@Millenium-7 : Merci pour ton commentaire.
Tu verras... Mais ça manque de Star Wars ? Tu verras aussi...
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Chapitre VII : Big Brother
Chadax avançait d’un pas lourd, très lourd vers ce bureau, bureau qui contenait tant de secrets, tant de choses qu’il préférait garder secrètes et pourtant, il devait y aller, ne serait-ce que pour la forme, la volonté affichée de se montrer équitable envers tous. Mais ce n’était jamais par gaieté de cœur qu’il s’approchait de la clenche, qu’il l’actionnait et qu’il pénétrait dans cette pièce, toujours d’un pas lourd et mesuré.
Cette peur rendait les gestes plus pénibles, plus difficiles et sa gorge se serrait, non par honte mais par tristesse. Il regrettait que les choses aient dû en arriver là entre eux et que la barrière, qui les séparait depuis toujours, s’était transformée en fossé si ce n’était en abîme. Il soupira une dernière fois avant de regarder en face cette porte du troisième sous-sol, cette porte qui abritait le service informatique de sa maison d’édition.
Il posa lourdement sa paume sur la clenche de la porte et pénétra, sans frapper, dans le bureau sordide de Sym Karrdachian. Les murs étaient chargés de photos de deux enfants jouant ensemble dans le bac à sable, à l’école, devant leur tableau d’honneur dans une grande école. Mais l’un d’eux semblait en retrait par rapport à l’autre, plus mélancolique, plus triste, comme s’il savait qu’il ne pourrait jamais toucher ce que l’autre avait.
Des amis d’enfance ? Certes. Mais c’était bien plus que cela et les deux hommes le savaient. Chadax jeta un coup d’œil aux photos avant d’affronter Sym du regard, il constata, sans surprise, que ce dernier le toisait de façon hautaine, pour ne pas dire caustique. C’était sans doute la rançon du pouvoir, de la position, du sang pour eux deux. L’un était bien né alors que l’autre, représentait, la faute, une naissance fortuite.
- Alors, que me vaut le plaisir de ta visite, très cher frère ?
Chadax sourit nerveusement, faisant face à Karrdachian pour la première fois depuis son entrée dans la pièce. Ils avaient hérités les mêmes yeux, le même sourire mais certainement pas le même visage. Certaines mimiques se retrouvaient chez les deux, héritées de leur père sans aucun doute.
- Prendre des nouvelles de toi, bien sûr, répondit automatiquement Chadax.
Sym haussa un sourcil moqueur quand il entendit cette remarque, tant de fois entendue par le passé et certainement un peu trop à son goût.
-Tu te soucies uniquement de ton image, comme d’habitude. Ton cher précepteur t’a bien élevé… Père serait fier de toi depuis sa tombe, il doit d’ailleurs nous regarder de là-haut avec son arrogance habituelle.
Chadax posa une main sur le dossier de la chaise juste devant lui et se força à s’asseoir dessus, comme s’il assistait à son propre procès. Mais il aurait dû s’y attendre, comprendre que Sym ne pouvait plus lui pardonner, trop d’eau avait coulé entre eux et ils s’étaient perdus de vue. Ce n’était que lorsqu’il avait recherché un ingénieur en informatique que Sym avait montré des signes de vie, dix ans auparavant. Depuis, il ne quittait plus ce bureau, ne voulant plus recroiser son frère dans les couloirs.
-Père est très bien là où il est, je ne veux pas qu’il soit à nouveau parmi nous.
Sym eut l’air dubitatif :
- Et merci à ton précepteur de m’avoir fait ce coup-là, un coup pareil ne devrait pas être permis. Ce cher Platine…
Platine Insidious avait été le professeur particulier de Chadax pendant des années, lui donnant plusieurs conseils en économie, en management, en commerce. Platine était un universitaire borné et sûr de son pouvoir sur les autres, il en avait profité chaque fois que cela lui était possible, ne cessant de casser Sym au profit du fils légitime, Chadax.
Chadax aimait son frère mais trop jeune, trop naïf avait écouté les enseignements de Platine tout du long, refusant parfois de tendre l’oreille à Sym qui lui demandait sans cesse son appui, son soutien en toutes occasions. La mère de Chadax, participant activement à ce rejet, aidait Platine en ce sens, brisant peu à peu les liens entre Chadax et Sym, l’enfant qu’elle n’aurait jamais voulu connaître.
- Tu sais que Platine a été la source d’inspiration de Minos L’Homme pour créer l’Empereur. Je lui en ai parlé de ce type et de ses manières et lui, au moins, m’a compris. Il s’appelle Dark Sidious dans son livre, je les ai acheta tous d’ailleurs. Très bon auteur ce Minos L’Homme. Il sait saisir les choses avant les autres. Mieux que les autres. Même mes précepteurs ont mieux compris que toi…
Ah, la splendide Padma Nabellye et son compagnon, Annikin Starkiller, superbe couple d’après Chadax et Sym. Ils avaient toujours envié le couple pour leur perfection, leur désir de vivre sans histoires, sans entraves mais cela ne leur était pas permis. Chacun devait se consacrer à un objectif : Chadax devrait reprendre le flambeau familial alors que Sym devrait porter le honte d’un homme sur ses épaules.
- Tu sais, j’aurais dû t’écouter mais ça ne rattrapera pas toutes les humiliations, je sais.
Sym haussa les épaules, pas très content de la réaction de son frère aîné…
- Tu étais toujours dans tes projets, dans tes rêves de voir cette maison d’édition construite un jour.
Sym regarda Chadax droit dans les yeux :
- Tes parents ont toujours tout fait pour que tu réussisses, ils t’ont emmené partout dans le monde et moi je devais rester au château, avec Padma et Annikin pour seule compagnie. J’aurais voulu t’aider dès le début mais tu n’as écouté que ton orgueil grandissant et ce Platine Insidious.
Les mains de Chadax se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil :
- Ce n’est pas…
Sym fit taire on frère d’un regard :
- Ne me dis pas ça, tu savais très bien ce que tu voulais dès le départ, je n’ai été qu’un compagnon de jeu après tout… Tout le monde était un compagnon de jeu pour toi surtout ce Platine. Encore heureux que ton père a eu la bonne idée de changer de précepteur, il t’a donné ce Benjamin Organa, mais c’était déjà trop tard, tu ne pouvais plus revenir en arrière. Tu t’es rendu compte trop tard.
Chadax déglutit difficilement :
- Je t’ai toujours apprécié, je croyais que c’était que c’était ce qui comptait.
Sym sourit froidement :
- Tu te trompes comme toujours, depuis des années. Tu crois pour les autres, tu penses pour les autres, tu diriges leurs vies et pourtant, j’ai encore espoir pour toi.
Sym renifla amèrement :
- Je me rappelle de la fois où je t’ai sauvé de cette armure, de la fois où j’ai réussi à détourner le système pirate de Gillespee pour te trouver. J’ai dû inventer un système pour les capteurs de mouvements, de chaleur. Tu ne sans même pas le temps que ça m’a pris pour te sortir toi et cette Starlina de ces fichues armures…
Chadax grimaça légèrement…
- Je ne t’ai pas remercié, j’ai trouvé ça normal que…
Sym pinça ses lèvres :
- Au moins, tu le reconnais, Starlina a eu la bonté de me remercier alors que toi, tu m’as ignoré délibérément après cette affaire. Tu as perdu cette habitude avec ce cher Platine.
Chadax passa une main devant son visage :
- Tu me laisses parler ?
Sym se tut quelques secondes :
- Ca dépend de ta réponse…
Chadax posa ses mains sur la table, de façon à prouver qu’il était maître de la conversation :
- As-tu la moindre idée de ce qu’est de reprendre le flambeau familial, de s’assurer que la famille va tenir debout après la mort de père, de faire en sorte que la fortune reste entre tes mains et que la descendance soit assurée ?
Sym sourit sardoniquement à cette remarque, il faisait partie de la famille sans porter le nom, étant le fils d’une gouvernante et de M. de Fontainebleau père. C’était l’objet de la honte et de la faute.
- Ben voyons… Je ne me souviens pas que tu te plaignais à ce propos quand nous étions enfants, au contraire, tu parlais de projets de découverte du monde et d’aventures. Tu voulais tout savoir, tout découvrir. Au final, on a mis beaucoup de toi dans le personnage principal. Drôle non ? Il y a une différence très nette entre celui que tu voulais être et celui que tu es aujourd’hui… Mais c’est trop tard.
- Je sais que j’aurais dû t’écouter… Mais le temps n’est plus au pardon, pas vrai ?
Sym sourit sardoniquement :
- Si tu savais et pourtant, je t’aime quand même. Malgré tout. Mais toi, tu es incapable de me voir en face. Allez ! Montre que tu as du cran !
Chadax ferma les yeux une fois de plus :
- Tu sais, j’aurais voulu que tout soit différent… Que les rôles soient inversés.
- Tu as quand même voulu ce poste au lieu de ce voyage autour du monde comme tu le voulais après tes études mais père est mort et tu as dû reprendre le flambeau. Ta mère t’a proposé Minos L’Homme et ta maison d’édition est née avec ce projet de Guerre Spatiale. Moi, j’étais oublié, seul face à elle et j’ai dû quitter le navire comme on dit jusqu’à cette annonce. Tu avais besoin de quelqu’un et, bizarrement, tu voulais quelqu’un avec mon profil.
Chadax posa une main sur son front face à cette annonce :
- Ouais, tu as raison, j’avais besoin de toi, tout le temps, j’avais besoin de toi.
- Mais tu n’es pas descendu juste pour moi, pas vrai ? Mais tu as tous les autres à voir, pas vrai ? Alors pars. Et passe le bonjour à Laayla pour moi !
Chadax quitta le bureau de son frère sans avoir eu le temps de lui dire pourquoi il était venu là mais il aurait dû savoir qu’en entrant ici, il ne recevrait qu’un mauvais accueil et de la rancœur. Voulait-il toujours la paix entre eux, Ce n’était pas sûr mais au moins, cette discussion était terminée pour le moment. Le calme lui ferait du bien pour le moment avant de déverser sa rancœur sur les prochains inspectés.
Il savait déjà qui il irait voir et quels reproches il lui ferait… Après toutes ces années, il le méritait bien. Pour le nombre de fois où ça avait explosé dans son bureau, le nombre d’incendies à calmer, le nombre de blessés… Etc, etc, etc… La vie était tellement pénible pour lui. Trop même. Ce souhait d’avoir son frère avec lui pour une fois sans disputes mais ça n’arriverait plus, Sym avait raison : il n’aurait jamais dû écouter Plaine de toute sa vie, juste ses conseils en matière de finance, rien de plus, rien de moins.
Mais il ne lui avouerait jamais mais jamais, par fierté et par orgueil. Cette fichue rivalité aurait raison de lui un jour et pourtant il l’adorait et avait besoin de sa présence. Malgré les blessures toujours ouvertes, malgré les peurs, malgré la tourmente. Il avait besoin de lui, par orgueil. C’était un lien très fort qui ne pouvait être brisé par magie ou par la force. Il le savait très bien. Mais c’était une dispute interminable avec lui-même qui ne finirait jamais, il le sentait aussi. Ces pensées tourbillonnèrent dans a tête pendant des heures et des heures. Puis, il décida qu’il faisait tard et que le ses futures victimes n’attendaient que lui.
Pour passer le goût de cette dispute, il serait dur, très dur et il savait très bien que Sym l’observait derrière son écran d’ordinateur, à pirater le réseau de Picco Lamberto. Il faudrait qu’il prévienne Lamberto d’ailleurs pour cette piraterie sauvage de son réseau. Ceci dit, Lamberto n’avait pas remarqué avec ses caméras thermiques que son employeur était coincé dans une armure, que Starlina était plongée dans les catacombes, que Sym avait dû sauver la jeune auteure grâce à des archéologues.
Cette fille, il faudrait vraiment qu’il la renvoie de Star Wars Universe, elle lui prenait trop de temps sur ses heures de travail. Mais il l’avait mise à l’épreuve, pour le moment, c’était suffisant… Oui, suffisant. Et il repartit du bon pied avec un sourire sardonique aux lèvres.