Sombre apprenti, de Christie Golden
Trop, c'est trop ! Le Conseil Jedi est décidé à lancer une mission d'assassinat contre le Comte Dooku, et il choisit pour cette tâche pour le moins délicate le Maître Jedi Quinlan Vos, spécialiste des missions d'infiltration. Mais en dépit de tous ses talents, Vos ne peut espérer accomplir cette tâche seul ; aussi doit-il dans un premier temps convaincre l'ancienne Apprentie du Comte, Asajj Ventress, de lui venir en aide. Entre les deux individus que tout oppose va se nouer une relation forte et intense, qui pourrait avoir des conséquences dramatiques, non seulement pour eux, mais aussi pour l'Ordre Jedi et la Galaxie entière !
Difficile de juger ce roman sans dissocier sa forme de son fond.
Sombre Apprenti est en effet l'adaptation d'un arc de huit épisodes jamais réalisés pour la série TV
The Clone Wars, arc qui s'inspire dans les grandes lignes de l'arc narratif de Quinlan Vos dans la série de comics
Republic datant de plus de dix ans déjà, où le Jedi à la moralité douteuse s'infiltrait auprès de Dooku, et passait son temps à manipuler à la fois le Sith et les Jedi, tout cela dans un seul et unique but : identifier le second Sith, Dark Sidious. Bref, le roman a la loude tâche de nous faire oublier ce récit et de nous le « substituer » à ce qu'il raconte, qui fait désormais partie de l'Univers Officiel. Ça partait d'une bonne intention. C'est loupé.
Loupé dans la forme, déjà. Adapter des épisodes de
The Clone Wars jamais produits ? Très bonne idée. Les adapter tels quels ? Non ! Car si sentir les coupures n'est pas un problème, la répétition des scènes, les ellipses présentes mais jamais trop mentionnées, à peine sous-entendues, comme ça, l'air de rien, les personnages qui ne cessent de se croiser, n'en jetez plus, c'est trop ! Il aurait fallu supprimer certaines parties, certaines redondances (comme le nombre de scènes où Kenobi et Vos ont rendez-vous dans le même bar, le fait que Boba Fett semble être l'informateur du coin...
), accélérer à d'autres moments et prendre le temps d'en développer plus ! Ajoutons un souci lié à la VF quant à la gestion des négations (le vouvoiement entre Kenobi et Vos m'a surpris mais admettons, mais certains vouvoiements de Kenobi envers Skywalker ou des phrases qui ne finissent pas sont nettement plus problématiques) et la fluidité du récit en prend pour son grade.
Et le cœur du problème, finalement, c'est que le fond du récit ne le rattrape même pas. La relation entre Vos et Ventress est peu crédible, mais pas sur le fait que les deux personnages tombent amoureux, non, c'est plus grave que cela : ils deviennent des tourtereaux, littéralement. Et Ventress est à tomber par terre dans sa robe moulante, elle est magnifique, et Vos est beau et viril, Ventress n'ayant jamais connu l'amour, ça lui fait des papillons dans le ventre... Et on ose dire qu'Anakin et Padmé sont mielleux ? Mais ici, ce n'est pas mieux - c'est même pire, car les personnages sont censés être plus sombres, comme le titre, d'ailleurs.
Tiens, le titre, parlons-en. Très vite, au vu de la source d'inspiration et du titre lui-même, on se doute que Vos va passer du Côté Obscur et qu'il va se prendre à son propre piège. Et c'est le cas, mais tout cela a lieu sur les 100 dernières pages d'un récit qui ne va surtout prendre aucun risque. Vous vous attendiez à voir un Quinlan Vos rongé par le Côté Obscur, commettant des actes horribles – ou qui, du moins, justifient son passage – vers le dit Côté Obscur ? Laissez tomber, vous ne serez pas servi. Une seule scène peut éventuellement servir à cela, la dernière impliquant Desh, même si on se demande bien quel mouche pique le Jedi à ce moment, tant la scène est littéralement ridicule...
Alors je m'interroge : d'où vient le problème ? Peut-être du fait qu'à la base, Quinlan n'est pas celui de l'Univers
Légendes ? A l'époque, Quinlan était un Maître Jedi reconnu qui avait déjà eu maille à partir avec le Côté Obscur, c'était un Jedi solitaire, taciturne, plus à l'aise dans les missions d'infiltration et de recueil des données, qui avait refusé de servir comme Général lors de la Guerre des Clones : son choix pour infiltrer le camp de Dooku était légitime, à défaut d'être une bonne idée. Ici ? Quinlan est un être sympathique, qui connaît tous les Jedi du Temple, leur tape dans le dos lorsqu'il les croise et oui, ok, s'infiltre. Et c'est cet homme là que le Conseil choisit pour assassiner Dooku ? Vraiment ?
La lecture de ce
Sombre Apprenti m'a donc véritablement déçu. Loin d'être une perle, ce récit manque cruellement de profondeur, et si le dénouement marquera à jamais l'un(e) des protagonistes, on s'ennuie ferme à la lecture. Les gesticulations de Vos manquent de profondeur et de sérieux (non mais vraiment...), Ventress est amoureuse, Dooku parade, et Kenobi se demande si tout cela n'était pas une mauvaise idée. Il n'y a guère qu'Anakin, finalement, qui semble consterné tout au long du roman. Comme quoi, il est plus futé qu'il n'y paraît.
Note : 40%