Chapitre 15 : L’Arme.
La porte blindée s’ouvrit en coulissant, et Dan put enfin respirer à l’air libre. Ils avaient pénétré dans l’atmosphère de la planète, l’air étant désormais respirable, ils n’avaient plus besoin de rester cloîtrés dans l’obscurité étroite de la canonnière TIO/BA qui les amenait en bas.
Dan en profita pour observer le paysage, car c’était la première fois qu’il venait sur cette planète. Dac. C’était assez saisissant. C’était une chose de savoir que la planète était entièrement recouverte d’eau, c’en était une autre de voir cet immense océan s’étendre sous ses yeux, et réaliser qu’il n’y avait aucun continent, aucun rivage pour la limiter. Excepté bien sûr, les villes flottantes que les Mon Cals, et les Quarrens avaient érigées ça et et là. Comme la ville de Krineron, haut lieu de la culture des Mon Cals, vers laquelle précisément ils se dirigeaient.
Krineron se trouvait non loin de la ligne de front, la Sixième armée y maintenait donc une importante garnison. Leur général en chef, Kit Fisto attendait Dan, encadré par de nombreux soldats.
« Maître Fisto, le salua Dan. »
« Padawan Dalthornar. Je m’étonne de ne pas vous voir accompagné de votre maître, Jor Drakas. Je pensais qu’il devait vous accompagner ? »
« Et moi je m’étonne de ne pas le voir avec vous. Ses instructions étaient de me rejoindre ici, sur Mon Calamari. »
Kit Fisto fronça les sourcils.
« C’est inquiétant. La mission que je dois vous confier est dangereuse, je ne veux pas qu’un padawan privé de son maître l’accomplisse. »
« Avec tout mon respect, maître Fisto, je pense être en mesure de... »
« Et sans vouloir remettre en cause vos capacités, il y a une raison pour laquelle un padawan jedi a un maître. Le rôle d’un chevalier jedi n’est pas à d’être des années lumières de son padawan quand celui-ci est en danger. Je vais contacter Jor Drakas sur le champ, pendant ce temps, je vais laisser le commandant Vrakd ici présent vous donner les détails de la mission que vous accomplirez avec votre maître. »
Dan comprit qu’il ne servirait à rien de discuter.
« Comme vous voudrez, maître Fisto. »
« Si vous voulez bien me suivre, dit Vrakd. »
Dans la salle des cartes, le commandant lui présenta la situation.
« Comme vous le savez peut être, la guerre sur cette planète s’enlise complètement. Non seulement les armées droïdes sont nombreuses, non seulement elles ont fait main basse sur quantité de places fortes, sous marines ou non, mais en plus, elles sont soutenues par une large part de la population de Dac. »
« Les Quarrens ? »
« Principalement. Mais pas seulement. C’est loin d’être aussi simple que les gentils Mon Cal pro-républicains et les méchants quarrens pro-séparatistes. En fait, la plupart de la population, Quarren comme Mon Cal est attentiste, mais parmi les partisans, qui ont fait allégeance à un camp ou un autre, c’est plus réparti que ce qu’on pourrait croire. Il n’y a qu’à voir le général ennemi : il s’agit de l’amiral Merai, un Mon Cal. Il est donc compliqué de distinguer deux camps clairement définis au sein de la population. Le général Fisto est très pessimiste sur ses chances de remporter une victoire rapide ici. »
« Je vois. Et en quoi est-ce que je peux l’y aider ? »
« En rien. Vous ne pouvez pas aider à abréger la bataille de Mon Cal… en revanche vous pouvez faire en sorte qu’elle ne s’achève pas brutalement par une victoire des Séparatistes. »
Vrakd alluma une table holographique, et l’image d’un Omwati apparut.
« Voici, Kiwal Rure, un ingénieur au service de la Confédération. Nous savons de source sûre qu’il se cache depuis peu ici, sur Mon Cal. Nous pensons qu’il met au point une arme, capable de donner une victoire rapide aux séparatistes. Il est extrêmement dangereux pour nous. Je pense que vous avez entendu parler du Malveillant ? »
« Ce vaisseau amiral, que le général Skywalker est parvenu à détruire au tout début du conflit ? »
« Oui. Il était équipé d’une arme inédite, d’un canon d’un genre nouveau, capable de neutraliser nos vaisseaux. Ce canon avait été conçu par Kiwal Rure. Nous pensons que la nouvelle arme qu’il prépare s’appuie sur ses travaux précédents. Peut être même est-il entrain de préparer le même canon, pour de nouveaux vaisseaux. »
« Je dois donc le capturer ? »
« Oui. Vivant si possible. Le Chancelier Palpatine a lourdement insisté sur ce point : l’impossible doit être mis en œuvre pour capturer Kiwal Rure vivant, en aucun cas il ne doit être tué. »
« Mettre à mort ceux que l’on pourrait capturer n’est pas dans la philosophie des jedi de toutes les façons. Où est-ce que je pourrai le trouver? »
Vrakd, fit s’afficher une carte de la région.
« Il se terre ici, dans la petite ville de Niondel. C’était une petite bourgade paisible… avant que les Séparatistes ne s’en emparent, soumettant l’ensemble de la population et n’en fassent une véritable forteresse. Un puissant bouclier déflecteur la protège, si bien qu’il est impossible d’y entrer que ce soit par voie aérienne ou maritime. »
« Mais alors... »
« La seule solution est d’adopter la voie sous-marine. Mais ça reste dangereux : les destroyers sous-marins des Séparatistes patrouillent régulièrement, même un poisson ne pourrait y pénétrer sans qu’ils ne soient au courant. Mais un jeune officier Mon Cal a eu une idée. Je vais le laisser l’exposer lui même. »
Un jeune Mon Cal, vêtu d’un uniforme d’officier républicain s’avança. Il s’inclina brièvement, et pianotant sur le panneau de commande de la table holographique, fit apparaître l’image d’une falaise sous-marine.
« Voici la falaise de Criffter. Elle se trouve non loin de la ville de Niondel, et s’étend de part et d’autre du bouclier déflecteur. Plusieurs canyons la traversent, mais l’un d’entre eux en particulier nous offre l’opportunité de pénétrer dans la ville. Il n’est en effet jamais surveillé par la CSI, car il est trop étroit pour permettre le passage d’engins sous marins, et considéré trop dangereux pour que des unités le traversent. »
« Trop dangereux ? »
« Oui. Le canyon est hanté par des poulpes diables, capables d’engloutir un être humain en un clin d’oeil. Mais ce n’est pas tout… Il y a quelques années, un riche imbécile de Niondel possédait un aquarium, une véritable attraction pour touristes. Mais il voulait que son aquarium soit la renommée de toute la Galaxie, alors il a dépensé une fortune pour qu’on lui ramène… un aqua-monstre sando. »
« Vous plaisantez ? »
« Non. L’équipe qu’il a financée a été à moitié décimée, mais elle est parvenue à lui rapporter un jeune mâle encore enfant. Pendant quelques années tout s’est bien passé, mais la créature a fini par devenir gigantesque, et elle s’est enfuie de l’aquarium, et s’est enfuie à travers la ville, semant le désolation et le carnage sur son passage, avant de gagner les eaux. »
« L’aqua-monstre sando a pu passer par la ville ? A l’air libre ? »
« Oui. Plusieurs théories voulaient que cette bestiole soit capable de se mouvoir sur la terre ferme, vues ses pattes et sa morphologie. Ça été l’occasion de le vérifier… une aubaine pour les scientifiques, vraiment, mais pas pour les habitants. Toujours est-il que depuis, la bête hante les abords de la ville, et plus particulièrement les falaises de Criffter. Ainsi aux yeux des Séparatistes, il est impossible que quiconque passe par là. Il ne s’attende pas à ce que l’on tente cette... »
« Folie ? »
« Oui. Je me doutais que mon plan ne vous plairait pas, mais... »
« Détrompez vous, dit Dan avec un sourire féroce, je l’adore. »
L’officier Mon Cal hocha la tête d’un air satisfait. Au même moment Kit Fisto entra dans la pièce, l’air furieux.
« Jor Drakas m’a tout simplement raccroché au nez ! Il ne veut rien savoir, ne veut pas quitter Ryloth. Je serais ravi d’aller le chercher moi même par la peau des fesses, mais nous n’avons pas le temps... »
« Nous devrons donc faire sans lui, dit Dan d’un ton indifférent. »
« Oui. »
Kit Fisto désigna l’officier Mon Cal.
« J’imagine que le lieutenant Ackbard ici présent t’a exposé son plan ? »
« En effet. »
« Il te semble bon ? »
« Oui, je ne pense pas que l’on pourrait en trouver de meilleurs. »
« Surtout que je ne lui ai pas encore expliqué pourquoi nous avions besoin d’un jedi pour cette mission, renchérit Ackbard. »
« Je vois, dit Fisto. Mais j’ai peur que cette partie là du plan soit plus qu’aléatoire. »
« De quoi parlez vous ? demanda Dan. »
« Le lieutenant Ackbard avait dans l’idée qu’un chevalier jedi pourrait apaiser les créatures que vous ne manquerez pas de rencontrer au cours de la mission. Y compris l’aqua-monstre sando . »
« J’ai entendu dire que les jedi avaient ce pouvoir… dit Ackbard. »
« C’est en effet l’une de nos techniques. La maîtrises tu, jeune Dalthornar ? »
Dan hésita…
« Maître Yoda m’en a expliqué la théorie mais... »
« Tester la pratique sur l’un des monstres marins les plus puissants de la Galaxie est un peu rude, n’est-ce pas ? »
« Oui. »
« C’est ce que je craignais. Je vais devoir vous accompagner. »
« En aurez vous le loisir ? »
« Si les Séparatistes nous laissent tranquille, et ne lancent pas d’assaut, oui. »
Dan se sentit profondément soulagé. Un bref instant, il s’était vu confronter ses pouvoirs à un léviathan de plusieurs centaines de mètres de long.
« Pourquoi ne pas y aller tout de suite ? »
Fisto fronça les sourcils.
« Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation jeune homme. La nuit va bientôt tomber, les créatures sous marines abondent à ce moment là, nous nous mettrions inutilement en danger. Nous attendrons demain, dés la première heure pour partir. »
Il fut réveillé en pleine nuit par des alarmes stridentes qui retentissaient dans tout le bâtiment. Dan bondit sur ses pieds et s’habilla en hâte. Il jeta un rapide coup d’oeil par la fenêtre, l’aube pointait à peine.
« Que se passe-t-il ? demanda-t-il une fois arrivé au centre de commandement. »
« Les Séparatistes lancent un assaut sur la ville, et sur plusieurs autres places fortes du front. Je vais diriger la contre-offensive, puis j’irais les contrer partout où ils attaquent. Il va falloir repousser la mission, je t’envoie à Calren, une ville neutre non loin de Niondel. Tu y attendras que je te rejoigne, en aucun cas tu ne dois te risquer à tenter d’accomplir la mission seul, compris ? »
« Bien, maître. »
« Une canonnière TIO/BA t’attend, j’ai prévu une escouade d’ARC Troopers pour t’accompagner. Ils nous seront utiles pour la mission. Le lieutenant Ackbard viendra avec toi également. Si tôt l’offensive séparatiste repoussée, je te rejoindrai avec une autre escouade. Je fais au plus vite. Que la Force soit avec toi. »
« Que la Force soit avec vous maître. »
Une heure plus tard, Dan était dans la canonnière TIO/BA, en compagnie des ARC Troopers, et volait droit vers Calren. Se tenant à la barre qui surplombait l’ouverture latérale, Dan se pencha dehors et observa l’horizon :
« Pilote : on est proche de Calren ? »
« On ne devrait pas tarder à l’avoir en visuel monsieur, encore une dizaine de minutes et… bon sang qu’est-ce que c’est que ça ? »
Au loin, le nuage d’une gigantesque explosion venait de se former, et montait en l’air, gigantesque champignon de feu, dont la chaleur se ressentait jusqu’à l’endroit où ils étaient, à des kilomètres de là.
« Ca vient de Calren dit Ackbard effrayé. »
« Il faut qu’on aille là bas, tout de suite ! »
« Mais monsieur... »
« On doit savoir ce qu’il s’est passé, insista Dan, on y va ! »
« Bien monsieur. »
Ils arrivèrent bien vite sur les lieux. Dan s’était attendu à trouver une ville dévastée par l’explosion, en ruines peut être. Il ne s’attendait pas à découvrir ce qu’il allait découvrir : la ville avait tout simplement disparu. Elle avait été remplacée par une mer de débris, de gravats et de poutres, de verre brisé et… de corps déchiquetés. Dan eut la nausée en les voyant, et il s’en fallut de peu qu’il ne rende son déjeuner. Il se tourna vers Ackbard, qui semblait aussi horrifié que lui.
Ils passèrent ainsi au milieu de la ville, à la recherche de survivants, mais il apparut bien vite que c’était inutile : personne n’aurait pu survivre à une telle attaque. En aucun cas. Passé le choc, une sourde colère monta en Dan : la ville était neutre, ce n’était pas un objectif militaire, ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : le tir contre Calren avait été un test… des milliers de gens tués en un seul coup en guise de test.
« Quelle genre d’arme peut vaporiser une ville en un seul coup ? demanda abasourdi Ackbard. »
« C’est pas ça la question, répliqua Dan. La vraie question, c’est quel genre de monstre peut concevoir une telle arme ? »
Un éclair vert les illumina soudainement. Ils eurent juste le temps de lever les yeux, et de voir un rayon traverser le ciel, et se perdre au loin. Un nuage d’explosion se forma alors dans la zone où il avait disparu, signe qu’il avait à nouveau anéanti une ville.
« Qu’est-ce que c’était que ça ? »
« C’était l’Arme, encore une fois. Combien de temps s’est-il écoulé depuis le dernier tir, celui qui a réduit en miette cette ville ? »
« Une demi-heure monsieur. »
« Alors toutes les demi-heures, cette arme est capable d’anéantir une ville. Littéralement. On ne peut pas attendre que maître Fisto nous rejoigne. »
« Vous voulez dire que... ? »
« Oui. Pilote : cap sur Niondel. »
« Mais monsieur : maître Fisto a dit que... »
« La situation a changé. »
Ackbard intervint :
« Attendez ! Dans notre plan nous devions prendre un sous-marin ici pour nous rendre aux falaises de Criffter. Sans ça, les Séparatistes nous verront à des kilomètres ! »
« Oui. Ils vont nous voir, et nous abattre. »
« Mais dans ce cas... »
« Dans ce cas, nous quitterons la canonnière avant qu’elle n’explose. En volant suffisamment près de l’eau, on s’en sortira facilement. Ils nous croiront morts avec un peu de chance, et alors nous pourrons nous faufiler à travers les falaises jusqu’à la ville. »
« Ils seront sur leurs gardes. Et que fait avec l’aqua-monstre sando ? »
« Un problème à la fois, voulez-vous ? »
« C’est une tentative désespérée... »
Dan désigna la colonne de fumée au loin.
« C’est une situation désespérée. Pilote, je vous ai donné des ordres, qu’attendez vous pour y obéir ? »
« Bien monsieur. »
Ils s’envolèrent droit vers Niondel à toute allure, mais même ainsi, il fallut un certain temps pour atteindre la ville. Celle-ci commençait lentement à se profiler à l’horizon lorsque le pilote de la canonnière s’écria :
« Monsieur ! Deux vautours droïdes nous prennent en chasse ! »
« Très bien. Rasez la surface, et préparez vous à vous éjecter. Mais avant de sauter, vous activerez le pilote automatique. Ainsi les vautours poursuivront la canonnière sans se soucier de nous. Privée d’un pilote intelligent, se contenant de voler toute seule en ligne droite, la canonnière se fera vaporiser, et on nous croira morts. »
Dan se tourna vers Ackbard :
« A quelle distance on est des falaises de Criffter ? »
« Dix kilomètres environ. »
« On va être quitte pour une longue randonnée sous l’eau, maugréa l’un des soldats clones. »
« J’espère qu’un peu d’eau ne vous effraie pas capitaine ? »
« De l’eau non… ce qui vit en dessous par contre... »
Les vautours droïde se mirent à faire feu sur eux. Ils eurent l’impression d’être enveloppés dans une pluie de tirs lasers dont la plupart les manquaient et frappaient la mer, soulevant des gerbes d’eau. Dan et Ackbard s’équipèrent pour leur périple sous-marin : une tenue de plongée, qui se composait principalement d’un casque pour pouvoir respirer, et d’une fusée dorsale pour pouvoir se diriger sous l’eau. Les clones n’avaient pas besoin d’équipement supplémentaire que leur armure de combat standard.
« Pour ce qui vit sous l’eau, répondit Ackbard, j’imagine que vous avez un plan, jedi ? »
« Préparez vous à sauter, ordonna Dan en préférant ne pas répondre à la question. »
L’un des tirs finit par atteindre la canonnière, et celle-ci tangua lourdement. Bien vite, un second tir atteint sa cible, puis un troisième.
« On va pas tenir très longtemps ! cria le pilote. »
« Sautez ! cria Dan. »
Ils bondirent tous ensemble hors de la canonnière, y compris le pilote, qui s’éjecta. Leur vaisseau, privé de pilote, poursuivit tout seul sa trajectoire, jusqu’à ce que l’un des vautours l’atteigne en plein moteur et le fasse exploser.
« Bien, dit Dan, maintenant, on passe à la suite. »
Lentement, ils s’enfoncèrent dans l’eau. Ce ne fut que lorsque ils atteignirent environ trente mètres de profondeur que Dan se rendit compte qu’il plongeait pour la première fois. Il découvrait, sous les flots un tout nouveau monde, un monde fait de silence et de bleu. C’était assez singulier : à priori, tout était vide, dépourvu de vie, que rien ne venait se mouvoir dans cette immensité bleuté, y respirer, s’y nourrir, y vivre. Mais au bout d’un certain temps, Dan finit par percevoir un foisonnement de vie autour de lui, et à discerner, ça et là, l’ombre fugitive de poissons et autres bêtes. Heureusement, il ne discernait pas encore de bêtes plus grosses que des poissons, pas de requins, de poulpes, ou heureusement, d’aqua-monstre en vue.
Soit parce que sa vue s’adaptait à l’océan, soit parce qu’en se rapprochant de la ville le terrain remontait, ils se mirent à discerner le fond. Celui-ci devint bien vite plus rocailleux, et à mesure qu’ils avançaient, il leur semblait qu’un grand mur noir se dressait devant eux. Lorsqu’ils en furent assez proches, ils comprirent de quoi il s’agissait.
« Les falaises de Criffter, annonça Ackbard. »
Elles étaient hautes et droites, leurs sommets, effilés par endroit, atteignaient et même dépassaient la surface. Leur façade regorgeait de vie, elles étaient couvertes d’algues, et des poissons ne cessaient d’y aller et venir en un trafic incessant.
« Où est le canyon ? »
« Par ici, suivez moi. »
Ils longèrent la falaise pendant un long moment. Rando, l’un des soldats ARC, guettait fréquemment un gadget accroché à son poignet. Il était censé lui indiquer la présence de gros objets, tels que des destroyers sous-marins ou des monstres marins. Pour l’instant, il n’affichait rien, et ça diminuait de quelque peu la tension qui s’était emparée du groupe depuis qu’ils étaient arrivés près de la falaise. De quelque peu seulement.
Ils finirent par arriver devant un étroit défilé, suffisamment large pour que quatre hommes côte à côte puissent y entrer. Cependant, on comprenait bien vite pourquoi ce passage avait été déclaré impraticable pour tout engin sous-marin : il était on ne peut plus irrégulier, ses parois étaient truffées de rochers qui débordaient largement en bouchant le passage parfois entièrement. Conduire un engin quel qu’il soit à l’intérieur aurait été un cauchemar, même pour le meilleur pilote de la Galaxie.
Ils restèrent un temps devant le défilé, peu pressés d’y entrer, car il était sombre et sinistre.
« Comment s’appelle ce défilé déjà ? demanda Rando. »
« La passe du Diable, répondit Ackbard. »
« Charmant, ironisa Alm, un autre clone. »
« Et quand vous parlez de poules géants, c’est géant comment ? Géant la taille d’un cheval ou géant la taille d’une baleine ? »
« Pas assez de gens se sont risqués dans ce canyon, ou en sont ressortis vivants pour qu’on le sache avec certitude, mais il semblerait qu’il y ait de toutes tailles. Des poulpes normaux, et des poulpes franchement gigantesques. »
« Je comprends mal comment quoique ce soit de géant peut vivre dans un défilé aussi étroit. »
« Ils vivent ici. Ils y dorment si vous préférez. Ils n’aiment pas trop la lumière du jour, et sortent la nuit pour aller chasser au large, ou sur les falaises. »
« Alors, si ils ne sortent chasser que la nuit, ils ne nous attaqueront peut être pas ? »
« Peut être… mais je ne parierai pas là-dessus... »
« Capitaine, quelle formation adopteriez vous en abordant une zone propice à une embuscade ? »
« Nous sommes douze, dix soldats clones, et vous deux. Je recommande une formation en étoile. Sur chaque côté de l’étoile, nous placerons deux soldats, plus deux autres au-dessus de nous, histoire de couvrir le plus possible d’angles d’attaque. »
« Bien, nous ferons comme vous dîtes. Allons-y, et sortez vos blasters. »
Ils avancèrent ainsi dans le canyon, avec prudence et circonspection. Ce ne fut qu’au bout de dix minutes, que le lieutenant Ackbard, qui se tenait aux côtés de Dan, remarqua une chose inhabituelle :
« Vous n’avez pas votre sabre laser ? »
Dan en effet tenait en main un blaster, au même titre que les clones.
« Sous l’eau il est inutilisable. »
« Pourtant, j’ai vu le général Fisto se servir de son sabre des dizaines de fois sous l’eau, commenta Alm. »
« Son sabre est spécial, le mien ne l’est pas. Rassurez vous, les adeptes de la Force sont plutôt doués au tir. »
« Toujours est-il que… attention ! »
De gros tentacules, épais et visqueux venaient de jaillir de la roche, cherchant à attraper les humains. Ceux-ci ouvrirent aussitôt le feu, ouvrant des plaies béantes dans les monstrueux appendices, qui s’arrêtèrent en pleins gestes, et se tortillèrent affreusement, sous l’effet de la douleur, comme ils étaient des dizaines de serpents indépendants. L’effet visuel était terrible, et un brin répugnant. Les tentacules, disparurent aussi vite qu’ils étaient apparus, à leur grand soulagement.
« Ne traînons pas ici. »
Ils progressèrent avec plus de vitesse, mais non moins de prudence, pressés de quitter cet étouffant et oppressant canyon. Après de longues minutes de traversée, la sortie était enfin en vue. La petite troupe pressa le pas, lorsque soudain une nouvelle nuée de tentacules leur barra le chemin, les encercla, et s’avança en grouillant vers eux. Ils étaient si nombreux, que cette fois-ci, les poulpes diables devaient être très nombreux.
Les assaillis répliquèrent, faisant à nouveau feu de tout bois, mais cette fois-ci, leurs tirs parvenaient à peine à ralentir les tentacules. Les poulpes s’enhardirent, et quittèrent leurs abris rocheux, fusant vers leurs proies. Visant les têtes et les corps, les humains en tuèrent une grande quantité, de toutes tailles et de toutes sortes, les lasers lacérant, et même déchirant les corps mous de leurs assaillants. L’issue du combat était incertaine. Adoptant une formation carré, les humains parvenaient à tenir à distance les monstrueux animaux, mais leur nombre ne semblait jamais décliner.
Soudain, sans crier gare, semblant obéir à un ordre mystérieux, les poulpes disparurent dans un bel ensemble, rejoignant leurs trous rocheux, si rapidement que quelques secondes plus tard, on eût pu douter de leur réalité.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
« Je vais te dire ce qui s’est passé, lança Rando, ses méduses géantes ont senti l’arrivée de trucs plus gros qu’eux. »
« L’aqua-monstre ? »
« Non. Des sous-marins Séparatistes. Ils viennent droit sur nous. »
« Mais je croyais qu’ils ne surveillaient pas ce canyon ? »
« Je pense qu’il doit s’agir d’une patrouille. Dissimulons nous, et ils ne nous verront pas, répondit Ackbard. »
Ils se dissimulèrent près des rochers, et attendirent le passage des engins séparatistes. Plusieurs gros sous-marins passèrent au-dessus du canyon, serpentant au milieu des falaises de Criffter. Leur passage provoqua de gros remous, que des créatures comme les poulpes devaient sentir à des kilomètres. Lorsque le dernier engin fut passé, Dan s’écria :
« Maintenant, quittons vite ce canyon, avant que les poulpes ne reviennent ! »
Ils s’élancèrent vers la sortie, nageant de toutes leurs forces, poussant leurs fusées dorsales à fond. A tout moment, Dan craignait de sentir un tentacule visqueux s’enrouler autour de sa jambe. Mais après une course effrénée, ils furent soudain en dehors du canyon et de ses dangers. Le soulagement envahit Dan avec une force délicieuse.
« Eh voilà ! On aura même pas eu affaire à l’aqua-monstre ! »
« Euh monsieur… devinez ce qui fonce droit sur nous ? dit Rando d’un ton incertain. »
« Vous vous moquez de moi ? »
« J’aimerais bien monsieur. »
« Combien de temps avant qu’il n’arrive ? »
« Environ cinq minutes. »
« On devrait retourner dans le canyon, non ? »
« Pour se faire dévorer par les poulpes ? »
« Et si on essayait d’atteindre la ville avant lui ? »
« Tu veux jouer à la course avec ce truc ? Moi pas ! »
« Et si... »
« Stop ! s’écria Dan. On ne peut ni s’enfuir, ni se cacher, ni combattre ce monstre. Mais on avait un plan, et on va s’y tenir. On va gagner les hauteurs des falaises, vous allez me couvrir, et je vais apaiser cette bestiole. Elle va tourner les talons, et on va ensuite rejoindre la ville comme prévu. »
Il put sentir le doute chez chacun d’entre eux, mais seul Ackbard émit une objection :
« Vous êtes sûr de vous ? »
« Parfaitement, répliqua Dan d’un ton volontairement sec et tranchant. »
En vérité, il était loin d’avoir autant confiance en lui qu’il le laissait paraître. Pour tout dire, il était même terrifié, à l’idée de se retrouver confronté à un monstre de légendes, dont on se plaisait à raconter les sanglants exploits entre padawans. Il n’avait jamais apaisé une bête hostile, et l’idée de s’exercer sur un tel monstre n’avait de très rassurant. Seulement, si il laissait voir qu’il avait peur, les autres douteraient encore plus, et cela n’aurait d’autre effet que de renforcer ses propres craintes.
« Allons-y maintenant. »
Ils se dirigèrent vers les sommets de la falaise. Elle formait à cet endroit, une sorte de petite arène, dont les contours étaient les plus hauts sommets, qui transperçaient la surface, tandis que le coeur de la « petite arène », était constitué de sommets bien plus bas, qui poitaient à des dizaines de mètres de la surface. Cela formait une zone suffisamment vaste pour permettre le passage d’un monstre gigantesque. Dan s’installa sur un pic rocheux assez sur-élevé, à une dizaine de mètres de la surface seulement, les clones s’installèrent sur des pics rocheux plus bas, tout autour de lui. Leurs blasters étaient pointés dans la direction par laquelle devait arriver l’aqua-monstre.
De longues minutes passèrent, le coeur de Dan battit à tout rompre, et il se surprit à être pressé que le monstre arrivât : l’attente était insupportable. D’un ton grave, Rando annonça :
« Il arrive. »
Les humains perçurent alors un chant, puissant et grave, qui résonna dans leurs oreilles, faisant trembler jusqu’aux rochers. Il aurait pu avoir une certaine beauté, mais en cet instant, il les terrifia. Dan sentit alors la présence de l’animal, il perçu son esprit froid et glacé, sa faim dévorante, et quelque chose, un état d’esprit qu’il ne put nommer sur le moment, mais que plus tard il désigna comme étant de la malveillance, une malveillance sombre et résolue, qui le figea de terreur.
Et soudain, le monstre apparut. Au regard des critères de son espèce, il était assez petit, et même chétif. Il mesurait en effet 80 mètres de long seulement, ce qui est ridicule, lorsque l’on sait que certains membres de son espèce atteignent les 200. Mais ni Dan, ni les soldats clones, ni le lieutenant Ackbard ne le trouvèrent chétif lorsqu’il fit irruption dans « l’arène », et se mit à tourner en rond, comme si il cherchait quelque chose. Sa taille, sa masse musculaire, la force apparente de ses mâchoires les glaça de peur. Avec effroi, Dan comprit qu’il devait sentir leur odeur, et les chercher, intrigué. Il devait agir vite.
Ne pouvant se mettre à genoux sous l’eau, position propice au calme et à la médiation, il nagea au-dessus de son rocher, et se laissa flotter, restant en apesanteur, tâchant de ramener le calme dans son esprit... sauf que c’était impossible. La peur du monstre qui se tenait en face de lui, le sentiment d’urgence qui le tenaillait, sachant que chaque minute perdue était une minute qui les rapprochait d’un nouveau tir de l’Arme, et de la mort de millions d’innocents, la colère et le dégoûts ressentis depuis qu’il avait survolé les décombres de la ville, tout ça bouillonnait en lui, et formait un cocktail d’émotions bien peu propices à la sérénité. Il tenta malgré tout de toucher l’esprit du monstre par son pouvoir, et de l’apaiser… l’animal tourna aussitôt la tête dans sa direction, et fonça droit sur eux. Les clones ouvrirent aussitôt le feu, mais le monstre ne ralentit pas pour autant, les lasers s’écrasant contre lui sans lui causer le moindre mal.
Le léviathan était toujours plus proche, son grondement effrayant roulant sur les rochers, faisant trembler jusqu’au coeur des humains. La panique saisit Dan et le submergea. Dans le même temps, tous les sentiments qu’il accumulait depuis ce matin et qui couvait en lui comme la lave dans un volcan sur le point d’entrer en éruption, semblèrent jaillir sous l’effet de cette panique, le sumberger, et le contraindre à agir. Dan frappa l’aqua-monstre de son pouvoir, de toute la force de sa peur et de sa colère. Il ne cherchait plus à l’apaiser. Désormais, il sentait la volonté du monstre, et en frappant celui-ci de son pouvoir, il comprit qu’il pourrait la plier, la tordre, à force d’effort. Ses émotions se comportaient comme un moteur qui alimentaient son pouvoir, le rendant toujours plus grand et terrible, et ce pouvoir se trouvait orienté par une idée fixe qui durcissait sa volonté : il ne devait pas mourir ici. Si il mourrait, ici, entre les mâchoires de l’aqua-monstre, des millions de gens mourraient. Pire, cette arme se répandrait sur d’autres planètes, et ce ne serait plus alors des millions de gens qui mourraient, mais des milliard. Sa responsabilité était de l’empêcher, et ça passait par survivre à ce monstre, et pour ça, il devait le plier à sa volonté.
Dés l’instant où Dan l’avait frappé de son pouvoir, l’aqua-monstre s’était stoppé, et s’était mis à se débattre piteusement de tous les côtés, comme saisi par les mâchoires d’une créature encore plus monstrueuse que lui. Dan serra les dents, et maintint la pression, jusqu’à ce que soudain, l’aqua-monstre cesse de bouger : il avait réussi. Il avait soumis à sa volonté un aqua-monstre sando.
Les clones avaient cessé de tirer, et observaient d’un air méfiant l’animal immobilisé. Dan hésita un bref instant, avant d’ordonner :
« On monte sur son dos. »
« Pardon ? »
« On monte sur son dos, on ira plus vite. Or chaque minute compte. »
Pour donner l’exemple, il activa sa fusée sous-marine, et vint se placer sur le dos du monstre, juste derrière son cou. Ce contact lui répugnait, il craignait qu’à tout instant il se rebelle et le dévore, mais il semblait bien qu’il le tenait en son pouvoir. Les clones et Ackbard le rejoignirent sans se presser cependant. Lorsqu’ils furent tous installés, Dan relâcha un tout petit peu son pouvoir, et aussitôt, le monstre fila. Il se mit à tourner en rond, comme un chien enfermé dans une cage. Les humains sur son dos faillirent en être éjectés. Dan reprit le contrôle, et contraignit à nouveau le monstre à s’immobiliser.
« On va devoir être plus précis… par où est Niondel ? »
« Dans cette direction monsieur. »
« Bien. »
Dan libéra à nouveau le monstre, libérant légèrement sa volonté, la canalisant plutôt, afin de le faire aller dans une seule et unique direction. Le léviathan fila à grande allure droit vers la ville. De longues minutes passèrent, et Dan pouvait nettement ressentir l’appréhension de ses compagnons : ils savaient bien qu’à la moindre défaillance de son pouvoir, le monstre retrouverait la maîtrise de son corps et de son esprit, et les dévorerait. Mais la crainte que Dan éprouvait renforçait son pouvoir, et il put aisément dompter l’animal sur tout le trajet.
Ils étaient environ à mi-chemin, lorsque Rando s’écria :
« Monsieur ! des sous-marins séparatistes arrivent droit sur nous ! »
Dan poussa le monstre à accélérer, et ordonna :
« Quand les sous-marins arriveront, restez abrités derrière la tête de l’aqua-monstre ! »
Les engins séparatistes ne tardèrent pas à se profiler devant eux. Ils avaient adopté une formation de type pyramidal, trois d’entre eux étaient en-dessous, deux autres au-dessus, et le dernier tout seul tout au-dessus. Dés qu’ils aperçurent l’aqua-monstre sando, ils firent feu sur lui, de toute la puissance de leurs machines. Dan sentit la douleur de l’animal, mais il perçut aussi qu’elle n’était pas grand-chose, tant sa peau était épaisse, et tant il était grand. Sous la pression de Dan, il accéléra encore, et finit par percuter la pyramide de sous-marins, brisant ceux qu’il avait cognés, endommageant les autres. Les clones poussèrent des cris de joie à la vue des sous-marins en perdition. L’aqua-monstre fila, loin des séparatistes.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent en vue de quelque chose de saisissant. Une immense colonne de béton, qui masquait l’intégralité de l’horizon, et qui montait jusqu’à bien au-dessus de la surface.
« On y est monsieur. Niondel. »
Usant de son pouvoir, et suivant les indications de Ackbard, Dan dirigea l’aqua-monstre jusqu’à l’un des nombreux quais sous-marins de la ville. Les clones et Ackbard descendirent de l’aqua-monstre, et se tinrent du quai. Dan les suivit, mais avec lenteur et précaution. Il ne relâcha le monstre qu’au dernier moment, et eut le soulagement de voir celui-ci s’éloigner aussitôt, aussi vite qu’il le pouvait, fuyant cet étrange pouvoir qui l’avait tenu à sa merci pendant si longtemps. Enfin libéré de la menace pesante de l’océan et de ses dangers, le petit groupe gravit une échelle qui menait à la surface, et firent irruption à l’air libre.
Ils tombèrent nez à nez avec une dizaine de droïdes, mais heureusement pour eux, il ne s’agissait pour la plupart que de droïdes mécaniciens, et ils en vinrent aisément à bout. Les clones et Ackbard firent feu sur eux, tandis que Dan les sabrait au sabre laser. Ils quittèrent ensuite le quai, tandis que des alarmes se mirent à retentir dans toute la ville signalant leur présence. Ils s’éloignèrent du port, et gagnèrent une ruelle étroite et sombre située entre deux rangées d’immeubles. Là, le lieutenant Ackbard et Dan cachèrent leur combinaison de plongée, qui à l’air libre les handicapait plus qu’autre chose. Ils prirent ensuite quelques instants pour déterminer leur situation, et quel serait leur prochaine action.
Pendant que Ackbard et Alm étudiaient des plans de la ville pour déterminer leur itinéraire, Rando et Dan faisaient le guet à l’entrée de la rue.
« C’était impressionnant ce que vous avez fait dans l’eau, monsieur. Je n’avais jamais vu un jedi maîtriser un monstre aussi énorme. »
Dan serra les dents, contrarié. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la façon dont il avait plié l’aqua-monstre sando à sa volonté n’était pas « très jedi », et il ne savait que trop ce qu’en auraient dit Maître Windu ou Maître Yoda. Heureusement pour lui, Ackbard les appela, et il n’eut pas à répondre à Rando.
« Avant l’arrivée séparatiste, la ville possédait un générateur de bouclier, exposa Ackbard. Elle ne s’en servait qu’en cas d’urgence, mais aujourd'hui, les séparatistes doivent probablement se servir du même, pour éviter tout bombardement orbital. L’Arme doit logiquement se trouver dans un espace qui autrefois était dégagé, car vu la puissance de ses tirs, elle doit être énorme. Je penche pour ici : la place de la République, c’était un espace ouvert assez large pour y installer quelque chose d’aussi imposant, et symboliquement je pense que ça plairait aux séparatistes d’installer leur arme ici : cette place a été faite pour célébrer la République, y installer une arme destinée à la détruire ne manquerait pas d’ironie... »
« Je suis d’accord, dit Dan, commençons par là. On a des explosifs ? »
« Affirmatif monsieur, ça fait partie de notre équipement standard. »
« Alors voilà comment je vois les choses : on endommage l’Arme suffisamment pour l’empêcher de tirer, on retrouve l’ingénieur Kiwal Rure, on le capture, puis on désactive les boucliers, et on demande à la flotte républicaine d’envoyer des canonnières TIO/BA place de la République, histoire de détruire définitivement l’Arme. »
Au moment où il prononça ces mots, Dan se rendit compte à quel point son plan était risqué, et il perçut l’appréhension des clones et de Ackbard.
« C’est risqué, mais je ne vois pas trop ce qu’on pourrait faire d’autre, dit Rando, exprimant l’opinion générale. »
« Alors dans ce cas, allons-y, trancha Dan. »
« En passant par le toit des immeubles, on risque moins de se faire remarquer par les patrouilles au sol, et on verra plus vite si nos soupçons à propos de la place de la République sont fondés, suggéra Ackbard. »
« Entendu. »
Ils pénétrèrent dans l’immeuble le plus proche, en forçant la porte, et montèrent jusqu’au toit. Sur le chemin, ils rencontrèrent plusieurs civils mon cal, que Ackbard se chargea de rassurer. Une fois sur le toit, les clones s’envolèrent jusqu’au suivant, usant de leurs fusées dorsales, portant Dan et Ackbard. Ils progressèrent ainsi lentement, sautant de toits en toits. Loin en contrebas, ils pouvaient voir les droïdes de combat séparatistes les chercher partout. Les patrouilles étaient très nombreuses, les civils étaient interrogés, et les alarmes retentirent pendant longtemps avant d’enfin se taire. Toute cette activité les préoccupait, mais il semblait bien qu’ils avaient trouvé la parade en passant par les toits. Seules les patrouilles volantes, constituées de chasseurs droïdes les inquiétait, mais ils parvenaient à les détecter en avance, et à se dissimuler à temps. Après une heure de progression, ils finirent par arriver là où ils voulaient : en vue de la place de la République. Sauf qu’il n’y avait plus de place. Un immense bâtiment noir la recouvrait intégralement, se dressant loin au-dessus des immeubles. Il était sans fenêtre, mais ses façades étaient étrangement dessinées. Chacune d’entre elle présentait un large renfoncement dans sa structure, qui formait une sorte de cratère. Dan, Ackbard et les clones étaient perplexes.
« On est au bon endroit ? Vous êtes sûrs que c’est là, la place de la République ? dit Rando. »
« Oui, ça ne faut aucun doute. Ce bâtiment n’a pas été construit par mon peuple, il a été construit par les séparatistes. »
« Vous croyez que l’Arme est là-dedans ? »
Soudain, un grondement sourd se fit entendre. Ca venait du bâtiment noir. Ils tournèrent la tête dans sa direction, et ce qu’ils virent les glaça d’effroi. L’un des étranges renfoncements en forme de cratère s’était mis à briller sur l’une des façades du bâtiments. Quatre épais rayons laser verts jaillirent des quatre côtés du renfoncement, se regroupèrent et formèrent un rayon laser plus imposant encore, qui fusa en direction de l’horizon.
« L’Arme n’est pas à l’intérieur du bâtiment, répondit Dan, l’Arme est le bâtiment. »
« Comment on va la neutraliser ? »
« On ne va pas le faire. »
« Comment ? »
« On change de plan : plus question de chercher à endommager l’Arme, on file droit vers les boucliers et on les désactive. Les canonnières
ne pourront pas détruire ce bâtiment, il faudra un bombardement orbital pour en venir à bout. Un tir de Star Destroyer devrait suffire, deux peut être. Puis, si il n’était pas à l’intérieur de l’Arme, on retrouve Kiwal Rure et on le capture. Des questions ? »
« Il y a des civils dans le coin, répliqua Ackbard, on ne peut pas prendre le risque de... »
« Notre assaut sur les boucliers devrait déclencher une alerte générale, et les civils devraient se cacher. »
« Avec un tir de Star Destroyer, on ne peut pas avoir la certitude qu’il n’y aura pas de dommages collatéraux. »
« Non, mais avez-vous une autre idée ? Si on ne fait rien, les pertes civiles vont s’accumuler… A combien on en est depuis le début de la matinée ? Des dizaines de millions ? Des centaines ? Combien il en faudra pour que vous acceptiez qu’on prenne le risque ? »
Ackbard baissa les yeux. Dan sentait et comprenait sa réticence, mais comme lui, le lieutenant ne voyait pas d’autres solutions.
« Moi monsieur j’ai une question d’ordre technique, dit Alm, comment est-ce qu’on ramène Kiwal Rure ? Comment on s’échappe d’ici ! »
Une question d’ordre technique ! Dan crut tout d’abord que le clone se moquait de lui, et fut sidéré de réaliser que non. Pour Alm, et probablement pour ses camarades, leur survie était
une question d’ordre technique. Sans laisser paraître son trouble passager, Dan répondit :
« On volera un sous-marin séparatiste, dans la confusion, je pense qu’on pourra s’échapper ainsi. Si il n’y a plus de question maintenant, allons-y. »
« Bien monsieur. »
Ils mirent presque deux fois moins de temps pour atteindre le générateur de bouclier qu’ils en avaient mis pour atteindre l’Arme, mais Dan n’eut pas cette impression. Chaque seconde lui pesait terriblement, car il savait qu’elle le rapprochait du moment où l’Arme pourrait à nouveau tirer, et briser des millions de vies.
Une fois arrivés devant le générateur de bouclier, un nouveau problème se posa à eux : l’endroit était gardé par tout un bataillon de droïdes et de super droïdes de combats, accompagné même de blindés. A douze, ils n’avaient aucune chance d’atteindre le générateur par la force.
« Comment va-t-on faire ? demanda Dan. »
« J’ai une suggestion, monsieur, proposa Alm. »
« Oui ? »
« Moi et les autres, nous créons une diversion dans une ruelle non loin de là, et attirons le bataillon au loin. Pendant ce temps, vous et le lieutenant Ackbard, vous vous pénétrerez dans le bâtiment, et désactiverez les boucliers. Nous nous retrouverons sur ce toit après. Qu’en pensez vous ? »
« Vous prendriez beaucoup de risques... »
« Sauf votre respect monsieur, nous sommes des ARC-troopers, prendre d’énormes risques, c’est notre travail sur la champ de bataille. »
Ackbard observa Dan un moment, et sans être jedi lui même, il put clairement sentir le doute et l’appréhension du padawan. Il réalisa alors soudainement que c’était encore un garçon de 17 ans, et qu’ordonner à des soldats de risquer la mort était probablement difficile pour quelqu’un de si jeune. Il décida de venir à son secours.
« Je pense que leur plan est le bon. Toutefois, capitaine, ne prenez pas de risques inutiles : attirez le bataillon à vous, puis fuyez. Qu’en pensez vous, jedi ? »
Il crut voir une lueur de reconnaissance passer dans les yeux noirs de Dan.
« Oui… oui en effet ça semble un bon plan. Mais j’insiste pour que vous ne preniez pas de risques : nous aurons besoin de vous tous pour la suite de la mission. »
« Entendu monsieur. Allez vous autres, on a une diversion à créer ! »
Les clones se mirent tous en mouvement. Rando fut le dernier à partir, car il donna à Dan trois explosifs.
« Je pense que vous pourrez avoir besoin de ça. Bonne chance monsieur. Que la Force soit avec vous, comme vous dîtes. »
« Qu’elle soit avec vous, surtout, dit Dan avec un léger sourire. Revenez nous entier. »
« A vos ordres monsieur. »
Il rejoignit le reste des clones, laissant Dan et Ackbard guetter seuls le moment où leur diversion fonctionnerait. De longues minutes s’écoulèrent, et l’angoisse commençait sournoisement à s’installer. Cherchant à la dissiper, Ackbard observa :
« Je pense que maître Fisto avait raison. »
Dan lui jeta un léger coup d’oeil, avant de reporter son attention sur le bataillon de droïdes.
« A quel sujet ? »
« Un padawan ne devrait pas être seul en mission, sans son maître. »
« Je regrette si vous pensez que j’ai pris de mauvaises décisions, mais... »
« Ce n’est pas ça, le coupa Ackbard. Vous avez fait au mieux selon les circonstances. Vous avez vu une ville partir en fumée sous vos yeux,
vous avez pris la décision d’entreprendre seul une mission plus que dangereuse, vous avez affronté un monstre marin gigantesque, et nous avez conduit ici, au coeur d’une ville ennemie. Et vous avez fait tout ça, alors que vous êtes si jeune. Un garçon de 17 ans ne devrait pas faire ce genre de chose, pas sans être guidé par un maître plus expérimenté, et qui devrait lui, assumer le fardeau de prendre des décisions aussi lourdes. »
Dan eut un sourire sans joie.
« Comme vous l’avez dit, lieutenant Ackbard, j’ai agi en fonction des circonstances. Mon maître était censé venir avec moi, il ne l’a pas fait. Maître Fisto devait nous rejoindre, il ne l’a pas pu. Nous devions l’attendre à Calren mais la ville a explosé. Reste qu’il fallait de toute urgence détruire cette Arme, et c’est pour ça qu’on est là. Si l’on fait ce que l’on doit faire, on n’a pas de raison de douter. »
Une explosion retentit alors au loin, et le son des sirènes d’alarme se remit alors à retentir. Le bataillon de droïdes se mit aussitôt en mouvement, filant vers la source du bruit. Bientôt, il ne resta qu’une maigre garnison d’une dizaine de droïdes devant le générateur.
« Allons-y, dit Dan. »
La vitesse était un élément essentiel de leur plan. Sans attendre le lieutenant Ackbard, le padawan bondit du toit où ils se trouvaient, et atterrit souplement au sol. Le mon cal, peut adepte de ce genre d’acrobatie, descendit les escaliers. Pendant ce temps, Dan alluma son sabre laser, et se rua sur les droïdes, qui pris au dépourvu, eurent à peine le temps de se défendre. Lorsque Ackbard rejoignit finalement le jedi, il l’attendait devant la porte du générateur, grande ouverte, les décombres des droïdes de combats à ses pieds.
Tous deux pénétrèrent dans le bâtiment. Ils rencontrèrent une maigre résistance, le générateur étant surtout occupé par des droïdes mécaniciens. Seule la salle de commande du bâtiment, dans laquelle s’étaient retranchés une dizaine de droïdes de combat, fut difficile à prendre d’assaut. Un couloir relativement court y menait, mais de la salle, les droïdes faisaient feu de tout bois, si bien, que même Dan n’osait s’y aventurer. Il dut, comme le lieutenant Ackbard, se contenter de se cacher derrière le mur qui se trouvait à l’entrée du couloir, et tirer avec son blaster pour tenter de détruire les droïdes. Sans être désespérée, la situation n’en n’était pas moins critique : ils devaient absolument entrer dans cette salle de commande, et pour l’instant, c’était impossible. Son comlink sonna, il l’ouvrit, et l’image holographique de Alm apparut.
« Monsieur, je voulais vous prévenir qu’une partie du bataillon que nous avons attirée au loin s’est détournée. Ils viennent droit sur vous, vous devez agir vite. »
« Bien reçu Alm, merci. »
Dan éteignit son comlink, et lança à Ackbard :
« On va manquer de temps, il va falloir se montrer moins subtil ! »
« Qu’est ce que vous voulez… bon sang ! »
Dan avait allumé son sabre laser, et avait bondi dans le couloir. Les tirs se mirent aussitôt à pleuvoir sur lui, mais se faisant un rempart de son sabre laser, il parvint à les parer, et à progresser lentement. Plusieurs droïdes, le sentant en position précaire, quittèrent leur abri, et intensifièrent leurs tirs, tandis que d’autres, les suivaient en ne passant que le bras derrière leur abri. Bien que Dan en détruisit beaucoup, en leur renvoyant leurs tirs, il finit par être atteint par l’un d’eux, qui ne fit que le frôler à la jambe, mais ce fut suffisant pour lui provoquer une vive douleur, et handicaper sa progression. Cependant, la douleur agit sur lui comme une douche froide, et la solution lui apparut clairement. Serrant le poing, il utilisa la Force, et fit se soulever une demi-dizaine de droïdes de combat, allant chercher même ceux qu’il ne voyait pas. Après quoi, il les expédia sur le côté, au milieu de leurs camarades, semant la confusion dans les rangs droïdes. Profitant du chaos, il bondit dans la salle de commande, et se ruant au milieu des droïdes désorganisés, comme le dragon krayt au milieu des banthas, il fit un véritable carnage, réduisant en miettes les droïdes en quelques instants.
Ackbard le rejoignit au moment où il était entrain d’installer les explosifs.
« Vous êtes blessé ? »
« Oui, mais ça devrait aller. Le tir n’a fait que m’érafler. »
« Ca va vous gêner pour marcher.. »
« Possible, mais j’espère que l’on n’aura plus grand-chose à faire ici dans quelques instants… Trois explosifs suffiront, selon vous ? »
« Oui. La salle de commande va être réduite en cendres, le bouclier ne sera donc plus généré du tout, et cette ville sera alors à la merci de tout bombardement. »
« Bien. »
Dan déclencha les explosifs, et un compte à rebours de cinq minutes s’activa.
« Partons. »
Ils s’éclipsèrent en courant, tant bien que mal en ce qui concernait Dan, retournant en hâte à l’immeuble, point de rendez vous avec les clones. Ils venaient tout juste d’arriver sur le toit, lorsque deux événements se produisirent simultanément : les droïdes qui avaient fait demi-tour pour eux, arrivèrent devant le générateur, et l’explosion du centre de commande se fit sentir. Le bouclier était désactivé. Ackbard saisit aussitôt son comlink et contacta le vaisseau républicain le plus proche :
« Capitaine, ici le lieutenant Ackbard. Nous sommes au coeur de la ville de Niondel, et avons localisé l’Arme dévastatrice qu’emploie les Séparatistes depuis ce matin. Le bouclier de la ville de Niondel est tombé, nous l’avons désactivé. Il… il faut que vous bombardiez la place de la République, deux ou trois coups devraient suffire, je vous transmets les coordonnées. Le temps presser, capitaine. »
Quelques minutes plus tard, un éclair de lumière déchira le ciel, et une explosion retentit, le sol trembla jusqu’à eux. Deux autres éclairs de lumière suivirent, et un nuage de feu monta de la place de la République.
« C’est fait, dit sombrement Ackbard. »
« Oui, dit Dan qui pour sa part éprouvait surtout du soulagement. Cette arme est détruite, maintenant, il nous faut trouver son
concepteur. Il nous faut capturer Kiwal Rure. »
« Et pour ça, vous aurez besoin de nous, Monsieur. »
Dan se retourna, et eut la joie de voir grimper sur le toit les dix soldats clones, visiblement tous sains et saufs.
« Aucun de vous n’est blessé ? »
« Mieux, monsieur : nous avons si bien baladé les tas de ferraille qu’ils se sont dispersés n’importe comment. Nous avons pu en détruire des dizaines. Et encore mieux : nous avons réussi à immobiliser un de leur blindé, un CAB. Nous l’avons pris d’assaut, et nous nous en sommes emparés après avoir anéanti son équipage. Que dîtes vous de ça ? »
« Que la réputation des ARC-troopers est bien méritée. Maintenant il va falloir faire fonctionner nos méninges : à supposer qu’il soit encore vivant, où va aller Kiwal Rure ? »
« Le bouclier est tombé, la ville va bientôt être assiégée, il aura besoin de renforts. De plus, son arme est détruite, ses supérieurs voudront qu’il leur rende des comptes... Donc il va aller à la salle des communications, le seul endroit de la ville d’où l’on peut communiquer avec le reste de la Galaxie. »
« Belle déduction lieutenant… Par où est-ce ? »
« Eh bien par chance, ce n’est pas très loin d’ici. En CAB, on ne devrait pas mettre plus de dix minutes à y arriver. »
« Alors allons-y. »
Le grand avantage de leur voyage en char, était que personne ne les arrêta. Ils rencontrèrent plusieurs patrouilles de droïdes, mais aucune ne soupçonna que ce char d’assaut contenait des clones et non des droïdes. La ville était en effervescence. La chute du bouclier annonçait son invasion prochaine par la République. Pire, les bombardements orbitaux faisaient craindre que la République ne la réduise purement et simplement en cendres. Aussi les droïdes avaient-ils autre chose à faire que de contrôler un char d’assaut isolé se dirigeant vers le centre des communications. Ils étaient beaucoup plus préoccupés par la bataille à venir.
Arrivés au centre de communications, Dan, Ackbard et les clones, eurent l’agréable surprise de découvrir une place quasi vidée de ses droïdes. En effet, craignant que le prochain bombardement ne vise le centre des communications, cible stratégique si il en est, tout le personnel s’était rendu dans un abri sous-terrain non loin de là. Les républicains purent donc pénétrer le centre en toute quiétude. Il fallut qu’ils arrivent au coeur du centre, pour rencontrer âme qui vive.
En approchant de la salle centrale ils entendirent des voix. Ils s’approchèrent discrètement, et Dan, se collant contre le mur extérieur, passa discrètement sa tête dans la pièce. Deux techniciens neimoidiens pianotaient frénétiquement sur un ordinateur, tandis qu’un Omwati, agenouillé devant une table holographique, recevait les instructions de l’image holographique d’une sombre silhouette encapuchonnée.
« Si le prototype a été détruit, ce n’est pas grave, l’important est que vous conserviez bien ses plans. Faites les moi parvenir dans les plus brefs délais, puis fuyez. Quittez cette planète, rejoignez le vaisseau séparatiste le plus proche, et attendez vos instructions. »
« A vos ordres, monseigneur, répondit l’Omwati. »
Dan n’eut pas le moindre doute quant à son identité : il ne pouvait s’agir que de Kiwal Rure, l’ingénieur qui avait conçu l’arme effroyable qu’il avait vu pu voir à l’oeuvre depuis ce matin. Sans plus hésiter, il bondit dans la pièce. Usant de la Force, il fit voler les deux techniciens neimoidiens, et les envoya valser contre le mur. La silhouette encapuchonnée lui jeta un bref coup d’oeil, puis disparut. Kiwal Rure brandit son pistolaser, et voulut tirer, mais Dan le souleva dans les airs, l’immobilisant, l’empêchant de lever son bras. Kiwal Rure se débattit inutilement en l’air. Les clones et Ackbard pénétrèrent dans la pièce à sa suite, et mirent en joug les techniciens neimoidiens qui levèrent aussitôt leurs bras en l’air. L’action n’avait pas duré dix secondes.
« Kiwal Rure, au nom du Sénat Galactique de la République, je vous arrête, proclama Dan. »
Celui-ci eut une grimace de mépris.
« Fais ce que tu veux,
minable. Tu crois avoir remporté une victoire aujourd'hui ? »
« J’ai détruit votre arme, et ai arrêté son concepteur. Il me semble que c’est là un coup sévère qui vous est porté. »
« Pauvre fou ! Tu ne sais
rien. Tu crois avoir détruit une arme ? Tout ce que tu as détruit, c’est un prototype ! L’Arme dans sa version finale
sera un million de fois plus puissante ! »
Dan eut l’impression que son estomac se congelait…
« Peu importe, vous arrêté, cette arme ne verra jamais le jour. »
Kiwal eut un sourire de triomphe :
« Eh si ! Ses plans sont finalisés, tout est là, dans l’ordinateur, et d’ici une minute ou deux, il va être envoyé au Seigneur Sidious. Tu as perdu jedi. »
« Vite, ordonna Dan aux clones, vérifiez ça. »
Rando, retirant son casque se mit aussitôt l’ordinateur, et fouilla dessus.
« Il dit vrai. Les plans d’une gigantesque arme laser sont entrés là dedans. Je n’y comprends rien car c’est crypté, en revanche, le processus de transfert des données a déjà été enclenché, et je ne sais pas comment l'arrêter. »
« Vous, dit Dan en brandissant son sabre laser en direction des neimoidiens, arrangez ça. »
« On ne peut pas… le… le processus est enclenché, rien ne peut empêcher le transfert des données. »
« On pourrait peut être tenter de débloquer le protocole de vérouillage en contournant le pare-feu, suggéra Alm. »
« Non, c’est du bêton armé, ça prendrait des heures. »
« Et si on... »
« On devrait plutôt... »
« Qu’est-ce que tu penses de... »
Kiwal eut un ricanement moqueur en voyant les clones chercher frénétiquement une solution.
« Les données sont dans l’ordinateur, n’est-ce pas, nulle part ailleurs ? demanda Dan aux neimoidiens. »
Ceux-ci répondirent par l’affirmative, hochant nerveusement de la tête. Tout en maintenant Kiwal Rure en son pouvoir, Dan se dirigea alors vers l’ordinateur, et d’un geste brusque, le trancha en deux avec son sabre laser. Il y eut un moment de silence stupéfait, personne n’ayant pensé à une solution aussi simple. Puis, Kiwal poussa un hurlement de rage :
« Pauvre fou ! Imbécile ! Crétin ! Tu viens de détruire l’oeuvre de toute une vie ! »
« Si l’oeuvre de toute votre vie est de concevoir une arme pouvant tuer des millions de gens, il n’y pas de quoi être fier, répliqua Dan d’un ton glacial. »
« Tu ne sais rien, stupide jedi ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Tu n’as jamais entendu le Seigneur Sidious parler, toi ! Avec cette arme nous aurions imposé la paix à la Galaxie pour les siècles des siècles ! Quel peuple aurait pris les armes pour s’entre-déchirer avec un autre en sachant que l’Empire de Sidious ramènerait aussitôt la paix, grâce à cette arme divine ?
Des millions de gens ? Imbécile ! Avec cette arme, des mondes entiers auraient brûlé ! Tu viens d’enterrer le projet le plus magnifique ayant jamais été conçu ! Tu n’as pas la moindre idée ce qu’on aurait pu accomplir grâce à l’Étoile Noi... »
Il s’interrompit, poussant un cri de douleur, et fut soudain saisi de convulsions. Surpris, Dan le lâcha, et il s’écroula au sol, poursuivant ses convulsions. Cela dura quelques terribles secondes, avant qu’il ne s’immobilise pour de bon. Dan se pencha et tâta son pouls, il se rendit compte bien vite qu’il n’y en n’avait plus aucun.
« Il est mort, annonça-t-il. »
« Comment ? Est-ce que vous l’avez... »
« Je n’ai rien fait, répliqua Dan. »
« Ce n’est pas ça, intervint l’un des neimoidiens. Le Seigneur Tyrannus avait installé une capsule contenant une neurotoxine dans son cerveau. Si jamais il devait être capturé, et sur le point de divulguer une information vitale, la neurotoxine se relâcherait et le tuerait aussitôt. »
« Comment savez-vous ça ? »
« Il nous l’avait dit… il s’était vanté d’avoir une loyauté pour la cause séparatiste au-dessus de tous soupçons, puisque la trahison signifiait pour lui la mort. »
« Avait-il fait d’autres copies de ses travaux ? »
« Non, aucune. »
« Me mentir ne serait pas
du tout une bonne idée… »
« Je vous assure que je ne mens pas ! »
« Cette arme est en construction depuis des mois, et vous allez me faire croire que vous n’avez fait aucune copie de ses plans ? »
« Vous n’avez pas compris ? intervint l’autre neimoidien. Les plans de l’Arme ne sont pas les plans du prototype que vous avez vu à
l’oeuvre ! Les plans dont nous parlons sont ceux d’une Arme bien plus gigantesque et destructrice, sur laquelle il était encore entrain de travailler il y a moins de deux heures. »
Encouragé par l’intervention de son camarade, le premier neimoidien renchérit :
« Les plans du prototype circulent ça et là, c’est vrai. Et à partir de ses plans, quelqu’un pourrait concevoir une arme bien plus terrible, c’est également vrai. Mais, pour concevoir à nouveau l’Arme sur laquelle Kiwal Rure planchait, il faudrait remettre sur pieds les équations et calculs complexes qu’il avait utilisés, résolus et mêmes crées ! Je ne vois personne dans la Galaxie qui en soit capable. »
Dan interrogea Ackbard du regard, celui-ci lui répondit :
« Nous avions une mission, nous l’avons accomplie. Nous devions capturer Kiwal Rure, afin qu’il ne fabrique plus d’armes destructrices pour la Confédération, et il est mort, son arme a été détruite, ses plans effacés. Il n’y a rien de plus que nous puissions faire ici. »
« Entendu. On retourne à Krineron. Et on emmène ces deux là. »
Le retour ne fut pas aisé, voler le sous-marin ainsi qu’ils l’avaient prévu nécessita un court affrontement avec des droïdes, et une fois le sous-marin volé, il fallut encore semer ceux qui furent lancés à leurs trousses. Après cela, le retour jusqu’à Krineron ne nécessita plus que de la patience. Une fois arrivé, Dan fut soulagé de voir que la ville n’avait pas été vaporisée par l’Arme de Kiwal Rure. Les clones amenèrent les prisonniers neimoidiens à leur future cellule, et Dan alla faire son rapport avec Kit Fisto en compagnie du lieutenant Ackbard.
« Tu as pris des risques inconsidérés… nota Fisto. »
« Je n’avais pas le choix : cette arme allait nous anéantir, nous, vous et des millions d’innocents. »
Le maître jedi eut une moue dubitative, Ackbard vint au secours du padawan :
« Maître jedi, sans Dan, je doute que nous ayons pu détruire l’Arme avant plusieurs jours. Combien de villes a-t-elle anéanti, rien qu’aujourd’hui ? »
« Huit... »
« Combien d’autres étaient à la portée de l’Arme ? »
« D’après ce que vous m’en avez dit, je dirais une quinzaine. »
« Quand avez-vous enfin repoussé l’assaut séparatiste de ce matin ? »
« Il y a deux heures environ. »
« Seulement deux heures ! Vous n’auriez donc pas pu monter un assaut sur Niondel avant demain, au minimum, d’ici là, elle aurait supprimé plus d’une centaine de millions de vie. Nous devons à Dan d’avoir réglé ce problème avec suffisamment de réactivité pour éviter ce bain de sang. »
« Soit… je dois faire mon rapport à maître Windu, et je glisserai sur ta désobéissance… Je pense cependant qu’elle lui sautera aux yeux malgré tout. »
Kit Fisto quitta la pièce, laissant seuls Ackbard et Dan.
« Merci, dit celui-ci. »
« Je vous en prie. En revanche, je me dois de vous le dire : trente-deux personnes ont trouvé la mort dans le bombardement de l’Arme
que vous avez ordonné. Et l’on compte une quinzaine de blessés. Je ne parle que des civils, bien sûr. »
Une bile amère envahit la bouche de Dan, mais il trouva le moyen de répliquer :
« Trente-deux personnes contre cent millions… je pense que j’ai fait ce que j’avais à faire. »
« Peut être… mais trente-deux personnes, ça reste trente-deux innocents sacrifiés. »
« Je sais. Pourriez-vous… m’envoyer la liste de leurs noms ? Je ne veux pas que ces gens ne soient qu’un chiffre anonyme. »
« Entendu… Vous avez fait un choix épouvantablement difficile en décidant de courir le risque d’avoir des pertes civiles. Je maintiens que vous n’auriez pas dû vous trouver ici aujourd'hui, seul et sans maître pour vous guider, et vous ôter le fardeau de ce genre de décisions. J’insisterai sur ce point lorsque je ferai un rapport à ma hiérarchie, le Conseil Jedi doit être mis au courant de la négligence de votre maître à votre égard. »
« Maître Fisto va les mettre au courant... »
« Mais ça ne fera pas de mal d’avoir un deuxième rapport à ce sujet. »
« S’il vous plaît, n’en faîtes rien : le Conseil en profiterait pour me forcer à rester sur Coruscant, où je me tournerais les pouces jusqu’à la fin de la guerre. »
« Ca serait vraiment si terrible ? »
« Oui ! La Galaxie se déchire, des milliards de gens vont mourir, et si nous perdons cette guerre, la plus abominable des tyrannies se mettra en place ! On ne peut pas me demander de rester caché au Temple pendant ce temps ! Je veux être utile, je peux être utile, je suis utile, regardez ce que nous avons accompli aujourd'hui ! »
Le retour de Kit Fisto interrompit leur conversation.
« Dan, dit-il, maître Windu veut te parler, immédiatement. »
Dan s’inclina devant Ackbard.
« J’ai été ravi, et honoré de mener cette mission à vos côtés. J’attends avec impatience le jour où nous nous rencontrerons à nouveau. »
« Moi de même, répondit Ackbard. »
Dan alla à la salle des communications que venait de quitter Kit Fisto. L’image holographique de maître Windu l’y attendait.
« Maître. Peut être voulez-vous me parler de la mission que j’ai... »
« Non, le coupa Windu. Nous parlerons de ce qu’il s’est passé aujourd'hui plus tard, même si je peux déjà te dire que c’est envers ton maître que je suis furieux, et non envers toi. Mais il y a plus grave pour le moment. La mission sur Hypori a tourné au désastre. »
« Comment ? Que s’est-il passé ? »
« Les défenses de la planète étaient bien plus élaborées que ce à quoi nous nous attendions. Le général Grievous a personnellement capturé les maîtres jedi Barrek, Tarr Seirr, K'Krukh, Shaak Ti, Aayla Secura et Ki-Adi-Mundi. Le padawan Sha’a Gi a été tué. »
« Et Katherine… est-elle... »
« Elle s’en est tirée. C’est elle qui nous a prévenu du désastre, et qui a également découvert où le Général Grievous emmenait ses captifs. »
Dan fut si profondément soulagé d’apprendre que Katherine n’avait pas été tuée, qu’il mit un peu de temps à enregistrer la deuxième partie de la phrase de Windu.
« Où les a-t-il emmenés ? finit-il par demander »
« A Mandalore... »
« Mandalore ? »
« Oui. En plein territoire
Death Watch, et… à quelques dizaines de kilomètres de ton village natal. Nous pensons que tu pourrais nous être utile pour la mission de libération que nous allons conduire, maître Yoda et moi. Reviens à Coruscant tout de suite, à ton retour, nous t’expliquerons tout cela. Je t’en demande beaucoup je sais, tu ressors tout juste d’une mission périlleuse, mais... »
« Non, c’est bon. Je pars immédiatement. »
« Qu’est-ce que vous venez de dire ? »
Tyrannus s’inclina à nouveau.
« Kiwal Rure est mort monsieur, et les plans qu’il avait réalisés ont été perdus. »
« Vous êtes entrain de me dire, que le canon de l’Étoile Noire, sur lequel Rure travaillait depuis des années et des années, qui devait être capable de détruire une planète d’un seul coup, est perdu ? »
« Eh bien, ses plans oui… Les techniciens et savants que j’ai pu consulter n’étaient guère optimistes sur la possibilité de reprendre les travaux à moyen terme, mais peut être que... »
« Vous venez de nous faire perdre au moins dix à quinze ans avec votre incompétence ! hurla Sidious. »
« Monseigneur, je ne saurais être tenu pour responsable de... »
« Silence ! Votre rôle en tant que Sith est de permettre au Grand Plan d’avancer, or là, par votre inaction, par votre manque de clairvoyance, votre inaptitude à protéger Kiwal Rure, vous avez ralenti le Grand Plan. »
« Mais maître, c’est vous même qui avez ordonné aux jedi son arrestation ! »
« Oui ! Il aurait été arrêté et conduit devant moi, crétin ! Qui vous a demandé de lui implanter une neurotoxine dans le cerveau ? »
« Il en savait beaucoup trop, imaginez qu’il ait révélé le projet Etoile Noire aux jedi... »
« Sombre imbécile ! C’est au
chancelier Palpatine qu’il aurait fait des révélations, or au cas où vous l’auriez oublié,
je suis le chancelier Palpatine ! »
« Si la neurotoxine s’est libérée, c’est qu’il était entrain de parler de l’Etoile Noire, maître, aussi... »
« Silence ! Vous avez failli. Je vais vous mettre à l’épreuve. La petite chasseuse de prime que votre général cyborg croyait avoir tué est en vie. Elle a révélé aux jedi que Grievous conduisait ses prisonniers à Mandalore. J’ai transmis à Windu et Yoda les coordonnées exactes de sa cachette. »
« Mais pourquoi... »
« Je vais vous mettre à l’épreuve vous ai-je dit. J’ai persuadé Windu et Yoda qu’ils devaient diriger l’opération eux mêmes. Tuez les tous les deux, ça sera un bon moyen de vous racheter. Ne me décevez pas. »
La communication s’arrêta là, laissant Dooku plus troublé que jamais. Tuer Windu et Yoda ? Rien que ça ? Il pensa un moment à utiliser son arme, mais il y renonça. Elle n’était pas encore prête, pas plus que le cadeau de la Mère Talzin. Il devait trouver un autre moyen. Allumant son comlink, il appela Sev'rance Tann :
« Générale Tann, je vais avoir besoin de vous à Mandalore. Amenez votre apprenti, et dîtes à Ventress d’en faire autant. Nous allons avoir du travail. »