par harnis29 » Ven 17 Mar 2017 - 8:55 Sujet: Re: La Révolte des Poussières - Ch 16 : Morsure
La Révolte des Poussières
Chapitre 17
L’esprit de vengeance
Les deux chasseurs stellaires, des bombardiers d'assaut Hetrinar modifiés et la navette ; une corvette Corellienne CR90 sortirent de l'hyperespace en même temps. À bord de la corvette, Aross Talphar actionna le système de détection et attendit quelques secondes. Lorsque le bip sonna, le pilote, un Velmorien au regard noir, confirma le résultat :
— Nous avons détecté la navette des Saboteurs.
— Parfait ! Contactez le Commandant et passez la communication dans ma cabine.
— Bien mon lieutenant.
Aross Talphar quitta le poste de pilotage et se rendit immédiatement dans la cabine réservée aux officiers. Ses mains tremblaient.
Dès que la porte se referma derrière lui, l'image de l’hologramme du Commandant Tev Vanth II jaillie de l'hollocom.
— Mon Commandant, nous avons trouvé la navette.
— Félicitations Lieutenant Talphar.
— Mais nous avons un petit… disons, un léger problème.
— Je vous écoute. Répondit Tev Vanth II, soudain la mine sévère.
— Le signal n'est pas celui que nous attendions. La navette émet un signal de détresse depuis plusieurs jours.
— Stoppez-le immédiatement. Et faites-moi un rapport complet sur la situation dès que vous le pouvez. Faites bien attention Talphar, c'est votre dernière chance.
— Mon Commandant… le signal utilisé est en holo-fréquence. Plusieurs systèmes ont dû le recevoir maintenant.
— Lieutenant ! Il est hors de question que nous laissions ce crime impuni, Les Saboteurs devront payer pour leur infamie. C'est mon honneur qui est en jeu. Et votre avenir, dois-je aussi le préciser ?
— Non mon Commandant.
— Alors arrêtez-moi ces saboteurs et ramenez-les-moi aussi vite que possible. Le peuple de la Cantine a faim de représailles.
— A vos ordres mon Commandant.
Aross Talphar coupa l'hollocom et croisa les bras en s'enfonçant dans son siège. Aross Talphar avait toujours été loyal et fidèle, ce n'était pas aujourd'hui que les choses allaient changer. Cependant, il savait, ou du moins il avait l'intuition que tout n'allait pas se dérouler sans accroc. Les droïdes n'avaient pas effectué leur mission correctement. Ils étaient censés saboter la navette et communiquer sa position à la Cantine Solitaire et uniquement à celle-ci. Il n'avait plus qu'à espérer qu'aucun système n'ait intercepté le signal de détresse. Il regarda ses mains trembler pendant quelques instants et se ressaisit. Il quitta sa cabine et ordonna à la flottille de se rendre immédiatement sur Cachin.
Au même moment, à des dizaines de parsecs, Tig-Mus, le petit intendant du Roi Zaharcha fut informé de la détection d'un signal de détresse provenant du système de Cachin capté par une vieille sonde d'analyse. Dans un premier temps il n'y prêta pas attention. C'était un signal de détresse commun provenant d'une navette inconnue sans intérêt. Toute l'armée du Roi n'avait qu'une idée en tête : retrouver les Saboteurs et leur faire payer l'assassinat de la princesse Sajura Zaharcha. Le destroyer du Roi naviguait dans le Secteur de Kastolar. Selon quelques espions disséminés un peu partout dans la galaxie, il y avait une chance d'y repérer les Saboteurs. Mais cela faisait plusieurs jours que toute la flotte du Roi Zaharcha frôlait la frontière de l'espace contrôlé par les Hutt. Des dizaines de navettes avaient été envoyées à la recherche des Saboteurs sur les systèmes de Kwenn, Nimban et Saki, au nez et la barbe des Hutt. Pour l'instant aucune navette n'avait été repérée et Tig-Mus s'en félicitait. Mais le Roi perdait patience. Il débarquait plusieurs fois par jour dans le poste de commandement du Destroyer et Tig-Mus avait de plus en plus de mal à contenir son exaspération devant l'absence de résultat. Alors Tig-Mus cherchait. Il cherchait partout le moindre indice. Et puis il se mit à relire les échanges interceptés juste après l'attentat contre la princesse. Et dans cette montagne d'informations, il lut un échange entre le Conseil Jedi et l'un de ses sbires ; un certain Obi-Wan Kenobi. En parcourant les lignes de conversations, Tig-Mus eut un haut le cœur quand il lut le mot Cachin. Tout à coup, tout devenait logique. Il en était certain. Cela ne pouvait être dû au simple hasard. Il en était plus que convaincu. Il sauta de son siège trop grand pour lui et couru le plus vite possible vers les quartiers du Roi. Il glissa plusieurs fois et manqua de tomber à maintes reprises dans sa course folle sous les regards moqueurs des soldats de faction. Il arriva enfin devant la porte du Roi. Il somma les gardes de lui ouvrir et ceux-ci s'exécutèrent sur le champ : la porte coulissa et Tig-Mus s’engouffra tel un forcené. Il bouscula la Reine et se confondit en excuse. Le Roi Zaharcha était en pleine discussion avec l'hologramme du Sénateur du système d'Handooine.
— Mon Roi, Mon Roi ! Cria Tig-Mus en agitant le bout de papier qui allait confirmer ses dires. Je pense avoir trouvé les Saboteurs.
Le Roi Zaharcha lui arracha des mains le bout de papier qu'il lut d'une traite.
— Tig-Mus, qu'est-ce qui vous fait penser que les Saboteurs sont sur cette planète ?
Tig-Mus voulait répondre mais il ne voulait pas que le Sénateur d'Handooine puisse participer à la conversation. Le voyant hésiter, le Roi Zaharcha comprit que le Sénateur était de trop.
— Sénateur, veuillez m'excusez, nous reprendrons cette négociation plus tard.
— Je vous en prie. Répondit le Sénateur.
Le roi coupa l'hollocom et Tig-Mus put reprendre la discussion.
— Votre Altesse, le jour de l'assassinat de la Princesse, les journaux de bords font état de plusieurs départs de navettes quittant le Destroyer. Parmi celles-ci, l'une d'elles serait partie en direction de Cachin. Et il y a quelques heures, nous avons reçu un signal de détresse provenant de ce même système : Cachin. Sur le coup je n'y ai pas prêté attention. Mais en relisant les échanges du Conseil Jedi, je suis tombé sur ces lignes. Celles que vous avez sous les yeux : le Conseil Jedi a ordonné à un certain Obi-Wan Kenobi de se rendre immédiatement sur Cachin. J'y vois une preuve flagrante. Les Jedis se sont joué de nous. Ils savaient que les Saboteurs se trouvaient sur Cachin sinon pourquoi les envoyer là-bas, dans ce trou perdu ?
— Obi-Wan. Répéta le Roi. Le Jedi chargé de ma protection et de celle de la Princesse lors de mon discours au Sénat…
— Votre altesse sérénissime, Oh mon Roi, envoyez une navette sur Cachin. Je vous en conjure. Je suis certain que nous allons y trouver ce que l'on cherche. Les assassins de votre fille s'y trouvent.
— Non. Répondit le Roi.
Le roi Zaharcha se précipita sur l'intercom.
— A toutes les troupes. Ici votre Roi. J'ordonne que tous les vaisseaux, toutes les navettes et que notre Destroyer se rendent immédiatement sur le système de Cachin.
— Bien reçu. A vos ordres mon Roi. Répondit le commandant de bord du Destroyer. Passage en hyperpropulsion dans 5,4,3…
Le roi coupa l'intercom. Et trois secondes plus tard, les éclairs de lumières que l'on pouvait voir au travers des fenêtres des appartements du Roi et de la Reine, prouvaient que le Destroyer venait de passer en hyperespace.
— Tig-Mus, j'espère que vous avez vu juste.
— Je l'espère aussi oh mon Roi.
Le speeder utilisé par Obi-Wan, Haïn et Ish Atam avait définitivement rendu l'âme le deuxième jour. Le premier jour, une avarie dans le système de propulsion avait contraint ses occupants à de lourdes opérations de maintenance que Haîn avait réussit à mener sous un soleil de plomb. Mais le deuxième jour, dans la Plaine du Four, le speeder s'était mis à tousser et avait finit par caler. Après une multitude de vérifications, Haïn avait finit par conclure qu'il était hors d'usage. Obi-Wan qui avait encore mal à la jambe dû se résoudre à faire le reste du chemin à pied. Ish Atam, habitué aux longues marches n'avait pas sourcillé. Mais Haïn râlait et se plaignait sans arrêt. C'était dans sa nature profonde et il avait bien l'intention d'en faire profiter les deux crétins quasi-humain qui l'accompagnaient.
Au quatrième jour de marche, ils aperçurent au loin le pic du Mont Goth qui crevait un nuage. Et enfin le cinquième jour ils atteignirent la navette : l'Étoile des Saboteurs. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les droïdes mécaniciens avaient fait un travail absolument admirable. Ce n'était plus une épave mais une toute nouvelle navette. Les droïdes mécaniciens avaient démonté chaque pièce les unes après les autres. Si Obi-Wan était revenu quelques jours auparavant, c'est un tas de ferraille qu'il aurait trouvé éparpillé dans le sable. Mais aujourd'hui la navette reposait sur ses pieds. Elle ne brillait pas de mille feux non, mais elle semblait totalement fonctionnelle. Le seul problème, si c'était un problème, c'était que la navette avait vu sa taille diminuée de moitié. Et c'est un Haïn inconsolable, criant et vitupérant les deux genoux dans le sable, les larmes coulant sur ses joues huileuses, maudissant les deux droïdes qui avait défiguré son Étoile.
— Soyez tous maudits ! Criait Haïn. Qu'avez-vous fait ? Hein ? Qu'avez-vous fait à mon Étoile chérie ?
Un des deux droïdes mécanicien sortit la tête d'un amas de tôles, de ferraille et de câbles en tout genre. Il émit quelques bips de satisfaction en repérant Obi-Wan et fila tout droit à l'intérieur de la navette en passant par la passerelle toute neuve ou presque. Obi-Wan suivit le petit droïde à l'intérieur de la navette et fut stupéfait par le travail accompli. Effectivement, la navette avait été réduite de moitié mais l'intérieur et notamment le cockpit semblait presque neuf et rutilant. Et le plus important, l'odeur de pourriture avait complètement disparue. Mais Haïn était inconsolable, il tenait la main d'Ish Atam et pleurait à chaudes larmes contre son bras.
— Haïn, cesse un peu tes lamentations. Lui suggéra Obi-Wan. Admire un peu le travail. Regarde. Le tableau de bord a été entièrement refait, elle est comme neuve, ta navette !
— Taisez-vous Jedi à la noix ! Mais taisez-vous donc ! C'est une catastrophe… et…
Tout à coup, Haïn se figea. Ça devait carburer sec dans son cerveau, car après un temps très court d'une sorte de coma végétatif instantané, il se mit en quête de retrouver quelque chose qui devait être d'une importance capitale. Il se mit donc à farfouiller dans les moindres recoins de la navette. Il cherchait quelque chose. Il ouvrit donc plusieurs placards et autre vide-poches en jetant tout leur contenu à même le sol. Si bien qu'au bout de deux minutes, l’intérieur de la navette était jonchée d'objets en tout genre. Obi-Wan et Ish Atam ne quittèrent pas des yeux le Saboteur survolté qui se mit à crier « Victoire » quand il trouva enfin l'objet de sa quête.
— La voilà ! Oh Bonheur ! La bouteille enchantée !
Il brandit alors la bouteille, la déboucha et l'agita sous le nez d'Ish Atam qui eut un haut le cœur en reniflant son odeur nauséabonde.
— Regardez donc Cendre ! Buvez une goutte et elle vous transformera en bête de guerre incontrôlable et dévastatrice !
Obi-Wan se mit à ricaner dans sa barbe.
— Pourquoi riez-vous mauvais moine illuminé ? Grogna Haïn.
— Haïn. Reprit Obi-Wan entre deux gloussements. Tu as déjà tenté l'expérience et mis à part des maux de ventre, tu es resté le même.
— C'est parce que vous n’êtes qu'un ignare. Vous avez bien vu ce qu'elle à fait de Runh Rapuhn non ? Elle l'a transformé… Je l'ai vu à l’œuvre et croyez-moi. Le colosse orange ne serait encore qu'un vulgaire mollusque tout juste bon à faire des ronds dans un bocal s'il n'avait pas fait l'expérience de la bouteille des Astarides. Runh à fait un bond de géant dans l'évolution. Croyez-moi. Vous l'auriez vu il y a quelques années… c'est bien simple, vous ne l'auriez jamais remarqué. Il était insignifiant et inutile. Et regardez-le aujourd'hui, un grand gaillard à la force démesurée.
— Haïn, Ish Atam, si vous voulez m'excusez, je dois contacter le Conseil Jedi. Fit Obi-Wan.
— Et alors ! Beugla Haïn.
— Et alors ? Je voudrais être seul si tu me le permets Haïn.
— Viens Haïn, laissons Obi-Wan faire ce qu'il à faire. Viens je t'en prie. Pria Ish Atam en prenant Haïn par l'épaule. Explique-moi un peu l'histoire de cette «Étoile » comme tu l'appelles.
— Tu ne sais ce qu'est une « Étoile » ? Rétorqua Haïn tandis qu'il accompagnait Ish Atam vers la sortie. Mais enfin, c'est la fine fleur, le vaisseau amiral de la flotte perdue des Saboteurs. On ne t'apprend rien à l'école ?
— Il n'y a pas d'école de ce genre ici. Ici nous apprenons à survivre contre le vent, la poussière, le soleil et les cyclattes.
Les deux compères quittèrent le cockpit laissant le Jedi prendre soin de contacter le Conseil. Quand Obi-Wan réussit à stabiliser la communication avec le Conseil Jedi, il fit un rapport succinct sur les événements de Cachin et surtout révéla la véritable nature de l'imposture qui se cachait derrière l'attentat contre la Princesse Sajura Zaharcha. Quand il eut finit son rapport à Mace Windu, celui-ci lui confirma qu'une opération d'exfiltration aurait lieu dans les plus brefs délais. Cependant, Obi-Wan devait être informé que dorénavant, toute action menée par le Conseil Jedi se ferait sous le regard de la Chancellerie, car la République venait de faire voter une loi contraignant le Conseil Jedi à révéler de façon transparente devant un comité restreint toute sa politique d'intervention, et ce, quels que soient les circonstances.
Un débat houleux avait eu lieu au Sénat, mais comme toujours dans les moments de crise, un certain nombre de Sénateurs avaient réussis à faire passer cette loi en force sans passer par un décret. Le vote eut lieu et sans surprise la loi était passée. Le Chancelier Palpatine avait clôturé la séance par ces mots : « La République est une démocratie au-dessus des volontés partisanes qui voudrait l'affaiblir. Aucune institution, aucune organisation ne peut se soustraire à l'entité Républicaine. Rappelez-vous chers amis, que la Démocratie l'emporte toujours et que rien ne peut gouverner ou influencer la République, si ce n'est le Sénat et ses représentants. »
Obi-Wan fut grandement troublé par la révélation de Mace Windu. Il y voyait là encore une ingérence flagrante de la République et notamment de la Chancelerie. Jamais dans l'histoire de la galaxie, le Conseil Jedi n'avait eut à répondre et à s'expliquer sur ces actions mise en œuvre. Mace Windu avait finit par admettre que c'était le jeu de la démocratie. Mais Obi-Wan douta de la sincérité du Maître Jedi. Obi-Wan y voyait une déclaration factice contrainte. Il eut la confirmation de son impression lorsqu'au moment de couper la communication, il aperçut le Sénateur Mas Amedda en retrait derrière Mace Windu, attentif et concentré.
Quand Obi-Wan fut seul dans le cockpit, il passa un long moment à réfléchir en caressant sa barbe. Cela faisait quelques années maintenant que les choses étaient en train de changer. Depuis la bataille de Naboo et l'avènement du Chancelier Palpatine, les troubles s'étaient multipliés. Pour l'instant il n'y voyait pas une causalité directe mais un sentiment diffus. Il avait l'impression qu'un voile masquait la réalité de tout à chacun. Et que plus le temps passait, plus le voile s'opacifiait.
Soudain, Obi-Wan fut pris d'une intuition. Un danger était imminent.
Il sortit de la navette en trombe et dès qu'il vit Haïn et Ish Atam, il s'exclama:
— Le Conseil Jedi envoie un contingent chargé de notre exfiltration !
— C'est trop tard. Lui répondit Haïn. Ils sont déjà là !
Quand Obi-Wan se retourna, il vit le Lieutenant Aross Talphar, blaster en main, ainsi que tout un régiment de renégats de la Cantine Solitaire qui les tenaient en joue.
A la grande époque de Cachin, les prêcheurs régnaient sur tout. Ils usaient et abusaient de leur statut. Ils s’enrichissaient et forçaient toute la population à croire en la Fontaine : c’était l’idole ultime et tous devaient la vénérer sinon les prêcheurs les mettaient au banc de Cachi-Mee. Mais ce temps était révolu.
Toph jubilait. Il venait de mettre la main sur un prêcheur. Et pas n'importe lequel : le consul suprême d'après ses dires. Bien qu'ils aient soit-disant disparu depuis des années, en fin de compte, ils n'avaient jamais quitté la capitale. Se faisant passer pour des vieillards inaptes au travail à la mine, ils passaient en fait leur temps à prédire un destin funeste et la fin du monde dans les réunions de la résistance ou dans les rues encore fréquentées, coincés entre une carcasse de véhicule et un arbre de Cinium éteint.
Quand ils ne prêchaient pas, ils volaient de la nourriture au plus nécessiteux. Et c'est Toph, en fin limier, qui avait démasqué celui qui tenait la porte du hangar dans lequel il venait distribuer ses Boumboss.
Cet imbécile de prêcheur portait encore le médaillon représentant la Fontaine de l'Étoile autour du cou. Le bijou bringuebalait d'un côté et de l'autre sans que celui-ci ne s'en rende compte. Et Toph l'avait berné en prétextant avoir besoin d'un coup de main pour porter sa besace pleine de champignon. Il l'avait entraîné à l'abri des regards et quand celui-ci, contraint par la lance de Toph, avait finalement avoué que les prêcheurs par peur de représailles, s'étaient mués en prédicateurs d'aucune utilité et en voleurs de nourriture, Toph s'en était grandement offusqué et s'était montré pour le moins amère. Toph avait ensuite traité le prêcheur de lâche et le vieux couard n'avait pas moufté. Mais maintenant qu'il avait un prêcheur sous la main, il n'était pas prêt de le lâcher.
Il obligea donc le vieux Poussière à l'accompagner jusqu’à la grotte où se cachait Shauska, Anakin, Jiin et Runh Rapuhn dans les hauteurs, à la périphérie de Cachi-Mee. Enfin non, pas Runh, car celui-ci montait la garde en dehors de la grotte, un peu à l'écart, sa silhouette dissimulée derrière les arbres. Toph appréciait Runh Rapuhn. Mais en même temps il s'en méfiait. Runh était bien trop fort, bien trop puissant pour être négligé. Et ce n'était pas parce qu'il ne parlait pour ainsi dire jamais que c'était un simple d'esprit.
Ainsi, Toph donnait des coups de bâton au vieux Poussière pour qu'il avance et celui-ci tomba à genoux au moment même où Shauska sortait de la grotte pour se rendre à la rivière accompagnée par Anakin.
— Toph ! Gronda Shauska. Mais qu'est-ce qu'il te prend de traiter ce vieux monsieur de la sorte ?!
— Ce n'est pas un vieux monsieur… répondit Toph.
— Mais enfin, bien-sur que oui, regarde-le, le pauvre homme.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire, pardon, ce vieux monsieur est un prêcheur. Tenez, regardez Shauska, il porte le médaillon de la Fontaine de l'Étoile. C'est un prêcheur, je vous l'assure, il a avoué le bougre !
— Évidemment qu'il a avoué, traité de la sorte, n'importe qui avouerait n'importe quoi !
— Toi ! Cria Toph. Dis-lui ce que tu m'as dit à propos de la Fontaine de l'Étoile ! Allez !
— La Fontaine… commença le vieux Poussière. La Fontaine est un mythe. Elle n'a jamais existé.
— Bon sang ! Pesta Toph. Répète mot pour mot ce que tu m'as dis en chemin, sinon tu aurais à faire à ma lance !
— Très bien, très bien. Abdiqua le vieux prêcheur. La Fontaine à disparue, elle nous a abandonné et personne ne la retrouvera jamais.
— Pas ça ! Cria à nouveau Toph. Dis-lui comment doit-on procéder pour réunir les deux étoiles.
— Oh ça ! C'est très simple il suffit d'approcher les deux étoiles l'une de l'autre à l'intérieur de la lanterne, ensuite il suffit de déposer la lanterne sur son autel et alors la Fontaine coulera à nouveau pour mille ans.
— Et quand aura lieu le jour des deux lunes ? Demanda Toph.
— Demain. Répondit le prêcheur.
Toph lui donna un coup de baton et Shauska explosa :
— Toph ! Je t'ordonne d'arrêter tout de suite sinon je te préviens, Runh t'enfoncera dans le sable jusqu’à la tête !
— Mais il ment. Je vous l'assure Shauska. Se lamenta Toph.
Runh Rapuhn s'approcha de Toph avec un air peu avenant.
— Ohhhhh S'exclama le prêcheur. Le colosse Orange de la prophétie…
Jiin qui avait assisté à la scène, ne put s’empêcher d'ajouter :
— Il est sénile votre vieux là.
Le prêcheur était en totale admiration pour Runh. La mine extatique, il ajouta :
— Le Colosse Orange est arrivé. Où est l'Étoile ? Demanda-t-il à l'assistance. Nous devons réunir les étoiles avant le jour des deux lunes qui aura lieu dans neuf jours.
— Ha vous voyez ! S'exclama Toph.
— Il est sénile je vous dis. Continua Jiin. Il raconte n'importe quoi.
Shauska ne savait plus quoi dire, quoi comprendre et quoi en déduire. La seule chose qu'elle savait, c'est qu'elle avait une envie furieuse d’abattre la gamelle qu'elle tenait dans la main sur la tête du premier venu. Malgré tout elle s'approcha du vieux prêcheur et l'aida à se relever.
— Venez avec moi, Lui dit-elle. Comment vous appelez-vous ? Je dois vous montrer quelque chose.
— Je suis Kao Cacik, consul suprême et je vous suis très reconnaissant… ce jeune Poussière est un effronté et un impertinent.
Elle prit le vieux Poussière par le bras et l'accompagna jusqu’à l'intérieur de la grotte. Les autres suivirent, sauf Runh qui resta dehors. Une fois dedans, elle l'invita à s’asseoir sur une paillasse à même le sol et posa la lanterne couverte par un tissu devant son nez. Elle releva le tissu et tout à coup la lumière jaune de la nano-étoile se mit à étinceler et à éclairer entièrement la grotte.
— Oh ! S'exclama Kao. Vous l'avez attrapé. Vous l'avez trouvé et vous l'avez attrapé ?! Comment est-ce possible ? Qui donc à attrapé l'étoile jaune ?
— C'est ce jeune garçon. Répondit Shauska, en montrant Anakin du doigt.
Le jeune Padawan s'était fait discret et le vieux prêcheur ne l'avait même pas remarqué.
— Dis-moi jeune enfant. Est-ce bien toi qui a attrapé l'étoile jaune ? C'est important. Tu dois me dire la vérité petit. Est-ce bien toi qui l'a attrapé et personne d'autre ?
— Oui. Répondit Anakin. C'est bien moi.
— Ainsi soit-il. Seul l'attrapeur peut réunir les deux étoiles.
— Comment ça ? Demanda Shauska. Expliquez-vous !
— Cela fait partie de la mythologie. Celui qui est choisi par l'étoile, doit être celui qui les lie. Il doit faire pénétrer le noyau au cœur de l'étoile jaune. Tout les oppose, elles ne voudront pas s'unir. Alors seul la Force pourra forcer cette alliance. Mais cela n'a aucune importance… Il nous faudrait posséder son compagnon. C'est la sorcière qui le détient. Elle en tire une énergie et un pouvoir immense.
— Non. Le coupa Shauska. Nous avons la boule noire. Mais que vient faire la Force ici ?
Shauska sorti la boule noire de sa poche et la présenta au prêcheur qui resta interloqué quelques instants.
— Ce n'est pas possible ! S'exclama Kao. La prophétie… elle se réalise. Et j'en suis le témoin.
— Quelle prophétie ? Demanda Shauska.
— De la superstition ! Éclata Jiin. C'est de la superstition, comme pour le Padawan. Vous ne vivez que de mythes et mirages. C'est comme la Force et toutes vos croyances d'un autre âge.
— La Force est réelle. Tu le sais très bien Jiin. Le coupa Shauska.
— Peut-être. Admis Jiin. Mais vous ne me ferez pas croire que Runh Rapuhn est, lui aussi, un élu.
— Jiin. Ce n'est pas toi qui voue un culte à une simple bouteille ? Demanda Anakin.
— Cela n'a rien à voir. Rétorqua Jiin. La bouteille est un preuve scientifique.
Shauska, qui n'avait aucune idée de ce que pouvait raconter Jiin, s'adressa à nouveau à Kao.
— Que dit la prophétie ? Demanda Shauska.
— La prophétie dit que le jour où la Fontaine sera retrouvée, alors un étranger, un géant de la couleur du sable de Cachin sauvera le peuple des Cendres et des Poussières. Alors le deuxième age d'or de Cachin pourra débuter. Nous devons procéder à l'union des deux étoiles le plus rapidement possible. La boule noire est le noyau. Il faut les unir de force. Et c'est à ce Monsieur… en Orange qui est dehors de nous libérer du joug de la Sorcière. Une fois l'accouplement de l'étoile effectué, il doit positionner la lanterne dans son réceptacle, dans l'arène, au cœur même de la cité. Dans son antre. « Des ténèbres, le colosse apportera la lumière, et pour mille ans, la Fontaine coulera. »
— N'importe quoi ! C'est n'importe quoi, je suis entouré d'illuminés. Déplora Jiin.
Le vieux prêcheur essaya de chiper la boule noire des mains de Shauska et celle-ci, sans réfléchir, le gifla.
— Oh pardon ! S'exclama-t-elle pendant que le vieux se frottait la joue. Je suis vraiment désolée, je ne sais pas ce qui m'a prit. Pardonnez-moi… mais ne vous approchez plus de cette boule noire, sinon : dehors ! Runh ! Baffes ! Compris ?
Le vieux prêcheur avait bien compris la leçon et jura de ne plus recommencer.
— Nous devons unir les deux étoiles. C'est le moment. Continua Shauska. Nous devons nous rendre à l'arène avec la lanterne et procéder à l'union le plus vite possible.
— Sous l'arène, vous devez aller sous l'arène, dans le sanctuaire. Et poser la lanterne sur son autel. Seul le géant Orange pourra poser la lanterne. Et lui seul. Ajouta Kao Cacik tandis qu'il glissait sa main dans la besace de Toph pour y voler quelques boumboss.
— Très bien Consul Suprême. Vous venez avec nous.
— Quoi ? Cria le vieux. Hors de question, c'est trop dangereux.
— Je ne crois pas que vous ayez vraiment le choix. Ajouta Shauska. Vous venez avec nous, c'est un ordre.
— Recevoir un ordre d'une Poussière, non mais vous plaisantez ! S'offusqua le vieux prêcheur.
Sur ces mots, on vit le bras de Runh entrer dans la grotte et saisir par le cou le vieux prêcheur pour l'emmener dehors. A partir de ce moment on l'entendit plus se plaindre de quoi que se soit. Une fois tout le monde dehors, Shauska ouvrit la marche et Runh portait la lanterne sous le regard parfois terrifié mais aussi admiratif de Kao Cacik, Consul suprême de Cachin. Au milieu de la nuit, l'équipe traversa les ruines de Cachi-Mee en direction de l'arène. Anakin sympathisa avec Toph et ils échangèrent quelques mots et des boumboss tout en marchant. Jiin fermait la marche, blaster en main, à l’affût.
Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle était en vie et se demandait bien pourquoi ? Elle n'avait plus aucune raison de vivre. Son rêve avait brûlé. Il s'était consumé dans les braises du tunnel. Pourquoi vivre un tel désespoir ? Pourquoi n'était-elle pas morte sur le champ de bataille ? Pourquoi avait-il fallut qu'elle s'extirpe de la fournaise ? Non il aurait mieux valu mourir ce jour-là. Le petit bâtard s'était joué d'elle. Il n'avait rien d'exceptionnel et pourtant il lui avait fait mordre la poussière. La honte et l'humiliation mijotaient dans son esprit.
Darth Myseris, allongée, avait les yeux grands ouverts et ne quittait pas du regard le plafond moisi de sa chambre. Des bandages entouraient son corps de son ventre jusqu’au cou, ainsi qu'une partie de son visage. Elle sentait l'odeur de la chair calcinée, de sa propre chair.
Elle avait crié, elle avait hurlé pendant des heures, pendant des jours. Le supplice n'avait pas disparu mais les anti-douleurs injectés dans ses veines par le droïde médecin faisaient effet. Si bien, que par moment, un sentiment irréel d'immortalité l'envahissait. Cela ne durait pas. Et très vite, l'accablante vérité lui tombait dessus et elle plongeait dans un profond marasme. La douleur n'était plus insoutenable mais l'accablement était un manteau trop épais et trop chaud. Plusieurs fois elle avait essayé de se laisser mourir mais cela ne fonctionnait pas. Elle respirait encore. Son cœur battait encore. Sa haine faisait bouillir son âme et elle ne dormait pas. Elle pleurait mais aucune larme ne coulait. Ils avaient tué sa création, ils avaient massacré son aspiration. Tout était finit. L'expérience de Cachin était un échec cuisant.
Il ne le pardonnerait jamais. Elle le savait.
Après des minutes d'effort et de contorsion abominables, elle réussit à s’asseoir, le dos calé contre le mur. C'était une infirme. Son bras gauche avait disparu. Comme par magie. Pourtant son bras lui faisait encore mal et elle pouvait serrer son poing, elle le sentait, il était encore là, mais c'était une douleur fantôme. Ce n'était qu'une illusion. Un mirage de déception.
Illusion, mirage, ambition, pouvoir et gloire… tout était définitivement perdu. Cependant la colère la maintenait en vie.
Et puis, elle aperçut sa silhouette au loin dans le miroir. Mais de là où elle était, assise sur son lit, elle ne se voyait pas entièrement. Elle entreprit alors de se lever. Et elle eut mal. Quand elle posa son pied gauche sur le sol, elle comprit qu'il y avait quelque chose d'anormal. Son pied n'était pas le sien. En y regardant de plus près, en soulevant un peu son pantalon déchiré, elle découvrit alors un pied robotisé. Son pied gauche n'était pas le sien mais après tout elle s'en fichait bien.
Elle réussit à se mettre debout et s'avança, boitillante, traversant un champ miné d'immondices qui jalonnait sa chambre, jusqu'au miroir.
Et là, elle put enfin se voir telle qu'elle était : misérable.
Elle commença par regarder ses pieds, ses jambes, son torse et sa poitrine absente. Et puis, elle regarda son visage. Le choc fut terrible. Son visage était sillonné de rides profondes qui lui grimaçait le visage. Elle retira doucement l'énorme pansement collé à sa joue gauche. Elle était tellement brûlée, la chair avait tellement fondue, qu'elle pouvait apercevoir certain os de sa mâchoire. Il ne restait qu'une petite touffe de cheveux sur le côté de droit de son crâne entre deux cloques purulentes, mais ils étaient cramoisis. Elle avait la peau sur les os. Alors elle se mit à crier. Aussi fort que possible. Et un droïde avait accouru. Elle le somma de l'aider à marcher. Elle s'appuya donc sur lui et quitta la chambre. Elle devait faire son deuil et pour cela elle avait besoin de voir le corps de son enfant.
Elle entra dans le dôme soutenu par le droïde et se traîna jusqu’à la masse de Cinium inerte qui gisait au sol. Darth Myseris se fit la remarque que le dôme était encore trop petit et pas assez fastueux pour une sépulture. Ce n'était pas digne de son fils.
Le droïde l'aida à s’asseoir et quand elle posa sa main qui était vraiment la sienne sur la masse de Cinium, alors les larmes commencèrent à couler.
Darth Myseris pleurait son enfant mort-né. Elle aurait voulu que le reste du dôme s'effondre sur elle et son enfant. Qu'elle soit ensevelie sous des tonnes de gravats et qu'elle disparaisse à jamais dans l’indifférence et l'oubli. Qui se souviendrait d'elle ? Personne. Non personne.
Et il était temps de mourir.
Elle s'allongea sur le métal inerte, pleura encore beaucoup et finit par s’endormir pour l'éternité.
Depuis l'explosion dans le tunnel, plus aucun Poussière n'avait eu à subir la moindre descente, ni rafles d'escouades de droïdes et leurs absurdes et grotesques montures. Les deux premiers jours, personne n'avait osé braver le danger et tout le monde était resté calfeutré, à l'abri, sans vraiment comprendre la situation. Mais le troisième jour, contre toute attente, c'était un flot continu de plusieurs centaines de Poussières qui quittait la mine en file indienne. Le pouvoir de la sorcière n'était plus. Les droïdes ne savaient comment réagir face à cette mutinerie pacifique, ils n'avaient pas d'ordres à exécuter, ni de capitaine à la barre. Ils laissaient la mine se vider de son essence. Les Poussières quittaient tout simplement les lieux, sans violence et sans un mot. Le seul son qu'on entendait était celui des chaînes de métal qui s'entrechoquaient. Un véritable petit tintamarre de clic, de clang et de bong s'élevait de la rue et résonnait dans la capitale muette. Et c'est depuis une rue qui grimpait vers l'arène qu’Anakin, Shauska et les autres, cachés derrière un parapet, regardaient le manège de cette file interminable qui traversait la ville.
— Les Poussières prennent leur destin en main. Chuchota Shauska. Ils quittent la mine par eux-mêmes. Sans cris, sans bruit, sans fureur, ni terreur… en silence. Je reconnais bien là mon peuple. Les choses changent. C'est un peu grâce à toi Anakin.
— Non, je n'y suis pour rien. Déplora le Padawan.
— Tu redonnes de l'espoir. Ajouta Toph. Malgré toi.
— Anakin, tu es le témoin de la révolte des Poussières. C'est historique. Conclu Shauska.
— Cela n'a rien d'une révolte. Pesta Jiin. Depuis quand une révolte se déroule sans terreur, sans larme et sans gronder ? J’appelle cela plutôt une fuite en avant. Ils sont misérables, c'est tout.
— Quand la Fontaine coulera à flot continu… Le coupa Kao Cacik. Vous verrez, étrange créature, que nous sommes nous aussi de véritables guerriers. Il y a un temps pour tout. Un temps pour se prosterner, un temps pour se soulever et un temps pour briser ses chaînes. Et ce temps est venu. Dites-moi, votre race est-elle civilisée ? quel est votre nom ?
— Je m'appelle Jiin. Jiin Môche. Je suis le Seigneur des Saboteurs et je ne suis pas prêt de vous servir. Croyez-moi !
— Jiin, regardez la lance de Toph. Hé bien dans quelques minutes, vous constaterez par vous-même la puissance inégalée du peuple des Poussières.
— Vous vivez dans l'illusion Monsieur le Consul. Cachin respire encore mais plus pour longtemps. Et si son coeur bat encore, ce n'est plus pour longtemps. Il n'y a plus aucun futur possible ici. Objecta Jiin.
Au loin, alors que la file indienne semble interminable, Anakin aperçu une troupe de droïdes, blaster en main, visiblement désordonnée et désorientée. Ils regardaient les Poussières qui se traînaient dans la rue. Anakin s'attendait à voir débarquer la silhouette familière de Darth Myseris sur le balcon dominant la rue. Il l'imagina s'égosillant et vitupérant des ordres aberrants.
Mais non. Elle n'était pas là. En fait, il aurait bien voulu la voir. Si elle avait été là, il aurait pris l'initiative de l'affronter sur le champ. Il n'avait absolument aucune crainte. Elle ne lui faisait pas peur, au contraire même. Anakin savait qu'elle était une puissante guerrière Sith mais il savait aussi qu'il avait largement les compétences pour la terrasser. Et si Obi-Wan avait été là, il l'en aurait empêché comme d'habitude. Obi-Wan préservait son Padawan et c'était tout à son honneur, mais Anakin en avait assez, il voulait passer à l'action, montrer de quoi il était capable et surtout il voulait avoir son premier et vrai combat.
Celui du tunnel n'avait été qu'une répétition, un entraînement, un préambule rien de plus. Il avait hâte de mettre en pratique toute la technique que lui avait enseigné son mentor. Il voulait faire ses preuves aussi bien pour montrer qu'il était digne d'être un Chevalier Jedi mais aussi pour se prouver à lui-même qu'il en était capable.
L'arène était un immense amphithéâtre couvert d'un toit quadrillé de verre et de Cinium. En son centre il y avait une sorte de scène de spectacle avec un autel de pierre duquel sortait une myriade de gros câbles qui s'enfonçaient ensuite dans le sol. L'intérieur de l'arène était comme toute la ville, recouvert d'une couche conséquente de poussière et de sable.
Comme par enchantement, Kao Cacik avait soudainement retrouvé toute sa vitalité et il dévala les marches jusqu’à l'autel, comme un jeune homme. L'illusion donne des ailes. Et Kao Cacik avait la foi.
La Fontaine allait bientôt couler à nouveau et nourrir sa planète et son peuple de ses bienfaits. Et si c'était lui qui rapportait la Fontaine, alors son avenir était tout tracé. Il serait Grand Consul. L'opportunité d'un tel destin ne se présente pas tous les jours et il savait que cette chance ne se représenterait jamais. Il était donc bien décidé et tapa de la paume plusieurs fois sur l'autel au cas où personne n'aurait compris que c'était bel et bien là qu'il fallait poser la lanterne. En vérité, il exultait et il était bien décidé à saisir sa chance.
Shauska posa la lanterne sur l'autel et s’apprêtait à retirer le tissu lorsque Kao posa sa main sur la sienne. Shauska sursauta et le retira aussitôt. Elle détesta le contact violent de la peau du vieux Poussière sur la sienne. Un frisson d'horreur et de dégoût lui sillonna la colonne vertébrale.
— Attendez. Ordonna Kao Cacik. L'attrapeur et le libérateur ne sont pas encore prêts. L'attrapeur doit unir les deux étoiles et c'est au libérateur de déposer la lanterne sur l'autel. Mais chaque chose en son temps. Jeune enfant ? Es-tu prêt ?
— Que dois-je faire ? Demanda Anakin.
— Tu dois être très attentif mon petit. Shauska va ouvrir la porte de la lanterne et à toi de lui proposer de s'unir avec le noyau. Tu dois forcer cette union petit !
— Forcer ? Mais comment ?
— Tu dois la convaincre de s'accoupler.
Et Anakin d'afficher une mine pour le moins circonspecte.
— La convaincre… je ne vois pas comment ?
— Tu dois lui parler… être doux avec elle. Tu le sais, elle ressent les choses, elle est consciente, elle pense, elle s'exprime, tu le sais, c'est toi qui l'a attrapée.
Pour une fois, Anakin se dit qu'après tout, ce Consul devait savoir de quoi il parlait. Effectivement, Anakin avait ressenti une sensation bizarre quand il avait attrapé l'étoile jaune. Elle s'était donnée à lui. Elle avait accepté de se laisser prendre. Et Anakin avait cru un moment qu'elle lui parlait. Elle lui avait susurré quelque chose mais sans en comprendre la langue. Maintenant, il fallait la convaincre de s'unir avec son opposé.
— Shauska. Auriez-vous l'amabilité de bien vouloir me donner le noyau ? Demanda Kao Cacik.
Shauska hésita. Jusqu’à présent elle avait toujours suivit son instinct. Et son instinct ne lui avait jamais fait défaut. Du moins jusqu’à aujourd’hui. Elle voulait, plus que tout, que la Fontaine coule à nouveau, mais cet énergumène, ce soi-disant Consul ne lui inspirait pas confiance. Il y avait quelque chose chez lui, dans son attitude, qui ne rassurait pas Shauska. Runh s'approcha alors de la jeune Poussière et lui glissa à l'oreille :
— Shauska. Si vous voulez je m'en occupe. S'il fait le moindre geste suspect, je l’aplatis.
Et c'est ce que Shauska voulait entendre. Elle glissa la main dans la poche de son pantalon et en sortit la boule noire. Elle regarda pendant quelques secondes les éclairs blancs qui balayaient sa surface. Elle était fascinée par cette petite boule noire ; l'antithèse parfaite de l'étoile jaune. Tout compte fait, elle déposa la boule noire dans l'énorme paume de Runh.
— Faites attention Runh. Vous tenez entre vos mains tout l'avenir d'un peuple et d'une planète toute entière. S'alarma Shauska.
Kao Cacik s'approcha et alors qu'il allait saisir la boule noire des mains de Runh, celui-ci, le repoussa gentiment mais fermement.
— Je m'en occupe. Lui dit-il avec autorité.
— C'est au Grand Consul qu’incombe l'honneur de donner le noyau à l'attrapeur. C'est la tradition. Il faut respecter le protocole. S'agaça Kao.
— Un protocole ? Demanda Runh. Quel protocole ?
— Heu… c'est a dire que… je dois réciter une incantation. Je dois invoquer l'esprit de la Fontaine.
— Vous êtes un prêtre n'est-ce pas ? Vous êtes un homme de foi et de religion ?
— Oui tout à fait. Je suis Consul de Cachi-Mee. J'ai toutes les compétences pour procéder à la cérémonie du Tison.
— Religion, politique… c'est la même chose. Je n'ai aucune confiance en vous cher prêtre.
— Mais enfin… S'offusqua Kao Cacik. Vous ne pouvez pas aller à l'encontre de la tradition séculaire qui régit nos vies depuis la nuit des temps.
— Hé bien si voyez-vous. Otez-vous de mon chemin, prêtre !
Runh allait rejoindre Anakin qui se tenait devant l'autel, quand Kao Cacik se mit à crier.
— Attention ! Les droïdes de la sorcière nous attaquent !
Tout le monde se retourna en direction du hall d'entrée de l'arène.
Personne.
Kao profita de la seconde de confusion et déroba la boule noire des mains de Runh sans qu'il ait eu le temps de s'en apercevoir. Une fois la boule dans la main, le prêcheur se mit à courir à toutes jambes en direction de la sortie.
— Jiin ! Cria Runh.
Jiin regarda Runh. Il regarda ensuite le prêcheur qui fuyait à toute allure.
— Jiin ! Répéta Runh.
Et Jiin comprit enfin ce qu'il devait faire. Il brandit son blaster et tira en plein dans le dos du prêcheur. Celui-ci tomba sur le coup en laissant s'échapper la boule noire.
Shauska poussa un cri strident tout prêt de Jiin qui sursauta. Elle se rua en direction de Kao et saisit la boule noire qui étincelait d'éclair. Elle secoua le prêcheur et se retourna en direction de Jiin qui se curait l'oreille avec son petit doigt.
— Il est mort. Dit-elle. Jiin qu'as-tu fait ?
— Bin quoi ? Répondit Jiin.
— Tu l'a tué. Jiin tu as tué le prêcheur. Répéta-t-elle.
— Mais il essayait de s'échapper ! Argumenta-t-il. C'est Runh… c'est lui qui m'a dit de… Enfin quoi ?
— Bon sang Jiin. On ne tue pas comme ça…
— Comment ça, comme ça ? Il a volé la boule noire, Runh m'a dit ; Jiin ! Jiin; deux fois. Il fallait bien faire quelque chose non ?
— Oui mais pas le tuer. On ne tue pas les gens comme ça. Ce n'est pas possible Jiin. Mais qu'est-ce qui t'a prit ? Cria Shauska.
— On me dit Jiin ! Jiin, deux fois. Moi je tire.
— Tu aurais pu viser la jambe. Ajouta Runh.
— La jambe, la tête, le dos… peu importe. Moi on me dit ; Jiin… A Jiin, je tire. Je suis un Saboteur pas un enfant de cœur.
Shauska était choquée. Et Anakin, qui avait développé une certaine affection pour le Saboteur, ne savait plus trop quoi penser à présent de lui. Il ne pouvait que condamner son acte abject mais en même temps… Jiin n'était qu'un Saboteur qui n'avait aucun sens de la mesure. Sa véritable nature, sans empathie aucune, ne pouvait pas comprendre qu'on ne tue pas les gens comme ça sans raison. Cela n'excusait pas son geste certes, mais il n'arrivait pas à lui en vouloir véritablement. Non.
En fait Anakin se rendit compte qu'il n'avait pas agi. Il aurait pu projeter par la Force le vieux Poussière et le jeter à terre avant que Jiin ne tire. Mais non. Il n'avait rien fait. Un chevalier Jedi n'aurait jamais permis qu'une telle chose se produise. Et tout à coup, le doute venait d'éclore dans son esprit. Et le doute est un mal puissant. Il pond ses œufs dans votre âme et si on ne prend pas garde alors il se répand en métastases dans la conscience. Anakin n'avait rien fait. Il était resté pantois, sans réaction et cela avait provoqué la mort. Non, il n'en voulait pas à Jiin. Il s'en voulait à lui. Aucun Jedi n'aurait permis un tel désastre. Il le savait. Il avait failli… encore une fois.
Anakin sauta de la scène où se trouvait l'autel et la lanterne et s'approcha de Shauska qui essayait de trouver le pouls de Kao. Anakin palpa le dos du prêcheur à la recherche de la blessure mortelle. Il souleva un bout tissu afin d'en avoir le cœur net et le rabaissa immédiatement. Il invita ensuite Shauska à l'aider pour retourner le corps et posa la paume de sa main sur le front de Kao.
Il se concentra, inspira profondément et usa de la Force pour redonner vie au vieux Poussière. Quelques secondes plus tard, Kao Cacik ouvrait les yeux.
— Ce n'est qu'une blessure superficielle. Déclara Anakin. Heureusement le tir de Jiin n'a touché aucun point vital.
Shauska poussa un soupir de soulagement.
— Et en plus tu vises mal ! Dit Runh.
— C'était totalement intentionnel ! Grogna Jiin. Vous croyez quoi ? Vous pensez que parce que je suis un Saboteur, un Seigneur de guerre impitoyable, je tue comme ça, n'importe qui ? Sans raison ? Tu me déçois Runh… comme d'habitude. Mais si vous voulez je l'achève !
Jiin pointa son blaster en direction de Kao, Anakin et Shauska.
— Poussez-vous de là, je dois abréger ses souffrances, un tir en pleine tête et il rejoindra le paradis des Poussières.
— Arrête ça tout de suite ! Cria Shauska. Jiin, tu ne fais plus un geste et tu te tiens tranquille sinon tu auras à faire à moi, je te préviens.
— Il faudrait savoir ce que vous voulez ! C'est un monde ça. Et je n'ai d'ordre à recevoir de personne. Vous m'entendez ? Personne ! Encore moins d'une misérable Poussière…
Jiin n'eut pas le temps de finir sa phrase. Runh lui colla une baffe assez forte pour le projeter à plusieurs mètres. Shauska qui soutenait la tête de Kao, le lâcha, et la tête de celui-ci cogna contre le sol.
— Ce n'est pas possible. S'énerva Shauska. Vous n'êtes qu'une bande de barbares.
Après s'être ruée vers le prêcheur, la voilà, maintenant qui se ruait sur Jiin évanoui. Elle prit le petit Saboteur dans ses bras et l'aida à s’asseoir tout en lui donnant de petites claques sur le visage pour qu'il reprenne conscience. Jiin se réveilla en sursaut comme s'il sortait d'un cauchemar. Il agita les bras, les yeux écarquillés, en pleine panique.
— Oh là, Doucement petit Jiin. Tout va bien. Tu n'as tué personne et tu es toujours en vie. Lui dit Shauska.
— Je n'ai tué personne ? Demanda Jiin. Vous en êtes certaine ?
— Oui regarde. Tout le monde va bien… ou presque.
Shauska pointa du doigt Anakin qui aidait le prêcheur à se relever. Kao se frottait le crâne.
— Je suis désolé. Déplora Jiin. Je ne suis qu'un incapable. Attendez…
Jiin réussit à se relever mais il fût prit de vertige et chancela. Il saisit tout de même son blaster et le pointa en direction d'Anakin en tremblant. Shauska lui arracha le blaster des mains.
— Plus un mot et plus un geste ! Tu me fatigues Jiin. Tu es une créature… éreintante. Alors maintenant, tu te tais et tu deviens invisible.
Shauska garda en joue le Saboteur, visiblement excédée.
— Kao Cacik ! Je ne sais pas qui vous prétendez être et je m'en fiche. Cria Shauska. Vous avez droit à une deuxième chance, il n'y en aura pas une de plus. Alors pressez-vous et lancez la cérémonie du Tison. Anakin, vient ici!
Anakin s'approcha de Shauska pas vraiment rassuré. Quand il fut assez près, elle lui donna la boule noire.
— Anakin, nous avons perdu assez de temps. Tu dois unir les deux étoiles maintenant.
Kao Cacik avait du mal à garder son équilibre. Bien que la blessure de Jiin fut superficielle, elle était très douloureuse. Le tir de Jiin l'avait transpercé au niveau du flanc. Il devait avoir une côte ou deux de cassées et éprouvait une grande lassitude. Il demanda à Anakin de retirer le tissu de la lanterne et aussitôt l'étoile jaune se mit à briller d'une lumière éclatante et éclaira l'ensemble de l'arène. Au même moment, Anakin senti la boule noire vibrer dans sa main. Les éclairs qui balayaient sa surface s'étaient multipliés.
Kao Cacik se mit à déblatérer un cantique incompréhensible. Il marmonnait et ensuite se mettait à crier pour enfin se mettre à chanter. Même Shauska et Toph trouvaient cela au moins surprenant et plutôt suspect.
— C'est quoi ce charabia ? Demanda Toph à Shauska.
Il n'eut qu'un haussement d'épaule en guise de réponse.
— Jeune enfant. Approchez-vous. Il est temps. Ordonna Kao. Il s'adressa ensuite à Runh : Créature orange, Libérateur, veuillez positionner la lanterne au centre de l'autel et ouvrir la porte. Attendez ! Nous devons faire cela en harmonie… Êtes-vous harmonisés ? Ne me dites pas que vous ne l'êtes pas ?!
Anakin et Runh se regardèrent, perplexes. Ils n'avaient aucune idée de ce que pouvait bien raconter le vieux croulant qui se prétendait Consul.
— Sacrebleu ! S'exclama Kao. Venez ici tous les deux, allez approchez-vous, je vais vous harmoniser.
Anakin et Runh s'avancèrent vers le futur Consul Suprême de Cachin, et celui-ci s'appliqua à toucher du bout du doigt le sommet du crâne d'Anakin, ensuite ses épaules, son torse, et enfin entre ses jambes, ce qui fit sursauter le Padawan. Il déclama ensuite une phrase incompréhensible dans une langue inconnue même par Shauska et Toph. Après il se consacra à Runh mais là, Kao Cacik dut écourter la cérémonie d'harmonisation. Il ne voulait pas descendre plus bas que le torse de Runh.
— Voilà ! S'exclama Kao. Vous êtes harmonisés. Vous pouvez commencer la procédure. Créature Orange, Libérateur, veuillez ouvrir la porte de la lanterne.
Runh s'exécuta, pas franchement rassuré.
A l'ouverture de la porte, l'étoile jaune se mit à siffler. Elle tournait sur elle-même à très grande vitesse, projetant des rayons de lumière jaune d'une très haute intensité.
— Attrapeur ! Unissez les deux étoiles et donnez vie à la Fontaine !
Anakin s'approcha de la lanterne en présentant la boule noire. Il n'avait vraiment aucune idée sur la manière de procéder. Il allait devoir agir d'instinct, ce qui après tout, était une chose devenue habituelle chez lui. Quand il plaça sa main contenant la boule noire à l’intérieur de la lanterne, celle-ci se mit à tressauter. Runh Rapuhn dut user de toute sa force pour maintenir la lanterne sur l'autel. L'étoile jaune ne plaisantait pas. Elle se cala dans un coin supérieur de la lanterne, le plus loin possible de la boule noire. Elle tournait sur elle-même et envoyait des rayons de plus en plus puissants. Anakin ne savait quoi faire. Il ouvrit complètement sa main et la boule noire se mit à léviter et à tourner sur elle-même, elle aussi. Les éclairs qui balayaient sa surface n'étaient plus blancs mais prenaient une couleur violacée. Les éclairs commençaient à provoquer des arcs électriques à l'intérieur de la lanterne.
— Attrapeur ! Qu'attendez-vous ? Unissez les deux étoiles ! Cria Kao Cacik.
Les deux étoiles lévitaient à la même hauteur dans la lanterne. Les arcs électriques étaient de plus en plus nombreux transformant la lanterne en cage de faraday. Et Runh peinait véritablement à la maintenir en place. Anakin devait agir, Runh ne tiendrait pas longtemps comme cela. Anakin se concentra au maximum et s'adressa en pensée à l'étoile jaune :
— Étoile jaune. Pensa Anakin. Nous avons besoin de toi.
Et contre toute attente, l'étoile lui répondit :
— Qui es-tu ? Et que veux-tu ?
Anakin ne pouvait croire ce qu'il venait d'entendre. Il se tourna vers l'assistance et comprit que personne, à part lui, n'avait entendu les propos de l'étoile jaune. Il dût se résoudre à lui répondre par la pensée.
— Mon nom est Anakin Skywalker, je suis un Padawan, et je voudrais que tu acceptes l'union avec ton compagnon. Le peuple de Cachin a besoin de ton énergie pour survivre.
Anakin n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il dialoguait par la pensée avec une nano-étoile. Il trouvait la situation pour le moins ridicule et insensée.
— Fais-vite Anakin. Le pria Runh. Je ne vais pas tenir longtemps.
Runh Rapunh peinait vraiment. La lanterne vibrait tellement fort que le corps entier de Runh était secoué.
— Je t'en prie Étoile jaune. Sans toi nous ne sommes plus rien. Éclaire-nous.
— Qui es-tu ? Et que veux-tu ?
— Je suis Anakin Skywalker et je veux ta lumière !
Sur ces mots, l'étoile jaune se jeta sur la boule noire et l'engloutit d'un seul coup. Et puis plus rien. La lanterne venait de s'éteindre. Runh vérifia qu'elle était posée au bon endroit sur l'autel et recula. Anakin fit de même.
— Hé bien ! Cria Kao. Qu'avez-vous fait ? Que se passe-t-il ? Pourquoi la lanterne s'est-elle éteinte ? Anakin ! Qu'as-tu dis à l'étoile ?
— Elle a demandé mon nom et je lui ai donné. Ensuite elle a demandé ce que je voulais. Je lui ai répondu que je voulais sa lumière, elle a absorbé le noyau et voilà.
— L'union a eu lieu. Reculez-vous tous. Conseilla Kao. Créature Orange, reculez-vous je vous en prie.
Runh s'exécuta. Anakin aussi. Ils descendirent tous deux de la scène et rejoignirent le groupe dans la fosse. La lanterne ne bougeait plus. Il ne se passait rien. Et puis soudain, Anakin senti le choc. Un grand boum et le sol qui se met à trembler. La lanterne brillait faiblement d'une lumière violette. Une grosse boule d'énergie prenait forme à l'intérieur. Et puis un flash de lumière intense embrassa l'arène. Et tout le monde dû se protéger les yeux. Anakin senti quelque chose. Quelque chose d'extraordinaire. Quelque chose de si puissant, de si intense que pendant un instant, il lui sembla que toute la Force de l'univers venait de se concentrer en un seul point. Et soudain la Fontaine de l'étoile se réveilla et tout changea.
Les câbles reliés à la lanterne sur l'autel furent animés de soubresauts. Ils grésillaient.
— Ça y est ! Cria Kao Cacik. C'est un miracle. La Fontaine coule à nouveau !
— Et ça change quoi ? Demanda Jiin.
— Ça va tout changer petit nain. Répondit Kao. Laisse le temps à la Fontaine de couler… Regarde ! Regarde le bâton de Toph !
Effectivement, le bout métallique de la lance de Toph était strié d'éclairs blanc et de petites décharges électrique en émanait. Toph était subjugué. Toute sa vie il avait traîné sa lance, son bâton et jamais il n'avait vu une chose pareille. Le Cinium prenait vie.
— Consul ! Que se passe-t-il ? Demanda un Toph effrayé.
— La Fontaine coule jeune Poussière et plus rien ne sera jamais pareil. Cachin renaît de ses cendres. Le temps de la révolte est arrivé.
Anakin eu le regard attiré par le plafond de l'arène. Les fenêtres de verre semblaient bouger. Anakin eu le sentiment de se trouver dans le cœur physique de Cachin. Et c'était le cas. Ils étaient tous dans le cœur de la planète. L'arène et la lanterne était le cœur de la Fontaine de l'étoile. Anakin comprit alors le rôle de la Fontaine. Elle donnait vie au Cinium. Darth Myseris avait, elle aussi, comprit la véritable nature de la Fontaine. Celui qui maîtrisait la Fontaine possédait quelque chose qui dépassait l'entendement.
— Venez ! Cria Kao. Venez voir le miracle de la Fontaine. Sortons d'ici ! Il s'adressa à Runh : Créature orange, voulez-vous bien m'aider ? Je me sens un peu faible, voyez-vous…
Runh aida Kao à marcher en le soutenant par le bras. Mais celui-ci avait vraiment beaucoup de difficulté à marcher.
— Auriez-vous l'amabilité, l’extrême gentillesse de bien vouloir me porter je vous prie. Je me sens vraiment trop faible.
Runh grogna.
— Bon, bon très bien. Je me débrouillerai tout seul… j'ai l'habitude.
Et voilà un Kao qui retrouve tout de suite un peu d'entrain.
Ils sortirent tous de l'arène et le spectacle qui s'offrait à eux était à peine croyable. Tout le Cinium extrait de la planète prenait vie. Et comme tout ou presque, tout ce qui avait été batit, érigé, fondé et construit sur la planète était fait de Cinium, alors tout prenait vie.
Du banc sur le trottoir en passant par les véhicules détruits, aussi bien que les tours d'immeuble, tout, absolument tout était en vie et s'animait. Si bien que les véhicules se mettaient à fonctionner et à avancer n'importe comment. Les arbres lampadaires s'allumaient. Les immenses kiosques en forme de fleur frétillaient. Même le tram de Cachi-Mee se mit en marche et commença à avancer vers on ne sait où. La capitale n'était plus un cimetière qui tombait en ruine mais redevenait une ville avec ses lumières et ses sons si particuliers. C'est alors que les Fontaines disséminées dans toute la ville commencèrent à cracher de l'eau. Une eau saumâtre et boueuse au début mais clair et limpide ensuite. Certains Poussières sortaient de leur cachette, essayant de comprendre ce qu'il se passait, et tous étaient subjugués par le réveil de Cachi-Mee. Les turbines dans les centrales recommençaient à tourner. Les robots domestiques, oubliés depuis des décennies, reprenaient leur travail là où ils l'avaient laissé et notamment les droïdes nettoyeurs, qui recommençaient à balayer les rues. En quelques minutes certains immeubles se redressèrent complètement.
Toph s'amusait avec sa lance. A chaque fois qu'il la dressait vers le ciel, le bout métallique s'illuminait et étincelait en projetant des décharges d’électricité dans l'air. Shauska avait les larmes aux yeux. Elle n'avait jamais connu une telle émotion. Elle saisit le bras d'Anakin et le serra contre elle. Cet enfant venait de réveiller Cachin. Anakin était un peu gêné mais Shauska s'en fichait éperdument. Et alors qu'elle le serrait fort dans ses bras, Shauska comprit enfin la raison de l'existence de ce garçon. Runh avait vu juste, cela ne faisait aucun doute. Si il devait avoir un élu, alors, elle n'en doutait plus, c'était bien lui.
— Te rends-tu compte Anakin ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fais ? Sanglotait Shauska.
A ce moment-là, Toph, Runh et Jiin qui contemplaient les rues de la ville, se tournèrent tous vers Shauska et Anakin. Seul Kao continuait à s'extasier devant la renaissance de sa ville.
— Est-ce que tu te rends compte Anni ?
— Personne ne m'appelle comme cela…
— Anakin. Tu es le plus grand et le plus valeureux des Jedis. Tu le sais j'espère ?
— Je ne suis pas encore un Jedi, Shauska. Mais bientôt, je l'espère oui.
— Je dirai à Obi-Wan tout ce que tu as fait pour nous. Je suis certaine que tu seras récompensé. Et sache que Cachin te sera pour l'éternité redevable. Ton nom sera gravé dans les fondations de la nouvelle Cachi-Mee, j'en fais le serment, et ta gloire sera contée pendant des siècles.
— Oh. non. Non, non. Les Jedis ne cherchent pas la gloire ni les récompenses. Et puis je n'ai rien fait d’exceptionnel.
— Non mais regardez-le, plastronnant sa fausse modestie ! Beugla Jiin. Petit, tu es un bon petit gars, mais ne t’enflamme pas trop.
— J'ai toujours cru en toi Anakin. Continua Runh. Tu seras le plus grand et le plus puissant Jedi de toute la galaxie.
— Non. Obi-Wan est bien plus fort que moi. Et personne n'arrive à la cheville de Maître Yoda. Coupa Anakin.
— Pour l'instant peut-être, mais un jour, tu le surpasseras et de loin. Rétorqua Runh.
— Dès que nous aurons chassé la sorcière, je militerai pour que tu sois notre représentant légal au Sénat. Reprit Shauska. C'est un homme comme toi qui dois présider la destinée de la galaxie. Et tu pourrais très bien devenir Chancelier.
— Quoi ? Interrompu Kao Cacik. Nous mais vous plaisantez là ? Seul un Consul Poussière, moi par exemple, peut prétendre être le représentant de Cachin. Et vous voulez qu'un morveux à peine prépubère, sorti de nulle part, soit notre sénateur ? Non ! Je m'y opposerais jusqu’à mon dernier souffle et…
— Runh ? Lança Shauska à l'attention du géant orange. Baffe !
Et Runh de suivre l'ordre à la lettre. Il colla une baffe si forte que Kao Cacik traversa la rue d'un bout à l'autre.
— Runh… s'alarma Shauska. Je t'en prie, la prochaine fois, moins fort la baffe. J'espère que tu ne l'as pas tué.
— Bah de toute façon, il ne sert à rien. Objecta Jiin.
— Ce n'est pas une raison. Je regrette. Je me suis emportée. Venez. Je suis sur que ce faux prêcheur peut nous être utile.
Shauska et Toph relevèrent Kao sonné. Il n'avait pas perdu connaissance mais semblait complètement désorienté. Il essayait de parler mais sa voix n'était qu'un flot de borborygmes incompréhensible. En d'autres termes, il était tout simplement devenu débile ou sénile ou les deux. Quand il fut enfin debout, aucun moyen de le faire avancer. Runh le prit alors dans ses bras et Jiin ricanait.
— Bon. Fit Shauska. Si nous voulons mettre un terme au régime de terreur de la sorcière, il nous faut des armes.
— Ce n'est pas une sorcière. Rétorqua Anakin. C'est une guerrière Sith et son nom est Darth Myseris.
— Peu importe. Kao ! Kao ? Sais-tu où est l'armurerie centrale ? Demanda Shauska en haussant un peu la voix.
— Bheubleubleu….
— On ne peut pas le laisser comme ça. Se lamenta Jiin. Laissez-moi le finir… s'il vous plaît.
Le tram de Cachi-Mee passa devant eux et pris la direction du Dôme. Et soudain Shauska eu une idée.
— Tais-toi Jiin. Écoute-moi. Je viens d'avoir une idée.
Elle saisit le petit Saboteur par les épaules, s'agenouilla pour être à sa hauteur et ajouta :
— Jiin. Tu vas nous fabriquer la plus grande, la plus grosse et la plus puissante des bombes que tu n'aies jamais faite !
Et c'est un million d'étoiles qui brillaient dans les yeux de Jiin.
Elle sentit quelque chose bouger. Ce n'était pas normal ; quand on est mort, plus rien ne bouge. Et pourtant, une seconde fois, elle sentit que son corps remuait. Elle ne reprit pas pleinement conscience mais elle ouvrit les yeux. Et elle eut un choc : Face à elle, se tenait le Capitaine Darko, toujours coincé à l'intérieur de sa capsule. Il lévitait, toujours branché par les câbles qui le reliait à la synchronisation du colosse. Il pencha sa tête casquée sur le côté.
Darth Myseris s'éveillait de sa mort programmée et elle avait du mal à reprendre ses esprits. Décidément la mort ne voulait pas d'elle. Mais au lieu d'y voir une malédiction, elle y vit, tout de suite, un signe. Une preuve : la consécration à ses yeux du pouvoir omniscient du côté obscur. C'était maintenant une évidence qui martelait l'intérieur de son crâne et à laquelle elle voulait plus que tout se résoudre : elle était immortelle. Que faisait-elle là, face à Darko dans le laboratoire déchiqueté ? Elle n'était plus dans le dôme.
Quand elle avait fermé les yeux, c'était par désespoir. L'expérience de Cachin était un échec et elle avait sombré dans les ténèbres.
Alors que faisait-elle là ? À léviter devant la capsule de son « petit soldat » ? Avait-elle complètement perdu la tête ? Et si finalement elle était bel et bien morte. Et si finalement elle découvrait à présent le secret de la mort. Était-ce donc ceci ? la mort ? Être condamné à revivre pour l'éternité le même cauchemar ? Elle s'aida de son bras droit pour se redresser. Et quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'elle était dans la main de son colosse. Il avait repris forme humaine. Il était en vie. Ou plutôt, il avait ressuscité. Le colosse se tenait debout dans le dôme, la main ouverte dans le laboratoire, offrant à sa mère une nouvelle chance. Tout était cassé et brisé dans le laboratoire, sauf la capsule du Capitaine et une ou deux machines qui bipaient de façon monotone.
Darth Myseris caressa le métal de son colosse. Il avait changé d'aspect. Il était toujours sombre et noir de gris, mais était strié d'éclairs blanc et de petits arcs électrique violet se formaient et éclataient sur la surface de sa peau métallique. Et puis, elle se mit à regarder le visage de son enfant. A la place d'une gueule de bête féroce, elle vit se dessiner un visage à l'aspect humain. Il ressemblait étrangement au visage du Capitaine Darko dont il reprenait les principaux traits. Darth Myseris avait du mal à comprendre la réalité du moment, alors elle s'allongea dans la main du colosse et ne le quitta pas du regard. Le colosse sortit sa main du laboratoire et la rapprocha au niveau de sa bouche qui se dessinait au fur et mesure. Alors qu'elle était tout proche de l'immense visage affable du colosse, dans un geste maternel, Darth Myseris caressa de sa main valide les lèvres du Colosse. Elle était dans un rêve. Elle rêvait. Et dans son rêve, le colosse était en vie et prenait soin d'elle. Il la protégeait et il ne laisserait personne faire du mal à sa mère. Non personne. Alors Darth Myseris se mit à lui parler :
— Mon petit. Lui murmura-t-elle. Tu es si gentil. Tu es si sage. Aucune mère dans l'univers n'est plus fière que moi.
Le colosse la regardait avec admiration. Sa bouche s'ouvrait et se refermait. Il aurait bien voulu lui parler et lui dire combien il l'aimait.
— Chut. Lui dit-elle. Tu es encore trop petit pour parler. Mais quand tu seras assez grand, quand tu auras bien grandi, alors tu pourras me parler. Et nous parlerons de tout. Je t'apprendrai plein de choses. Et des secrets… Tu verras.
Avec son autre main, le colosse, pointa du doigt l'épaule déchirée et le bras manquant de sa mère.
— Ho ! Tu vois ! Je suis infirme. Un méchant homme… non un petit bâtard de moutard m'a coupée en deux. Mais tu vois, je suis toujours en vie avec toi. Et regarde ! Même mon pied à été coupé. Et ces crétins de droïdes m'ont collé un pied de robot. A moi ! Te rends-tu comptes ? Un pied de robot ! Des incapables !
Darth Myseris souleva un peu son pantalon pour bien montrer à sa progéniture ce qu'avait fait les droïdes.
— Mais ce n'est pas grave. Reprit-elle. J'ai mal au pied que je n'ai plus et j'ai mal à mon bras qui a disparu. Mais nous sommes ensemble pour l'éternité. Et mon visage, tu as vu ce qu'ils ont fait à mon visage ?
Darth Myseris haussa le menton et afficha la partie de sa joue écorchée.
Le colosse sembla contrarié par la souffrance de sa mère. Il bascula un peu la tête en arrière et soudain une nuée d'insectes de Cinium se détacha de son cou. Darth Myseris regarda la nuée se former et s'élever dans les airs en tourbillonnant. Il n'y pas si longtemps de ça, c'est elle qui maîtrisait les nuées de Cinium. C'est elle qui les commandait et les envoyait parcourir la planète pour traquer les Poussières qui se cachaient. Elle avait envoyé ses nuées dans le désert et jusque dans la jungle. Elle avait adoré débusquer ces pleutres sous-humain. C'était si facile. Mais soudain, la nuée fondit sur elle. Les insectes de Cinium s'aggloméraient les uns contre les autres et reconstruisaient sa joue manquante. Une fois cela fait, la nuée prit la direction de son épaule. Petit à petit, son épaule et son bras n’étaient plus invisibles. Ils étaient là. Pour de vrai. Darth Myseris était fascinée par le nouveau miracle qui se produisait. En quelques minutes elle se retrouva avec un bras en Cinium. Et le bras se mit à bouger. Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle pouvait ouvrir et refermer sa main. Elle regarda son fils, les larmes ruisselants sur son visage décharné. Son bras était lui aussi strié d'éclairs blanc. Elle ferma le poing et une petite décharge d'électricité explosa à quelques centimètres devant elle.
Et là. À ce moment-là, Darth Myseris se réveilla.
Ce qu'elle prenait pour un rêve était la réalité. Elle était en vie et son fils aussi. Tout n'était pas perdu. Au contraire même. Ce n'était que le début. Le vent violent de la vengeance venait de fracasser la porte de son cerveau.
Soudain elle se leva et parcourut du regard l’intérieur du dôme à moitié effondré. Elle se tenait debout dans la main du colosse.
— Darko ! Cria-t-elle. Petit soldat ! M'entends-tu ?
La voix criarde et hurlante de Darth Myseris résonnait dans le dôme.
Dans sa capsule, le Capitaine hocha la tête et le colosse aussi.
Non ce n'était pas un miracle. Non, c'était simplement sa destinée. Et rien ne peut empêcher le destin de s’accomplir. Darth Myseris avait foi en elle et la Force qui coulait dans ses veines était le fruit du côté obscur. L'expérience de Cachin pouvait reprendre là ou elle l'avait laissée. Et elle serait sans pitié.
— Prends-moi avec toi, mon fils. Emmène-moi avec toi. Je veux te voir déchaîner la terreur. Nous allons faire un massacre. Je veux que tu les tues tous, tu m'entends ? Tue-les tous ! Je veux les voir crier et hurler d'effroi, je veux les voir pleurer pour ce qu'ils m'ont fait. Sois sans pitié mon fils ! Brise-tout, détruit tout !
Le colosse déposa délicatement sa mère dans le creux de son épaule. Ensuite il changea de forme. Il reprit celle de la bête sanguinaire qui avait détruit le dôme et s'engagea dans la ville en défonçant le mur face à lui. Le colosse était immense. Des dizaines de mètres de haut. Et de là où elle se tenait, Darth Myseris avait une vue imprenable sur la ville qu'elle allait définitivement et pour de bon réduire en poussières.
Aross Talphar n'était pas mécontent. D'une certaine manière il avait réussi à déjouer le sort. Il était sûr de regagner la confiance de Tev Vanth II, il en était certain. A l'intérieur de la Corvette Corélienne C90, impatient, il alluma l'holocom. Et quand le visage du Commandant de la Cantine Solitaire apparut, il déclara :
— Mon Commandant. J'ai de bonnes nouvelles. Nous avons retrouvé la navette des Saboteurs, ainsi que l'un d'entre-eux. Il est à présent notre prisonnier. Nous avons capturé le Jedi qui l'accompagnait et un autochtone qui pourra enrichir notre armée dès qu'il aura finit notre programme de ré-éducation.
— Ha. Enfin une bonne nouvelle. Avez-vous coupé le signal de détresse ?
— Bien sur. Évidemment mon Commandant, c'est la première chose que j'ai faite. Après vérification, il s'avère que le signal n'a émis que pendant quelques heures. Je doute que quiconque ait pu l'intercepter. Mentit Aross.
— Très bien ! Parfait ! Lieutenant Talphar, vous avez fait du bon travail.
— Que devons-nous faire du Saboteur et du Jedi ? Devons-nous les tuer ?
— Non. Attendez que je sois là. Je veux voir ça de mes propres yeux.
— … vous voulez dire que vous venez ici ?
— Oui je suis presque en route Lieutenant. Ma flottille de chasseurs et de bombardiers devrait arriver dans quelques heures tout en plus. Maintenez-les en vie pendant ce temps. Nous exécuterons le Jedi et nous livrerons le Saboteur aux gens de la Cantine. Le moteur à hyperpropulsion de la navette m'a été volé. Je viens reprendre mon dû. Bientôt quand mon navire pourra naviguer dans l'hyperespace, il sera un des destroyers le plus puissant de la galaxie. Et vous verrez Lieutenant ! Vous verrez des empires entiers se prosterner devant notre puissance de frappe. Alors la République sera dans l'obligation de négocier avec moi. Je ne veux rater ce moment sous aucun prétexte.
— A vos ordres mon Commandant.
Aross coupa l'holocom et une vague d’appréhension lui tortilla les intestins. Le Commandant ne quittait jamais la Cantine, sauf exception. Et Aross n'aimait pas les exceptions. Et puis il venait de mentir à son Commandant. Aross savait très bien que le signal avait eu largement le temps de se faire intercepter. Son écho avait voyagé plus vite que la lumière pendant des jours. Il était évident qu'il ne resterait pas sans réponse. Mais il avait voulu tempérer les ardeurs guerrières de son Commandant et il voulait surtout remonter dans son estime. Tev Vanth II était un tyran en proie à des accès de colère qui lui faisait perdre tout sens de la mesure. Si Tev Vanth II était en colère, c'était dangereux pour tout le monde. Malheureusement Aross avait mal calculé son coup. Jamais, il n'aurait pu imaginer que son Commandant quitterait la Cantine. Il ne quittait à aucun prix ses quartiers, trop angoissé qu'une mutinerie éclate et qu'il soit chassé de son fauteuil d'amiral gouvernant d'une main de fer sur ses sujets. La Cantine n'était qu'un prétexte pour assouvir ses pulsions sécessionnistes et son égo grandiloquent. La Cantine ne recueillait les damnés de l'univers que pour mieux les asservir.
Il quitta la Corvette pour rejoindre ses troupes qui maintenait en joue Obi-Wan, Haïn et Ish Atam.
— Jedi ! Vous avez commis une erreur monumentale.
— Je ne crois pas non. Répondit Obi-Wan. Un contingent de Jedi est en route pour Cachin afin de mettre un terme aux exactions commises ici depuis trop longtemps. Vos droïdes mécaniciens ont fait un travail remarquable… après reprogrammation.
Aross Talphar fut glacé par ce qu'il venait d'apprendre. Les Jedis étaient en route pour Cachin. Se retrouver sur leur chemin n'était pas la meilleure des nouvelles. Il fallait qu'il réfléchisse. Dans quelques heures la surface de Cachin serait prise entre deux feux. Les Jedis d'un côté et la flotte de Tev Vanth II de l'autre. Aross devait prendre une décision ; il devait choisir son camp. Et s'il avait appris quelque chose d'important depuis qu'il était en service en tant que le lieutenant au sein de la Cantine Solitaire, c'était que les Jedis, au final, ne perdaient jamais une bataille. Il lui vint alors une idée dangereuse. Une idée qui quand elle survint, devint vite obsessionnelle et élimine toutes les autres solutions. Elle devient alors inévitable. Dans un certain sens, la cruauté et la tyrannie de Tev Vanth II était sa faiblesse. Aross savait que si les choses tournaient mal sur Cachin, il devrait en porter l'entière responsabilité. Et Tev Vanth II serait sans pitié. Aross n'avait aucune envie de finir sa vie dans une cellule humide en fond de cale, oublié et perdu. Il devait choisir son sort. Et il devait choisir sur le champ. Il n'avait pas de temps à perdre. Il s'approcha alors d'Obi-Wan.
— Jedi ! Le Commandant de la Cantine Solitaire arrive. Il veut vous voir mourir devant ses yeux.
— Qu'il vienne ! Grommela Haïn. Votre Commandant ne fait peur à personne. Et si c'est un guerrier alors il acceptera un combat loyal. Moi contre lui. À mains nues.
— Tev Vanth II ne s'abaissera jamais à une telle mascarade. Rétorqua Aross. Il vous fera exécuter par les gens de la Cantine sans l'ombre d'un remord.
— Lieutenant. Coupa Obi-Wan. Je ne laisserai jamais une telle chose se produire. Vous le savez très bien.
— La flotte du Commandant va bientôt arriver. Vous n'avez aucune arme qui puisse le tenir à distance.
— Vous faites erreur. Repris Obi-Wan. La Force est la plus puissante des armes.
Haïn leva les yeux au ciel. Agacé.
— Obi-Wan ! S'écria Haïn. Vous êtes un nigaud. Vous croyez vraiment que vous avez une chance contre une armada prête à fondre sur vous ? Ce n'est pas votre sabre laser misérable qui repoussera les assaillants du Commandant Tev Vanth II. Et cessez un peu d'invoquer la Force à tout bout de champ. Elle ne nous a servi à rien depuis que nous somme ici, sur Cachin. Alors oui vous pouvez tordre une cuillère à distance, mais vous ne pourrez rien contre un canon sonique ou un défoliateur à proton.
Tandis qu'il écoutait la discussion qui venait de s'engager entre le lieutenant Talphar, Haïn et Obi-Wan, Ish Atam senti son bâton vibrer dans sa main. Le bout métallique était pointé vers le bas et des étincelles violettes en jaillissaient. Et plus la lance de Ish Atam vibrait et plus il avait du mal à la garder immobile. Ish Atam n'avait jamais vu sa lance agir de la sorte et il luttait pour maintenir le bout métallique dirigé vers le sol.
Soudain Obi-Wan fut submergé par la précognition que lui soufflait la Force.
— Il se passe quelque chose ! Lança Obi-Wan.
— Oh belle déduction ! S'exclama Haïn. Vraiment, quelles seraient nos vies sans vous élucubrations de moine benêt ? Évidemment qu'il se passe quelque chose, nous allons nous faire broyer par la Flotte de la Cantine !
— Non. Rétorqua Obi-Wan. Il se passe quelque chose à Cachi-Mee. Regardez la lance. Ish Atam, que se passe-t-il ?
— Je n'en sais rien. Lui répondit le Cendre. C'est la première fois que cela se produit. Je n'ai jamais vu ça auparavant.
— Lieutenant ! Repris Obi-Wan. Le temps nous est compté. Laissez-nous partir et je vous fais la promesse de vous laisser en vie.
— Vous savez bien que c'est impossible. Si je vous laisse partir, je suis un homme mort. Je n'ai pas de choix. A moins que…
— Lieutenant, je sens que vous hésitez. Vous n’êtes pas un assassin. Ne laissez pas la peur guider votre destin. Joignez-vous à nous et je vous garantis la protection de l'Ordre de Jedi.
— Ne croyez pas un mot de ce qu'il dit ! Aboya Haïn. C'est un Jedi. Un menteur et un voleur.
Ish Atam ne put se retenir plus longtemps, il leva sa lance et donna un coup sur la tête de Haïn qui cria de douleur sous les regards aux aguets des soldats de la Cantine.
— Crétin de Saboteur. Cria Ish Atam. Ne vois-tu pas qu'il essaye de sauver notre peau ?!
— Depuis quand tu parles si bien le basic toi ? Ish Atam tu me le payeras ! Gémis Haïn.
Haïn voulait déblatérer et inonder Ish Atam de sa diatribe mais il remarqua les arcs électriques qui jaillissaient de la lance.
Obi-Wan s'approcha plus prêt du Lieutenant Talphar sous la menace des soldats qui le tenaient en joue.
— Lieutenant… écoutez votre cœur. Faite le bon choix je vous en conjure.
— Le Commandant sera sans pitié, je vous le garantis.
— Il ne pourra rien contre l'Ordre Jedi. Personne ne le peut et vous le savez. Je vous assure ma protection a vous ainsi qu'a vos hommes. Vous avez ma parole.
Aross avait déjà pris sa décision quand il avait descendu les marches de la passerelle de la corvette. Il était temps que l'idée devienne une réalité. Il parcourut du regard ses hommes, ceux de la Cantine Solitaire, soldats malgré eux. Voulaient-ils vraiment se battre et risquer leur vie pour les caprices d'un autocrate ? Il aurait sa réponse bien vite.
— Soldat de la Cantine Solitaire ! Cria Aross. Le Commandant Tev Vanth II est en route pour Cachin. Il sera là dans quelques heures. Aross empoigna son blaster dans son fourreau. Les ordres sont ceux-ci : Tuer le Jedi et livrer le Saboteur au lynchage du peuple de la Cantine. Soldats ! Je refuse d'appliquer ces ordres absurdes ! Aussi j'appelle à la mutinerie. Soldats, que ceux qui sont avec moi baissent leurs armes. Aux autres je dis ceci : « Tev Vanth II est un tyran dont nous devons nous débarrasser ». Moi Aross Talphar, Lieutenant de la Cantine Solitaire, prend ce jour, le rôle de commandant. Aussi j'ordonne à ceux qui veulent me suivre dans mon combat de baisser les armes et de rejoindre au plus vite le bon côté, celui de la justice et de l'équité. Aux autres, je vous offre la possibilité de rejoindre le Commandant Tev Vanth II et je mets à votre disposition l'un des deux bombardiers Hetrinar. Faite votre choix. Vous êtes libres de décider comme il vous convient.
Les soldats commencèrent à murmurer entre-eux. Et le moins que l'on puisse dire, c'était qu'ils étaient vraiment indécis. Après quelques minutes de débat, l'un des soldats s'approcha du Lieutenant Talphar.
— Lieutenant… vous nous mettez dans une situation complexe qui n'a pas de solution.
— Pourquoi dire cela ? Questionna Aross.
— Soit nous prenons parti pour vous et cela signe notre arrêt de mort. Soit nous rejoignons le Commandant et nous seront aussi condamné pour ne pas vous avoir mis aux arrêts. Donc quel que soit notre choix, nous sommes fichus. Sauf si nous décidons de vous tuer, ici et maintenant. C'est notre seule chance.
— Je vois. Finis par conclure Aross. Vous ne me laissez donc pas le choix.
Aross Talphar brandit son blaster et s'adressa alors à tout son contingent :
— Soldats de la Cantine. Je vous ordonne de me suivre. Ceux qui refuseront seront exécutés sur le champ.
Obi-Wan s'approcha du lieutenant et posa une main sur son épaule.
— Lieutenant… vous n'avez pas besoin de les menacer.
Et Aross baissa son arme instantanément.
— Vos soldats sont libres. Ils peuvent partir ou rester. Ce sont eux qui décident de leur sort et de leur destin.
— Soldats, vous êtes libre de choisir votre sort et votre destin. Ajouta Aross comme un automate.
— Que ceux qui veulent nous suivre, grimpent dans leur navette, nous partons pour la capitale Cachi-Mee.
— Que ceux qui veulent nous suivre, grimpent dans leur navette, nous partons pour la capitale Cachi-Mee. Répéta Aross.
Obi-Wan retira sa main de l'épaule du Lieutenant et celui-ci repris ses esprits.
— Allons ! Dit Obi-Wan. Nous partons. Haïn, tu pilotes « l'Étoile ». Ish, tu viens avec moi, nous accompagnons le lieutenant dans la corvette. Vous autres, faites comme bon vous semble. Mais si vous vous joignez à nous, sachez que nous partons au combat.
Obi-Wan n'attendit pas de réponse des soldats et s'engagea directement dans la corvette Corelienne, suivit de près par Ish Atam et Aross Talphar.
Les soldats regardèrent la corvette décoller et quand la navette des Saboteurs s'éleva à son tour, plusieurs soldats décidèrent de les suivre. Ils s'engagèrent alors dans un des deux bombardiers restant. Au bout de quelques minutes les derniers soldats hésitants se perdirent en conjectures et en palabres.
Ils finirent par convenir qu'ils étaient de toute façon pris au piège et que quelle que soit leur décision, ils auraient à en payer le prix d'une façon ou d'une autre. C'est alors que l'un des soldats restant pris la parole et mit tout le monde d'accord.
— Écoutez les gars. Nous avons une autre solution. Prenons le bombardier et fuyons. Quittons cette planète infernale. Nous trouverons bien un asile quelque part dans la galaxie. Il doit bien exister un système où règne la paix et la tolérance.
— J'en connais un ! Répondit l'un des soldats, un Balosar. Le système Hoth. C'est un endroit où il fait bon vivre, il paraît.
— Le système Hoth ?
— Oui, dans le secteur douze.
— Jamais entendu parler… Peu importe. Allons-y !
Les soldats furent contents d'avoir trouvé une solution et ils s'engagèrent dans le bombardier, la mine confiante et avec plein d'espoir. Ils quittaient la guerre et les champs de bataille.
Quand leur bombardier quitta l'orbite de Cachin, ils eurent juste le temps d’apercevoir la flotte du Commandant Tev Vanth II qui quittait l'hyperespace et allait envahir Cachin. Ils poussèrent tous un ouf de soulagement quand le bombardier enclencha l'hyperpropulsion. Enfin ils avaient un avenir, enfin ils pouvaient espérer autre chose que la crainte, la peur et la terreur.
Le soldat qui avait pris la parole fut désigné comme leur chef et pris le grade de Caporal. Et tous étaient heureux d'avoir fait ce choix.
— En avant pour le système Hoth. Dit le Caporal. Un endroit où il fait bon vivre. J'espère que tu as raison.
Le Balosar répondit et répéta mot pour mot ce qu'on lui avait dit.
— Hoth, Un endroit où il faut bon vivre.
— Très bien, les dès en sont jetés. J'espère au moins qu'il n'y fait pas trop chaud.