PiccoloJr a écrit:J'ai beau relire la phrase, à aucun moment il n'est dit qu'Anakin n'aura besoin d'aucune aide. Il n'y a aucune promotion de l'individualisme dans la prélogie.
Pourquoi dans ce cas dire qu'il est "le seul" (the ONLY one) à pouvoir rétablir l'équilibre. Si c'est le seul, c'est le seul, il n'y a que lui qui peut le faire, pas d'autres.
PiccoloJr a écrit:DRIII a écrit:Et si c'était finalement Rey "l'élue" et non Anakin, en quoi ça poserait souci ?
Donc pour toi, l'Elu Anakin, c'est du n'importe quoi individualiste, mais l'Elue Rey, ça ne poserait aucun souci. C'est quand même un énorme deux poids deux mesures.
Tu omets une partie de ce que j'ai écrit, à savoir que cette hypothèse n'est intéressante scénaristiquement que si Rey est la création ou l'émanation de Palpatine. Si Rey est une création de la Force, ça n'a aucun intérêt.
Il me semble que Lucas avait envisagé, dans les premières ébauches de
ROTS, que Palpatine révèle à Anakin qu'il était sa création, mais il y a finalement renoncé.
L'idée que celui que les Jedi attendaient comme le messie puisse être une création ou une émanation du Mal Absolu est assez savoureuse. Et ça s'inscrit dans cette ironie du destin chère à Star Wars. Ça ôte à l'Elu cette dimension divine ou quasi-divine qui obéirait à un grand dessein supérieur. Et ça renvoie au mythe de Frankenstein, où la créature finit par détruire le créateur. Cette dimension là existe chez Vader, dans le sens où le Vader de l'OT est une création de Palpatine (la référence à Frankenstein est explicite à la fin de
ROTS), mais Anakin, lui, n'est pas une création de Palpatine, en tout cas, ça n'a jamais été dit explicitement.
D'ailleurs, ça peut être une piste pour l'Episode IX. Qu'on apprenne qu'Anakin comme Rey sont les créations de Palpatine. Et que par deux fois, les créatures sont venues détruire ou ont contribué à détruire le créateur.
L'intérêt ici réside dans le fait que la singularité de l'Elu ne relève pas d'une volonté divine, d'une force supérieure, mais de la volonté d'un homme mauvais qui souhaite mettre à profit cette singularité pour asseoir son pouvoir et sa domination. Parce qu'au final, il n'y a pas de volonté divine et la créature échappe à la destinée et au dessein voulu par son créateur.
Tu vois ce que je veux dire ? C'est plus l'aspect ironique du truc qui a de l'intérêt que l'accomplissement premier degré d'une prophétie qu'on pourra toujours appréhender comme une simple croyance.
The White Knight a écrit:Vous dites que cette histoire de prophétie n'a en fait aucune importance pour vous. Qu'Anakin ou Rey ou Ben ou Jason Duchnock soit l'élu n'a pas d'importance.
Soit. C'est votre avis.
Sauf qu'encore une fois, là n'est pas la question ! Car dans la saga, il y a une prophétie et que cette prophétie, alors que plus personne ne croyait qu'elle se réaliserait, Anakin contre toute attente, malgré tout, l'accomplit.
On sait à la fin de
ROTJ que c'est le cas.
Même la postlogie ne la remet pas en cause.
Mais si Sidious n'est pas mort, alors les Sith n'ont pas été vaincu. Et je suis désolé mais c'est quand même un énorme changement dans le dénouement de l'épisode VI, et donc remet en cause l'accomplissement de la prophétie, qui, qu'on apprécie ou pas le concept, avait bien eu lieu, même si elle n'est évoquée que dans la prélogie.
Encore une fois, ce qu'on dit en gros, c'est qu'on s'en fout en fait qu'Anakin accomplisse une prophétie. Ce qu'il accomplit à la fin de
ROTJ est beau, exemplaire, ça a du sens, sans cette histoire de prophétie. Le point de vue qu'on essaie d'exprimer ici, c'est que le + important à la fin de
ROTJ, sur le plan philosophique et moral, n'est pas que Palpatine soit mort en fait, mais qu'Anakin soit redevenu humain, ait expié ses fautes et sauvé son fils.
C'est en cela que pour moi, en tout cas, le fait que Palpatine puisse revenir n'est absolument pas un souci sur le principe.
Après, on n'est pas forcé d'être d'accord. Juste que sur le plan personnel, qu'Anakin soit ou non le messie n'apporte rien de plus à la philosophie, à la morale et au sens global de cette histoire. Star Wars n'est pas une religion dont le but est de nous faire croire ou accepter l'idée d'une volonté supérieure ou d'une toute puissance divine qui arriverait toujours à ses fins, quels que soient les moyens.
Ltf a écrit:Par contre si les choses changent sans qu'une nouvelle interprétation soit évoquée ce sera à la libre appréciation de chacun. Si on en arrive la, Abrams n'aura pas fait son travail ni tenu sa promesse de conclure les 8 films précédents avec celui-là.
Mais Lucas laissait déjà la prophétie à la libre interprétation de chacun. Sinon, on ne serait pas là à en débattre. Tu peux penser que
ROTJ marque l'accomplissement d'une prophétie, mais on peut aussi juste prendre ça comme une forme d'ironie du destin. Rien, dans les films, ne nous oblige à croire en cette prophétie. Lucas nous a donné cette liberté là. La question du divin n'est pas tranchée dans Star Wars, il n'y a pas de preuve d'un "grand dessein".
Notre débat ici est sans fin. C'est comme quelqu'un qui croit en Dieu qui essaie d'expliquer à un athée qu'il se trompe en ne croyant pas en Dieu, ou inversement.
Le but de cette discussion n'est pas qu'on tombe d'accord mais que chacun finisse par accepter qu'on puisse avoir une approche, une lecture, une interprétation et une appréciation différentes sur ces questions de prophétie et d'élu. Et donc qu'on n'aura pas nécessairement la même appréciation du fait que Palpy ait survécu après
ROTJ.
SIeW a écrit:Anakin est capable de revenir vers le bien uniquement car il est l'élu qui doit détruire les Sith.
Donc, en gros, si Anakin n'avait pas été l'élu, il aurait laissé son fils crever sous ses yeux. La morale de Star Wars, c'est donc qu'il faut être un surhomme, un être d'exception, pour défendre et protéger son enfant quand il est en danger de mort. Cool...
Ltf a écrit:La destinée ne se définie pas seulement par le bon vouloir de l'individu. Plusieurs éléments l'amènent à devenir ce qu'il doit être. En l'occurence Anakin a été créé par la Force, a le taux de midichloriens le plus élevé, tombe sur le chemin de Jedi : c'était sa destinée d'être celui qui rétablit l'équilibre.
Mais quel est l'intérêt de nous raconter une telle histoire ? Si Lucas dirigeait un culte religieux, on pourrait le comprendre, car ce récit viserait à nous convaincre de la volonté supérieure de Dieu, de sa toute puissance.
Mais Star Wars, ce n'est pas du ciné-évangélisme. C'est un récit d'émancipation qui place l'individu face à ses choix et sa responsabilité. Un récit qui nous dit que tout le monde peut devenir un héros : un jeune fermier naïf d'un coin reculé, un contrebandier à la morale douteuse et aux relations interlopes, une gros machin poilu monosyllabique, une fille à papa bêcheuse, un tout petit bonhomme vert à grandes oreilles, un petit magouilleur opportuniste, un droïde qui fait des bip-bip et même une vieille ordure robotisée à la voix d'outre-tombe dont on pensait l'humanité définitivement moisie...
C'est ça que nous raconte Star Wars. Pas qu'il faut être un übermensch, un être d'exception, un élu pour accomplir un truc auquel on était de toute façon prédestiné.