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Quand les américains parlent aux français... (3/5)
 
Entrevue comics avec Paul Chadwick
06/12/2004
Ces interviews ont été réalisées par Mike Jozic pour le site SilverBullet Comicbooks. Elles se sont déroulées au printemps 2003 avec différents artistes travaillant sur les comics Star Wars pour Dark Horse, et dont les réalisations faisaient l’actualité. A l’automne 2003, Mike Jozic m’a laissé l’opportunité de faire bénéficier SWU et les fans français de son travail en traduisant les interviews.
Pour des raisons diverses (emploi du temps personnel chargé, manque d’actualité du contexte pour ces interviews, SWU off-line pendant de longs mois), le résultat n’apparaît qu’aujourd’hui.

Si aux Etats-Unis, le contexte de ces interviews est dépassé depuis un an et demi, ce qui est un autre facteur expliquant l’abandon provisoire des textes, en France l’éditeur Delcourt s’est retroussé les manches et s’est jeté dans la Guerre des Clones avec succès, offrant une nouvelle actualité à ces interviews.
Au fil des semaines, vous découvrirez des artistes qui vous seront familiers ou inconnus selon que vous lisiez la VF, la VO ou pas de comics du tout. J’espère vous faire percevoir des choses originales via ces interviews, et qui sait, peut-être l’envie de découvrir de nouvelles choses.

Sur un rythme hebdomadaire, après Randy Stradley, puis John Ostrander et Jan Duursema, vous retrouverez la semaine prochaine Haden Blackman et Brian Ching qui vous ont traîné dans la boue de Jabiim, et enfin Pop Mahn dont la mini-série très manga-style n’a jamais été adaptée en France. Cette fois-ci, vous êtes en compagnie de Paul Chadwick, auteur de numéros inédits en France.
Toutes les oeuvres de Paul Chadwick pour Dark Horse se trouvent dans la zone Star Wars du site de l’éditeur.

Vous pouvez retrouver la version originale de cette interview ici.
Et contacter Mike Jozic par e-mail.

Enfin, un énorme merci à Lili qui a chassé inlassablement toutes mes fautes de traductions ou d’orthographe.


Entrevue avec Paul Chadwick

Par Mike Jozic.

Avec Concrete Paul Chadwick a créé une des plus intéressantes et sous-estimées séries "creator-owned" (ndt : signifie qu’il a sa propre boite de production, ses personnages lui appartenant) des 20 dernières années. Ses précédents travaux pour Marvel comics, travaillant sur Dazzler avec le légendaire Archie Goodwin, présageaient mal de la longue carrière qui attendait ce jeune talent.
Désormais, 15 ans plus tard, Paul est dans la galaxie Star Wars.

En mai, il a démarré une double intrigue, un run de six numéros sur Empire, la série mensuelle Star Wars couvrant les évènements entre les Episodes IV et VI. En commençant au 8ème numéro de la série, Chadwick en profite pour mettre en avant un de ses personnages favoris, qui mérite plus d’attention qu’il n’en a eu dans Un Nouvel Espoir selon lui.

Biggs Darklighter, dont les scènes furent réduites à peau de chagrin dans la version finale du film, sera sous le feu des projecteurs dans quatre des numéros de Chadwick, et les lecteurs vont découvrir son parcours entre sa réunion avec Luke sur Tatooine et la Bataille de Yavin. Son autre intrigue, « Yavin Battle », explorera la découverte des étranges temples aliens par les Rebelles et leur installation, ainsi que le mystère concernant leurs bâtisseurs.


DarklighterMIKE JOZIC: Vous êtes probablement plus connu pour votre série en creator-owned, Concrete, et désormais vous travaillez sur différents projets Star Wars comme vos intrigues pour Empire. Comment se passe la transition entre une production dont vous avez le contrôle absolu et une licence ?

PAUL CHADWICK: C'est une torture. Concrete, avec ses personnages et sa continuité que je connais intimement et que je peux modifier à volonté, est une promenade de santé par rapport au champ de mine de la continuité Star Wars. Je ne veux pas me plaindre, ils doivent protéger la continuité. Mais après 27 ans de succès pour le plus célèbre des mythes modernes, les directives et les interdits et se sont multipliés comme les lunes autour d’une géante gazeuse.

JOZIC: Pouvez-vous donner des exemples d’interdictions sur lesquelles vous êtes tombé en bossant sur Empire ?

CHADWICK: La plus grosse c’est la restriction de temps. J’espérais que certains passages indéterminés d’Un Nouvel Espoir, comme le vol pour Alderaan ou l’errance des droïdes dans le désert – pourquoi pas 40 jours comme le Christ – m’offrirait de la marge pour l’histoire de Biggs. Pas moyen. Il y a une chronologie très stricte établie, et les voyages dans l’hyperespace ne prennent jamais plus d’une journée dans Star Wars. Les limites de temps des systèmes vitaux des Tie fighters, les casques transparents ou opaques, qui parle et qui ne parle pas, tout ça est verrouillé.

JOZIC: Comment est venue l’opportunité de bosser sur les titres actuels ?

CHADWICK: Quand l’éditeur Randy Stradley m’a demandé de dépoussiérer une proposition que j’avais écrite il y a plusieurs années, à l'époque où j'ai décidé de collaborer plus. A l'origine c'était une intrigue en 2 numéros, mais ça s'est étoffé. Pour le titre Valentine Story, c'était juste un coup de chance, je me suis trouvé au bon endroit, au bon moment. L’éditrice Diana Schutz, qui s’occupe aussi de Concrete, avait du mal à trouver un artiste pour l’histoire de Judd Winick, très centrée sur le relationnel entre les personnages, qui se passe durant le crash d’un vaisseau spatial avec juste Han et Leia. J’ai lâché Concrete pendant quelques mois pour faire ça dans des délais très courts.

JOZIC: Le spécial St Valentin est une première pour les titres Star Wars. Comment était-ce d’aborder ce projet ?

CHADWICK: Des délais serrés, le challenge de dessiner Carrie et Harrison à ce moment de leur vie à partir d’un nombre de photographies très restreint, et dans une situation confinée – une épave de vaisseau. Le script brillant de Judd se serait parfaitement adapté en un feuilleton radiophonique. C’était sympa d’avoir mon pote Ken Steacy pour la mise en couleur.

JOZIC: Le délai était serré comment sur Valentine Story ?

Valentine StoryCHADWICK: Je me rappelle de longues soirées de boulot pendant un mois et demi. Par chance, les meilleurs talk-show à la radio sont à cette heure là.

JOZIC: Vous êtes content du résultat de Valentine Story, ou vous êtes trop proche pour ignorer les défauts ?

CHADWICK: Ca me prend à peu près 5 ans pour ne plus grimacer quand je vois mon boulot. Mais je ressens une certaine fierté professionnelle en me disant que j’ai assuré le boulot. Randy Stradley a eu la sympathie de me faire suivre des commentaires positifs apparus sur le forum, que j'ai dévorés comme si c'était des félicitations de George Lucas lui-même.

JOZIC: Vous avez dit une fois que Concrete était le travail de votre vie et que vous aviez besoin de pauses de temps en temps. Votre travail sur Star Wars est-il un de ces breaks, ou resterez-vous sur Empire pendant quelques temps ?

CHADWICK: J’y suis pour six numéros, ce qui est pas mal pour une girouette comme moi. J’ai un engagement important pour les deux ans à venir, une collaboration avec Harlan Ellison sur un comic de science-fiction, Seven Against Chaos. Plus de Star Wars pour moi pendant un moment, hélas. Ma mini-série Concrete, The Human Dilemma, est quasiment finie et devrait sortir cette année.

JOZIC: Pouvez-vous nous en dire plus sur Seven Against Chaos ?

CHADWICK: C’est un remake de The Magnificent Seven (Les Sept Mercenaires) – lui-même basé sur Seven Samurai de Kurosawa. Ca se passe dans un futur ou les gens sont modifiés génétiquement ou mécaniquement pour les boulots les plus difficiles sur d’autres planètes. Harlan a écrit un script de film en 1978, puis l'a dépoussiéré pour le vendre à DC sous le format comic. Je dessine, il écrit, et Dave Stevens s’occupera des couvertures.

JOZIC: Comment se passe le boulot avec Harlan ?

CHADWICK: Harlan est un puits sans fond, une encyclopédie vivante, le vétéran d’un millier de batailles – qu’il a souvent initiées lui-même – et de conquêtes romantiques, un gosse de 68 ans qui n’a jamais grandi. Pour un homme timide qui déteste le conflit comme moi, c'est une créature exotique au-delà de l’entendement. Je me contente d’apprécier. Il est d’une sympathie sans fin pour ses amis. Je m’arrange pour laisser le plus de place possible pour le texte, l’encourageant pour qu’il laisse s’exprimer sa prose effilée comme un diamant.

JOZIC: Concrete a tendance à être assez cérébral. En quoi votre boulot sur Star Wars sera différent de ce que vous faisiez avant ?

LukeCHADWICK: Concrete est cérébral, avec une orientation très réaliste, impliquant fréquemment des dilemmes moraux. La morale Star Wars est clairement tranchée, et recherche intentionnellement, et glorieusement, le divertissement - bien que certains agitateurs aient réussi des parallèles pertinents avec des évènements contemporains. J’ai bien apprécié de mettre en place, durant mon run sur Empire, pas mal de d'actes héroïques, de stratégies folles, de machinations. Futé et amusant j’espère.

JOZIC: Vivez-vous la moralité “simpliste” de Star Wars comme une libération ?

CHADWICK: Non. Ma vision du monde est aussi paradoxale qu’ironique. Votre plus grande force est votre plus grande faiblesse. La colère est logique parfois, une erreur dans d’autres situations. J’avais même mal réagi au premier film, souhaitant qu’il ait eu un peu de cruauté et de contradiction derrière les actes de bravoure, comme The Three Musketeers (Les Trois Mousquetaires), le film de Richard Lester sorti quelques années auparavant. Je me rends compte que je suis vraiment en minorité sur ce point là.

L’ambiguïté fait partie de l’histoire de Sewell par exemple. Ses capacités grandioses d’acteur, la colère meurtrière qu’il a apprise dans les rues, deviennent sa force lorsqu’il les concentre, proprement, contre l’oppression de l’Empire. Mais il n’est pas une personne sympa.

JOZIC: Pensez-vous que votre expérience avec The World Below, qui a un style action et aventure très serial, fut une bonne préparation pour l’univers Star Wars ?

CHADWICK: Ce sont deux bêtes plutôt différentes. J’ai eu une intrigue rejetée pour Empire comme « trop science-fiction », et pas assez dans l’esprit Star Wars. Ils avaient raison. C’était la survie d’un personnage dans une jungle remplie de bizarreries, des plantes et des animaux dangereux (ndt : voir Empire #14 qui a une histoire très proche). C’était grotesque, sensationnel et avec peu de répercussion, comme The World Below. Par contraste, Star Wars est épique, ses personnages sont entraînés dans des évènements historiques, avec des conflits militaires, politiques ou familiaux tout autour.

JOZIC: Votre storyline pour Empire, “Darklighter”, concerne le personnage du même nom, vu brièvement dans l’Episode IV. Qu’est ce qui vous intéresse particulièrement dans ce personnage et que peuvent attendre les lecteurs de cette histoire ?

CHADWICK: Les scènes de Biggs Darklighter furent tournées mais presque toutes coupées du film. Elles furent restaurées pour le feuilleton radiophonique. Il y avait plus à faire avec son histoire – partant des allusions sur son service à bord du Rand Ecliptic, la mutinerie, sa défection pour rejoindre l’Alliance Rebelle. J’ai toujours été persuadé que le personnage, et son acteur, n’avaient pas eu de chance. Donc, comme c’est le cas avec pas mal de fictions, je crois que mon histoire pour Empire est un peu un palliatif pour réparer cette injustice.

JOZIC: Ce n’était pas un peu décourageant de boucher le trou entre la conversation de Luke et Biggs et le destin fatal qui l’attendait à la Bataille de Yavin ?

CHADWICK: A qui le dites-vous. Placer tout ce qui devait arriver à Biggs dans le temps imparti, des choses établies ou sous-entendues dans les romans, les comics, ou les feuilletons radiophoniques – confère à l’absurde. Heureusement, nous avons utilisé les flash-backs pour une partie des scènes, ça devrait passer assez bien. Tout ce que je peux dire c’est que Biggs a eu une sacrée semaine. Enfin, Luke aussi.

Roons SewellJOZIC: Il y aura un break de deux numéros au milieu de “Darklighter”, avec une autre histoire, “Yavin Base”, occupant le terrain jusqu’au numéro 12 d’août. Quel est le but derrière cette interruption ? Et est ce que ce fut désorientant pour vous, en tant que scénariste ?

CHADWICK: C’est comme vous l’imaginez. Pour offrir à l’artiste un peu plus de temps. Doug n’a jamais dépassé les délais, mais l’éditeur Stradley a vu la chose venir et compris qu’il avait besoin de plus de temps. En plaçant l’histoire de Yavin, en fait l’histoire de l’officier Rebelle Roons Sewell, un garçon des rues violent devenu acteur de théâtre puis devenu un leader Rebelle, on a offert à Doug un peu de temps pour respirer et étoffé le contexte pour l’arrivée de Biggs sur Yavin 4.

JOZIC: Donc la pause au milieu de “Darklighter”, en plus de son aspect pratique, va amener les évènements à un point où Biggs pourra logiquement être inséré de nouveau dans l’histoire, juste avant la Bataille de Yavin ?

CHADWICK: C’est ça.

JOZIC: Connaissiez-vous les comics Star Wars que produisait DHC avant votre arrivée ?

CHADWICK: Bien sûr. Dark Horse m’a fourni tous les titres Star Wars. Ce qui signifie, pour quelqu’un comme moi, un peu de lecture de vacances. Je dois admettre que j’ai donné aux titres quelques pages pour me convaincre, puis je les dégageais si ça n’allait pas.

JOZIC: Quels ont été vos favoris ?

CHADWICK: Je pense que j’ai une inclination pour les histoires drôles, comme les histoires de Boba Fett avec des passages amusants sur les Hutts, les réimpressions des premières histoires Star Wars d’Alan Moore, les Star Wars Tales, et d’autres qui ne me reviennent pas comme ça.

JOZIC: Considérant vos travaux passés, y a-t-il une raison pour que vous ne dessiniez pas les numéros de Empire que vous écrivez ?

CHADWICK: D’autres engagements, une volonté de faire un travail d’équipe, pas assez de connaissance de la technologie Star Wars. Je préfère écrire mon script et en avoir fini avec le numéro dans un délai raisonnable. Quand je travaille en solo, le processus prend plusieurs mois, et je n’arrive jamais à considérer le boulot fini.

JOZIC: Vous avez mentionné la volonté de collaborer plusieurs fois jusqu’ici. Quel est l’intérêt d’une collaboration pour vous ?

CHADWICK: C’est un business de solitaire. On est assis dans une pièce, seul, pendant de longues heures. Nous sommes contrôlés par l’évolution, un nombre incalculable de générations ont participé à des chasses en groupe, ont participé à des activités avec un but commun. C’est vraiment la seule manière pour les hommes de se réaliser pleinement. Alors, oui, avoir un collaborateur rend la chose plus agréable. Parfois c’est simplement le fait d’avoir quelqu’un pour vous complimenter sur une bonne décision, ou vous bousculer pour réaliser quelque chose que vous n’auriez pas fait autrement. C’est également gratifiant de voir son idée exécutée par quelqu’un d’autre.

Face OffJOZIC: Quel est votre film Star Wars préféré ?

CHADWICK: Le premier. Une telle sensation de découverte, ce background si riche, un monde nouvellement créé ! Le film a semblé sortir de nulle part, jusque là les films de SF étaient sérieux et engagés étaient la norme. Ce mix de serials et de cinéma japonais — The Hidden Fortress a pas mal influencé le film — et d'effets spéciaux de pointe, fut l’équivalent d’une claque en pleine figure. Il y avait également des choix de narration très osés. A cette époque, jongler avec des personnages éparpillés avec autant de vitesse et d’économie, faire des transitions en balayage plutôt qu'en fondu, était radical, très vivifiant.

JOZIC: La période de la Guerre Civile a-t-elle tout votre intérêt dans Star Wars, ou est-il possible de vous voir mettre les mains dans la Guerre des Clones à l’avenir ?

CHADWICK: Je n’en sais rien. J’essaie toujours de comprendre la période de la Guerre des Clones. J’ai l’impression que Lucas puise dans l’histoire du monde réel, mais je n’ai pas encore approfondi. Peut-être pourrez vous m’éclairer la-dessus.

JOZIC: J’ai toujours considéré que les préquelles étaient basées sur la période de l’histoire américaine qui va de la Guerre d’Indépendance à la Guerre Civile. Je veux dire, les Séparatistes sont appelés la Confédération après tout.

CHADWICK: Ca ne correspond pas entièrement. Il y a aussi des parallèles avec la République Romaine et l’Empire. Je suis sûr que quelqu'un a déjà écrit une thèse sur ce point.

JOZIC: Et votre moment favori, que ce soit des films ou de l’Univers Etendu ?

CHADWICK: Encore dans le premier film : Luke, qui s’est vu refusé une fois de plus par son oncle l’entrée à l’Académie, va à l’extérieur pour observer le coucher de soleil. La musique, la lumière, et la simplicité de l’idée - un deuxième soleil qui peut être créé sans même l’intervention d’un matte painting, simplement une double exposition ! – le tout ajouté à un moment classique du film plein d'émotion, c'est du plaisir pur. Une réalisation inspirée.

JOZIC: Si vous pouviez avoir n’importe quel personnage de Star Wars, pour une série régulière, une mini-série ou un numéro spécial, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

CHADWICK: Ce serait vraiment Biggs. Je voudrais littéralement repêcher ce personnage.

JOZIC: Avez-vous vu les scènes coupées entre Biggs et Luke ?

CHADWICK: Doug Wheatley les a retrouvées sur internet – on trouve vraiment de tout sur le net ! – mais je n’en ai pas profité avec ma connexion bas débit. J’ai écouté le feuilleton radiophonique plusieurs fois, j’ai le script original de A New Hope, et j’ai trouvé d’autres matériels sur Biggs sous forme écrite. C’est suffisant pour moi.

JOZIC: Vous avez déjà rencontré Biggs/Garrick Hagon à une convention ou autre ?

CHADWICK: Non, mais si ça arrivait vous pouvez être sûr que je lui ferais dédicacer le comic à tout prix ! Quel nom formidable, on dirait un personnage de Star Wars.

JOZIC: Vous avez démontré que vous étiez plutôt bon pour reproduire les particularités physiques des personnes avec votre Valentine Story, mais maintenant que vous écrivez, pensez-vous avoir réussi à capturer leur voix ?

Yavin BaseCHADWICK: Merci pour le compliment. Ça valait peut-être tout le temps passé à effacer et redessiner.

Concernant la voix, je suis heureux qu’il y ait assez peu de choses établies sur les personnages que je mets en scène - Biggs, Hobbie, Dodonna, et le petit dernier Sewell. Comme ça, je ne peux pas me planter.

JOZIC: Vous allez explorer les installations de Yavin 4 qui ne sont que brièvement exposées dans le premier film, ainsi que l’histoire des temples où les Rebelles se sont installés. On vous a donné pas mal de liberté, ou avez-vous été guidé ? LFL avait-elle déjà mis en place les détails ?

CHADWICK: Pas trop non. C’est mon prochain script, et vos questions me rappellent d’aller vérifier chez Lucasfilm avant d’aller trop loin dans les détails.

JOZIC: Avez-vous de l’influence dans la sélection de vos partenaires, ou est-ce uniquement du ressort de Randy ?

CHADWICK: C’est Randy. Mais je suis content. Les titres Star Wars sont les produits d’appel de Dark Horse et ils font attention à placer des dessinateurs de première classe dessus.

JOZIC: Comment ça se passe avec Doug ? Et avez-vous commencé à travailler avec Tomas ?

CHADWICK: Je n’ai pas encore vu les planches de Tomas, mais ses autres boulots sont géniaux. Le travail de Doug est surprenant. Méticuleux, très réaliste, plein de perspectives géométriques, de bonnes compositions, et fantastique sur le matériel technologique. Et le meilleur, c’est que Doug est modeste, agréable, et toujours plein d’encouragements. C’est le Canadien qui sommeille en lui, je suppose.

JOZIC: Chaque film Star Wars a une série de thèmes sur lesquels il se base. Employez-vous la même approche pour Empire ?

CHADWICK: J’ai constaté que les thèmes avaient tendance à arriver sans prévenir. Il y a une technique récurrente dans mes histoires, c’est le poursuivant qui tombe dans un piège. A part ça, j’en sais rien. Les deux protagonistes de mes histoire pour Empire vont mourir, après avoir enfin trouvé un but ou un sens à leur vie. Ca correspond peut-être à ce que vous dites.

JOZIC: Que pensez-vous de la prélogie jusqu’ici ?

CHADWICK: Terrible. Trois films bourrés de spectacle avec de grands moments dans chacun d’eux. Je peux les regarder sans le son et apprécier chacun d’eux comme une visite dans un musée. Hayden Christensen porte son fardeau à merveille. Jake Lloyd était trop jeune, le mettre dans une course de pods était presque de l’abus d’enfant. La caméra est amoureuse de Natalie Portman. Elle me brise le cœur. Jar-Jar craint un peu, mais se rattrape dans le moment hilarant, et imprévu, de l’Attaque des Clones lorsqu’il est recruté pour introduire la motion antidémocratique.

L'emprunt des visuels de Dinotopia pour Naboo m'a agacé; la cité aux chutes d'eau n'était qu'un décor de plus parmi les visuels magnifiques de la Menace Fantôme, alors qu'elle était le point central du livre de Gurney. Pourquoi copier ce détail alors qu'ils avaient déjà tant?
J’ai apprécié Obi-Wan en détective privé, une très bonne intrigue secondaire. Je vous passe le reste, je n'en finirais pas

JOZIC: Des attentes particulières pour l’Episode III ? Quelque chose pour lequel vous tueriez ?

CHADWICK: Je suis convaincu que ce sera le meilleur. Le fait qu'il doive être sombre et inquiétant de par sa position dans la série est prometteur. Cela empêche tout recours aux ficelles habituelles faites sur mesure pour plaire au public. On ne va pas faire sauter une autre Etoile Noire, ou un équivalent, et faire la fête ensuite.

Je suis aussi curieux de voir quels thèmes George Lucas va choisir d'explorer pour son présumé dernier film. Je n’y crois pas d’ailleurs, la pression générale pour de nouveaux films, l’amélioration des techniques pour réaliser des films sur support numérique, tout ça le ramènera par la suite. C’est un homme mature, avec une expérience de la vie, qui a élevé des enfants, construit un empire et une fortune, qui dirige une armée de créateurs, qui est le précurseur d’une révolution technologique dans la manière de faire des films. Il se peut qu’il ait des choses intéressantes à dire cette fois dont il ne se sentait pas capable avant.

Au minimum, ce sera un tour de force visuel, chaque pixel étant poli comme un carreau dans une mosaïque.

JOZIC: Vous avez aussi fait des travaux basés sur The Matrix, qui a été comparé à Star Wars à différents niveaux. Peut-on espérer vous revoir dessus dans le futur ?

MatrixCHADWICK: L’an dernier j’ai fini une histoire de dix pages, la toute première que j’ai colorisé, dessiné, lettré et encré sur Photoshop. Ils ne l’ont pas postée sur leur site web comme les autres, et ont parlé discrètement d'un autre support qu’il ne pouvait pas révéler. Gardez un oeil là dessus. En hommage à Chaucer, ça s’appelle "The Miller's Tale," et ça implique un vieux film de Terence Malik et la culture du blé. Sans parler de la mort, de machines à tuer et de grosses giboulées.

JOZIC: Pouvez-vous nous en dire plus sur la nouvelle série Concrete, « The Human Dilemma” ? Combien de temps ça durera ? Une date de sortie ? Des détails sur l’histoire ?

CHADWICK: Six numéros, avec le dernier que je dois encrer. Après quoi ce sera fini. Donc vous devriez l’avoir cette année.

C’est à propos de ces éléments de notre nature dont nous avons été dotés par l’évolution qui sont devenues des problèmes à cause de notre réussite. Notre besoin de nous reproduire, d’acquérir, de posséder, deviennent des problèmes lorsque nous atteignons plusieurs milliards d’individus.

L’histoire est politique : Concrete devient le porte-parole d'une fondation controversée qui encourage les gens à avoir moins, voire pas du tout, d’enfants. Il déclenche une tempête de critiques et se retrouve harcelé par un maniaque. L’histoire est également personnelle. Larry se fiance et affronte, malheureusement, la perspective d’avoir des enfants. Et à travers l’obsession de Concrete de récupérer une peinture du XIXème siècle qui lui échappe, un pilier central de l’intrigue, j’espère interpeller les collectionneurs de toute sorte – ne le sommes nous pas tous – afin qu’ils examinent leur passion et ses résultats.

Ai-je mentionné qu’il y avait un paquet de scènes de sexe ?

JOZIC: Un fan de Concrete, ici à SBC, m’a demandé de vous poser cette question, alors la voici. Avez-vous nommé Maureen Vonnegut dans la série par admiration du travail de Kurt Vonnegut ?

CHADWICK: Oui en effet. Vonnegut a joué un rôle important dans mon développement psychologique. Il a déclaré que Timequake serait son dernier livre, et l'idée que cette voix sûre, triste et bizarre ne me hantera plus jamais, sauf dans des interviews occasionnelles, me fend le coeur.

JOZIC: Donc, vous considéreriez Concrete comme un humaniste libéral, comme Vonnegut ?

CHADWICK: Je me considère moi-même comme faisant partie de cet audacieux mais hélas minuscule groupe de gens qui se font appeler humanistes laïques, donc vous pouvez mettre Concrete dans cette catégorie sans problème.
Parution : 06/12/2004
Source : www.silverbulletcomicbooks.com
Validé par : Booster
Section : Littérature > Comics
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