Bonsoir à tous, comment allez-vous ?
Allez hop, c'est l'heure de la conservation entre un Jedi corellien et une Sith sous couverture
!
Chapitre 30Alan s’était assis au comptoir, avait commandé une bière corellienne au droïde serveur, lui avait versé quelques crédits. Il avait ensuite demandé à rencontrer la propriétaire et gérante de l’établissement pour affaire. Une jeune twi’lek à la peau verte, en robe de soirée, nommée Yemi, se présenta face à lui pour lui expliquer qu’il lui fallait prendre rendez-vous et que la patronne était une personne très occupée.
Le Jedi corellien ne voulut rien entendre et répondit sèchement qu’il la verrait ce soir, en se passant d’une quelconque permission. Yemi le tempéra en lui assurant qu’elle verrait ce qu’elle pouvait faire.
Cela calma Alan qui se concentra sur son verre sans échanger avec qui que soit d’autre. Il n’était pas d’humeur à nouer de nouvelles relations amicales parmi tous ces gens issus de l’élite républicaine. Il ne sentait pas à sa place. S’il avait le choix, il n’aurait jamais mis les pieds dans cet établissement. Mais il avait besoin de réponses sur l’avancement de son projet secret parallèle au chantier du Chu’unthor et… sur d’autres questions plus personnelles. Concernant ce dernier point, il tenait à ce que la zeltronne qui se faisait appeler par le personnel, madame Zeviya, se montre particulièrement convaincante.
Il repensait à sa dernière conversation avec sa fille Valena, qui avait marqué leur rupture depuis trois ans. Il n’avait jamais réussi à la retrouver après ses séjours sur Corellia pour rendre visite à sa femme et à ses fils. Il s’était heurté à leur silence et à celui de son ancien maître Keiran Halcyon lorsqu’il avait demandé à la voir.
Valena ne le verrait qu’après lui avoir pardonné ses manquements. Il ne comprenait pas ce qui s’était passé, pourquoi lui en voulait-elle à ce point ? Il se souvenait de ses derniers mots qui traversaient son esprit : « je t’abandonne parce que tu l’as choisi ». Il savait seulement que cela avait un rapport avec cette zeltronne.
Il n’en pouvait plus d’être rongé par le poison du remords. Il devait savoir et il était pour cela prêt à user de violence. À s’écarter une nouvelle fois du chemin des Jedi, des leçons de Maître Halcyon, comme il l’avait fait sur Raxus Prime. À se compromettre dans le secret, lorsqu’il s’était rendu sur Toprawa pour solliciter à l’insu des Jedi et de la République, le soutien des Rangers Antariens suite à l’accord passé avec le Clan Bancaire.
Il devait savoir. Pour le moment, il profita pour ouvrir son comlink en usant de la Force pour s’isoler des clients les plus proches.
- Valena c’est papa, commença-t-il d’une voix hésitante. Je voulais savoir comme tu allais, comment ton travail avec la CorSec se passait.
Il attendait un accusé réception mais il n’obtint rien d’autre que des parasites éloquents. Alors il projeta sa conscience vers son monde natal de Corellia, s’appuyant sur le lien qui l’unissait à sa fille pour établir le contact psychique avec sa présence. Il s’immergea dans la Force pour qu’elle ressente son esprit.
Il perçut la lumière de son essence pendant quelques instants, qui laissa paraître de la surprise chez la jeune femme puis… de l’irritation. Tout à coup, la présence de Valena s’effaça du flux de la Force, laissant son père désappointé. Celui-ci comprit qu’elle refuserait de lui répondre, comme à chaque fois qu’il tentait de la voir ou de lui parler par holonet.
Il ne restait plus qu’à lui laisser un message.
- Je sais malgré le temps qui a passé, que tu ne me pardonnes pas ce qui t’est arrivé. Même si j’ignore ce qui t’est arrivé pour que tu sois aussi remontée contre moi. Tout le monde me donne de tes nouvelles lorsque je rentre sur Corellia. Ta mère, tes frères, maître Halcyon… mais j’aurais aimé tellement te revoir. Tu es ma fille bien que tu préfères oublier que je suis ton père. Je ne peux plus supporter cette situation.
Les larmes guettaient au coin de ses yeux mais il refusait de les laisser couler, par fierté.
- Nous sommes des Tissan, nous sommes des Jedi corelliens. La famille compte pour nous, j’ai fini par le comprendre. Je voudrais que nous reprenions le contact, accorde-moi une seconde chance. Rappelle-moi. Papa qui t’aime très fort.
Il s’assura que le message avait été bien enregistré avant de l’envoyer vers Corellia. Puis il laissa discrètement quelques larmes couler sur ses joues jusque dans sa barbe. Il déversa tout ce torrent de frustration, de désespoir qui l’accompagnait dans sa solitude forcée depuis que sa fille l’avait reniée. Les retrouvailles raréfiées avec sa famille sur Corellia ne changeaient pas grand-chose et lui rappelaient les manquements à ses devoirs. Il choisissait de s’accrocher à l’espoir que sa contribution au Chu’unthor servait une grande cause mais il en était de moins en moins certain.
- Valena, fit-il entre deux sanglots.
Yemi le retrouva en état de prostration lorsqu’elle redescendit le voir, couché sur le comptoir après avoir délaissé son verre.
- Monsieur ? Madame Zeviya accepte de vous recevoir.
En un battement de cils, il se redressa, de nouveau combatif. Du moins, c’était l’illusion qu’il souhaitait donner. Il vida sa bière en une gorgée puis se leva du comptoir pour lui faire face.
- Je vous suis, indiqua-t-il d’un ton neutre.
Il lui emboîta le pas, se frayant un passage à travers le bar et les clients avant de monter avec elle dans le turboascenseur. La twi’lek se tourna vers lui, espérant engager un début de conversation mais la mine fermée et son regard durci la dissuadèrent d’aller plus loin. Ce fut donc en silence, que se passa l’ascension jusqu’au bureau de Yanila.
La jeune Sith zeltronne laissa flotter un sourire éclatant sur les lèvres, pour l’accueillir.
- Maître Tissan, quelle agréable surprise ! Je vous en prie, installez-vous, l’invita-t-elle en lui montrant le siège face à elle. Souhaitez-vous un rafraîchissement ? Le Plaisir de l’Ambre a engagé les meilleurs brasseurs du Noyau.
- Merci, j’ai déjà consommé, déclina-t-il sans chaleur.
Par réflexe, il invoqua la Force pour accroître sa concentration puis comprit qu’il n’y avait plus accès du tout. Il jeta un regard perplexe vers l’ysalamiri qui dormait sur la table de transparacier. Sous celle-ci, la zeltronne prenait plaisir à croiser les jambes, mise à son avantage par des habits plus que suggestifs. Elle commença à secréter des phéromones tout en glissant discrètement un index dans le creux de son décolleté, pour dégager un peu plus sa poitrine.
Alan se souvint pourquoi il était là. Grâce à la colère, il parvint à résister à ses substances chimiques et à ses avances qu’il voyait venir à dix parsecs.
- Je ne vous imaginais pas en train de diriger un pareil endroit, confia-t-il.
Grâce à ses phéromones, aucune de ses émotions n’échappait à la Proche-Humaine. Elle le sentait clairement sur la défensive.
- C’est un établissement de plaisir comme on en trouve sur Zeltros, monsieur Tissan. À quoi d’autre vous attendiez-vous ?
- Puisque vous le mentionnez, cela ne me surprend pas.
- Vous paraissez déçu. Mais je puis vous assurer qu’aucun de nos clients ne s’est plaint d’avoir été mal reçu par notre personnel. Yemi et moi avons sélectionné les meilleurs sur Zeltros et je suis certain qu’un homme de votre envergure pourrait être enchanté par les services que nous mettons à votre disposition. La gamme que nous vous offrons est plus que complète et vous pourriez être agréablement surpris.
Le timbre soyeux de sa voix soutenu par des phéromones émis plus intensément, commença à troubler le corellien. Celui-ci serra les dents pour ne pas se laisser perturber.
- Ma visite n’a rien de courtois, madame Zeviya.
Yanila ne changea pas d’attitude pour autant, du moins en apparence. La présence de l’ysalamiri et l’absence de la Force qui en résultait, lui conféraient clairement un avantage sur le Jedi. Elle croisa les jambes dans l’autre sens, avec toute la lenteur possible afin qu’il ne perde rien de ce petit manège.
- Avez-vous besoin de moi ? Demanda la twi’lek.
- Non Yemi, tu peux rentrer. Bonne soirée.
La non humaine s’inclina puis se retira avant que la zeltronne n’ordonna à son droïde.
- 2-B-1, tu peux te mettre en veille.
- Merci, maîtresse.
Les photorécepteurs de l’automate sphérique calé en lévitation, à côté de son bureau, étincelèrent plus faiblement. Ses appendices se relâchèrent, pendant mollement. Mais Yanila ne doutait pas que la suite de la conversation continuerait d’être enregistrée. Une précaution qui pourrait s’avérer utile plus tard.
- Nous sommes maintenant seuls, maître Tissan. Je vous écoute avec la plus grande attention, fit la jeune Sith dont les yeux mauves fixaient le Jedi avec plus de magnétisme.
Elle se penchait plus en avant, les coudes posés sur la table, le menton soutenu par les poignets. Sans qu’elle ne cessa de sourire avec affabilité.
- Je voudrais des nouvelles de notre projet parallèle dans les chantiers de Yaga Minor, interrogea-t-il.
- Dans ce cas, vous serez satisfait que je vous annonce que nous respectons pour l’instant les délais impartis. Trois frégates Hammerhead sont terminées et les tests ont commencé pour corriger les éventuels défauts techniques. Les trois derniers vaisseaux seront bientôt finalisés dans les prochaines semaines, ainsi les Rangers Antariens pourront se familiariser à leur maniabilité. Madame Damask voudrait vous faire savoir d’autre part que les escadrons de chasseurs Aurek ont terminé la phase de recrutement et seront complétés sous peu. Pour le projet Chu’unthor…
- Il sera terminé lui aussi dans les temps, promit le corellien. Bien que la construction soit plus complexe qu’une simple frégate.
- En travaillant main dans la main, nous surmonterons toutes les difficultés. Madame Damask et l’ensemble du Clan Bancaire sont très heureux de notre collaboration mutuellement formidable.
- N’oubliez pas que j’œuvre pour la République, pas pour vous, jugea-t-il bon de rappeler.
- C’est pour cela que votre dévouement est d’autant plus appréciable. Néanmoins, j’aimerais que vous m’ôtiez d’un doute.
Pendant quelques instants, son expression redevint plus sérieuse.
- Comment réagiront le Conseil Jedi et le Sénat lorsqu’ils découvriront que cette flotte de combat a été construite à leur insu ?
- Ils seront furieux, répondit-il, mais ils n’auront pas d’autre choix que d’accepter cette escorte s’ils ne veulent pas se ridiculiser devant la République toute entière.
Elle acquiesça d’une inclinaison du menton.
- Nous nous efforcerons de limiter l’impact de leur mécontentement, fit la zeltronne avec assurance.
- Cela vaut mieux.
Quelque chose de subtil venait de s’insérer dans la voix du corellien. Yanila devina qu’il était venu pour une autre raison.
- Vous avez une autre requête, monsieur Tissan.
- En effet.
Le reflet d’une crosse de sabre-laser brilla tout à coup sous la table de transparacier, entre les doigts de Alan qui avait dégagé son arme de sous sa bure.
- C’est à propos de ma fille Valena, expliqua-t-il.
Ses yeux bleus la fusillaient avec une dureté inflexible et il donnait l’impression de vouloir s’abaisser aux dernières extrémités.
- Il lui est arrivé quelque chose, la dernière fois que nous sommes parlés. Elle était sortie avec vous et je veux savoir ce que vous lui avez fait.
Les phéromones lui firent ressentir une émotion négative qui ne collait pas avec la philosophie désintéressée des Jedi ingénus. Cet homme était maintenant empli de haine, une soif qui ne demandait qu’à être étanchée. Ses intentions étaient claires et Yanila qui n’était pas armée, n’était pas certaine de l’issue de la confrontation.
Elle allait devoir jouer serré.
- Monsieur Tissan, je vous assure que je n’ai fait aucun mal à votre fille, répondit-elle avec autant de calme qu’elle le pouvait.
- Ce n’est pas l’impression qu’elle m’a laissé, répliqua-t-il d’un ton aussi tranchant que le sabre-laser qu’il brûlait d’activer.
La zeltronne délaissa alors la posture sensuelle qu’elle avait d’abord privilégié, comprenant que cela ne ferait que provoquer davantage son hôte. Elle se leva de sa chaise, ses escarpins claquant sur le marbre, pour contourner la table et le rejoindre. Pour lui montrer qu’elle ne se laisserait pas intimider, bien qu’elle ne voyait pas comment le combattre s’il se décidait à la tuer. L’absence de la Force causée par l’ysalamiri, ne l’aiderait pas à être clairvoyante si elle perdait le contrôle de la situation.
- Monsieur Tissan, j’aime Valena.
Ses yeux mauves fixèrent sans sourciller les iris azur du Jedi corellien qui la dévisageait pour y déceler la moindre ombre qui trahirait sa perfidie. Alan ressentit à cause des phéromones de la zeltronne, les émotions de Yanila qui suintaient de remords et de tristesse.
Il était étonné de sa sincérité.
- C’est un peu léger, grinça-t-il. Parce que cela n’explique pas pourquoi elle me déteste.
- Vous voulez plus de détail ? Très bien, je vais vous en donner.
Il ne fut pas rassuré par son sourire triomphant.
- Valena a partagé mon lit et nous nous sommes… vraiment aimées.
Cet aveu eut l’effet de l’explosion d’un missile de baradium à la figure du Jedi dont les paupières s’écartèrent démesurément sous le choc.
- Que… qu’est-ce que vous dites ?
- Vous avez très bien entendu. Nous hum, nous avons passé une partie de la nuit ensemble.
L’instant de stupéfaction passé, les traits du corellien se durcirent.
- N’essayez pas de me tromper, menaça-t-il.
- Je ne tenterai jamais de vous mentir sur un sujet aussi important pour vous que pour moi.
Alan, privé de son lien avec la Force, tenta de percer la vérité à travers la confession de la zeltronne. Celle-ci transmit via ses phéromones, les émotions qu’elle éprouvait lorsqu’elle pensait à Valena. Du moins ce qu’elle élaborait pour donner le change. Du remords et de la tristesse.
Elle parvint à désamorcer la situation, à éloigner le détonateur de la détonite prête à exploser. Le Jedi n’exprima plus que de la confusion et de l’hébétude.
- Alors pourquoi m’a-t-elle maudit ? Balbutia-t-il.
Je te tiens, jubila intérieurement la Sith.
- Ce n’est pas à cause de moi qu’elle vous déteste, monsieur Tissan. Vous devriez chercher la réponse en vous, en vos motivations.
Un éclat de compréhension traversa les prunelles bleues du corellien.
- Je vois.
Il avait rangé son sabre-laser sous sa bure, au grand soulagement de la jeune femme. Le Jedi paraissait pensif.
- Le Chu’unthor m’a éloigné d’elle, de ma famille et aussi de la voie des Jedi.
- Ne soyez pas si dur avec vous, Alan, le réconforta-t-elle. Vous avez compris comme beaucoup l’importance de ce projet, et lorsque les objectifs seront atteints, votre famille elle-même sera fière de ce que vous avez accompli pour le bien de tous.
Elle sut que ses mots avaient fait mouche.
- De votre part, ce n’est pas un mince compliment, avoua-t-il en souriant.
Elle se réjouissait d’avoir réussi à le retourner. Peut-être que le moment était venu de mettre en œuvre l’idée qui venait de lui venir à l’esprit. Elle secréta des phéromones où elle y instillait de nouvelles émotions qu’il pourrait ressentir.
Alan ne pouvait détacher son regard d’elle, hypnotisé par ses magnifiques yeux mauves qui le happaient. Un irrésistible sentiment de désir montait peu à peu en lui, pour cette jeune fille qui était une merveilleuse déesse pour laquelle il avait nourri du ressentiment pendant tout ce temps, depuis sa rupture avec sa propre fille.
Mais elle l’avait convaincu qu’il s’agissait d’un malentendu, il avait été injuste envers elle. Elle devait certainement lui en vouloir. Il constatait que ce n’était pas le cas. Elle se montrait à son égard, bien plus qu’avenante. Elle souhaitait se rapprocher de lui, fusionner avec lui de tout son cœur, il le ressentait dans chacune de ses cellules.
Un frisson parcourut son échine lorsqu’elle se pencha vers lui.
- Je ressens votre solitude, monsieur Tissan. Vous pourriez passer encore un moment avec moi, je peux soulager cette douleur qui vous ronge, qui vous fait dépérir, douter de vos propres capacités.
Alan ne sut que répondre, engourdi par le désir de la prendre dans ses bras, de la serrer contre lui.
- Je pourrais vous rendre heureux juste pour cette nuit.
- Je… j’ai des responsabilités…, tenta-t-il de faire remarquer.
- Je vous promets que personne n’en saura rien.
Sa voix n’était plus qu’un murmure tentateur.
- Ce sera notre petit secret.
Elle s’assit sur ses cuisses, pressant sa poitrine contre la sienne. Elle enlaça ses bras autour de sa nuque tout en commençant à onduler contre ses hanches. Elle l’embrassa sur les lèvres et le corellien se relâcha complètement. Il se retrouva sans défenses, les sens et la raison brouillées par le bouillonnement qui le traversait.
Yanila fit passer sa langue à travers les lèvres fusionnées pour s’enrouler autour de celle de Alan, qui se laissait faire. Elle se demanda à cet instant jusqu’où elle pouvait aller et jusqu’à quel point ce Jedi accepterait ses… sollicitations. Elle aspira la langue du corellien dans sa bouche avant de la mordre légèrement avec ses dents.
Surpris, le Jedi grogna et voulut se retirer mais elle le maintint fermement contre elle. Elle s’était emparée de lui, prenant possession de son âme et n’était pas prête à le libérer de sitôt. Ce Jedi lui appartenait et c’était un trophée de choix.
De son côté, Alan ne s’était jamais trouvé si vulnérable devant une femme, même auprès de son épouse Mingrid. Depuis combien de temps, n’avait-il pas éprouvé une telle sensation ? Il ne s’en souvenait plus, à moins que cela ne soit une première fois. Il n’arrivait plus à penser avec clairvoyance car il était privé de son lien avec la Force. En fait, rien d’autre n’avait de l’importance hormis elle.
Sa famille, le Chu’unthor… tout cela ne comptait plus. Il ne restait plus que cette Proche Humaine à la peau rose qui lui prodiguait toute son attention. Son parfum enivrant, ses cheveux bleus libérés qui lui caressaient la figure, le sucre de sa salive. Elle avait rempli tout son univers qui lui avait paru si vide, si terne pendant longtemps.
Non, plus rien ne comptait. Tout paraissait si insignifiant, à côté de cette femme. Y compris sa propre famille… le visage de son épouse, de ses enfants lui apparut à travers ses pensées et il réalisa ensuite la situation. Sa conscience émergea du brouillard des phéromones.
- Arrière !
Yanila fut repoussée sans ménagement lorsqu’il bondit de la chaise, pour reculer au milieu de la pièce, le sabre-laser au poing. La jeune Sith se raidit instinctivement, pensant d’abord qu’il allait l’agresser mais elle comprit vite qu’il ne le ferait pas.
Certes il était furieux mais surtout mal à l’aise. Il s’était mis dans une situation embarrassante et aurait souhaité ne jamais mettre les pieds ici.
- Qu’est-ce que vous venez de faire ?
Ses traits s’étaient décolorés, la zeltronne remarqua qu’il tremblait. De rage, de peur ? Privée de la Force, elle ne saurait le préciser.
- Monsieur Tissan, je vous assure que mes intentions étaient louables.
- Tout ça n’est qu’un jeu pour vous, n’est-ce pas ? Rugit-il. Si vous recommencez ça, je vous tuerais de mes propres mains !
Elle se garda de lui répliquer que ce ne serait pas digne d’un Jedi, car elle ne gagnerait qu’à le provoquer davantage.
- Je pensais que cela vous aiderait, plaida-t-elle encore.
- Vous avez travaillé pour le Clan Bancaire, vous ne servez que vos propres intérêts, madame Zeviya.
Il avait retrouvé toute sa maîtrise et sa contenance, bien qu’il pointa un index menaçant dans sa direction.
- Restez loin de moi et de ma famille.
Il s’assura que le message avait été bien reçu puis quitta le bureau d’un pas vif. Elle se rapprocha de son droïde qui s’anima de nouveau, émergeant de son état de veille.
- Tu as tout enregistré, 2-B-1 ?
- Mes systèmes n’ont rien manqué de tout ce qui s’est passé, maîtresse Yanila. Je suis cependant étonné que vous n’ayez pas davantage tenté de copuler avec ce Jedi que mes scanners ont jugé comme tout à fait fécond.
- C’était un peu tôt pour ça. Montre-moi l’enregistrement.
L’automate s’exécuta et la jeune Sith observa attentivement les passages les plus intéressants. Notamment les instants de sa tentative de rapprochement avec le corellien.
- Stocke-le dans les archives, je réfléchirai à l’usage que nous pourrions en faire, ordonna-t-elle à son majordome.
- Songeriez-vous à faire du chantage envers ce Jedi corellien ?
- Contente-toi d’obéir, trancha-t-elle.
Il recula, ses photorécepteurs clignotant momentanément lorsqu’il se connecta au serveur du Plaisir de l’Ambre pour y transférer le fichier précieux, détenteur d’un secret qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences s’il venait à s’ébruiter.
- Vous avez un appel en attente, lui signala-t-il peu après.
Elle s’assit à son bureau, faisant face de nouveau à l’hologramme de Dark Mungol.
- J’ai conclu comme prévu un accord avec le Soleil Noir. Tu peux en finir avec Yufil cette nuit, il sera relevé par quelqu’un qui se montrera dorénavant plus conciliant avec nos intérêts, expliqua la Sith muun.
- J’ai donc votre accord pour passer à l’action ?
- Supprime-le et ne laisse aucune trace de ton passage.
L’intonation mortelle dans la voix de Mungol fit comprendre à Yanila que la réussite de cette mission était dans son intérêt. En huit ans, elle avait beaucoup appris et comme depuis le début, l’échec ne serait jamais une option.
- C’est compris, maître. En attendant, si vous le permettez, je vais transférer de nouveaux éléments concernant le fils du banquier Patleyn. Je ne doute pas que cela vous conférera une position avantageuse dans vos négociations.
La muun laissa paraître un sourire cruel sur sa figure sans relief lorsqu’elle vérifia l’authenticité et la qualité de l’holofilm transmis par son apprentie, qui montrait les performances du fils du banquier en compagnie très désirable.
- Bon travail, Yanila. À partir de maintenant, le banquier Patleyn sera plus enclin à revoir ses prétentions à la baisse. Tiens-toi moi au courant de l’issue de ta mission.
La jeune aspirante du Côté Obscur rompit la communication et prit un instant pour réfléchir à sa rencontre avec Alan. Comme elle l’espérait, celui-ci ne s’était pas montré insensible à ses charmes mais il n’avait pas oublié sa famille. Il possédait encore le sens du devoir qui l’empêchait de tomber sous son emprise.
Mais elle était patiente. Un jour viendrait où elle tiendrait le père comme elle avait possédé sa fille. La plus éclatante des victoires.
En attendant, il lui restait un vigo déchu à faire disparaître. Enfin, elle passerait le reste de la nuit en compagnie de Yemi.
Alan respira beaucoup mieux dans le turboascenseur, surtout lorsqu’il émergea de la bulle crée par l’ysalamiri qui lui permit de recouvrer son lien avec la Force. Celle-ci submergea ses perceptions et il perçut de nouveau le fourmillement des essences d’êtres vivants qui peuplaient la Cité Galactique et le Plaisir de l’Ambre. Il ne percevait pas évidemment celle de la zeltronne qui avait tenté de le séduire.
Il se demanda s’il n’aurait pas mieux fait d’avoir cette conversation par l’holonet, il aurait été préservé de ses phéromones. Il éprouvait cette désagréable impression de s’être jeté sans réfléchir dans la gueule du sarlacc. Comment avait-il pu se montrer si naïf ? Mais il tenait tant à arracher certaines réponses qu’il s’était persuadé de ne pas avoir le choix. Il n’aurait pas pu agir autrement, même si son ancien maître, Keiran Halcyon, aurait soutenu un avis divergent.
Il sortit du turboascenseur en coup de vent, manquant de bousculer deux clients qui se rendaient aux étages supérieurs pour profiter de plaisirs d’un calibre supérieur. La mine farouche et distante qu’il affichait maintenant, permettait de tenir en respect tous ceux qui tentaient de l’approcher. Comme cette hôtesse zeltronne vêtue de habits moulants en couleurs criardes qui l’aborda :
- Êtes-vous satisfait de votre soirée, monsieur ?
Elle perdit son sourire lorsqu’elle croisa son regard dur. Alan sentit sa peur imprégner la Force avant d’abaisser ses yeux vers le sabre-laser qu’il serrait toujours dans son poing. Il le rangea précipitamment à la ceinture et tenta de paraître naturel.
- Très satisfait. Si vous voulez bien m’excuser…
Il la contourna et gagna la sortie. Il héla un aérotaxi pour rentrer à l’hôtel. Il jeta un dernier regard vers l’établissement qui étincelait de mille reflets. Il en avait terminé ici et n’y retournerait pas. Lorsque le véhicule rejoignit un couloir aérien, il tenta de laisser errer son esprit vers le Chu’unthor qui était le combat de sa vie. Vers sa famille dans ce château de Corellia, qui vivait en paix loin des turpitudes de la Cité Galactique, des intrigues du Sénat, des appétits des corporations. Il priait d’être toujours fidèle à l’Ordre, à la République, à son épouse Mingrid, à ses enfants Lelas, Docun et Deneth qui devenaient peu à peu des hommes.
À sa fille Valena devenue Chevalier, qu’il avait tant déçue. Mais pendant qu’il s’accrochait à ce qu’il sacrifiait pour un idéal de sécurité et de prospérité, le visage de cette zeltronne aux yeux mauves si magnétiques ne cessait de traverser ses pensées. Il ne parvenait pas à chasser cette image de la tête.
Il ne parvenait pas à l’oublier, malgré tous ses efforts et il craignait de savoir pourquoi. Elle l’obsédait, au point que cela l’empêcherait de trouver le sommeil.
Voilà, j'espère que cela vous aura plu !
Allez, à la prochaine
!