Bonsoir à tous, comment ça va ?
Voici le chapitre 58 ! Comme on pouvait le craindre après le Désastre de Sernpidal, le Chu'unthor est rappelé à Coruscant. Fin de l'épopée, une occasion rêvée pour les Sith de porter un coup terrible à leurs ennemis !
Chapitre 58
Le Chu’unthor et la flotte d’orbite avaient regagné l’orbite de Sernpidal depuis deux jours. Ils avaient terminé de rendre hommage à leurs morts tandis que les sernpidaliens choqués par l’ampleur de la riposte républicaine achevaient leur deuil. La rupture était désormais irréversible, le sang versé ne permettrait pas une intégration de Sernpidal au sein du Sénat.
D’autres conséquences suivraient, sur le plan politique. Un rapport classé prioritaire avait été envoyé au Conseil Jedi quelques heures après la fin de la bataille. Maître Yoda avait accusé réception et confirmé qu’il le transmettrait au bureau du Chancelier Praji pour consultation. Bientôt la nouvelle de la catastrophe serait connue de la galaxie toute entière. Lorsque Yanila revint sur la passerelle principale, elle ne fut pas surprise de l’ambiance pesante qui y régnait. En apparence, la vie suivait son cours.
Mais les traits tirés et les mines graves des Jedi ne la trompaient pas, même sans l’usage de la Force. Comme s’ils se préparaient à la fin d’une ère à laquelle ils avaient consacré toute leur vie. Elle repéra Alan qui échangeait avec Keiran en vieux corellien, de sorte qu’elle ne pouvait pas en comprendre la teneur.
Elle se fit discrète, patientant avant de pouvoir rejoindre son amant. Le mentor de celui-ci s’écarta finalement, les poings serrés pour maîtriser son agacement. Lorsqu’elle fit face à Alan, elle pouvait ressentir la tension qui émanait de sa personne.
Elle secréta des phéromones pour l’apaiser.
- Tout va bien ?
- Mon Maître et moi avons conclu un accord, lâcha-t-il. J’espère qu’il le respectera mais rien n’est moins sûr.
- Comment vois-tu la suite ?
- Je l’ignore, avoua-t-il avec fatalisme. J’espère que le Chancelier et le Sénat permettront au Chu’unthor de poursuivre son voyage mais je n’y crois pas vraiment. Je sens au plus profond de moi que c’est la fin. Je l’avais toujours appréhendé dans mes cauchemars, mais je ne pensais pas que cela se terminerait ainsi.
- Peut-être que c’est mieux ainsi, après ce qui s’est passé sur Sernpidal.
Le Jedi corellien secoua la tête en lui prenant la main.
- Je me sens bien auprès de toi, Zeviya. J’espère que cela ne changera pas et que nous pourrons continuer de nous voir. Mais les Sith rôdent toujours dans l’ombre, je n’aurai de repos que lorsque j’aurai trouvé le Bâton Obscur. Je ne connaîtrai la paix que lorsque tu seras en sécurité. Personne ne te fera de mal tant que nous serons ensemble.
- Alan, je te remercie.
Ils s’embrassèrent sur les lèvres, se moquant du regard des autres Jedi qui préféraient se concentrer sur les problèmes immédiats. Nerelas Timpel était en liaison avec l’infirmerie du Chu’unthor, recevant par hologramme le rapport du médecin en chef.
- Vous dites que vous avez renvoyé Surkol et les autres officiers sur leurs frégates alors qu’ils ne sont pas guéris ? S’étonna le Jedi originaire de Toprawa.
- Après les derniers évènements, nous sommes submergés par les nombreux blessés à soigner et nous devons prioriser en fonction de nos moyens disponibles. L’état de santé des capitaines de vaisseaux ne s’étant pas aggravé, nous avons jugé avec mes collègues qu’ils n’étaient pas prioritaires.
- N’est-ce tout de même pas une décision hasardeuse ?
- Ce n’est pas satisfaisant, je le reconnais Maître Timpel. Mais cela reste la meilleure décision que nous puissions prendre.
- Comment se portent les autres blessés ?
- Nous avons stabilisé les blessés les plus graves et la plupart commencent à se rétablir. J’ai bon espoir que tous pourront quitter le centre médical dans les prochains jours ou les prochaines semaines.
- Merci, docteur.
Bien que affichant son soulagement à ses pairs, Nerelas Timpel demeurait épris de l’ombre d’une appréhension sur le sort de Surkol et de ses homologues. Faisant confiance à son instinct, ce n’était pas leur renvoi qui le souciait… non, il s’agissait de bien d’autre chose qu’il n’arrivait pas à déterminer précisément.
Quelque chose brouillait ses sens et cela ne le rassurait guère. Ivixa et Fin détectèrent son trouble sans peine.
- Quel est le problème, Nerelas ?
- Je l’ignore, Fin. C’est tout de même étrange que les médecins et nos guérisseurs n’aient pas pu soigner Surkol et les autres malades.
- Nous les prendrons en charge nous-mêmes dans le Temple Jedi si nous sommes rappelés. Un mal pour un bien, tempéra Ivixa.
L’ingénieure en chef duro avertit tout à coup :
- Nous recevons un appel de Coruscant, Maître Timpel.
La connexion avec le Conseil Jedi au complet fut établie et Alan put remarquer sur les hologrammes, la mine distante des Maîtres les plus prestigieux et les plus respectés, enfoncés dans leur siège. L’aura de Yoda lui-même semblait vacillante.
La togruta Maître Vulatan, prit la parole.
- Nous avons suivi les délibérations du Sénat via l’hologramme, qui viennent de se terminer tout à l’heure. Le résultat du vote vient de tomber.
- Et il est sans appel, lâcha l’Iktotchi Gra’aton avec fatalisme.
- Rappelés sur Coruscant vous êtes, résuma Yoda. Mis en accusation devant le Sénat les protagonistes de Sernpidal sont.
- Une mise en accusation ? Protesta Fin. Qui a déposé cette motion ?
Les Conseillers échangèrent des regards gênés avant que Vulatan ne répondit.
- Setcha Damask.
- Pourquoi ? Demanda Ivixa. Le Clan Bancaire a soutenu notre projet et a financé son lancement. Cela n’a aucun sens.
- Les muuns ont décidé d’arrêter les frais avant que le vent ne tourne contre nous. Ils craignent d’être associés au désastre de Sernpidal et que cela nuise à leur image, expliqua Keiran avec dédain. C’est prévisible.
- Nous sommes désolés d’en être arrivés à cette situation, plaida la togruta.
- Qu’adviendra-t-il du Chu’unthor et de la flotte d’escorte ? Interrogea Alan avec anxiété.
- Ils seront confinés aux Chantiers Navals de Kuat jusqu’à nouvel ordre, répondit Gra’aton. Les Rangers Antariens seront renvoyés sur Toprawa. Si les vaisseaux ne reprennent pas leur route, ils seront démantelés.
- Mis en pièces ? Après tous les efforts qui y ont été consacrés ? S’insurgea Alan avec rudesse. C’est injuste !
- Plus un mot ! Le tança son ancien mentor.
Les deux corelliens se mesurèrent du regard avant que Nerelas Timpel ne reprit :
- J’imagine que le Chancelier Praji n’a pas eu son mot à dire dans cette histoire.
Tandis que Keiran et Alan poursuivaient leur duel silencieux, Yoda conclut cet échange tendu.
- La vérité cela est, Maître Timpel.
- Nous mettons le cap sur Coruscant par la route la plus rapide. Nous nous verrons au Temple pour décider de la suite.
- Qu’avec vous la Force soit.
Lorsque les hologrammes disparurent, un sentiment d’abattement se diffusa sur le pont principal. Personne ne prit la parole avant que Alan ne rompit la glace en rejoignant Yanila.
- Tu ne peux rien faire, Zeviya ?
La zeltronne secoua la tête d’un air désolé.
- J’ai bien peur que non, Alan. Je ne suis qu’une ambassadrice, je n’ai pas le pouvoir de m’opposer à la volonté du Sénat.
- Mais il y a forcément quelque chose à faire ! On ne peut pas abandonner !
Son éclat attira de nouveau l’attention de son compatriote qui le rejoignit pour lui faire face.
- Tu en assez fait, Alan.
- Je ne renoncerai jamais à la traque des Sith et vous y êtes tenu de m’aider selon les termes de notre accord, Maître.
- Assez !
La voix de Keiran Halcyon avait tonné d’un bout à l’autre du pont principal à l’aide de la Force, plongeant tout l’équipage présent dans un silence de cathédrale. Yanila elle-même vacilla sous l’effet de la puissante aura que dégageait maintenant le vieux maître. Il serait un adversaire bien plus dangereux qu’elle ne le pense en cas de confrontation.
- Lorsque le Chu’unthor sera amarré aux Chantiers de Kuat avec le reste de la flotte, tu reviendras avec moi sur Corellia. Tu renoueras avec tes racines et tu ne poursuivras plus de vaines chimères.
- Cessez de me parler comme un padawan !
- Tu m’obéiras tout de même !
Keiran s’assura que son ancien élève ne répliquerait pas avant de quitter les lieux d’un pas vif. La zeltronne prit la main de son amant agité par la fraîche querelle qui avait mis en valeur les dissensions avec son ancien instructeur.
- Alan ?
- J’ai besoin d’être seul, avoua-t-il.
Elle ne put l’empêcher de quitter à son tour, la passerelle sous les yeux de ses pairs.
Coruscant, siège du Clan Bancaire
Dark Mungol reçut finalement dans son bureau l’appel qu’elle attendait. Elle repoussa son ysalamiri vers le coin de sa table avant d’accuser réception. L’hologramme d’une zeltronne encapuchonnée se matérialisa devant elle.
- C’est fait, Maître, lui confirma Dark Yanila. Le Conseil Jedi a ordonné au Chu’unthor de rentrer dans le Noyau avant que les Jedi ne comparaissent devant le Sénat pour répondre des accusations portées contre eux.
- Comme nous l’avions prévu. Maintenant, nous allons pouvoir en finir, glissa la muun avec une cruauté satisfaite. L’heure est venue de porter le coup de grâce au Chu’unthor, à la République et aux Jedi. Tu sais ce qui te reste à faire.
- Les Derriphan et les agents de Mecrosa sont prêts à agir. Je peux vous assurer que le Chu’unthor ne rentrera jamais à bon port.
- Es-tu prête à les détruire tous, Yanila ? Y compris Alan Tissan ?
La jeune femme demeurait impassible.
- Oui, tous.
Son ton tranchant rassura Mungol qui coupa la transmission. La Dame Noire des Sith laissa un grand sourire flotter sur ses lèvres ternes, étirer son visage sans relief. Ce qui s’était passé sur Sernpidal avait provoqué d’intenses remous au sein de la République et du Sénat. Elle n’avait pas laissé passer l’occasion de saboter la crédibilité du Chu’unthor. Au nom du Clan Bancaire, elle avait pris de court tous les dignitaires en proposant le rappel du grand vaisseau d’exploration dont elle avait dénoncé le surcoût démesuré pour les faibles profits que cette épopée avait engrangés. Elle avait déposé sa motion en encourageant tous les investisseurs à la suivre. Le Chancelier Praji ne put s’y opposer.
Lors du vote, le Clan Bancaire avait bénéficié de l’approbation écrasante des investisseurs, à l’exception de Alderaan et de la Maison Pelagia. Vassili Gunray et la toute jeune Fédération du Commerce avait suivi leurs homologues du Clan Bancaire. La mort dans l’âme, le Chancelier Suprême avait fait part du résultat du vote à l’Ordre Jedi. Il était temps de refermer l’étau du broyeur à ordures dans lequel était tombé le Chu’unthor.
La fierté de l’Ordre Jedi disparaîtrait dans le néant.
Elle faisait confiance à Yanila pour mener à bien sa mission mais saurait-elle échapper aux Derriphan ? Ce n’était pas sûr. Mungol détestait fonder l’avenir de l’Ordre Sith sur de telles incertitudes, c’est pourquoi elle devait parer à l’éventualité d’un échec de sa protégée.
Un assistant fit entrer un jeune garçon humain, aux cheveux bruns en tenue d’écolier, originaire d’un des orphelinats de la Cité Galactique. Elle ordonna à son congénère de ramener l’ysalamiri à la serre, ce qui lui permit de renouer avec la Force. Elle savoura le retour de ses sens aiguisés avant de tourner toute son attention vers l’enfant qui attendait sagement.
Elle ressentait clairement sa présence dans ses perceptions, comme une détonateur thermique prête à exploser. La Force était puissante en lui, il représentait une alternative idéale. Au point qu’elle s’étonnait que les Jedi n’aient pas perçu son potentiel avant qu’elle ne le trouve, guidée par son instinct.
- Tu es prêt pour tes exercices, Gervan ?
- Oui, madame Damask !
Il avait répondu, enjoué et enthousiaste. Bien, il serait un excellent élève.
- Assis-toi à côté de moi et montre-moi les devoirs que tu as à faire.
Il ne se fit pas prier deux fois. Depuis qu’elle lui avait parlé deux ans auparavant alors qu’il se blottissait, solitaire et perdu dans cette aire de jeux de l’orphelinat, méprisé et rejeté par beaucoup de ses camarades et de tuteurs.
Elle avait connecté son esprit au sien, et son visage s’était immédiatement éclairé, la voyant comme le parent qu’il n’avait jamais eu. Mungol se souvenait d’avoir eu l’impression qu’il lui ressemblait lorsqu’elle s’était échouée sur le monde glacé de Hoth, perdue et désespérée avant que Dark Sakar ne la recueille et ne forge son destin.
Elle le laissa s’installer maladroitement à sa table, le regardant vider son cartable de datapads et de cahiers de flimsi. Puis elle l’aida à revoir ses cours de basic et de calcul élémentaire, pour lui permettre de faire ses exercices. Rompue à cette pratique, la muun testait sa curiosité et sa vivacité d’esprit avant de finir par le meilleur.
L’un des moments préférés de Gervan. Le garçon quitta alors sa place et tendit les bras devant lui. Bientôt son cartable, ses autres affaires lévitèrent en apesanteur, suivie de la chaise et de la table de travail. Mungol applaudit modestement de ses grandes mains effilées.
- C’est bien, Gervan. Tu as progressé, je suis fière de toi.
Les yeux du garçon étincelaient de joie et d’orgueil.
- Un jour, je pourrais soulever un cargo spatial !
Elle n’en doutait pas un seul instant.
- Oui, Gervan. Tu as la volonté qu’il faut et tu comprendras bientôt qu’un horizon infini de possibilités s’offre à toi. Tu acquerras de plus en plus de pouvoir et de maîtrise, jusqu’à ce que tu puisses contrôler l’existence même de ceux qui nous entourent et qui sont destinés à servir. Ne bride jamais ton ambition.
Elle le vit froncer les sourcils.
- Ah, il faut que je reste ambitieux… mais euh, si jamais c’est mal ?
Elle hocha la tête, comprenant ses doutes. Bien sûr, elle avait oublié qu’il n’avait que huit ans, il était encore si jeune, si innocent.
- Tu découvriras que le mal et le bien sont des concepts ineptes inventés par des idiots qui ne veulent pas voir la galaxie telle qu’elle a été façonnée depuis la nuit des temps. Tu as un immense pouvoir qui sommeille en toi et qui n’attend que d’être utilisé à bon escient. Cela ne fera jamais de toi une personne maléfique.
Ragaillardi par sa réponse, il lui sourit de nouveau.
- Madame Damask, j’ai encore une question.
- Oui, mon petit ?
- Vous m’avez dit à notre première rencontre que vous n’étiez pas une Jedi. Vous êtes quoi, au juste ?
La muun lui sourit en retour.
- Approche, Gervan.
Elle se leva puis contourna la table pour lui ouvrir ses longs bras. Le garçon y trouva le réconfort dont il avait besoin. Elle s’approchait de ce qui lui semblait être une famille. Puis elle s’accroupit à sa hauteur.
- Je suis bien plus qu’une Jedi. Toi aussi, tu les surpasseras un jour.
Elle venait d’éveiller en lui la braise de la supériorité qu’il éprouverait à l’égard des Jedi.
- Il est temps de rentrer à l’internat. Prends soin de toi, Gervan.
- Vous aussi, madame Damask.
Il quitta la pièce avant qu’elle ne recouvre un masque de marbre froid. Mungol attendait d’avoir des nouvelles de Yanila avant de se résoudre à le mettre à l’épreuve. Pour le sensibiliser au Côté Obscur, comme Dark Sakar l’avait fait pour elle sur Hoth en lui faisant subir des privations insupportables.
Si les Derriphan supprimaient la zeltronne, il prendrait sa place. Dans le cas contraire, elle aurait compris qu’elle avait été trahie et chercherait à la renverser. Gervan deviendrait alors l’apprenti de celle qui survivrait à la lutte de pouvoir pour le contrôle de l’Ordre Sith. Telle était la Règle des Deux.
Tout avait été prévu pour que l’Ordre survive.
Voilà, j'espère que cela vous a plu ! N'hésitez pas à me faire part de vos retours !
Allez, à la prochaine !