrave qui l’empêche de nous détruire est la Fusion Mentale. N’oublie pas qu’une fois unie, la puissance de nos esprits est décuplée. Le maintien de la Fusion ne dépend que d’une chose : l’harmonie de nos psychés. Si l’un de nous bascule du Côté Obscur en, disons, tuant l’autre dans un souvenir par exemple, la Fusion cessera et il pourra nous supprimer séparément.
– Alors si j’avais suivi le même chemin qu’autrefois… si j’avais ôté la vie de Maître Vadisha puis la tienne dans mon souvenir, nous aurions… réalisa Josh à son tour.
– … tout perdu, oui, termina gravement Kalin. Mais laissez-moi vous apporter quelques précisions. Si vous n’êtes pas parvenu à supprimer le Côté Obscur de l’Empereur, c’est parce que vos cœurs ne sont pas entièrement purs. Du moins, ils l’étaient…
Pensif, Venge s’éloigna un instant de ses compagnons puis se retourna, l’air plus déterminé que jamais :
– Alors c’est simple. Nous avons vaincu nos démons du passé grâce à ces épreuves. Ni Josh, ni moi ne sommes les mêmes. Je ne ressens plus d’obscurité en toi...
–… et je n’en sens plus en toi, mon ami, continua l’ancien Seigneur des Jedi Obscur.
Venge acquiesça avant de poursuivre son idée :
– Nous sommes la Lumière qui détruira l’Empereur. C’est terminé, il ne possède plus aucune prise sur nous. Maintenant, il ne nous reste qu’à sortir d’ici pour en finir une bonne fois pour toutes.
– Voilà la solution, et vous n’avez presque pas eu besoin de mon aide, les gratifia Kalin.
– Détrompez-vous, Maître. Vous nous avez mis sur la bonne voie comme tout père devrait le faire, lui répliqua Venge en posant la main sur son épaule.
Satisfaite, l’image de Kalin s’évanouit avec un sourire confiant. À cet instant, un puissant grondement de tonnerre perça le ciel, précédant l’arrivée d’Ancano. Celui-ci atterrit à quelques mètres des Jedi, lesquels lui faisaient face avec impassibilité.
– Sales vermines ! Vous ignorez ce que vous faites en me résistant de la sorte ! Vous condamnez la galaxie, stupides ignares ! Vous croyez pouvoir faire face à ma toute-puissance ? J’ai voulu faire preuve de subtilité pour conserver mes forces face à la tempête à venir ! Mais c’est fini désormais, je vais user de toute ma volonté pour écraser vos esprits tel un insecte insignifiant sous ma botte !
Sur ces imprécations, l’Empereur dégaina sa lame noire et s’élança sur Venge, aussi stoïque qu’une pierre. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce dernier arrêta l’épée avec sa main.
- Sors de notre tête ! ordonna simplement le Jedi.
Dans le même temps, une lumière aussi blanche que les uniformes de l’Usumacita pulsa hors de son corps et atteignit Ancano de plein fouet. Bouche bée par ce phénomène, l’Empereur fixa sa main armée se réduire progressivement en cendre, puis ses bras, ses jambes, son torse jusqu’à gagner son visage. Il disparut totalement non sans avoir émis un ultime hurlement de rage.
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