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L'Ascension de Sev'rance Tann

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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 21 Juin 2011 - 19:35   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Héhéhéhéhéhé :diable:

Elle est pas encore achevée cette fic?


Nullement, je l'avais mise en pause pour écrire Perle Rouge ; comme je te l'ai déjà dit une fois, j'avais pensé qu'il était plus sage d'interrompre l'écriture pour cela plutôt que d'achever cette fan-fic au vu de l'afflux de nouveaux lecteurs que connaissait alors la section... Et puis, pour changer d'air, quoi :)

Ca se passe principalement dans la Galaxie connue ou des les régions inconnues?


D'un point de vue purement quantitatif, la majeure partie de l'histoire se situe dans la Galaxie connue, mais elle est coupée entre la partie Guerre des Clones directement issue du jeu Clone Campaigns et l'histoire personnelle de Sev'rance, qui commence bien sûr dont les Régions Inconnues -elle y est toujours, d'ailleurs.

Qui sont les guest?


Il n'y en a pratiquement pas, ce qui n'est probablement pas plus mal sur une période aussi surchargée :transpire: On voit Dooku, bien sûr, on voit plusieurs Maîtres Jedi, Ysanne Isard en jeune agent de son père, Grievous fait quelques apparitions, des personnages de mes autres fan-fics (dont Perle Rouge, bien sûr) sont mentionnés ou apparaissent, il y aura très probablement le Commandant Mitth'raw'nuruodo, aussi, voir peut-être Jorj Car'das. Mais il s'agit essentiellement d'apparitions, l'histoire tourne autour de Sev'rance Tann et de son adversaire Jor Drakkas.

Ca fait combien de pages word par curiosité? Tes nouvelles faisant 100 pages tes romans doivent bien en faire 1000 non? :paf:


Ça fait longtemps que j'ai cessé de qualifier Perle Rouge de nouvelle :transpire: Là, on a dû dépasser les deux cent pages Open Office, je ne sais pas pour Word. On ira peut-être jusqu'à trois cent.

De quoi s'occuper les longues soirées d'hiver :D

Peut-être que je la lirais un de ces jours... Enfin faudra déjà que je me mette à jour sur toutes les fics que j'ai prévu de finir et de lire, dont Perle Rouge, plus que je bosse sur ma propre fic et mes attributions de staffeur, donc t'enflamme pas. :D


Quoi qu'il en soit, ce sera toujours un plaisir de te voir sur mes fics :wink:
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Messagepar Notsil » Mar 21 Juin 2011 - 23:07   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Un chapitre qui ne rentre pas dans un seul post, c'est un joli chapitre pavé :p

Ca ne se ressent pas à la lecture puisque tout s'enchaine agréablement, de l'apaisement avec la soeur (que j'apprécie aussi ^^) aux révélations de l'oncle.
On commence à entrevoir tout doucement les raisons qui vont la faire progressivement plonger dans le Côté Obscur, et je sens que ça va changer de ce dont on a l'habitude ^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 22 Juin 2011 - 12:13   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Merci Notsil. Ce qui va changer de ce dont on on peut avoir l'habitude, c'est surtout que la chute est progressive chez Sev'rance Tann, il n'y a pas de grande explication globale et synthétique mais plusieurs facteurs : (s'il y en a qui n'ont pas encore lu et qui voudraient le faire...) la méfiance permanente qu'elle ressent après l'arrestation de son oncle, sa déception vis-à-vis de sa volonté d'aider son peuple, son sentiment permanent qu'elle doit aider ses semblables (ses compagnons d'armes, bien sûr, mais elle était déjà pareille enfant puisqu'elle tenait à défendre sa sœur), son désespoir après la mort de son amante, sa rébellion illégale contre le Colonel Zarden sous l'influence de Vandalor, maintenant le choc de découvrir quels criminels tirent les ficelles dans les Régions Inconnues, et ce jusque dans l'Ascendance Chiss... Tout doit concourir à expliquer pourquoi elle s'est retrouvée à combattre avec une telle loyauté sous la bannière du Comte Dooku. Ceci dit, sur ce plan, il est inutile de le nier, Pecivounet a fait de l'excellent travail sur son Jace avec ton aide, et si l'aspect progressif est identique, je ne prétend pas rivaliser avec en termes de résultats ; mais bon^^
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Messagepar Darth Piejs » Mer 22 Juin 2011 - 12:32   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Ceci dit, sur ce plan, il est inutile de le nier, Pecivounet a fait de l'excellent travail sur son Jace avec ton aide


:oui:
Je plussoie 8)
:lol:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 06 Juil 2011 - 13:21   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon, allez, ce topic coule avec l'heureux regain d'activité de la section, me revoilà ; vous vous rappelez où on en était, avec Sev'rance complètement sonnée alors que l'Amiral lui révèle l'envers du décor? Alors c'est reparti, et décidément, notre Sev'rance en prend pour son grade, psychologeekement, dans ce chapitre X :D La suite ne devrait pas trop tarder.

Lorsque les soldats Kryshzlas revinrent la chercher le lendemain, Sev'rance les suivit comme une automate ; elle ne se sentait pas calme mais vide, terriblement vide, comme si les passions contradictoires de la veille avaient brûlée toute son essence pendant la nuit... Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire après les effroyables révélations de son oncle, elle ne savait pas ce qu'elle devait penser, et elle n'avait plus l'énergie de le chercher, abattue par l'horreur qui s'était abattue sur elle... Elle ne se sentait plus révoltée ou effrayée, ni même désespérée, elle se sentait morte.
La première chose qui la frappa lorsqu'elle pénétra à nouveau dans le bureau de Vorgan, à nouveau seule, fut qu'il faisait toujours aussi nuit dans la verrière ; elle se morigéna mentalement, évidemment, la nuit était éternelle dans l'espace, mais contrairement à Safera, elle n'avait pas l'habitude des longs voyages spatiaux, et les vaisseaux qu'elle empruntait habituellement étaient de simples appareils de transports civils ou militaires tout ce qu'il y avait de plus fonctionnels, dépourvus de verrière. Cependant, le Fléau n'était plus seul dans l'espace... Sev'rance apercevait par la verrière plusieurs vaisseaux qu'elle supposait plus petits que le Fléau, hérissés d'armes et aux réacteurs puissants, vraisemblablement des canonnières. Plus loin, un astre terne était visible.
« Bonjour, Sev'rance, la salua l'Amiral. Comme tu peux le voir, nous sommes à présent dans le système de Jaishr ; c'est ici que l'Empire Lanshrul a sa capitale, ici que notre flotte se trouve maintenant rassemblée, loin de l'Ascendance Chiss... Ils ne nous atteindront jamais ici, même l'expédition de la famille Sev ne s'était pas aventurée aussi loin.
-Vous préparez... Une sorte de contre-attaque, n'est-ce pas ? interrogea Sev'rance, inquiète.
Elle songea vaguement qu'elle offrait un étrange contraste avec leur conversation précédente, mais elle n'avait vraiment plus le courage de chercher à dissimuler quelque sentiment que ce soit pour l'instant...
-Plus ou moins, oui...
Sev'rance étira ses lèvres en une sorte de sourire sans joie, en une expression qui mêlait pitié pour elle-même et résignation à un sort absurde.
-Et vous voulez que je vous aide, c'est bien cela ?
Vorgan la fixa un instant puis sembla vouloir lui répondre, mais Sev'rance poursuivit :
-Parce que tu réalises que ce n'est pas possible, n'est-ce pas ? Je n'ai plus envie de te le cacher au point où j'en suis, oui, je suis déboussolée par tout ce que tu m'as dit hier, oui, tu as bouleversé ma vision de l'univers et je sais que j'ai été naïve ; mais rien, rien de tout cela ne saurait me convaincre de me joindre à vous, c'est même exactement le contraire... La seule chose dont je sois sûre aujourd'hui, c'est que je ne veux pas te ressembler, je ne veux pas trahir mon peuple et mes idéaux ; tout peut changer, mais pas cela. Alors qu'est-ce qui te fait croire que je vais t'aider à quoi que ce soit ?
Vorgan lui sourit comme si elle avait toujours douze ans et qu'il n'était toujours que son oncle.
-Parce que cette fois, nous allons œuvrer pour la paix et la justice ; ce n'est pas cela que tu tiens tant à défendre en bonne Chiss ? Un ordre qui protège la vie contre ceux qui se donnent le droit de la briser et l'exploiter dans cet espace maudit ? Si tu voyais une possibilité de lutter contre les crimes et les manipulations comme celles que je t'ai décrites hier, la refuserais-tu sous prétexte qu'elle te vient d'un traître ?
Sev'rance se sentit soudain perdre pied dans la conversation ; l'argumentation était tout simplement surréaliste dans la bouche de Vorgan, que cherchait-il exactement ? Il ne croyait tout de même pas la convaincre d'une chose pareille... Prise d'une totale incompréhension, ses réflexes reprirent le dessus et elle rétorqua avec une froideur retrouvée :
-Sans vouloir te vexer, tu sais que tu as l'air à peu près aussi fiable qu'un Yresilini enragé, là ?
Le sourire de Vorgan gagna en éclat. 
-Bizarrement, j'étais sûr que tu répondrais ça... Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse te paraître, je suis on ne peut plus sérieux, le Seigneur Heckara a vraiment l'intention de tirer un trait sur tout ce qui s'est passé avec les Chiss depuis cinquante ans ; il m'a chargé de tout mettre en œuvre pour y mettre un terme, et je crois que tu vas m'y aider...
-Et à supposer que je refuse ?
-Si tu refuses ? Alors tu devras comprendre que nous devrons prendre des mesures pour assurer notre sécurité... En dépit du scandale que pourraient causer toutes les révélations que je t'ai faites, elles ne contiennent rien qui puisse nous compromettre directement ; en revanche, elles pourraient mettre l'Ascendance Chiss sur la voie d'investigations qui compromettraient nos contacts, et eux en revanche détiennent des informations qui pourraient nous nuire sérieusement... N'oublies pas non plus que ton grand-père est parmi eux.
-Vous allez me tuer, énonça Sev'rance, et sa froideur était cette fois à peine forcée tant elle avait perdu goût à l'existence.
-Nous allons te donner le temps de changer d'avis, rectifia Vorgan. Durant un certain temps, au moins... Mais j'espère sincèrement que tu le feras, et pas seulement parce que tu es la plus à même de mettre mes plans à exécution...
-Je suis très touchée... Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Et... Qu'est-ce qui a fait changer Heckara d'avis ? Ne m'en veux pas, mais le vieux seigneur de la guerre des Régions Inconnues qui se repend brusquement après cinquante ans de conquêtes et qui finit par rentrer dans un monastère, j'y crois assez moyennement...
-C'est compliqué... J'ai encore des explications à te donner avant. Tu n'es pas sans savoir que nous avons récemment subi deux défaites majeures, naturellement...
-J'en sais quelque chose, oui, et je m’enorgueillis d'avoir contribué à la seconde...
-La première a bien sûr été l'offensive spatiale Chiss sur nos chantiers de Zeldirav ; un coup dur, nous y avons laissé une bonne partie de notre flotte en plus de nos installations, et le Seigneur Heckara a... Définitivement pardonné à l'amiral Lanshrul qui me secondait jusque-là, le tenant pour responsable de l'échec. À vrai dire, je l'avais senti venir, il devait justement s'agir d'un piège tendu à l'intention de la flotte Chiss pour nous permettre de prendre enfin l'avantage dans cette guerre, au moins temporairement, un répit pour nos forces harassées ; pour ce faire, je comptais réemployer une vieille stratégie Lanshrul en utilisant la base secrète d'Hautemer pour vous déborder au moment opportun, mais... Il s'est produit un imprévu.
N'ayant pas la moindre envie de répondre à des questions sur le sujet, Sev'rance contint un sourire sarcastique, mais elle avait bien l'impression de connaître déjà les raisons de la défaite des Kryshzlas... Elle feignit de continuer à écouter d'un air vaguement intéressé.
-Nous n'avons jamais su exactement ce qui s'était passé, continuait Vorgan, nous n'avons eu à ce sujet que des témoignages confus et irréalistes, mais ce qui est clair, c'est que la base d'Hautemer, l'atout secret de la flotte Lanshrul, a été victime d'une attaque soudaine et brutale qui l'a laissée totalement incapable de me venir en aide, une attaque menée par des indigènes, et peut-être par des combattants Chiss, aussi, mais leur présence reste cependant improbable... Il semble également que plusieurs officiers aient trahis, ce qui pourrait expliquer que la débâcle ait été aussi soudaine ; en tous cas, nous savions que l'officier en charge de la base, le Général Hassano, était connu pour son arrogance et sa brutalité... Tout porte à croire que quelque chose sur Hautemer a provoqué chez lui une exacerbation de ces traits de caractère jusqu'aux troubles psychiatriques...
Soudain, sans prévenir, le cœur de Sev'rance lâcha ; Hassano était l'homme qui avait tué Safera... Le souvenir qui rejaillissait brusquement vers elle, inattendu, sans que Vorgan ne se doute de rien, alors qu'elle se sentait elle-même naufragée... Elle put contenir le gémissement de douleur, mais pas les larmes qui coulèrent lentement sur ses joues avant qu'elle se reprenne... Vorgan s'arrêta un instant pour la dévisager alors qu'elle s'efforçait de retrouver le contrôle d'elle-même, la respiration difficile, puis il termina :
-Une grande partie de nos hommes ont péris, apparemment victimes de... De monstres marins, enfin, c'est ce que nous ont dit les survivants, en tous cas. Ceux qui sont revenus, du moins, et ils n'étaient pas plus d'une dizaine, la quasi-totalité des survivants ont manifestement désertés après cela... Je dois dire que je ne comprend strictement rien à ce qui s'est passé, on a jamais vu tant de combattants Lanshruls déserter, ni un officier jusque-là compétent malgré ses défauts perdre la tête à un point qui pourrait expliquer la catastrophe, et les seuls témoignages dont nous disposons dépassent l'imagination... Quelle que soit la véritable nature de la tragédie qui s'est déroulé là-bas, nos hommes en sont sortis traumatisés. Mais qu'importe, ce qu'il faut comprendre, c'est que je n'ai pas pu disposer des renforts attendus pour venir en aide à mon subordonné sur Zeldirav, et en plus d'avoir perdu la base, mon propre piège s'est ainsi retourné contre moi... Un double désastre qui a mis un terme définitif à nos espoirs de vaincre l'Ascendance Chiss. Mais dis-moi, tu as l'air d'en savoir bien plus long que moi au sujet d'Hautemer...
Les yeux encore humides, Sev'rance lâcha une exclamation méprisante.
-Tu ne me croirais pas, si je t'expliquais !
-Si tu le dis. Bref, c'est après cela que Heckara a enfin semblé admettre qu'il était urgent de mettre un terme à ce conflit... Néanmoins, c'était dangereux, les Kryshzlas avaient énormément investi dans leur guerre, comme dans toutes les précédentes d'ailleurs, sauf que cette fois il n'y aurait pas de résultat à la clé ! Alors il a pensé à recontacter Hess'arga'nuruodo...
Sev'rance ouvrit des yeux ronds ; évidemment, mais qu'elle était bête...
-J'aurais dû me douter qu'il était impliqué là-dedans aussi... murmura Sev'rance, soufflée. Tu parles de Tehirahs, n'est-ce pas ?
-En effet. Heckara a donc repris contact avec Sargan comme si de rien n'était, et celui-ci a accepté un marché pour mettre fin à la guerre ; il nous aiderait à reprendre possessions de nos ressources sur Tehirahs, une bien maigre consolation pour des années de guerre mais nous ne pouvions réellement pas faire mieux, et en échange, nous lui payions une fois de plus ses services, et surtout, nous disparaissions à jamais loin de l'Ascendance Chiss afin qu'il n'y ait plus aucun risque que nous le compromettions...
Un détail révélé par ses juges sur les évènements de Tehirahs revint à l'esprit de Sev'rance, et elle sentit poindre en elle une nouvelle étincelle de fureur.
-C'est toi qui a donné l'ordre de gaver tes propres hommes de fausses informations avant de les livrer à Sargan ?
-C'est moi, oui, confirma Vorgan, qui semblait plutôt fier de lui. Sargan s'est assuré que les informations tombent bien entre les mains de ses hommes et ne soient pas trop vérifiées par la suite... Il avait été fiable tout le long de la guerre, le Haut Commandement n'avait aucune raison de se méfier de lui... Tu connais la suite, puisque tu as été la principale artisane de notre échec... Nous avons couru beaucoup de risques pour ce plan en vous rendant la tâche aussi difficile que possible pour détruire le générateur de bouclier puis nos forces terrestres sur Tehirahs ; mais nous savions que le Colonel Zarden était un bon commandant, quand il voulait, et qu'il disposait d'un atout de taille en la personne de ma propre nièce... Sauf que nous t'avons finalement sous-estimé : contrairement à Zarden, tu as été assez lucide pour comprendre que suivre les ordres vous mènerait tous à la mort, et tu as sauvé l'armée Chiss de Tehirahs... Dès lors, nous n'avons pas osé partir nous aventurer dans les montagnes chercher les entrepôts cachés par nos hommes, et nous nous sommes contentés d'un rapide bombardement qui s'est avéré parfaitement inefficace... Un superbe échec, encore une fois. Mais quand Sargan nous a révélé qui nous l'avait infligé, je t'avoue que je ne me suis jamais senti aussi fier d'avoir échoué...
-D'accord... Décidément, tu es tombé bien bas pour œuvrer ainsi contre tes propres hommes et ton propre peuple, surtout quand ta nièce fait partie des cibles... Et maintenant, que comptez-vous faire ?
-Plus ou moins la même chose que sur Tehirahs, Sev'rance... Nous allons assurer nos arrières, puis nous disparaîtrons. On entendra plus parler de nous, je te l'assure ; nous en aurons pour un moment avant de reconstituer nos forces, de toute façon.
-Vous allez vraiment disparaître ? Pour toujours ?
-Pour être franc, je doute que ce soit la volonté du Seigneur Heckara... Mais contrairement à son peuple, je ne le crois pas immortel... Et puis... Si un amiral Chiss las des guerres et de la corruption prenait sa place dans l'armure impériale, qui s'en apercevrait, à présent ? Quelque chose de ce genre s'est même probablement déjà produit. Je ne veux pas... (Il chercha ses mots un instant) Avant que Heckara ne fasse de moi le commandant de sa flotte, je n'étais plus rien, Sev'rance, exilé loin de mon peuple, sans pouvoir ni gloire... Si j'ai accepté de m'impliquer dans les manipulations de mon père, c'était parce que je voulais être quelqu'un. C'est pour ça que j'ai accepté de prendre la tête des armées Kryshzlas, c'était tout ce qu'il me restait, même si l'idée de travailler contre mon propre peuple me désespérait... Je ne voulais pas me laisser faire. Mais... Je ne cherche pas la guerre pour autant, loin de là. Alors... Si je peux devenir le nouveau chef des Lanshruls et travailler à démanteler l'effroyable société de contrôle total bâtie par Heckara, ça me suffira amplement. Tu comprend bien que c'est risqué, et il serait probablement plus sage de ma part d'attendre que la nature fasse son œuvre ; mais c'est une idée qui m'a traversé l'esprit... En tous cas, Heckara ou pas, si nous pouvons nous retirer, tu peux être sûr qu'on ne nous reverra pas avant au moins dix ou vingt ans ; dans l'état actuel des choses, rechercher de nouvelles conquêtes serait courir à la faillite.
-Et... C'est vraiment indispensable, cette histoire de dernière offensive?
-Je ne le sais pas vraiment, en fait... Je serais tenté de te dire qu'au point où nous en sommes, reprendre Tehirahs ou n'importe quelle autre planète ne serait de toute façon pas suffisant, donc a priori, non. Pourtant, le Seigneur Heckara y tient. Est-ce une question d'orgueil, pour lui, ou a-t-il des raisons que j'ignore d'agir ainsi ? Je me suis demandé si ses alliances avec d'autres puissances étrangères ne pouvaient pas être en cause... Après tout, encore une fois, je ne suis même pas sûr qu'il soit lui-même Lanshrul.
-Et qu'est-ce que vous attendez de moi, dans tout ça ? Que je commande des troupes ? Que je fournisse de fausses informations à l'Ascendance ? Je ne ferais pas cela sur ta seule promesse que les Kryshzlas cesseront leurs ravages après cela, tu sais ; à vrai dire, même si j'en avais la preuve formelle, il n'est pas question que je trahisse mon peuple...
Vorgan sourit d'un air condescendant, comme un professeur qui s'apprête à reprendre un élève brillant.
-Mais je n'allais rien te demander de tel, Sev'rance... Mes commandants se chargeront de tout, ce n'est pas le problème, et nous tenterons un dernier raid contre l'Ascendance Chiss avec ou sans toi...
-Mais c'est une obsession ! s'exclama Sev'rance. Vous ne pouvez pas aller mener vos « derniers raids » ailleurs, Tehirahs ne vous a pas suffit ?
-Il faut croire que non... Heckara tient à ce que nous portions un coup sérieux à la flotte Chiss, soit-disant pour s'assurer qu'elle ne sera plus en mesure de nous nuire avant longtemps ; néanmoins, encore une fois, j'ai des doutes sur ses motivations... Toujours est-il qu'il veut que nous affaiblissions l'Ascendance Chiss ; mais ce qui est nettement plus significatif pour toi, c'est que afin d'empêcher définitivement les Chiss de nous retrouver, il veut aussi que nous éliminions tous nos anciens contacts au sein de l'Ascendance...
Sev'rance prit un instant pour prendre la mesure des paroles de Vorgan.
-Ah... Voilà qui est autrement plus intéressant, en effet... Et tu veux que ce soit moi qui m'en occupe ?
-En effet. Tu vas remettre en ordre les hautes sphères de l'Ascendance Chiss, éradiquer toute trace de la corruption qui gangrène nos dirigeants depuis un demi-siècle, depuis que ton arrière-grand-père a lancé cette machine diabolique ; tu vas contribuer à mettre un terme à la guerre par la même occasion. Alors pourquoi refuser ?
Sev'rance n'aurait pu espérer mieux, il fallait l'admettre... Ce que lui proposait Vorgan, c'était de détruire tout ce qui lui faisait horreur, cette épouvantable collaboration que sa propre famille avait établi avec les conquérants sanguinaires ; elle le voulait vraiment, l'adolescente qu'elle avait été en avait envie, et la femme qu'elle était savait que ce ne serait que justice... Les choses retourneraient à leur place, elle aurait prouvé qu'elle n'était pas comme le reste de sa famille et l'Ascendance redeviendrait la nation droite qu'elle aurait toujours dû être ; c'était exactement ce qu'elle voulait, oui, et voilà que c'était ses ennemis qui le lui offraient sur un plateau d'argent... Elle n'allait tout de même pas refuser sous prétexte que c'était Vorgan qui le lui proposait, si ?
-Hess'arga'nuruodo sera du nombre ? demanda-t-elle, autant par intérêt que pour gagner du temps.
-Oui, c'est même le premier dont nous comptons nous débarrasser... Je comprend sans peine que cela te fasse plaisir.
-Et mon grand-père, Varac ?
-Non. Ça fait bien longtemps qu'il s'est retiré du jeu, c'est un vieil homme, et j'ai convaincu Heckara qu'il ne représentait plus aucune menace.
Sev'rance réalisa qu'elle allait accepter, elle aurait trouvé cela incroyable dix minutes plus tôt, mais elle était vraiment sur le point d'accepter... Comment pourrait-elle faire autrement, après tout ? Quelqu'un devait neutraliser une fois pour toutes l'ignoble réseau créé par son arrière-grand-père, et outre qu'elle était en position de le faire, ne serait-il pas juste que ce soit sa propre descendante qui s'en charge ? Elle pouvait faire en sorte que justice soit faite, que les crimes des alliés de Heckara soient connus et qu'ils en répondent enfin devant l'Ascendance Chiss ; plus important, elle pouvait mettre un terme à leurs agissements, les empêcher de remplacer Heckara par un nouvel allié pour leurs ignobles manipulations... Il était de son devoir d'agir, indéniablement, c'était trop important.
Oui, mais cela signifiait qu'elle allait sacrifier des combattants Chiss, ceux qui seraient tués dans l'attaque Kryshzla... Elle devait le faire quand même, elle ne pouvait pas s'arrêter à cela, hurlait une voix en elle ; Sev'rance voulait de tout cœur mettre un terme à la tragédie, même si elle devait pour cela sacrifier tant qu'elle s'en voudrait à jamais... Mais elle était des leurs, ils avaient combattu dans le même camp et ils étaient liés par un devoir réciproque... Elle ne pouvait pas les trahir, elle ne pouvait pas laisser Vorgan agir.
Et pourtant, comme elle avait envie d'accepter, le sang coulerait, certes, mais ce serait la dernière fois... Oh, pourrait-elle neutraliser Sargan et ses alliés tout en permettant aux Chiss de vaincre les Kryshzlas ?
-Que devrais-je faire exactement ? demanda Sev'rance.
-Rien d'extravagant, mais c'est un peu long à expliquer... Si tu acceptes, nous allons te donner de fausses informations à donner à l'Ascendance Chiss puis te relâcher ; mais plutôt que d'aller les transmettre effectivement à l'Ascendance, tu vas aller te livrer toi-même aux services de renseignements Chiss et leur avouer que nous t'avons donné pour mission de les intoxiquer, en échange de quoi nous t'avons promis un grade suite à tes exploits sur Tehirahs, mais tu as fait semblant d'accepter. Le directeur Sargan va fatalement s'intéresser à ton cas... Tu demanderas à t'entretenir seule avec lui, et tu lui donneras des codes de reconnaissance pour qu'il sache que tu as notre confiance ; tu lui proposera alors d'effacer toute trace de nos anciens accords en dénonçant toi-même ses alliés après que je leur ais transmis des informations susceptibles de piéger ma propre flotte sur Xelva... Il n'attend que cela : si je meurs sur Xelva et qu'il fait lui-même emprisonner ses alliés avec ton aide, plus personne ne pourra rien prouver contre lui et il pourra poursuivre une carrière brillante ; si jamais Heckara avait encore envie de le dénoncer, on pensera que c'est par rancune, idem pour ses anciens alliés s'il les fait arrêter lui-même et qu'il offre la victoire définitive aux Chiss, car les Lanshruls ne seraient effectivement pas en mesure de revenir avant longtemps si ma flotte était piégée...
Sev'rance hocha la tête, comprenant où Vorgan voulait en venir.
-Sauf qu'en fait, le véritable piège est destiné aux Chiss et à Sargan, n'est-ce pas ?
Vorgan sourit férocement.
-Exactement : dès que la flotte Chiss accourra défendre Xelva, je ferais intervenir mes propres renforts... Après cela, cette débâcle combinée à celle de Tehirahs devraient gravement nuire à la crédibilité de Sargan ; et là, les dénonciations de ses anciens alliés attireront soudainement bien plus d'attention...
-J'imagine, oui... Mais, tout à l'heure, quand j'ai parlé de refuser ton offre, tu m'as dit craindre que je dénonce vos anciens alliés car ils pourraient révéler des informations capitales sur l'Empire Kryshzla ; tu ne crains pas qu'ils fassent de même si je les dénonce à travers Sargan ?
Vorgan haussa les épaules.
-Après la bataille, ils ne seront pas plus crédibles que Sargan lui-même... Les uns et l'autre auront aidé à précipiter la flotte Chiss dans un piège ; tout le monde comprendra que Sargan et son réseau étaient effectivement nos alliés, mais on pensera que nous avons été assez malins pour les abreuver de fausses informations... Assures-toi seulement de détruire toutes les preuves écrites s'il y en a, certaines pourraient tout de même s'avérer tentantes pour l'Ascendance. Ce sera la fin de la guerre et d'un demi-siècle de manipulations, tout disparaîtra ; tu resteras la seule Chiss impliquée dans cette affaire à ne pas être éclaboussée par le scandale. Quant à moi, je resterais parmi les Lanshruls, je n'ai pas le choix...
-Tu ne crains pas que Sargan et ses alliés dénoncent ton père, eux ?
-Sargan a quasiment renouvelé toute la tête du réseau en même temps qu'il m'a fait arrêter, donc c'est peu probable ; et à supposer qu'il y en ait qui soient en mesure de le faire, ils y auraient un intérêt limité.
-C'est vrai...
Sev'rance réfléchit un instant encore ; enfin, elle laissa une certaine forme de joie se peindre sur son visage pour la première fois depuis qu'elle avait été enlevée par les Kryshzlas... Une joie chargée d'amertume, mais une joie néanmoins.
-C'est tordu à souhait, comme plan... J'aime, commenta-t-elle avec le sourire.
-Je te l'avais bien dit, nous sommes du même sang... Alors, tu acceptes ?
Sev'rance redevint grave.
-Est-ce que tu peux me promettre une chose ?
-Dis ?
-Est-ce que tu peux me promettre que si la flotte Chiss envoyée sur Xelva se rend, tu l'épargneras ?
-Aucun problème, je te le promets ; je ne suis pas assoiffé de sang, et surtout pas de celui de mon propre peuple, je te l'ai dit. Mais tu te rends compte qu'ils ne se rendront pas, n'est-ce pas ?
-Je sais, oui ; mais je veux qu'ils en aient la possibilité.
-Ils l'auront. Tu feras ce que je t'ai demandé, alors ? C'est dans l'intérêt de tout le monde, et tu le sais... Les combattants Chiss ne feront que leur devoir de soldats, ils savent que tomber dans une embuscade est un risque à courir... »
Sev'rance se mit à réfléchir à toute vitesse, son regard se détournant de Vorgan comme pour chercher du soutien avant de prendre une décision aussi capitale, mais elle était seule, entièrement seule avec son dilemme...
Finalement, son regard revint sur son oncle ; elle hocha gravement la tête.

Est-ce que j'ai accepté ça ? Est-ce que j'ai vraiment accepté ça ?

Force était de reconnaître qu'elle ne le savait absolument pas, même maintenant, alors qu'elle embarquait à nouveau dans l'étroite navette d'assaut du lieutenant Bregar ; une part d'elle-même aimerait croire qu'elle n'avait accepté l'offre de Vorgan que pour recouvrer sa liberté, et pourtant... Et pourtant, l'idée d'aller dénoncer les contacts de Vorgan au sein de l'Ascendance Chiss et d'attirer Sargan dans un piège était diablement séduisante...
Ce serait la fin de sa lutte et des malheurs de plus de gens qu'elle ne pouvait en compter ; qui était-elle pour décider de ne pas agir quand elle en avait les moyens ?
Oui, mais évidemment, si elle agissait comme l'espérait Vorgan, elle enverrait la flotte Chiss droit dans un piège, même au travers des traîtres qu'elle ferait arrêter... Elle trahirait à son tour, elle trahirait ses compatriotes...
Elle n'avait pas le droit de ne rien faire, elle n'avait pas le droit d'agir ; la trahison était partout, l'honneur nulle part...
Même si elle voulait bien faire, n'allait-elle pas se retrouver à agir exactement de la même façon que son oncle ? Et si les choses ne se passaient pas comme elle le croyait, et si elle se retrouvait à son tour condamnée par l'Ascendance Chiss et happée du côté des Kryshzlas avant d'avoir pu protester qu'elle n'avait rien voulu de tout cela ?
Et si toutes les incroyables révélations de Vorgan n'étaient qu'un subtil échafaudage de mensonges, habilement érigé sur des fondations réelles au point que les deux structures en devenaient indissociables ? Car après tout, Vorgan avait jeté ses propres hommes entre les griffes de Sargan et il n'avait eu aucun remord à l'utiliser, elle, sa nièce, pour détruire le générateur de bouclier sur Tehirahs, comment Sev'rance pourrait-elle être sûre qu'il n'était pas encore en train de se servir d'elle pour ses propres intérêts ? Certes, elle avait eu la très nette impression qu'il était sincère, alors même qu'elle avait de l'intuition en la matière ; s'il lui avait menti, Vorgan était le menteur le plus habile que Sev'rance ait jamais rencontré. Mais ce n'était pas totalement exclu, et si le plan donné par Vorgan pour se débarrasser de ses relations Chiss apprenait quelque chose à Sev'rance, c'était bien qu'elle ne devait surtout pas sous-estimer son oncle...
Elle risquait de devenir malgré elle l'instrument de la revanche des Kryshzlas...
Et pourtant, elle avait la plus grande peine à douter des propos de Vorgan ; l'histoire était trop détaillée, les enchaînement trop logiques pour que cela ait pu être inventé de toutes pièces...
La navette d'assaut passa en hyperespace ; Sev'rance était assise entre les soldats Kryshzlas comme à l'aller, mais cette fois, elle se rendait compte que Bregar surveillait plus ses propres hommes qu'elle...
« Nous allons vous abandonner sur une lune aux frontières de l'Ascendance Chiss, l'informa le Lieutenant. Notre navette sera probablement repérée, ils devraient vous trouver assez rapidement.
-Très bien. Nous ne risquons pas d'être interceptés avant ?
-C'est très peu probable ; si des forces Chiss sont présentes, nous devrions être suffisamment rapides pour leur échapper, et nous chercherons simplement une meilleure occasion de vous ramener chez vous.»
Sev'rance hocha simplement la tête, déconcertée par la situation dans laquelle elle se trouvait ; elle avait l'impression que le fait de recevoir l'aide des Kryshzlas pour rentrer chez elle constituait déjà une trahison en soi... Mais c'était idiot, elle aurait pu rester indéfiniment leur prisonnière, bien trop loin de l'Ascendance Chiss pour conserver le moindre espoir quant à son destin, et elle serait morte exécutée après avoir été violée...
Bien d'autres gens avaient probablement déjà connu un destin comparable, et bien d'autres en connaitraient un si elle ne faisait rien...
Pour s'occuper l'esprit, elle commença à relire les datacartes que lui avait confié Vorgan : la première était complètement fausse, elle faisait état d'un projet d'attaque massive des Kryshzlas dans le secteur de Crustai, c'était celle qui devait servir de prétexte au retour de Sev'rance ; la seconde n'était rien de moins que la liste des hauts responsables du réseau de Sargan qu'elle devait dénoncer... Un document qui pourrait bien faire tuer Sev'rance si elle n'était pas prudente.
Mais ce n'était pas le véritable problème, évidemment... Qu'allait-elle en faire ? Comment pourrait-elle choisir de ne pas s'en servir, de ne pas remettre aux renseignements Chiss un document d'une telle valeur ? C'était une occasion unique d'éradiquer la corruption, une opportunité que l'Ascendance ne retrouverait peut-être jamais... Mais comment pourrait-elle choisir de s'en servir sachant que cela conduirait peut-être la flotte Chiss droit dans un piège, voir pire si Vorgan lui avait menti ?
Le choix était atroce au point de modifier encore sa vision de l'univers, elle se demandait si le bon chemin existait vraiment où si elle était condamnée à trahir d'une façon ou d'une autre...
D'un autre côté, ce qui se passerait une fois qu'elle aurait remis la seconde datacarte au directeur Sargan n'était peut-être pas son problème : elle aurait fait son devoir en dénonçant ce qu'elle pensait être un important réseau de corruption dans les hautes sphères de l'Ascendance Chiss, ce qui adviendrait ensuite ne serait pas de sa faute... Ce n'est pas elle qui extorquerait de fausses informations aux traîtres, ce n'était pas elle qui les confierait à la flotte Chiss pour la précipiter dans un piège de Vorgan...
Sev'rance soupira ; qui croyait-elle tromper ? Elle n'était pas encore suffisamment folle pour se prendre à ses propres mensonges... On ne pouvait peut-être pas choisir de ne pas faire de mal, mais on pouvait au moins choisir de ne pas être lâche ; elle n'était pas Zarden, elle assumerait les conséquences de ses actes, y compris celles qu'elle n'avait pas voulu. Si elle devait finalement obéir à Vorgan, autant qu'elle le fasse en admettant qu'elle envoyait des combattants Chiss à la mort...
Elle allait poser le problème autrement, sur un plan purement philosophique : pouvait-elle délibérément sacrifier des vies pour arrêter enfin la mécanique sanglante de l'injustice ?
Elle avait affirmé à Wyxain que si on ne prenait pas garde au chemin que l'on empruntait, on arrivait jamais à destination ; comment savoir quels moyens la détourneraient de sa fin ?
Avant d'y réfléchir, elle s'efforça de se rappeler ses discussions avec Safera, Virasa et Vandalor, les trois apportaient toujours beaucoup à ses réflexions ; Safera avait incarné celle qu'elle aurait voulu être, c'était un ange qui avait su l'aimer malgré ses défauts, Virasa était une fine psychologue qui savait toujours démêler ses sentiments les uns des autres lorsqu'elle se risquait à lui en parler, Vandalor incarnait un point de vue radicalement différent du sien auquel elle avait aimé se confronter.
Vandalor disait que quitte à être injuste, mieux valait l'être en essayant de faire le bien qu'en regardant un autre faire le mal sans rien faire pour l'en empêcher, et Sev'rance l'avait approuvé, c'était pour cela qu'elle avait accepté de se retourner contre Zarden ; admettre qu'elle devrait peut-être trahir et tuer de sang-froid pour aider à sauver les Régions Inconnues des Kryshzlas, car c'était bien de cela qu'il s'agissait, il était inutile de se voiler la face plus longtemps, n'était-ce pas l'aboutissement logique de ce raisonnement ? Ce n'était qu'une pure question de degrés, pas de principes ; pourquoi s'arrêter au beau milieu du chemin sans indication ni carrefour ?
Et pourtant, Sev'rance avait peur, elle avait peur comme si le chemin s'enfonçait dans la forêt de Helrah, peur de se perdre à jamais et de découvrir quelque chose dont l'horreur surpassait tout ce qui avait pu la pousser à prendre ce chemin...
Quelles certitudes nouvelles s'étaient imposées à elle en quittant Helrah avant que Vorgan ne vienne tout chambouler, déjà ? Si cela pouvait lui être d'un quelconque secours...
Je ne suis pas une héroïne.
Je ne suis pas une justicière.
Je suis Sev'rance Tann, ancienne fantassin Chiss aspirant à devenir pilote de navette de secours ; je suis là pour sauver, non pour détruire.

Oui, mais si elle avait admis qu'elle n'avait pas à chercher à tous prix à devenir quelqu'un d'exceptionnel, le problème lui paraissait ici sans commune mesure avec ce dont elle avait parlé avec sa sœur... Elle voulait bien admettre qu'elle n'avait rien à se prouver, Virasa s'efforçait depuis toujours de l'en convaincre, mais elle avait l'impression que ce n'était même plus la question... Elle ne pouvait pas laisser faire cela, tout simplement.
Comment continuer à croire en les principes pacifistes, comment continuer à défendre la vie de tout un chacun maintenant ?
Comment pourrais-je refuser de faire tout mon possible pour empêcher des horreurs comme celles dans lesquelles j'ai été plongée ?
Si je ne fais pas tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre un terme aux crimes des Kryshzlas, je tuerais toutes les prochaines victimes des Kryshzlas aussi sûrement que si c'était moi qui tenait le fusil, comme mon grand-père et mon arrière-grand-père ont tué les précédentes.

Ce n'était pas en tant que Sev'rance Tann avec ses étranges facultés, son passé et celui de sa famille qu'elle ne le pouvait pas, ce n'était pas non plus en tant que la combattante Chiss qu'elle n'était plus ; c'était en tant qu'être sensible, tout simplement. Elle ne pouvait pas rester indifférente maintenant à toute la souffrance qu'avaient causés les membres de sa famille, le Seigneur Heckara et le directeur Sargan ; Virasa comprendrait, non ? Ce n'était pas une question de principes subjectifs, d'idéologie ou d'ambition personnelle... Elle faisait partie de cette Galaxie, elle ne pouvait fermer les yeux sur aucun moyen de mettre un terme à ces monstruosités que Vorgan lui avait révélé ; cela ne l'empêchait pas de se sentir affreusement coupable à la seule pensée de trahir... Oui, peut-être que Virasa serait d'accord avec elle, si elle comprenait bien la situation.
Mais pas Safera.
Et ça, c'était ce qui faisait vraiment mal à Sev'rance, comme une lame fichée dans son cœur qui s'enfonçait un peu plus à chaque mouvement qu'elle faisait pour l'en déloger, déchirant sa chair et déversant son sang... Safera avait refusé la violence contre vents et marées... Elle était morte pour cela.
Mais Safera savait que Sev'rance n'était pas comme elle, après tout... Et elle l'avait aimée malgré cela. Safera pardonnait, elle voulait voir l'essence de ses semblables en ce qui la rapprochait d'eux ; le reste n'était pour elle qu'accident. Il y avait là une certitude inébranlable qui faisait un bien incroyable à Sev'rance... Elle ne serait jamais parfaite, non, elle ferait peut-être des choses profondément mauvaises, mais, avait-elle pensé lorsque Safera était à ses côtés, il y aurait toujours quelqu'un pour la comprendre et l'aimer tant qu'elle voudrait sincèrement être comprise et aimée d'elle... Sev'rance aimait la conception de la justice de Safera, elle pensait que s'il y en avait une qui devait régir l'univers, c'était celle-là : celui qui aime, celui qui veut réellement être pardonné parce qu'il se reproche ses actes, celui-là ne peut pas être un tel monstre...
Sev'rance savait qu'elle n'en était probablement pas moins sur le point de s'engager sur un sombre chemin... Mais après tout, elle n'avait pas voulu cela, elle aurait désespérément voulu trouver autre chose ; cela la rendait-elle pardonnable ? Elle ne savait pas de qui exactement elle aurait voulu être pardonnée à présent que Safera n'était plus, probablement pas de ceux qu'elle aimait, car elle savait que si elle en venait vraiment à faire trop de mal, elle resterait à jamais incomprise de certains ; ce n'était pas non plus d'elle-même, elle se savait incapable de se le pardonner seule si elle en venait à agir de façon vraiment impitoyable, c'était même là la seule chose qui semblait la racheter ; de l'image toujours vivace en elle de la douce Safera, alors ? Peut-être, mais Sev'rance avait le sentiment d'être sur le point de trahir un devoir bien plus global et plus objectif... Ou était-ce d'une sorte d'univers personnifié dans son esprit, voir de Dieu ? C'était ce qui correspondait le mieux à son sentiment, oui.
Toujours était-il qu'elle haïssait l'idée qu'elle était désormais prête à accepter de renoncer à une partie de ses idéaux pour enfin détruire l'injustice qui régnait en maîtresse sur cette Galaxie par la faute des êtres pensants...
Mais je n'ai encore rien fait, non ?
Non, bien sûr que non. Elle ne devait pas se reprocher de crimes imaginaires, ce n'était pour l'instant que simple théorie... Elle était accablée par la colère et le désespoir, et cela lui inspirait l'idée d'actions violentes ; qui n'en ferait pas autant ? Peut-être Safera, elle en revenait au même problème... Mais elle avait le sentiment que c'était aussi parce qu'elle avait tant aimé Safera qu'elle devait agir pour que ce qui lui était arrivé ne se reproduise plus, pour que des êtres bien meilleurs qu'elle ne soient pas assassinés comme Safera l'avait été... Si cela signifiait que Sev'rance devait devenir elle-même mauvaise pour cela... C'était terrible, mais ne devrait-elle pas le faire malgré tout ?
C'était que le récit de Brast'eli'nuruodo avait sévèrement ébranlé ses espoirs que la Galaxie puisse réellement devenir meilleure sans qu'on ne mène une guerre implacable pour la changer...
Je ne suis pas quelqu'un de bien. D'accord.
Au fond, Virasa lui avait dit elle-même qu'elle devait accepter l'idée qu'elle ne serait jamais celle qu'elle voudrait être, même si elle l'avait dit pour la convaincre de ne plus chercher à combattre pour les Chiss à présent qu'elle ne le pouvait plus... Et puis, elle l'avait déjà accepté, après tout, n'admettait-elle pas qu'il n'existait peut-être pas de cause qui justifie la mort des combattants ennemis qu'elle avait tué sur Tehirahs ? Safera elle-même n'éprouvait-elle pas des doutes similaires ?
Elle ne serait jamais celle qu'elle voulait être, elle s'en éloignait même de plus en plus... Cela la désespérait, mais c'était ainsi et elle devait l'admettre.
De toute façon, elle pouvait discuter avec elle-même tant qu'elle le voudrait, elle avait déjà pris sa décision, au fond, parce qu'elle avait le sentiment que ça n'en était pas une ; elle sentait son cœur déchiré par l'affreuse histoire de Vorgan, son sang coulait maintenant à flot à l'intérieur d'elle-même et elle ne pourrait vivre à nouveau que lorsqu'elle aurait la certitude qu'elle aurait tout fait, tout fait, pour empêcher que de tels crimes perdurent...
Alors, puisqu'elle devait de toute façon embarquer à son tour dans la machine infernale, ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose de penser qu'il y avait quelque chose dans l'univers qui pourrait comprendre qui elle était vraiment, comprendre ce qu'elle voulait au plus profond d'elle-même, quelque chose qui pourrait la pardonner si par malheur elle succombait aux ténèbres plus encore qu'elle ne l'avait déjà fait... Ce n'était pas pour se justifier, loin de là, car rien ne pouvait justifier à ses yeux ce qu'elle allait faire, c'était simplement... C'était simplement pour ne pas perdre la tête, pour garder espoir en un destin meilleur...
Un phare pour la guider vers la rédemption alors que son navire s'enfoncerait dans la nuit...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Mar 19 Juil 2011 - 18:19, modifié 2 fois.
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Messagepar Dark Sheep » Jeu 07 Juil 2011 - 12:23   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Intéressante la situation dans laquelle tu as mis Sev'rance. Elle semble tiraillée... mais elle semble aussi cheminer vers une acceptation de sa condition de "non-héroïne", et c'est pas mal :wink:

La machination de l'oncle reste sujette à des questions, et comme ta chiss nous sommes en droit de nous demander s'il ne veut pas se jouer d'elle...
Elle semble bien partie pour jouer son jeu, mais qui sait, elle va peut-être trouver autre chose à faire :neutre:

En tout cas je t'avoue que j'ai hâte de découvrir les évènements qui feront le lien entre le personnage actuel et la jedi noire de la suite. :)

Allez faut que ça avance là :oui:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 07 Juil 2011 - 12:25   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ça avance, ça avance :wink:

Le seul truc qui devrait prendre du temps, à mon avis, c'est qu'il va falloir que je relise certains passages de Réfugiés et de Vol vers l'Infini pour m'assurer que je n'écris pas trop de conneries, mais l'écriture est déjà en cours :wink:

Merci de ta lecture, content de voir toujours aussi enthousiaste :)
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Messagepar Notsil » Jeu 07 Juil 2011 - 18:22   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Un chouette passage sur les réflexions de notre petite chiss ^^

Pour ma part, vu le plan retors de l'oncle, je suppose qu'il n'a pas tout dit à sa chère nièce, mais bon, elle s'en apercevra à un moment ou à un autre :p

Pour l'instant elle semble prête à "faire le mal pour faire le bien", après à voir selon les réactions de son oncle, et ce que je suppose :p
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 07 Juil 2011 - 18:58   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Je vois que Vorgan ne vous inspire pas confiance^^ Merci de ta lecture.
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Messagepar Notsil » Jeu 07 Juil 2011 - 20:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ben c'est quand même un traitre à la base :p Et un bon manipulateur ^^ Donc pourquoi il deviendrait soudainement gentil ? :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 07 Juil 2011 - 22:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Parce qu'il n'est pas gentil, justement : tout ce qui les intéresse, lui et Heckara, c'est que l'Ascendance Chiss ne puisse pas leur remettre la main dessus, c'est uniquement pour cela qu'ils envoient Sev'rance éliminer juridiquement leurs contacts ; à moins que... :idea:

Disons qu'on peut penser que Vorgan n'a pas tout dit à Sev'rance, mais ce qu'il a dit tient la route :wink:

Pour le reste, vous verrez^^
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Messagepar Den » Sam 09 Juil 2011 - 12:29   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Très chouette passage! :)

J'avoue ne pas trop faire confiance à Vorgan non plus! Ouh!
Sev'rance s'approfondit de plus en plus, en tout cas. Je sens que tu nous réserves encore de nombreuses surprise la concernant! :)

vivement la suite!

Bonne continuation! :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 09 Juil 2011 - 12:37   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Yep, merci^^
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 23 Juil 2011 - 20:44   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Re! On termine le chapitre X, les enfants, ce qui signifie qu'on va retrouver Sev'rance en Général Séparatiste, et à moitié morte, si vous vous rappelez bien :transpire: Bref, je vous ai gardé de nouvelles surprises pour la fin du chapitre :cute:

Presque deux jours plus tard, le quartier général des renseignements Chiss sur la colonie de Delaija recevait la visite d'une jeune femme Chiss, plus grande que la moyenne ; elle était pourvue d'une forte poitrine sur laquelle le regard semblait vouloir glisser indéfiniment, son visage bleu était dessiné avec une jolie douceur, mais sa beauté offrait un étrange contraste avec son regard rougeoyant de détermination, agité d'émotions aussi contradictoires que puissantes à un point que cela en devenait un peu effrayant, et son expression comme sa silhouette endurcie trahissait une combattante entraînée.
Elle était accompagnée de soldats Chiss qui expliquèrent sa situation : une patrouille l'avait récupérée sur la lune tellurique de Delaija après qu'elle ait été manifestement abandonnée par une navette d'assaut Kryshzla repérée dans le système quelques heures plus tôt. Elle n'était pas armée, on n'avait retrouvé dans ses affaires que ses vêtements et des feuilles contenant des écrits personnels ; elle avait demandé d'elle-même à s'entretenir avec les services de renseignements, ce qui s'imposait de toute façon dans sa situation.
Elle s'était présentée sous le nom de Sev'rance Tann.
« Asseyez-vous, je vous prie, lui demanda Yal'aze'ieraglio, le jeune agent des renseignements que l'on avait chargé de l'interroger. Votre nom est donc Sev'rance Tann ?
-Oui. J'ai été enlevée par les Kryshzlas il y a... Presque quatre jours, maintenant, je dirais.
Lazei sentait une certaine fatigue dans sa voix, et elle semblait avoir les paupières lourdes ; elle parut s'en rendre compte elle aussi et fit un effort pour paraître plus réactive.
-Excusez-moi, je n'ai pas beaucoup dormi...
-C'est compréhensible. Oui, c'est donc bien vous qui avez été enlevée sur la navette entre Csilla et Helrah... Nous étions inquiets pour vous, mais ce que nous aimerions, maintenant, ce sont surtout des éclaircissements ? Savez-vous pourquoi les Kryshzlas vous ont enlevée ? Et pourquoi ils vous ont relâchée aujourd'hui ?
La dernière question était la plus importante, Lazei en avait conscience ; quelle que soit la raison pour laquelle l'étrange jeune femme avait été enlevée, il ne faisait aucun doute que les Kryshzlas ne la leur avaient pas rendue par grandeur d'âme. À vrai dire, il était étonnant qu'elle soit encore en vie.
-C'est... Très compliqué, répondit Sev'rance. En clair, au moment où je vous parle, je suis censée vous donner une datacarte indiquant une attaque massive des Kryshzlas dans les environs de Crustai pour les semaines à venir... Ils voudraient que je vous dise que je la leur ait volée au cours de ma captivité... De préférence avant de m'enfuir par moi-même en prenant héroïquement le contrôle à moi seule de l'équipage de toute une navette d'assaut, naturellement.
-Mais vous n'allez pas le faire, donc ?
Lazei sourit avec un certain humour, un réflexe qu'il avait intégré dans les renseignements pour dissimuler toute surprise ; en réalité, la réponse de Tann le déconcertait, il s'était attendu à une réponse bien plus simple qui aurait trahi l'espionne qu'elle était probablement, pour avoir été renvoyée par les Kryshzlas. Là... S'il s'agissait bien d'un mensonge, ça lui semblait un peu trop élaboré, elle était en train de cacher la vérité derrière la vérité ; de plus, son cynisme semblait bien peu opportun à détourner tout soupçon de trahison. D'emblée, il eut l'impression que les choses n'étaient pas si simples... Mais elle était peut-être simplement habile.
-D'accord, si je comprend bien, selon vous, ils vous ont enlevée afin que vous nous transmettiez de fausses informations, c'est bien cela ?
-Oui, et ils ont eu tort, parce que j'en ai aussi de vraies à vous remettre...
Ah, comme c'était pratique... Finalement, il semblait qu'il s'agisse bien d'une traîtresse ; une traîtresse rusée qui prenait un malin plaisir à compliquer les choses, mais une traîtresse tout de même. Lazei sentit une poussée d'excitation poindre en lui ; les Chiss capables d'espionner leur propre peuple étaient extrêmement rares, et voilà qu'il en tenait peut-être une face à lui, seule et désarmée, n'attendant que d'être démasquée et capturée... Ça ne pourrait qu'encourager sa carrière, mais il allait garder la tête froide, il n'était pas question qu'il commette d'erreurs dans un sens ou dans l'autre ; sa carrière passait après son devoir.
-Ne m'en veuillez pas, Tann, mais je me demande... Si vous dîtes vrai, pourquoi est-ce vous qu'ils ont choisie ? Par ailleurs, nos informations sur vous indiquent que vous avez été renvoyée de l'infanterie Chiss pour avoir pris part à la mutinerie de Tehirahs, vous l'avez même commanditée, alors vos vraies informations ont intérêt à être vraiment crédibles...
Sev'rance sourit d'un air sarcastique.
-Je vous remercie d'éviter de mentionner l'implication de ma famille d'origine dans certains scandales, vous avez beaucoup de tact...
Elle était vraiment douée, si c'était une espionne ; encore une fois, elle veillait à nuancer sa défense plutôt que de nier en bloc, tant sur la forme que sur le fond... Lazei haussa les épaules.
-J'ai vaguement entendu parler du cas de Sev'orga'nuruodo et de la réputation de la famille Sev, mais je suis trop jeune pour avoir été en poste à l'époque, alors en ce qui me concerne, c'est de l'histoire ancienne ; par contre, le fait que la meneuse de la mutinerie de Tehirahs soit enlevée par les Kryshzlas puis relâchée quelques jours plus tard à peu près en état de service, je trouve ça autrement plus significatif... Est-ce que vous avez une explication à me proposer ? Autre que la coïncidence, je veux dire...
-Tout à fait, c'est beaucoup plus simple que cela... Il y a entre les deux évènements une relation de cause à effet ; les deux ne sont pas les conséquences d'une trahison antérieure de ma part, et si vous relisez mon dossier, vous verrez d'ailleurs que mes agissements sur Tehirahs avaient pour seule fin d'aider l'Ascendance Chiss... J'ai été enlevée parce que mes actions sur Tehirahs faisaient de moi une candidate idéale pour trahir l'Ascendance, aux yeux des Kryshzlas ; enfin, il y a une raison supplémentaire, mais je ne suis pas sûre que vous la croirez et je ne peux rien prouver...
-Dîtes toujours ; pour l'instant, l'explication en vaut une autre, mais je ne suis pas convaincu...
-Très bien : le chef de la flotte Kryshzla n'est autre que Sev'orga'nuruodo dont vous parliez précédemment ; c'est mon oncle...
Lazei laissa échapper un petit rire, mais il était déjà en train de réfléchir à toutes les implications ignobles de la possibilité que ce soit un Chiss qui commande la flotte ennemie...
-Vous êtes la nièce du commandant ennemi ? Vous m'encouragez à vous faire confiance, là...
-Est-ce qu'une espionne ferait cela ?
-Peut-être, peut-être pas. D'après vous, la flotte Kryshzla est donc commandée par l'un de nos anciens officiers ? Je vous concède que la révélation a de quoi faire du bruit, si vous dîtes vrai... En fait, je vois mal pourquoi vous mentiriez, Sev'orga'nuruodo a disparu il y a bien longtemps. Et ça pourrait expliquer votre enlèvement, en effet.
Il ne savait plus vraiment quoi penser d'elle, maintenant ; qu'elle désigne Sev'orga'nuruodo comme le chef de la flotte ennemie avait quelque chose d'énorme, elle attirait l'attention sur elle avec une révélation pareille, et c'était tout sauf ce que faisait une espionne en temps normal... D'un autre côté, elle pouvait aussi légitimement espérer que le choc de la révélation le détournerait de ses soupçons, d'autant que si c'était un mensonge, son caractère inutilement choquant le rendait naturellement crédible... Une fois de plus, Lazei avait du mal à dire s'il était en face d'une personne loyale qui par un concours de circonstances avait été brièvement enlevée par les Kryshzlas ou d'une espionne redoutablement subtile. Ceci dit, c'était une Chiss, et cela rendait une trahison peu probable... Oui, il avait envie de la croire, maintenant.
-Bon... Pourriez-vous me raconter en détails votre captivité ? Et qu'avez-vous fait avant, pour commencer, après votre renvoi de l'infanterie?
-J'étais sur Helrah pour rendre visite à ma sœur, Sev'ira'sabosen, elle est institutrice sur cette planète ; je suis restée plusieurs jours là-bas, puis j'ai voulu rentrer chez moi, sur Csilla, j'y possède un appartement...
Pendant qu'elle parlait, Lazei cherchait rapidement les références dans son ordinateur pour vérifier ses dires ; les services de renseignements étaient parmi les rares au sein de l'Ascendance Chiss à travailler en priorité sur des données informatiques, leurs informations étaient trop dynamiques pour devoir être actualisées à chaque fois sur support papier.
-Sev'ira'sabosen, domiciliée sur Helrah avec Arew'yxa'inrokini, oui... Et vous-même avez la propriété d'un appartement sur Csilla depuis le décès de Hess'afer'ajaldo, en effet.
Lazei était sûr d'avoir vu le regard brûlant de Tann défaillir un instant, une ombre de douleur passer sur son visage ; aussi cruel que cela puisse paraître, c'était ce qu'il cherchait, il avait la preuve que Sev'rance était plus qu'une espionne manipulatrice si elle était affectée par la mort de cette Hess'afer'ajaldo. Cela ne constituait pas une preuve catégorique qu'elle n'était pas une espionne, bien sûr, on pouvait tout à fait être doué pour la manipulation tout en éprouvant véritablement des sentiments Chiss, mais il était de plus en plus enclin à lui faire confiance.
-Que comptiez-vous faire, une fois sur Csilla ? demanda-t-il.
La question n'avait aucune importance, mais elle pouvait également l'aider à évaluer sa sincérité.
-Simplement retrouver du travail... J'avais dans l'idée d'apprendre à piloter, même en tant que civile.
Là, par contre, ça ne collait pas vraiment avec son personnage et notamment avec son action sur Tehirahs, cela donnait au contraire l'impression à Lazei de quelqu'un cherchant à se faire passer pour ordinaire ; d'un autre côté, si c'était une espionne comme cela semblait de moins en moins probable, ce manque de subtilité serait en totale incohérence avec sa stratégie jusque-là, Lazei pouvait donc admettre que sa mutinerie sur Tehirahs n'induisait réellement pas d'ambition personnelle.
-Bien. Et donc, votre capture, et ce qui a suivi ?
-Je me suis réveillée de moi-même alors que les Kryshzlas avaient déjà abordés la navette... Ils me cherchaient, et je l'ai compris aux conversations que j'ai entendu, alors je me suis rendue. Nous sommes repartis dans une navette d'assaut, et nous avons rejoint leur vaisseau-amiral, le Fléau, je ne saurais pas vous dire de quel type de vaisseau il s'agit exactement mais il était doté d'une taille impressionnante, à mon avis, et particulièrement bien pourvu en hangars ; à bord, ils m'ont emmenée à leur amiral pour que je discute seule avec lui, et j'ai reconnu mon oncle...
-S'ils voulaient vous renvoyer à nous, j'imagine que vous n'avez pas été... Trop malmenée ?
-Non, heureusement ; je n'ai été ni frappée, ni violée... Ils m'ont traitée presque comme une invitée, en fait.
-Ensuite ? Que vous a-t-il dit, exactement ?
La jeune femme sembla hésiter un instant.
-Je suis désolée, mais... Il y a des choses que je ne peux dire qu'au plus haut niveau pour des raisons de sécurité...
Lazei en eut le souffle coupé ; insinuait-elle que l'Ascendance Chiss pourrait avoir été infiltrée... ?
-À ce point-là ?
-Oui. Les vraies informations que je détiens... Concernent l'Ascendance Chiss, pas les Kryshzlas, vous comprenez ? À vrai dire, je vous demanderait d'être extrêmement discret sur le seul fait que je détiens des informations de cette nature... On pourrait comprendre de quoi il s'agit.
Lazeei sentit son rythme cardiaque s'élever légèrement ; évidemment, si la jeune femme revenait pour dénoncer des traîtres hauts placés, elle était en danger... Et elle avait besoin de lui, il était de sa responsabilité que les informations arrivent à bon port... C'était plus important même que la possibilité de démasquer une espionne...
-Je comprend très bien, murmura-t-il. Faites-moi confiance, je suis du côté de l'Ascendance... Je vous aiderais.
Tann sourit d'un air amusé.
-Il n'y a pas si longtemps, vous aviez l'air prêt à me faire coffrer...
-Maintenant, je peux bien vous le dire, vous m'avez l'air tout ce qu'il y a de plus sincère depuis le début... Je voulais seulement être sûr. Pouvez-vous me dire comment ces informations vous sont parvenues, au moins ? Vous les avez volées à l'insu de votre oncle ?
-Plus ou moins... Je... Je préférerais vraiment ne parler de cela qu'à votre directeur, aussi prétentieux que cela puisse paraître ; il est informé de certaines choses qui l'aideront à comprendre... Est-ce que vous pouvez me permettre de le rencontrer ? Seule ? C'est vraiment important...
Lazei réfléchit un moment.
-Je vais dire à mes supérieurs que vous détenez des informations extrêmement confidentielles et que vous devez voir le directeur sans attendre... Et sans qu'il y ait besoin d'en mentionner les raisons dans un rapport. J'ai parfaitement confiance en certains d'entre eux, je pense que nous pourrons vous envoyer discrètement sur Csilla rencontrer le directeur... Vous serez quand même sous bonne garde au cas où, mais ça devrait être possible.
-Très bien. Merci de m'avoir aidé, sincèrement... On peut réussir l'impossible si on reçoit la bonne aide au bon moment. »
La reconnaissance qui se lisait sur le visage de Tann était sincère, Lazei en était sûr ; restait à savoir ce que cette femme savait de si explosif... En tous cas, le fait d'avoir pu l'aider lui réchauffait le cœur.

C'était une perle du blanc le plus pur, éclatante sur la toile noire de désolation du cosmos, apaisante au milieu du rayonnement furieux des étoiles ; alors qu'il prenait de plus en plus de place dans la verrière, le monde appelait Sev'rance comme un rêve à demi-oublié dont subsistait le charme irréel, il l'appelait d'une voix qui ressemblait à s'y méprendre à un vent glacé mais qui résonnait pourtant dans son cœur... Nulle vie n'était possible à la surface de ce monde, et pourtant ses étendues glaciales fascinaient les Chiss depuis des millénaires...
Ce monde, c'était Csilla, berceau de la civilisation Chiss, et la navette qui emportait Sev'rance s'en rapprochait à toute vitesse.
Lazei était assis à côté d'elle, avec deux autres agents des renseignements Chiss, aux commandes de l'appareil ; ils accompagneraient la jeune femme sur Csilla, pour sa sécurité comme pour celle de l'Ascendance.
« Vous habitez à Ac'siel, donc ? demanda la pilote.
Sev'rance hocha la tête ; Ac'siel était l'une des principales cités Chiss, non loin de la capitale Csaplar, et c'était là qu'elle avait vécu avec Safera... Csilla exerçait une réelle attraction sur elle, son cœur était resté lié à la planète même si elle n'y était pas née et n'y avait pas grandi, comme celui de beaucoup de Chiss, mais elle se sentait maintenant remplie d'amertume à la seule idée de revenir sur la planète alors que son amante ne l'y attendait plus... Csilla serait toujours une planète magnifique à ses yeux, mais elle savait que dorénavant, elle serait aussi pour elle le fantôme de l'existence qu'elle n'aurait plus... Pourtant, elle n'en détournait pas le regard, engourdie de mélancolie...
-Tann, ça va ? la questionna Lazei.
Sev'rance sursauta et se détourna de la planète.
-Oui, oui... J'étais juste un peu perdue dans mes pensées...
-Nous venons avec vous à Ac'siel, expliqua Lazei, vous resterez sous notre protection ; le directeur Hess'arga'nuruodo vous rencontrera demain à seize heures, à Csaplar.
-Très bien. »
Lazei n'ajouta rien, comprenant probablement qu'elle n'avait pas l'esprit à parler avec eux ; Sev'rance était encore en train de songer à quel point les choses avaient changées pour elle alors que le fantôme de Csilla grossissait dans la verrière... Safera était morte, maintenant, elle-même n'était plus une fantassin Chiss et l'avait accepté, et elle savait à quel point tous ces malheurs avaient été vains, parce qu'elle connaissait la vérité sur les Kryshzlas... Et elle s'était résolue une fois pour toutes à tout sacrifier pour mettre un terme au règne de l'injustice et de la corruption. C'était tout ce qui lui restait dans sa vie, Safera était morte, l'Ascendance était gangrénée par la corruption ; elle se raccrochait à l'idée de détruire tout ce mal comme une naufragée à sa bouée de sauvetage...
Restait à savoir si elle pourrait vraiment se montrer plus maline que Vorgan et Sargan...

La navette commença à fendre les vents qui balayaient Csilla ; en contrebas, sous le ciel bleu clair, c'était une formidable étendue profondément blanche, les immenses glaciers gardiens de Csilla depuis des millénaires, paraissant infinis et éternels... Plus loin de l'équateur, ils cédaient la place à des banquises démesurées, mais ici, il n'y avait que la glace et la roche, écrasant et protégeant à la fois les cités des Chiss bâties à près de deux kilomètres de profondeur, implacables et magnifiques souveraines au règne immuable...
La navette plongea entre les glaciers, s'enfonça loin du ciel et du soleil, et le vaisseau se retrouva environné de toute parts par les gigantesques montagnes d'eau glacée... C'était loin, bien plus loin dans les profondeurs que les Chiss pouvaient vivre, là où le cœur de la planète battait suffisamment près pour réchauffer le leur... Ils avaient construit leurs cités dans les cavernes, là où l'eau fondue avait forcé la roche à lui céder le passage. Les Chiss vivaient là, pris au milieu de la force écrasante des éléments... Le cœur de Sev'rance, comme celui de tant de ses compatriotes, s'emplissait de respect pour ce lieu et de fierté pour son peuple qui vivait là...
Les antennes d'observation et les batteries d'artillerie devinrent rapidement visibles au milieu des glaces alors que la navette approchait d'un astroport ; les Chiss ne lésinaient pas sur la sécurité, et surtout pas sur celle de Csilla... Ce développement des fonctions défensives n'avait rien à voir avec une démagogie sécuritaire telle qu'elle était pratiquée chez d'autres peuples ; le droit public était de toute façon largement prédominant chez les Chiss, ce qui leur donnait les moyens d'investir fortement dans des domaines d'intérêt général tels que la défense ou l'éducation. Les intérêts privés existaient et bénéficiaient d'une protection car la communauté devenait une construction absurde lorsque l'individu n'y trouvait plus sa place, mais la famille et l'État étaient privilégiés ; cela ne créait pas de réelles dissensions, les Chiss adoptaient une solidarité pragmatique face au chaos des Régions Inconnues.
Sev'rance ne détourna les yeux de la verrière que lorsque la navette se posa sur une plate-forme de ferrobéton, protégée du vent rugissant par la bulle d'un champ de force ; les agents des renseignements signalèrent brièvement leur arrivée à leur hiérarchie puis enjoignirent Sev'rance à les mener chez elle, et ils sortirent de la navette pour se retrouver dans l'astroport civil de Ac'siel, protégés du climat glacial de la surface, si loin au-dessus d'eux... Sev'rance mena son escorte à travers Ac'siel ; les rues étaient translucides, ici, la glace était en fait toujours présente dans la cité Chiss, elle formait même une grande partie des murs, protégée de la température par des générateurs de champ dont les cadres métalliques étaient visibles tous les mètres, éclairant de leur lumière verte le passage des Chiss lorsqu'ils arrivaient près d'eux. Les Chiss avaient jugé cette solution bien plus efficace économiquement que de creuser eux-mêmes et chauffer des tunnels dans la roche.
Et c'était aussi bien plus beau, une cité de glace...
Sev'rance avait l'impression de n'être rien dans un tel endroit, rien d'autre qu'un petit être sur une planète majestueuse, et ce n'était pas si désagréable...
Ils parvinrent à l'ancien appartement de Safera ; les agents des renseignements resteraient avec Sev'rance au moins jusqu'à ce qu'elle ait pu rencontrer Sargan. Malgré le secret dont ils s'étaient entourés pour leur voyage, une menace pour la vie de Sev'rance n'était pas exclue ; et à l'inverse, trois agents ne seraient pas de trop pour neutraliser une ancienne fantassin aussi redoutable que Sev'rance. Ils lui expliquèrent qu'elle n'aurait pas le droit de sortir et devrait demander leur autorisation pour toute communication.
Comme elle le craignait, Sev'rance ne put s'empêcher de frissonner en entrant dans l'appartement qu'elle avait partagé avec Safera, mais cela n'alla pas plus loin ; elle avait trop d'autres choses à penser, c'était l'avantage d'avoir été enlevée par les Kryshzlas durant son voyage... Alors elle s’accommoderait de l'impression sinistre que l'appartement produisait sur elle.
Les agents des renseignements ne ressentaient rien de comparable, bien sûr ; ils ne voyaient qu'un appartement Chiss très sobre, les Chiss en général n'étaient pas très portés sur la décoration, et Safera et Sev'rance l'étaient encore moins que leurs compatriotes. Le seul fait que les agents des renseignements ne puissent comprendre ce qu'elle ressentait suffisait à Sev'rance pour s'efforcer de faire taire son malaise, elle ne supportait pas l'idée de paraître fragile.
Elle prit le temps de se doucher et de se réinstaller un minimum. Elle et les trois agents des renseignements allaient devoir s'efforcer de se partager le petit appartement au mieux jusqu'au lendemain soir, mais cela ne lui posait pas de réel problème, surtout après Tehirahs où les fantassins avaient si longtemps dû vivre regroupés par escouades en permanence.
« Je peux appeler ma sœur ? demanda-t-elle à Lazei.
Le jeune agent consulta brièvement sa supérieure du regard, puis approuva d'un hochement de tête.
-Allez-y si vous avez confiance en elle, mais dîtes-lui bien que tout ce qui vous concerne doit rester confidentiel pour le moment. Vos communications sont sûres, normalement.
-D'accord, merci. »
Sev'rance gagna sa chambre pour passer l'appel, tout en sachant que ses anges gardiens seraient attentifs à chaque mot ; mais tant pis, elle ne voulait pas laisser sa petite sœur dans l'incertitude quant à ce qui lui était arrivé. Virasa ouvrit de grands yeux lorsque son image tridimensionnelle se matérialisa devant Sev'rance.
« Sev'rance ! J'étais morte d'inquiétude ! Où es-tu ? Ça va ?
-Ça va à peu près, Virasa... Je suis sur Csilla, les Kryshzlas m'ont relâchée ; mais ça doit rester secret, d'accord ? Je suis engagée dans une étrange histoire... Et je suis surveillée à l'instant où je te parle, ajouta-t-elle en baissant légèrement la voix, même si elle savait que c'était probablement inutile.
-Bon... Que peux-tu me dire sur ce qui t'est arrivé exactement, Sev'rance ?
Alors, Sev'rance commença à lui raconter son enlèvement à bord de la navette, le croiseur aux énormes hangars qui l'attendait loin de l'espace Chiss, leur oncle qu'elle avait retrouvé à la tête des forces Kryshzlas ; à contrecœur, elle dut modifier la suite du récit pour la faire coller avec ce qu'elle avait déclaré à Lazei, passer sous silence la véritable proposition de Vorgan, et elle ne put pas non plus lui parler des personnalités impliquées dans le réseau de corruption des Kryshzlas, elle ne donnerait les noms qu'à Sargan.
Lorsqu'elle eut fini, Virasa parut estomaquée, mais pas autant que l'avait été Sev'rance.
-Alors c'est Vorgan le responsable de tout cela... C'est complètement fou... Tu vas dénoncer ces traîtres à Sargan, alors ?
-Oui, répondit Sev'rance après une brève hésitation.
-Sois prudente, il n'y a pas que les Kryshzlas qui puissent être dangereux... Ce n'est pas juste, même à présent que tu ne combats plus sur Tehirahs, c'est toujours toi qui risques ta vie, commenta Virasa avec une touche de regret. J'espère que tu pourras bientôt me raconter toute l'histoire...
Sev'rance sourit ; sa sœur n'était pas dupe, elle savait qu'elle lui mentait, et c'était bien ainsi.
-Sois prudente toi aussi, Virasa ; te faire du mal serait un moyen efficace de s'en prendre à moi, tu sais...
-Je sais, oui, mais ce n'est pas pour moi que tu devrais t'inquiéter... Prend garde à toi, je suis sûre que tu peux aider à mettre fin à cette guerre et obtenir la reconnaissance que tu mérites ; alors ne prend pas de risques inutiles et souviens-toi que tu n'es pas responsable de tous les maux de la Galaxie... Fais ce que tu peux, et je suis sûr que tout ira très bien.
-Je vais essayer... Au revoir, Virasa.»
Sev'rance resta un instant songeuse lorsque l'image de sa sœur eut disparu ; mettre fin à la guerre... Oui, c'était là ce qui importait vraiment, ça paraissait évident, et pourtant une telle haine s'était enracinée dans le cœur de Sev'rance aux paroles de Vorgan qu'elle n'y avait jamais songé en ces termes...
Elle frissonna.

Malgré son malaise lié à l'endroit où elle se trouvait, Sev'rance trouva le sommeil sans grande difficulté, elle était exténuée par déjà trop de nuits à ressasser les mêmes pensées sans résultats et l'angoisse refluait paradoxalement en elle à mesure qu'elle s'impliquait dans les manœuvres de son oncle ; ses possibilités étaient déjà réduites, elle avait dit aux renseignements Chiss qu'elle avait des noms à leur donner et elle devrait le faire, à présent, à moins qu'elle ne trouve une excellente explication...
Elle passa la matinée du lendemain à chercher une décision arrêtée à prendre ; c'était loin d'être aussi facile que de commander des troupes au front, toutes les cartes étaient ici masquées, et les conséquences de la moindre erreur de jugement seraient bien plus catastrophiques et plus inéluctables que tout ce qu'elle avait affronté jusqu'à présent. Elle se demanda si les choses étaient ainsi quand on était au sommet... Elle n'était peut-être pas si mal autrefois, à combattre sur Tehirahs en tant que simple officier d'infanterie, finalement.
Le principal problème était que tout ce qu'elle savait des manœuvres de sa famille et Sargan avec les Kryshzlas, dont elle était maintenant convaincue qu'elles étaient bien réelles, lui venait uniquement de Vorgan... Et c'était tout ce dont elle disposait pour évaluer l'impact de ses actions. Ceci dit, il paraissait peu probable que Vorgan ait ajouté une couche de supercherie supplémentaire à ce plan déjà bien compliqué, car ce serait inutile, il y avait sûrement plus simple pour la piéger ; Vorgan était quelqu'un qui aimait prendre des risques, Sev'rance en avait une impression très nette, mais il n'en prendrait pas sans raison, ni même simplement dans un vague espoir que la complexité de son plan détourne les soupçons. Par ailleurs, le piège tendu à la flotte Chiss était bien réel, lui, Vorgan avait vraiment l'opportunité d'atteindre les objectifs que lui avait fixé Heckara si Sev'rance lui obéissait... Sev'rance ne doutait pas non plus de la déroute des forces Kryshzlas, Tehirahs était justement la confirmation des propos de Vorgan... Par conséquent, même si elle ne pourrait pas en être entièrement sûre, elle allait partir du principe que tout ce que lui avait dit Vorgan sur ses plans concernant les Chiss était vrai.
Ce qui était plus probable, en revanche, c'était qu'il ne lui ait pas tout dit sur ce qui lui arriverait à elle si elle lui obéissait... Peut-être comptait-il se débarrasser d'elle après avoir piégé la flotte Chiss pour ne laisser aucun témoin quant à ce qui s'était vraiment passé, même si elle ne détenait pas d'informations véritablement compromettante ? Pour couvrir le passé de leur famille, peut-être... Sev'rance le croyait quand il disait qu'il était fier d'elle, mais elle croyait aussi qu'il tenait encore plus à sa vie et à sa place au sein des Kryshzlas qu'à elle... Ou peut-être comptait-il s'arranger pour qu'elle le rejoigne du côté des Kryshzlas ? La faire enlever à nouveau n'y suffirait évidemment pas, mais il pourrait espérer un tel résultat s'il la faisait accuser de la débâcle que subiraient les Chiss à Xelva en même temps que Sargan... Là, il arriverait comme un sauveteur providentiel, et elle devrait choisir entre rejoindre les Kryshzlas et mourir... Oui, sachant qu'il semblait avoir tout de même un peu d'affection pour elle, c'était ce qui paraissait le plus probable à Sev'rance.
Bien... À présent qu'elle était au pied du mur, elle réfléchissait plus calmement, et des conclusions qu'elle n'avait fait qu'effleurer ces derniers jours s'imposaient à elle comme autant d'évidences ; il faudrait bien qu'elle décide quelque chose, après tout.
Le plan de Vorgan était sérieux et il voulait peut-être la contraindre à le rejoindre ; partant de ces deux axiomes, il paraissait inacceptable d'obéir pleinement à Vorgan, elle piégerait la flotte Chiss et se piégerait elle-même... Pourtant, elle devait détruire le réseau, surtout maintenant qu'elle avait attiré l'attention de Sargan.
Un compromis s'imposait...
Il y en avait un, bien sûr, qu'elle avait déjà vaguement envisagé avant de le rejeter, révoltée par cette idée ; lorsqu'elle pensait à ce terrible instant où Brast'eli'nuruodo lui avait appris la mort de Safera, lorsqu'elle pensait à toute sa vie depuis l'arrestation qu'elle savait maintenant mise en scène de son oncle jusqu'aux rudes combats de Tehirahs, elle avait envie de vomir à la seule idée d'accepter une telle solution... Et si la refuser devait faire couler beaucoup de sang, cela lui paraissait acceptable, presque souhaitable, elle en avait trop souffert...
C'était pourtant ce qui correspondait le mieux à ses objectifs : elle mettrait fin à la guerre, neutraliserait les Kryshzlas pour longtemps, porterait un coup sérieux au réseau mis en place par son arrière-grand-père. Mais elle ne se sentait pas capable de faire une chose pareille, ce serait une épouvantable trahison envers toute notion de justice qui lui paraisse envisageable...
L'idée ne cessa de la terrifier tout au long de la journée ; et pourtant, dans son cœur, elle savait déjà que c'était la seule chose à faire, parce qu'aussi loin de la lumière qu'elle puisse se perdre, elle verrait toujours le sang sur ses mains.

Sev'rance parvint au quartier général des services de renseignements Chiss peu avant seize heures, toujours accompagnée des trois agents de Delaija ; ils avaient emprunté pour se rendre de Ac'siel à la capitale Csaplar le réseau de wagons qui sillonnaient les tunnels de glace sur toute la planète pour assurer des communications rapides entre les cités sous la glace. Sev'rance était impressionnée de se trouver ainsi au cœur d'une institution si puissante, et ce bien que la sécurité extrêmement présente fut la seule chose qui différenciait véritablement ces locaux de ceux de n'importe quelle autre organisation Chiss.
Sev'rance et son escorte expliquèrent à l'accueil qu'ils avaient un rendez-vous confidentiel même au sein des renseignements avec Sargan, mais les agents chargés de leur réception n'en étaient pas informés, n'étant pas suffisamment gradés ; ils demandèrent donc l'assistance de la nouvelle directrice de la DSFC depuis la promotion de Sargan, une femme Chiss d'une cinquantaine d'année à l'air sévère nommée Arew'ona'myarn, pour confirmer leur situation.
Sev'rance sentit une certaine appréhension se saisir d'elle alors qu'on les guidait vers le bureau de Hess'arga'nuruodo après avoir vérifié qu'ils n'étaient pas armés et n'étaient équipés d'aucun matériel d'espionnage ; ce n'était même pas lié à l'importance vitale qu'auraient les décisions qu'elle prendrait aujourd'hui, c'était simplement l'approche de Sargan qui lui faisait cet effet... Rien n'y faisait, il resterait le personnage effrayant de son adolescence, et même l'adulte en elle avait peur de lui après ce que lui avait dit Vorgan sur son compte... Il avait fait emprisonner son oncle et provoqué la déchéance de sa famille par ambition personnelle, il avait durant plus d'une décennie soutenu les crimes perpétrés par les Kryshzlas, il avait peut-être même fini par trahir Heckara lui-même, comment savoir à quoi s'attendre face à un tel homme ?
Oh, comme Sev'rance aimerait que l'univers se trouve débarrassé de ce monstre qui n'avait jamais fait que trahir et entraîner la mort d'innocents...
Laisses-lui une chance, se morigéna mentalement Sev'rance avec une voix qui ressemblait à s'y méprendre à celle de Safera. Il ne t'appartient pas de décider qui doit vivre et qui doit mourir...
C'était on ne pouvait plus vrai, et pourtant... Mais il y avait trop de gens qui n'avaient rien de personnel à l'encontre de Hess'arga'nuruodo et qui comptaient néanmoins sur elle. Et puis, ce n'était pas la question, elle s'était toujours définie comme une pragmatique, c'était ce qu'elle voulait être, la recherche de solutions passait avant celle de coupables...
Alors, elle prit son courage à deux mains, elle choisit d'accepter la peur et la colère qui la tenaillaient tout en sachant qu'elle ne pourrait leur laisser libre cours, et lorsqu'elle fut parvenue devant la porte du bureau de Sargan avec les agents du renseignement qui l'escortaient, non seulement les trois de Delaija mais aussi deux de Csaplar par mesure de précaution, elle entra, seule.
À l'intérieur d'un bureau aux parois blanches, spacieux mais vide, l'attendait simplement un homme Chiss à la carrure impressionnante, le visage couvert d'une barbe noire grisonnante ; Sev'rance l'avait déjà revu à son procès, mais c'était encore plus étrange pour elle de se retrouver seule avec lui, presque comme si elle était son égale malgré la peur qu'elle ressentait...
Qu'il était étrange de penser que l'homme qui lui faisait si peur depuis ses douze ans avait une lointaine parenté avec Safera...
Cependant, les habitudes étaient les habitudes, et elle n'eut pas de mal à se composer un masque impassible ; c'était peut-être inutile, Sargan était probablement entraîné à déchiffrer les fausses expressions faciales, mais cacher ses émotions tenait chez Sev'rance presque plus du réflexe que d'une action réfléchie.
Sargan la regarda s'asseoir en face d'elle, devant son bureau, d'un regard aussi imperturbable que l'expression qu'elle espérait avoir imposé à son visage...
Il sourit.
« Tiens, tiens, alors mon cher associé Sev'orga'nuruodo m'envoie sa nièce adorée me faire passer un message, Mademoiselle ? demanda-t-il de but en blanc.
Sev'rance faillit se laisser désarçonner par la franchise du directeur, mais elle parvint à lui décocher un sourire sarcastique.
-C'est à peu près cela, oui... Mais, disons qu'il a peut-être mal choisi sa messagère...
Le pouls de Sev'rance fit un bond dès qu'elle commença la deuxième phrase ; ça y était, elle allait vraiment le faire, elle allait tirer un trait sur sa rancœur, elle allait laisser une chance à l'univers de se montrer meilleur qu'elle ne le voyait en ce moment... Surtout, elle allait faire en sorte de ne pas envoyer des compatriotes de la flotte Chiss droit dans un piège de son oncle, elle allait mettre fin à la guerre sans faire couler une goutte de sang, c'était à cela qu'elle devait songer... Elle était convaincue qu'elle échapperait à la fureur désespérée que l'histoire de Vorgan avait réveillée en elle si elle réussissait... Il fallait l'espérer, en tous cas, car si elle ne parvenait pas à se défaire de la haine que lui inspirait Sargan, elle allait devenir folle...
-Ah... Intéressant. Et si c'est bien Vorgan qui vous envoie, j'imagine que vous pouvez me donner le code de reconnaissance en cours ?
-Tout à fait. Nous ne sommes pas surveillés, n'est-ce pas ? Ni même enregistrés ?
-Vous avez ma parole que non.
Sev'rance doutait que cette parole vaille grand chose, mais c'était mieux que rien dans la mesure où elle ne pouvait de toute façon pas vérifier par elle-même.
-Très bien... Le code de reconnaissance actuel est 849-11-38.
Sargan sourit d'un air appréciateur, témoignant d'une franchise étonnante pour l'espion le plus important de l'Ascendance Chiss, et ce à double titre !
-Parfait, c'est bien cela. Alors qu'avez-vous à me dire, Mademoiselle ? Vous ne le savez évidemment pas, mais cela fait quelques temps que je vous porte un certain intérêt... J'ai été surpris de voir la nièce de Vorgan brillante combattante sur Tehirahs, et plus encore de voir que c'était cette même nièce qui avait déjoué mes plans... Je suis désolé que vous ayez eu à souffrir des agissements de votre famille (Sev'rance sentit la colère gronder en elle à ses paroles, connaissant la responsabilité de Hess'arga'nuruodo dans ses malheurs), mais maintenant que vous êtes là... Nous ferons peut-être du bon travail ensemble, qui sait ? Mais qu'est-ce que Vorgan me veut, maintenant ? L'opération Tehirahs a échoué, vous êtes bien placée pour le savoir, et je n'en monterais pas de nouvelle...
-Mon oncle Vorgan ne veut rien d'autre que de se débarrasser de vous, lâcha brutalement Sev'rance, espérant déjouer l'arrogance de son interlocuteur. Si j'étais une bonne messagère, à présent, je vous proposerais de témoigner contre tous ceux qui vous ont aidé à soutenir Heckara pour vous aider à tirer un trait sur les moyens, disons, discutables, par lesquels vous êtes arrivé à ce poste ; je prétendrais comme je l'ai fait avec les renseignements de Delaija que c'est mon oncle qui m'a appris leurs noms, espérant me renvoyer à l'Ascendance avec de fausses informations à vous transmettre. Grâce à moi, vous arrêteriez vos anciens alliés, et ils vous indiqueraient que vous êtes en mesure de piéger la flotte de Vorgan sur Xelva...
-Sauf que ce serait parfaitement faux, n'est-ce pas ? avança Sargan sur le ton de la conversation.
-En effet... Au moment où la flotte Chiss viendrait détruire celle, peu conséquente, de Vorgan, il ferait intervenir ses renforts pour la mettre en pièces. Avec Tehirahs, cela ferait la deuxième fois que les renseignements Chiss auraient fait le jeu des Kryshzlas... Vous perdriez tout crédit, voir plus si vos alliés vous dénonçaient, et vous seriez hors d'état de nuire ; ayant court-circuité tout leur ancien réseau de contacts et infligé une lourde défaite à la flotte Chiss, ce que Heckara veut pour des raisons qu'il est le seul à comprendre, Heckara et Vorgan auraient alors les mains libres pour se replier loin de l'Ascendance.
-Un plan bien conçu, commenta simplement Sargan, un peu tordu, mais j'en ai vu de pires. Oui, ça ressemble à Vorgan. Et donc, vous n'avez pas l'intention d'obéir à votre oncle, si je comprend bien ?
-Non...
-Et c'est... Par grandeur d'âme ? Par patriotisme ? Parce que vous me trouvez sympathique ?
Les sarcasmes et la légèreté de Sargan, en complète opposition avec ce qu'elle savait de sa véritable nature, incongrus prononcés par cette voix chargée d'autorité, avaient le don d'agacer Sev'rance ; ce qui l'agaçait le plus, en fait, c'était qu'elle se reconnaissait trop bien dans cette attitude... Mais sous le coup d'une inspiration soudaine qui emplit son cœur de joie sans prévenir, elle rétorqua :
-Plus ou moins... Disons que dans tous les cas, je vais vous rendre service, et j'aimerais que vous n'oubliez pas de me rendre ce service...
Sargan sourit de plus belle, et Sev'rance perçut en lui quelque chose de plus naturel, cette fois ; il ne s'agissait pas pour lui de masquer quelque pensée que ce soit, les paroles de Sev'rance semblaient vraiment l'amuser.
-C'était l'une des expressions favorites de votre grand-père... Vous êtes une jeune femme très intéressante, Tann... Qu'attendez-vous de moi ? Je dois vous prévenir que je ne peux pas vous faire réintégrer à l'armée... Mon influence ne s'étend pas jusque-là, assura-t-il avec un sourire modeste.
À son tour, Sev'rance se permit de laisser paraître un sourire sincère, un sourire de joie, parce qu'elle savait qu'elle avait enfin les bonnes cartes en main pour obtenir ce qu'elle voulait... C'était inespéré, elle n'y pensait même plus...
-Eh bien, si vous vous en souvenez, mon ancien second sur Tehirahs a pris une part très active à la mutinerie que j'ai orchestrée là-bas... Tellement active qu'il est aujourd'hui emprisonné à vie pour le meurtre du Colonel Zarden. Il était également mon amant, enfin, plus ou moins... Je vous demande de libérer ou de faire évader Tav'andalo'rorgia et je vous aiderais à détruire tout ce qui pourrait vous compromettre. Je dois l'aider, parce que c'est à cause de moi qu'il est là, et c'est aussi à cause de vous... Vorgan a refusé de m'aider, mentit tranquillement Sev'rance, c'est en partie pour cela que j'ai préféré vous dire la vérité...
Sargan hocha tranquillement la tête.
-Très bien, si c'est ce que vous désirez, ça ne me pose aucun problème... Mais je ne vais pas le faire directement libérer, ça ne servirait qu'à donner un nouvel élément pour me compromettre dans cette société rigide qui est la nôtre ; en revanche, je peux vous aider à le faire évader... Vous avez des amis sur qui compter ?
-Je pense que oui.
-Très bien, alors considérez que je vous aiderais autant que possible si vous essayez de le faire évader.
-Le marché est conclu, alors ? Je dénonce vos contacts, vous faites en sorte que Vorgan soit pris à son propre piège, et vous m'aidez à faire évader Vandalor ?
-Absolument, confirma Sargan, qui paraissait à la fois plus sérieux et plus aimable, à présent. Vous avez bien agi en me dévoilant les plans de votre oncle... Nous avons beaucoup d'intérêts en commun. Bien plus que vous ne le croyez, en fait. Cependant, il sera probablement difficile de piéger Vorgan sans qu'il ne se doute de rien... C'est un commandant expérimenté, il a choisi Xelva en sachant que ce système dispose de peu d'accès hyperspatiaux... Peu qu'il ne puisse faire surveiller, du moins. Mais, je connais des militaires Chiss compétents qui n'attendent que de prendre tous les risques possibles pour vaincre une fois pour toutes les Kryshzlas... Un peu comme vous, en somme. Je connais votre dossier, Tann, ne l'oubliez pas, et je serais très surpris que vous trahissiez votre oncle simplement pour faire évader ce Vandalor...
-Faites-le, c'est à prendre ou à laisser, coupa sèchement Sev'rance.
-Vous ne comprenez pas... Je n'étais pas en train de marchander ; je vous l'ai dit, vous aider à faire évader votre amant ne me pose aucun problème, tant que vous ne me demandez pas une implication excessive... J'étais en train de vous dire que vous me donnez l'impression de quelqu'un qui tient à servir les Chiss, cette rencontre me le confirme, je le vois derrière votre cynisme apparent, et je vous fais confiance.
-Euh... Fort bien, mais j'espère que vous n'en attendez pas autant de moi... J'ai décidé de vous aider parce que c'était dans l'intérêt de tout le monde, c'est tout...
-C'est regrettable, mais je m'y attendais... C'est même ce qui vous rend fiable à mes yeux. Mais vous savez, Tann, un jour, vous comprendrez que vous vous êtes bercée d'illusions toute votre vie, et ça fera mal...
Sev'rance ne put contenir un frissonnement tant les paroles de Sargan correspondaient à ses impressions depuis sa rencontre avec son oncle...
-Si vraiment je me berce d'illusions, je passerais ma vie à essayer de les faire vivre pour de bon, rétorqua-t-elle, certainement pas à les détruire...
-Alors vous resterez toujours leur prisonnière... Mais qu'importe, nous avons besoin l'un de l'autre pour le moment ; donnez-moi les noms de mes anciens collaborateurs, à présent. Vous serez mon témoin officiel.
Sev'rance hésita un instant sans vraiment savoir pourquoi, puis lui remit la datacarte qui contenait les véritables informations ; Sargan hocha la tête.
-Parfait... Les agents qui vous ont accompagné de Delaija resteront pour vous protéger jusqu'à ce que j'ai procédé aux arrestations, mais considérez que vous êtes entièrement libre d'appeler qui vous voulez et d'aller où bon vous semble, tant que vous restez sur Csilla. Je vous suggère de garder un ou deux agents chez vous pour vous protéger jour et nuit, nous trouverons une solution pour loger le ou les autres en attendant. Les arrestations auront toutes lieu après-demain à la même heure, le temps de procéder à des recherches imaginaires... Appelez Vorgan ce soir ou demain pour lui dire que vous avez rempli votre mission, d'accord ? Je dirais à mes agents de ne poser aucune question quant à vos communications et de les oublier rapidement.
-Très bien, approuva Sev'rance.
-Vous savez, si vous le vouliez, je suis sûr que vous feriez une très bonne carrière dans mes services... Je ne m'y opposerais pas.
-Je ne crois pas... Je respecte tous ceux qui travaillent pour vous, nous avons besoin d'eux, mais moi, je ne supporterais pas une existence loin du combat à mentir et à démêler le vrai du faux... Je peux le faire, mais je ne me sens pas faite pour cela, nerveusement. Ma place est sur le front, avec mes hommes.
-Là, c'est votre oncle, qu'on croirait entendre. » remarqua Sargan, non sans une nuance de mépris.
Sev'rance supposa que les soldats n'étaient que des pions pour Sargan... Décidément, tout la poussait à haïr cet homme... Mais si elle devait lui laisser une chance, c'était justement pour ne pas devenir aussi manipulatrice que lui... Elle ne risquerait pas la vie des hommes de la flotte Chiss parce qu'elle pensait qu'elle devait éradiquer la corruption de l'Ascendance ; ce n'était pas à elle de décider si une cause valait ou non qu'elle lui sacrifie des vies, se martela-t-elle. En plus, elle avait ainsi une opportunité de libérer Vandalor, c'était inespéré ; alors elle n'allait pas se rendre malheureuse parce que Sargan échapperait à la justice, elle n'allait pas se sentir mal parce qu'elle n'avait pas fait plus de mal à quelqu'un, n'est-ce pas ?
N'est-ce pas ?

L'esprit de Sev'rance commença doucement à s'apaiser alors qu'elle rentrait à Ac'siel... La décision qu'elle avait prise n'était pas facile, loin de là, mais elle l'avait prise. C'était fait. Et comment pourrait-elle s'en vouloir ? Elle n'avait pas menti, finalement, elle avait dit toute la vérité à Sargan, elle avait mis ses sentiments de côté pour permettre la défaite totale des Kryshzlas et l'éradication de presque tout le réseau de corruption... Elle pensait avoir perdu tout espoir, être condamnée à la violence, et voilà qu'elle avait trouvé moyen d'agir différemment... Safera aurait été fière d'elle.
Oui, mais une voix terrifiante murmurait au fond d'elle que Safera était morte éventrée, que l'univers ne montrait aucune pitié pour ceux qui en éprouvaient...
Sev'rance la fit taire ; ce soir, un poids énorme s'ôtait de sa poitrine, elle s'était habilement extraite des manipulations de son oncle pour agir au mieux et elle allait peut-être même faire évader Vandalor, il n'était pas question qu'elle replonge d'elle-même dans le bain glacé du désespoir...
Elle demanda à Lazei de rester avec elle pour la protéger jusqu'aux arrestations, c'était le plus bavard des trois agents, et sa compagnie comme son aide en cas de danger seraient les bienvenues ; les services de renseignement pourraient temporairement loger les deux autres agents à Ac'siel, ils resteraient surveiller les environs de l'appartement de Sev'rance et la protéger elle-même si elle avait besoin d'eux ailleurs.
Elle n'appela pas Vorgan ce soir-là ; les choses allaient enfin mieux, elle ne voulait pas faire voler en éclat sa toute fraîche tranquillité d'esprit en faisant à nouveau face au traître issu de sa propre famille. En revanche, elle appela à nouveau Virasa, et sachant que Lazei avait pour consigne de ne pas poser de questions sur ses communications, elle lui raconta cette fois toute l'histoire ; savoir que des Chiss se cachaient derrière les crimes des Kryshzlas avait évidemment choqué Virasa, mais ce ne fut rien comparé au fait de savoir que c'était leur propre famille qui avait mis la machine en marche... Elle félicita Sev'rance pour sa décision d'épargner Sargan et lui assura qu'elle était à sa disposition si elle avait besoin de son aide.
Le reste de la soirée fut tout ce qu'il y avait de plus paisible, elle dîna et discuta aimablement avec Lazei, puis elle alla se coucher tôt, décidée à rattraper des heures de sommeil.
Ce fut seulement une fois allongée dans le noir qu'un doute perturbant lui vint... Il y avait trop longtemps que son sang n'avait pas coulé, non pas au combat, mais dans son intimité ; cela faisait même près d'un mois et demi, maintenant... Elle n'allait évidemment pas s'en plaindre, mais elle avait peur de penser aux raisons qui pourraient expliquer un retard si important...
Était-elle enceinte ?
Et soudain, sa respiration se fit presque suffocante dans l'obscurité tandis que son rythme cardiaque s'élevait progressivement sous l'effet d'une peur venue d'elle-même...
Non, elle n'était pas sûre que le terme « peur » soit le plus approprié, en fait... Cependant, elle ne trouvait pas de meilleur mot à mettre sur ce qu'elle ressentait ; c'était... Troublant, tellement que c'en était impensable. Cela impliquait une existence dont elle ne voulait pas, dont elle ne voulait plus... Ce dont elle était sûre, c'est qu'elle ne voulait pas que ça arrive ; elle ne pouvait pas y faire face, elle n'était pas faite pour cela...
Allons, elle s'inquiétait sûrement pour rien ; elle n'avait passé que deux nuits dans les bras de Vandalor, après tout... Si elle se tirait des manipulations de Vorgan et Sargan, elle penserait à consulter un médecin, et elle serait fixée ; d'ici là, elle ne devait plus y penser...
Elle ne devait plus y penser, oui, parce que la perspective de devenir mère était glaçante au point de faire vaciller l'ensemble de sa façon d'être...
La crainte de mourir ou même d'échouer n'était rien à côté de cela, pour elle...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Mer 27 Juil 2011 - 15:15, modifié 3 fois.
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Messagepar Dark Sheep » Mer 27 Juil 2011 - 13:14   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Yo !
J'avais zapé le dernier passage, va savoir pourquoi..
Je crois que c'est dû au boulot, plus de boulot. Et puis il y a pas mal de fanfictions en cours en ce moment, même toi qui nous livre des rêves... bref j'ai même pas le temps d'écrire LPO3 !

Bon, mais voilà j'ai quand-même lu ce dernier passage. :)

Il est placé sous le signe de la manipulation, avec des plans derrière les plans à côté des contre-plans...
Et j'aime bien ce que ça donne. La question que je me pose est de savoir si l'oncle de Sev'rance avait prévu qu'elle agirait selon sa nature profonde, comme elle l'a fait ; et avait-il donc misé dessus ?
J'ai hâte de découvrir ce que ça va donner, elle est vraiment au milieu de deux manipulateurs professionnels :transpire:

L'introduction de Csilla est sympa aussi, la planète a l'air intéressante bien que peu accueillante d'origine :D

Sympa aussi de voir que Sev'rance tient à libérer son compagnon d'armes.
Et la fin du passage avec l'interrogation qu'elle amène laisse présager de bonnes choses pour l'avenir de ton histoire.


Tu as fait de moi un sympathisant des chiss je crois d'une certaine façon :wink:
Alors j'attends la suite :oui:
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

"Cette galaxie a besoin d'un sauveur, pas d'un héros."
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 27 Juil 2011 - 15:33   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Et puis il y a pas mal de fanfictions en cours en ce moment, même toi qui nous livre des rêves...


Ah, je suis mon propre concurrent, en somme :D

La question que je me pose est de savoir si l'oncle de Sev'rance avait prévu qu'elle agirait selon sa nature profonde, comme elle l'a fait ; et avait-il donc misé dessus ?


Tout à fait, et tu oublies autre chose : que veut-il vraiment, lui?

J'ai hâte de découvrir ce que ça va donner, elle est vraiment au milieu de deux manipulateurs professionnels :transpire:


Yep, et c'est pas fini! :oui: Là encore, sa plongée dans la corruption et les manipulations doit bien sûr accroître chez elle un certain dégoût des détenteurs du pouvoir.

L'introduction de Csilla est sympa aussi, la planète a l'air intéressante bien que peu accueillante d'origine :D


Oh que oui, sa description dans Réfugiés fait partie de mes fangasmes du NOJ :love:

Tu as fait de moi un sympathisant des chiss je crois d'une certaine façon :wink:
Alors j'attends la suite :oui:


Elle viendra, content de te voir fidèle au poste :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 05 Aoû 2011 - 14:50   Sujet: À ton avis?!

Hem, hem, il n'y a plus que le mouton ou quoi? :?

Chapitre XI


Les notes à la fois claires et déchirantes de l'instrument Sakiyen, légères et dansantes en apparence mais effroyablement tristes à bien y prendre garde, commencèrent à s'éloigner de l'esprit du Comte Dooku ; elles lui évoquaient une conception de la vie qu'il fuyait, des souvenirs qu'il préférait oublier, jusqu'à ce qu'il n'ait plus d'autre choix que de chercher dans son cœur la juste colère qui lui permettrait de dépasser la tristesse... C'était exactement ce qu'il cherchait.
Ah... Voilà, la Galaxie lui apparaissait plus clairement, à présent... Les Jedi, la République, ses propres officiers, les non-humains avec lesquels il était censé vivre en paix, les imbéciles en tous genres... Même son maître Darth Sidious... Il la ressentait bien au plus profond de lui-même, cette envie de hurler à s'en casser la voix pour leur dire à tous de déguerpir de sa Galaxie... C'était ce qu'il y avait au fond de lui-même, l'expression la plus primitive de sa personnalité, cachée sous toutes les normes sociales et l'endoctrinement des Jedi qu'il s'efforçait d'oublier ; est-ce que c'était bien ou mal, c'était une question bien complexe, mais ce dont il était sûr, c'est que c'était fascinant...
Quand il faisait ainsi remonter à la surface ses sentiments les plus négatifs, il se sentait plus libre, et surtout plus pur qu'en n'importe quelle autre circonstance... Bon ou mauvais, c'était vrai.
Et il avait envie de laisser éclater cette fureur contre tout l'univers...
Il sentait maintenant la Force autour de lui comme distordue par l'énergie noire dont il rayonnait... Il sentait le pouvoir grandir en lui sous la menace de sa colère...
Il sentait la glace et la flamme, là, le dévorant à l'intérieur de sa cage thoracique, n'attendant plus que d'être lâchées sur quelqu'un...
Il perçut encore vaguement les notes claires, agaçantes, en complet décalage avec la puissance noire qu'il sentait en lui... Il rouvrit les yeux, le cœur martelant comme un tambour de guerre son besoin de détruire.
C'était à ce moment-là qu'il avait l'impression d'être seul contre l'univers tout entier, agressif comme une bête féroce, mais avec une intelligence retorse à son service pour lui suggérer mille façons de nuire ; c'était parfait.
Bien, il était temps d'arrêter la musique... Il se leva et alla ordonner au petit appareil de cesser de la diffuser. Cela fait, il avait du travail, maintenant... Il savait déjà que les quartiers qui lui avaient été attribués par le gouvernement de cette planète étaient sûrs, il ne perdit donc pas de temps et alluma directement son holoprojecteur pour se retrouver dans une conférence artificielle avec le Général Grievous, l'Amiral Tonith et le chef des services de renseignements Séparatistes, un horrible Aqualish proche de l'ancien sénateur Po Nudo.
« Messieurs, je vous écoute, commença-t-il d'un ton qui signifiait qu'il n'écouterait pas longtemps. D'après vous, Général, c'est urgent...
-Tout à fait, Comte Doku, confirma Grievous. L'Amiral Tonith a été défait dans l'Hégémonie Ciutrique par le Chevalier Jedi Jor Drakas...
L'annonce stimula les sentiments sauvages que Dooku se plaisait à entretenir en lui pour sa plus grande satisfaction... Il n'avait certes jamais eu la moindre estime pour l'amiral Muun, mais il avait crû que celui-ci ferait au moins preuve d'une certaine compétence... Et au lieu de ça...
-L'Hégémonie Ciutrique ? demanda-t-il délicatement, en parfait décalage avec ses véritables sentiments, comme par jeu. Je croyais que ce secteur nous étais acquis d'avance, que la République n'avait réussi qu'une vague percée, et ainsi de suite ? Mieux, je croyais vous avoir envoyé sur place justement pour corriger la situation, Amiral Tonith ?
-Ce... J'ai remis mon rapport au Général Grievous, affirma Tonith. J'ai été victime de la trahison de mon second ! Barzii a fait échouer les négociations et a transmis à Drakas des informations qui m'ont empêché d'en venir à bout ! Il était même probablement le responsable de la situation avant que j'arrive ! C'est un traître de la pire espèce, et Drakas nous l'a confirmé en le libérant de sa prison sur Corvis Major !
Lorsque le Muun eut achevé sa tirade pathétique, Dooku fixa sur lui un regard peu amène jusqu'à ce qu'il détourne les yeux ; Dooku n'avait jamais rencontré personnellement ce Barzii, mais il avait toujours été décrit comme un officier loyal et compétent, c'était pour cela qu'il l'avait placé à la tête des forces Séparatistes de l'Hégémonie Ciutrique avant de devoir envoyer Tonith. À l'inverse, Tonith était avant de devenir amiral Séparatiste un financier réputé pour son absence de scrupules ; si ce Barzii était bien le responsable de la débâcle, Dooku doutait qu'il ait trahi par hasard... Il n'était pas sûr d'en vouloir à Tonith si c'était ses méthodes qui en avaient été la cause, mais il y avait tout de même quelque chose d'agaçant à le voir se plaindre ainsi de la trahison plutôt que d'avoir la force d'assumer les conséquences de ses actes. Enfin, Dooku reprit la parole :
-Quelle est la situation là-bas, exactement ?
-Nous avons avons perdu notre base principale sur Corvis Major et la plus grande partie de notre flotte, résuma Grievous. De plus, il semble que les manœuvres de l'Amiral sur Wazt-ahl aient causé un courant de sympathie pour la cause Loyaliste et que la victoire de Drakas ait galvanisé les dissidents sur toutes nos planètes dans le secteur...
Le chef des renseignements opina.
-Plusieurs planètes sont d'ores et déjà tombées aux mains de mouvements pro-Loyalistes, certains de nos propres gouverneurs ont même fait défection d'eux-mêmes ; l'opinion publique reste partagée sur la plupart de ces mondes et une reconquête reste envisageable, mais pour l'instant ce sont les dissidents qui tiennent le haut du pavé. Toutes les autres connaissent de graves problèmes d'insurrections, et parmi celles-là, nos rapports n'en indiquent que deux où une répression appropriée semble pouvoir rapidement mettre fin au mouvement...
-Drakas n'aura qu'à donner un coup de pouce pour que tout le secteur lui tombe dans les bras, maugréa Grievous.
-Et alors, je fais quoi ? questionna Dooku d'un ton cassant à l'adresse de Tonith. J'abandonne tout un secteur qui nous appartenait il n'y a pas si longtemps à la République ? Je redonne une flotte à un amiral qui a déjà failli à ma confiance une fois pour lui donner la même tâche à présent qu'elle est plus difficile ? Ou je vous relève de tout commandement dans notre flotte ? Dîtes-moi, je vous écoute.
-Comte Dooku, je suis confus, mais... Si Drakas a pu retourner le secteur si vite, je peux peut-être encore me rattraper... Je peux vaincre Drakas et Barzii, donnez-moi juste une chance de vous le montrer...
-Vous ne vaincrez pas Drakas, affirma Grievous d'un ton sans réplique. Comte Dooku, Drakas est venu à bout seul de sept assassins professionnels lourdement armés qui lui tendaient une embuscade ; il a remporté les négociations alors que le Commodore Barzii, quoi qu'en dise l'Amiral Tonith, faisait tout son possible pour mettre en valeur les avantages que nous avions à offrir aux mondes neutres... Pour finir, avec l'aide des officiers de la flotte, il a vaincu l'Amiral Tonith et a détruit nos bases sur Corvis Major. Il nous faut quelqu'un d'autre pour lui faire face, c'est maintenant une évidence.
-Vous ne vaincrez pas Drakas, confirma Dooku à Tonith après avoir écouté l'analyse de Grievous. C'est un Jedi particulièrement retors, et il vient de nous prouver qu'il s'était très bien adapté à la guerre ; fort heureusement, vous n'aurez pas à l'affronter. Je vous l'ai déjà expliqué, Tonith, Drakas n'a été envoyé dans l'Hégémonie Ciutrique que parce que le Conseil des Jedi croyait que le Général Tann s'y trouvait... À présent que Barzii a rejoint Drakas, il sait que ce n'est pas le cas, et le Conseil l'enverra ailleurs... Il n'y a pas d'autre Jedi dans le secteur ?
-Il y avait un Chevalier Jedi Calamarien avant l'arrivée de l'Amiral Tonith, répondit le chef des renseignements, apparemment passé sous le commandement de Drakas ; cependant, après analyse des rapports de la bataille de Corvis Major, les probabilités sont fortes pour qu'il ait été tué au cours d'un combat aérien.
-Bien... Alors vous avez peut-être de la chance, Amiral ; si je trouve des vaisseaux disponibles, il n'est pas exclu que je vous reconstitue une flotte... Cependant, pas question d'assaut généralisé, cette fois ; si c'est confirmé, vous ne lancerez qu'une brève contre-attaque de l'autre côté du secteur, sur Liinade III, et vous vous efforcerez de tenir cette position. La reconquête totale attendra que nous ayons plus de moyens... Pour l'heure, je veux seulement que nos partisans dans l'Hégémonie Ciutrique sachent que nous n'avons pas encore abandonné ; avec un peu de chance, le vent d'insurrection finira par retomber et nous pourrons alors revenir au pouvoir dans le secteur... Si les choses se passent bien ainsi, votre force d'assaut sera réduite, naturellement.
En réalité, Dooku avait bien l'intention de laisser Tonith lancer cette offensive, mais il ne voulait pas lui en donner immédiatement la certitude ; qu'il passe donc un peu de temps à se remettre en question, cela lui ferait le plus grand bien...
-Merci, Comte Dooku. Je vous promet de faire mieux si vous me laissez cette chance.
-J'espère pour vous, grogna férocement Dooku.
-Nous pourrions aussi nous servir de cet assaut comme nouvelle couverture pour le Général Tann, avança le chef des services de renseignements.
-Nous venons de le faire, s'étonna Grievous.
-Précisément, souligna Dooku après un bref regard au chef des renseignements. Les renseignements Loyalistes trouveront sûrement un peu gros que nous utilisions deux fois la même couverture... Si nous retardons un peu cette nouvelle offensive, le temps de laisser Drakas chercher ailleurs, ça pourrait marcher.
Dooku l'espérait, du moins, car Armand Isard était rusé ; mais Tonith ne servait plus à grand chose de toute façon, tant mieux si son offensive à venir sur Liinade III pouvait embrouiller un peu Drakas et les renseignements Loyalistes.
-C'est tout ce que vous avez besoin de savoir, Amiral Tonith, signala Grievous. Restez où vous êtes avec ce qui reste de votre flotte et attendez qu'on vous recontacte.
-Très bien, Général. J'attendrais vos ordres, Comte Dooku.
L'affreuse image de Tonith disparut de l'holoconférence ; Grievous se tourna vers Dooku :
-En parlant du Général Tann, le Decimator est-il en bonne voie d'acquisition ?
-Nous n'avons plus de nouvelles d'elle, répondit le chef des renseignements.
-Non, en effet, confirma Dooku. Nous savons qu'elle a tenté un raid particulièrement risqué sur Alaris Prime pour obtenir les codes d'activation du Decimator, mais ni elle, ni le Capitaine Shray'lya ni le Colonel Kadraa ne nous ont recontactés depuis...
-Elle n'a peut-être pas été à la hauteur, insinua fort peu subtilement Grievous.
-À votre place, je ne m'inquiéterais pas pour elle, Général, rétorqua Dooku, tout en sachant que Grievous était à des années-lumières de s'inquiéter pour Tann.
-Non, vous devez avoir raison ; mais il serait bon que nous soyons tenus plus informés de ses agissements, affirma Grievous.
Ça recommençait... Grievous s'exprimait peut-être d'un point de vue purement tactique, mais Dooku était presque sûr qu'il était tout simplement en train de suggérer que Tann ne le contactait plus parce qu'elle voulait garder le Decimator pour son propre usage...
-Je rejoins le Général Grievous là-dessus, intervint le chef des renseignements. Le Decimator pourrait représenter un retournement de situation considérable dont nous devons tenir compte pour organiser la guerre ; or, le Général Tann est connue pour, disons, une certaine indépendance idéologique au sein de la Confédération, aussi serait-il bon que nous sachions où elle est et ce qu'elle fait exactement...
-Laissez-moi m'occuper de Tann, grinça Dooku. Rien d'autre ?
-Non, Comte Dooku.
-Tant mieux, parce qu'il faut que je contacte Assajj Ventress... Au revoir. »
Dooku mit fin à l'holoconférence, mais il ne voulait pas parler immédiatement à Ventress ; il était déjà assez agaçant de savoir que Tonith avait laissé échappé tout un secteur sans entendre d'autres mauvaises nouvelles... Pourquoi était-il obligé de s'entourer de créatures comme lui ou Grievous... Dans la Galaxie qu'il voulait construire, il s'assurerait qu'on en trouverait plus...
Il réalisa que Sev'rance Tann lui manquait. Elle avait beau être une non-humaine doublée d'une femelle, sa vivacité d'esprit et son pragmatisme lui manquaient, et même son idéalisme, en fait... Tann ne chercherait pas à discréditer ses collègues par ambition personnelle, elle, et elle ne ferait probablement rien qui puisse pousser l'un de ses subordonnés à la trahir... Elle avait des principes au-dessus de ça, comme Dooku, même si elle devrait s'apercevoir tôt ou tard que ce n'était pas du tout les mêmes...
C'était aussi le problème, bien sûr... Grievous n'avait pas tort quand il disait qu'il faudrait surveiller Tann de plus près, et Dooku mentirait s'il disait que la possibilité que Tann ait voulu utiliser le Decimator contre lui ne lui était pas venu à l'esprit. Ceci dit, elle était suffisamment intelligente pour comprendre que même avec le Decimator, elle n'avait aucune chance contre la Confédération toute entière.
Quelle ironie, la pionne à laquelle il pouvait le moins faire confiance était aussi celle à laquelle il était le plus attaché... Ceci dit, il n'était pas sûr d'aimer l'attachement ; il ne le rejetait pas à la façon des Jedi qui n'étaient pas fichus d'assumer ce qu'ils ressentaient quoi que ce soit, pions décérébrés au service d'une République corrompue, mais il le considérait assurément comme une faiblesse...
Cependant, une autre possibilité, aussi improbable soit-elle, lui était venue à l'esprit pour expliquer le silence de la Jedi Noire Chiss ; se pouvait-il, s'interrogea-t-il encore une fois, que Sev'rance Tann n'ait pas survécu ?

Dans quoi est-ce que je me suis embarqué ?
Dans quoi est-ce que toute cette foutue galaxie s'est embarquée ?

Assis dans un hall d'un bâtiment du gouvernement Darjan avec quatre soldats clones, l'ex-commodore Barzii soupira, abattu ; un vent de folie soufflait sur la Galaxie depuis quelques années, et quoi que ce soit, ça dévastait tout très vite, impossible d'y résister...
Que faisait-il là ? C'était Jor Drakas qu'il attendait là, lequel était parti rencontrer les représentants du gouvernement Darjan ; Jor Drakas, le Jedi qu'il avait combattu de son mieux, le représentant de la République corrompue... Il avait déjà dû suivre la transition de Darlja du côté de la Confédération du Comte Dooku, mais il s'était fait à cette idée, il avait toujours pensé que la République était un gouvernement incapable qui ne faisait que freiner les initiatives des systèmes qui la composaient ; et puis, Tonith était arrivé et tout était allé de travers...
Il ne savait plus s'il détestait la République ou la Confédération, Drakas ou Tonith... Ou lui même... Après tout, n'avait-il pas eu la lâcheté de contacter les assassins de Tonith avant d'essayer de se rattraper en prévenant Drakas ? Il était en partie responsable de la mort des civils qui avaient été tués dans les attentats...
Voilà qu'une trahison était la dernière chose qui lui fasse ressentir un peu de fierté...
Maintenant, toute l'Hégémonie Ciutrique était sens dessus dessous... Tous ceux qui étaient favorables aux Loyalistes sur les mondes Séparatistes s'élevaient par centaines de milliers contre le pouvoir, les gouvernements locaux s'étaient pour la plupart mis à jouer de drôles de jeu, négociant pour gagner du temps tout en réprimant les excès... Certains avaient au contraire sombré dans une répression sanguinaire, d'autres encore avaient ouvertement rejoint le camp Loyaliste... Dans l'espace Loyaliste, à l'inverse, on parlait de gestes désespérés de fanatiques pro-Séparatistes... Et c'était dans ce contexte que les forces Loyalistes étaient censées inclure près des deux tiers du secteur à leur défense... C'était impossible, naturellement, les choses étaient beaucoup trop instables, et si Tonith revenait brusquement avec une nouvelle flotte, on ne pourrait rien faire pour l'en empêcher...
Et lui, Barzii, où se situait-il, dans tout cela ? Il ne pouvait évidemment pas retourner servir la flotte Séparatiste tout en ayant aucune envie de combattre pour la République...
Il était complètement perdu.
Il était tombé entre les engrenages implacables de la mécanique de la guerre, et maintenant tous s'acharnaient à broyer ses os jusqu'à ce qu'il ne reste plus de lui qu'une masse informe et sanglante... Bon, à défaut d'une cause à défendre, il avait retrouvé sa femme, ici, sur Darlja ; c'était peut-être le plus important... Mais qu'allait-il devenir ? Lorsqu'elle lui avait posé la question, il avait été incapable de répondre.
Les portes au fond du hall s'ouvrirent et en sortirent plusieurs officiels Darjans ; certains le connaissaient et passèrent le saluer, mais aucune conversation ne dura. Jor Drakas sortit à son tour ; le Twi'lek à la peau de craie paraissait bien étrange au milieu des Darjans à l'épaisse peau noire et aux yeux orange.
« Rien à signaler, sergent ? demanda-t-il à l'un des clones.
-Non, rien, Général. M. Barzii nous a rejoint il y a un quart d'heure.
-Comment ça s'est passé ? demanda Barzii au Général.
-J'ai bien failli exploser à essayer de discuter avec ces gens, mais à part ça, ça a été ! Je n'aime pas vraiment les négociations... Mais disons que le gouvernement de Darlja ne fera rien contre nous tant qu'ils auront l'impression que nous pouvons ramener un peu de stabilité dans le secteur ; c'est à peu près tout ce qui a l'air de les intéresser, en fait, retrouver un cadre stable pour reprendre leur vieille concurrence avec leurs anciennes colonies sur le marché du matériel de sécurité... Évidemment, les avantages économiques que j'avais promis aux colonies sur Wazt-ahl tombent un peu à l'eau du coup, mais bon... Enfin bref, le gouvernement s'est assuré que tout le monde laisse les forces Séparatistes locales organiser leur retrait sans leur faire de mal, ce en échange de quoi j'ai obtenu l'amnistie pour tous les insurgés arrêtés. Darlja quitte la Confédération ; pas de ralliement à la République en vue, par contre, mais ça ne m'étonne pas, le mouvement n'est pas très puissant ici, le gouvernement s'est seulement laissé surprendre par la brusquerie des soulèvements. Je préfère ça à un ralliement après une guerre civile sanglante...
Barzii hocha la tête. Il pouvait dire ce qu'il voulait des manipulations de Drakas sur Xankora, il fallait reconnaître que le Jedi Twi'lek s'efforçait d'agir au mieux pour tout le monde... Barzii respectait cela, surtout après avoir été le second de l'Amiral Tonnith.
-Je pense qu'ils s'efforceront de rester neutres autant que possibles, maintenant, avança-t-il. Ils ont vu quels ravages la guerre pouvait causer (et moi aussi !), et Darlja a toujours aimé gérer elle-même ses affaires...
Une idée simple se présenta à Barzii ; maintenant qu'il savait que Darlja devenait un système neutre, il y avait peut-être quelque chose à faire...
-D'ailleurs, je vais peut-être me remettre au service de mon système, maintenant...
Drakas hésita un instant.
-M. Barzii... Vous croyez que c'est une solution à long terme ? Nous sommes engagés dans une guerre qui pourrait bien durer des années... Les Séparatistes reviendront. Peut-être Tonith, peut-être pire. Ça vaut pour vous comme ça vaut pour votre planète natale : vous ne pouvez pas rester là à fermer les yeux sur ce qu'il se passe dans la Galaxie, ça vous reviendra dessus à un moment ou à un autre... Et à ce moment-là, il sera peut-être trop tard pour agir.
-Général... J'ai été officier de la flotte Darjane pendant dix-huit ans avant de devenir Commodore Séparatiste ; pourtant, je découvre la guerre galactique comme vous. Et j'en ai vu assez. D'un côté ou de l'autre, des gens se révoltent à travers l'Hégémonie Ciutrique, des civils, ils risquent leurs vies et mettent en danger celles des autres ; vous-mêmes vous êtes livrés à une guerre du mensonge et de la manipulation avec l'Amiral Tonith... Cela vient de se conclure par une bataille au cours de laquelle des milliers de gens ont trouvé la mort, et le secteur n'a toujours pas retrouvé sa stabilité politique... Les choses n'étaient pas ainsi avant que vous ne commenciez votre guerre contre Dooku, c'est maintenant que tout échappe à notre contrôle... Je ne veux plus rien faire qui puisse contribuer à cela. Je n'aime pas la République, je ne crois plus en la Confédération ; ce sont deux machines de guerre qui ne pourront que broyer l'Hégémonie Ciutrique... Vous devriez y réfléchir, tout Jedi que vous soyez.
-C'est bien possible, Commodore, mais... Tout cela nous dépasse. Vous ne pourrez pas aller contre la guerre, elle vous rattrapera un jour où l'autre ; nous sommes dedans et il nous faut faire de notre mieux... Je ne peux pas promettre que nous survivrons, que nous réussirons ni même que nos actions ne se révèleront pas finalement mauvaises aux yeux de l'Histoire ; mais c'est un fait que nous sommes pris dans cet ouragan et nous devons faire avec. Si nous voulons retrouver la paix, il nous faut prendre les armes dès à présent. La République a régné en paix sur la Galaxie pendant un millénaire... Elle n'est peut-être pas parfaite, mais ce qui se passe actuellement n'arrivait pas à cette époque, comme vous dîtes ; même si vous croyez en la cause de la Confédération, elle prône la violence même que vous avez vu l'Amiral Tonith déployer contre nous. Qu'est-ce qui peut justifier cela ?
La tentative de Drakas n'était pas surprenante, mais la façon dont il s'y prenait l'était peut-être davantage ; Barzii se serait attendu à un discours sur la dangerosité du Comte Dooku et de ses enseignements sur ce que les Jedi nommaient la Force, ou à un éloge de la démocratie... Et au lieu de ça, Drakas lui adressait une réponse pragmatique qui correspondait à ses préoccupations, lesquelles étaient bien matérielles. Barzii n'était pas né de la dernière pluie, il savait que Drakas lui parlait ainsi uniquement dans l'optique de le convaincre de servir une cause en laquelle il croyait, lui, alors que Barzii la rejetait... Mais il fallait reconnaître qu'il n'avait pas tort sur un point : il devait prendre parti. Et après tout, ce n'était pas forcément une question de République ou de Confédération... Il y avait Drakas d'un côté, Tonith de l'autre ; même si Barzii voulait croire en la Confédération, il ne pouvait rester au sein d'une flotte qui employait des gens comme Tonith... Mais il y avait peut-être pire au sein des forces Loyalistes...
-J'ai besoin d'un nouveau second pour m'aider à commander la flotte, poursuivit aimablement Jor Drakas, compréhensif face au désarroi de Barzii. Le Vice-Amiral Ashen est tombé à la bataille de Karsti, et les forces Loyalistes de l'Hégémonie Ciutrique ont besoin d'un chef... Vous ou Yla, qui est définitivement Vice-Amiral, à présent. Mais moi, il faut que je quitte ce secteur, maintenant, et j'aurais aussi besoin d'un officier de la flotte compétent à mes côtés.
-Vous allez retourner poursuivre ce Général Tann, n'est-ce pas ? C'est pour cela que vous étiez là, à l'origine...
-Oui. Je vous avoue que ça me chagrine un peu... J'ai déjà combattu cette femme à la bataille de la plate-forme Kaer ; c'est une tacticienne très douée et une Jedi Noire redoutable, assurément une grande menace pour la République, mais... Eh bien, j'ai vraiment de l'estime pour elle, voilà. Elle avait vraiment essayé de nous épargner, moi et mon Padawan ; elle disait qu'elle voulait me laisser m'échapper pour ne pas que je détruise trop de ses droïdes, elle était venue produire une nouvelle armée pour la Confédération, mais plus j'y repense, moins j'y crois... Ça ne me plait pas de la poursuivre et je préférerais de loin continuer à protéger l'Hégémonie Ciutrique contre quelqu'un d'autre... Mais peut-être pourrais-je la convaincre de cesser de servir le Comte Dooku. Je ne veux pas la combattre.
Barzii se demanda un instant si Drakas pouvait inventer cette histoire pour susciter sa sympathie ; c'est qu'il comprenait terriblement bien le Jedi lorsque celui-ci lui parlait de sa réticence à combattre une adversaire qu'il estimait... Et pourtant,  l'émotion de Drakas semblait bien réelle, tout comme l'avait été son intervention pour le sauver des geôles de Corvis Major...
-Qu'est devenu votre Padawan ? demanda Barzii. Vos supérieurs l'ont envoyé combattre seul ailleurs ?
-Pas vraiment, non...
-Oh... Je suis désolé.
-Hélas, vous risquez de l'être souvent, en ce moment... Nous savons maintenant tous deux ce que c'est que la guerre, M. Barzii. Si vous choisissez de rester protéger Darlja, je ne pourrais pas vous en vouloir, c'est votre planète et vous avez votre femme ici ; mais j'ai bien peur que cela ne règle rien, à terme...
Barzii prit une longue inspiration.
-Non, c'est vrai... Vous avez raison, Général. Je ne crois pas en la République, mais il y a trop de vrai dans ce que vous dîtes... Je peux vous accompagner dans votre poursuite de Tann, si vous voulez ; je crois que vous m'avez suffisamment prouvé que vous étiez quelqu'un d'honorable... Mais je n'ai pas confiance en la République, que ce soit clair ; c'est pour cela que je viens avec vous plutôt que de rester commander les forces Loyalistes de l'Hégémonie... J'aurais préféré rester, pour ne pas m'éloigner de ma planète et de ma femme, mais vraiment, combattre pour la République ne m'intéresse pas. Mais vous, vous pourrez compter sur moi.
Un sourire chaleureux se dessina lentement sur le visage de Drakas.
-Alors bienvenue à bord, Vice-Amiral Barzii... »
Barzii n'était pas sûr qu'il ne regretterait pas sa décision, mais Drakas avait raison, cela ne servirait à rien de rester ici, sur Darlja, pendant que toute la Galaxie prenait feu... Il fallait éteindre l'incendie, et si c'était ce que Drakas voulait faire, il l'aiderait. Où irait-il, à présent... Dooku avait manifestement déployé bien des efforts pour saboter la mission de Drakas, il leur faudrait retrouver la piste déjà froide de la mystérieuse Général ; qui pouvait dire où se trouvait aujourd'hui Sev'rance Tann ?
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Messagepar Dark Sheep » Mar 09 Aoû 2011 - 14:07   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Hem, hem, il n'y a plus que le mouton ou quoi? :?

-> Il n'y a peut-être plus que le mouton, mais il est bien là amiral ! :wink:
Ça doit être l'effet "période estivale", avec tous ces gens qui vont en vacances etc... pfff... :pfff:

Retour dans notre bonne vieille guerre d'indépendance galactique !
Après toutes ces aventures dans le passée de Sev'rance qui ont permis de développer son côté "humain", on la retrouve en jedi noire. Enfin, on ne la retrouve pas pour le moment mais bon...
Je dois avouer que ça faisait longtemps... à tel point qu'au départ j'avais des trous de mémoires. Mais c'est revenu... le Décimator, Drakas, Barzii, l'attentat... c'est bon.

Content de voir que tu as développé un peu le personnage de Dooku (peut-être est-ce le cas dans d'autres romans SW, je ne sais pas...). Le coup de la musique au début, et ses sentiments sombres, c'était plutôt sympa :) .
Son dialogue est bien aussi, le doubleur de Christopher Lee s'occupait de lire les tirades dans ma tête :D .

Pour l'autre partie content de retrouver Drakas, je l'aime bien celui-là. Avec sa petite rivalité plein d'honneur avec Sev'rance.
Content aussi que Barzii le repenti le suive, c'est là toute la force de ton jedi qui inspire la loyauté.

On retrouve bien entendu les plans de stratégie militaire, avec les nécessaires conquêtes de planètes etc...
En gros il ne manque qu'une chose en fait... la schtroumpfette ! La grande jedi noire !


Le mouton témoigne du plaisir qu'il a eu à lire ce passage et te signale qu'il reste à l'affut de la suite. Par ailleurs il se rend compte qu'il parle de lui à la troisième personne et se dit qu'il devrait peut-être faire quelque chose pour ça... :lol:
Modifié en dernier par Dark Sheep le Mer 10 Aoû 2011 - 10:34, modifié 1 fois.
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 09 Aoû 2011 - 18:47   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Pfiiiooouuuu, je commençais à me demander si toi aussi tu n'avais pas disparu dans un trou noir intergalactique :x Du coup, je crois qu'on va attendre un peu, le temps que Notsil et Den rattrapent... Merci d'être toujours vaillant, en tous cas, et merci de ta réaction développée :)

Son dialogue est bien aussi, le double de Christopher Lee s'occupait de lire les tirades dans ma tête :D .


Ah, toi aussi ça te le fait? :paf:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 27 Aoû 2011 - 17:12   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Je précise pour Dark Sheep qu'il y a déjà une suite d'écrite, mais Notsil et Den n'étant pas là, je vais attendre qu'un des deux au moins ait rattrapé son retard pour la poster ; par ailleurs, je suis en train de travailler sur un projet parallèle que je devrais poster lorsqu'il sera complètement achevé :wink:
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Messagepar Dark Sheep » Jeu 01 Sep 2011 - 10:33   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

************************


Bonjou, nou somme notsil et den. Nou avon perdu notr conte alor on répon tou lé deu depui suila de darquechipe.
On a lu ton histoir jusco bou, cé tro de la bal on a aimé bocou.
Tu peu écrire la suite et la posté sur le forom.

merci


************************
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 01 Sep 2011 - 10:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

:D

Bon, je vais attendre jusqu'à demain, encore, et sinon, ouais, va bien falloir que je poste^^
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Messagepar Den » Jeu 01 Sep 2011 - 11:15   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Salut^^

Oufti! Je n'avais pas vu tout le retard que j'avais accumulé :shock:
Bon! Je m'y mets ce weekend! :D

PS: Enorme, ton message Dark Sheep! :lol:
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Messagepar Dark Sheep » Jeu 01 Sep 2011 - 12:32   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Mitth'raw Nuruodo a écrit:Bon, je vais attendre jusqu'à demain, encore, et sinon, ouais, va bien falloir que je poste^^

Pour ma part j'essaie d'écrire ces derniers temps, donc tu peux prendre ton temps pour poster, histoire de pas trop décourager les autres :wink:
Qui pourrait donner lieu à des réactions du type... euh, comment dire ?

Den a écrit:Oufti! Je n'avais pas vu tout le retard que j'avais accumulé :shock:

-> Voilà ! Comme celle-là, elle est parfaite ! :lol:

Den a écrit:PS: Enorme, ton message Dark Sheep! :lol:

-> Hein ?? Non non... pas moi :siffle:
Enfin si, mais comment diable as-tu pu deviner ? :?
Ma parole, il est fort :wink:

Ouais, bon, j'ai essayé de tricher un peu... et alors ? :transpire:

Mais j'attendrai patiemment, z'en faites pas !
:jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 04 Sep 2011 - 15:51   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon, ben désolé, mais ça commence à faire vraiment longtemps, là :neutre:

Gorlan Kadraa restait figé devant la verrière de la Suprématie, les yeux dans l'espace, glacé de découvrir que la partie n'était pas encore terminée ; elle s'annonçait même très mal pour lui et pour Sev'rance Tann qui était déjà mourante, et même pour tout l'équipage de la Frégate Séparatiste, même si cela ne l'affectait pas émotionnellement...
Par habitude, son esprit commença à chercher des issues, des moyens par lesquels se tirer de cette situation, mais il n'y en avait pas ; c'était trois solides Cuirassés Loyalistes qui barraient la route à la Suprématie, disposés en triangle équilatéral autour d'elle, et même sans être un expert en batailles spatiales, Gorlan savait que c'était plus qu'assez pour venir à bout d'une Frégate Munificent...
Il se détourna lentement de la verrière, horrifié d'échouer maintenant alors que Sev'rance et lui venaient juste d'échapper de justesse aux Wookies... L'équipage ne tenait plus en place, lui, transmettant à une vitesse stupéfiante des informations sur le caractère désespéré de leur situation ou leur préparation au combat ; le Capitaine Shray'lya distribuait ses ordres férocement, manifestement déterminé à entamer la lutte coûte que coûte...
Gorlan comprenait cela, mais l'espace, ce n'était pas son élément, sinon dans de simples combats de chasseurs stellaires, et encore... À terre, il était un redoutable mercenaire Mandalorien plein de ruse et d'énergie ; sur le pont de la Suprématie, il n'était plus qu'un passager contraint de se fier aux officiers de la flotte...
« Ramenez tous les déflecteurs à l'avant ! tonnait Shray'lya. Préparez les chasseurs au lancement et armez les lances-torpilles, mais ne faites rien avant d'avoir reçu mon ordre direct ! Préparez aussi les moteurs, je veux un basculement de quatre-vingt-dix degrés sur tribord quand j'en donnerais le signal !
Un officier Ruurien avait à peine eut le temps d'annoncer que les déflecteurs étaient en place sur l'avant du vaisseau que ceux-ci étaient frappés par une puissante salve rougeoyante venue du Cuirassé en face de la Suprématie... Un autre officier, un humain en charge des détecteurs, annonça que les trois vaisseaux lourds ennemis lançaient leurs chasseurs...
Gorlan comprit qu'ils n'en sortiraient pas vivants... Sev'rance et lui avaient superbement mené leurs combats sur tous les fronts mais ils ne quitteraient pas le système d'Alaris Prime, ils finiraient tous carbonisés par une salve turbolaser et ils ne seraient plus que poussière perdue dans l'espace...
-Ne tirez pas et ouvrez-moi une communication avec l'un d'eux, n'importe lequel ! ordonna encore Shray'lya alors que les rafales pleuvaient sur les boucliers de la Frégate.
-À vos ordres, Capitaine.
-Qu'allez-vous faire, Capitaine ? demanda Gorlan à l'officier Bothan, un peu perdu.
-La seule chose sensée à faire en pareille circonstance, grinça Shray'lya. Nous allons nous rendre.
Gorlan le regarda un instant sans comprendre, puis il hocha la tête ; le Capitaine se détourna de lui pour émettre une communication à l'holoprojecteur.
-Ici le Capitaine Shray'lya de la Frégate Suprématie ! s'annonça-t-il avec une agressivité étonnante pour quelqu'un qui se trouvait manifestement du mauvais côté de la puissance de feu. Vous tirez sans sommation, j'exige que vous cessiez le feu immédiatement afin que nous puissions négocier les conditions de notre reddition ! (Il se tourna brièvement vers Gorlan) Ne vous en faites pas, ils n'ont pas la moindre envie de se retrouver avec un procès pour crimes de guerre sur le dos... C'est leur faiblesse.
Shray'lya avait sûrement raison concernant les Loyalistes, mais Gorlan se demanda un instant si Sev'rance refuserait vraiment la reddition d'un ennemi armé, elle... Si sa mission le lui permettait, probablement pas, estima-t-il.
-Ça y est, on les a, Capitaine ! prévint un sous-officier Gossam lorsque apparut la petite silhouette bleutée d'un officier Loyaliste Khil.
-Vous ne manquez pas de culot, Shray'lya ! s'exclama l'ennemi. Vous savez combien de vos collègues Séparatiste cracheraient sur notre reddition ?
-Ah, donc vous me jugez sur les agissements d'autres individus ? rétorqua Shray'lya sans rien perdre de son aplomb. Vous êtes exonéré de votre honneur par mon allégeance politique ?
L'officier Khil resta un moment silencieux, dardant un regard méprisant sur Shray'lya, mais les tirs avaient cessés.
-Vous avez de la chance, conclut-il d'un ton assassin. Vos supérieurs savent comment on mène une guerre, les miens non.
Là encore, Gorlan ne put s'empêcher de se demander si Sev'rance dirait la même chose à la place de cet officier Loyaliste...
-À qui ai-je l'honneur, pour commencer ? interrogea Shray'lya.
-Capitaine Zemta du Cuirassé Dernier Serviteur ; les renseignements nous ont prévenus que vous aviez été de vilains garçons sur Alaris Prime...
Gorlan supposa que c'était les Wookies qui les avaient poursuivis qui avaient informé les renseignements Loyalistes du raid... Décidément, ils étaient le seul élément que Sev'rance n'avait pas prévu avant de lancer l'attaque...
-Très bien, Capitaine, répondit Shray'lya, légèrement plus civilisé. Alors rappelez immédiatement vos chasseurs et je désarme mes torpilles...
-D'accord. Préparez-vous à être abordés ; nous allons nous rapprocher avant de lancer les navettes, je ne veux pas voir un seul flux d'énergie en direction de vos turbolasers...
Zemta n'était pas idiot, il connaissait les risques qu'il courait avec la puissance des turbolasers d'une Frégate Munificent...
-Alors allons-y. 
Shray'lya rompit la communication.
-Désarmez les lance-torpilles, ordonna-t-il, mais que les chasseurs restent en place, ils ne devraient pas les voir... Que les artilleurs se tiennent prêts, mais je ne veux pas voir un seul coup de feu partir avant que je n'en ai donné l'ordre... Zemta ne nous fait pas confiance, mais en l'occurrence il n'a pas vraiment le choix, ses alliés Jedi ne plaisantent pas avec ce genre de choses...
Lentement, les trois énormes Cuirassés commencèrent à se rapprocher de la Frégate, jusqu'à ce que le Cuirassé en face de la Suprématie occupe presque toute la verrière ; les chasseurs Loyalistes avaient déjà retrouvés leurs hangars et les batteries turbolasers des Cuirassés étaient peu performantes sur l'arrière des vaisseaux, les Séparatistes pourraient prendre le large facilement si seulement ils franchissaient le barrage... Mais cela paraissait impossible...
-Les hangars s'ouvrent pour laisser passer leurs navettes, prévint l'officier des détecteurs.
Shray'lya eut une curieuse expression qui ressemblait à un sourire Bothan ; Gorlan sut alors que c'était maintenant que tout allait se jouer...
-Maintenant ! rugit le Capitaine. Basculez sur tribord, lancez les chasseurs sur le Cuirassé de bâbord ! Leurs hangars sont vulnérables ! Transférez un maximum de puissance sur les boucliers au-dessus des superstructures !
Soudain, Gorlan sentit la Suprématie se renverser sous lui alors qu'elle basculait sur le côté, la gravité du vaisseau se modifiant brusquement pour que le pont ne soit pas trop affecté ; la riposte ne se fit pas attendre, les batteries turbolasers des Cuirassés tout proches se mirent à pilonner la Frégate et Gorlan sentit son cœur s'emballer... Le vaisseau tremblait sous la violence des impacts alors que l'équipage faisait tout son possible pour maintenir les déflecteurs à un niveau correct... Ils devaient s'en sortir maintenant, ou les tirs les réduiraient en poussière...
Gorlan ne ressentait habituellement que faiblement la peur, tout juste assez pour l'encourager au combat, mais en cet instant il la sentait faire trembler tout son être à l'idée des ténèbres qui le menaçaient...
Pas de la poussière de l'espace, je ne veux pas finir comme ça, je veux mourir à terre, égorgé par un autre Mandalorien, désintégré par un détonateur, n'importe où mais pas là, broyé avec le reste du vaisseau...
Mais l'écran tactique montrait que sous la Frégate, protégés des tirs du Cuirassé central et de ceux du Cuirassé tribord par la position renversée en diagonale de la Frégate, les chasseurs-vautours quittaient le vaisseau par escadrons entiers pour se précipiter sur le Cuirassé bâbord... Les petites silhouette noires assaillirent sauvagement le vaisseau, l'arrosant de mille épingles rougeoyantes qui s'abattaient sur ses boucliers... Des explosions devinrent vite repérables dans les hangars, dépourvus de défense pour laisser passer les navettes, et les turbolasers du Cuirassé bâbord furent rapidement contraints de changer de cible...
Mais pendant ce temps, Gorlan voyait toujours les rafales des deux autres Cuirassés s'abattre avec véhémence sur les superstructures protégées de la Suprématie, décidées à briser la résistance du vaisseau Séparatiste... Combien de temps les boucliers tiendraient-ils encore ?
L'équipage s'agitait en tous sens, oppressés de terreur et d'espoir...
-Chargez les torpilles à protons mais ne tirez pas encore ! ordonna furieusement Shray'lya, qui paraissait être le seul à garder un peu de sang-froid au milieu du chaos. Artilleurs turbolasers, cessez le feu, on a besoin de puissance pour les boucliers !
Plusieurs informations furent lancées au Capitaine concernant les boucliers au milieu du brouhaha d'échanges alarmés.
-Et évacuez les détecteurs trois et le turbolaser quatre, les boucliers ne vont pas tarder à céder ! ordonna-t-il en conséquence.
Allez, allez, on peut y arriver, non ? se martela Gorlan, mais il n'était pas facile d'y croire pris sous le déluge de turbolasers...
-Ils relancent leurs chasseurs, Capitaine ! prévint quelqu'un.
-Rapport sur les chasseurs-vautours ? demanda Shray'lya sans en tenir compte.
-Quelques hangars neutralisés, mais surtout des dommages sur les détecteurs et quelques turbolasers... Ils lancent leurs propres chasseurs contre les nôtres...
De puissantes explosions se firent entendre, pas si loin que ça du pont de commandement...
-Turbolaser quatre détruit, les déflecteurs commencent à céder ! prévint anxieusement l'officier Ruurien.
-Alors c'est le moment de nous retirer du jeu... Basculez de nouveau à quatre-vingt dix degrés, sur bâbord, cette fois ! Quand ce sera fait, transférez ce qui reste des boucliers sur les réacteurs ! Ne cherchez pas à récupérer les chasseurs, ils sont perdus... Nous allons foncer sur le Cuirassé de bâbord... En espérant que nous serons toujours vivants à ce moment-là, bien sûr, ajouta Shray'lya lorsqu'une nouvelle explosion se fit entendre...
La Suprématie effectua brutalement une nouvelle rotation pour revenir à sa position normale, mais Gorlan entendait les impacts se faire de plus en plus fréquents non seulement sur les boucliers mais aussi sur la coque du vaisseau, et il savait ce que cela signifiait... Les boucliers saturaient, le vaisseau commençait à voler en shrapnels sous le pilonnage ennemi... Des membres de l'équipage étaient sûrement déjà en train de payer de leur vie la tentative d'évasion de la Suprématie, combien de temps avant que ce ne soit au tour du pont de commandement ?
Cependant, Shray'lya donnait l'ordre de lancer les torpilles et d'actionner temporairement les batteries turbolasers, portant un coup sérieux au Cuirassé central et à celui de tribord, mais Gorlan savait que cela ne durerait pas ; la Frégate s'était maintenant complètement retournée et elle s'efforçait de fuir les deux Cuirassés furieux sous un tir nourri, fonçant sur le Cuirassé de bâbord, lequel était toujours empêtré dans un nuage de chasseurs-vautours et de ses propres engins...
Cela n'empêcha pas les artilleurs de ce troisième Cuirassé de faire un effort pour viser la Suprématie, mais leur marge de manœuvre était clairement réduite par le combat de chasseurs autour de leur vaisseau...
-Allez, tenez bon, gronda Shray'lya. Je ne sais pas dans quel état nous allons nous en sortir, mais nous pouvons le faire...
Mais derrière, les deux Cuirassés s'acharnaient toujours sur la Frégate, les explosions continuaient à un rythme alarmant, à se demander comment ils n'avaient pas encore été tous réduits à un nuage de shrapnels...
-Les réacteurs sont touchés, Capitaine ! annonça l'officier Ruurien.
Shray'lya ne répondit pas ; Gorlan était sûr qu'il ne voulait pas le faire parce que toute sa belle confiance volerait en éclats devant l'équipage s'il essayait d'ouvrir la bouche à ce moment, sa terreur jaillirait hors de lui et plus personne ne saurait quoi faire...
Lorsqu'il se reprit, ce fut pour articuler péniblement :
-Continuez et concentrez le feu sur le Cuirassé bâbord... Ne vous arrêtez pas tant que je ne vous en aurais pas donné l'ordre... Il faut qu'ils croient que nous allons essayer de détruire l'autre vaisseau coûte que coûte, quitte à l'éperonner...
Silencieux comme une statue figée au milieu du pont de commandement, Gorlan respirait difficilement, mais il comprenait les décisions de Shray'lya... Au point où ils en étaient, les Loyalistes n'auraient aucun mal à croire à un geste désespéré... Pourtant, il n'était pas sûr que la tactique suffise à leur sauver la vie, il suffisait que la Suprématie se montre moins résistante qu'espéré face à l'assaut pour que tout s'achève brutalement...
Le Cuirassé bâbord se rapprochait à une vitesse lente mais déjà inquiétante dans la verrière, sous le feu nourri de la Suprématie... Gorlan imaginait sans mal la terreur de l'équipage Loyaliste confronté à ce vaisseau ennemi devenu fou, alors que les derniers chasseurs continuaient à gêner les artilleurs...
Une explosion plus forte encore que les précédentes se fit entendre à l'arrière, faisant bondir le cœur de Gorlan dans sa poitrine...
-Capitaine, nous avons perdu une bonne partie de la coque et un réacteur !
-Tenez bon, nous pouvons y arriver ! déclara Shray'lya, le ton féroce mais la voix affaiblie.
Gorlan en doutait de plus en plus... Il admirait la détermination de Shray'lya, mais la détermination ne remplaçait pas les boucliers d'un vaisseau, encore moins ses réacteurs...
Je ne veux pas mourir dans l'espace...
-Les Cuirassés derrière nous se déplacent, Capitaine !
En effet, les Cuirassés qui se trouvaient auparavant devant et à tribord de la Suprématie avaient compris la menace pour leurs camarades du Cuirassé bâbord, et ils s'étaient à présent positionnés de façon à causer le plus de dommages possibles aux réacteurs de la Frégate, abandonnant leur position de triangle équilatéral pour former un triangle isocèle avec le troisième Cuirassé... Et ouvrant un boulevard sur le côté tribord de la Suprématie.
-Pas trop tôt, encore un peu et on devait vraiment l'éperonner... grogna Shray'lya. Allez, cessez le feu, transfert d'énergie pour retrouver des boucliers à peu près corrects sur les côtés, rotation horizontale de quarante-cinq degrés sur tribord...
C'était une bonne chose, mais cela suffirait-il encore à sauver la Frégate ? C'est que les Cuirassés tiraient sans faiblir alors que l'équipage détournait le vaisseau du Cuirassé devant lui pour le réorienter vers l'espace libre, où ils pourraient passer en hyperespace...
La question était de savoir s'ils en auraient le temps avant que le vaisseau ne soit réduit en miettes... Probablement pas, à en juger par l'énorme explosion qui secoua à nouveau le vaisseau, quelque part sur la droite du pont de commandement, probablement venue d'une salve du troisième Cuirassé...
Sev'rance, pensa Gorlan, et le mercenaire Mandalorien manqua de s'effondrer à cette pensée...
Elle était quelque part à bord du vaisseau, entre les mains des chirurgiens... Se pouvait-il qu'elle soit morte sans même qu'il ne s'en doute, victime d'un tir turbolaser ? C'était une femme à moitié morte qu'il avait ramené sur la Suprématie, elle aurait été purement et simplement désintégrée dans son sommeil, elle serait morte inconsciente, sans même que les artilleurs Loyalistes ne sachent qu'ils venaient de tuer la plus brillante des généraux de Dooku...
-Passage en hyperespace dans sept, six... criait quelqu'un.
Néanmoins, il n'y eut pas un soupir de soulagement qu'un nouveau choc frappait l'arrière du vaisseau...
-Réacteur hyperspatial légèrement endommagé ! s'exclama l'officier Ruurien, paniqué.
Nous allons tous mourir. Nous avons pris un risque de trop.
-N'interrompez pas le passage en hyperespace, hurla malgré tout Shray'lya à une vitesse précipitée, c'est notre seule chance !
-Zéro ! »
Tout l'espace dans la verrière se distordit brusquement sous les yeux terrorisés des occupants de la Suprématie, puis le système d'Alaris Prime disparut tout à fait alors que la Frégate pénétrait dans le flou bleuté de l'hyperespace... Ils échappaient enfin aux Loyalistes... Mais avec un réacteur hyperspatial endommagé...
Le pont de commandement devint presque silencieux, mais loin de se laisser aller au soulagement, tout le monde paraissait compter les secondes, comme s'ils attendaient celle à laquelle la propulsion hyperspatiale lâcherait... Si cela se produisait et qu'ils étaient trop proches d'un puits gravifique à ce moment-là...
Gorlan interrogea un instant Shray'lya du regard...
« Ne vous inquiétez pas, conclut fermement celui-ci.
Il s'entretint un instant avec l'officier Ruurien et une petite humaine.
-Sortez de l'hyperespace tout de suite ! ordonna-t-il ensuite. Sortez, tant qu'on sait encore où on va !
-À vos ordres !
L'espace devant la verrière vira soudain au noir strié de bleu... Un horrible doute traversa l'esprit de Gorlan ; et s'ils ne sortaient pas du tout de l'hyperespace ? L'hyperespace était quelque chose d'imprévisible, il n'était pas vraiment conseillé de voyager avec un réacteur potentiellement défectueux...
-Nous ne sommes pas trop près des Loyalistes, Capitaine ? demanda Gorlan à Shray'lya, préférant se concentrer sur une possibilité somme toute moins effrayante que celle d'être perdus à jamais loin de l'espace réel...
-Ça se pourrait, oui, admit le Bothan, mais nous n'avons pas vraiment le choix, à moins que vous ne souhaitiez finir vos jours au cœur d'une étoile, Colonel... (Les stries bleues disparurent, remplacés par l'espace, au grand soulagement de Gorlan) Je préfère que nous allions voir si les dégâts peuvent empêcher l'hyperpropulsion de fonctionner et si c'est réparable pendant qu'on maîtrise encore quelque chose... Dans le pire des cas, nous devrons gagner le système Séparatiste le plus proche en subluminique... Mais je dois vous prévenir que si les Loyalistes nous retrouvent avant que nous n'ayons pu fuir, je me rendrais pour de bon, Colonel.
-Oui... Je comprend, Capitaine.
Autant être réaliste : ils n'avaient plus aucune chance de causer quelque dommage que ce soit à un vaisseau lourd Loyaliste... Autant sauver leurs vies. Shray'lya partit donner des ordres sur la propulsion hyperspatiale, non sans préciser qu'ils avaient intérêt à faire vite si les Loyalistes partaient à leur recherche ; Gorlan le rattrapa :
-Capitaine ? Où est le Général Tann ?
Gorlan était sincèrement inquiet pour elle... Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait volé à son secours sur Alaris Prime, mais il tenait à la jeune femme, qu'il le veuille ou non...
Peut-être était-ce parce qu'elle était différente de lui et de tous ceux qu'il avait rencontré, une petite perle d'idéalisme au milieu de cette Galaxie corrompue, aussi incompréhensible qu'elle puisse paraître aux yeux de Gorlan...
-Je vais voir ça tout de suite... C'est vrai que Dooku va nous tuer si on revient sans elle...
-Merci. »

Difo Jirr avait été médecin trente ans durant, la chirurgie était pour lui un art au même titre que la musique pouvait l'être pour d'autres Biths, et un art utile ; cependant, c'était la première fois qu'il avait l'impression de jouer sa propre vie en même temps que celle de sa patiente, et ce à plus d'un titre...
D'abord parce que la patiente en question n'était ni plus ni moins que le Général Tann ; tout le monde savait que Dooku misait beaucoup sur cette femelle humanoïde à la peau bleue, personne ne voudrait être celui qui causerait sa mort, ni même celui qui se montrerait incapable de la sauver...
Ensuite, parce qu'aux impacts qui résonnaient dans tout le bâtiment de guerre, il n'échappait plus à personne que la Suprématie était engagée dans un combat spatial !
« Attendez, ils sont en train de renverser le vaisseau, dit le chirurgien Bith à son assistant humain. Ça va déjà être assez coton sans qu'on risque en plus des problèmes de gravité... »
Tann était en piteux état, c'était le moins qu'on puisse dire ; un mercenaire Mandalorien employé par Dooku avait ramené l'officier avec deux carreaux d'arbalète Wookie fichées dans le ventre et plusieurs autres blessures moins graves... À vrai dire, il paraissait déjà étonnant qu'elle ait survécu compte tenu de la quantité de sang qu'elle avait perdu, mais on disait que c'était une Jedi Noire, cela devait impliquer des possibilités qui échappaient à la médecine telle que la pratiquait Jirr...
À eux trois, Jirr, son assistant humain et un droïde avaient réussis à la ramener à un état à peu près stable et à retirer le premier carreau ainsi que ses éclats ; s'ils n'étaient pas tous anéantis par une salve turbolaser d'ici là, Jirr avait bon espoir de sauver Tann et sa propre tête du même coup...
Allez, du courage...
Évidemment, ce ne serait pas vraiment la faute de Jirr si Tann mourrait, tout le monde à bord de la Suprématie murmurait qu'elle et Kadraa s'étaient lancés dans une mission suicide, sans compter que Jirr avait de gros doutes sur la fiabilité d'un Mercenaire Mandalorien ; mais cela n'aurait pas grande importance aux yeux de Dooku... Jirr comprenait, il fallait sans doute gérer les choses avec une certaine rigueur pour que chacun reste à sa place, c'était ce que la République se refusait à comprendre, disait-on, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir vraiment peur...
Concernant Tann, le chirurgien avait craint pour elle que son cerveau n'ait indirectement souffert de l'hémorragie ; même s'ils arrivaient finalement à la ranimer, il n'était pas à exclure qu'un trop long moment sans que son cerveau ne soit alimenté en sang la laisse amnésique ou handicapée mentale... Là, Dooku l'aurait achevée lui-même, non sans s'occuper des deux chirurgiens auparavant. Heureusement, ce n'était pas le cas. Cela arrivait trop facilement aux Biths, leurs énormes cerveaux nécessitaient beaucoup de circulation sanguine, mais Tann y avait échappé, soit parce que son espèce avait une morphologie moins fragile à ce niveau, soit parce que cette mystérieuse Force avait maintenu ses cellules cérébrales en vie...
Évidemment, le fait que Jirr n'ait aucune donnée sur l'anatomie de l'espèce de Tann n'arrangeait pas les choses, il était obligé de se référer à celle des humains ; cependant, il ne semblait pas y avoir de différence majeure dans la disposition des organes pour l'instant.
« On peut y aller. » ordonna le chirurgien Bith lorsqu'il estima que la gravité du vaisseau ne risquait plus de leur faire commettre une erreur fatale à Tann.
Ils recommencèrent à fouiller dans le ventre ouvert de Tann à la recherche du dernier carreau et d'éventuels éclats ; les déchirures étaient profondes et touchaient plusieurs organes, les deux chirurgiens avaient les mains pleines de sang, contrastant avec l'étrange peau bleue de Tann... Le droïde se chargeait de ce qui demandait simplement beaucoup de précision, mais les deux chirurgiens vivants restaient attentifs car la précision mécanique ne remplaçait pas l'inventivité nécessaire à certaines opérations ; et de l'inventivité, Jirr n'en manquait pas, il aimait chercher le meilleur moyen de plonger au plus profond d'un organisme réparer ce qui devait l'être, le comprendre entièrement pour garder la vie en lui...
Dans le cas de Tann, ce n'était pas simple, les arbalètes Wookies étaient des armes cruelles qui déchiraient les tissus plutôt que de simplement les carboniser, les carreaux s'enfonçaient loin dans le corps des victimes, coupant tout sur leur passage ; néanmoins, Jirr avait connu pire, l'opération aurait pu être presque normale s'il ne s'était pas agi du Général Tann et s'ils n'avaient pas été manifestement pris dans une bataille spatiale au même moment... Pourtant, il parvenait à se concentrer sur la patiente sans problème, ce qu'il faisait le passionnait trop...
Du moins, ça le passionnait jusqu'à ce qu'une détonation retentisse quelque part non loin d'eux, secouant le vaisseau ; le Bith se figea soudain au-dessus du ventre saignant de Tann, terrifié. En face de lui, l'humain avait pâli, son visage recevait donc moins de sang, ce qui était souvent signe d'inquiétude chez eux...
« Ce n'était pas une rotation du vaisseau ou une salve sur les boucliers, ça... murmura-t-il. C'était un impact directement sur notre coque...
-Ils ont transpercé les boucliers... Si on on la tue, avança l'humain en désignant Tann du menton, je ne suis même pas sûr que nous vivrons pour subir la colère de Dooku...
Le comlink de Jirr sonna brusquement.
-Incendie, il y a deux blessés ! Et il va y en avoir d'autres, à mon avis ! Vous avez fini avec Tann ? demanda anxieusement la voix d'un membre de l'équipage.
-Non ! répondit sèchement le Bith. Et elle passe en priorité, vous le savez comme moi, voyez avec les droïdes !
Mais en vérité, Jirr doutait sérieusement que l'on puisse quoi que ce soit pour les malheureux qui seraient victimes des salves turbolasers, il commençait même à douter de sa propre survie... Il avait semblait-il eu une bien mauvaise idée en acceptant cette mission... La Suprématie vacilla à nouveau avec un fracas épouvantable... Et surtout beaucoup trop proche.
-On ne peut pas l'opérer dans ces conditions, remarqua l'humain, qui s'inquiétait clairement beaucoup plus pour lui que pour Tann...
-Non... Non, en effet, il faut se rendre à l'évidence... Bon, on prolonge l'anesthésie, on essaye de refermer là où on peut encore faire vite... Et on la déménage. Il va lui falloir une bulle, pour la couper de l'environnement extérieur en attendant qu'on finisse...
Si nous avons l'occasion de finir un jour, compléta-t-il mentalement.
-D'accord, je vais chercher la bulle, et on évacue... Elle ne risque pas de claquer tout de suite, au moins ?
-Normalement non, si on veille à ce que ça ne s'infecte pas... Mais si nous n'agissons pas avant qu'elle n'ait perdu trop de sang... Écoutez, je ne sais pas comment on va s'en sortir, mais merci d'avoir fait ce que vous pouviez...
-De rien, c'était un honneur de travailler sous vos ordres... »
L'humain partit chercher une bulle protectrice pour Tann tandis que Jirr s'efforçait de parer au plus urgent dans les entrailles de Tann, son rythme cardiaque s'accélérant à chaque fois qu'il percevait une explosion, fut-elle lointaine... Finalement, il cessa tout à fait de travailler, les mains tremblantes.
« Ça y est, elle est isolée, affirma précipitamment l'assistant lorsque la bulle transparente monté sur une luge antigrav eut recouvert la jeune femelle humanoïde pour la protéger de tout environnement non-aseptisé. On y va ?
-Tout de suite. »
Les deux médecins sortirent hâtivement de la salle d'opération, poussant la bulle antigravitationnelle de leur patiente devant eux ; derrière, le droïde demandait ce qu'il se passait dans l'indifférence générale... À peine étaient-ils sortis dans les couloirs de la Suprématie qu'ils sentirent le vaisseau se renverser à nouveau, mais le bruit sourd des impacts continuait, résonnant sinistrement dans les couloirs du vaisseau... Ils croisèrent plusieurs membres de l'équipage qui couraient le long du couloir, affolés.
-Un nouvel incendie s'est déclaré du côté des réacteurs ! prit le temps de leur expliquer un Bothan. On ne sait pas si les extincteurs automatiques feront l'affaire cette fois et on est sans nouvelle des techniciens sur place ! Ne restez pas là, les boucliers ici se sont effondrés ! Ou les grosses têtes de la passerelle les ont retirés, je ne sais pas...
-Très bien, merci ! On remonte près du pont de commandement ? suggéra Jirr à son compagnon.
-Avec plaisir ! »
Les deux chirurgiens partirent aussi vite qu'il leur était possible vers le turbo-élévateur le plus proche, poussant devant eux la luge antigrav qui portait la bulle de leur patiente... Il fallait qu'ils sortent d'ici... Jirr pouvait très bien gérer le stress lié à une opération, mais c'était tout autre chose que de se retrouver au cœur d'une bataille spatiale au milieu de militaires qui eux-mêmes n'en menaient pas large... Ce n'était pas la place d'un chirurgien...
Alors qu'ils s'efforçaient toujours d'arriver à destination, pressés par le rythme des explosions, une voix probablement venue du pont de commandement retentit dans les hauts-parleurs, leur annonçant un secteur à l'avant-bâbord où devait se rendre le personnel non-indispensable au vaisseau et les rescapés des attaques précédentes ; les deux médecins obtempérèrent et rejoignirent une zone bondée de membres d'équipage aussi nerveux qu'eux-mêmes, s'entassant comme ils le pouvaient entre les parois grises... Personne ne parut s'apercevoir que leur patiente n'était autre que le général responsable de cette mission...
Des murmures inquiets perçaient entre les éclats et leurs pénibles respirations...
Jirr vit qu'il y avait quelques blessés parmi eux, emmenés par leurs compagnons d'infortune qui s'efforçaient de leur parler tout en sachant qu'ils ne pouvaient rien pour eux, car même si la bataille prenait brusquement fin, même si les salles d'opération n'avaient pas toutes été détruites par un tir, Tann passerait en priorité... C'était comme ça.
Les deux médecins s'entreregardèrent mais ils ne dirent pas un mot, attendant en silence la fin du cauchemar avec le reste de l'équipage, ensemble. Un temps indéfinissable s'écoula, les secondes devenaient incroyablement longues lorsqu'on savait que la suivante pouvait être la dernière... Il paraissait incroyable qu'une brèche flamboyante ne se soit pas encore ouverte sous eux pour les dévorer vifs...
« Écoutez, les interpella enfin quelqu'un, dominant sans peine les rares conversations environnantes. Les tirs ont cessés...
-Alors on s'en est sortis... conclut quelqu'un d'autre avec un soupir de soulagement. Les gars de la passerelle ont fait leur boulot, finalement...
-On y a quand même laissé pas mal de monde, s'exclama un sous-officier, et Jirr craignit que la conversation ne porte sur l'inaction des chirurgiens.
-Peut-être que Shray'lya s'est rendu, tout simplement ?
-Je ne sais pas, mais j'ai une patiente, messieurs, en espérant qu'il y ait encore une salle d'opération... affirma Jirr. Si vous voulez bien me laisser passer... »
Il était sauvé pour le moment, il était grand temps qu'il retourne à ce qu'il connaissait vraiment ; que Shray'lya se soit rendu aux Loyalistes ou non, que Tann passe en priorité ou non, ce n'était pas son problème... Il était là pour sauver les vies qu'on lui confiait et rien d'autre.

Une heure éprouvante suivit la fuite de la Suprématie, chacun s'efforçant de se reprendre après la bataille tout en redoutant le verdict sur l'état de l'hyperpropulsion ; ce fut finalement Shray'lya lui-même qui annonça d'une voix tonitruante au pont de commandement que les dommages étaient minimes, et que même s'il préférait ne pas s'engager dans un saut hyperspatial trop long par mesure de précaution, ils étaient tout à fait en mesure de gagner un système Séparatiste proche où réparer les dommages catastrophiques subis par la Suprématie. L'annonce fut suivie d'applaudissements et de quelques cris de joie ; ils étaient tous trop heureux d'être en vie pour penser à la discipline, même Shray'lya...
Néanmoins, Gorlan ne s'attarda pas sur le pont, et lorsque le vaisseau passa enfin en hyperespace, échappant à la mauvaise fortune qui les avait tous accablés dans cette opération, lui ne voyait que Sev'rance Tann, allongée inconsciente sous ses yeux... Il était curieux de voir ses traits ainsi détendus...
« Tout va bien, elle va revenir à elle, lui assura un chirurgien Bith. Elle avait perdu beaucoup de sang, je ne comprend même pas comment elle pouvait être encore en vie lorsque vous nous l'avez amenée... Mais elle est sauvée, maintenant. Comme nous tous, semble-t-il...
-Nous avons pu évacuer le bloc à temps, expliqua un autre, un humain.
Gorlan hocha la tête, et pour une fois, il cherchait ses mots...
-Merci, dit-il. Merci de l'avoir sauvée.
-Mais ne nous remerciez pas... corrigea l'humain. Vous savez aussi bien que moi que nous jouions tous nos têtes là-dessus...
-Ce n'est pas la question, corrigea Gorlan avant d'avoir pu s'en empêcher. Je tenais à ce qu'elle s'en sorte, pas moi. C'est... C'est une bonne Général, voilà.
-Vous tenez à elle ? demanda le Bith, légèrement surpris.
Et vous, vous tenez à vos patients ? pensa Gorlan, agacé par la question du médecin. On vous paye pour les sauver comme on me paye pour combattre avec Tann, c'est exactement la même chose. L'argent ne doit pas empêcher la solidarité. Pourtant, il fallait reconnaître que la question était pertinente ; Gorlan faisait toujours de son mieux pour aider ses compagnons d'armes, ça faisait partie du contrat, pour lui, mais avec Sev'rance, c'était devenu encore plus que cela...
-À vrai dire, je n'étais même pas censé essayer de la ramener à bord de la Suprématie... répondit-il. Je me mets au service de ceux qui me payent, mais cela ne m'empêche pas d'estimer ceux qui combattent à mes côtés, surtout lorsqu'ils le font avec une telle vaillance ; quelles que soient nos raisons, nous sommes tous embarqués dans le même vaisseau...
-Je suis heureux de l'apprendre, Colonel. Pardonnez-moi d'être si franc, mais... Au-delà de la solidarité qui vous lie, n'éprouveriez-vous pas plutôt... Des sentiments pour elle ?
Gorlan regarda un instant le visage de Tann, les yeux fermés, vulnérable, elle qui avait fait preuve de si redoutables pouvoirs sur le champ de bataille... Évidemment, un Mandalorien amoureux, ça intriguait le médecin Bith... Était-ce vraiment quelque sentiment voisin de l'amour qui avait poussé Gorlan à prendre de tels risques pour sauver Sev'rance ? C'était sans doute bien plus compliqué que cela, car il la percevait bien plus comme un général que comme une femme... Cependant, pour une raison ou pour une autre, le fait était qu'il avait rarement attaché tant d'importance à quelqu'un, il s'en rendait compte à présent... Il ne savait pas vraiment mettre de nom sur ce qu'il ressentait, en fait.
-Je ne sais pas, murmura-t-il. Je ne sais pas, mais je vais rester là. »

Bercée par le bruit des conversations autour d'elle, Sev'rance revenait doucement à elle ; elle éprouvait une étrange impression, comme si son âme était trop lourde pour pouvoir réintégrer son corps... L'esprit embrouillé, elle se rappelait à peine ce qui s'était passé avant qu'elle ne perde connaissance, des images de Wookies furieux valsaient sans cohérence dans sa tête, mais de toute évidence elle s'en était sortie ; tout paraissait étrangement paisible autour d'elle... Où qu'elle soit, elle allait reprendre le combat, pensa-t-elle confusément, presque par réflexe. On ne l'arrêterait pas.
Pourtant, lorsqu'elle sonda son cœur, elle n'y trouva que fatigue et lassitude... Elle ne se sentait pas la force de bouger de son lit pour le moment...
« Général...
Un humain était penché sur son visage, l'observant attentivement.
-Vous m'entendez ? insista-t-il.
-Oui, répondit Sev'rance. Nous sommes à bord de la Suprématie ?
-En effet, le Colonel Kadraa vous a ramené à bord à temps pour que nous puissions vous sauver.
-Merci.
Déjà, le Mandalorien apparaissait à son tour dans le champ de vision de Sev'rance.
-Content de vous revoir en état de service, Sev'rance...
Le médecin humain tiqua un peu en entendant Gorlan l'appeler par ce qui s'apparentait le plus à son prénom, mais il ne dit mot. Sev'rance non plus.
-Comment vous sentez-vous ? préféra demander le médecin.
-Crevée et courbaturée, mais j'imagine que ça aurait pu être bien pire...
-Oui, bien pire, confirma sombrement Gorlan. De quoi vous rappelez-vous ?
-Je me rappelle... Je me rappelle que les Wookies nous ont rattrapé sur Alaris Prime, que le droïde qui pilotait mon bateau est tombé en panne... Nous nous sommes battus contre eux sur une île, et j'ai dû prendre un mauvais coup...
-On peut dire ça comme ça... Sev'rance, vous vous êtes battue seule contre eux avant que j'arrive, vous avez pris deux carreaux d'arbalète dans le ventre... Vous étiez à moitié morte, articula Gorlan d'un ton incrédule. Et pourtant, vous combattiez toujours les Wookies... Pas seulement au sabre. Vous leur lanciez des éclairs !
Sev'rance se figea ; elle se rappelait de tout, maintenant, et beaucoup plus clairement qu'elle ne l'aurait voulu... Elle se revoyait emplie d'amertume alors qu'elle était sur le point d'être capturée par les Wookies à cause de ce maudit droïde, se jurant d'emporter le plus d'ennemis possibles dans la mort... Et après cela... Elle avait fait ce que le Comte Dooku lui avait appris, et... Et elle avait perdu la tête. Elle tremblait de peur en y repensant... Et ce n'était pas seulement parce qu'elle n'avait plus été que haine et désespoir pendant ce terrible moment, elle s'était sentie incroyablement forte, invincible... Elle avait toujours voulu se voir comme quelqu'un de réfléchi et pragmatique, mais se contrôlait-elle vraiment ? Le ressentiment qui la guidait n'avait-il pas fini par venir à bout de sa raison ?
-Sev'rance, ça va ?
-Oui... Oui, ça va, répondit Sev'rance, un peu trop brusquement pour parvenir à dissimuler son malaise. Mais je ne veux plus en parler, d'accord ?
-Comme vous voudrez. Écoutez... Nous nous sommes retrouvés pris dans une bataille spatiale en sortant du système... Trois Cuirassés Loyalistes qui nous sont tombés dessus... On s'en est sortis, Shray'lya a été impeccable, mais la Suprématie a subi des dommages spectaculaires... Nous y avons aussi laissé une bonne partie de l'équipage.
Sev'rance hocha lentement la tête, effarée à l'idée de tous ces gens sous ses ordres qui avaient perdus la vie pendant qu'elle était évanouie... C'était un épouvantable gâchis, l'équipage de la Frégate était loyal au possible, trié sur le volet par Dooku, ils avaient tous suivi sans broncher les ordres les plus incompréhensibles de Sev'rance pour lui permettre de mener à bien sa mission ; et d'après les forces en présence selon Gorlan, Sev'rance doutait que la Suprématie s'en serait tirée si chaque membre de son équipage n'avait pas fait de son mieux...
-J'en suis désolée, déclara-t-elle péniblement. Vraiment. Shray'lya m'en veut de l'avoir entraîné là-dedans ?
-Il était assez remonté quand je suis monté à bord de la Suprématie ; après, il avait des préoccupations plus urgentes, mais il vaudrait mieux que vous alliez lui parler, oui...
-Alors je lui dirais la vérité... Que je n'ai pas voulu cela et que j'étais prête à mourir pour que nous triomphions tous ensemble... Je croyais que c'était la meilleure solution. Ça l'était peut-être, d'ailleurs. Gorlan... Le droïde RAM... Vous...
Le Mandalorien hocha la tête.
-Nous l'avons ramené à bord, ne vous inquiétez pas pour cela ; les codes d'activations ont déjà été décryptés, il ne nous reste plus qu'à mettre en marche au sol les Decimators pour voir s'ils en valaient la peine...
Sev'rance prit le temps d'expirer comme si c'était la pression de toute sa mission pour Dooku qu'elle chassait de sa poitrine... La partie était presque gagnée, il ne lui restait plus qu'à apporter le Decimator au Comte Dooku et elle aurait réussi ! Ce n'était pas en vain qu'elle avait déployé tant d'efforts sur Tatooine, Eredenn puis Alaris Prime, elle avait accompli pour de bon cette mission que Dooku jugeait vitale ! Cependant, se rappela-t-elle, elle ne devait pas perdre de vue ses véritables objectifs ; le Decimator n'était rien, pas tant que la Confédération ne serait pas devenue ce qu'elle aurait toujours dû être... Mais ce n'était pas le moment d'y penser ; après toute une vie de lutte désespérée contre l'injustice, il semblait que la chance lui souriait enfin au service du Comte Dooku...
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Ven 09 Sep 2011 - 10:22, modifié 1 fois.
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Messagepar Den » Dim 04 Sep 2011 - 17:09   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Salut! :lol:

voilà, j'ai presque rattrapé mon retard.
en fait, il ne me manque plus que cette partie que tu viens de poster :D

Je suis toujours autant séduit par ton histoire et par tes personnages. Manipulation, guerre, action, et sentiments: tels sont les ingrédient de ta fic! Et tout ça pour mon plus grand plaisir (et celui de mes camarades! :) )

Je suis toujours conquis par les aventures de notre Beauté à la peau bleue :)

La lecture de la dernière partie posté: Dans un mois! (Je plaisante! :x ) enfin, j'espère...
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 04 Sep 2011 - 19:11   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Très bien! :)

Je posterais donc la partie suivante dans un mois aussi :diable:
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Messagepar Dark Sheep » Mar 06 Sep 2011 - 10:53   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

yeah, la suite :D

Eh bien c'est lu !
J'ai beaucoup aimé, je retrouve un aspect de ta fiction que j'affectionne particulièrement : les batailles spatiales.
Le reste est très bien aussi mais les batailles spatiales ont pour elles de nous montrer un genre de jeu d'échecs bourré d'explosions, et tu arrives à dessiner des stratégies intéressantes !
Tu parviens à entretenir le suspense durant ces passages d'action et ça rappelle bien l'un des ingrédients qui font de SW ce que nous savons.
Pour ce qui est du reste, j'ai bien aimé suivre notre médecin bith, je trouve ça plutôt cool d'en voir un qui ne soit pas musicien :lol:
Après je dois t'avouer que j'avais mélangé la chronologie de ton histoire, je m'imaginais que la dernière mission était celle dans la neige et non celle avec les wookies, mais peu à peu tout s'est remis dans l'ordre.

C'est bien de voir un peu transparaître les sentiments de Gorlan, Sev'rance mériterait un peu de chance dans sa vie amoureuse... enfin :transpire:
Quant à elle justement, son plongeon dans le côté obscur non contrôlé semble constituer un souvenir qu'elle n'affectionne pas trop :siffle:

Bon, ben je repasserai dans un mois pour la suite !
Encore bravo pour ce passage d'action dans l'espace :wink:
Mouton déjanté scénariste et chorégraphe...

"Cette galaxie a besoin d'un sauveur, pas d'un héros."
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 06 Sep 2011 - 11:04   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

J'ai beaucoup aimé, je retrouve un aspect de ta fiction que j'affectionne particulièrement : les batailles spatiales.
Le reste est très bien aussi mais les batailles spatiales ont pour elles de nous montrer un genre de jeu d'échecs bourré d'explosions, et tu arrives à dessiner des stratégies intéressantes !


Ah oui, merci ; j'y tenais à ce passage, ça fait des mois que ça parlotte, violemment, mais ça parlotte quand même, donc c'est l'occasion de réintroduire un peu de testostérone :diable: Je voulais aussi montrer que le Capitaine Shray'lya n'est pas seulement un figurant, c'est un vrai commandant courageux et réfléchi :)

Après je dois t'avouer que j'avais mélangé la chronologie de ton histoire, je m'imaginais que la dernière mission était celle dans la neige et non celle avec les wookies, mais peu à peu tout s'est remis dans l'ordre.

Géonosis (AOTC) → Plate-forme Kaer (production de droïdes, confrontation avec Jor Drakas) → Tatooine (négociations musclées avec Boorka le Hutt) → Eredenn Prime (Prise du Decimator) → Alaris Prime (Prise des codes d'activation du Decimator) :wink:

Sev'rance mériterait un peu de chance dans sa vie amoureuse... enfin :transpire:


Sauf qu'elle a laissé tomber... Mais qui sait?^^

son plongeon dans le côté obscur non contrôlé semble constituer un souvenir qu'elle n'affectionne pas trop :siffle:


Oh que oui! Sev'rance n'est pas Assajj Ventress... C'est bien cela le plus terrible dans son histoire.

Bref, merci de ta fidélité :jap:
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Messagepar Notsil » Lun 12 Sep 2011 - 16:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Ah, ça avance par ici aussi :)

On revient dans le présent de Tann, mais on n'a toujours pas le fin mot de l'histoire de son passé :'( La pauvrette, embarquée dans des manipulations de manipulations de manipulations ^^

Je rejoins Den et Dark Sheep, c'est très sympa d'avoir le point de vue de Dooku en amateur d'art, ou encore celui du chirurgien bith ;) (ça aurait pu être marrant un ptit coup de scalpel de surprise ^^).

Bonjou, nou somme notsil et den. Nou avon perdu notr conte alor on répon tou lé deu depui suila de darquechipe.
On a lu ton histoir jusco bou, cé tro de la bal on a aimé bocou.
Tu peu écrire la suite et la posté sur le forom.

:lol:

Bon, y'a plus qu'à se refaire une petite santé pour la miss chiss, d'éventuellement découvrir l'amour avec le mando (ou pas, si l'autre guguss qui était censé s'évader est mouru durant l'essai... ^^), et d'appréhender la noirceur qui a envahi son coeur...
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 12 Sep 2011 - 20:35   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

On revient dans le présent de Tann, mais on n'a toujours pas le fin mot de l'histoire de son passé :'(


Ah non, mais ne vous faites pas d'illusions, je vais alterner chapitre présent et passé jusqu'à la fin, le parallélisme est l'un des principaux éléments de cette fan-fic :wink:

Je rejoins Den et Dark Sheep, c'est très sympa d'avoir le point de vue de Dooku en amateur d'art, ou encore celui du chirurgien bith ;) (ça aurait pu être marrant un ptit coup de scalpel de surprise ^^).


Merci :)

C'est gentil d'être revenue, on va pouvoir reprendre un rythme de publication plus naturel, maintenant :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Lun 19 Sep 2011 - 23:50   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Allez, me revoilà ; pas de panique si l'intrigue a l'air de suivre un développement franchement anarchique pour le moment, c'est normal :wink:

À peine sorti de l'hyperespace, le Destroyer Stellaire de classe Victoire s'avançait sous l'éclat orangé de l'étoile du système Ceutra, la lumière emplissait tant le pont qu'elle en devenait oppressante ; ils volaient très près de l'astre démesuré, donnant à leur voyage une allure fantastique...
Le Vice-Amiral de la flotte de la République Darm Barzii arpentait tranquillement le pont en s'assurant que tout se passait bien lorsque Jor Drakas entra.
« Bonjour Général Drakas, nous sommes bien dans le système Ceutra ; les deux autres Destroyers Stellaires Victoire viennent de nous rejoindre.
-Parfait, vous resterez là sauf urgence ou ordre contraire de ma part. Le gouvernement de Ceuhia n'a pas à prendre connaissance de votre présence.
-Que faisons-nous s'il s'agit d'un piège, exactement, Général ?
-Eh bien, si le piège m'attend sur la planète, partez du principe que je peux me débrouiller si je ne vous demande pas d'aide ; mon contact tient à ce que nous nous fassions les plus discrets possibles, et il y a plus discret que trois Destroyers Stellaires... Si vous êtes confrontés à une flotte ennemie, en revanche, ripostez de votre mieux, j'essaierais de vous rejoindre le plus vite possible ; je vous fait confiance pour décider de la nécessité ou non de battre en retraite dans ce cas. Par contre, si je ne suis pas revenu demain à la même heure, partez... Mon entrevue devrait être brève, et si je ne suis pas revenu à ce moment-là, c'est que je ne reviendrais probablement pas.
-Bien, Général. Votre navette devrait être prête dans environ un quart d'heure. »
Jor hocha la tête et quitta le pont de commandement. Une semaine après la chute de Corvis Major, Barzii paraissait à l'aise, ici, aux commandes de la petite flotte qui accompagnait Jor ; le Jedi le comprenait sans peine, ils étaient loin du front de la Guerre des Clones et des trahisons de l'Amiral Tonith...
Néanmoins, lui-même n'aimait décidément pas cette mission, il avait été aussi franc que possible avec Barzii sur ce point ; il ne se sentait vraiment pas à sa place à poursuivre Tann... Il ne s'était pourtant pas posé plus de questions que cela lorsque le Conseil lui avait attribué cette mission parce qu'il était abasourdi par la mort de Merasz et voulait rattraper son échec de la plate-forme Kaer ; mais depuis, les combats de l'Hégémonie Ciutrique l'avaient lentement fait changer d'avis... Même si ce qu'il avait dû faire alors ne lui plaisait pas, il s'était trouvé bien plus à sa place à diriger la défense du Secteur contre les Séparatistes qu'il ne l'avait jamais été dans ses fonctions classiques de Jedi ; il espérait que cela ne le rendait pas semblable aux fous de guerre que comptaient les rangs de la Confédération, mais c'était ainsi. Et puis, à présent qu'il avait été confronté à l'Amiral Tonith, il éprouvait de plus en plus de sympathie pour Tann... Pourtant, lorsque Maître Yoda lui avait demandé si reprendre cette mission lui posait un problème, après la bataille de Ciutric, il lui avait répondu que non ; c'était un mensonge éhonté, mais Jor ne voulait surtout pas qu'un autre Jedi traque Sev'rance à sa place. Il voulait la revoir, fût-ce sur un champ de bataille, il voulait la revoir pour comprendre ; et puis, si quelqu'un d'autre se lançait à sa poursuite et la tuait ? C'était les risques de la guerre, et l'inquiétude de Jor paraissait bien incongrue s'agissant d'une ennemie, mais cette possibilité rongeait le cœur de Jor... Il n'y avait là rien de rationnel... Rien que l'esprit de Jor puisse percevoir comme rationnel, en tous cas, mais toujours était-il que Jor n'avait pas pu refuser cette mission.
En revanche, il n'avait pas manqué de souligner au Conseil des Jedi qu'à présent que la piste de l'Hégémonie Ciutrique s'était révélée fausse, retrouver Sev'rance était quasiment impossible ; elle n'avait refait surface nulle part sur le front, les servies de renseignement d'Isard avaient été incapables de la localiser. Dooku tenait manifestement au secret de sa mission, et cela rendait d'autant plus urgent de la retrouver... Dans ces conditions, Jor n'avait vu qu'un seul recours qui lui permette encore de réussir : Jorj Car'das.

« Je suis à vos ordres, Maître.
Ce furent les premiers mots que prononça l'hologramme de Sev'rance ; comme souvent, son visage ne laissait rien transparaître à Dooku sinon l'attente de ce qu'il attendait d'elle, mais le Comte persistait à étudier avec attention son visage comme si son regard pouvait percer l'hologramme pour sonder ses pensées... Elle avait survécu à sa mission sur Alaris Prime, elle détenait maintenant le Decimator en état de marche, et voilà qu'elle revenait lui demander ses ordres... Grievous et les autres avaient tort, la dévotion de Tann était décidément sans faille.
Mais s'agissait-il d'une dévotion à lui ou à la Confédération ?
-Nous sommes à l'abri dans le système Layssrat, poursuivit la jeune femme. Notre hyperpropulsion est pleinement opérationnelle ; le reste du vaisseau, non, loin de là, les dommages étaient beaucoup trop importants, il m'en faudra un autre si nous devons quitter la planète... Pour l'heure, personne ne sait que nous sommes ici, nous avons seulement donné pour consigne aux chantiers navals de réparer l'hyperpropulsion, puis nous sommes venus nous cacher dans ce système ; les colons ignorent tout de notre présence.
-J'ai lu avec attention le rapport du Capitaine Shray'lya après la bataille d'Alaris Prime, Général, déclara d'abord Dooku. Vous vous êtes tirée à merveille d'une situation extrêmement épineuse ; vous avez fait preuve d'un courage, d'une loyauté et d'une intelligence louables... Alors ce n'est pas de votre prochaine mission que je veux vous parler. Ce que vous avez accompli en volant le Decimator a peut-être mis nos ennemis sur la voie de la défaite ; et le jour où nous serons prêts à les y enfoncer jusqu'à ce qu'il ne reste rien d'eux, j'aurais besoin de vous. Restez où vous êtes, Général Tann. Reposez-vous, vous l'avez mérité.
Comme prévu, elle parut totalement prise au dépourvu, pour une fois.
-Me... Me reposer, Maître ? Mais je suis guérie, demandez-moi de quitter Layssrat, et je pourrais rejoindre le front... J'ai volé le Decimator, attendez de voir ce que je pourrais faire replongée au cœur de la guerre ; si le Général Grievous parvient à tenir les Loyalistes en échec sans mon aide, tant mieux, mais je vous assure que je peux me rendre utile...
Dooku sourit, mais au fond de lui, c'était ses doutes sur Tann qui ressurgissaient... Le fait qu'elle veuille retourner combattre malgré ses ordres démontrait que quelle que soit sa loyauté envers lui, elle était aussi très attachée à la victoire de la Confédération ; il n'était donc toujours pas sûr de savoir ce qui tenait le plus à cœur à la Chiss... Bien sûr, les deux n'étaient pas censés entrer en contradiction, mais tout de même...
-Je n'en doute pas, Général... Mais il est préférable que vous restiez cachée avec le Decimator en attendant que j'ai rassemblé une armée pour qu'il nous serve au mieux... je ne veux pas vous voir prendre de risques, car vous serez bien plus utile à la Confédération une fois que nous aurons maîtrisé le Decimator... Et que nous lui aurons trouvé une cible. »
Sev'rance hocha la tête.

L'endroit avait un aspect étrangement fantastique pour y retrouver un contrebandier, rien à voir avec les spatioports dans lesquels ceux-ci passaient d'ordinaire leur temps lorsqu'ils n'étaient pas dans l'espace ; mais ce n'était pas plus mal, cette caverne obscure s'accordait mieux avec la nature Twi'lek de Jor. Il entendait ruisseler de l'eau, pas loin, contrastant avec les constructions de ferrobéton au-dessus de la caverne dont certaines fondations étaient encore visibles un peu plus loin derrière lui...
Là, il y était, un gouffre à la profondeur insondable s'ouvrait devant lui, au bout du chemin ; il distinguait une sorte de formidable chute d'eau souterraine, vaguement éclairée par quelques lampes au faible éclairage bleuté le long de la paroi... Il devait bien y avoir vingt mètres là-dessous, sans doute plus... Il paraissait incroyable qu'un tel endroit existe sous les rues toutes identiques de la colonie de Ceuhia ; c'était délicieusement inquiétant... En tous cas, il se sentait bien mieux ici qu'à la surface... D'ordinaire, Jor aimait les villes, le fait d'être entouré, les constructions que les êtres de toutes espèces avaient patiemment érigées, mais la colonie de Ceuhia était un endroit vraiment sinistre ; à l'origine, elle avait été construite par une firme qui avait fait faillite bien longtemps auparavant pour accueillir ses mineurs, c'était partout les mêmes immeubles identiques et dépouillés, la colonie était toujours très pauvre.
Ici, en revanche, le Jedi respirait...
« Général Drakas ? l'appela une voix lointaine, couvrant à grand peine le bruit de la chute d'eau.
Jor se retourna ; on venait par sa gauche, trois silhouettes se frayaient un chemin au bord du gouffre. Deux d'entre elles s'arrêtèrent à mi-chemin, la troisième s'approcha suffisamment pour que Jor puisse discerner les traits d'un jeune humain barbu aux cheveux bruns.
-Jorj Car'das ? demanda Jor, contraint de hausser légèrement la voix pour se faire entendre de son interlocuteur.
-En effet, confirma l'homme en serrant la main de Jor. Si cela ne vous dérange pas, nous allons rester près de la chute d'eau, elle couvrira nos paroles ; personne n'a besoin de savoir à qui je vend mes informations...
Jor hocha la tête ; on disait que le jeune contrebandier parvenait avec habileté à tirer son épingle du jeu de la Guerre des Clones, et le négoce d'informations qu'il organisait y était sûrement pour quelque chose. C'était un atout utile auquel Jor recourait, mais il n'apprécierait jamais un homme qui profitait de la guerre pour s'enrichir ; il n'appréciait guère les contrebandiers en général, d'ailleurs, car loin de l'idéal romantique des héros indépendants d'holofilms, lui les voyait surtout comme des gens qui refusaient son dû à la société dans laquelle ils vivaient, et encore, lorsque leurs marchandises étaient légales...
-Vous ne m'aviez pas dit que vous seriez accompagné, remarqua Jor.
Il n'était pas vraiment inquiet pour autant, ces deux hommes ne représentaient probablement pas une grande menace pour lui, mais le manque de confiance de Car'das représentait un mauvais départ pour leurs négociations.
-Vous êtes un Jedi ; il n'y a rien là d'anormal, je rétablis une certaine équité entre nous pour ma sécurité, c'est tout... Nous ne sommes pas enregistrés, au passage, j'y ai veillé.
-Où sommes-nous, exactement, pour commencer ? Ça m'a l'air d'être une caverne naturelle, alors pourquoi cet éclairage ?
-Nous ne sommes pas dans mon antre, si c'est ce que vous vous demandez... Mais les cavernes de Ceuhia sont un endroit bien utile pour se retrouver, il y en avait déjà quelques-unes lorsque la compagnie a bêtement construit la ville au-dessus sans s'apercevoir de rien, et elles ont ensuite été approfondies et aménagées par des gens qui avaient besoin de se cacher... L'Échange, ils étaient influents, sur cette planète. Par la suite, les cavernes ont servi et continuent de servir à toutes sortes de gens... Moi compris. On a ici autant d'issues qu'on peut en rêver, pour remonter à la surface comme pour s'enfoncer dans les profondeurs.
Jor sourit.
-Quel que soit l'utilité pratique que vous lui trouviez, si on savait qu'il existe un tel endroit sous une ville si laide, j'ai dans l'idée que Ceuhia pourrait soudainement réorienter son économie vers le tourisme...
-Vous avez compris, approuva Car'das en riant, mais Jor sentit que le contrebandier était aussi méfiant que lui, derrière les plaisanteries. Bon, soyons brefs : vous avez des informations à m'acheter, Jedi ? Vos services de renseignements sont en grève ?
-Non, ils sont juste incompétents, rétorqua Jor sur le ton de la conversation, avec une mauvaise foi éhontée mais jouissive vis-à-vis d'Isard. Sérieusement, nous avons perdu la trace d'un Général Séparatiste, alors si vous pouvez nous dire où elle est, ou nous indiquer quelqu'un qui pourrait le savoir...
-Si c'est Grievous que vous cherchez, c'est facile, il perd de l'huile. Mais puisque vous en parlez au féminin et que Assajj Ventress ne fait pas beaucoup d'efforts pour se cacher... Eh bien, je ne vois pas de qui vous pouvez parler.
Jor ressentit une pointe d'agacement, soupçonnant le contrebandier de lui compliquer volontairement la tâche.
-J'en doute fort, M. Car'das... C'est une Jedi Noire très discrète jusque-là, elle n'a combattu que sur Geonosis et la plate-forme Kaer à notre connaissance, mais je suis sûr que vous en avez entendu parler... Le Général Sev'rance Tann, une femelle humanoïde à la peau bleue maîtrisant la Force, ça ne vous dit rien ?
Jor s'attendait à ce que le contrebandier cède aussitôt ou s'emporte contre lui, mais il n'y eut finalement pas de réaction du tout ; Car'das restait à le dévisager dans la pénombre, manifestement plongé dans une intense réflexion.
-Bon, si vous ne voulez pas conclure de marché avec moi, dîtes-le, ça ira plus vite, s'impatienta Jor.
-Ce n'est pas la question, Général... Cette information... N'est pas à vendre. Que je l'ai ou non.
-Et pourquoi donc ? s'étonna Jor. Je croyais que votre métier, c'était de vendre n'importe quoi à n'importe qui ?
-Je ne me soucie pas du pouvoir politique pour faire mon commerce, M. Drakas, mais la Galaxie ne se résume pas pour autant à des flux de biens et services ; certaines choses ne sont pas à vendre parce qu'elle n'appartiennent à personne, et tout ce qui concerne Sev'rance Tann en fait partie pour moi. Vous pouvez repartir tout de suite, je ne vous aiderais pas à la tuer.
-Je ne veux pas la tuer ! s'insurgea douloureusement Jor, parce qu'il était plus sincère que le contrebandier ne pourrait jamais s'en douter.
-Non, bien sûr que non ; vous ne voulez jamais tuer personne, vous, les Jedi... Mais les gens meurent quand même, et vous n'y êtes pas étrangers.
-Vous ne me faites pas confiance parce que je suis un Jedi ? Vous travaillez probablement avec des Hutts et vous ne me faites pas confiance parce que je suis un Jedi ?
-J'ai dit cela ? Non. Bien sûr qu'il y a des Jedi dignes de confiance, et vous en faîtes peut-être partie. Mais tout ce qui concerne Sev'rance Tann, vous irez le chercher ailleurs ; il est hors de question que j'aide ses ennemis.
Jor était intrigué, Car'das paraissait étrangement attaché à Tann, ce n'était pas la peur qui bâillonnait un tel homme... Et pour qu'il y soit à ce point attaché, il devait la connaître personnellement, ou l'avoir connue... Cependant, il se recentra sur la conversation :
-Ça changerait quelque chose si je vous demandais autre chose qui puisse nuire à la Confédération en général ? C'est une combattante Séparatiste ; la défendre, c'est défendre la Confédération et vice-versa.
-Pourquoi, vous vous définissez comme un Général Loyaliste, vous ? Ou comme un Jedi ?
Jor réfléchit un instant : pour être honnête, il s'était toujours senti très différent du reste de l'Ordre, qui lui donnait l'impression de s'être un peu coupé de la vie au profit de la représentation abstraite qu'en était la Force ; d'un autre côté, il ne se voyait pas en pur militaire non plus, il doutait bien trop de lui-même pour cela, même s'il s'était finalement avéré compétent à ce poste...
-J'ai... Mes propres espoirs et ma propre façon de pensée, évidemment, admit le Jedi. Mais je fais passer mon devoir de général et de Jedi avant.
-Eh bien Sev'rance Tann est pareille, elle défend la Confédération de toutes ses forces parce qu'elle estime que c'est son devoir, mais elle suit sa propre voie ; ce qui arrive à la Confédération m'importe peu, mais pas ce qui arrive à Tann.
-Vous le croyez vraiment ? demanda Jor, dubitatif. Vous qui semblez bien la connaître, vous devez savoir qu'elle paraît avoir un certain sens de l'honneur et qu'elle est intelligente ; alors pourquoi combat-elle aux côtés de Grievous et Durge, et pourquoi défend-elle un pouvoir qui se veut par essence liberticide ? Si elle peut accepter cela, je ne l'imagine pas s'écarter un jour du chemin de la Confédération...
Jor espérait que Car'das ne comprendrait pas qu'il disait cela justement dans l'espoir qu'il infirme ses propos, mais il craignit que sa voix l'eut trahi...
-Général Drakas... Pourquoi défendez-vous un pouvoir à la corruption notoire, vous ? Pourquoi servez-vous dans une armée qui exploite des millions d'hommes créés à seule fin de combattre pour vous ? Pourquoi êtes-vous sous les ordres d'un homme politique qui se maintient au pouvoir grâce à la crise ? Pourquoi appartenez-vous toujours à un ordre qui arrache des enfants à leur droit d'avoir une vie normale pour...
-Attendez, ça n'a rien à voir, vous amalgamez des...
-Nous faisons tous des sacrifices, coupa Car'das. Sev'rance fait les siens en servant la Confédération, vous faites les vôtres.
-Oui, d'accord, mais pas dans cette mesure-là, vous comparez deux situations qui n'ont rien à voir !
-Vraiment ? Ce n'est pourtant qu'une question de degré d'acceptation.
-Qu'une question de degré ? Mais c'est là qu'est toute la question, M. Car'das ; c'est la dose qui fait le poison !
-Très juste, et chacun essaie de doser comme il peut ! En fonction de son ressenti, de son expérience... Vous et le Général Tann n'êtes pas si différents, Général Drakas... Peut-être le comprendriez-vous si je vous parlais davantage d'elle, mais...
-Mais je ne demande pas mieux, M. Car'das... Je suis preneur pour toute information sur Sev'rance Tann, qu'elle m'aide ou non à la localiser...
-C'est hors de question, Général.
Jor se tut un instant dans l'obscurité, son rythme cardiaque affolé par cette occasion inespérée et les doutes qui le saisissaient ; par hasard, il avait en face de lui le seul homme qui paraissait en savoir vraiment long sur Sev'rance Tann, Isard lui-même s'était cassé les dents à chercher d'où elle venait... Toute information sur la Jedi Noire pourrait aider à la combattre, et Jor y attachait de plus un intérêt personnel, il voulait comprendre...
-M. Car'das... Je veux vraiment comprendre Tann, si vous pouvez me dire quoi que ce soit sur son passé, que ce soit stratégiquement utile ou non...
-Rien. Vous voyez, Jedi, c'est pour ça que j'ai voulu venir accompagné... Le savoir a plus de valeur que n'importe quelle marchandise. J'avais votre promesse, alors je repartirais d'ici libre. Ou alors, il va falloir vous poser des questions sur votre sens du dosage...
C'était une opportunité probablement unique, et les deux gardes du corps n'arrêteraient pas Jor... Le contrebandier s'avérait être quelqu'un de plus intéressant que prévu, mais Jor n'éprouvait pas de véritable sympathie pour lui... Sa propre parole était tout ce qui l'empêchait de mettre la main sur les informations qu'il convoitait... Sauf que ça n'en valait pas la peine. Il n'y avait pas de vie directement en jeu, il ne trouverait peut-être même pas Tann avec Car'das, et il s'était interdit d'abuser de la confiance de celui-ci, Car'das ne serait jamais venu sans cela...
-Vous avez ma promesse, alors vous repartirez d'ici libre, conclut Jor avec un haussement d'épaules, comme s'il ne s'était même pas posé la question. Mais vous faites erreur.
-Je n'ai pas les mêmes critères de dosage que vous, c'est tout... Ou peut-être que si, justement. Au revoir, Général Drakas, il faut que vous partiez d'ici, vous n'avez plus rien à y faire...
-En effet... Au revoir. »
Jor tourna le dos au contrebandier et à la cascade, il reprit le chemin par lequel il était venu, dans les ténèbres... Il éprouvait une grande déception vis-à-vis de lui-même alors qu'il quittait les cavernes de Ceuhia, il doutait d'être jamais capable de remplir cette mission, et ce alors même qu'il avait délibérément renoncé à s'emparer d'une véritable mine d'informations de toutes sortes ; mais il n'avait pas le droit d'enlever Car'das, il y avait déjà trop peu de gens qui pouvaient se faire confiance dans cette Galaxie... Malgré sa déception, il ne laisserait personne le critiquer pour la décision qu'il venait de prendre ; après tout, il avait simplement choisi le dosage qui lui paraissait le plus approprié...

« Nous avons réussi, si je comprend bien ; qu'allons-nous devenir, maintenant ? demanda Gorlan.
Assise en face de lui, Sev'rance détourna le regard du hublot de la navette qui les emmenait vers l'une des planètes du système Layssrat ; bien qu'habitable pour la plupart des espèces, celle-ci était déserte car son climat bien trop chaud au goût des Layssriens, les Séparatistes devraient y passer inaperçus. L'objectif était d'établir une base terrestre pour abriter le personnel non-indispensable au maintien de la Suprématie, ou plutôt de ce qu'il en restait.
-J'imagine qu'en définitive, le Comte Dooku a l'intention de me confier la première offensive basée sur le Decimator, avança Tann. Cela suppose que nous restions ici le temps de le mettre à l'épreuve et que le Comte Dooku nous envoie une armée conséquente... Il va falloir retaper la Suprématie et remplacer une part de l'équipage, aussi. Ça, c'est pour moi. Vous, j'imagine que vous êtes censé rester avec nous pour assurer notre sécurité le temps que le Decimator soit effectivement prêt à l'usage... Votre contrat s'arrête à ma mission ?
-Oui.
-Vous avez été un bon lieutenant, au-delà de mes espérances... Si vous proposiez à Dooku de le reconduire pour ma mission suivante, j'apprécierais.
-Ce n'est pas impossible... Sev'rance. Combattre avec vous n'est pas dénué d'un certain intérêt.
Sev'rance sourit.
-Vous voulez dire que je prend tellement de risques que ça rend le jeu plus intéressant ?
-C'est à peu près ça, oui ! rétorqua Gorlan avec un rire qui réchauffa le cœur de Sev'rance. Au fait, qu'est-ce que vous avez fait des civils de Eredenn Prime, maintenant, l'ingénieur en chef et les autres ?
-Ah... Shray'lya voulait les tuer, expliqua Sev'rance, dont le sourire disparut instantanément, ils ne nous servent plus à rien et il faut les surveiller pour ne pas qu'ils préviennent les Loyalistes... Mais je lui ai ordonné de ne rien en faire, ils viendront avec nous sur la planète quitte à affecter des droïdes à leur garde, et nous les relâcherons lorsque notre offensive sera prête. Le jour où nous nous soucierons plus de combattre que des gens pour lesquels nous combattons, nous aurons perdu la guerre.
Gorlan soupira.
-Vous êtes irrécupérable... Adorablement irrécupérable, mais irrécupérable quand même.
-Oh, pourquoi donc ? demanda Sev'rance, de nouveau plus joyeuse. Vous ne combattez pour personne d'autre que vous-même, c'est votre droit, mais la Confédération est censée être un pouvoir de droit public... Nous devrions être là pour instaurer la justice pour tout le monde. Rien ne me prouve que les civils de la Confédération valent mieux que ceux de la République, ils sont simplement du mauvais côté du pouvoir politique pour l'instant, alors il est normal que je fasse de mon mieux pour les protéger...
-Oui, d'accord, mais vous y allez un peu fort, là, on parle de civils qui ont quand même pris part à une mission secrète des renseignements de la République, ils ont choisi leur camp, ils ont décliné tout droit à votre protection...
Sev'rance haussa les épaules.
-J'ai choisi de soutenir la Confédération, je ne crois pas pour autant pouvoir être jugée uniquement là-dessus...
-Il ne s'agit pas de juger, il s'agit de devoir... Vous ne leur devez rien de plus sous prétexte qu'ils n'ont pas porté d'armes, ils ont à leur façon fait de leur mieux pour la victoire de la République.
-Ah, mais je serais aussi clémente avec des militaires qui se seraient rendus, ne vous y trompez pas... Surtout sachant d'où viennent les soldats Loyalistes...
-Vous ne l'avez pas été avec les marchands Jawas de Tatooine.
-Il y a des fois où on a tout simplement pas le choix, acquiesça sombrement Sev'rance. Je n'en suis pas fière pour autant, vous pouvez me croire...
-Vous savez que vous êtes probablement la seule à penser ainsi dans votre camp ? Grievous, Ventress et les autres, peut-être même Dooku, ils auraient tous fait tuer les prisonniers d'Eredenn ; même Shray'lya, vous l'avez vu... Vous ne vous sentez pas un peu... Seule ?
-Si, admit tristement Sev'rance, et plus encore que vous ne le croyez... Mais c'est pratiquement pareil de l'autre côté, vous savez, mêmes les Jedi ont presque tous accepté sans broncher d'avoir recours à l'armée clone... Nous sommes dans une Galaxie sans pitié dans les faits -ça fait un peu réplique de mauvais holofilm, dit comme ça, mais c'est vrai. Elle m'a déjà broyée, moi. Alors tout ce qui me reste, c'est de m'efforcer de la changer par tous les moyens.
Gorlan hocha gravement la tête.
-Vous n'êtes pas si naïve, alors... Mais vous continuez à avoir quelque chose en quoi croire... Moi, je ne me suis jamais battu que pour moi.
-Vous avez déjà crû en quelque chose? En une cause qui vous dépasse ? Sincèrement ? demanda Sev'rance.
Le mercenaire prit le temps de rassembler ses pensées.
-Pas vraiment, non... Pas longtemps, en tous cas. J'ai grandi sur le genre de planète où on apprend vite à ne pas attendre grand chose de l'univers en général et du pouvoir politique en particulier...
-Comment êtes-vous devenu mercenaire ? Qui étiez-vous avant ?
Sev'rance était curieuse de savoir comment on pouvait embrasser une carrière si opposée à ses idéaux...
-Personne... Moi et mes frères étions des voyous comme il y en a tant sur Ürdouroor, dans la Bordure Médiane, on essayait de tirer notre épingle du jeu des Hutts... Comme tout le monde là-bas. On y était abandonnés de tous les pouvoirs qui soient, ça n'encourage pas à faire confiance. Mon père était un chasseur de primes Mandalorien, mais il est mort quand j'étais gamin. Quand j'avais seize ans, les choses ont dégénérées sur cette planète... Un politicien qui a essayé de tenir ses promesses, pour une fois... Un chef de gang quelconque qui a voulu en profiter... Mes frères sont morts dans le chaos qui a suivi... Mais dans le même temps, j'avais fait la connaissance d'une Mandalorienne, elle m'a appris qui était mon père et ce qu'étaient les Mandaloriens, elle m'a permis d'échapper à tout ça ; alors quand elle m'a proposé de devenir comme elle, franchement, je n'ai rien vu de mieux à faire.
« Abandonner les armes, j'ai déjà essayé, j'ai tenu deux semaines ; ce n'est pas compliqué, on ne m'a jamais appris à faire autre chose, et les gens s'en rendent vite compte... Et puis, de toute façon, je ne dois rien à un quelconque État ou pouvoir politique. Aux Mandaloriens, ça, oui -c'est en les rejoignant que j'ai pris le prénom de Gorlan, d'ailleurs. Mais notre métier implique que nous nous battions pour les autres, et donc parfois entre nous. Donc je n'ai pas vraiment de cause à défendre... Je vend mes services au plus offrant pour ce que je sais faire de mieux, j'essaye de faire mon possible pour garder mes compagnons d'armes en vie quels qu'ils soient, mais c'est tout. Je n'ai jamais trouvé de sens à mon existence et je doute qu'elle en ait un.
-D'accord... Merci de m'avoir répondu. Savez-vous pourquoi je combats pour la Confédération, Gorlan ?
-Puisque vous m'en parlez maintenant, j'imagine que c'est parce que vous voulez bâtir un système qui n'abandonne plus les gens, tout comme j'imagine que votre histoire n'est pas plus joyeuse que la mienne... Mais moi, je n'y crois pas, aux grands idéaux politiques, je ne les ai jamais vu faire que du mal, et l'Histoire me dit la même chose...
-Non. Si je suis au service de la Confédération aujourd'hui, c'est parce que j'ai besoin de travailler à quelque chose que je crois juste, je ne peux pas plus cesser de le faire que vous n'avez pu abandonner la violence ; combattre l'injustice est ma revanche sur elle comme refuser une société qui ne vous a jamais aidé peut être la vôtre. Mais je ne prétend pas y parvenir pour autant. Ce que je vous explique, c'est que je ne fais pas cela parce que je pense que j'ai raison et que ceux qui n'en font pas autant ont tort... Je le fais parce que j'ai le sentiment de devoir essayer de faire quelque chose. Je ne crois pas non plus que mon existence ait un sens, mais je veux lui en donner un ; je ne la conçois pas autrement.
-C'est pour ça que vous arrivez à rechercher la justice tout en combattant dans le même camp que Gunray ?
-Plus ou moins, oui. C'est aussi pour cela que la cause que je défends ne justifie pas que je refuse de protéger la vie autant que possible, à commencer par celle de ceux qui combattent à mes côtés...
-Et vous, comment êtes-vous arrivée là, Sev'rance ? D'où venez-vous ? Vous ne m'avez pas vraiment répondu la dernière fois que je vous ai posé la question...
-C'est vrai, et puisque vous me parlez de vous... Mais je vous fait confiance, je ne veux pas que ça se sache. Je viens des Régions Inconnues, c'est là que vit mon peuple, les Chiss...
-À vrai dire, je m'en doutais, vous avez d'étranges lacunes sur les peuples de la République, et je n'ai jamais vu personne qui vous ressemble... Mais alors je ne comprends pas comment vous êtes arrivée ici...
-C'est le Maître du Comte Dooku qui m'a permis de rejoindre la Confédération... Il a... Des contacts, dans les Régions Inconnues. Moi, je fuyais mon propre peuple...
-Pourquoi ?
Sev'rance se mordit nerveusement la lèvre ; comment expliquer ce qui s'était passé à ce moment-là alors qu'elle ne comprenait pas elle-même...
-Euh, si vous tenez à ne pas en parler, laissez tomber...
-Je préférerais, oui... Plus tard, peut-être, mais j'aurais dû mal à vous en parler, c'est une longue histoire, et elle n'est pas belle... Je ne suis pas sûre de m'être pardonné ce que j'ai fait...
-Quoi qu'il se soit passé, je suis avec vous, moi. Franchement. Peu importe ce que vous avez pu faire, peu importe que vous croyiez à la cause Séparatiste et moi non... Nous avons pu compter l'un sur l'autre, et c'est tout ce que je demande.
-Moi aussi ; c'est pour cela que j'aimerais vraiment que vous continuiez à travailler avec moi.
-Rien ne me ferait plus plaisir, j'en parlerais à Dooku. Nous sommes arrivés à destination depuis un moment, au fait. »
Sev'rance rit.

Sous la direction de Sev'rance et Gorlan, les Séparatistes s'installèrent rapidement sur Layssrat V ; tout se passa sans encombres, le camp restait rudimentaire car la mission de la Suprématie ne prévoyait pas exactement de prendre racine, mais l'expérience de Sev'rance et Gorlan leur permit de lui donner des défenses acceptables. Sev'rance trouvait à la situation quelque chose de très incongru, presque dérangeant : ils s'étaient établi dans un endroit isolé et aisément défendable, mais c'était une jolie petite crique prise entre de grandes collines boisées du côté de la terre, il faisait une chaleur agréable même pour Sev'rance, et tout se passait tranquillement... Le contraste avec l'intensité des combats d'Alaris Prime sautait aux yeux. Qu'est-ce qu'une armée Séparatiste venait faire dans un endroit aussi agréable...
Lorsque la petite base fut bien établie, Sev'rance voulut se charger elle-même de rappeler aux prisonniers qu'ils seraient sous bonne garde des droïdes et qu'elle devrait les tuer s'ils agissaient de manière inconsidérée ; elle leur assura également qu'ils seraient libérés prochainement dans le cas contraire. Elle n'avait pas voulu en charger Gorlan, ce serait à la fois lâche et arrogant.
Bientôt, Sev'rance se retrouva tout simplement sans rien à faire... Le soleil était toujours bien haut dans le ciel... Les mesures de sécurité qu'elle et Gorlan avaient patiemment mises en place étaient du pur protocole, elle en avait conscience, la planète était déserte, tout danger serait repérable de très loin, et elle ne craignait pas grand chose des prisonniers...
Alors, abandonnant ses fonctions de Général, la jeune femme partit vers la plage, marcher dans les dunes, de plus en plus loin... Le sable, c'était beau, mais pas spécialement agréable lorsqu'il commençait à s'infiltrer dans ses vêtements, constata-t-elle... Sev'rance cessa de marcher et observa les flots devant elle, pensive.
Eh, tout allait bien ; elle avait réussi une mission exceptionnellement difficile, plus rien ne la menaçait à présent, elle avait la bénédiction du Comte Dooku pour rester sur une planète paisible... Alors pourquoi se sentait-elle aussi vide ? Et aussi... Déplacée ?
Ça pourrait être pire, cependant... Elle repensa à... Oh, à une autre vie, à son passage chez sa sœur après son renvoi de l'infanterie, complètement déboussolée... Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus écrit, depuis le début de la guerre, en fait, serait-elle toujours capable de le faire aussi bien ?
C'était toujours le même problème, ceci dit, et elle le savait : dès que les combats s'éloignaient un peu, elle se rendait compte qu'elle était seule. Ça ne lui avait jamais posé problème auparavant, mais cela s'était transformé en souffrance invivable à la mort de... De Safera. Et cela durerait jusqu'à sa propre mort, il était inutile de se voiler la face... Sev'rance avait connu bien des gens qu'elle avait apprécié depuis, Gorlan en faisait assurément partie, mais personne qui la comprenne vraiment...
Allons... Ne pouvait-elle pas faire une trêve avec elle-même, juste pour cette fois ? Gorlan n'était peut-être pas comme elle, il en était même très différent, mais il tenait sûrement à elle, c'était déjà ça, non ? Et pour ce qui était de se sentir inutile, Dooku et Grievous n'existaient plus pour le moment, c'était ainsi qu'elle devait penser... Avaient-ils jamais vraiment eu de l'importance pour elle, d'ailleurs ? Elle ne le savait pas, elle commençait à penser en termes de sa Confédération et la leur...
Alors autant les oublier pour le moment... Oublier le passé et la solitude également, juste assez longtemps pour ne pas devenir folle...
Elle avait droit à un peu de répit après une mission éprouvante ; était-ce vraiment si malheureux ? Savait-elle encore être spontanée ?
Une brise légère s'était levée mais il faisait toujours très chaud pour la peau de la Chiss... Elle effleura l'eau de la main... Le contact était agréable, rafraîchissant... Elle allait faire quelque chose d'idiot, mais dont elle avait envie. Simplement pour essayer.
Elle avait laissé le camp Séparatiste loin derrière elle, Gorlan était censé y être resté pour assurer la présence d'un officier... Et puis, même dans le cas contraire, elle s'en moquait, elle voyait son intimité comme une notion bien dérisoire depuis longtemps, et elle avait envie de penser comme si le reste de la Galaxie n'existait pas, pour une fois qu'elle en avait l'opportunité... Alors elle se déshabilla, se déshabilla entièrement comme si elle abandonnait toute inquiétude en abandonnant ses vêtements, comme si elle n'était plus le Général Tann toute nue, puis se jeta directement à l'eau ; malgré le décalage avec la température de l'air, Sev'rance s'y sentit vite bien mieux, elle était bercée par le liquide... Elle n'avait de la nage qu'une connaissance très théorique, n'ayant que rarement cherché le contact de l'eau liquide, mais elle se prit vite au jeu de nager contre les vagues et de plonger jusqu'au fond ; soudain, voilà qu'elle était pleine d'énergie, voilà qu'elle n'avait plus ni passé ni avenir...
Elle commença à s'éloigner de la plage ; c'était délicieusement imprudent, on pourrait l'appeler par comlink pour une urgence pendant qu'elle était dans l'eau, elle était désarmée face aux éventuelles créatures marines, et cela lui faisait un bien fou...
Elle se mit à nager de plus en plus loin, juste pour le plaisir de voir jusqu'où elle pourrait pousser l'imprudence ; ce ne fut qu'une fois arrivée à une distance impressionnante de la plage qu'elle revint, et elle voulut encore jouer avec les vagues comme une enfant, laissant même échapper quelques cris de joie... Elle n'avait vraiment aucune envie de ressortir maintenant qu'elle était entrée, aussi stupide que cela puisse paraître, et elle passa effectivement un long moment ainsi, se sentant rayonner comme le soleil... Peut-être aussi long qu'une vie entière, aussi long que la vie insouciante qu'elle n'avait jamais eue.
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Messagepar Dark Sheep » Mer 21 Sep 2011 - 11:43   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Passage sympa dans lequel on voit un peu tout le monde :wink:

Le contrebandier possède un nom qui ressemble fort à celui du général jedi je trouve, au début je me suis demandé s'il s'agissait aussi d'un twi'lek, peut-être un cousin éloigné... :transpire:
Ce personnage est d'ailleurs assez intriguant, j'espère qu'on en apprendra davantage à son sujet.
Jor montre aussi quelques signes d'obsession pour la jedi chiss :D

On découvre la peur de Dooku que son meilleur général soit réellement fidèle à la cause, plutôt qu'à lui :paf:
Et il a bien raison d'ailleurs ! J'ai hâte de savoir comment ça va finir tout ça :siffle:
J'espère que Sev'rance ne va pas affronter le comte, parce qu'il est encore bien vivant dans l'épisode 3, quand Anakin le tue... :whistle:

Pour finir on retrouve une Sev'rance plus "humaine", et qui goûte un peu à la joie ( ? ) de vivre. On découvre par la même occasion qu'elle a une tendance naturiste et qu'elle apprécie l'eau :transpire:


Plus qu'à attendre la suite de ces aventures du coup !
:lol:
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Messagepar Notsil » Mer 21 Sep 2011 - 12:37   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Pareil, j'aime bien le ptit côté un peu tranquille de ce passage, le côté introspection, tout ça ^^

Alors, le mando va-t-il rejoindre Sev'rance à la flotte ? :p
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mer 21 Sep 2011 - 20:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Passage sympa dans lequel on voit un peu tout le monde :wink:


Oui^^ C'est vrai que j'ai fait Dooku/Jor puis Sev'rance/personnel de la Suprématie, mais là, on peut réunir tout le monde^^

Le contrebandier possède un nom qui ressemble fort à celui du général jedi je trouve, au début je me suis demandé s'il s'agissait aussi d'un twi'lek, peut-être un cousin éloigné... :transpire:


Pour être sérieux, j'ai trouvé ça un peu embêtant aussi, à tel point que je me suis demandé si le contrebandier serait bien Jorj Car'das :neutre: Mais bon, ça aurait été retirer une bonne partie de son intérêt à la scène, puisqu'il est l'un des rares personnages à pouvoir savoir d'où vient Sev'rance.

Ce personnage est d'ailleurs assez intriguant, j'espère qu'on en apprendra davantage à son sujet.


On en apprendra effectivement un peu plus à son sujet dans cette fan-fic, mais comme ce personnage n'est pas de moi, je ne peux que te recommander le roman Vol vers l'Infini et la duologie La Main de Thrawn de Timothy Zahn à son sujet :wink:

Jor montre aussi quelques signes d'obsession pour la jedi chiss :D


En même temps, c'est sa mission :D

On découvre par la même occasion qu'elle a une tendance naturiste et qu'elle apprécie l'eau :transpire:


Pour ce qui est du fait qu'elle se déshabille entièrement, c'est surtout un signe de son malaise ; ses vêtements symbolisent ce qu'elle est pour la société, le Général Tann :wink:

Alors, le mando va-t-il rejoindre Sev'rance à la flotte ? :p


Vu comment a fini la seule histoire d'amour vraiment importante que j'ai développé pour Sev'rance jusque-là, vaut peut-être mieux pas pour lui :x

En tous cas, content de vous voir fidèle au poste, les gens :)

J'attends de voir si Den va tenir sa promesse de ne revenir que dans un mois :lol:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Ven 16 Déc 2011 - 18:03   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Un "petit" passage pour se remettre dans le bain avant les partiels... Entre nous, j'ai hâte d'avoir bouclé ce chapitre.

Le speeder fendait tranquillement l'obscurité, pas un souffle de vent ne s'opposant à lui, les lumières orangées de quelques villages lointains pour seule compagnie... Jor Drakas se laissait bercer par le ronronnement des moteurs malgré l'approche du danger... Tout était paisible, incroyablement paisible dans une galaxie en guerre. Peut-être trop, Jor trouvait à l'atmosphère pesante, les campagnes de Chandrila avaient quelque chose de glacé...
« Il continue clairement vers le château de Garnei, murmura l'humaine au teint mat assise avec lui au poste de pilotage, des têtes vont tomber au sein de l'administration de Chandrila...
Jor écoutait à peine... Cette mission était censée être capitale, elle l'était sûrement pour la jeune agent des renseignements... Mais plus le temps passait, plus le Jedi avait l'impression que sa mission à lui était vouée à l'échec, et pire, inutile ; Barzii et lui n'avaient toujours pas trouvé le moindre indice leur permettant de localiser Sev'rance Tann...
C'était comme si elle n'avait jamais existé, comme si c'était une apparition bleutée qui avait chassé Jor de la plate-forme Kaer pour ne plus jamais reparaitre...
À présent, avec l'accord du Conseil des Jedi, Jor était passé outre la traditionnelle méfiance de l'Ordre Jedi envers les services de renseignements pour collaborer plus étroitement avec eux ; tout ce qui était ressorti de ses négociations avec divers chefs contrebandiers était que Chandrila était une importante plate-forme d'échange d'informations entre espions Séparatistes, et les renseignements Loyalistes pensaient pouvoir y capturer un important agent ennemi avec son aide. Si quelqu'un avait ne serait-ce qu'entendu parler du Général Tann, c'était lui, avait-on assuré à Jor. Celui-ci en doutait sérieusement, mais c'était sa seule piste, et il n'avait vu aucun inconvénient à aider à la capture d'un pivot du renseignement Séparatiste.
Le plus consternant, c'était qu'il avait tenu le bon bout dès le début, dès sa rencontre avec Jorj Car'das... On lui avait ensuite indiqué plusieurs autres contrebandiers qui pourraient l'aider, mais apparemment, aucun d'entre eux ne connaissait Tann. Il avait raté sa chance, et le pire, c'est qu'il l'avait fait volontairement.
-Tout va bien, Général ? s'enquit l'humaine, Erryi, intriguée par le silence de Jor.
-Oui, oui... N'ayez crainte.
-Bien. Il s'est un peu écarté de la route, mais je crois qu'il va simplement essayer d'aller perdre son speeder dans les bois avant de rejoindre le château à pieds, pour ne pas attirer l'attention d'éventuels invités de Um Gunk...
-D'accord. Il vaudrait mieux le lâcher, alors, à votre avis ?
-Je dirais que oui, Général, répondit Erryi après une courte hésitation. Même là, il serait capable d'attendre près de son speeder pour s'assurer qu'il n'a pas été suivi.
-Bien, alors arrêtez de le suivre, on va essayer de prendre le château par l'autre côté, et nous irons une fois que nous serons sûrs qu'il y est... Euh, en est sûr qu'il y aille, au moins ? Ça ne risque pas d'être du bluff pour qu'il reparte de l'autre côté ?
-Ce serait se donner beaucoup de mal pour pas grand chose, Général, Um Gunk est quasiment son seul espoir de s'échapper avec la police de Chandrila à ses trousses...
-Alors allons-y. »
La femelle humaine paraissait surprise que Jor se fie à ce point à son avis, il était censé avoir le contrôle de cette mission ; néanmoins, le Jedi savait qu'elle était bien plus qualifiée que lui pour ce travail, autant en profiter. Une fois qu'ils seraient au château, en revanche, Jor avait bien l'intention de ne pas lui faire courir plus de risques que le strict nécessaire, il se chargerait d'arrêter Um Gunk et l'espion humain qu'ils poursuivaient, Numoro Nioson.
Erryi modifia la route du speeder pour qu'ils n'aillent plus droit vers le château mais passent près de son flanc ouest, et ils poursuivirent leur chemin. Ils traquaient l'espion depuis que les renseignements avaient fait semblant d'échouer à son arrestation, pas moins de deux heures plus tôt, capturant plusieurs autres agents Séparatistes dans la foulée ; ce que Nioson ignorait, c'était que son identité était connue depuis un certain temps des renseignements Loyalistes et qu'un discret émetteur-récepteur placé dans ses vêtements avait permis à Jor et à Erryi de le suivre patiemment jusqu'à la demeure de Um Gunk... Ils savaient que c'était la seule chance de l'agent Séparatiste de quitter Chandrila vivant, il était recherché sur toute la planète, incapable d'accéder à un astroport sans aide...
Bientôt, les timides lueurs des villages disparurent tout à fait du paysage, remplacées par une forêt de part et d'autre du chemin emprunté par le speeder ; c'était probablement de l'autre côté que se trouvait le château de Garnei, estima Jor. Finalement, Erryi stoppa le speeder, et ils restèrent au milieu du bois.
« Je crois qu'on ne peut pas faire plus près sans être repérés, estima l'agent des renseignements. Il s'est arrêté aussi depuis dix minutes, mais il ne bouge pas de son speeder...
-Alors vous aviez raison. Merci.
-Vous n'avez pas l'air très enthousiaste... commenta Erryi avec un curieux sourire.
-Non, c'est vrai. Je comprends que vous le soyez, ça fait longtemps que vous soupçonniez la présence d'un gros poisson Séparatiste sur Chandrila et vous allez enfin le capturer ; mais je doute que ça fasse avancer ma propre mission, c'est tout... Dooku a l'air d'avoir fait tellement d'efforts pour dissimuler le Général Tann que je serais étonné que même Gunk ait la moindre idée d'où elle peut être...
Erryi haussa les épaules ; l'éclairage artificiel bleuté du speeder jurait avec sa peau légèrement basanée.
-Peut-être pas, mais si lui ne le sait pas, à qui voulez-vous vous attaquer pour savoir ? Au chef des renseignements Séparatistes en personne ? Ou pourquoi pas à Dooku, tant qu'on y est ?
Elle rit, amusée par cette perspective ; Jor l'observait d'un œil amusé, ayant quelques difficultés à réconcilier cette humaine souriante et son image des services d'Isard. 
-Je dirais plutôt qu'il serait temps d'abandonner cette mission vouée à l'échec, soupira Jor lorsque Eryii eut retrouvé son sérieux. Je serais mieux sur le front.
-Oh ? Vous êtes bizarre, pour un Jedi. Ce qui veut dire que vous êtes à peu près normal.
-Je pourrais en dire autant de vous comme agent des renseignements, l'assassina Jor, non sans un sourire.
-Pourquoi, parce que je plaisante avec vous ? Ah, mais ça, ce n'est qu'une apparence, vous pensez bien, il faut que j'aie l'air à peu près normale pour faire mon travail, tout de même.
-Non, ce n'est pas à la plaisanterie que je faisais allusion. C'est juste que les renseignements seraient un métier autrement plus attractif si on savait qu'il y a d'aimables jeunes femmes comme vous qui y travaillent.
Erryi le fixa un instant, comme si elle essayait de déterminer s'il était sérieux ou non ; Jor éclata de rire, ravi d'avoir réussi à la décontenancer.
-Vous êtes vraiment un Jedi tordu, vous... D'ailleurs, même sans tenir compte de ça, c'est curieux que vous appréciez la beauté d'une humaine avec les filles que vous avez, vous, les Twi'leks...
-Pas tant que ça... Je sais que les humains aiment bien les femmes Twi'leks, en général, mais vos cheveux sont un concept intéressant...
Erryi rit à nouveau.
-Faites attention à ne pas vous attacher à moi, ça ne va pas plaire à vos collègues cinglés...
-Mais je ne m'attache pas ! assura tranquillement Jor.
-Sérieusement, ça fait quoi ? De devoir passer sa vie à ne s'attacher à personne ?
-Vous n'êtes pas la première à me poser cette question... Il ne faut pas prendre ça au pied de la lettre, ne pas s'attacher, ce n'est pas possible, soyons sérieux. On ne contrôle pas ce qu'on ressent. Mais on contrôle ce qu'on fait. Cela ne doit pas paraître, c'est tout... Il ne doit pas y avoir de conséquences... On doit savoir se placer au-dessus des sentiments qu'on éprouve : l'homme peut s'attacher, le Jedi non. Nous avons été élevés dans l'idée qu'une alliance amoureuse durable n'était pas possible, et que même l'amitié devait être considérée avec méfiance. Lorsqu'on a passé sa vie dans les préceptes Jedi, cela paraît bien plus simple que ne le croient la plupart des gens, c'est ce qui nous est familier, ce que nous avons toujours connu ; si vous proposez à un homme de quitter la demeure où il vit depuis trente ans, fût-ce pour emménager dans une autre plus luxueuse, il hésitera. Dans mon cas, non seulement j'ai grandi avec ces principes, mais en plus je les considère toujours comme justes.
-Mais vous n'avez jamais été amoureux ?
-Si, comme tout le monde. L'éducation ne change pas la biologie. Mais j'aime aussi l'Ordre Jedi et la République, parce que j'aime toute cette Galaxie et pas uniquement une seule personne ; on m'a appris que cela supposait de savoir être neutre, de se défaire de l'attachement personnel, alors lorsqu'il a fallu choisir, j'ai choisi la même chose que la quasi-totalité des jeunes Jedi. Ça n'empêche pas d'avoir des relations, et même une survivance des sentiments, nous ne sommes pas des droïdes et heureusement, mais tout doit disparaître le moment venu. Il m'est arrivé de considérer ce principe avec une certaine anxiété quand j'étais plus jeune, mais aujourd'hui, j'ai trente-cinq ans, et si ça ne m'a pas posé de problème insurmontable jusque-là, il n'y a pas de raison pour que cela se produise.
-Vous êtes aussi fou que les autres, finalement, conclut Erryi en secouant la tête.
Jor jugea préférable de ne pas ajouter ce qu'il pensait pourtant, que l'amour tel que le définissait la plupart des gens était éphémère contrairement à sa volonté de servir la République, qui elle durerait aussi longtemps que sa vie... Il savait par expérience que les non-Jedi trouvaient une telle pensée déprimante.
-Bon... Notre homme n'a toujours pas bougé ?
-Si... Et vu la vitesse à laquelle il se déplace, je pense que Um Gunk a dû envoyer un speeder le chercher...
-Parfait, alors attendons qu'il soit arrivé, et on y va suivant le plan prévu. Erryi... Soyez prudente, d'accord ? Les gens aimables dans votre métier sont trop rares...
-Parfois, on vit des choses tellement graves qu'être aimable est tout ce que l'on peut encore faire de bien, Général Drakas, répondit Erryi, soudain nettement plus ferme. Mais ne vous en faites pas, c'est bien vous qui ferez le plus dur... Même pour un Jedi...
-Bon... Parce que je commençais à m'attacher à vous. »
Jor ne plaisantait pas. Erryi redémarra le speeder et ils obliquèrent doucement à travers la forêt... Jor avait l'habitude de trouver les forêts inquiétantes, il avait encore en tête la jungle cauchemardesque de Wazt-ahl, mais Chandrila était une planète si ennuyeuse que cela ne lui vint même pas à l'idée...
Le château de Garnei leur apparut bientôt, une haute construction blanche perchée sur une colline ; derrière ce nom se cachait une vieille demeure comme les grands propriétaires terriens de Chandrila en avaient bâti beaucoup d'autres, mais entourée de hauts murs à croire que ses occupants s'attendaient à un siège. Le père de Um Gunk, un puissant homme d'affaires Sullustéen qui avait fait fortune dans ses exportations de speeders sur Chandrila, avait acheté la bâtisse quelques soixante ans plus tôt, et lorsqu'il en avait hérité, Um Gunk en avait fait sa résidence principale, souhaitant se rapprocher de Coruscant ; il avait repris les affaires de son père, veillé sur la fortune familiale et même beaucoup contribué au développement de l'économie de Chandrila. Il n'avait jamais vraiment caché sa sympathie pour la cause Séparatiste, mais les autorités de Chandrila avaient assuré qu'il n'y avait pas lieu de suspecter une quelconque trahison.
Quelle idée de demander à quelqu'un son avis sur celui qui avait tant apporté à sa richesse...
« Je suppose qu'il est temps que je disparaisse ? demanda Jor alors que les portes du palais se rapprochait à toute vitesse.
-Ça vaudrait mieux, oui... »
Jor prit le temps d'inspirer puis bondit en marche, usant de la Force pour se recevoir sur le sol sans trop de dommages... Il resta accroupi dans l'herbe ; il était en-dehors du champ des caméras, normalement, mais s'il essayait d'escalader le mur au grappin comme dans les holofilms, il était à peu près sûr de finir par déclencher une alarme d'une sorte ou d'une autre... Autant entrer par la porte, comme tout le monde. Il resta là, s'efforçant de respirer le plus silencieusement possible, puis attendit que Erryi s'arrête devant la porte et sonne... De longues minutes passèrent avant que les portes s'ouvrent sur un homme aux courts cheveux blonds ; malgré son allure affable, Jor était sûr de distinguer un pistolaser pendu à sa ceinture...
« Que puis-je pour vous, Mademoiselle ?
-Bonjour, je viens au nom de plusieurs exploitations agricoles voisines de celles dont M. Gunk a la propriété, expliqua Erryi avec hâte, j'aimerais le rencontrer assez rapidement, un incendie se dirige droit sur nos terres et les autorités tardent à mettre en œuvre les moyens nécessaires à son arrêt pour une raison inconnue, nous aimerions donc lui emprunter du matériel, son aide nous serait précieuse...
Les renseignements avaient inventé une fausse identité complète à Erryi ; ils étaient partis du principe que le domestique ne serait pas informé que son maître abritait un espion Séparatiste, et que même si c'était le cas, le fait qu'ils s'agisse d'une jolie jeune femme et l'urgence de la situation les inviterait au moins à la laisser entrer pour s'expliquer... La traque de l'espion Séparatiste pourrait justifier dans leur esprit la lenteur des pouvoirs publics face à un incendie.
-Très bien, entrez, indiqua le domestique, mais une certaine méfiance transparaissait dans sa voix, je vais vous indiquer où vous garer...
Malgré le soin que les renseignements y avaient apporté, Jor doutait que la couverture de Erryi tienne longtemps, mais elle n'était là que pour servir de cheval de Troie... Le domestique s'écarta tandis que Erryi remontait dans son speeder ; elle s'engagea dans la propriété, suivant les indications du domestique. De son côté, Jor partit dans une soudaine course en s'efforçant de rester le plus furtif possible, mais fort heureusement, les moteurs du speeder couvraient le bruit... Il franchit le portail, le domestique accompagnait Erryi qui se garait un peu plus loin... N'ayant pas le temps de chercher une meilleure cachette, il se dissimula derrière un arbre à l'autre bout du jardin et s'efforça de réduire sa respiration... Fort heureusement, le domestique semblait pour l'heure suffisamment préoccupé par cette jeune femme qui débarquait en pleine soirée pour ne pas faire attention à ce qui se passait ; dans le pire des cas, Jor envisageait de lui embrouiller l'esprit s'il était suffisamment peu alerte pour cela...
Néanmoins, ce ne fut pas nécessaire : le domestique guida simplement Erryi vers la porte d'entrée, ses manières aimables ne suffisant pas à dissimuler une certaine raideur ; cela inquiétait Jor, il sentait bien que cet homme était informé des activités de Um Gunk... Cette maison était-elle un nid d'espions Séparatistes ? Ils en avaient pourtant arrêté bon nombre dans l'après-midi... S'ils étaient encore cinq ou six ici, Jor pensait pouvoir s'en sortir tout de même, mais il était inquiet pour Erryi...
Mais il n'était plus temps de se préoccuper de ça : le Jedi fonça dans l'obscurité dès que le domestique et l'agent des renseignements eurent disparus, cherchant à contourner la maison ; un rapide coup d’œil à un petit écran lui appris que l'espion Numoro Nioson avait trouvé refuge quelque part dans l'aile ouest... Il s'agissait maintenant de lui mettre la main dessus et de neutraliser toute résistance avant que Gunk n'ait eu le temps de s'échapper, la vitesse prenait le pas sur la discrétion... Le Jedi projeta son grappin vers une fenêtre sans lumière du deuxième étage, grimaçant légèrement au bruit du choc dans la nuit ; il commença à se hisser contre la face blanche avec les gestes rapides et sûrs d'un Jedi. Il sentait plusieurs présences hostiles de l'autre côté de la paroi... L'opération lui paraissait de plus en plus hasardeuse, mais la présence d'Erryi à l'intérieur de la vieille demeure le pressait d'agir...
Pendu au bord de la vieille fenêtre blanche au milieu de la nuit, il consacra un bref instant à étendre ses perceptions au troisième étage... Il avait vu qu'il n'y avait pas de lumière allumée à la fenêtre au-dessus non plus, mais il sentait néanmoins des présences beaucoup trop proches à son goût... Il était censé y avoir une verrière sur le toit, il passerait plutôt par-là. Et vite, parce que ce n'était vraiment pas le moment de se faire repérer. Manœuvrant délicatement pour conserver un appui stable, il relança son grappin, cette fois jusqu'au sommet de la demeure, et se dépêcha de monter jusqu'à se retrouver accroupi sur le toit, dominant tout le jardin... Ce qui était moins drôle, c'est que la porte d'entrée s'était rouverte et que des hommes en sortaient d'un pas agité ; à l'évidence, Jor s'était fait repérer par la vidéosurveillance en passant la porte d'entrée... Fort heureusement, bien peu d'hommes ordinaires seraient si vite parvenus sur le toit, Jor ne savait pas depuis combien de temps exactement il était là, sa perception du temps était brouillée par le sentiment d'urgence, mais du moment qu'il rentrait sans perte de temps, il ne serait pas découvert... Un rapide coup d’œil de sa vision Twi'lek forgée dans l'obscurité des cavernes de Ryloth, et il eut repéré la verrière qu'il cherchait ; cependant, trois hommes étaient en train de discuter en-dessous... Malgré la pénombre, il reconnut la longue barbe noire-grise de Nioson. Autant laisser tomber tout de suite la subtilité...
Jor prit le temps de bien ouvrir son esprit à la Force et se concentra sur sa volonté de faire voler en éclats la verrière ; à peine avait-il relâché la décharge invisible d'énergie qu'il bondissait par-dessus le transparacier, priant pour que cela fonctionne... La verrière s'effondra soudain en mille éclats au-dessous de lui, il tomba dans la pièce ; à peine s'était-il reçu sur ses deux jambes que des salves de blaster rouge volaient vers lui, les trois hommes avaient réussi à se mettre à l'abri à temps... Un autre se serait peut-être laissé surprendre, mais pas Jor, son sabre était déjà en main pour intercepter les tirs qu'il renvoya d'abord hâtivement vers le mur, puis droit vers l'un des hommes de main de Gunk... Celui-ci s'écroula en hurlant de douleur, touché à l'épaule. Les deux autres se détournèrent précipitamment du combat pour se diriger à toute vitesse vers une porte au fond de la pièce, Jor sur leurs talons... Ils débouchèrent sur un vaste couloir obscur ; l'un des deux fuyards crût pouvoir profiter de la course-poursuite pour se retourner et décocher une salve à Jor, mais le Jedi avait ressenti le danger à l'avance... Il se courba pour passer sous la rafale et se jeter contre les jambes de son adversaires, frissonnant lorsque les traits mortels passèrent juste au-dessus de lui... Lorsqu'il heurta l'homme, il le désarçonna sans difficulté ; il s'apprêtait à lui plaquer sa lame au-dessus de la gorge, mais il dut aussitôt se jeter en arrière au passage de nouvelles salves rouges juste à côté de lui, Nioson s'était arrêté pour lui tirer dessus ! Il se redressa précipitamment, le cœur affolé à l'idée de ce qui se serait passé si l'espion avait eu plus de temps pour viser ; la première idée qui lui vint à l'esprit fut de désarmer son adversaire à l'aide de la Force, mais l'homme à la barbe grise avait de nouveau disparu, satisfait d'avoir assuré sa retraite...
Son comparse voulut manifestement se relever, mais Jor l'en dissuada en envoyant sa tête cogner contre le sol d'une poussée télékinétique ; il s'empara de son arme. C'était l'homme aux cheveux blonds qui avait accueilli Erryi.
« Ne bouges pas d'ici ou tu es perdu, lui intima-t-il, la police est en route et ils n'hésiteront pas à tirer sur quelqu'un fuyant la maison...
C'était faux, la police avait pour consigne d'attendre que Nioson ait été capturé dans la maison de Gunk pour intervenir, et Jor savait que son mensonge avait peu d'espoir de prendre...
-Vas plutôt t'occuper de ton collègue blessé dans l'autre pièce, recommanda ensuite le Jedi.
L'homme hocha vaguement la tête, l'air troublé, et Jor reprit sa course à travers le couloir à un rythme effréné, Nioson ne devait surtout pas s'échapper ou ils n'auraient plus de preuves contre Gunk... Il déboucha sur un escalier en colimaçon, qu'il descendit à toute vitesse jusqu'au deuxième étage...
« … Attention, c'est un Jedi, il faut qu'on file ! » entendit-il crier plus bas... Il poursuivit sa descente jusqu'au rez-de-chaussée, où il déboucha dans un immense salon, vide.
« Mais puisque je vous dis que je n'ai rien à voir avec ça, laissez-moi tranquille ! Il a dû profiter de mon entrée pour passer, tout simplement !
Ça, c'était la voix d'Erryi ; elle venait d'une autre pièce, située vers un corridor sur la droite du salon...
-Taisez-vous ! ordonna une autre voix. Jedi, si vous m'entendez, je...
Supposant que Nioson se trouvait avec Erryi et Gunk, Jor s'engouffra dans le corridor, mais il fut aussitôt accueilli par des rafales verdoyantes, parfaitement ajustées ; il les intercepta juste à temps, la respiration haletante, mais le tireur, un grand homme mince aux cheveux d'un noir de jais et à la peau très pâle, changeait déjà d'angle de tir ; Jor le précipita contre le mur du fond pour le neutraliser et envoya son arme voler loin de lui, puis entra dans la pièce, une sorte de bureau où l'attendaient un Sullustéen qui ne pouvait être que Um Gunk, Erryi et une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux blonds élégamment coiffés.
-Jetez vos armes ! ordonna Jor en observant l'homme d'affaires Sullustéen, tout en se maudissant d'avoir perdu la trace de Nioson...
… Mal lui en prit, car profitant de sa distraction, la femme sortit un pistolaser et lui tira dessus à bout portant ; sans doute aurait-elle tuée le Jedi si Erryi ne s'était pas jetée contre elle à ce moment-là pour détourner le tir. Jor se retourna en jurant, la femme avait rapidement décoché un coup de poing au visage d'Erryi et elle tirait à nouveau sur lui avec la même précision redoutable que précédemment ; il n'eut pas le temps de réfléchir, le trait rencontra sa lame et rebondit dessus avec un grésillement. Droit vers la poitrine de la femme blonde. Son expression se figea brusquement, elle était morte sur le coup. Jor en trembla de la tête aux pieds l'espace d'un instant.
-Général !
-Merci, Erryi ! se reprit le Jedi, se forçant à détourner le regard. Vous, jetez...
-Je ne suis pas armé, Jedi !
Ne sentant aucune menace particulière émaner du Sullustéen, Jor choisit de le croire sur parole.
-Erryi, venez, il faut qu'on attrape Nioson !
-Très bien ! 
Le Jedi et l'agent des renseignements ressortirent de la pièce. L'homme aux cheveux noirs n'était plus là, et son arme non plus.
-Venez, le hangar à speeders est par là, il doit y être s'il n'est pas encore parti ! recommanda Erryi.
-Non... Non, je crois qu'il est encore dans la maison, venez par ici...
Jor et Erryi traversaient le grand salon en sens inverse... Un autre corridor se trouvait à l'angle opposé, ils s'y engouffrèrent, le Jedi sentait la présence de leurs ennemis proche... Une pièce sombre... Non, ils étaient plus hauts, il y avait une sorte d'escalier ou de turbo-élévateur dissimulé derrière cette porte ; Jor se ménagea une ouverture à l'aide de son sabre, sans tenir compte du regard sceptique d'Erryi... Il y avait deux hommes là-haut, sans doute Nioson et le tireur, et ils savaient que Jor arrivait, ils paniquaient... Le Jedi enfonça ce qui restait de la porte et s'engouffra dans l'escalier plongé dans les ténèbres. Il n'était pas question d'allumer la lumière, ce serait le meilleur moyen de prévenir leurs ennemis.
-Ils doivent être en train d'effacer des données, c'est pour cela qu'ils ne sont pas partis ! s'exclama Erryi.
-Vous devez avoir raison... Attention, je crois qu'on arrive... Baissez-vous !
Erryi ne put retenir un cri alors qu'une rafale verdoyante s'abattait sur eux dans le noir ; l'homme ne savait pas où tirer, mais pour l'avoir déjà affronté, Jor se doutait qu'il allait ajuster son tir à partir de ce qu'il avait vu...
-Je m'en occupe, profitez-en pour monter ! ordonna Jor à Erryi.
Le Jedi poursuivit la montée à toute vitesse, sans allumer son sabre pour ne pas indiquer sa position à l'ennemi... Néanmoins, une nouvelle salve de rayons verts jaillit presque droit vers lui, le bruit avait dû suffire à le faire repérer. Terrifié, Jor improvisa quelque chose de très hasardeux ; il envoya une impulsion de la Force non pas devant lui mais derrière, pour se projeter en l'air... Il bondit effectivement à une hauteur surprenante, passant juste au-dessus des traits mortels, et fort heureusement, le plafond était apparemment trop haut pour l'arrêter, il préférait ne pas penser à ce qui se serait passé sinon... Il retomba assez près de son adversaire pour entendre son souffle ; il lui décocha aussitôt un coup de poing quelque part du côté de son estomac, puis profita du répit pour allumer son sabre. Ils n'étaient plus sur l'escalier, mais l'homme bondit avec une agilité surprenante pour le rejoindre, passant juste sous la lame de Jor, qui lui saisit le poignet ; le Jedi entendit monter Erryi alors que l'autre était toujours en train de lutter pour se dégager... Il aperçut brièvement à la timide lueur de son sabre l'homme lever son blaster, manifestement décidé à le tuer pour de bon ; sans réfléchir, le Jedi envoya son sabre quelque part devant lui... Il y rencontra de la chair et s'y enfonça. Le tireur émit un râle étranglé et s'effondra.
-Général, attention !
Jor se retourna précipitamment ; une porte s'était ouverte plus haut, laissant échapper une raie de lumière, mais elle fut rapidement close après le passage d'une ombre... Le Twi'lek entendit Erryi crier, puis il y eut deux coups de feu et un nouveau cri de douleur, d'une voix masculine, cette fois, quelqu'un tomba dans l'escalier.
Jor se précipita vers le haut de l'escalier, Erryi faisant de même... Il y avait un interrupteur, qu'elle pressa avant que Jor fut en haut. Numoro Nioson et l'homme aux cheveux noirs étaient tous deux étendus morts dans l'escalier.
-Il n'était pas armé, commenta Jor en désignant Nioson, incroyablement mal à l'aise. Je ne sais pas ce qu'il avait fait de son blaster, il l'a peut-être refilé à son collègue, mais il ne l'avait pas.
-Je... Je suis désolée, il venait vers moi, et je ne savais pas...
-Ce n'est pas votre faute, la rassura le Jedi. En tous cas, ça ne l'est pas pour moi ; si vous avez besoin qu'on se fasse discrets là-dessus, je peux...
Jor était stupéfait lui-même de faire une telle proposition, lui qui défendait férocement d'ordinaire le droit et l'honnêteté ; mais dans cette situation, il était convaincu que ce qu'il faisait était juste, l'agent des renseignements pouvait légitimement penser que Nioson était toujours armé, et elle n'avait pas eu plus de temps pour y réfléchir. La République n'était pas exempte de défauts, lui mentir était parfois le meilleur moyen de servir ses valeurs.
-Non... Ça va aller, je pense, assura Erryi, nos services connaissent ce type de situations...
Curieusement, à présent que Jor se rappelait que c'était Isard qui était en charge de tout cela, l'idée de passer si facilement sur la mort d'un homme désarmé lui paraissait bien plus désagréable...
-Nioson aurait fait une belle prise, déclara Erryi. Il était recherché pour des crimes de droit commun en plus de ses activités politiques... Un double meurtre en plein Coruscant... Si en plus il a effacé les données des ordinateurs...
-Oui, mais Gunk n'a pas dû aller bien loin, je pense... Prévenez la police qu'elle peut intervenir. Ah, j'en ai aussi blessé un là-haut, et j'en ai laissé un autre désarmé... Je lui ai fait croire que la police était déjà là et je lui ai conseillé d'aller s'occuper de son copain, mais ça m'étonnerait qu'il m'ait crû... Ça fait quand même trois morts.
-Entre Gunk et ceux qu'on a eu cet après-midi, ça reste une très belle prise !
-Je sais, oui...
-Vous n'êtes pas censé être Général, vous ?
-Si, il paraît. » soupira Jor.

La respiration de Gunk était légèrement hâtée d'après ce que Jor savait des Sullustéens lorsqu'il pénétra dans la pièce d'interrogatoire ; l'officier des renseignements Ibtibasam, un Quarren, était déjà avec le prisonnier. L'opération avait été un succès aux yeux des renseignements malgré la mort de Nioson, les preuves contre Gunk étaient accablantes ; par ailleurs, les deux hommes de mains que Jor avait abandonné au troisième étage de la maison avaient été capturés, le second était resté prendre soin de son camarade malgré le caractère malhabile du mensonge de Jor. L'attachement avait du bon, parfois. Néanmoins, le Jedi doutait fortement que l'arrestation du Sullustéen fasse réellement avancer sa propre mission ; de plus, il savait pour en avoir discuté avec Ibtibasam auparavant qu'il allait entendre des choses qui n'allaient pas lui plaire.
« … Vous allez être poursuivi pour haute trahison, prévenait le Quarren, et, quitte à me faire accuser de bafouer la présomption d'innocence par des imbéciles, condamné. Vous savez ce que ça veut dire ? Votre argent ne vous met pas au-dessus des lois. De toute façon, M. Nioson n'a pas eu le temps d'effacer grand chose, les données restantes nous seront déjà très utiles avec ou sans votre coopération ; mais faites preuve de bonne volonté, c'est la seule chose qui pourra convaincre le juge d'alléger votre peine ! Nous en savons assez pour vous condamner, nous en savons assez pour porter un coup sérieux à la Confédération ; alors dites-vous bien une chose, c'est que c'est pour vous que vous allez parler. Maintenant.
L'officier mentait en partie, car s'il était vrai que Nioson n'avait pas eu le temps d'effacer toutes les données qu'il aurait voulu, Gunk pouvait probablement leur apprendre encore bien des choses. Par exemple ce qu'il savait sur une mystérieuse femme à la peau bleue...
-À quoi bon ? questionna Gunk d'un air résigné, après avoir jeté un regard à l'entrée de Jor. Je suis perdu de toute façon. J'ai coordonné l'espionnage contre la République avant même le début de la guerre, j'ai financé le mouvement Séparatiste dès le début ; je pense que vous n'aurez pas trop de mal à prouver ça. Au point où j'en suis, peu importe ma condamnation, autant que la Confédération gagne. Allez vous faire voir, je ne dirais rien, je n'en ai plus rien à foutre.
La réaction de Gunk était plus ou moins prévue par le scénario ; Ibtibasam rétorqua, implacable :
-Vous n'avez peut-être plus grand chose à perdre, vous, mais vous avez pensé à votre entreprise ? Vous avez pensé à l'entreprise de votre père, à celle de vos enfants ? C'est pour elle que vous avez soutenu la Confédération, n'est-ce pas ?
-Qu'est-ce que ça peut vous foutre ? J'ai soutenu la Confédération, oui, j'ai trahi la République plus que vous ne pouvez l'imaginer ; mais mon entreprise n'a rien à voir là-dedans. Et ne vous foutez pas de ma gueule, je sais que vous n'avez rien pour l'impliquer en tant que personne morale.
-Le Chancelier se passera de preuves pour la nationaliser. Vous savez que le Sénat ne l'en empêchera pas. Allez, dites-le, c'est pour elle que vous avez soutenu les Séparatistes, hein ? Maintenant, si la République peut la garder au chaud et même la laisser à vos enfants, tout ira bien, non ?
C'était précisément ce que craignait Jor, un marchandage sans foi ni loi pour obtenir des informations... Ceci dit, il fallait reconnaître à Ibtibasam qu'il avait admirablement bien cerné la personnalité de l'homme d'affaires. Gunk soupira.
-Ça dépend de ce que vous allez me demander. Il y a des choses que je regretterais d'avoir révélé si la Confédération l'emporte... Et de toute façon, les trucs vraiment précis, ils étaient dans les ordinateurs qu'a détruit Nioson -non, ne me mentez pas, je sais qu'il l'a fait, au moins en grande partie.
-Eh bien, par exemple, le Général Drakas ici présent aimerait vous poser quelques questions sur un Général de Dooku nommé Sev'rance Tann...
Jor hocha la tête.
-Je voudrais savoir où elle est, pour commencer, mais toute autre information à son sujet sera la bienvenue ; c'est une femelle humanoïde à la peau bleue et aux yeux rouges, elle a mystérieusement disparu au début de la guerre, vos services doivent en savoir quelque chose...
Le Sullustéen pouffa discrètement.
-Oh, ça, je peux bien vous le dire : elle n'a rien à voir avec nous, plus maintenant, en tous cas. Je la connais, en effet, et le Comte Dooku lui a confié une mission secrète, mais elle ne travaille pas pour nous et je n'ai pas la moindre idée d'où elle se trouve en ce moment. Le chef de nos services le sait peut-être, et encore ! Vous feriez mieux d'interroger directement Dooku !
-Mais vous la connaissez, donc ? demanda Jor, soulagé.
C'était la première personne depuis Jorj Car'das à avoir au moins eu vent de l'existence de Tann... Il semblait bien qu'il ne serait pas d'un grand secours à la mission de Jor pour autant, mais le Twi'lek était curieux d'entendre ce que Gunk pourrait lui apprendre sur son adversaire...
-Quand l'avez-vous rencontrée pour la première fois ? interrogea Jor.
-Je dirais... Il y a peut-être deux ans ? Bien avant le début de la guerre, en tous cas. Je l'ai rencontré quelques fois, elle travaillait déjà pour le Comte Dooku à l'émergence de l'Union Séparatiste.
-Quel rôle remplissait-elle exactement ? La sécurité du Comte ? L'espionnage ?
-C'était une sorte d'agent spéciale qu'on envoyait pour espionner ou organiser des insurrections, le plus souvent, ou pour régler des... Situations délicates. Il lui est arrivé de sortir vivante de missions que d'aucuns auraient qualifié de suicidaires. Elle a été membre du gouvernement d'une planète pendant une courte période, sous une autre identité. Elle travaillait clairement avec nos services, à l'époque, mais sans avoir de place définie dans la hiérarchie ; c'était la championne du Comte Dooku, tout simplement, et lui seul décidait où nous devions l'envoyer... Parfois, on entendait plus parler d'elle pendant longtemps, j'imagine que Dooku lui apprenait à être comme lui, ou comme vous, à maîtriser vos pouvoirs. Après cela, elle a obtenu un grade dans les forces terrestres de la Confédération, et j'imagine que vous connaissez la suite... Elle a brillé à Géonosis, brillé à la plate-forme Kaer, et puis elle a disparu. Je sais qu'elle est en mission secrète mais je ne peux pas vous dire où, et je crois que bien peu de gens le peuvent...
-Comment la décririez-vous, psychologiquement ?
-C'est à dire que je ne l'ai pas connue de plus près que cela... Je l'ai parfois rencontrée, et elle m'a donné l'impression d'une femme très sérieuse, peut-être un peu idéaliste sur les bords. Intelligente et pragmatique, en tous cas. On dit qu'elle est très désintéressée et courageuse. Elle tient vraiment à la victoire de la Confédération. Je n'en sais pas plus.
-Est-ce que vous savez d'où elle vient ? Comment elle est entrée au service de Dooku ?
-Je n'en ai pas la moindre idée, Jedi. Je peux vous dire qu'elle a longtemps eu des difficultés à parler basic, elle avait une sorte d'accent tonique et une mauvaise maitrise de la conjugaison, elle a sans doute appris à le parler très tard, mais ce n'est pas si rare, quand on s'éloigne un peu des métropoles d'importance galactique. Je ne sais pas à quelle espèce elle appartient, encore moins de quelle planète elle est originaire ou ce qu'elle faisait avant d'entrer au service de Dooku...
-Bien... Si vous avez une autre information sur elle, c'est le moment.
Le Sullustéen eut un sourire dérangeant.
-Oui. Vous ne l'arrêterez pas. Arrêtez de la chercher, plus tard vous la trouverez et mieux cela vaudra pour vous. Elle est prête à faire tout ce qu'elle peut pour faire triompher sa cause, et elle peut beaucoup.
-Tann n'est pas la seule personne déterminée à vaincre de cette Galaxie, Gunk, encore moins la seule à avoir beaucoup de ressources. Je ne connaissais rien à la guerre il y a peu, et cela ne m'a pas empêché de l'emporter dans l'Hégémonie Ciutrique.
-Peut-être, mais j'ai dans l'idée que la dangerosité de Tann s'évalue beaucoup moins par rapport à ce qu'elle a gagné que par rapport à ce qu'elle a déjà perdu. »
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Sam 24 Déc 2011 - 13:35, modifié 1 fois.
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Messagepar Dark Sheep » Sam 24 Déc 2011 - 13:27   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

... quoi ? Comment ?
Un nouveau passage de l'Ascension ?!? (et Code qui se lance dans un nouveau projet...) Juste pendant la période survoltée des fêtes de fin d'année ! :shock:
Le temps me manque pour vous lire les amis, mais j'essaie quand-même. J'ai commencé par ta fiction puisque j'étais déjà dedans, et après trois jours sur ton passage je viens tout juste de le terminer. :whistle:

Tu nous avertis avant le texte que ce chapitre n'est pas forcément celui que tu préfères, j'avoue que ça se ressent un peu dans l'écriture, donc à la lecture du coup. Je dirais que la poursuite et l'infiltration remplissent leur rôle de manière standard, mais ce que j'ai vraiment aimé c'est le dialogue final, quand Jor Drakas cherche à glaner des infos sur Sev'rance Tann. À ce propos, la réplique finale est bien trouvée :wink:
Les dialogues entre Jor et Erryi sont sympas aussi, notamment lorsqu'ils se taquinent un peu :)

Donc maintenant, te reste-t-il des passages de ce chapitre à écrire ou est-on arrivé à un nouveau chapitre ? :D

Quoi qu'il en soit je suivrai fidèlement dès que j'en aurai l'occasion ! :jap:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Sam 24 Déc 2011 - 13:31   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Donc maintenant, te reste-t-il des passages de ce chapitre à écrire ou est-on arrivé à un nouveau chapitre ? :D


Non, il en reste encore un peu, mais plus légers, donc je ne me fais pas trop de soucis :wink: À part que c'est un peu les partiels qui arrivent, là :transpire:

Merci d'être venu :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 29 Jan 2012 - 18:53   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon... On a perdu Nostil et Den ou bien? :( Déjà qu'il n'y avait pas grand monde... On termine le Chapitre XI aujourd'hui, d'accord? Et entre nous, il était temps, non qu'il soit spécialement mauvais en tant que tel, mais j'ai l'impression qu'il lui manque un fil conducteur :neutre: J'ai élagué quelques passages hors-sujet, parce que ce n'est pas une raison pour faire du remplissage, non plus. Vous me direz ce que vous en pensez. En tous cas, le suivant devrait être beaucoup mieux :wink:

Sev'rance avait horreur de tout ce qui lui paraissait purement artificiel, de tout ce qui n'existait que dans les apparences et pour les apparences ; depuis son arrivée dans les territoires connus de la Galaxie, elle éprouvait la plus grande peine à supporter tout ce qui relevait des mondanités, des gens fortunés et des familles hypocrites, tous déchirés par des querelles interminables lorsqu'on les connaissait séparément... C'était exactement l'ambiance délicatement oppressante qu'elle ressentait en entrant dans ce restaurant où se côtoyaient puissants industriels, maîtres des médias et pseudos-artistes fabriqués de toutes pièces par eux, hauts fonctionnaires de la Confédération ou du pouvoir planétaire lui-même.
Pourtant, son appréhension de ce moment lui était un peu passée à présent qu'elle y était, elle sentait même poindre en elle une sorte d'allégresse absurde... Elle devait avouer que le cadre était agréable : les murs du restaurant étaient pleins de subtiles nuances de bleu, lui donnant un aspect intemporel, et les fenêtres donnaient directement sur une côte encore à peu près sauvage. La marée était doucement en train de monter alors que le ciel s'assombrissait progressivement.
Pour bien des gents, c'était même un cadre idéal, supposait Sev'rance. Ils avaient quitté le système Layssrat, le Comte avait fait rapatrier la Suprématie et tout son équipage loin à l'intérieur du territoire Séparatiste, et ils avaient tous été autorisés à résider ici pendant que Dooku reconstituait une armée et que le Decimator était testé.
« Par-là, Général, indiqua le serveur devant elle.
Sev'rance hocha la tête en souriant. Général. Ce monde était loin derrière les frontières Séparatistes, ils avaient quitté le système Layssrat, mais on ne savait pas avec certitude qui elle était, ce qu'elle avait fait, elle n'était qu'une officier Séparatiste de plus, même particulièrement gradée ; mais elle, elle savait, et au lieu d'avoir envie de hurler de frustration face à cet univers ridicule dans lequel vivaient les riches et les puissants locaux, elle se sentait délicieusement supérieure à eux. C'était surtout pour cela qu'elle se sentait paradoxalement bien ce soir, elle revenait d'une campagne épouvantablement intense pour s'emparer du Decimator, elle revenait tout juste à la civilisation ; et eux, ils n'avaient absolument rien fait de tout ce temps, ils vivaient ainsi en s'imaginant que c'était par magie que les armées Loyalistes étaient tenues loin d'ici... Peut-être même s'en trouvait-il parmi eux pour protester contre les impôts qu'ils payaient. La pensée était dangereuse, Sev'rance en avait conscience, elle lui trouvait même quelque chose d'arrogant qui lui ressemblait bien peu ; cependant, leur attitude à eux ne témoignait-elle pas d'un mépris au moins aussi grand à son égard ? C'était le mépris lui-même qu'elle méprisait à travers eux.
-Vous aussi, vous êtes un peu déboussolée là-dedans ? demanda la voix de Gorlan derrière elle.
Sev'rance se retourna et lui sourit ; le jeune homme aux cheveux blonds paraissait bien incongru dans ce cadre niais, sans son armure Mandalorienne...
-Disons que j'en ai un peu plus l'habitude, mais pour être franche, je crois que j'étais encore mieux avec les Wookies sur Alaris Prime...
-Vous êtes venue quand même, non ?
Sev'rance haussa les épaules.
-Nous sommes ensemble, et dans des conditions un peu plus tranquilles que dernièrement, alors peu importe les autres... Venez, Shray'lya est là-bas, indiqua-t-elle.
Au contraire des deux officiers terrestres, le Bothan semblait parfaitement à son aise dans ce décor huppé. D'autres officiers de la flotte s'installaient à une table plus loin, mais Sev'rance et ses deux lieutenants étaient juste au bord de la fenêtre. Elle et Gorlan vinrent s'installer en face du Capitaine.
-Tout va bien, Général ? se renseigna ce dernier.
-Oui, oui... Gorlan et moi n'avons simplement pas l'habitude de ce type d'occasions.
-Non, je vous confesse que ça change assez des dîners entre mercenaires des Hutts, confirma Gorlan le plus naturellement du monde.
Shray'lya rit.
-Vous voyez, vous avez bien fait de changer d'employeur... Et moi aussi, d'ailleurs, je m'ennuyais franchement chez les Bothans, la politique ne m'a jamais intéressé, seulement le commandement... Et vous, Général ? Vous êtes originaire d'un milieu plus modeste ?
-Pas vraiment, non, ma famille a même longtemps été très riche... Mais mon peuple est, disons, très pragmatique, et nous n'avions pas de contacts avec le reste de la Galaxie. Je préfère ne pas en dire plus, mais disons que je me sens assez déplacée ici.
-Ah... Bah, détendez-vous, nous sommes entre nous, et pour fêter la fin d'une sacrée mission ! Vous avez reparlé à Dooku ?
-Oui, ma prochaine armée devrait être bientôt prête. Une bonne partie m'attend déjà, mais le Comte m'a dit lui-même qu'il devait insister à n'en plus finir auprès de Grievous pour que celui-ci rassemble les troupes nécessaires... Enfin, peu importe, lorsque le rassemblement sera fini, elle sera très imposante. Je ne sais pas encore où Dooku veut m'envoyer exactement, mais ce sera sûrement un objectif très ambitieux. Et puis, il va me falloir une flotte, aussi, mais c'est plus compliqué pour l'instant... Et à ce propos, il va me falloir quelqu'un pour la commander.
Shray'lya resta silencieux un moment.
-Moi ?
-Vous avez été un Capitaine efficace sous mes ordres, vous avez accompli un miracle en nous sortant d'Alaris Prime alors que j'étais à moitié morte. Le Comte Dooku vous a fait suffisamment confiance pour vous charger d'une mission complètement secrète. Les gens que je connais dans les forces spatiales Séparatistes sont rares, ceux que j'apprécie le sont plus encore. Vous seriez le parfait Commodore pour moi.
-Ce serait un honneur, Général, naturellement... Cependant, pardonnez-moi d'être si direct, mais vous m'avez fait prendre des risques insensés sur Alaris Prime, alors que je vous avais prévenu que cette opération relevait du suicide ; vous m'avez coûté beaucoup d'hommes, surtout, et mon vaisseau en est sorti à peine en état de voler...
-Je le regrette profondément, Capitaine, j'ai ma part de responsabilité dans la mort de chacun de ces Hommes et je le sais. Mais souvenez-vous bien de ceci, c'est que j'ai accompli notre mission par les seuls moyens disponibles, et que pendant que vous luttiez vaillamment pour nous sortir du système, j'étais moi-même grièvement blessée ; j'ai pris autant de risques que vous, j'ai fait autant d'efforts que vous. Je ne suis peut-être pas la commandante la plus sûre qui soit, mais je suis juste, je connais ma place. Et je sais me montrer reconnaissante envers ceux qui m'ont servie. C'est aussi pour cela que je vous propose ce poste plutôt que de demander son avis à Dooku sur le Commodore le plus efficace dont je pourrais disposer.
-Oui... Vous n'avez pas à vous excuser, Général, je sais que vous avez fait ce qu'il fallait ; mais je tenais simplement à ce que vous n'oubliez pas ceux qui sont morts, et à ce que vous sachiez qu'au-delà de l'honneur que vous me faites, vous avez votre responsabilité envers moi.
-Je vous assure que c'est inutile, Capitaine, intervint Gorlan. Vous ne trouverez pas de commandante qui tienne plus à ses hommes que le Général Tann.
-C'est possible, oui. J'accepte, de toute façon. Être sous vos ordres a quelque chose... D'intéressant.
-Parfait, et merci, j'en parlerais à Dooku, je pense qu'il n'y verra pas d'objection. Sachez également que les test du Decimator débutent demain matin. Gorlan, je pourrais compter sur vous aussi ?
-Sans problème, j'en ai déjà parlé à Dooku ; vous aurez quelques autres Colonels sous vos ordres, mais je serais de la partie.
-Excellent. Dooku peut bien me donner qui il veut, c'est vous qui resterez mon lieutenant.
-Tant mieux, parce que je crois que tant que vous voudrez de moi, je n'accepterais pas d'autre contrat.
-Merci. » répondit Sev'rance, légèrement émue.
Peu importait l'endroit, peu importait même le mépris que lui inspiraient ces gens qu'elle était censée protéger ; la reconnaissance de compagnons d'armes sous ses ordres était la seule chose dont elle avait besoin pour juger de sa réussite. En l'occurrence, elle avait très bien réussi, non seulement par rapport à ce qu'attendait Dooku mais aussi par rapport à ce qu'elle espérait elle-même. Et elle avait bien l'intention d'accomplir plus encore.

« Général ? appela prudemment Barzii en pénétrant dans la cabine de Drakas.
Le Général Jedi était assis devant son bureau ; manifestement dans un état d'énervement avancé, il ne paraissait rien faire de particulier.
-Qu'y-t-il ?
-Transmission du Conseil des Jedi, Général, de la plus haute importance : les Séparatistes sont de retour dans l'Hégémonie Ciutrique, un assaut a été mené sur Liinade III.
-Ah, splendide, grinça Drakas. En plein sur notre base initiale dans le secteur, ils ne se gênent pas... J'espère que Yla sera à la hauteur. Mais quel rapport avec notre mission ?
-Eh bien, d'après les services de renseignements, plusieurs sources indiquent que cette fois, ce serait bien Sev'rance Tann qui commanderait leurs forces...
-Ben voyons ! s'exclama sèchement le Jedi. Ils sont juste en train de voir si nous sommes assez bêtes pour nous faire attraper deux fois avec le même appât, oui ! Nous avons autre chose à faire que prêter attention à une opération d'intoxication de troisième zone, le Conseil m'a donné carte blanche, nous ne tiendrons pas compte de ces rumeurs à moins qu'il n'en donne l'ordre exprès...
Barzii était de l'avis du Général, mais cela ne l'arrangeait pas, car quitte à servir Drakas, il aurait préféré que ce soit pour défendre l'Hégémonie Ciutrique.
-Néanmoins, avança-t-il, le Conseil a ajouté la remarque qu'il était peu probable que les Séparatistes utilisent deux fois la même ruse...
-Je n'y vois qu'un niveau de supercherie supplémentaire de la part des renseignements ennemis, rétorqua Drakas. Dooku aurait fait disparaître Tann tout ce temps pour simplement la faire réapparaître dans l'Hégémonie Ciutrique ? Je n'y crois pas une seule seconde.
-Peut-être que sa mission ailleurs est terminée et que nous n'en avons pas eu vent parce qu'elle visait à obtenir un soutien à la Confédération que nous ignorions...
-C'est votre opinion ? Votre opinion de Vice-Amiral ?
-Non, admit Barzii pour être franc, parce que c'était son devoir d'officier.
-Je comprends que vous ayez envie de revenir dans l'Hégémonie Ciutrique, mais ça pue le piège à plein nez... Nous avons une mission, nous nous y tiendrons... Aussi stupide soit-elle, ajouta-t-il d'un ton peu amène.
-Général, excusez-moi, mais... Ça ne va pas ?
Le Général se leva enfin. Alors, il explosa.
-Non, ça ne va pas ! hurla-t-il. On a fait tous les contrebandiers à notre disposition, écumé les rapports des renseignements, fait le tour des données de toutes les bases Séparatistes tombées récemment, on a même aidé Isard à enlever un pivot du renseignement Séparatiste, ET NOUS N'AVONS TOUJOURS PAS LA MOINDRE IDÉE D'OÙ ELLE EST ! Et nous, nous restons à la chercher alors que nous ne savons même pas par où commencer ! Je suis le Jedi le plus inutile qui ait jamais traversé une guerre dans cette Galaxie ! Grâce au Conseil !
Il secoua la tête, manifestement déboussolé.
-Excusez-moi, Vice-Amiral, je pensais avoir plus de sang-froid que cela...
En réalité, Barzii s'attendait presque à cette scène, c'était une évidence au vu de la tournure prise par cette mission...
-Vous en avez beaucoup, Général, expliqua-t-il, mais vous n'êtes pas un militaire... Je sais bien que vous avez l'habitude de vous rendre utile en permanence, il y a toujours quelque chose à faire pour un Jedi, et on ne vous envoie que dans des situations qui ne pourraient pas se passer de vous ; mais maintenant que vous êtes du côté de la marine, les choses sont bien différentes. Nous sommes pris dans une situation bien plus large que tout ce que vous avez pu affronter précédemment, nous devons suivre les ordres dans un plan global en espérant que celui qui nous les donne sait ce qu'il fait ; nous devons être des pions sur un échiquier, tant pis si nous n'avons pas l'impression d'être en train de servir la justice quoi que nous fassions...
« Nous ne sommes pas là pour cela, même si nous espérons que c'est à cela que ça mènera, à terme. Dans notre métier, nous devons tourner le dos à l'héroïsme. Nous devons accepter de nous ennuyer, voir de faire des choses avec lesquelles nous sommes en désaccord -dans une certaine mesure, bien sûr, après tout j'ai bien trahi Tonith quand il m'a demandé de faire tuer des civils Séparatistes. Général, vous avez sans doute appris beaucoup de choses depuis le début de la guerre, mais il vous reste à en apprendre une de fondamentale : la patience. Acceptez l'idée que vous puissiez échouer à votre mission, acceptez de vous ennuyez pendant que tous guerroient autour de vous ; si vous n'en êtes pas capable, alors il vaudrait mieux que nous ne retrouvions jamais Sev'rance Tann, parce qu'elle ne fera qu'une bouchée de vous.
Drakas hocha lentement la tête, manifestement honteux de son emportement.
-Merci... Je fais un piètre général, tout à coup...
-Vous devriez surtout prendre confiance en vous, aussi, si vous voulez devenir plus patient ; arrêtez de douter que nous retrouverons Tann, arrêtez de penser que vous ne servez à rien. Le Conseil a besoin de quelqu'un qui cherche Tann pour le jour où quelque chose permettra de la retrouver, personne n'a jamais dit qu'elle allait vous tomber dans les bras si vous l'appeliez...
-C'est vrai. Je pensais savoir ce que c'était que la patience, pourtant...
-J'imagine que les Jedi vous apprennent à être patient vis-à-vis de vous-même, mais c'est une toute autre chose d'être patient alors que la Galaxie s'effondre autour de soi...
Drakas hocha la tête.
-D'accord. Merci de votre avis, Vice-Amiral, heureusement que vous êtes là... Vous pouvez vous retirer. »
Barzii salua le Général et sortit ; malheureusement, au rythme où les choses allaient, Drakas aurait encore tout son temps pour oublier la leçon d'aujourd'hui...

D'autres gravures avaient été réalisées dans le tunnel, représentant des scènes de guerre en des temps reculés, avant même que les humains n'apprennent à voyager dans l'espace et ne colonisent cette planète, mais celle-là était de loin la plus marquante et la plus imposante ; elle s'étendait sur toute la hauteur, captivant le regard des rares visiteurs par sa symbolique malsaine de vérité.
L'élément central était un homme portant une armure toute en angles assortie d'une longue cape majestueuse, monté sur une énorme bête aux pattes griffues ; l'homme et sa monture piétinaient une masse bigarrée faite d'hommes et de femmes nus aussi bien que d'animaux, tous portant les marques sanglantes des pattes de la bête, un morne ciel nuageux couronnant la scène... Toute l'ambigüité de la représentation venait de ce que l'homme monté sur la bête avait les traits parfaitement inexpressifs comme un mort-vivant, tandis que les visages de ses victimes étaient déformés de grimaces qui paraissaient trahir aussi bien le plaisir que la douleur... La bête, elle, se fendait d'un large sourire dévoilant sa gueule emplie de crocs.
Sev'rance ne connaissait rien à la culture de cette planète, c'était un monde Séparatiste parmi d'autres où elle devait se rendre, mais ce que représentait cette gravure était universel : la violence, son absurdité, et le goût qu'en avaient pourtant les êtres pensants.
« Général ?
-Oui, j'arrive.
Sev'rance reprit sa marche dans le tunnel à la suite de l'officier des renseignements Séparatiste ; pour lui et ses comparses, naturellement, cette vieille forteresse bâtie par un seigneur de la guerre oublié dont elle avait aussi été le tombeau était simplement l'endroit où ils avaient établi leur base... Flanquée de trois agents des renseignements, Sev'rance acheva de traverser le tunnel ; deux Super Droïdes veillaient devant la porte qui le terminait, ils les laissèrent passer après avoir reçu leurs codes d'identification. De l'autre côté de la porte, Sev'rance était de nouveau à l'air libre, elle s'avançait sur une sorte de long terrain aménagé entre la vieille forteresse et la forêt qui l'entourait. Plusieurs véhicules se trouvaient disposés sur le terrain : longs d'une douzaine de mètres et hauts de trois, portés par des répulseurs, ils avaient une forme assez classique composée d'une base rectangulaire ouverte en deux bras à l'avant et d'un cockpit en forme de tour, la couleur gris acier n'était pas non plus pour les faire sortir de l'ordinaire, mais cette étrange sphère d'un rouge terne devant leur cockpit leur donnait au contraire une apparence très curieuse... C'étaient les Decimators qu'ils avaient saisis sur Eredenn Prime.
Une petite équipe d'officiers des renseignements et d'ingénieurs de diverses espèces vinrent à la rencontre de la Chiss.
-Général Tann, soyez la bienvenue ici, salua le premier d'entre eux, un Neimoidien. Nous avons achevé de tester le Decimator, ses capacités sont impressionnantes.
Sev'rance hocha la tête.
-Impressionnantes comme celles d'un très bon véhicule classique, ou impressionnante sur un autre registre ?
-Les deux, mon Général ! Le Decimator a des capacités motrices particulièrement bien conçues pour un engin de sa taille, même si leur dispositif n'est pas nouveau ; il dispose également de torpilles à proton et de lasers relativement légers, comme nos CAB. Mais là n'est pas le plus important...
-En effet, confirma un agent des renseignements. Venez, il faut que nous vous montrions !
-Très bien, je vous suis.
Le petit groupe entraîna Sev'rance à sa suite vers l'un des Decimators ; en face se trouvait un véhicule de combat quadripode comme ceux que Sev'rance avait affronté sur Eredenn Prime.
-Regardez... Voilà un véhicule assez classique de la République... expliqua le Neimoidien.
L'officier des renseignements s'empara de son comlink :
-Le Général est là, vous pouvez faire la démonstration !
Sev'rance se concentra sur le Decimator, impatiente ; soudain, la sphère rouge sombre s'enveloppa d'une sorte de champ d'énergie vert qui se mit à tourner autour d'elle... La sphère verte se mit à virer au blanc comme si elle était trop chauffée avec un sifflement continu... Il y eut un brusque claquement, et une sorte de trait d'énergie vert partit droit vers le véhicule quadripode. Celui-ci avait à peine été touché qu'il disparaissait sous une explosion d'un blanc aveuglant, forçant Sev'rance à fermer les yeux. Quand la lumière eut disparu, il ne restait plus que des débris noircis et éparpillés.
Sev'rance émit un sifflement admiratif.
-Il l'a pulvérisé d'un seul coup ? Je veux dire, il ne l'a pas simplement transpercé, il l'a vraiment fait exploser ?
Elle jeta un rapide coup d’œil au Decimator ; la sphère était redevenue rouge. L'officier sourit.
-Tout à fait, Général. Cette sphère émet une sorte de laser concentré à un degré incroyable, une vraie torpille à proton sous forme énergétique !
-La maîtrise du laser de ceux qui ont conçu cela est tout bonnement inimaginable, assura le Neimoidien. C'est une technologie révolutionnaire pour les armements lasers. Il subsiste l'inconvénient du temps de tir et de la masse du dispositif, cet armement n'est probablement pas encore transposable aux chasseurs stellaires, par exemple, sans parler des fantassins... Mais il y a de quoi mettre en marche un bouleversement technique... mais attendez, ce n'est pas tout... On a plus de quoi vous le montrer au plus haut niveau, mais... Capitaine, pouvez-vous... ?
-Tout de suite, approuva un autre officier des renseignements.
L'homme saisit son blaster et tira sur le Decimator ; les rayons furent stoppés, manifestement par un bouclier déflecteur.
-Ce véhicule est équipé d'un bouclier, un vieux fantasme d'ingénieur, assura l'officier des renseignements qui avait parlé précédemment. Ce n'est pas une révolution à proprement parler, des tentatives ont déjà été faites, mais c'est rare, les boucliers pour les forces terrestres sont généralement trop coûteux en énergie et en espace pour être rentables... Les droïdekas sont l'une des rares exceptions. Mais ici, la technologie en matière de miniaturisation et d'économie a permis un bouclier efficace, nous n'avons plus de quoi vous montrer quels chocs il peut tenir, mais il y a de quoi faire. Les RT-TT de la République seront complètement dépassés face à un véhicule à la fois plus petit, plus rapide, plus résistant et mieux armé !
Sev'rance hocha la tête.
-Très bien ! Et peut-être même mieux que ça... J'ai crû comprendre que le Decimator avait également des capacités de transport ?
-Tout à fait, Général, elles sont plutôt faibles, mais elles existent, et c'est très surprenant pour un véhicule de cette taille et de cette puissance.
-Alors le Decimator pourrait nous être aussi utile dans des environnements difficiles que simplement face à l'ennemi... Il y a là un atout de poids...
Sev'rance sentait déjà son esprit se perdre dans les myriades de possibilités tactiques qu'ouvrait un tel engin...
-Vous avez tout à fait raison, confirma l'ingénieur Neimoidien. C'est un engin à la fois polyvalent, très puissant et particulièrement bien défendu. Les Loyalistes n'ont tout simplement rien qui puisse prétendre faire le poids, ils devront sacrifier des quantités pharaoniques d'Hommes et de matériel pour chaque Decimator qu'ils nous détruiront !
-Bien. Il va falloir en lancer une production à l'abri de la République, nous pourrions bien précipiter la fin de la guerre avec un tel atout pour nos forces terrestres ; mais je crois que le Comte Dooku a l'intention de tenter une attaque avec ceux dont nous disposons déjà avant cela... Quoi qu'il en soit, cet engin et ses plans doivent rester totalement secrets, y compris au sein de nos propres forces, vous connaissez les consignes sur le sujet. Je vous félicite, vous et vos Hommes, vous avez fait un travail admirable pour maîtriser si vite le Decimator. »
Maintenant, à moi de faire le mien, ajouta mentalement Sev'rance.

Detek Legkassi ignorait ce qui s'était passé exactement sur les rivages du fleuve Chenyyrowlr, mais de toute évidence, c'était bien plus important que ce que le Conseil avait bien voulu dire ; depuis son arrivée à Rwookawarrump, le Chevalier Jedi Arcona s'était senti épié en permanence par les agents des renseignements Loyalistes, ils insistaient aimablement pour l'accompagner partout... À l'évidence, quelqu'un s'était donné beaucoup de mal pour nuire à la République et aux Wookies ici : des dizaines de Wookies qui étaient partis en expédition après la destruction de l'antenne de communication, seuls trois étaient encore en vie, et en mauvais état, tous les autres étaient morts, abattus par des tirs blasters, transpercés par ce que Legkassi soupçonnait être la lame d'un sabre-laser ou... Foudroyés. Un Jedi Noir était venu ici, le jeune Arkona n'avait aucun doute là-dessus, mais il n'en avait pas de preuve formelle.
La question était de savoir ce qu'il était venu chercher... Les bases Loyalistes avaient manifestement été victimes d'un assaut de grande ampleur, mais les survivants refusaient d'expliquer sur quoi ils travaillaient ici, arguant que cela ne regardait pas les Jedi. Les rares témoignages sur celui qui avait mené l'assaut concernaient un mercenaire Mandalorien particulièrement redoutable, Legkassi n'avait rien entendu sur un Jedi Noir, mais il avait l'impression qu'on ne lui disait pas toute la vérité... Outre que les renseignements refusaient d'expliquer ce qu'ils fabriquaient exactement au beau milieu de la jungle d'Alaris Prime avec les Wookies, le Jedi soupçonnait le commandant local d'essayer de dissimuler une incompétence de sa part qui expliquerait que le raid Séparatiste ait fait tant de ravages... Comment se faisait-il en effet que les Loyalistes se soient trouvés si mal préparés à réagir malgré l'irruption d'une Frégate Munificent dans leur espace un peu plus tôt ? Comment, alors que les Wookies avaient manifestement compris quel danger les menaçait, eux ?
Les officiers de la flotte n'avaient pas été plus bavards avec le Jedi, les renseignements les avait simplement contactés pendant le raid, et ils étaient venus le plus vite possible pour bloquer le bâtiment de guerre Séparatiste... Hélas, celui-ci était parvenu à s'échapper malgré tout, non sans occasionner de graves dommages à l'un des Cuirassés. C'était un fiasco. Legkassi savait qu'il n'était pas censé être là pour enquêter là-dessus, on l'avait envoyé alors que sa précédente mission touchait à sa fin pour aider les survivants et prendre la tête de ce qui restait de la garnison clone à présent que les services de renseignements allaient faire leurs valises, mais il avait la conviction que le Conseil des Jedi espérait qu'il en apprendrait plus sur ce que le Chancelier et Armand Isard avaient fait ici sans les consulter...
Le Wookie que Legkassi s'efforçait de ramener à la vie grâce à ses compétences premières de guérisseur était quelqu'un d'important, s'il avait bien compris, ce Layrritcuk avait été un brillant ingénieur avant de devenir le principal administrateur de la colonie de Rwookawarrump. C'était lui qui avait ordonné aux guerriers Wookies de partir à la rencontre des Séparatistes après avoir constaté que les communications avaient été rompues avec les autres colonies, et il avait été le seul à survivre avec deux de ses guerriers... Tous trois s'étaient légèrement enfoncés dans la forêt, manifestement pour y poursuivre quelqu'un, d'après les traces de combat. Près d'une vingtaine de combattants Wookies étaient morts sur la plage dans des conditions variées... Les fugitifs s'étaient livrés à un véritable carnage avant de s'en aller.
Cela faisait quelques jours que Layrritcuk était entre la vie et la mort, mais il allait de mieux en mieux, Legkassi faisait de son mieux pour garder vive l'étincelle de vie qui subsistait en lui, et les droïdes médicaux avaient fait le reste ; le Jedi avait bien l'impression que le chef Wookie était en train de reprendre conscience... Le mieux, c'était qu'ils étaient seuls avec les deux autres guerriers blessés, qui se remettaient peu à peu, eux aussi. Si les Wookies se montraient plus coopératifs que le personnel des renseignements...
Oui, les yeux du chef Wookie s'ouvraient... Il grogna quelque chose de confus. Fort heureusement, le jeune Arkona était l'un des rares Jedi à comprendre le Wookie, c'était pour cela qu'on l'avait choisi, entre autres.
-Vous comprenez le basic ? demanda Legkassi.
Layrritcuk parut chercher des forces un moment.
-Oui, répondit-il finalement, cette fois plus compréhensible.
Legkassi n'était pas surpris, les Wookies n'avaient la plupart du temps aucun mal à apprendre les langues étrangères, ils étaient seulement biologiquement incapables de les prononcer.
-Reposez-vous, vous avez survécu à l'attaque Séparatiste, mais vous avez subi plusieurs électrisations graves...
-Je sais... Mais il faut que vous... Savez-vous ce que les Séparatistes sont venus faire ici, Jedi ?
Legkassi sentit son rythme cardiaque s'accélérer... Si le Wookie lui disait ce qu'il savait...
-Non...
-Bien ce que je craignais... Les renseignements... Peu importe, nous avons fabriqué une arme, ici, une arme appelée le Decimator, et je crois que nos ennemis étaient venus voler ici ses codes d'activation... Probablement volé l'arme sur Eredenn Prime...
Legkassi hocha la tête.
-Bien... Merci beaucoup, je pense que mes supérieurs seront intéressés de l'apprendre...
-De rien. Je ne... Plus confiance aux renseignements. 
-Merci, j'espère que nous ferons bon usage de cette information... Allez, il faut vous reposer, maintenant, et vous serez bientôt à nouveau en état de diriger la colonie... Deux de vos guerriers ont également survécu...
-Seulement deux ?
-Oui, malheureusement.
-Dernière chose... Savez-vous qui commandait les Séparatistes ?
-Non. Vous le savez, vous ?
-Pas vraiment... C'était une vraie question... Mais elle est dangereuse, très dangereuse. C'est une femelle. Humanoïde. Peau bleue, yeux rouges. Jedi Noire.
-D'accord, j'essayerais de me renseigner... Merci, vraiment. Je vais vous laisser vous reposer, je dirais aux droïdes de se tenir prêts au cas où vous auriez besoin d'eux.
Legkassi sortit de la pièce ; deux clones et un agent des renseignements montaient la garde devant la porte.
-Le chef a repris connaissance, indiqua le Jedi. Je vais prévenir les droïdes, et aussi les Wookies.
-Il vous a dit quelque chose ? interrogea l'agent, méfiant.
-Rien d'important, ses souvenirs de l'attaque sont assez confus et il ne m'a parlé de rien d'autre.
-Très bien. Occupez-vous des droïdes, je vais parler aux Wookies moi-même, et à mes supérieurs.
-Comme vous voudrez. Essayez de m'obtenir une transmission sécurisée pour le Conseil des Jedi, ensuite, que je vois s'ils peuvent m'arracher d'ici, maintenant que les choses commencent à aller mieux...
L'agent sourit, compréhensif.
-Je vais vous arranger ça.
-Merci. »
Legkassi devait vraiment parler au Conseil des Jedi.

Jor était venu le plus vite possible, à la fois inquiet et en colère. Il savait déjà que sa recherche de Sev'rance Tann avait été vaine, ce n'était pas une surprise, mais savoir que c'était le directeur Isard lui-même qui lui avait mis des bâtons dans les roues était autrement plus choquant... Les portes s'ouvrirent doucement sur le bureau du Chancelier Suprême de la République, beaucoup trop doucement pour ce que ressentait Jor...
« Général Drakas, content je suis de vous voir, rejoignez-nous, l'invita Maître Yoda.
Plusieurs membres du Conseil des Jedi étaient déjà là, Maître Windu était absent, mais Jor remarqua Yoda, Shaak Ti, Plo Koon et Adi Gallia. Le Chancelier Palpatine leur faisait face, affichant un air grave ; Jor ne l'avait jamais rencontré personnellement, mais il avait un certain respect pour lui, on disait que c'était un homme ouvert et particulièrement soucieux de l'unité et de la paix de la République, et la guerre avait indéniablement confirmé sa stature de grand homme d'État. La République avait besoin de lui, à n'en point douter, mais aujourd'hui, Jor était en colère contre lui. Debout à côté de lui, un grand homme aux cheveux d'un noir de jais toisait les maîtres Jedi sans tout à fait dissimuler son arrogance. Armand Isard.
Jor rejoignit le Conseil des Jedi, mais il ne s'assit pas.
-Soyez le bienvenu, Général Drakas, le salua Palpatine, et avant que vous ne disiez quoi que ce soit, je vous présente mes excuses et celles de M. le directeur pour le grave dysfonctionnement de nos services qui nous a conduit à cette situation... Je présume qu'on vous a exposé la situation ?
Les lekkus de Jor se tordirent légèrement.
-Oui, Chancelier... Un raid Séparatiste a été mené sur la colonie Wookie d'Alaris Prime par quelqu'un que l'on soupçonne être le Général Tann, c'est bien cela ? Et elle a volé une arme fabriquée par les ingénieurs Wookies sous la protection des renseignements...
Jor jeta un regard peu amène à Isard, lequel ne réagit pas.
-C'est tout à fait cela, malheureusement, confirma Palpatine. Et le Decimator représente une menace considérable pour nos forces terrestres... Je dois vous prévenir que selon toutes les estimations, nous serions incapables de rééquilibrer la guerre si la Confédération le déployait à grande échelle. Incapables. À présent, il faut que nous travaillions de toute urgence à contrer cette nouvelle menace...
-Un instant... demanda Jor, étrangement agressif pour quelqu'un qui s'adressait au Chancelier Suprême de la République, mais en cet instant, il n'en avait cure.
-Oui, Chancelier, l'appuya Adia Gallia, vous devez comprendre que cela fait maintenant longtemps que le Général Drakas s'efforce de localiser le Général Tann... Vous nous avez présenté vos excuses, mais nous aimerions comprendre comment les services de renseignements eux-mêmes ont pu nous dissimuler le raid d'Alaris Prime...
-Par ailleurs, ajouta Yoda, pourquoi vous nous avez caché le développement de cette arme, du mal à comprendre nous avons ! Bien plus vite nous aurions pu réagir si informé vous nous aviez !
-Je comprends, Maîtres, mais les choses ne sont pas si simples, le directeur Isard n'a fait que suivre la procédure imposée dans une telle situation, vous ne pouvez pas le lui reprocher, n'importe qui d'autre aurait fait de même à sa place...
-En effet, assura Isard. Pour des raisons évidentes, le moins de gens possibles au sein de nos propres forces devaient être informés de l'existence du Decimator ! Et, sauf votre respect, Maître Sora Bulq a démontré que la loyauté de l'Ordre Jedi n'était pas infaillible...
Plo Koon voulut réagir, mais le Twi'lek le devança :
-Ah, alors l'Ordre Jedi n'est pas digne de confiance ? C'est peut-être vrai, mais est-ce que vous pensez que vous vous êtes montré digne de confiance dans cette affaire, vous ? Je peux comprendre qu'un tel projet ait été entouré de secret, mais quel besoin aviez-vous de nous dissimuler son existence même après que Sev'rance Tann l'ait volé ?
-Général Drakas, rétorqua Isard en appuyant bien sur le titre de Général, puis-je vous rappeler que vous ne connaissez rien, rien du tout au renseignement ?
Ni même à la guerre, le sous-entendu était tellement clair que Jor avait l'impression d'entendre penser Isard... Imbécile, il n'avait aucune idée de ce que Jor avait fait tout ce temps, il le jugeait simplement en tant que Jedi, et encore...
-Mais ce n'est pas une question de connaître le renseignement, c'est une question de bon sens ! explosa Jor. On ne cache pas à ses alliés que l'ennemi est entré en possession d'une nouvelle arme dévastatrice ! On ne laisse pas ses alliés chercher désespérément quelqu'un dans toute la Galaxie alors qu'on sait très bien où il est ! Vous nous avez fait perdre notre temps et nos ressources pour rien ! Nous sommes alliés, oui ou non ? Nous coopérons pleinement avec vous, qu'attendez-vous pour faire de même ?
-J'attends que vous soyez capable de comprendre qu'il y a d'autres choses dans cette Galaxie que votre force mystique, et que vous n'y connaissez rien !
-Mais qu'est-ce que vous prétendez connaître de...
-Messieurs, s'il vous plait ! coupa Palpatine, dont la patience atteignait manifestement ses limites. Il n'y a pas lieu de distribuer des blâmes, dans un sens ou dans l'autre ! Le directeur Isard savait qu'il devait neutraliser un autre danger que Sev'rance Tann, un danger qui est l'infiltration de nos forces jusqu'aux niveaux les plus secrets ! Parce que non, les services de renseignement non plus ne sont pas infaillibles. Nous vous avons présenté nos excuses, Général Drakas, parce qu'il y a vraiment eu une défaillance grave sous notre responsabilité, je ne vois pas ce que vous attendez de plus. En attendant, M. le directeur se devait de comprendre comment les Séparatistes ont pu arriver jusqu'à Alaris Prime ! Je regrette, il avait des priorités différentes des vôtres, et cela vous a empêché de mener votre mission à bien, vous n'en êtes pas responsable et votre colère est compréhensible. Mais ce n'est pas du tout ce dont nous avons besoin en ce moment.
-Vous calmer vous devez, Général Drakas, conseilla Yoda. Des choses que vous pourriez regretter, ne dîtes pas sous le coup de la colère. Un événement grave produit s'est, réunis nous sommes pour y parer, pas pour nous chamailler.
-Pour nous chamailler ? Si je suis en colère, Maître Yoda, c'est parce que je considère que ce que nous faisons importe, l'avenir d'une Galaxie en dépend ; mais puisque le Chancelier m'assure que M. le directeur n'a fait que son travail, soit. Cependant, à défaut de connaître l'existence du Decimator, j'aimerais au moins savoir pourquoi je n'ai pas été informé au moins que c'était Tann qui avait mené ce raid ! J'ai perdu mon temps à la chercher !
-Parce que nous ne le savions réellement pas, Général, expliqua le Chancelier. Avant que le chef Layrritcuk ne se réveille, nous n'avions aucune certitude sur l'identité du commandant Séparatiste tant l'attaque avait été rapide et efficace... Tann s'est moins mise en avant que son bras droit Mandalorien, ce qui est tout à fait compréhensible puisqu'elle devait assurer le commandement des droïdes, et presque tous ceux qui ont eu affaire à elle sont morts. Nous étions trop préoccupés par la perte du Decimator pour nous préoccuper de la personne qui avait mené l'attaque, c'était sans doute un tort, mais c'est ce qui s'est produit néanmoins. À présent, je vous en prie, cessez de croire que le directeur Isard se lève tous les matins en se demandant ce qu'il peut faire pour nuire aux Jedi, nous avons du travail !
-Bien, Chancelier, se résigna Jor. Savons-nous où Tann est partie avec le Decimator ?
-Hélas non, répondit Palpatine. La Frégate a réussi à s'échapper, manifestement en très mauvais état, mais nous sommes sûrs qu'elle est parvenue à quitter le secteur. À présent, elle pourrait être n'importe où dans l'espace Séparatiste...
-À vrai dire, il est même possible qu'elle soit morte, avança Plo Koon, ses blessures étaient extrêmement graves selon le témoignage de Layrritcuk et ses guerriers.
-De cela, je doute, déclara Yoda. Une possibilité c'est, mais Tann très forte est, là-dessus miser nous ne devons pas.
-De toute façon, sa mission est terminée, remarqua sombrement Shaak Ti, elle ne va probablement pas tarder à réapparaître, maintenant... Probablement avec le Decimator.
-Je pense que nous sommes d'accord que la rechercher n'est donc plus une priorité, suggéra Palpatine.
-En effet, confirma Maître Yoda, sans aucune contestation.
-Maîtres... Chancelier... Je suis tout à fait d'accord avec vous, mais à ce moment-là, je n'ai plus de mission. J'ai toujours demandé à rejoindre le front, alors à présent...
En réalité, la perspective n'enchantait pas Jor, loin de là ; il avait plus que jamais envie de retrouver Sev'rance Tann, il la poursuivait depuis trop longtemps, et surtout, la pensée qu'elle meure loin de lui lui faisait peur... Mais il voulait se rendre utile, cela faisait trop longtemps que le Conseil l'avait affecté à cette mission inutile, pas question qu'elle dure plus longtemps...
-Un instant, proposa le Chancelier. Général Drakas, nourririez-vous un intérêt particulier pour Sev'rance Tann ?
-C'est à dire ?
-Si là, en ce moment, nous savions où elle est, vous voudriez que nous vous envoyions l’arrêter?
-Oui, Chancelier, parce que je pense que c'est moi qui la connait le mieux ; cependant, j'irais là où on m'ordonnera d'aller, ce n'est pas le problème.
-Bien, mais... Maîtres, que penseriez-vous d'affecter le Général Drakas et un groupe de spécialistes à la détermination des endroits où Dooku aurait les plus grandes chances d'employer le Decimator ? Le Decimator et Sev'rance Tann, mais nous ignorons si elle a survécu. Nous mettrions des forces à votre disposition pour que vous puissiez intercepter Sev'rance Tann si vous trouvez où elle va frapper, ainsi vous pourriez rattraper notre échec sur Alaris Prime...
-Ce... Ce serait un pari risqué, Chancelier, je pourrais me tromper...
-Vous ne serez pas le seul responsable de cette opération, de toute façon. Et il faut que nous l'arrêtions avant que le Decimator ne soit produit à grande échelle... Elle et Dooku vont probablement essayer de nous prendre par surprise avant cela, et ça ne doit pas arriver, d'autant que c'est notre meilleure chance d'arrêter aussi bien Sev'rance Tann que le Decimator.
-Une bonne idée c'est, approuva Maître Yoda.
-Il nous faudra quelqu'un de résistant face à Tann le jour où elle réapparaîtra, expliqua Plo Koon, il serait peu sage d'envoyer le Général Drakas ailleurs...
-Alors nous sommes d'accord, Maîtres ?
Les Maîtres Jedi approuvèrent à l'unanimité.
-Général Drakas ?
Jor sentit son cœur s'emballer face à la possibilité effrayante qu'il soit en charge de contrer à la fois la menace du Decimator et celle de Sev'rance Tann... La responsabilité que le Chancelier voulait faire peser sur lui était immense... Mais au fond, si le sabotage de ses recherches par Isard lui avait appris quelque chose, n'était-ce pas qu'il ne pouvait faire confiance qu'à lui-même dans cette guerre ? Ce que lui proposait le Chancelier était intimidant, mais c'était aussi exactement ce qu'il voulait.
-J'accepte. 
-Parfait, Général. »
Il allait retrouver Sev'rance Tann, cette fois c'était une certitude ; la dernière fois qu'ils s'étaient affrontés, elle avait eu de la chance, il était un Général inexpérimenté et en nette infériorité numérique. Que serait-ce, cette fois ? Jor aurait enfin les forces dont il avait besoin à sa disposition, et il était bien décidé à vaincre Sev'rance Tann. Ou à la sauver ?
Modifié en dernier par Mitth'raw Nuruodo le Dim 26 Fév 2012 - 19:21, modifié 1 fois.
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Messagepar Notsil » Dim 29 Jan 2012 - 20:05   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Marrant, j'étais persuadée d'être à jour sur ta fic :chut:

Bon, je m'y remets dans la semaine, avec les fêtes, TOR, les imprévus irl, ça fera du bien de faire une pause dans le quotidien :)
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Messagepar Den » Dim 29 Jan 2012 - 20:11   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Marrant, j'étais persuadée d'être à jour sur ta fic
Mince! Je pensais aussi être à jour :x
Bon! Me reste plus qu'à trouver du temps! Bientôt donc ;)
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Messagepar Notsil » Lun 30 Jan 2012 - 11:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Et voilou retard rattrapé :)

Bien, on termine donc la remise en forme et on se dirige vers une nouvelle rencontre Jor / Tann... intéressant :) Le mandalorien suit toujours l'autre miss comme son ombre, héhé ^^

Pauvre Drakas, il ressentirait pas l'appel du CO de temps à autre ? :p

bon, plus qu'à attendre la suite pour voir comment tout cela va se goupiller :)
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Mar 31 Jan 2012 - 17:41   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Pauvre Drakas, il ressentirait pas l'appel du CO de temps à autre ? :p


Eh oui, c'est facile de rester un bon Jedi dans une Galaxie en paix, hein? :D

Merci, d'avoir rattrapé ton retard, j'essayerais d'avancer plus vite maintenant. Si Mlle. Nuruodo veut bien :whistle:

Au cas où vous en auriez marre de mes descriptions du Decimator :

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Messagepar Johny Boy » Mer 01 Fév 2012 - 12:56   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Règle n°1: On n'appuie pas sur le bouton rouge
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Messagepar Den » Jeu 02 Fév 2012 - 17:46   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Voilà! Retard rattrapé! :lol:

C'est toujours aussi sympa même si j'ai eu un peu de mal à rentrer à nouveau dans l'histoire au début. Mais, une fois les premiers paragraphes passés, les souvenirs ont afflué et ma mémoire s'est mise à bouillir :lol:

Je trouve que la grande force de ton récit réside autant dans les dialogues que dans la façon dont tu racontes ton histoire (heureusement, me diras-tu?). Certains passages sont très savoureux. On sent que l'histoire progresse.

Te lire est donc toujours un plaisir cher ami! :wink:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 02 Fév 2012 - 23:02   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

On sent que l'histoire progresse.


Ah bon? :paf:

Merci Den, content de te revoir, et content que ça te plaise toujours :wink:

(Bah tiens, pour une fois, c'est Dark Sheep qui se fait attendre :lol: )
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Messagepar Dark Sheep » Mar 07 Fév 2012 - 11:46   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Mitth'raw Nuruodo a écrit:(Bah tiens, pour une fois, c'est Dark Sheep qui se fait attendre :lol: )

Ouais... je sais.
Ces derniers temps c'est galère, aussi bien la lecture que l'écriture. Mais je vais lire, promis. D'ailleurs je vais commencer tout de suite ! :wink:
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Messagepar Dark Sheep » Mer 15 Fév 2012 - 12:12   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Bon voilà, j'ai eu le temps de tout lire et maintenant je reviens pour poster un petit com' !

Ben il y a de tout ou presque dans ce passage, du Decimator (merci pour l'illustration au passage :wink: ) de la chiss, du jedi... et même du chancelier abject !
On voit ce que la guerre peut faire à un homme, fut-il jedi... ça n'en rend Jor que plus humain, je l'aime bien ce p'tit gars :)
En revanche son obsession pour Sev'rance pourrait lui attirer des ennuis :siffle:

La suite nous réserve certainement de bons moments ! Je suis prêt !
:lol:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Jeu 16 Fév 2012 - 23:14   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Parfait, merci d'être revenu! Je préfère prévenir tout de suite, la fac me laisse peu de répit pour écrire :perplexe:
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Messagepar Mitth'raw Nuruodo » Dim 26 Fév 2012 - 21:14   Sujet: Re: L'Ascension de Sev'rance Tann

Tenez, je vous donne une version PDF intégrale de la fan-fic jusqu'à présent si ça intéresse quelqu'un... découpage chapitre par chapitre :wink:

L'Ascension-1.pdf
(153.24 Kio) Téléchargé 19 fois


L'Ascension-2.pdf
(71.13 Kio) Téléchargé 19 fois


L'Ascension-3.pdf
(129.08 Kio) Téléchargé 19 fois


L'Ascension-4.pdf
(70.35 Kio) Téléchargé 18 fois


L'Ascension-5.pdf
(218.21 Kio) Téléchargé 19 fois


(Suite au prochain post)
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