Bonjour
Aprés quelques années de disette, je poste la suite. Pour l'occasion, ce sera le chapitre en entier. Et malheureusement, cela n'a pas été le plus simple à écrire pour moi car j'ai jamais beaucoup écrit dans le registre des batailles spatiales à grande échelle.
Donc voilà, ceux qui n'ont pas la flemme, n'hésitez à me dire ce qui est perfectible (entres autres s'il est préférable de mettre une didascalie en repère spatial).
Pour ceux qui se souviennent un peu de la situation, un petit rappel:
Venge (le pseudo de Den Liser) a quitté Ondéron pour se rendre sur Fassa dans le but d'en apprendre plus sur son passé. Les Sith le suivent avec l'aide forcée de Lyra, sa tendre et chère. Au terme d'un combat, Venge survit mais ne peut se pardonner d'avoir laissé Lyra mourir. Il pratique le rituel organisé par son défunt père et les deux parties de son âme (soit Venge et Darkliser) sont réunifiés.
Pendant ce temps, l'armada Sith attaque l'Alliance Galactique sur Ondéron afin de récupérer le dernier indice menant à l'Arme Ultime des Rakatas...
Chapitre 13
Le leurre
Occupées à affronter une partie de l’armada Sith, la Troisième flotte de la République et les forces hapiennes n’avaient pu empêcher une autre fraction, nommée la Deuxième Sith par l’état-major, de se diriger vers Dxun. Les vaisseaux mandaloriens et ondéroniens, responsables de la protection de la lune luxuriante, s’étaient bien défendus et avaient infligé de lourdes pertes aux ennemis. Malgré tout, les Sith les avaient percés, avant de débarquer des troupes au sol en quelques heures.
Les soldats ennemis en armure argentée se massaient de la jungle de Dxun par vagues successives vers la base principale commandée par le général Spoliakov.
Les tourelles défensives parvinrent à garder les Sith en respect jusqu’à l’arrivée de plusieurs dizaines de droïdes bactérios. Impuissante, Méra vit ces derniers arpenter le champ de bataille, les lasers rebondissant sur leur armure invincible, découpant de nombreuses escouades mandaloriennes et anéantissant un basilisk. Les Jedi Vengeurs réussirent à les ralentir quelque temps, Méra en désactiva même deux, mais quelques-uns s’infiltrèrent dans la base afin de saboter les tourelles. Heureusement, la Cathar ordonna à ses troupes de se replier à l’intérieur.
– Colonel ! Par ici ! entendit-elle.
Son lieutenant, Marianna Toronoar, lui indiquait le groupe de cinq unités pénétrant dans les hangars. Leur objectif était clair pour Méra, ils allaient s’attaquer à la DCA du nord-est et permettre aux chasseurs Sith d’effectuer des bombardements.
– Je vous laisse provisoirement le commandement du bataillon. Défendez cette position jusqu’à mon retour. Vous quatre ! Venez avec moi à la poursuite de ces bactérios !
Les Jedi Vengeurs choisis s’élancèrent derrière elle dans l’herbe fraîche, piétinée par endroit. Ils croisèrent plusieurs cadavres républicains et ondéroniens, des filets sanguinolents s’écoulant des jointures de leur armure.
Mérhétéla connaissait bien la précision chirurgicale des androïdes. Toutes les informations sur les faiblesses ennemies étaient engoncées dans leurs processeurs, les points critiques de chaque espèce entre autres.
Ils pénétrèrent dans le hangar vidé à moitié de ses chasseurs.
Les bactérios s’attaquaient déjà aux pilotes sous-armés. Leurs pistolets ne pesaient pas bien lourd face à la dureté des armures synthétiques.
Méra projeta un container de matériel sur l’un des ennemis qui s’apprêtait à transpercer l’un des pilotes twi-lek. Le choc éjecta l’androïde derrière un chasseur
Aurek, mais il ne tarderait pas à se relever. Son coup de semonce eut l’avantage de diriger les autres bactérios vers eux. Leurs photorécepteurs rougeoyants ne les lâcheraient plus désormais...
- Restez grouper, Vengeurs ! s’écria Méra.
Sa satisfaction fut de courte durée, car l’un des androïdes aboya un ordre qui eut pour conséquence la séparation du groupe de synthétique. Deux unités se tournèrent vers la sortie du hangar, leur cape virevoltante dans leur sillage.
«
Habile... trois Bactérios restent nous affronter pendant que deux autres se dirigent vers la DCA. » analysa attentivement la Cathar.
La Force était inefficace face à l’alliage dont ils étaient constitués. Par conséquent, le corps à corps demeurait l’une des seules solutions pour les abattre à terrain découvert.
Sachant que, justement elle se trouvait en espace confiné, Méra leva les yeux et eut une idée. Grâce à la Force, elle parvint à affaiblir l’immense pince qui retenait un chasseur au-dessus des trois ennemis. Le trio de bactérios s’aperçut trop tard de la manœuvre de la Jedi et se retrouva écrasé tel des insectes par la masse métallique.
– En avant ! Les derniers ne doivent pas atteindre leur objectif !
Voyant les deux droïdes disparaître au bout du hangar, les Jedi usèrent de la Vitesse de Force. Les bactérios couraient avec une grande vélocité. Méra songea qu’ils auraient le temps de faire des dégâts avant de les avoir rattrapés. Elle accrut l’efficacité de son pouvoir jusqu’à ce que son environnement devienne flou, distançant même ses alliés.
À la sortie du hangar, un speeder ondéronien soutenu par une escouade de la République tenta de les ralentir avec un certain succès. Les bactérios sautèrent sur le côté pour éviter les premières salves. L’un d’eux attaqua le véhicule et enfonça sa double lame dans la poitrine de l’artilleur. Méra effectua un saut périlleux jusqu’à la machine, mais l’androïde massacrait déjà le reste de l’escouade.
C’était la guerre... elle ne pouvait sauver tout le monde alors elle ignora la tuerie avec un pincement au cœur et concentra son pouvoir dans ses deux mains. Le speeder lévita pendant quelques secondes et se retrouva propulsé en direction du bactério qui filait toujours vers la DCA. Le droïde s’arrêta et s’écrasa sur le sol pour laisser passer le projectile au-dessus de lui. Mérhétéla avait réussi sa diversion : l’ennemi stoppa sa course et dirigea sa tête inhumaine vers elle. Arrivée à sa hauteur, la Cathar enchaîna plusieurs combinaisons avec férocité, mais les bactérios étaient rompus aux techniques de corps à corps.
Leur agilité, leur vélocité et même leur force pure rivalisaient avec celle d’un Chevalier Jedi accompli. Méra les dépassait dans tous ces domaines et finit par trancher la tête du synthétique d’un geste circulaire.
Derrière elle, un Vengeur et la quasi-totalité de l’escouade étaient tombés, mais les restes détruits du bactério gisaient sur le sol. Méra vit avec soulagement ses photorécepteurs rouges s’éteindre lentement, ce qui ne l’empêcha pas de regretter ces nouvelles pertes subies...
L’intérieur de la base sécurisé, le front attendait Mérhétéla avec impatience. Elle reçut plusieurs rapports inquiétants en provenance de l’État-Major. Les Prêtres Sith ne débarquaient pas sur Dxun au même titre que les Béhémoths, les puissantes armes biologiques des Sith. Non pas qu’elle avait hâte de les affronter, mais ces absences représentaient une anomalie incompréhensible à ses yeux. Les Sith ne pouvaient décemment espérer prendre Dxun avec seulement quelques garnisons et des escouades de bactérios.
Les fantassins Sith continuaient à se déverser de la jungle. Certains se tenaient le côté, d’autres couraient de manière erratique... leurs blessures ne les retenaient pas et intensifiaient au contraire leur hargne viscérale envers leurs ennemis. Mérhétéla savait à quel point le danger rôdait dans la forêt de Dxun. Elle sourit en imaginant les Sith se débattre avec la faune locale, laquelle se constituait de nombreux prédateurs tels que les maalraas, redoutable espèce féline.
Même soutenue par des droïdes bactérios et des speeders d’assaut, l’armée Sith était donc défavorisée par le terrain et leur manque de puissance de feu. Les troupes mandaloriennes empêchaient avec brio toute avancée et commençaient à les repousser. Quant aux Chiss, ils tenaient efficacement leur position, notamment grâce à la qualité du bouclier des orulusks. Les détachements républicains et ondéroniens éprouvaient plus de difficultés malgré l’aide de plusieurs Jedi Vengeurs.
- Allons les appuyer ! hurla-t-elle du haut du rempart entourant la base principale.
Elle se laissa tomber en direction du champ de bataille et se réceptionna sur le sol boueux. Les premières gouttes de pluie se déversèrent autour d’elle et se muèrent bientôt en trombes d’eau.
Ce n’était pas une bonne nouvelle, car la puissance et la portée des lasers seraient diminuées de moitié alors que les salves des Sith, faites d’une autre énergie, ne s’en trouvaient pas affectées.
- Sortez vos vibrolames ! ordonna-t-elle aux soldats qui se massaient derrière elle à la porte d’entrée.
Entouré de ses alliés, l’Apprenti de Venge courut prêter main-forte aux troupes ondéroniennes. Deux escouades dirigées par deux Vengeurs se battaient avec courage face à plusieurs fantassins, mais étaient en passe de se faire submerger par leur supériorité numérique. Le sabre laser de Méra crépita sous les cordes chutant du ciel et vibra dans l’air. Deux soldats Sith tombèrent, remplacés instantanément par quatre autres. Elle en transperça un d’un estoc assassin et se retourna juste à temps pour contrer la lance du suivant. D’une saccade, Méra la repoussa et se baissa en effectuant une rotation avec son buste. Les jambes de trois soldats furent touchées, mais Méra n’eut pas le temps de les achever. Un droïde bactério s’avança en laissant tomber le Jedi auquel il venait broyer la gorge. Sa cape virevolta derrière lui lorsqu’il se jeta sur elle, ses photorécepteurs rouges et inexpressifs rivés sur son objectif. Méra parvint in extremis à dévier l’estocade dirigée vers sa poitrine, mais la lame entailla la plaque protégeant son avant-bras. La Jedi enchaîna avec plusieurs mouvements de la forme IV et repéra une ouverture dans la défense du bactério.
«
Vite et sans sabre ! »
Usant d’un dérivé de l’Armure de Force enseignée par Venge, elle concentra la Force dans son poing et frappa le droïde de toutes ses forces. Les jointures de sa main protestèrent au contact du métal et Méra sut qu’elle ne devrait pas abuser de cette technique. Le Bactério se retrouva rejeté sur un groupe de soldats Sith, assommant plusieurs d’entre eux. Ses forces profitèrent de l’aubaine pour tous les massacrer pendant qu’ils étaient désorientés. La Jedi sauta dans les airs en brandissant sa lame bleue et atterrit en l’enfonçant dans le photorécepteur droit du bactério affalé sur le sol détrempé. Le synthétique soubresauta quelques instants, jusqu’à que son autre lampe rougeoyante ne s’éteigne définitivement.
Motivées par le succès de leur colonel, les troupes des Alliés auparavant en difficulté reprirent l’avantage et progressèrent dans les rangs Sith.
S’autorisant un bref moment de répit, la jeune Cathar observa les alentours.
Même si la fin était encore éloignée, les Alliés gagnaient la bataille. Un récent message en provenance des bases Alpha et Bêta signalait aussi que les Sith étaient tenus en respect malgré des pertes soutenues. Pourtant, Méra ne pouvait juguler le mauvais pressentiment qu’elle ressentait depuis les premières minutes de l’affrontement.
«
Pourquoi n’y a-t-il aucun Prêtre ? Ni aucune monstruosité Sith ? »
Certes, la jungle représentait un lieu peu propice au déploiement de créatures aussi imposantes que les Béhémoths. Si cette absence comportait une explication, l’Apprentie de Venge n’en voyait aucune concernant celle des Prêtres. À moins que l’Empereur ne veuille pas les sacrifier inutilement sur Dxun. Après tout, ils affrontaient là des forces Sith qui avaient brièvement forcé le blocus mandalorien et ondéronien en orbite autour de la lune, et ce au prix de nombreuses pertes en matière de vaisseaux.
Mettant fin à ses réflexions, ses sens se mirent brusquement en alerte maximale. Un missile tiré par un soldat lourd la prenait pour cible. La Jedi leva la main, mais le projectile dévia de sa trajectoire avant qu’elle n’ait pu utiliser la Force. Se retournant, Méra vit un Jedi Vengeur lui faire un signe de la tête avant de repartir à l’assaut.
«
Un écart de concentration et c’est fini... »
*****************
Entamée depuis près de dix heures, la bataille spatiale ne battait pas encore son plein. Les Commandants de chaque camp observaient la situation et mesuraient la force respective de l’opposant. C’est du moins ce qu’en déduisait le Maître des Vengeurs lorsqu’il fixait l’évolution des deux fronts sur l’appareil holographique du Démocrate.
D’un côté, la Troisième et les Hapiens empêchaient une flotte Sith de percer en direction d’Ondéron. Les vaisseaux des Alliés, plus nombreux, compensaient partiellement leur déficit technologique face à leurs ennemis. Baoth avait conduit plusieurs manœuvres visant à désorganiser les forces adversaires avec l’ingéniosité des Hapiens.
Conçus sur la base de deux plateaux rotatifs, les
Dragons de Bataille hapiens étaient munis de canons laser sur leur ventre afin de compenser le délai de refroidissement, inférieur à celui des turbolasers de la République. Mais c’était avant. Les Hapiens intégraient désormais les Forces Alliées et dotèrent leurs vaisseaux d’armes plus évoluées. Le ventre des
Dragons tournait plus vite à une cadence infernale et surpassait maintenant en puissance de feu les
Centurions et les
Prédators mandaloriens. Plusieurs destroyers
Impérius furent détruits lors de l’opération. Leurs boucliers, mêmes dopés à la Technoforce, saturèrent devant l’avalanche combinée des tirs de plusieurs Dragons.
Aussi habile qu’elle ait été, cette manœuvre ne parvint qu’à ralentir les Sith. Les carcasses éventrées des vaisseaux Alliés s’amoncelaient sur le champ de bataille à chacune des frappes Sith. Ils perdaient au fur et à mesure du temps le petit avantage qu’ils avaient réussi à gagner. La pression grandissait au sein des amiraux des différentes flottes des Alliés alors qu’ils s’attendaient à ce que leur commandant les envoie au combat.
Maître Baoth quitta un instant la représentation holographique du champ de bataille et lança son regard au-delà de la passerelle en direction de l’espace.
Il craignait toujours le cataclysme qui pouvait se produire s’il dépêchait plus de vaisseaux. Les Sith réagiraient probablement en envoyant une de leur flotte en stand-by. Il adviendrait alors un affrontement impressionnant d’utilisateurs de la Force. La Force se mouvait déjà au sein du Grand Tout et formait les prémices d’une tempête dont Baoth lui-même n’avait toujours aucune idée des dégâts qu’elle engendrerait. En revanche, il était certain que l’Empereur savait. Son ombre planait au-dessus du champ de bataille spatial et le mettait mal à l’aise. Oserait-il envoyer des renforts ? Sacrifierait-il une partie de sa flotte pour envahir Ondéron et rechercher la Carte Stellaire ?
«
Évidemment que oui... les adversaires les plus dangereux sont ceux qui pensent que la fin justifie les moyens. »
Au-dessus de Dxun, une féroce bataille était engagée entre la flotte mandalorienne et ondéronienne et les Sith. Adoptant une stratégie très agressive, les ennemis avaient ouvert une faille dans les défenses alliées, permettant à plusieurs transporteurs d’assauts et barge de débarquement se poser sur Dxun. Cette percée avait beaucoup coûté au Sith, mais à présent les lignes mandaloriennes s’étaient reformées. La tournure des événements donnait l’avantage aux Alliés sur ce front.
«
Cela ne durera pas... », songea le Maître Vengeur.
Si les Sith voulaient réellement prendre Dxun, ils auraient besoin de renforts. Plus tard, il sut que ce moment approchait...
Au son aigu de l’appareil holographique, Baoth se retourna en fronçant les sourcils.
Il y avait du mouvement au sein de l’armada Sith en attente. Les vaisseaux des Chiss rebelles se décidaient enfin à entrer en action et se dirigeait droit sur Dxun pour soutenir la flotte Sith en mauvaise posture.
– Maître Jedi, nos flottes ont besoin d’aide sur Dxun. Dois-je... commença l’amiral Shake.
– Non... nous devons patienter un peu. L’intervention des Chiss rebelles ne fera que rétablir l’équilibre des forces. La Force me murmure que nous n’avons pas encore vu le véritable plan des Sith. Et, amiral ? N’oublions pas que la priorité absolue est la défense d’Ondéron. Nos renforts resteront là où ils sont tant que les Sith ne se seront pas dévoilés. Ai-je été assez clair ?
– Oui... mais il est de mon devoir de vous avertir que la flottille des Chiss impériaux s’impatiente. Ils veulent faire payer aux rebelles le prix de la trahison, mentionna l’Amiral d’une voix douce afin que personne à part Baoth ne l’entende.
Le Maître Vengeur le fixa d’un air serein en émettant une vague d’apaisement.
– La vengeance n’apporte rien de bon, amiral. Veuillez leur rappeler avec respect pour quelles raisons ils sont venus soutenir les Forces Alliées. Dites-leur que leur haine envers les traîtres ne doit pas excéder la nécessité de protéger leur peuple...
– Bien, Maître Jedi, acquiesça l’Humain en se raidissant.
Lorsque l’officier se retira en direction d’une console, Baoth poussa un soupir de lassitude.
«
Il faut absolument découvrir le plan des Sith ! »
Il entra en méditation pour améliorer sa réceptivité à la Force. Le voile du Côté Obscur l’empêchait de pressentir l’avenir, surtout depuis que l’aura malfaisante de l’Empereur s’étendait sur la totalité du champ de bataille. Baoth espérait néanmoins que la Force lui enverrait un message, un signe qui l’aiderait à contrecarrer l’invasion. Même l’image fugitive d’un des avenirs possibles lui suffirait. Les courants de la Force se mouvaient, toujours en perpétuelle évolution. Au grès de chaque action dans l’Univers, le futur changeait et plus il était proche plus il devenait certain. Baoth se représentait cet état de fait par un tourbillon dont l’œil formait le présent tandis que sa périphérie incarnait les nombreuses possibilités de l’avenir. Aucune image ni aucun indice ne transparaissait dans le cyclone, lequel demeurait désespérément aussi opaque qu’un lac de Bonadan.
Frustré, Baoth ressentit des maux de tête en voulant repousser les limites de ses perceptions. Le Jedi Vengeur n’était pas un combattant émérite comme la plupart de ses confrères. Non, ses qualités résidaient dans sa sagesse, son intelligence et dans sa sensibilité à la Force Unificatrice.
Un vacillement à peine décelable secoua les nuages orageux du tourbillon, redonnant de l’espoir à Baoth. Malgré son expérience dans le domaine, il ignorait la provenance de ce phénomène. Il persévéra dans son entreprise, cherchant à briser le voile avec confiance et une volonté raffermie. Mais alors que sa frustration revenait à la charge et se muait en colère impuissante, le Jedi comprit le mécanisme ayant engendré cette distorsion.
Une image indistincte apparut l’espace d’une fraction de seconde à la base du tourbillon. Personne ne pouvait en tirer quoique se soit, mais Baoth savait désormais que sa colère avait provoqué la manifestation de cette vision. Ainsi, le voile pouvait être combattu par des émotions négatives. La frontière était dangereuse à franchir et Baoth acceptait ce risque en sa qualité de Jedi Vengeur.
Sa haine refoulée des Sith se concentra en lui, l’unissant à son pouvoir de Double-Vue. Cette fois-ci, des images apparurent au sein du tourbillon. Lui-même se trouvait dans l’œil, tout en bas, et il lui était impossible d’observer les événements plus hauts du futur lointain. Son habileté à voir les destins lui permettait de réduire son champ de vision à la bataille, mais il était bien incapable de se concentrer sur un seul individu. Il se retrouva par conséquent assailli de nombreuses images de soldats, de Jedi et même de Sith. Certains combattaient sur Dxun ou dans l’espace, d’autres se faisaient blesser ou mourraient sans que Baoth ne puisse reconnaître qui que ce soit.
Puisant à contrecœur dans sa haine refoulée, Baoth s’efforça d’étendre la portée de son pouvoir afin de voir des avenirs plus importants. Les images se firent moins nombreuses, mais le vieux sage entrevoyait ses limites. Il ne pouvait aller plus loin...
Des vaisseaux de tout bord explosaient le plus souvent, mettant fin à des centaines de vies. Certaines images sortirent du lot :
« Un homme de dos, tout de noir vêtu, fait face à Ixtab, le membre de l’Usumacita, en brandissant un sabre laser rouge. La flotte mandalorienne quitte la bataille autour de Dxun. Dans une autre, elle est totalement réduite en pièces. »
Le mal de tête s’intensifia, donnant l’impression à Baoth d’avoir une multitude d’insectes en train de dévorer son cerveau. Il parvint cependant à jeter un regard en hauteur grâce aux dernières forces de sa volonté.
Au-dessus de lui, une bande circulaire demeurait totalement opaque, comme si la Force elle-même n’avait aucune information à donner durant cette période. Plus haut, les visions perdaient en netteté. Baoth aperçut trois silhouettes se battant au sabre laser, tantôt deux restaient debout, des fois une seule.
Alors qu’il atteignait ses limites, sa conscience se retrouva brusquement projetée hors de son état de méditation. Son dos rencontra violemment le sol glacé de la passerelle lorsqu’il revint à lui.
Midla Nok, sa Padawan, accourut, le visage déformé par l’inquiétude à la vue de son regard hagard.
– Maître, vous allez bien ? Que vous est-il arrivé ?
Le vieux sage battit deux fois des paupières.
– J’ai vu une fraction du plan de l’ennemi, Midla.
Chassant les dernières traces d’hébétude de son expérience, il se rappela l’ultime vision.
– Les Sith veulent provoquer une Tempête de Force afin d’anéantir notre flotte ! Midla, ma chère Padawan, nous devons tout faire pour l’empêcher.
– Vraiment ? s’éberlua la jeune Twi-Lek avec effroi.
- Combien de temps suis-je resté en état de méditation ? demanda-t-il sur un ton plus âpre qu’il ne l’aurait voulu.
Passant ses bras frêles sous l’aisselle du Maître des Jedi Vengeurs, Midla l’aida à se relever avant d’ajouter, mal à l’aise.
– Près d’une heure... j’ai intimé que l’on ne vous dérange qu’en cas d’extrême urgence. Les flottes des Alliés en attente s’impatientent et sont à deux doigts d’intervenir malgré vos ordres. Les vaisseaux ondéroniens autour de Dxun ont tous été détruits...
Aussi malheureuse que soit cette nouvelle, Baoth se préoccupait peu de cela. Les Alliés perdraient bien plus si le plan des Sith entrait en action sans réaction de sa part. L’Empereur l’avait senti lorsqu’il déchirait le Voile du Côté Obscur et l’avait chassé tel un insecte balayé par une rafale de vent.
– Maître Baoth !
Il leva les yeux en direction de l’amiral Shake qui approchait l’air tendu.
– Une troisième flotte Sith vient dans notre direction, nous n’avons plus le choix désormais. Nous nous ferons écraser sans renfort !
– Si nous faisons cela, nous déclencherons une Tempête de Force qui détruira une partie de nos vaisseaux. Je ne peux permettre cela...
L’amiral se raidit. De toute évidence, il avait du mal à croire que la Force soit capable d’un tel cataclysme.
– Dois-je comprendre que vous laisseriez la Troisième et les Hapiens périr ?
Mais Baoth ne put répondre à cette question épineuse. Vamyer glapit d’une voix paniquée :
– La dernière flotte Sith manœuvre et tente de contourner nos positions !
«
Celle où est présent le vaisseau amiral de l’Empereur. »
Le Maître se dirigea vers l’hologramme du champ de bataille en compagnie de Midla et de l’Amiral Shake. Il allait devoir prendre une décision et vite, mais il ne savait que faire. Le génie tactique de l’Empereur l’avait enfermé dans un piège inextricable.
Il fronça des sourcils en voyant les points verts des Forces Alliées bouger.
– Je n’ai pas donné d’instructions aux Chiss et la 4e d’intervenir ! Amiral, qu’est-ce que cela signifie ?
- Je ne comprends pas ! s’énerva Shake. Je doute qu’il s’agisse là d’une mutinerie contre vos ordres. La 4e a l’habitude de se battre avec les Vengeurs et connaît vos tactiques. Ce qui n’est pas le cas des Chiss.
Baoth réfléchit un instant.
Il y avait bien un coupable possible à la désobéissance de la 4e, mais il lui fallait des preuves avant de proférer des accusations.
«
Comme si c’était le moment pour ce genre de choses... » grommela-t-il intérieurement.
– Ouvrez un canal privé vers le Chariot de Mandalore, intima-t-il à l’officier des communications.
Ce dernier avait peur et voir ses chefs se frustrer sans raison apparente ne l’aidait pas. Il perdit quelques secondes en se trompant de touches, mais finit par entrer en contact avec le vaisseau amiral de la flotte mandalorienne.
– Ici, Maître Baoth, du Démocrate, vous me recevez, Chariot ?
– Ici, Mandalore le Rempart, grogna une voix grave. Nous allions justement vous communiquer certains faits dérangeants. Sur Dxun, il semblerait que les Sith abandonnent la partie sans avoir réellement joué. Leurs troupes se sont faites décimer.
– Quel est votre sentiment personnel sur la situation ?
– Outre le fait que j’adore voir nos turbolasers les envoyer en enfer, je les soupçonne de manigancer quelque chose. Ils ne veulent pas vraiment prendre Dxun à mon avis... Attendez !
Alors que les Chiss impériaux et la 4e se joignaient à la bataille, Baoth patienta un instant, mais il crut deviner la raison de ce silence soudain en jetant un œil à l’hologramme de l’affrontement autour de Dxun.
– Baoth ! Le détachement Sith de Dxun se retire en direction d’Ondéron. Ils veulent contourner nos forces avec l’aide de leur 4e flotte ! C’était un leurre !
Le Maître Vengeur engrangea cette nouvelle information et récapitula.
Il était actuellement engagé sur le front principal au sein de la Troisième de la République avec les Hapiens, rejoint par les Chiss impériaux et la 4e. En face, deux forces Sith associaient leurs efforts dans ce qui promettait d’être une bataille épique. Le vieux sage serra les dents, craignant par-dessus tout que la Tempête de Force se déchaîne à tout moment.
Sur le deuxième front de Dxun, seule subsistait l’imposante flotte mandalorienne, laquelle devait faire face aux Chiss rebelles et aux deux autres armadas Sith.
– Cette 4e des Sith ne doit pas passer ! Je donne l’ordre de leur faire barrage immédiatement ! rugit Mandalore avec détermination.
– Ne faites pas ça ! Vous subirez d’immenses pertes, Mandalore, répliqua Baoth en s’efforçant de rester calme.
En même temps, il ne voyait aucune autre solution pour empêcher les Sith de prendre d’assaut Ondéron.
– Cessez ces palabres larmoyantes de Jedi. Nous sommes à la guerre et la Galaxie entière se rappellera notre vaillance au combat. Et nous avons une petite surprise pour ralentir les ennemis que nous retenons actuellement.
Baoth comprit instantanément pourquoi Mandalore le Rempart était un des amis de Venge. Sa volonté, son abnégation et son courage se trouvaient dignes de louanges, bien plus que la plupart des êtres vivants de la Galaxie.
– Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de mourir avec honneur, annonça le Vengeur avec tact.
Malgré la situation, Mandalore eut un faible rire rauque :
– J’ai bien l’intention de survivre contre vents et marées. Que la Force soit avec vous !
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