Cette fan-fiction a fait l’objet d’une publication sur SWU. Vous pouvez la retrouver en texte intégral, au format pdf et epub (sauf pour les nouvelles les plus anciennes) en cliquant sur ce lien.
N’hésitez pas à revenir sur ce topic après votre lecture pour donner votre avis et en parler avec l’auteur(e).
Bonne lecture !
Le staff fan-fictions.
-----------
J'adore les petits livres de Daniel Wallace : ils sont bourrés de détail qui donnent vie à l'univers de Star Wars, et peuvent fournir une multitude d'idées de récits. La lecture du "Code du Chasseur de Primes" m'avait inspiré la nouvelle Rossel. En lisant le "Manuel du Jedi", j'avais eu l'idée d'écrire Tu suivras la voie lumineuse des Jedi. Par contre j'avais été déçu par les "Carnets de l'Empire", et j'ai mis plus de temps à les exploiter. C'est maintenant chose faite, avec la nouvelle que je vous propose aujourd'hui, et que je publierai en trois parties.
Avertissement : cette nouvelle n'est pas destinée à un jeune public
Première partie
Codi était dans sa chambre. C’était là qu’il passait le plus clair de son temps, désormais. Qu’aurait-il pu faire d’autre, de toute façon ? Allongé dans son lit, il regardait les objets autour de lui. Des objets qui dataient de son enfance, pour la plupart. Son brevet de fin d’études était punaisé au mur. Une maquette de destroyer stellaire était pendue au plafond. Une dizaine de médailles et autant de coupes étaient alignées sur une étagère, rappelant que Codi avait été un brillant joueur de Shockball, un sport violent qui consistait à assommer ses adversaires avec une balle chargée électriquement. La plus récente datait d’à peine deux ans en arrière. Il avait gagné la coupe locale avec son équipe, peu avant de s’engager.
Ces objets étaient les petits trophées de son passé. Il les trouvait désuets et insignifiants, mais il les conservait malgré tout. Probablement parce qu’il savait qu’il n’en aurait plus d’autres. Se plonger dans le passé était devenu un refuge, depuis son retour. A bien y regarder, ce n’étaient pas ces objets qui n’étaient pas à leur place. C’était lui. D’une certaine manière, il était revenu en enfance. Il passait tout son temps dans sa chambre. Il dépendait de sa mère, aussi bien financièrement que pour le quotidien.
Sa mère… Rien que de penser à elle, il en eut les larmes aux yeux. Comme il avait dû la décevoir ! Comme elle devait souffrir de voir son avenir ainsi gâché… Il l’entendait préparer à manger derrière la porte de sa chambre, dans le recoin de la pièce principale qui servait de cuisine. Elle ferait probablement un plat qu’il aimait, pour lui faire plaisir. Des beignets de Makho, ou une galette aux arômes de Durang…
Comme tous les jours, Codi se mit à pleurer.
De l’autre côté de la porte, une femme d’une quarantaine d’année, mais qui en paraissait cinquante, éminçait un bulbe de Makho. Ses cheveux étaient déjà grisonnants, et des rides couraient le long de ses yeux rougis. En entendant les sanglots de son fils derrière la cloison, ses yeux s’embuèrent. Des gouttes salées tombèrent dans la pâte à beignets.
Elle sortit précipitamment de l’appartement et s’enfuit dans le couloir couvert de graffitis pour laisser libre cours à son chagrin. Elle ne voulait pas que son fils l’entende sombrer ainsi dans le désespoir. Il se raccrochait à elle, et elle devait être forte. Pour eux deux.
Une fois calmée, elle retourna dans son piteux deux-pièces du niveau -24 pour terminer le repas. Son fils avait mis de la musique pour masquer ses propres sanglots.
Deux ans plus tôt, Codi était un vigoureux gaillard blond. Peu doué pour les études, il avait quitté l’école juste après ses seize ans pour partager son temps entre le Shockball réel et la version virtuelle de ce sport. Il n’avait pas de travail, et aucune envie d’en trouver un. Il vivait aux crochets de sa mère, une modeste femme de ménage, dans les bas-fonds de Shad, sur la planète Melinz. Parfois il dégottait un petit boulot, légal ou non, mais qui ne durait jamais longtemps.
Le rêve de Codi était de rejoindre l’équipe professionnelle des Shad Furies, qui surveillait sa progression, mais à son grand désappointement il ne fut pas retenu, bien qu’ayant été un des principaux artisans de la victoire de son équipe dans la coupe de Shad, en catégorie amateurs. Suite à cette déception, le jeune homme s’enferma dans un mutisme profond, et se réfugia dans les ligues virtuelles de Shockball. Il ne quittait quasiment plus sa chambre, même pour manger, et évitait le plus possible sa mère, qui tentait de le sermonner à chaque fois qu’ils se croisaient dans la pièce principale de l’appartement.
Au bout de quelques mois de ce régime il finit par se lasser de sa vie oisive, et commença à fréquenter les petits voyous des niveaux inférieurs, ce qui ne plut pas davantage à sa mère. Puis, un jour, il rencontra un recruteur des armées impériales, qui lui détailla par le menu toutes les carrières militaires possibles, et lui fit miroiter des missions sur des mondes merveilleux. Il vantait aussi la camaraderie, l’entraide, l’esprit de corps, et l’amitié virile qui liait entre eux les soldats comme des frères. Servir dans les armées impériales, c’était œuvrer pour le maintien l’ordre et de la paix dans la galaxie...
Codi, qui n’avait jamais quitté sa planète natale, et qui était pleinement conscient de la médiocrité de l’existence qu’il y menait, décida de s’engager. Il l’annonça le soir même à sa mère. Une fois remise de la brutalité de la nouvelle, les sentiments de cette dernière tanguèrent entre le soulagement qu’il ne termine pas son existence dans un pénitencier impérial ou au cours d’un règlement de comptes, la fierté qu’il entreprenne enfin quelque chose de courageux, la tristesse de ne plus l’avoir auprès d’elle pendant de nombreux mois, voire des années, et l’angoisse de le voir embrasser la carrière des armes. Elle ne fit rien pour le dissuader, mais pria dans sa tête pour qu’il ne lui arrive rien.
Trois jours plus tard, Codi fit ses adieux à sa mère, et monta avec anxiété dans la navette qui devait le mener jusqu’au centre de recrutement.