Comme je le disais sur le forum de présentation, je suis auteur de fan-fictions qui n'ont jamais franchi le cap de ma famille - proche - et de quelques amis.
J'ai décidé de passer un palier et d'exposer mes écrits au feu des critiques des jedi swu experts en la matière.
Ancien étudiant en histoire, je me suis toujours intéressé aux détails qui font que les événements se sont déroulés ainsi. Ce qui induit le corollaire suivant: que se serait-il passé si telle ou telle chose n'était pas arrivée? En clair, je suis friand des uchronies; que, dans l'UE Starwarsien, nous appelons infinities.
le Jedi Errant est un Infinities. Je n'en dis pas plus; à la lecture, il est facile de voir où se situe le point de décalage.
D'emblée je sais qu'en faisant de cette "oeuvre" un infinities, je ne me vais pas m'attirer beaucoup de lecteurs plus adeptes de chronologie et de respect de l'UE mais j'avais envie d'écrire cette histoire sans me limiter.
Si vous le souhaitez, je développerais pourquoi j'ai choisi ce type d'écrits mais j'ai toujours pensé que les intentions de l'auteur étaient moins importantes que le produits de ses intentions (aussi prétentieux que cela puisse paraître).
Voici donc le prologue, en espérant que cela vous plaira et que vous passerez quelques minutes d'agréable lecture. Et dois je préciser que toute critique est plus que bienvenue?
EDIT: corrections faites selon les remarques pertinentes d'Hiivsha
EDIT 2: Remise en forme et ajout d'un sommaire.
Sommaire
Chapitre 1
Chapitre 2
Deux ans se sont écoulés depuis l’armistice - forcée - mettant fin à la Guerre Des Clones et à l'avènement de l'Empire Galactique…
L’espace compta une nouvelle étoile. Cela dura l’instant d’un clignement de paupières. Dans un évanescent éclat d’un blanc étincelant, le petit appareil monoplace surgit de l’hyperespace. Le chasseur stellaire, d’un modèle désormais rare dans la galaxie, se composait d’un cockpit ovale prolongé de deux fines ailes. Il piqua du nez. Et l’astre qui ne connaissait jamais la nuit, où le ballet interminable de Béhémoths d’acier en orbite remplaçait les étoiles, emplit le champ de vision du pilote.
Perle gris anthracite veinée de longues avenues de lumières, le Joyau des Mondes du Noyau : Coruscant, la Cité-planète, capitale de l’Empire. L’endroit que le pilote avait appris à appeler maison. Le copilote, une unité astromech R-4, fit pivoter son dôme argenté vers son partenaire organique.
L’homme, ou ce qui paraissait être un humain, ne prêta pas attention au défilement de 1 et de 0 s’affichant sur l’un de ses pupitres tandis qu’une respiration rauque, sifflante, étrangement mécanique troublait le silence régnant dans le cockpit. Son esprit tout entier était absorbé par la contemplation de ce monde. Un monde qu’il n’aurait jamais cru revoir un jour. Mais bien des choses avaient changé depuis. La République, qu’il avait si ardemment défendue, était devenue un Empire. Lui-même ne ressemblait plus au jeune homme fringant et impétueux qu’il était deux années en arrière.
Son reflet dans la bulle en transparacier lui renvoya l’image d’une silhouette sombre, une ombre vêtue de cuir, dont on ne percevait les contours qu’au travers des lueurs rouges des diodes du cockpit. Une caricature d’être humain, voilà ce qu’il était devenu. Car il était tellement moins qu’auparavant. Tant de souvenirs l’assaillirent. Le temps n’était pas à l’introspection. Il avait une mission à accomplir. Une dernière mission.
Faisant jouer ses doigts sur le tableau de commandes, il modifia sa trajectoire. Le vaisseau plongea en direction de la surface. Celle-ci semblait couverte d’une carapace de métal morte. L’impression venait de sa nature même : entièrement urbanisée, des bâtiments flamboyant de mille feux à perte de vue, à l’architecture baroque et arrogante, lancés à l’assaut des cieux. Au loin, à la courbure de l’horizon, les dents blanches et acérées des Monts Manaraï, derniers vestiges naturels de Coruscant, perçaient les nuages.
Tout autour de la planète, le trafic orbital, dense, frénétique, faisait office d’une seconde couche artificielle. Une coquille en perpétuel mouvement où se croisaient, se frôlaient des centaines de vaisseaux de tout tonnage : cargos, navires de guerre, transports, navettes orbitales et toutes sortes de vaisseaux étranges volant vers et pour un but inconnu.
Choisissant un angle d’entrée éloigné des principaux axes de circulation, le pilote passa sous la coque ténébreuse d’un croiseur de classe Venator. Il finit par ne plus voir que la superstructure du vaisseau. Le droïde lui signala une communication entrante.
Une voix atone que le pilote attribua à un stormtrooper s’éleva dans le cockpit.
« Chasseur jedi non identifié, veuillez transmettre votre code d’immatriculation. Déportez-vous sur le point zéro-un-quatre pour être arraisonné. »
Le pilote garda le silence. Il passait en revue ses options. Il avait souhaité passer inaperçu mais c’était visiblement raté. Qu’espérait-il donc en venant dans le système le plus important de la galaxie aux commandes d’un modèle recherché par toutes les forces de l’Empire ? Coupant court à ses réflexions, la voix du contrôleur spatial retentit de nouveau.
« Chasseur jedi non identifié, veuillez vous conformer aux ordres.»
Il se concentra, visualisant l’esprit du clone, assis derrière son tableau de contrôle ; il ouvrit une brèche et poussa au moment même où le soldat clone cria, hurla presque : « Ou vous serez détruit ! » L’unité R-4 vif-argent joua un trille hystérique qui se noya sous les aboiements autoritaires du soldat impérial. Il n’y fit pas attention. Là ! La brèche était désormais béante. Il poussa encore plus loin.
« Chasseur non identifié, ceci est notre dernier avertissement ! Rendez-vous ou vous serez désintégré ! »
D’une voix grave, caverneuse aux accents électronique, le pilote répondit enfin.
« Il n’y a pas de chasseur non identifié. Vous ne voyez que des parasites. »
La voix du stormtrooper se voila. Il y eut comme un flottement dans l’air. Le soldat était déconcerté, il essaya tant bien que mal de rassembler ses esprits mais il n’entendait que ses mots : Il n’y a pas de chasseur non identifié, je ne vois que des parasites. Profitant de la confusion du contrôleur, le pilote accéléra. Cela allait marcher ; il allait s’en sortir sans dommages. Le petit appareil prit encore de la vitesse. Bientôt, le croiseur se dégagea du champ de vision. Pour révéler ce qu’il cachait. Sa main cybernétique se crispa sur son manche et le robot copilote se lança dans un nouveau trille frénétique.
Face au chasseur, une vedette de combat et ses deux ailiers arrivaient à pleine vitesse sur un vecteur d’interception. Entièrement absorbé par sa manipulation psychique, il avait négligé les autres facteurs. Et le voilà pris à défaut. Une erreur de débutant. Mais il importait peu de se lamenter ; il lui fallait agir vite d’autant plus que son radar indiqua l’approche par l’arrière de quatre autres V-wings à la carlingue profilée. Il ne devait pas mourir ainsi ; pas dans ces conditions. Il avait un devoir à accomplir.
Soudain, le cockpit s’illumina. Une alarme sourde résonna dans l’habitacle. La situation se dégradait encore un peu plus. Le croiseur n’avait pas dit son dernier mot. Une batterie de turbolasers venait de l’acquérir. Son chasseur ne possédant pas de boucliers déflecteurs, un seul tir au but le désintégrerait pour de bon. Il agit d’instinct. D’un coup sec, il enfonça la pédale de droite ; simultanément, il enclencha une série de boutons sur sa gauche avant de prendre son manche à deux mains et de le tirer vers lui. Le chasseur partit en chandelle. La manœuvre le cloua sur son siège, et cloua le bec à son astromech qui se tut pour la première fois depuis de longues minutes. Les voyants lumineux s’éteignirent.
Il avait réussi ; l’artilleur fut pris par surprise, cela lui prendrait quelques secondes pour réajuster ses canons. Quelques secondes que le pilote comptait mettre à profit.
Mais cela n’eut pas le même succès vis-à-vis des V-wings. Les pilotes, aux réflexes plus affinés, ne s'étaient pas laissés surprendre, et usant de la mobilité et de la vélocité de leurs appareils se lançaient à sa poursuite. La vedette, plus lente, réagit tardivement; cependant elle n’allait par tarder à rejoindre ses camarades. Tout autour du chasseur jedi, l’enfer se déchaîna. L’espace se zébra de rayons rouges. Le pilote multiplia les manœuvres d’évitement avec fluidité. Il s’abandonna totalement au pilotage. Le manche devint une extension de son bras, le vaisseau une extension de son corps.
Tout à coup, le chasseur se cabra, pivota sur lui même. Le pilote enclencha ses rétrofusées ; le petit vaisseau sembla alors s’immobiliser sur place. Les V-wings le dépassèrent à grande vitesse et entrèrent dans sa ligne de mire ignorant qu’ils étaient devenus les proies. Le chasseur jedi fit feu. Les canons crachèrent leurs traits de lumières mortels.
Le premier appareil ennemi explosa dans une boule de feu rougeoyante ; la verrière du second fut vaporisée. Le troisième eut plus de chances, un seul de ses moteurs fut touché. Il dériva un temps puis utilisa ce qu’il restait de ses propulseurs pour s’éloigner de la zone de combat. Les autres échappèrent au déluge de rayons lasers et entamaient un virage serré visant à faire de nouveau basculer la balance en leur faveur. Ils répliquèrent.
Un dissipateur thermique fut arraché. Le chasseur jedi partit en vrille, manquant d'éperonner un vaisseau de plaisance. Il redressa juste à temps puis enchaîna les acrobaties, hurlant à son droïde d’augmenter la puissance du générateur d’inertie. Il effectua un looping qui lui donna l’impression que ses tripes se trouvaient au niveau des talons. Sans réfléchir, il appuya sur la gâchette. Un nouvel ennemi s’embrasa dans un déluge de gaz surchauffé et de métal en fusion.
Il avait réduit le nombre de ses opposants mais le répit relatif fut de courte durée. Son radar signala que le croiseur manœuvrait pour se remettre en position de tir. Son écran radar lui indiqua qu'un escadron au complet d’intercepteurs décollaient depuis une plateforme de lancement tandis qu’au loin, il aperçut une frégate de combat accélérer pour se joindre à la poursuite. Un bip hystérique de son robot l’avertit de l’approche d’un missile. Qu’il évita de justesse. La situation se corsait de minutes en minutes.
La vedette entra en jeu, usant de sa puissance de feu pour arroser le chasseur jedi d’un feu nourri où se mêlaient lasers et tirs ioniques. Un nouveau coup au but secoua le vaisseau. Il eut du mal à garder le contrôle.
Le petit appareil dévia de sa course pour se précipiter vers une zone où le trafic orbital se faisait plus dense. Sa planche de salut résidait peut-être là. Avec un peu de chance, les clones hésiteraient à faire feu dans une zone avec autant de civils. Il plongea sans hésitation dans le trafic. Il devenait certes délicat de piloter parmi tous ces vaisseaux mais il pouvait, en comptant sur ses habiletés, distancer ses poursuivants. Un flash de lumière aveuglante lui confirma ses pensées. Un V-wing venait de percuter la parabole proéminente d’une corvette.
Mais la vedette continuait de tirer. L’espace pour esquiver les lasers se rétrécissait à mesure que le trafic s’intensifiait. Il vira à gauche survolant en rase-mottes un gigantesque porte-conteneurs dont la surface se cribla d’impacts. Il sentit la frustration gagner le stormtrooper artilleur. Si ce jeu du chat et de la souris ne durait pas trop longtemps, cela pouvait jouer en sa faveur.
Du coin de l’œil, il avisa la porte béante d’un dock orbital. Poussant à fond sa manette des gaz, il vira de bord à pleine vitesse, distançant un peu plus la vedette trop lourde pour maintenir la cadence. Mais les chasseurs arrivaient vite, très vite. Entre lui et les docks, une multitude de navires divers et variés allaient et venaient sans se soucier de la course-poursuite. Le pilote savait qu’il n’était qu’une question de temps avant que le contrôle aérien ne déclara la zone interdite et de fait, il n’y aurait plus le moindre obstacle empêchant les chasseurs de faire feu à volonté. Il devait se dépêcher car déjà ses craintes se réalisaient : quelques cargos se déroutaient de leurs vecteurs.
Il accéléra de plus belle, coupant les haut-parleurs afin de ne plus entendre les jérémiades de son astromech. Finalement, la porte des quais spatiaux emplit son champ de vision telle la bouche infecte d’un impossible monstre de métal. Il voyait clairement l’intérieur affairé où une cohorte hétéroclite de droïdes manœuvres et de dockers multi-ethniques déchargeaient les soutes de véhicules hors d’âge.
La voix apeurée d’un contrôleur des docks retentit dans son cockpit. Il l’ignora, préférant se focaliser sur ses perceptions. Son système de communications crachota et les menaces des stormtroopers clonés invoquant l’ordre 66 et des décrets impériaux péremptoires ne cessèrent d’affluer à ses oreilles. Quelqu’un comprit ce qu’il tentait de faire, ordonna la fermeture des portes. Trop tard. Dans une dernière accélération, il projeta son petit appareil dans la gueule de la station spatiale.
Collé à son siège, il se lança dans un slalom qui lui rappela ses premiers faits d’armes. Il traversa de part en part les docks, évitant souvent à la dernière seconde, échafaudages, rampes et autres structures.
Soudain, il s’aperçut que son idée se retournait contre lui. L’officier commandant la poursuite avait fait verrouiller la sortie. Dans un effort désespéré, le pilote essaya de freiner.
Puis il y eut une explosion, corolle de feu et débris rougeoyants.
Il fallut quatre longues heures à l’équipe de secours pour éteindre l’incendie, sécuriser un tant soit peu la zone. Puis il fallut deux heures de plus pour que les enquêteurs accompagnés de robots en formes de boules volantes finissent d’inspecter les débris encore fumants de l’intercepteur jedi Actis Eta-2. Sous la surveillance d’un escadron de soldats à l’impeccable armure blanche assurant un inquiétant anonymat, l’unité de déblayage, commandée par un rodien à la trompe flasque, commença son travail.
Dissimulé derrière une pile de caisses, une ombre asthmatique observait.
Le temps passa et les ouvriers terminèrent enfin leurs tâches, laissant la finition ingrate à une colonne de droïdes à la robuste charpente. Les soldats s’en allèrent à leur tour et l’ombre émergea de sa cachette, épuisée. Le pilote se glissa furtivement jusqu’à un turbo-élévateur dans un coin déserté. Avec un ultime coup d’œil en arrière, le rescapé s’engouffra dans l’ascenseur. Il avait eu de la chance.
Comptant autant sur sa foi en la Force - cette mystérieuse et mystique énergie vitale universelle - et en ses capacités, il s’était éjecté de son chasseur peu avant le crash dévastateur. D’un bond prodigieux, il avait atteint un enchevêtrement de poutres. Malgré son entraînement et sa maîtrise de la Force, il ne put atténuer la violence de l’impact. Il fit appel aux dernières énergies pour descendre et se cacher avant de s’évanouir.
Lorsqu’il reprit ses esprits le bourdonnement dans sa tête ne cessa d’empirer. Il avait présumé de ses forces, encore une fois. Il tomba à genoux, le souffle court. Il fit appel à la Force chassant la douleur pour peu à peu recouvrir ses forces. De l’autre coté des caisses, l’agitation était à son comble. La prudence, qui n’était pas son fort, lui dicta de continuer à se cacher jusqu’à ce que cessèrent toutes formes d’activités. Il n’était pas dans son intérêt d’être découvert maintenant. Bien sûr, il pouvait se défaire facilement, en dépit de sa fatigue, de ses opposants mais cela ne le mènerait nul part. La discrétion se trouvait être la clé de la réussite de sa mission sacrificielle. Et il l’avait d’ores et déjà légèrement compromis avec ce dogfight imprévu.
Inutile d’alerter toute la planète.
Alors patiemment,il attendit l’esprit en alerte.
Rejoindre la surface fut moins compliqué que de s’introduire dans l’ancien Temple Jedi.
Il avait, tout d’abord, dissimulé son intimidante combinaison de cuir noir sous d’épaisses tuniques trouvées en fouillant une caisse. Puis il s’était mêlé aux travailleurs épuisés attendant la navette de liaison qui les ramènerait dans leurs quartiers miteux où le gouvernement parquait ses ouvriers. Usant de ses pouvoirs, le pilote se déroba aux regards inquisiteurs des soldats surveillant l’embarquement tandis qu’un officier, engoncé dans son uniforme vert olive, aboyait des remarques insultantes, fier de son incontestée autorité. Dans le wagon passager, il se trouva un coin où reprendre des forces, espérant ne pas attirer la curiosité de ses compagnons de voyage. Le transfert sur Coruscant se passa sans heurts, chaque passager plongé dans un profond mutisme.
Arrivé au spatioport, il héla un taxair qui le déposa à moins d’un kilomètre du Temple Jedi.
L’antique bâtiment projetait une ombre monumentale alentour enveloppant les environs d’une aura spectrale qui, en d’autres temps, s'était révélée apaisante. Il emprunta un étroit corridor débouchant sur une longue passerelle suspendue au-dessus des canyons de fers et de bétons qui constituaient les profondeurs de la planète. A l’autre bout du pont, il aperçut l’esplanade menant aux escaliers majestueux, aux proportions cyclopéennes, du Temple. Des escaliers qu’il avait gravi la dernière fois dans un but funeste. Il s’engagea sur le pont et vit la place envahie par les forces de l’ordre.
Des stormtroopers en armures éclatantes patrouillaient en groupe de trois sous la supervision des nouveaux TR-TT dont la démarche les rapprochait d’inquiétants poulets de métal. Au pied des marches trônait un RT-TT, monstrueux scarabée d’acier, tel un gardien imperturbable.
Un officier impérial fit des gestes en direction de la foule éparse de hardis badauds et une colonne de soldats clones s’avancèrent brandissant de lourds bâtons anti-émeutes.
Pénétrer dans le temple allait nécessiter une approche plus subtile mais cela ne l’étonna guère.
Le crépuscule tomba rapidement. Il se débarrassa de son déguisement. Il glissa furtivement d’ombres en ombres jusqu’à se trouver à un jet de pierre d’une des nombreuses entrées secrètes de l’ordre, espérant que celle-ci n’eut pas été découverte par les stormtroopers.
Sous son casque aux arêtes anguleuses et proéminentes, le monde possédait des teintes écarlates mais il voyait distinctement le pupitre de commande sous une couche de débris. Fouillant dans sa mémoire, il retrouva la séquence codée permettant l’ouverture du sas.
Il s’apprêtait à s’élancer mais se figea lorsqu’il perçut la présence de deux soldats devisant joyeusement.
«Alors ce rendez-vous ?
- Ne m’en parle pas.
- A ce point ?
- Tu vois un hutt ? Bin, pareil mais avec des cheveux.
- Ah ouais quand même.»
Le duo s’éloigna, leurs voix si semblables s’évanouissant dans le vacarme de la rue. D’un bond silencieux, il rejoignit le sas qu’il activa sans difficulté, frissonna quand la porte s’ouvrit dans un chuintement sinistre. A l’intérieur du temple, un silence mortuaire régnait, à peine troublé par le bruit de ses bottes sur le marbre ébréché et de sa respiration métallique, caverneuse, hésitante.
Sa cape claqua dans l’air tandis qu’il marchait d’un pas décidé entouré d’une sphère de confusion destinée à divertir les rares patrouilles. Mais le bâtiment était vide. Désespérément vide. Tristement vide. Les souvenirs affluaient. L’époque de la joie de vivre imprégnant les murs avait cédé la place à une ère de souffrances. Les larges colonnes magnifiquement ouvragées portaient les stigmates de ce changement abrupt ; là de la suie courait sur les murs, traces d’incendies, ici des impacts de lasers et là encore, des éclaboussures de sang innocent que l’on avait lavé sans conviction. La culpabilité le prit à la gorge mais il continua, s’apercevant que l’Empire avait saccagé le temple laissant juste ça et là des marques de son passage destructeur comme un témoignage d’un passé, et donc d’un futur, portant désormais son immonde empreinte. Son poing artificiel se serra.
Il avait causé cet avènement contre-nature et il était là pour expier ses fautes. A la fin ; il goûterait peut-être au repos dans les bras de la mort, là où dans sa colère aveugle il avait précipité son amour et la galaxie. Prenant un couloir, étrangement intact, il pénétra dans un petit local baignant dans la lumière crépusculaire filtrant à travers un vitrail fêlé. Un droïde escrimeur si semblable aux terribles magna-gardes séparatistes, servant pour l’entraînement des padawans, gisait éventré, ses circuits carbonisés s’étalant sur le sol poussiéreux. Il s’en approcha, caressa doucement l’ovale terne figurant la tête du robot. Puis il se dirigea vers un pan de mur où étaient accrochés des râteliers. Ses doigts frôlèrent une petite anfractuosité et un compartiment secret apparut. Il siffla de contentement.
Cela avait échappé aux clones du 501iéme régiment.
Fièrement rangés, des sabres lasers attendaient que quelqu’un vienne s’en servir. Il en choisit un à la garde simple et l’alluma. Une odeur d’ozone s’éleva. La lame jaune crépitait, palpitait.
La vengeance était à portée…