@Laaya, mais je t'ne prie et merci pour le commentaire.
@Sol: Merci pour le commentaire, je n'avais pas pensé à Gaston Lagaffe pendant l'écriture de cette fic mais c'est vrai qu'il y a peut-être une ressemblance.
@Dolarn, ça va être franchement mouvementée.
Pour ce chapitre: pas d'avertissements particuliers si ce n'est accrochez-vous...
Chapitre I : Les vieux de la veille
Faisant et défaisant son nœud papillon à plusieurs reprises, un homme regardait d’un air désespéré la glace de son bureau, qui devait être capable de contenir un duplex tout entier. Il détestait le manque de goût de son meilleur ami et collaborateur par-dessus tout, bien entendu ce n’étaient pas des choses à dire en face de votre ami, aussi peu… attrayant soit-il.
Non mais c’était la stricte vérité : il ne faisait aucun sur sa tenue, gardait la même chemise pendant un mois, prétendant que c’était pour ses films d’horreur. D’accord, le professionnalisme était sans doute une bonne excuse mais les acteurs étaient capables de jouer une scène de supplice avec brio. Pas vrai ?
Cependant, son ami arguait que ses acteurs avaient besoin d’un coup de pouce de temps à autre mais tout de même. Ils devaient savoir jouer, c’était leur boulot tout comme le leur consistait à inventer avec brio des scènes crédibles et réalistes. Du moins, aussi réalistes que possible avec un univers de science-fiction.
En fait, c’était quelque chose de très simple, il fallait s’asseoir devant un bureau, fermer les yeux pendant quelques minutes et risquer de s’endormir au bout de quelques minutes de méditation. Mais l’auteur avisé se passerait de ce genre de détail. Pour un écrivain c’était la honte assuré tout comme oublier qui était Victor Hugo ou Honoré de Balzac. Ces deux hommes étaient d’ailleurs complètement tombés en désuétude et ne signifiaient pas grand-chose du tout.
Balzac machin chose manquait visiblement de style et de raffinement, indigne d’un auteur franchement. Ecrire de longues descriptions juste pour payer sa bouteille de vin était pitoyable pour Minos L’Homme. Quant à Hugo, Hugo… Il passait dans sa tête les détails, des longues déclarations d’amour, des sentiments exagérés au possible, à la limite du ridicule était ahurissant en soit. Quelque de sobre et de simple était amplement suffisait pour écrire un livre.
Il avait d’ailleurs publié une série de livres ne contenant qu’un seul mot, les faisant passer pour des œuvres d’art génialissimes. Mais la vérité, c’était qu’il manquait cruellement d’inspiration et il ne voulait pas en parler à M. de Fontainebleau. Il serait renvoyé du seul et unique emploi qu’il avait jamais eu de sa vie : écrire et s’asseoir derrière un bureau.
Par un coup tordu issu de son cerveau génial : avoir certaines relations avec une belle dame, non pas Laayla, qu’il n’appréciait pas beaucoup, mais la propre mère de M. de Fontainebleau, créature infâme au possible, avait apprécié ses premiers brouillons et avait conseillé Minos à son fils. Fils qui n’avait pas résisté aux appels constants et offensifs de sa mère.
Non, il estimait avoir amplement mérité sa place ici dans ce bureau luxueux qui convenait à sa personne. Il avait une immense bibliothèque qui recouvrait les quatre coins de sa pièce et un petit distributeur automatique de café et autres substances. Autrement, une simple chaise bancale réparée avec rapidité avec un bout de ficelle tenait lieu de fauteuil pour les visiteurs. Il se souvenait de la visite de Terry Pratchett qui était tombé à plusieurs reprises, M. L’Homme avait ricané sur son poids et l’incapacité de sa chaise à le soutenir.
- Au fait, pourquoi je suis assis sur cette chaise minable ?
Minos regardait à peine le célèbre réalisateur de films d’horreur, la description d’un ami se limitait à être… utilisable à tous moments.
- Tu es un invité, je te rappelle, et tu es dans mon bureau. Je donne les chaises comme je l’entends.
Ethan Ikto croisa les bras d’un air mécontent, son blouson de cuir Vuitton crissant avec ses mouvements. Il se croyait impressionnant avec sa panoplie de blousons, ses bottes de cuir, ses jeans complètement déchirés mais il présentait une incapacité manifeste à dominer un adversaire. C’était peut-être pour cette raison qu’il portait à sa ceinture un couteau de soldat, une fausse grenade et un pistolet (en plastique le pistolet).
- Et depuis quand les invités doivent-ils être assis sur des chaises minables ?
Minos se retourna une fois de plus, son ami faute d’un meilleur terme, avait, à sa grande honte, un QI avoisinant celui de la plus stupide des mouches.
- Restrictions budgétaires, Chadax veut innover, il veut lancer sa maison de production de cinéma.
A ces mots, Ethan sourit comme si son plus grand rêve de gamin venait de se réaliser :
- Il y aura des scènes de meurtre ? Du sang ? Des morts ?
Minos fronça des sourcils, il s’était toujours posé de sérieuses questions sur la façon de tourner d’Ethan Ikto. Certes, il portait des chemises qui sentaient la bouse de chèvre (Pourquoi la chèvre ? Vous connaissez l’expression puer le bouc ?)
- Je peux reprendre mes anciennes activités ?
Minos se demandait de plus en plus de quoi parlait Ethan par moments, c’était comme s’il était en manque de quelque chose, mais quoi ? Telle était la question. Et pour le moment, aucune réponse satisfaisante ne lui venait à l’esprit. Il savait que son ami avait un passé de soldat, les guerres d’Indochine, l’Algérie… Et avait-il… développé une tendance pour le sang ?
- Quelles activités ?
Ethan regarda son vis-à-vis comme s’il venait de prononcer la plus grande des absurdités.
- Tu sais…
Mais Ethan Ikto, le maître de l’horreur, fut interrompu par des coups secs et rapides sur la porte, autrement dit, quelqu’un voulait rentrer pour ceux qui ne suivraient pas. Mais qu’on se rassure, l’auteur sait que son public est averti et possède très certainement les facultés intellectuelles d’Albert Einstein.
- Ouvre pendant que tu y es !
Ethan jeta un coup d’œil à Minos :
- Je ne suis pas la cinquantième secrétaire que tu as renvoyé.
Et le pauvre Minos L’Homme, peu habitué aux efforts physiques, dut se résoudre à ouvrir cette satanée porte de malheur, il se promit de la brûler les prochains jours et de la remplacer par une porte à ouverture automatique, comme dans ces magasins bas de gamme. Ce fut donc tout essoufflé qu’il atteignit son but.
- M. L’Homme, veuillez prendre des pastilles de menthe, votre haleine n’est pas des plus agréables. Pas étonnant que des dames très respectables vous fuient.
Ainsi parla le grand manitou de Star Wars Universe, M. de Fontainebleau, surnommé élégamment par ses employés et collaborateurs Le Tyran, ce qui cloua le bec à Minos L’Homme et lui fit cacher honteusement sa bouche de ses mains. Ethan eut un sourire en coin et après ça lui demandait de se laver régulièrement. Ah ! Mais c’est qu’il n’avait pas connu la guerre, le Minos, toujours assis confortablement sur sa chaise alors que d’autres se faisaient tuer ailleurs.
- Et d’où vient cette… odeur d’égouts ?
Minos fronça des sourcils et se flaira par-dessus l’épaule, anxieux subitement de sentir quelque chose d’inconvenant après le coup des pastilles à la menthe. Or, Chadax s’approchait déjà d’Ethan Ikto et comprit aussitôt d’où provenait cette odeur immonde.
- Avez-vous utilisé le savon que je vous ai envoyé à Noël ?
Ethan regarda d’un air interrogateur Chadax :
- C’est quoi Noël ?
Chadax dut se retenir pour ne pas frapper du poing le bureau de Minos L’Homme qui lui avait coûté plus de 10 000 euros. Il avait détesté la table branlante lors de son ancienne inspection. Il avait voulu s’y asseoir et elle avait craqué sous son poids. Minos avait osé dire que Chadax devait commencer un régime, chose que le grand maître n’avait pas beaucoup appréciée au passage.
-Votre manque de culture universelle m’impressionne beaucoup…
Chadax se promit de lui envoyer un dictionnaire à son anniversaire…
- Noël, c’est qu’un mot.
Ayant grandi dans une famille foncièrement athée et éloignée de quelque religion que ce soit, Ethan Ikto ne connaissait pour la majeure partie aucune tradition liée au pays où il vivait. Imaginez les discussions avec les prêtres du coin. L’éthique. Ils connaissaient pas non plus. La seule chose qui comptait pour Ikto c’était le besoin de dominer, c’est dire son sens moral et civique.
- Connais pas. Donc ça sert à rien et dans mes films, j’ai juste besoin de sang et c’est tout. Les cris y a que ça de vrai. Ouais. De la torture et de l’horreur, les gens en ont besoin, faut bien quelque chose qui les change de l’ordinaire. Une vie peinarde c’est malsain. Moi je vous le dit.
Chadax se retint au bureau, il se souvenait pour quelles raisons il n’aimait pas Ethan Ikto, c’était pour son manque d’ouverture d’esprit et son extrême rudesse. De plus, c’était un personnage entièrement tourné vers le gore et le glauque en tout genre… et ça, M. de Fontainebleau ne supportait pas vraiment. Il avait apporté un sac au cas où.
- Je vous enverrais dans un monastère bouddhiste pendant un mois, vous ferez connaissance avec le Pape et vous suivrez des cours de philosophie à l’Université de Paris.
- C’est pour tuer des gens ?
Chadax passa les mains dans ses cheveux et sur ses yeux…
- Non, Ethan, c’est pour ça que je vous envoie dans des lieux pleins de spiritualité et de bon sens.
Minos, à ces mots ricana, Chadax avait envoyé Ethan voir un psychiatre et par un curieux hasard, le corps du psy avait été trouvé dans la Seine. Quelques mois plus tard, un film intitulé
Panique chez le Psy était sorti en salles. Le film avait reçu plusieurs récompenses et nomination, les gens se demandaient souvent comment Ikto parvenait à mettre autant de réalisme dans ses films.
Chadax, quant à lui, songea qu’il devrait une fois de plus éplucher le casier judiciaire d’Ikto mais il n’avait pas l’ombre d’une preuve, comme d’habitude. C’était juste une succession de hasards comme il les appelait.
- Et vous serez privé de ces armes factices que vous portez à votre ceinture, bien entendu.
Minos, connaissant Ethan, savait que Chadax courait un grand danger, il vit Ethan se lever de sa chaise, bondir vers Chadax…
- Vous m’enlèverez pas mes joujoux !!!!!!
Minos ouvrit des yeux immenses, il sauta sur Chadax pour le protéger s’assommant lui-même au passage… Et Ethan bascula sur le corps de Minos, lui laissa treize points de sutures et trois côtes cassées. Le réalisateur tomba tête parterre et fut envoyé à l’hôpital. Un casier judiciaire fut ouvert et Chadax dut passer à la barre pour témoigner.
Bien entendu, le président n’avait pas beaucoup aimé cette tentative et avait volontairement ajouté des détails sordides… Minos, pleura devant toutes les caméras du monde et on prit pitié pour lui. Les ventes de ses livres grimpèrent en flèche.
Et c’est ainsi que le grand réalisateur finit par passer dix ans de prison dans une cellule sordide et que Minos L’Homme était enfin débarrassé d’un type aussi louche et dangereux. Quant à Minos L’Homme, il retrouva subitement de l’inspiration et écrivit une dizaine de romans d’horreur pour faire passer le goût de cette agression. Il était d'une sensibilité extrême voyez-vous?
Heureusement pour le célèbre éditeur que les visites suivantes ne furent pas aussi mouvementées… mais peut-être tout aussi hasardeuses.