Boba Fett a écrit:TLJ ne scelle rien dans le marbre, normal. Tout est changeable, surtout dans un univers comme Star Wars. Mais ça n'en reste pas moins la réponse d'un réalisateur à un autre. Un choix sur une question posée dans le précédent film. Johnson ne fait pas dans le suspence, il pose son truc, sa vérité. Tout en sachant que le suivant pourra revenir dessus s'il en a envie. Mais les portes ouvertes me paraissaient plutôt grinçantes pour la douceur des tympans à la fermeture.
Johnson a été interrogé là-dessus et a toujours dit qu'Abrams pourrait développer derrière ce qu'il veut sur les origines de Rey.
Ce qui intéressait Johnson dans son récit, c'est que Rey ne motive pas ses choix en fonction d'une forme d'essentialisme, parce qu'elle est "fille de", à la différence de Luke qui accepte de suivre les traces de son père dans
ANH. ("I want to learn the ways of the Force and become a Jedi like my father"). Mais que ne pas avoir de socle familial auquel se raccrocher était aussi une faille, une souffrance, quelque chose de douloureux pour elle.
En termes de caractérisation, c'est intéressant de laisser la possibilité à un personnage de se construire de façon autonome, à la différence de son antagoniste qui est rattaché, lui, à une histoire familiale douloureuse et compliquée mais parfaitement connue, elle, des spectateurs. Kylo Ren, lui, s'est construit en référence/rejet copie/opposition aux modèles masculins familiaux (Luke, Han Solo, Darth Vader).
Honnêtement, dire que Rey est la fille ou la petite-fille de Palpatine dans le 2e film n'avait pas grand sens. Parce qu'à ce stade de son individuation, ça n'avait pas d'intérêt. Si Luke choisit volontairement de suivre Obi-Wan pour combattre l'Empire, ce n'est pas le cas de Rey qui se retrouve embarquée dans une histoire qui la dépasse uniquement parce qu'à la base, elle a seulement fait preuve de compassion pour un droïde.
Comme elle se retrouve plongée dans une histoire complètement dingue, un voyage extraordinaire, elle s'interroge forcément sur le destin qui l'a amenée là, donc sur ce qu'elle est. Quand elle va chercher Luke sur Ahch-To, elle y va pour rendre service mais aussi - et peut-être surtout - pour trouver des réponses, ce que Luke a tout de suite saisi quand il insiste en lui demandant pourquoi elle est venue et qu'elle finit par cracher sa Valda : "Something inside me has always been there. Then now it's awake. And I'm afraid. I do not know what it is or what to do with it. And I need help."
A l'issue de
TLJ, Rey a laissé ses questions existentielles derrière elle pour épouser pleinement la cause de la Résistance et aller de l'avant, sans éprouver pour la première fois le besoin de se retourner.
L'intérêt d'avoir retardé l'annonce de son lien avec Palpy, c'est que Rey s'est bâtie entre
TLJ et
TROS une identité : Résistante, nouvelle Jedi, "héritière" des Skywalker. Or c'est cette nouvelle identité qui est mise à mal par son lien avec Palpatine. Parce que cette filiation vient forcément contrarier, remettre en cause cette identité qu'elle s'est elle-même construite de façon autonome. Pas seulement pour elle-même mais aussi dans le regard des autres. Elle est dans
TROS au stade où en est Luke à l'issue d'
ESB lorsque Vader lui annonce qu'il est son père. A la différence que Luke s'était construit sa nouvelle identité de Rebelle et de Jedi sur le modèle fantasmé de ce qu'il croyait être Anakin Skywalker.
Bref, on est dans quelque chose de tout à fait cohérent dans la construction et le développement du personnage de Rey.
Modifié en dernier par DRIII le Mar 22 Oct 2019 - 17:19, modifié 1 fois.