Voilà, enfin j'ai fini ce chapitre, qui est... long.
Mais j'espère qu'il vous plaira autant qu emoi j'ai eu plaisir à l'écrire
Pour faciliter la lecture, j'ai divisé le chapitre en plusieurs parties.
Prenez votre temps pour lire, surtout
Bonne lecture
PS : J'ai fait un test, et le tout ne tient pas sur un post
il manque genre une page
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Chapitre 10 - Les abymes de la vengeance
Partie I – L’apogée de la Guerre
A la nuit et la brume, vint se mêler une pluie violente, qui s’abattit sur Coruscant tel un léger voile fragile et transparent. Mor resta observer, debout devant la longue baie vitrée de la Chambre du Conseil, la tempête marteler l’étendue urbaine, plongée dans la nuit, et son regard se perdit loin devant lui… Dans la Force, il entendait le vacarme oppressant de la bataille, les cris retentir au plus profond des entrailles de la guerre. Il y voyait nettement des flammes embraser la ville, inonder les cœurs des wookies et les batteries des Roths. Quelques heures plus tôt, il assista sans surprise à la venue du croiseur de Kial, et eût un léger sourire à l’idée que la bataille battait son plein, par sa faute, mais si loin de lui…
C’était une de ses choses qu’il affectionnait avec bonheur : savoir la pourriture du monde, et savoir d’où elle venait : de lui.
Ses longs doigts couverts de verrue et de cendres se plongèrent dans l’une de ses poches, son regard toujours égaré dans l’océan de flammes qui s’offrait à ses yeux.
Puis, lentement, délicatement, baissant ses yeux sur ses mains, il sortit de sa poche la Pierre de Karrun’Hal qui s’illumina aussitôt d’une lumière aveuglante qui s’étendit sur toute la Chambre du Conseil, et environna le Temple Jedi, repoussant la nuit et ses ombres.
La lumière sembla se calmer quelque peu, et se concentra autour du long corps de Mor. Sous son masque, ses yeux s’illuminèrent d’une lueur dorée. Il remit la pierre dans sa poche, et le silence pesa à nouveau dans la pièce, baignant son calme et son mystère dans les eaux noires de la nuit.
Dehors, la pluie continuait de battre la mesure, frappant violemment le verre de la baie vitrée du Conseil, ruisselant sous le regard perdu de Mor.
Seul ses battements de cœur, tel un horrible requiem, percussions lourdes sous sa poitrine, tressaillant d’impatience, rompirent le silence.
Mor attendit que la grande porte s’ouvre derrière lui. Il entendit un claquement net dans les ténèbres, et se retourna, lentement, sa longue robe balayant le sol, une lueur dorée d’un tonnerre lointain illuminant la scène une seconde. Il fixa Whills de ses yeux jaunes, et sa gorge au souffle rauque se tordit en un petit rire froid, qui répandit une atmosphère glaciale dans la petite pièce.
Il regarda, sans bouger un seul os, Whills faire quelques pas vers lui.
- Quelle bonne surprise, quoique je m’y attendais un peu…
Whills empoigna son sabre laser et une courte lumière jaune s’échappa du manche, tenu par ses doigts gourds, éclairant son visage : le nain porta ses yeux d’or vers la longue ombre de Mor, qui activa son sabre à son tour.
Le Sith ne cessait de rire et son ricanement ne s’était pas encore tout à fait tût dans les ténèbres quand Whills bondit vers lui, son sabre sifflant dans les airs.
Une bourrasque d’éclair tempêta dans la chambre du Conseil. Puis le noir revint, et les sabres crépitant restèrent immobile dans l’obscurité : croisés, lumineux, s’imposant entre les deux sombres regards qui s’observèrent.
Whills sauta au-dessus de Mor, fit danser son sabre, para quelques rapides coups dans le vague, et ses pieds trouvèrent le sol de la chambre, alors que la lueur jaune de son sabre tournoyait dans l’obscurité. Ses deux mains crispées sur le manche, il fit de longs gestes de gauche à droite, de bas en haut, sa lame effleurant parfois celle de son adversaire, et à chaque collision des éclairs jaillissaient dans la pièce.
Mor adopta le Arh Ki un instant mais se résigna au Telashtken, préférant se concentrer sur les mouvements de son ennemi plutôt que sur son sabre. Ses yeux suivirent alors les pirouettes aériennes de Whills, ses pieds pivotant un peu en arrière et en avant, son sabre presque à l’abandon dans ses mains. Du moins pendant une seconde.
Plus d’une minute s’écoula, durant laquelle le combat se fit plus violent.
Whills et Mor décrivirent un long cercle dans la chambre : leur lueur ne cessèrent de s’entrecroiser –comme leur regard- la haine de l’un s’abattait sur l’autre, dans un grand bruit de vent. En reculant d’une belle pirouette maîtrisée, le sabre de Whills brisa la baie vitrée et des bris de verre cinglèrent le sol, et tombèrent sur les toits du Temple.
Mor s’approcha, et la tempête ruissela dans la pièce, et fouetta sa longue robe.
Il y eut un court silence. Les pieds de Whills firent quelques pas sur les fracas, et il n’entendit plus que le crépitement de son sabre, et celui de son adversaire. Il leva sa tête, et aiguisa son regard, balafré par le Côté Obscur. Il sentit la colère se répandre dans ses veines, lui faire respirer l’odeur de sa mort, vider son âme de toute pensée…
La douleur lui courba la dos, et brûla ses yeux. Ses larmes se mêlèrent à sa sueur, et il supplia à la Force de dresser son bras…
Il voyait déjà le sabre de Mor s’abattre sur lui, tel un éclair rugissant.
Il plongea alors dans le Côté Obscur. Il se sentit comme dans un bain de glace, s’engouffrant dans ses os, mais quelque part, il y trouva une force, au recours aisé, mais chaque pas qu’il engageait vers la route des ombres, la douleur se faisait plus puissante.
Il tenta de respirer une bouffée d’air frais, volant un peu d’oxygène à un souffle de vent qui passait devant lui.
- Tu as peur, n’est-ce pas, Whills ? Je sens la peur se mélanger à ta colère… Le sens-tu toi aussi ? Sens-tu à quel point le Côté Obscur peut te faire souffrir, quand tu n’accepte que son aide ? Pour me terrasser, il faudra plus que l’effleurer… il faudra s’y plonger tête la première.
Il dressa son sabre et fit un pas en avant…
- A moins que tu préfères mourir ?
Whills leva ses yeux vers l’ombre froide de Mor, éclairée par sa lame rougeoyante, dansant dans la nuit… A son tour, il dressa son sabre et se mit en position du Shien.
Il plongea dans le Côté Obscur, corps et âme, jusqu’à ses plus profondes pensées, ses plus lointains souvenirs. Le beau sourire de Nikita jaillit d’entre les eaux de sa mémoire, et il sentit soudain ses pieds se dérober au sol.
Les deux lames se croisèrent violemment, et une tornade d’éclair gronda dans la chambre –le poignée de Whills se tordit, et sa main douloureuse lâcha son sabre qui roula par terre avant de tomber par les vitres cassées.
Un cri déchira le silence.
Whills sentit la Force l’abandonner : tel un vampire, Mor s’abreuvait de ses souffrances.
Il sentit son corps repoussé par les pouvoirs du Sith… il sentit le vent s’engouffrer dans son âme… avant du chuter, chuter interminablement…
Au beau milieu de Coruscant, le combat semblait avoir pris fin. Un nain tombait de la plus haute tour du Conseil, sa chute admirée par la plus ténébreuses des ombres…
* * *
Drewie réussit de justesse à franchir le mûr de Karrus qui s’était dressé en un instant sur sa trajectoire. Son aile gauche était salement amochée, et l’arc chancelait dans les airs, une longue fumée noirâtre s’échappant de son réacteur bâbord.
Il se mêla aux Poils-Bruns, sans un mot dans les transmetteurs, sans un signe à travers la verrière, sans rien.
Le combat n’était pas aux Poils-Bruns. Ni aux Poils-Blancs.
Le combat était aux wookies.
Sebulka et Dullcka le rejoignit et l’escadron accéléra un peu, s’éloignant du gros du combat, où les Poils-Bruns semblaient exceller.
Un chasseur opuchien apparut dans leur radar, alors qu’ils sortaient de la masse noirâtre de nuage, tentant vainement d’apercevoir les combats au sol.
A l’intérieur du chasseur opuchien, Khanna pianota sur les commandes de bord et parla en sa langue dans les transmetteurs.
- Ou est Takka ?
Les transmetteurs grésillèrent avant que Drewie ne donne sa réponse. Il jeta un coup d’œil furtif au vaisseau qui le collait : à l’intérieur, une belle wookie poil-brune le fixait, l’air inquiète et désemparée.
- Vous le connaissez ? Vous êtes qui ?
Les quatre vaisseaux survolaient les hauts immeubles de Galactic City, plongés dans la nuit et le silence. Il perdirent de leur radar toute trace de la bataille, mais quelques ombres froides semblaient se profiler dans l’étendue de flammes lointaines…
Dans la Force, Drewie sentit que son maître combattait avec vigueur les armées Roths près du Sénat…
- Il est là-bas !
Dullcka et Sebulka se mirent en position, redressèrent un peu leur trajectoire, et accélérèrent. Devant eux se dressaient le dôme embrasé du Sénat, et l’excitation d’une nouvelle bataille.
- Merci de nous prêter main forte ! dit Drewie à ses transmetteurs. On en avait bien besoin !
Khanaa ne répondit rien. A travers la verrière, Drewbacca vit qu’elle entrait dans les longs quartiers qui menait au Sénat, déployant ses ailes dans une sublime volupté féminine.
Takka jeta son dévolu sur un Roth qui le fixait des yeux : il déploya ses Ten Shu de sa ceinture dorsale et les fit tournoyer dans les airs, tout en bondissant sur la machine.
Il décapita le Roth et sabra une bonne partie de sa poitrine, prit appui sur son cou brisé, et sauta vers sa prochaine victime.
Tout autour du Sénat, les wookies, restreint à une vingtaine après le massacre du hangar, prirent arcs et arbalètes et traversèrent un long boulevard. Leur odyssée nocturne fut accueilli à bras ouvert par un armada de Roths, crachés par les immeubles, découverts par les cieux, et cachés dans la nuit…
Thry et Takka étaient côte à côte. L’arbalète de la wookie faisait des ravages sur sa route : précise, souple et délicate, elle décochait ses lasers avec une grâce féminine et une efficacité qui fit rougir les mâles wookies.
Elle jeta un coup d’œil sur le Sénat devant elle, vérifia que la petite pâquerette fixée entre les ressorts y était toujours, et remarqua qu’il lui manquait plusieurs pétales. Elle grogna et dressa son arbalète, tout en avançant sur les pavés de la rue.
Tout au long du boulevard, des centaines de speeders gisaient morts, rugissant encore de flammes agonisantes. Des cadavres serpentaient la rue mais la plupart était entièrement brûlé, et leurs ombres baignaient dans les lueurs de la guerre...
- Thry ! fit Takka en la rejoignant au carrefour d’une rue piétonne. Je vais m’occuper des toits ! Dirige l’assaut du Sénat à ma place !
Takka eut un soudain frisson en entendant le grognement viril de Thry (on aurait un lion qui triomphait d'un escadron de rancors) et lorsqu’il leva les yeux vers elle –elle mesurait une trentaine de centimètres de plus que lui-, il fut surpris de voir le visage de la wookie lui faire les yeux doux, clignant des yeux et usant de son charme particulier.
- T’arriveras pas à éblouir les Roths avec du mascaras de Katarns ! souffla Takka, escaladant les premiers étages du plus hauts des grattes ciels.
Thry s’éclaircit la gorge.
Hummmm Hummmm…
Posa violemment ses mains sur son arbalète laser.
Chlac.
Fronça les sourcils vers le bataillon de Roths.
Puis bondit vers la grande voie et mena l’attaque, ses pas cognant la route bosselée.
Boum Boum Boum Boum…
Lumakhan trouvait les chasseurs opuchiens peu confortables.
Il bougea son arrière-train sur le cuir du siège, et observa au-delà de la verrière la bataille qui se profilait sous lui.
Son vaisseau chancela sous un nuage de poussière, et il entrevit le corps de Nanalorkhan disparaître, enfoui dans les cieux…
Il grogna et prit les commandes d’une seule main. De l’autre, il guida ses rayons lasers sur le long chemin semé de Roths et d’explosions.
Il tournoya sur lui-même, évitant les flammes et les cadavres avec brio. Il jeta un coup d’œil rapide au radar : trois de ses hommes le soutenaient.
Il eut un bref sourire, et se demanda comment marchait les transmetteurs. Il avait beau aimer la mécanique, celle des arbalètes, des flûtes wookies, la cuisine et la chasse, les millions de commandes qui accueillaient son regard perdu lui étaient totalement inconnu. Il compta six molettes, quatre-vingts et quelques boutons, douze vecteurs, deux écrans tactiles, et un armada complet de mynocks déguisés en claviers… mais les bibs bibs qu’ils lançaient frénétiquement n’avaient rien en commun avec leur cris peu mélodieux ou le piano wookie de Kiabelpkhan.
Lumakhan se jura de mettre à feu et à sang tout le chasseur, et ses milliards de complications, une fois la bataille finie.
Sur ce, il frappa un coup sec sur les commandes de bord, et grogna qu’il regrettait le confort de son Luma-Speeder…
Il fit prendre un virage serré à son chasseur, et pressa la première détente à portée de main : et un Karus explosa devant lui.
Sous la chaleur étouffante de son cockpit, il sifflota une petite marche entraînante, pour se donner du courage. Il décrivit un cercle autour d’un escadron perdu de Karrus et lâcha une torpille. D’un air excité, il jeta un coup d’œil au radar : une quinzaine de lumières venaient de s’éteindre de l’écran.
Il pénétra dans un océan de nuage et remarqua que l’une de ses ailes avait très mal vécu les premières minutes de combat. Un ruisseau de sueur se perdait dans sa touffe brune broussailleuse, et il regretta les bains frais de Khanna les soirs d’été.
Soudain, en pensant elle, son cœur fit un bond, et il dériva un peu de sa trajectoire, avant de se raviser.
Un des moments qu’il affectionnait avec soin, était ce genre d’instant : seul, comme perdu, il voyait en lui le beau visage hirsute de la wookie, son léger sourire à mi-chemin entre la moquerie et la compassion, ses yeux fins qui semblaient cacher ses pensées, et son beau corps sublime, qu’il porterait sur toutes les braises et toutes les flammes qui s’imposeraient.
Il se tût quand ses enceintes grésillèrent. Une seconde plus tard, la douce voix de Khanna résonna dans le cockpit, et malgré la netteté et les ronflements aigus des transmetteurs, Lumakhan buvait ses paroles…
- Luma ! On dirait qu’on a besoin d’aide, ici !
- Penses-tu qu’ici c’est une partie de chasse au Folians ? grogna Lumakhan.
Il ressentit une forte douleur à la poitrine, et fronça les sourcils.
Ce qui l’énervait au plus haut point, c’était qu’il n’arrivait jamais à discuter calmement avec Khanaa. A chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il ne pouvait que grogner, ou beugler qu’il se foutait d’elle, de ce qu’elle pensait, faisait ou allait faire…
Il promit à sa prochaine phrase d’être courtois et charmant.
- Tous les Gris sont ici, Luma, je vais avec l’un d’eux sur les toits ! fit la wookie comme si elle n’avait rien entendu.
Le chef des Poils-Bruns faillit s’étouffer.
- Quoi ? Tu sympathises avec eux ? Tu es seul avec « l’un d’eux » ? reprocha-t-il en grimaçant.
- Tu es impossible ! lança Khanna.
Lumakhan pensait que s’il n’avait ni poils, ni peau brune, il aurait rougi jusqu’à l’os.
- Fais ce que tu veux, je m’en fout.
Il donna un grand coup aux transmetteurs, coupant net la conversation, et le regretta aussitôt.
Il soupira et fit prendre une nouvelle direction à son chasseur.
Bon, quand faut y aller…
* * *
Le double sabre de Plagueis sembla embraser la tempête d’une longue flamme rougeoyante. Le vent souffla un moment sur le toit, caressant leur toge d’une brise légère, effleurant leur regard dans l’obscurité de la nuit. La brume épaisse environnait le croiseur opuchien. Une douce lumière éclaira un peu leurs faces sérieuses, avant de s’éteindre sous les ombres de quelques lointains chasseurs…
Le son du crépitement des deux sabres cacha le battements de leur cœur, tandis que Léo et Plagueis, dans un silence pesant, avançant lentement, l’écart entre les deux corps plongés dans la nuit se rétrécit, avant que, presque soudainement, les lueurs de leurs sabres semblaient dialoguer un long moment…
Leur yeux se croisèrent. Léo déglutit avec difficulté. Plagueis haussa son visage fantomatique, et, brusquement, telle une ombre blanche, son corps se mêla à la nuit et deux lumières tournoyèrent au-dessus de lui…
Léo se mit automatiquement en garde, et tenta de se remémorer rapidement les conseils de Yoda…
Toujours mobiles –facile à dire, pour lui…
Toujours à bonne distance de son adversaire.
Toujours prêt à se mettre en garde.
Il se souvint de six ou sept recommandations de son maître, mais se dit qu’il était inutile de réfléchir pendant un combat contre un Sith.
D’ailleurs, pendant qu’il calculait des doigts les consignes de Yoda, son sabre glissa de ses mains moites et tomba par terre.
- Zut ! ! !
Il eut tout juste le temps de se baisser, sentant la lame rapide de Plagueis déchirer sa toge, et fit une galipette ridicule qui lui fit perdre l’équilibre, mais par chance, la seconde lueur passa juste en dessous de lui.
Le postérieur presque à l’air, accroupi derrière Plagueis, il pensa soudainement que Yoda ne lui avait pas expliqué comment agir avec un sabre perdu, les fesses respirant la nuit, et un Sith qui l’observait avec pitié.
Il espéra que Plagueis lui donne son sabre sans broncher, mais se résigna : c’était son premier vrai combat, sans Yoda, sans Dar-Dar, et il n’avait pas prévu ça.
Dans sa tête, il aurait décousu une armée de Sith sur dos de Rancors féroces.
En réalité, Plagueis bondit vers lui et pointa un bout de son sabre.
Léo plongea dans la Force en même temps qu’une cabriole l’épargnait de tous danger. Jusqu’à ce que Plagueis revienne à la charge…
Léo sentit son sabre revenir à ses mains, s’allumant en plein vol, et deux lueurs s’entrecroisèrent, un nuage d’éclair encerclant les deux hommes.
Une pléiade de coups s’ensuivit : la rapidité de Plagueis se mêlant aux tentatives maladroites mais chanceuses de Léo. Les sabres ne cessèrent de se frapper, et, dans la nuit, alors que la pluie se faisait plus violente, le combat commença véritablement…
Partie II – Karrun’Hal
Le jour se levait sur Coruscant, en même temps que mille galaxies se réveillait, bien loin des affaires du Sénat, et bien trop proche de la Guerre qui avançait à vitesse lumière.
Suivant les courbes parfaites et nettes des longs boulevards de Galactic City, Maître De Kan, droit comme un i, marchait d’un pas majestueux, en compagnie de Maître Dias Ki, courbé, pensif et jetant de discrets regards vers les piétons.
Au dessus d’eux, ils entendaient la rumeur quotidienne des speeders qui serpentaient les larges routes et la longue plaine urbaine qui s’étendait à perte de vue.
De Kan, caressant sa barbe comme si elle recelait de lourds secrets, révélait sans peine son inquiétude. Dias Ki, levant ses trois yeux et sa peau mate vers le Jedi, huma un peu l’air polluée de Coruscant et dit de sa voix gutturale :
- Es-tu certain que c’est Whills ? Tu l’as peut-être mal interprété… ce serait étonnant qu’il s’agisse de ton padawan !
- Ou peut-être que non : c’est la Force qui a décidé de tout… Karrun’Hal ne fait qu’obéir à ses désirs. Tout est lié, tout est lié par la logique : d’abord moi et Shoah –enfin, Cyclon, devrais-je dire, ajouta De Kan en grimaçant.
- Ensuite vos deux apprentis… mais l’Ancien s’est peut-être trompé…
- L’Ancien ne s’est jamais trompé, non ? demanda De Kan. Mais selon lui, la Pierre hésitera entre nos deux apprentis. Nous savons que Shoah a sous son aile un adolescent… un humain de Silismari, non ?
- Les Sith ont de l’avance sur nous, fit remarquer Dias Ki en ralentissant le pas, observant de ses trois yeux les hauts immeubles gris du Quartier des Affaires.
Ils étaient seuls dans la rue, ou presque : quelques droids nettoyaient les pavés et d’autres lavaient les vitrines sous l’œil attentif des commerçants qui s’affairaient au lent réveil de Coruscant.
- Ce qu’ils font sur Desdan n’a rien à voir avec la Pierre… Shoah ne sait pas où elle est, je suis le seul à savoir où elle se trouve, fit De Kan.
- A priori…
Un des yeux de Dias Ki dévisagea De Kan, tandis que les deux autres observaient le long quartier matinal.
- Je suis le seul, Dias. Et je n’ai aucune envie de toucher à cette chose.
- Et Whills ? Il viendra bien un moment où Karrun’Hal sera entre ses mains.
- Et un autre où elle sera en possession de l’apprenti de Shoah. Tout se jouera sur cet instant, selon l’Ancien…
Dias Ki se tapota le menton. Ses quatre doigts prirent l’épaule de De Kan et tous deux s’en allèrent vers le Temple.
- Ou est-elle, cette Pierre ? demanda enfin Dias Ki après de longues minutes de silence, leur marche s’éternisant dans les ruelles sombres de Galiu.
- Sur Silveria. C’est une lointaine planète, où j’ai trouvé la plus merveilleuse des cachettes (un beau sourire se dessina sur son vieux visage ridé et barbu)…C’était bien la seule planète où Shoah ne pouvait pas la trouver. Le Berceau de la Force… difficile d’apercevoir une lueur dans un bain de lumière…
Dias Ki acquiesça. Ils montèrent lentement le long escalier vers le Temple, et Dias prit le chemin de la chambre du Conseil, tandis que De Kan promit d’y être dans les prochaines minutes. Sa mission sur Desdan devait commencer dans la journée…
Il n’attendit pas longtemps avant de voir Nikita Ors entrer dans le vaste hall du Temple, son sourire réchauffant un peu son cœur.
Ses cheveux volaient dans la brise légère des aérateurs. Son magnifique corps, portant son radieux visage sur un cou orné d’un bijoux Naboo, se fraya un chemin dans les foules et, enfin, Nikita arriva devant lui en reprenant son souffle.
- Ouah… on a vu une petite course avec Zyde… le Dol’ était presque en vitesse lumière autour du Sénat !
- Ou est Whills ?
L’inquiétude de De Kan ramena un peu de sérieux au beau sourire de Nikita. Celle-ci répondit aussitôt :
- Il va arriver. Il a promis à Zyde de s’occuper du réflecteur avant : Desdan c’est loin, mais le Dolean devrait tenir le coup.
Elle croisait les doigts, tandis que De Kan se penchait sur elle en murmurant…
- Et quant à ce que je t’ai dit hier…
- Ne vous inquiétez pas maître : je n’ai rien dit à Whills. Je comprend très bien… mais…
- Mais quoi ?
Nikita baissa ses yeux vers le carrelage du Temple, et dit de sa petite voix féminine, l’une de celle qui désarme les hommes :
- Vous allez combattre ce… Cyclon.
- C’est que je dois faire, je ne pourrai fuir, cette fois…
- Et cette Pierre ? Elle est sur Desdan ?
- Non. Je ne dirai pas où elle est, ce serait bien trop dangereux… elle trouvera Whills, je ne pourrai rien faire pour empêcher ça… Mieux vaut lui que... enfin, je peux rien te dire.
- Je comprend, Maître. Ou en fait non, je ne comprends pas, mais j’essaierai au moment venu. Je serai toujours avec Whills, je ne le quitterai pas. C’est mon ami, c’est comme un frère, et vous…
Elle serra De Kan dans les bras.
- Vous êtes comme un père.
Etouffé dans un chagrin intérieur, De Kan pensa soudain que c’était la dernière fois qu’il posait les pieds sur le Temple.
Il pensait aussi que pour la dernière fois, il serrait Nikita dans ses bras, et que son combat contre Cyclon avançait à grands pas…
* * *
Des gouttes de sueur perlaient au bout du nez aquilin de De Kan. Ses yeux continuèrent d’observer la danse macabre de Darth Cyclon. La lueur rouge de son sabre crépitait, tel une flamme dans la brume, dans le silence pesant de la Cathédrale de Desdan.
- Tu t’es amélioré, on dirait, à la maîtrise du sabre, non ? fit la voix lasse de De Kan.
Le vieil homme était à bout de force. Il tentait de cacher à Cyclon sa fatigue douloureuse. Son sabre semblait avoir évacué les moindres énergies qui subsistaient en lui. Il dévisagea la face noire de Cyclon, et ce dernier soutint son regard.
- Dis-moi où est la Pierre, fit sa voix rauque.
Les épaules de De Kan se baissèrent sous le poids de la souffrance. Plus tôt, un coup latéral de Cyclon avait calciné son épaule, et sa hanche douloureuse lui fit courber l’échine.
Il sentit dans la Force que Cyclon n’éprouvait aucune fatigue, au contraire, il s’abreuvait de chacune de ses faiblesses. C’était un des plus merveilleux pouvoirs du Côté Obscur.
Il réussit toutefois à esquiver l’estocade rapide de Cyclon, et bondit derechef hors de sa ligne de mire. Son sabre tournoya, et, dans la cathédrale, une pluie d’éclair s’abattit sur le combat…
Cyclon força l’assaut de courts gestes adroits qui redoublaient de violence à mesure les secondes s’écoulaient, courtes, rapides, et silencieuses. Il dirigea un coup sauvage vers l’épaule calcinée de De Kan. Le maître tourna sur lui-même, sentant alors la chaleur ardente du sabre du Sith lui brûler la joue.
Son cri s’éteignit dans les ricanements aliénés de Cyclon, et se perdit dans l’écho de la nuit qui pénétrait la Cathédrale par les brèches de ses vitraux brisés.
La Force permit à De Kan de rester debout, mais tout juste. Un ruisseau de sueur parcourait sa nuque et s’égarait le long de sa collone vertébrale… Il tenta de respirer un peu de l’air glacial et pestilentielle qui voletait dans la brume de la cathédrale.
Il n’en eut pas le temps : le sabre de Cyclon tournoya autour de lui et il para avec difficulté le coup latéral qu’imposa la rapidité du Côté Obscur.
S’ensuivirent trois coups d’une violence croissante et inouïe.
Le premier lui fit perdre l’équilibre : en pointant son sabre vers le haut, son corps se pencha en arrière, mais il parvint à se raviser de justesse.
Le second, comme déployé par le plus vil des serpents, se fraya un chemin dans la brume, et frappa le sabre de De Kan avec une telle sauvagerie que le poignée du Jedi se tordit.
Le troisième était à la fois l’apogée du combat, et la fin. Un coup vertical qui souleva un nuage de poussière, se noyant dans la brume, dans un éclair de flammes ardentes… Un coup d’une précision remarquable, dont seul un Sith surpuissant aurait été capable. Un coup, dont le crépitement furieux chantait la mort d’un fils, l’instinct de revanche, et l’invasion du Côté Obscur.
Le sabre de De Kan s’éteignit dans la brume, avant de tomber des mains du Maître Jedi. Son cri s’étouffa dans la souffrance. La souffrance d’une blessure intérieure.
Il tomba sur le sol froid de la Cathédrale, et fixa le regard fou de Cyclon, qui l’observait.
Le sabre du Sith effleura l’aura de De Kan, tandis que la voix rauque et souterraine de Cyclon résonnait dans les hauts mûrs de l’église.
- Ou est la Pierre ?
Son sabre crépitant n’était plus qu’à cinq centimètres des yeux grands ouverts de De Kan. Si près que la Jedi sentait la lame brûler sa peau.
- Ou est-elle ? répéta Cyclon avec patience.
Son sabre parcouru le corps de De Kan, et s’arrêta à quelques millimètres de son genou. Puis, d’un coup invisible, sa lame pénétra dans sa chair et les hurlements de De Kan percèrent le silence de la Cathédrale.
Quand le sabre du Sith se dégagea du genoux cautérisé du Jedi, il cria d’une voix inhumaine, semblant provenir du plus profond de ses poumons :
- Ou est la Pierre ! Ou est-elle !
Le Sith laissa sa fureur guider ses mains. La lame rouge de son sabre serpenta les airs et dessinèrent sur le ventre de De Kan une longue plaie, sous la fureur de ses cris…
Le corps du maître était parcouru de blessures et de flammes. Puis les éclairs de Cyclon semblèrent l’avaler tout entier.
Il sentit la mort l’envelopper peu à peu… Il sentit que son esprit s’ouvrait comme une porte qu’on dégondait… Il sentit que Cyclon pénétrait dans son âme comme une lame de sabre laser pénétrant dans une plaie…
- Silveria… la Pierre… est sur Silveria… fit Cyclon, ses paupières noires tombant sur ses yeux jaunes, des rides de son affreuse face dessinant une horrible grimace…
Les larmes de De Kan se mêlèrent à sa sueur, et, alors que Cyclon finissait de sonder son esprit, il sentit une ultime fois la lame ardente du Sith plonger dans sa chair.
Son cœur explosa dans sa poitrine. La Mort l’étreignit, et De Kan succomba.
* * *
Le speeder de Darth Mor serpenta les canyons de Silveria, avant de s’engouffrer dans un cratère, plongée encore dans la nuit, alors que le matin environnait la longue Tour de Commandement.
Sa cape volait derrière lui à la guise du vent. Sous son masque mortuaire, ses yeux jaunes observèrent le profond entonnoir qu’étaient les mines. Les Roths se promenaient sur les parois rocheuses, et les Creuseurs, machines armées pour le forage, parcouraient les hauts ponts, accueillant leur visiteur en courbant leur corps mécanique.
Le speeder stoppa sa course devant un rassemblement de Roths. L’officier Evians vint d’un pas lent vers l’ombre froide de Mor et sa petite voix aiguë et tremblotante ne laissant planer aucun soupçon quant à sa peur du Sith et à son inquiétude.
- Je… Bonjour, Seigneur Mor. Vous êtes radieux, aujourd’hui, je…
- Epargnez-moi vos grotesques inutilités, Evians. Je ne suis pas d’humeur à les supporter. Où est le sanctuaire ?
- Heu… oui, pardon, Seigneur Mor. Nous… c’est plus bas.
Mor engagea un rapide pas vers le monte-charge, et fit comprendre à Evians qu’il n’avait pas à l’accompagner : il usa du Côté Obscur pour l’étouffer, et l’officier tomba à terre, toussant et crachant son sang noirâtre sur les pavés du pont.
Mor sortit du monte-charge au plus bas étage, l’esprit toujours embourbé dans une question qui subsistait en lui depuis plusieurs semaines. Comment De Kan avait-il pu cacher la Pierre en ces profondeurs ?
Il eut immédiatement sa réponse. Par ses yeux, et par la Force.
Autrefois, il y eut un sanctuaire. Ce jour-là, le sanctuaire était plongé dans la roche, et quelques pierres dépassaient de la terre rongée par les Creuseurs. C’était un haut bâtiment lumineux, accueillant ses visiteurs d’une grande porte métallique, et d’une importante brèche taillée par les sabres des Roths.
Et dans la Force, Mor sentit qu’un long chemin se promenait dans la roche, dont l’entrée devait se trouver à… cent kilomètres, jugea-t-il. De Kan avait suivi un chemin jusqu’au sanctuaire.
Les Siths avaient employé la manière forte, se dit Mor en faisant signe aux centaines de Roths et de foreurs de quitter le terrain.
Seul, il trouva un chemin facile parmis les pierres et les statues brisées. Il entra dans l’ombre du Sanctuaire.
Une lumière intense l’aveugla alors, tandis qu’il posait le pied sur les pavés du sol poussiéreux. La lumière se propagea au-dessus des mines et inonda le canyon de Silveria.
Puis, peu à peu, la lumière s’évanouit, jusqu’à guider Darth Mor vers elle.
Sous son masque, ses yeux la dévisagèrent. Il posa la main sur elle, et ne sût dire si son contact était chaud ou froid. Ce qu’il savait, c’est qu’un pouvoir obscur l’envahissait, de ses mains jusqu’à sa tête, qui électrifiait son cœur, et qui soufflait sur son âme…
Il remarqua que la petite pierre était extraordinairement polie. Mais là où il s’attendait à voir son reflet, son masque mortuaire briller sous la lumière étincelante, il vit le visage de Cyclon, suant, les yeux exorbités, levant fébrilement sa lame rouge vers lui.
Il se vit lui donner la pierre.
Il se vit combattre son maître, quelques minutes plus tard.
Il se vit gagner le combat, sous le regard apeuré de Cyclon.
Et enfin, il se vit frapper Cyclon de toutes ses forces…
Il observa son maître tomber dans les Abymes de sa vengeance, disparaissant sous la masse nuageuse des cieux de Silveria…
Puis, ce fut comme si la face de la Pierre lui faisait voir une mer agitée, des vagues ondulaient devant lui, et il reconnut, d’entre les ombres et les lumières, une scène qu’il avait vécu quelques années plus tôt.
C’était un beau jeune homme, grand, élégant. De longs cheveux bruns et bouclés tombaient sur sa nuque et sur sa longue toge noire.
Il regardait son maître avec une admiration des plus pures. Tout en lui était sujet à être adulé : sa voix, forte et autoritaire, sa force, invincible et magnifique, sa présence, rassurante et silencieuse…
Il posait sur lui ses beaux sentiments, celle d’un fils envers son père.
Il sentit les yeux de son maître l’observer avec effroi.
La main de Cyclon prit son visage et le déchira.
Mor mit la Pierre dans sa poche. Il sortit du Sanctuaire. Il caressa son sabre et son masque. Il prit le monte-charge et alla retrouver son maître dans la Tour de Commandement.
* * *
[Ce document sonore provient des archives Jedi, de la piste numérotée 2344b89, et présente la Pierre de Karrun’Hal, telle que l’a décrit Maître Doylee, d’après ses informations de sources diverses. Le document a été édité ultérieurement.]
La Pierre de Karrun’Hal fut forgé dans les profondeurs de Silveria, par Karrun’Hal lui-même, qui à cette époque étudiait la Force à sa source elle-même.
L’âge où Karrun eut élaboré ce morceau de cristal de Memorite remonte aux Anciennes Espèces. L’histoire de sa vie constitue l’une des plus longues légendes Jedi, et c’est encore l’une des plus intéressantes.
[Pour plus d’informations, consulter le dossier numéroté 456h8]
Le pouvoir de la Pierre dépend de son porteur. Et lorsque Karrun’Hal mourut, dans le sanctuaire de Silveria, son assassin lui vola la Pierre et jouît alors d’un pouvoir sans merci. Il parvint à contrôler la Force comme nul autre, mais la Pierre lui fut volé par le premier des Jedi.
On ne connaît ni son nom, ni sa race, ni même ce qu’il était : une femme, un homme, de quelle planète venait-il… toutes ses questions resteront sans réponse à jamais.
[…] Grâce au pouvoir de Karrun’Hal, l’ordre Jedi était né.
Et ce fut quelques siècles plus tard, que la Pierre fut retrouvé dans les archives Jedi par deux jeunes padawans : Shoah et De Kan.
L’incident se déroula pendant la Grande Guerre des Siths, quelques trois milles ans avant la Bataille de Yavin.
Shoah devint un Sith, connu plus tard sous le nom de Darth Cyclon, disparu peu avant la Bataille de Silveria. Nul ne sait ce que devint la Pierre.
[Ce qui suit est une description très détaillé de l’élément 2344b89.]
Partie III - D'une pierre deux coups
Le chasseur de Drewie se posa sur le toit d’un haut immeuble gris, un de ceux qui ne semblaient avoir d’autres utilités que de gâter le paysage urbain.
Il sortit en détresse de son cockpit, jeta un coup d’œil rapide à son aile amochée, et se dit qu’il n’avait jamais été si heureux : enfin il était débarrassé de l’inconfort du vaisseau.
Le jeune wookie courut vers Takka et Khanna, grognant que cette bataille était des plus fatigantes, et demanda à son maître si tout allait bien.
Takka lui raconta la trahison des deux Jedis et la mort de Chiktabba, et celles de plusieurs autres wookies.
Khanna éprouva sa peine, tandis que Drewie maudissait les deux traîtres.
Leur rapide dialogue fut interrompu par un tapage orchestral, qui leur brisa les tympan : des crissements de métal, le crépitement grave d’un sabre laser, et un cri humain qui s’évanouit dans les rumeurs de la guerre. Leurs trois têtes firent un quart de tour sur leur cou, et, ébahis, ils entrevirent un Jedi mourrant sous les coups d’un lieutenant Roth.
Les sabres de la créature d’acier s’éteignirent, le Jedi à terre, fier d’avoir mis à tabac le visage ensanglanté du twi’lek. Ses yeux rouges tournoyèrent dans leurs orbites et son radar lui apprit la présence des trois wookies.
Ses sabres s’allumèrent aussitôt, dans l’obscurité de la nuit.
Sans hésiter, Takka prit ses bâtons Ten Shu. Drewie l’imita, tandis que Khanna cherchait une fronde à sa ceinture.
Takka préféra faire bonne figure devant elle, et lui demanda, à elle et à Drewie, de ne pas se mêler au combat. Autant jouer le héros devant la plus belle des wookie, pensa-t-il.
Le Roth enjamba le cadavre du Jedi et accéléra le pas vers eux, dans un grincement de métal sinistre. Ses bras immobiles dans la nuit commencèrent à se mouvoir, et Takka lui présenta sa position Kio, les pieds écartés, ses Ten Shu hissés vers les cieux, comme s’il brandissait deux flammes ardentes qui embrasèrent soudainement le combat.
Le premier coup fut rapide, trop peut-être pour l’analyse du Roth. Trois de ses sabres croisèrent les extrémités des bâtons wookies, tandis que le quatrième tournoyait autour des deux adversaires, avant de s’abattre sur le cou de Takka. Celui-ci bondit hors de portée, jouant d’avec ses armes, profitant de sa dextérité pour vanter son adresse au combat. Il vit avec satisfaction que Khanna lui adressa un beau visage, à mi-chemin entre l’admiration et l’inquiétude.
Le Roth revint à la charge, usant cette fois de ces blasters, que Takka n’eut aucun mal à éviter… avant que les tirs ne se mêlent à la sauvagerie mathématique de la machine.
Alors que quelques centimètres seulement les séparaient, le combat se fit plus rude : l’analyse du Roth était parfaitement exhaustive, et calculait les moindres coups et gestes du wookie.
Ils continuèrent à combattre pendant une demi-douzaine de minutes, sous l’attention de Khanna. Drewie s’était mêlé à la confrontation, mais manquait de force face à celle du Roth, qui lui n’avait aucun mal à se soucier de deux adversaires. Ses gestes sans bavures contrecarraient sans difficulté les quatre Ten Shu qui voyageaient autour de lui.
Mais en moins d’une seconde, le combat prit un virage serré. Drewie testait sa garde Okioo, qui d’habitude faisait des merveilles dans les rangs Folians, mais le Roth, d’un magistral coup de pied, le repoussa cinquante mètres plus loin, au bord des toits. Deux de ses sabres, à l’inouïe violence, fit perdre l’équilibre à Takka, qui perdit ses Ten Shu.
Ceux-ci allèrent se perdre dans les cieux, et tombèrent au-delà de l’immeuble.
Takka, désarmé, tomba en arrière, tentant vainement de reprendre pied. Il entendit les cris de Khanna venir aux tympans du Roth, mais celui-ci ne s’en soucia guère. Il resta observer un instant le wookie immobile. Puis ses deux bras supérieurs levèrent leur sabre laser et s’abattirent sur Takka.
-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrhhhhhhhhhhhhh
Une explosion intense et invisible souleva un vaste nuage de fumée et d’éclair qui s’évanouit dans la nuit.
Khanna avait brandit le sabre du Jedi mort et résistait de touts ses forces à l’ardeur mécanique du Roth, à quelques centimètres du visage hirsute et suant de Takka.
La lueur indigo du sabre se rapprochait dangereusement de son front… sous la vigueur du Roth…
Takka bondit sur les côtés, s’agrippa à la nuque de la créature métallique et frappa de toute ses forces les moindres boulons, ressorts, ou autres pièces à sa portée.
La tête du Roth explosa au-dessus de son socle dans un tonnerre de ferraille. La machine bascula en avant, ses sabres s’évanouirent, et il racla le sol, ses transmetteurs émettant un sombre râle, qui s’éteignit quelques secondes plus tard, dans un ultime explosion…
Takka et Khanna s’observèrent longuement, tandis que Drewie les rejoignait, reprenant ses Ten Shu et ses esprits.
- Joli coup, dit-il en sa langue. Maître, vous allez bien ?
Takka acquiesça et Khanna lui tendit le manche du sabre, en lui adressant un beau sourire, si beau que le wookie frisa la crise cardiaque.
Il aurait bien voulu dire merci, ou une quelconque politesse s’en approchant, mais il soupçonnait ses lèvres de rester bredouilles et tremblotantes lorsque la belle était dans les parage. Il leva fébrilement la main, l’air de dire « Pas de quoi » mais il ragea de se trouver complètement ridicule. .
Khanna rompit le silence, dont Drewie s’amusait en lançant des regards espiègles à son maître.
- Resterons-nous longtemps à attendre le banquet de Katarn ? Planté là, nous ne serons pas d’une aide précieuse pour la République.
Elle engagea le pas et traversa seule le toit, enjambant les cadavres du Roth et du Jedi, tandis que Takka la regardait s’éloigner en pensant que rien n’était plus plaisant d’observer sa démarche féminine. Son cœur palpitait et battait la chamade, sous les ricanements de Drewie.
- Oh ça va… grogna Takka.
- Je vais vous laisser seul avec elle, maître, j’ai… d’autres Folians à fouetter…
Il adressa un clin d’œil discret à Takka et s’éloigna vers son chasseur.
- Après tout, continua-t-il, j’ai hâte de me rasseoir dans ce cockpit…
Il prit place sur le siège du chasseur, le dos voûté telle un arc de quatre-vingt degrés, et s’envola vers la bataille du Sénat…
Takka rejoignit la belle Khanna, trébuchant, d’un pas maladroit et difficile.
* * *
Mor bondit hors de la chambre du conseil et atterrit sur les toits du Temple, telle une ombre plus noire que la nuit, tel un fantôme flottant dans les airs, sa cape sombre voletant à la guise du vent glacial.
Whills baignait dans son sang, gémissant les dernières énergies qui lui restaient, et les ultimes souffrances que son corps supportaient. Il sentait la mort l’envelopper peu à peu.
Mor balaya du regard les toits du temple, et s’approcha du corps recroquevillé de Whills, en murmurant, de sa voix cachée dans un petit rire infâme…
- Ainsi, tout finit, Whills. Ainsi, le combat s’achève aussi vite qu’il a commencé. Dommage, je commençais à bien m’amuser… cesse de geindre, c’est pénible, et pitoyable. Tu ne peux rien face au pouvoir de la Pierre… si ce n’est mourir par sa seule force.
Whills tenta de tourner sa tête vers l’ombre froide de Mor, retenant sa respiration tant la souffrance était grande. La plaie de son cou ne renonçait à écouler plus de sang sur le sol, une immonde migraine grondait dans sa tête, mélangeant souffrances et souvenirs dans un bain douloureux…
Il aperçut Mor prendre la Pierre de Karrun’Hal de sa poche, et elle éclaira la nuit d’une lumière aveuglante, s’étendant par delà les ombres et les cieux…
- Pratique… je ne me doutais pas que ce Geraas me serait d’un si grand secours… tout au plus un plaisant bonus pour tuer Yoda. Quant à une aide précieuse pour obtenir les coordonnées de ta misérable planète, je ne me serais jamais douté. Pratique, oui. Etonnant, surtout !
Il caressa la Pierre, et sous son masque mortuaire, ses yeux hurlaient d’une lueur aliéné qui glaçait le sang de Whills, ruisselant sur les pavés.
- Surpris, Whills ? Quand je pense qu’elle fût tienne plus de deux milles ans… ça me fait presque de la peine, vois-tu… de savoir que tu usais d’un millième de son pouvoir… sans comprendre qu’avec elle, tu pouvais étendre bien plus que ta connaissance sur la galaxie. Il aura fallu que le plus grand des Sith l’obtienne, afin qu’elle puisse déployer ses ombres sur la République… et bien plus encore.
La respiration de Whills se fit plus douloureuse, et ses yeux se perdirent loin dans la nuit, dans les rumeurs de la guerre, et il tenta en vain de plonger dans la Force afin d’y retrouver son sabre perdu sur les toits. Introuvable.
- Grâce à la Pierre, mon pouvoir va croître, jusqu’à ce que je contrôle la Force dans toute sa grandeur. Les Jedi ne seront plus. La lumière ne sera plus. Il n’y aura que moi, le Maître de la Galaxie, l’héritier de la Force, l’héritier de Karrun’Hal.
Son regard se baissa vers Whills, cherchant toujours son sabre laser sur l’étendue de nuit qui environnait le Temple.
- C’est la volonté de la Pierre. Que je sois maître de tout. Elle a laissé survivre mon maître à sa chute, elle m’a mené à la quête de l’immortalité… elle t’a mené vers ce dernier combat. Ton maître De Kan ne t’a jamais révélé qui tu étais vraiment...
Whills s’immobilisa, et cessa de gémir. La voix de Mor se fit plus profonde, plus souterraine encore.
- La Pierre doit mener l’un de nous à la grandeur. Karrun’Hal lègue à l’un de nous son plus grand pouvoir. Régner sur la galaxie… et au-delà de ses frontières, vers les contrées que nul homme ne connaît. Et je crois que la Pierre a choisi qui de nous deux allait régner sur les mondes…
Son regard noir s’illumina une nouvelle fois. Une lueur jaunâtre inonda ses yeux injectés de sang, tandis que son sabre s’allumait dans la nuit profonde.
- Oui, Whills, c’est moi que la Pierre a choisi. Mais je vais être bon joueur, ajouta-t-il en ricanant. Je vais mettre fin à tes souffrances.
* * *
Le chasseur de Drewie perça la nuit, entrant de plein fouet dans la vague de Roth qui fourmillaient au dessus du Sénat. Il jeta un coup d’œil rapide au radar : les wookies menaient toujours le combat en contrebas, et il aperçut Thry le saluer en agitant frénétiquement son arbalète, avant de fracasser le crâne d’un karrus à mains nues, grognant un cri viril qui déstabilisa un peu les autres mâles.
Elle semblait faire des ravages dans les rangs de la guerre.
Drewie fit prendre à son chasseur un beau virage, ses ailes chancelant un peu dans la nuit, et il survola le dôme fracassé du Sénat, en prenant soin de balayer le paysage de lasers et de missiles.
* * *
Takka et Khanna coururent sur les toits, après avoir combattu quelques karrus perdus. Leurs pas se fit plus rapide quand ils virent un croiseur opuchien immobile sous le voile céleste de la nuit.
Soudain, Takka stoppa net la marche et adressa un beau regard vers la Poil-Brune.
Il s’était décidé à exprimer ses sentiments une bonne fois pour toute. Et puis, de toute façon, pensa-t-il, s’il se fait jeté, il n’aurait qu’à dire que c’était selon la folie du moment…
- Heu, je… dit-il en sa langue, sous l’attention de la belle wookie. Merci pour tout à l’heure.
Un beau sourire se dévoila sous les poils noirs de Khanna. Elle tendit la main vers son épaule et caressa une longue touffe de poil broussailleuse.
Takka déglutit avec difficulté. Il sentait le sang lui monter à la tête, comme si un quelconque puissant alcool venait le saouler…
Mais c’était une impression bizarre. Il avait l’impression que rien d’autre n’existait, qu’il avait chaud, une belle chaleur qui semblait faire battre son cœur au même rythme que celui de Khanna.
Et alors que la nuit les environnait dans une belle couleur brune, et tandis que la rumeur de la bataille au loin chantait à leur oreille, ils s’enlacèrent.
Takka pensa alors que cet instant valait bien toutes les guerres, toutes les batailles, et toutes les souffrances.
S’il fallait vivre rien que pour ça, il avait vécu bien assez.
* * *
Le sabre de Darth Plagueis brisa la nuit et s’abattit sur les tuyauteries du croiseur opuchien. Dans un râle de poussière et d’électricité, les lumières du vaisseau s’éteignirent complètement, plongeant le combat dans la plus parfaite des obscurités. La lueur bleue de Léo avait beau être maladroite, elle résistait fort bien aux coups Sith. C’était la chance, où la volonté invisible de la Force.
Le Djem So choisi par Léo (légèrement malhabile) était la forme de combat adéquate face à la rapidité et la dextérité du Sith. Elle lui permettait de contrecarrer ses coups avec des gestes simples, mais, une fois engagé, le Djem So pouvait s’avérer laborieux mais utile : de temps à autre, à la surprise de Plagueis (et un peu de la sienne…) Léo parvenait à essuyer une jolie parade et enjamber sur une attaque du plus bel effet.
Mais une lame contre deux, c’était déjà de l’anti-jeu. Alors Léo contre un Sith…
Les deux lueurs rouges de Plagueis crépitaient, et lançaient des éclairs à chaque fois qu’elles croisaient la lumière indigo de Léo.
La furie de Plagueis, tenant son sabre d’une seule main, l’autre cognant les mûrs du croiseurs, se fit plus précise, et plus soudaine, alors qu’ils s’approchaient de la nuit : la toiture se terminait brutalement, dans quelques méandres de tuyauteries qui se perdaient dans l’obscurité.
Léo présenta son sabre en position Ara Mi, sentant ses pieds glisser dans les flaques d’eaux croupies. Il joua de son sabre, sans véritablement présenter un quelconque danger à ceux de Plagueis, mais avec une dextérité hasardeuse, il parvint à briser les défenses du Sith, d’un coup latéral bien senti.
Reculant un peu à chaque coup porté, ses bras dansèrent autour de lui, parant les attaques de Plagueis, précises et rapides, dans la plus incroyable des chorégraphies.
Mais, sans s’en rendre compte, il ne faisait que faire avancer la ruse de Plagueis.
Il la faisait avancer, car il reculait.
Dark Plagueis ne prêtait pas vraiment attention aux tentatives désespérées de Léo, préférant jouer une comédie qu’il trouva forte amusante.
Et soudain, Léo comprit.
Il comprit pourquoi il avait perdu le combat.
Il le comprit quand il glissa du toit, tombant dans la nuit, s’agrippant à quelques tuyauteries peu solides.
Son sabre lui glissa des mains et disparût dans l’obscurité.
Il avait perdu. Bientôt, le sabre laser de Plagueis allait s’abattre sur lui, et il tomberait mort dans les sombres couloirs de la nuit.
Auparavant, dans toutes ses idées, il sortait victorieux du combat.
Il avait écarté l’hypothèse de mourir.
Il écartait toujours cette hypothèse.
Seulement cette fois, il s’était trompé. Il ne pouvait compter sur l’aide de Yoda…
Dans la nuit, dans les ombres, il vit le sabre de Plagueis s’abattre sur lui.
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Voilà, la suite au post suivant