C'est fou comme trois jours sans Internet peuvent redonner l'inspiration... Et aider à terminer un chapitre.
Chapitre 17 - Partie 4Dans l’espace, personne ne vous entend crier.
Jagen n’eut donc qu’à couper son haut-parleur pour pouvoir insulter en toute tranquillité le tuyau contre lequel il venait de se cogner la tête.
—
Colonel, que se passe-t-il ? demanda l’un des soldats devant lui, qui venait sans doute de s’apercevoir de la rupture de communication.
Jagen rouvrit son canal.
— Rien de grave, juste… Enfin, ne perdons pas de temps.
Il jeta un dernier regard à l’élément qu’il venait de heurter. C’était une des multiples conduites à la fonction inconnue qui parsemaient les flancs verticaux du
Knight’s Blade. Entre le dos et le ventre du gigantesque navire se dressait cette falaise de métal, dont on mesurait rarement la taille fantastique. Plus loin vers la proue, on y trouvait les hangars des navettes et transports ; mais ici, à l’arrière du vaisseau, il n’y avait pas d’ouverture, hormis quelques sas épars.
L’équipe d’intervention empruntait un itinéraire de maintenance balisé pour rejoindre une zone encore plus reculée de la coque. Ils étaient sortis du croiseur par un sas isolé, accessible uniquement depuis les espaces de maintenance du vaisseau, et progressaient en direction des zones de câblage. Il s’agissait en fait d’énormes prises destinées au ravitaillement du vaisseau, que ce soit en air, en carburant, en énergie ou en eau. Le système était réversible, ce qui permettait à deux vaisseaux standards de procéder à des échanges sans avoir besoin d’un quai spécialisé.
En l’occurrence, le
Champion de Rendili était relié au
Knight’s Blade par quelques-uns de ses câbles. Avant de se lancer à l’abordage du vaisseau, les pirates de la Brigade Stellaire avaient réactivé les systèmes de survie – notamment le recyclage de l’air et la gravité artificielle – au moyen d’une de ces immenses prises reliées directement au cœur du vaisseau. De là où ils étaient, les hommes de la République pouvaient difficilement apercevoir ces câbles branchés quelques dizaines de mètres au-dessus d’eux. Mais les relevés énergétiques offerts par les capteurs des combinaisons ne laissaient aucun doute sur l’intense échange d’énergie qui se déroulait au-dessus d’eux.
Mais ces câbles n’étaient pas ce qui intéressait Jagen. Son regard était tourné vers le
Champion de Rendili, espérant y découvrir la clé de leur victoire.
—
Tinor au colonel Eripsa, vous me recevez ? La voix du lieutenant tira Jagen de ses rêveries et le ramena à la dure vérité de sa situation actuelle – capitaine d’un vaisseau assailli, meneur d’une équipe d’infiltration coincée dans l’espace.
— Je vous écoute, Mell.
—
Nous avons neutralisé plusieurs patrouilles, mais ils se sont apparemment aperçus de notre présence. Nous allons nous regrouper autour des centres de commandement et des générateurs. Le capitaine Salussa et le lieutenant Rodan vont tenter de contenir les renforts. — Les renforts, dites-vous ?
Il pivota brusquement en prenant garde de s’accrocher aux aspérités de la paroi pour ne pas dériver. Le tube qui assurait la communication entre le
Champion de Rendili et le
Knight’s Blade était à nouveau déployé, et on y distinguait à grand-peine du mouvement.
Jagen ravala un juron.
— Eh bien, de toute façon, on ne peut rien y faire… Mell, tenez le plus longtemps possible. Nous progressons toujours vers notre objectif.
—
Bien reçu, Colonel. Bon courage. — À vous aussi, Mell. À vous aussi.
Pressé par l’inquiétude, il fit signe aux autres de reprendre la marche à une cadence plus élevée. C’était un exercice périlleux ; ici, sur la coque, le générateur de survie ne créait qu’un semblant de pesanteur, tout juste assez pour qu’ils ne flottent pas continuellement. Un faux mouvement risquait de les expédier dans le vide aussi sûrement que s’ils y sautaient à pieds joints. Mais les troupes d’assaut de la République connaissaient les exercices en gravité zéro, et Jagen avait lui-même connu quelques expériences de ce genre. Ils arrivèrent bientôt à leur objectif.
Au-dessus d’eux se trouvait une immense valve blindée destinée à l’approvisionnement en carburant du vaisseau. Plusieurs autres orifices de petite taille étaient présents autour, indiquant des sas de maintenance hors d’accès. De l’autre côté du vide béant qui s’ouvrait entre le
Knight’s Blade et le
Champion de Rendili, le croiseur Hammerhead présentait des caractéristiques fort similaires. Jagen décrocha le grappin magnétique de sa ceinture et invita ses hommes à faire de même.
— Voici notre objectif, annonça-t-il en désignant l’autre paroi.
—
La conduite de carburant ? demanda avec étonnement l’un des hommes.
— Presque ! Il y a là-bas le sas secondaire du navire.
—
Comment pouvez-vous en être sûr ? murmura Vanya.
— C’est un système particulier, mis au point par Walex Blissex. Pour un vaisseau à la fois militaire et consulaire, avoir une sortie discrète a ses avantages… Les techniciens ont un code différent pour chaque navire, mais il en existe un autre plus discret, capable de bypasser toutes les sécurités. Voilà notre clé d’entrée.
—
Vous ne m’avez pas compris, reprit la mandalorienne.
Comment être sûr qu’ils n’ont pas changé le code ?Jagen marqua un temps d’arrêt.
— Hem… Eh bien, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, de toute façon.
Il arma son grappin et visa la coque de l’autre navire. Un bref appui sur la gâchette, et l’objet jaillit du canon, emportant dans son sillage un filin fin mais solide. Enfin, après quelques secondes qui parurent une éternité, le projectile atteint son but. Le bouton-voyant destiné à ranger le dispositif s’éclaira d’une douce lumière orangée.
— Je vais y aller, annonça Jagen. Cette mission est mon idée, et je n’ai pas l’intention de renoncer.
Il tourna légèrement la tête, de façon à voir son équipe – et Vanya au centre de celle-ci. Son côté corellien l’empêchait de partir sur une note aussi pessimiste.
— Qui m’aime me suive ! lança-t-il avec un grand sourire.
Il appuya sur le bouton.
S’il avait fait la même chose sous gravité normale, Jagen aurait sans doute rendu son estomac et perdu ses bras dans la première seconde de la traction vertigineuse qui l’attira vers le
Champion de Rendili.
Sans pesanteur pour orienter son corps, la sensation était grisante. Elle lui rappelait les vols en jetpack qu’il avait effectués par le passé. La liberté de mouvement était totale, dans toutes les directions possibles, même s’il était irrémédiablement attiré vers le croiseur Hammerhead en face de lui. C’était une sensation incroyable, inoubliable même, qui lui fit oublier quelques instants durant la dure réalité de sa situation.
Puis ce fut l’arrivée sur la coque du croiseur. Malgré l’absence de gravité, le choc fut rude et Jagen ressentit une vive douleur dans son avant-bras droit, qui le premier avait touché le vaisseau. Mais il se remit rapidement sur pied, s’accrochant tant bien que mal à quelques tuyaux avant d’enclencher ses semelles magnétiques. Le dispositif électronique n’était pas aussi sûr que la gravité, mais il se révélait malgré tout bien utile en cas de faux pas.
— Ici Eripsa, la voie est dégagée, annonça-t-il alors.
—
Bien reçu, Colonel, répondit Vanya sur la fréquence de l’équipe.
Dans un premier temps, Jagen ne distingua rien dans la direction du
Knight’s Blade. Puis apparut un large groupement d’étincelles qui grossirent peu à peu. Dans le noir de l’espace, les harpons magnétiques reflétaient la lumière émise par les feux des deux croiseurs en position stationnaire.
Les grappins se fixèrent à la coque du
Champion quelques mètres au-dessus de Jagen, preuve s’il en fallait que ses hommes savaient ce que viser signifiait.
Reportant son attention sur le vide qu’il venait de franchir, il commença à distinguer quelques silhouettes qui approchaient à vitesse constante. Il faisait quelques calculs dans sa tête – la probabilité qu’on remarque un tel mouvement à deux cents mètres de distance, ce qui était plus ou moins la distance entre leur position actuelle et la proue du navire – lorsqu’il remarqua qu’une fois de plus, quelque chose n’allait pas.
—
Gardez votre cap, Statchson, lança alors la voix de Vanya sur l’intercom.
—
J’essaie, mais le filin… Attention ! Pétrifié par l’horreur, Jagen ne pouvait que regarder la scène qui se jouait sous ses yeux. Un de ses hommes était parti en vrille pour une raison inconnue, et venait de heurter un autre soldat à la trajectoire rectiligne. Les deux étaient à présent en train de dévier de leur direction initiale et se dirigeaient…
Par les Neuf Enfers…— Statchson, gardez le contrôle de la situation !
—
Je… Je n’y arrive pas…— Vanya, nous pouvons faire quelque chose ?
—
Je n’arrive pas à arrêter ce grappin suffisamment longtemps pour les attraper, si vous voulez tout savoir ! — Ils se dirigent vers…
—
Je sais. La voix de la jeune femme était empreinte d’un mélange de colère brûlante et de résignation glacée. Un cocktail détonnant, qui fit perdre à Jagen ses dernières lueurs d’espoir.
Les deux soldats liés dans une danse de la mort arrivèrent à la hauteur des réacteurs.
S’ils avaient dévié plus tôt, ils auraient sans doute passé la zone de poupe sans encombre et atterri sur la face bâbord du
Champion de Rendili ; plus tard, et ils n’auraient jamais atteint le bloc réacteur. Malheureusement pour eux, le filin avait la longueur nécessaire pour les expédier de vie à trépas – après une agonie ardente.
Jagen espéra de tout cœur que ce dernier moment ne serait pas trop long pour les deux pauvres hères.
—
Ils… Ils ne sont plus, annonça Vanya.
Le colonel se détourna un instant de la contemplation de la zone funeste, surpris qu’il était par ce qu’il entendait.
Des sanglots. Chez Vanya.
Peut-être n’était-elle pas aussi insensible qu’elle se plaisait à le faire croire.
Le maigre soulagement qu’apportait cette constatation ne parvint cependant pas à effacer le chagrin que Jagen éprouvait à présent. Deux morts de plus… Deux morts, dont il était directement responsable ! C’était son idée, après tout, c’était lui qui avait privilégié la capture du
Champion, lui qui avait suggéré cette approche, lui qui…
—
Ce n’est pas votre faute, murmura Vanya sur une fréquence privée.
Ce qui surprit Jagen une fois encore.
— Vous êtes télépathe ?
—
Je ne me fie qu’à l’expérience. Je vous ai déjà vu réagir ainsi sur Korda. — Il s’agit de ma mission…
—
Il s’agit d’une bataille, Colonel, reprit-elle d’une voix plus ferme.
Nous sommes en guerre. Nous avons perdu Statchson et Vinder, mais nous ne pouvons pas laisser la tristesse nous envahir. Des hommes meurent en ce moment, et ils seront plus nombreux encore si nous échouons. Ne doutez pas de votre choix, assumez-en seulement les conséquences. — C’est un peu contradictoire, non ?
—
Seulement si vous décidez que ça l’est.Le jeune homme acquiesça. Oui, il y avait une certaine logique dans les propos de la mandalorienne, qui témoignaient clairement d’une expérience des combats qu’il n’avait fait qu’effleurer pour l’heure.
— Vanya, voudriez-vous prendre le commandement à ma place ? Pour le moment au moins ?
—
Non. D’une, vous seul connaissez vraiment la structure de ces Hammerheads. D’autre part, je ne voudrais pas vous priver d’une telle occasion de grandir un peu et de sortir de la sécurité infantilisante de la Tsad Droten.
— Les Républicains ne trouvent donc aucune grâce à votre égard ? demanda Jagen avec un léger sourire.
—
Si c’était le cas, je ne serais pas à vos côtés.Le colonel acquiesça et se tourna vers l’un des hommes qui approchait. Celui-ci tenta tant bien que mal de se mettre au garde-à-vous, mais sa tentative avait un air pathétique qui manqua de faire rire Jagen.
— Oui, soldat Darstin ?
—
Dallin, Monsieur.
Je venais juste aux nouvelles. Devons-nous poursuivre la mission ?Jagen jeta un bref coup d’œil à Vanya, qui acquiesça.
— Oui. Nous ne pouvons pas perdre cette occasion.
—
De plus, poursuivit la lieutenante,
nous devons à présent nous dépêcher. Il est possible qu’ils aient détecté… une brève poussée d’énergie au niveau du réacteur. De nouveau ce timbre atténué qui avait tant surpris le colonel. La jeune femme prêchait visiblement des leçons qu’elle n’appliquait pas parfaitement.
Libérant son esprit de toutes ces idées parasites qui l’empêchaient de se concentrer, Jagen s’approcha pas à pas du sas secret.
De l’extérieur, l’illusion était parfaite.
Qu’il est pratique de disposer toujours d’un atout dans la manche… Le colonel s’approcha du clavier masqué et appuya sur l’activateur. Un minuscule écran noir s’illumina alors, avec un texte en lettres blanches sans équivoque.
CODE ?Jagen se souvenait sans peine de l’amusement qu’il avait ressenti la première fois qu’il avait entendu le mot de passe. Ce n’était pas une référence obscure au Troisième Conflit Alsakan ou le nom d’un chancelier des Croisades Pius Dea, mais ni plus ni moins que la devise du Service d’Information Stratégique, le cœur du dispositif secret de la République !
On peut arrêter un homme, mais les idées ne meurent jamais. Le sas s’ouvrit dans un léger chuintement rendu audible par l’air qui s’en échappait.
Les idées ne meurent jamais. La République a pu survivre à l’ensemble de ses crises grâce à cette devise. Statchson et Vinder sont morts, mais nous continuons leur mission. L’ouverture était étroite, et ils ne pouvaient pas tous y tenir ; aussi durent-ils s’y prendre à trois fois. À chaque décompression et pressurisation, Jagen regardait son chrono, avec toujours plus de nervosité ; le processus leur faisait perdre un temps précieux. Enfin, après un moment qui parut infini, le dernier groupe – dont Vanya faisait partie – émergea du sas. Le colonel sortit alors un holoprojecteur de poche et présenta l’image réduite d’un croiseur Hammerhead en tout point similaire au
Champion de Rendili.
— Pour l’heure, nous nous trouvons ici, expliqua-t-il en désignant un point sur le bloc réacteur. La salle des machines principale se trouve derrière cette cloison – il montra du pouce le mur derrière lui. Nous allons longer ce couloir pour parvenir à la coursive centrale inférieure. De là, nous aviserons.
Leur progression lui sembla fulgurante, en comparaison du long moment qu’ils avaient mis à entrer dans le vaisseau. Fort heureusement pour les Républicains, ils ne faisaient face à aucun obstacle ; comme ils l’avaient espéré, le vaisseau était pratiquement désert. Ils mirent à peine une minute, sans déroger aux règles de la progression assurée, pour rejoindre le corridor désigné.
— Nous devrions trouver un terminal, suggéra Vanya en arrivant dans la coursive. Avec un peu de chance, nous pourrions accéder aux holocams du navire entier – ce qui nous permettrait de mieux anticiper la résistance que nous aurons à affronter dans les niveaux inférieurs.
— La logique est bonne, admit Jagen.
Il regarda autour de lui. Bien qu’il n’ait pas mis les pieds dans cette section sur le
Forte Tête depuis au moins six mois, il ne tarda pas à reconnaître les portes qui s’ouvraient sur le corridor – ainsi que les couloirs annexes qui en partaient.
— Suivez-moi, finit-il par dire.
Il avança jusqu’à l’un des embranchements et remonta la coursive qui arrivait là jusqu’à une porte des plus banales, qui semblait avoir été vulgairement forcée. Sans aucun mal, Jagen écarta les deux panneaux qui barraient l’accès à la salle derrière.
Comme il l’espérait, les pirates de la Brigade Stellaire n’avaient pas eu besoin du terminal de maintenance des droïdes. En vérité, ils ne semblaient pas avoir eu besoin des droïdes non plus, puisqu’un certain nombre d’unités de maintenance et un protocolaire gisaient là, visiblement désactivés depuis un certain temps.
— C’est le Jour de la République avant l’heure… murmura-t-il en souriant.
La chance tournait enfin de leur côté !
— Ce ne sont que des droïdes, rappela Vanya avec une moue dubitative.
— Vous avez un terminal, là-bas, dit-il en désignant le fond de la pièce, et j’ai les droïdes. Plus rien ne peut nous arrêter !
—
Shab, Colonel, qu’est-ce qui vous prend ?
— Le plus simple pour accéder à la passerelle de commandement sans encombre serait de mettre en place une diversion, et les droïdes peuvent nous y aider, expliqua-t-il. Imaginez qu’on les équipe avec quelques blasters de rab…
— Mauvaise idée, les astromechs n’ont pas de systèmes de visée dignes de ce nom. Et je ne parle pas du protocolaire ; il serait capable de se rendre avant d’avoir tiré.
— D’accord, d’accord ! Mais un sabotage ? Un incident mineur mais suffisamment grave pour envoyer les pirates à l’autre bout du navire ?
— C’est mieux. Encore faut-il trouver l’incident.
— Nous pourrions leur demander de s’attaquer aux systèmes de renouvellement de l’air, suggéra Dallin derrière eux. Grâce à nos combinaisons, nous garderions l’avantage même si les droïdes vont trop loin.
— Bonne idée, Jace, approuva Vanya. Une fuite fera l’affaire.
— Une fuite ? demanda Jagen en pâlissant légèrement. Y-a-t-il besoin d’aller si loin ?
— Vous voulez une diversion, oui ou non ?
Le colonel ne répondit rien. Se battre était une chose, mourir au combat en était une autre, mais tuer des êtres en les exposant au vide revenait à s’abaisser à leur niveau…
Et cela, Jagen n’en avait guère envie. Il frissonna en repensant aux images visionnées pendant son entraînement – et aux autres qu’il avait eu le malheur de voir depuis son entrée dans le service actif.
— Entendu, dit-il finalement. Mais rien de létal, tant que nous pouvons l’éviter.
— Avec un peu de chance, peut-être se rendront-ils en criant grâce dès que nous apparaîtrons sur le pont… déclara la jeune femme avec une voix grinçante.
Jagen soupira. Il y avait peu de chances qu’une solution pacifique soit possible…
Laissant la jeune femme s’atteler à ses manœuvres informatiques, Jagen entreprit de réactiver les droïdes abandonnés, pendant que ses soldats investissaient l’armurerie à deux portes de là. Le matériel, comme ils pouvaient tous le constater, était en bien meilleur état qu’on ne pouvait l’espérer ; ils se trouvaient après tout dans le bloc de poupe du
Champion de Rendili, relativement épargné par les Républicains depuis la capture du croiseur.
De l’armurerie, ils ne purent récupérer qu’une douzaine de pistolets de poche, ainsi qu’un petit stock de grenades. Vanya arriva à ce moment-là et en réquisitionna quelques-unes pour son usage personnel, sans trop vouloir s’étendre là-dessus.
Ils disposaient donc à présent de quatorze droïdes en état de marche et préparés pour le combat, commandés par un quinzième, bipède désarmé qui devait servir d’intermédiaire entre les deux groupes. La puissance de feu de cette seconde formation automatisée était dérisoire, mais elle augmenterait la confusion régnant dans l’autre camp – ce qui était, après tout, le but de cette opération.
— Tu as bien compris ? demanda une nouvelle fois Jagen au droïde protocolaire.
— Oui, Monsieur, répondit N-3PO en inclinant légèrement la tête.
C’était un modèle de catégorie 3PO issu des chaînes de production de Cybot Galactica, un droïde de protocole à la coque cuivrée habituellement réservé au service des élites qui séjournaient à bord du croiseur. Il avait montré un certain soulagement à l’idée d’être exempté d’armes, ce qui avait rassuré Jagen dans son choix de ne pas lui en confier.
— Je dois mener mes camarades à la section bâbord des capsules de sauvetage, reprit-il de sa voix métallique, et leur demander de procéder à l’ouverture d’une conduite d’aération sur le vide spatial. Une fois l’opération achevée, je me mets à couvert, ils prennent position et tirent sur tous les êtres vivants qui arrivent, jusqu’à réception du signal d’annulation des ordres.
— C’est cela, en effet, approuva Jagen. Bonne chance.
— Je ne comprends pas ce concept, Monsieur.
Le colonel fut le seul à ne pas rire devant l’absurdité des propos du droïde. Il était plutôt pris d’une soudaine envie de le fracasser contre le premier mur venu.
— C’est sans importance.
Une fois l’étrange convoi de droïdes parti, Jagen se tourna vers ses hommes, en les évaluant du regard. Ce qu’il voyait était encourageant ; malgré les pertes, ils tenaient bon et semblaient prêts pour l’épreuve qui les attendait.
— Nous allons rejoindre la section tribord, expliqua-t-il à la petite assemblée, et rejoindre de là l’infirmerie qui est au niveau supérieur, à l’horizontale de la passerelle de commandement. Nous attendrons le signal de N-3PO pour quitter l’infirmerie et rejoindre la proue, en neutralisant systématiquement toute l’opposition que nous rencontrerons. Des questions ? Non ? Alors, allons-y !
Leur trajet vers les ascenseurs tribord confirma le constat que Jagen avait fait d’emblée : il n’y avait personne dans les niveaux inférieurs. Les Hammerheads NG-2 originels, tels que le
Forte Tête, avaient été conçus avec des systèmes d’automatisation extrêmement poussés issus de ceux de la Flotte Katana qui limitaient le besoin d’équipage ; et, même alors, il restait toujours au moins deux techniciens de garde dans le bloc réacteur. Après le désastre qui avait eu lieu quelques mois plus tôt, les contraintes de sécurité avaient été renforcées, quintuplant le personnel nécessaire sur les nouveaux croiseurs. Le
Champion de Rendili était de ceux-là, et aurait normalement dû comporter une dizaine d’hommes à ce niveau. Leur absence confirmait le laisser-aller en matière de sécurité des pirates de la Brigade Stellaire, qui pourtant ne laissaient rien au hasard lors de leurs assauts contre la République.
Pour l’heure, cependant, cela ne semblait pas avoir eu d’incidence sur l’état de fonctionnement du navire.
Bon, pour la propreté, c’est une autre affaire… constata Jagen en observant les recoins de l’ascenseur qui les emmenait vers le niveau suivant. Son impression se renforça lorsqu’ils pénétrèrent dans l’infirmerie ; des tâches de sang émaillaient les murs, et la plupart des couches étaient sales. Une odeur fétide émanait des lieux.
— Ils ont dû oublier un cadavre quelque part… lança un soldat en sortant de l’ascenseur.
— Mets ton filtre à odeurs !
— Non, je…
— Taisez-vous ! murmura Vanya.
— Dés…
Elle lui fit un signe équivoque qui mit un terme aux excuses. À présent, Jagen entendait lui aussi ce que la jeune femme avait tout de suite repéré : de légers bruits de pas qui semblaient prendre de l’importance.
Génial…Pourquoi ne pouvaient-ils pas bénéficier de la chance plus de dix minutes d’affilée ?
— Position d’embuscade ! ordonna-t-il à ses hommes en murmurant. Il ne faut pas qu’ils puissent nous voir de l’extérieur !
Ils eurent à peine le temps de se mettre en place avant que la porte ne s’ouvre. Deux hommes de la Brigade Stellaire en portaient un troisième inconscient, avec une plaie béante sur le flanc.
— Quelle infection ! maugréa l’un des pirates en entrant.
— Ne t’plains pas… Au moins, on est à l’abri, pour le moment, répondit l’autre en aidant son camarade à installer le blessé sur l’un des rares lits propres.
De là où ils étaient, il leur aurait fallu se pencher à au moins quarante-cinq degrés pour espérer distinguer un des républicains cachés dans le bloc opératoire. Jagen garda néanmoins son arme au poing, prêt à réagir à toute éventualité.
— Ça canarde autant qu’on l’dit là-bas ?
— Pire que ça. Ils nous ont roulés dans l’épice, j’te l’dis. Y paraît qu’ils ont lancé les capsules vides, rien que pour ça ! Puis… Pop ! Y surgissent de nulle part, et nous barrent l’accès au pont… Des durs, j’te l’dis !
— J’veux bien t’croire !
Derrière Jagen, un bruit de verre brisé se fit entendre.
— T’as entendu ?
Autant pour l’effet de surprise…Il jeta un rapide regard à Vanya, qui approuva.
Il jaillit du bloc opératoire, blaster au poing.
— Rendez-vous ! ordonna-t-il sans conviction.
Pour toute réponse, il y eut un déchaînement de tirs dans leur direction, suivi par une réponse plus forte encore du côté des Républicains. L’espace d’un instant, le croiseur fut violemment secoué de bout en bout, et le suivant, les deux pirates étaient à terre, criblés d’impacts de blaster.
Jagen était aussi au sol, et serrait les dents pour ne pas hurler de douleur. Un tir avait éraflé son flanc, à deux centimètres à peine de l’endroit où le pirate blessé avait sans doute été touché. Il n’y avait sans doute aucun organe vital de touché ; mais la douleur était telle que cela n’avait que peu d’importance. Les couleurs dansaient dans ses yeux, et il dût les fermer pour ne pas avoir en plus la nausée. Tout son esprit était empli par la douleur – et il avait l’impression qu’elle ne le quitterait plus jamais.
Puis la sensation omniprésente décrût peu à peu, jusqu’à ce que Jagen puisse se concentrer sur quelque chose d’autre.
Une grande douceur.
Il se risqua à ouvrir les yeux.
Vanya était penchée sur lui et appliquait des bandages au bacta sur son flanc meurtri.
— Je comprends mieux pourquoi les Corelliens se fient tant à la chance, dit-elle en le voyant la regarder. Être touché dans l’infirmerie d’un vaisseau qui a visiblement pillé quelques cargaisons de bacta récemment ! Vous auriez pu moins bien tomber !
— J’étais comment ? demanda-t-il avec une grimace.
— Ridiculement courageux. Qu’est-ce qui vous a pris ? Je voulais leur envoyer une grenade aveuglante pour les abattre ensuite !
— Je pensais… Eh bien, que vous aviez compris.
— J’ai compris que vous me donniez l’ordre de les neutraliser !
— Mais vous avez quand même envoyé la grenade, non ?
— Non, répondit-elle, une ombre sur le visage. Si vous pensez à l’explosion que nous avons ressentie, elle ne venait pas d’ici.
— Alors, que… Houmpf !
Sa première tentative pour se relever échoua lamentablement, et il ne parvint à se mettre assis qu’avec l’aide de Vanya.
— Je suis foutu ?
— Nous le sommes peut-être tous…
Elle l’adossa à un mur et alla parler à des soldats qui inspectaient l’équipement à deux pas de là.
Elle en revint avec une grande seringue entre les doigts.
— Je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire, lança Jagen précipitamment en blanchissant à vue d’œil.
— C’est un stim ubese, expliqua-t-elle. Je n'en suis pas fan, mais ça vous permettra de tenir debout sans grimacer pendant quelques heures. Espérons que nous en aurons fini d’ici là, parce que vous risquez d’avoir bien besoin d’une cuve bacta ensuite.
Elle lui enfonça l’aiguille au creux du bras, sans qu’il puisse faire un geste pour l’en empêcher. En temps normal, la sensation lui aurait arraché un bref cri de douleur, mais ce qu’il venait de subir l’avait anesthésié…
Une vague de chaleur emplit peu à peu son corps, chassant pour de bon la douleur, et il put se relever sans vertige quelconque.
— Efficace… murmura-t-il.
— N’est-ce pas ? Alors, arrêtez de vous plaindre.
— Oui, chef !
— Bien dit, puisque je prends le contrôle de l’opération.
— Je croyais que vous n’en vouliez pas.
— Je ne voulais pas vous en décharger alors que vous en étiez capable, corrigea-t-elle. À présent que vous n’êtes plus au maximum de vos capacités, c’est mon rôle de mener cette mission à bien.
Elle désigna le bloc opératoire où ils s’étaient cachés un peu plus tôt.
— Une combinaison de rechange vous y attend. Faites attention, il y a un peu de verre brisé.
— J’avais compris, merci, grogna-t-il.
— Si vous voulez savoir le nom du coupable…
— Allez-y.
— Garthwan. Il ne supportait pas l’odeur des lieux, mais il est aussi allergique aux composants des filtres à air.
Jagen leva les yeux au ciel devant l’absurdité de la situation.
Lorsqu’il ressortit de la pièce, un peu plus frais et surtout de nouveau hermétique, il se dirigea immédiatement vers ses hommes. Sa blessure leur avait fait perdre quelques précieuses minutes, et il ne pouvait pas se permettre de prendre davantage de retard.
— Où sont les autres ? demanda-t-il en fronçant les sourcils, car il manquait près de la moitié de l’effectif.
— Ils ouvrent la voie, répondit Vanya. Nous avons du nouveau. L’explosion en était bien une, et ce sont vos droïdes qui l’ont provoquée.
— Je ne leur ai pas dit…
— Je sais, je sais ! D’après le bavard cuivré, c’est un astromech qui a touché une conduite de gaz en voulant accéder à celle d’air, mais je pense plutôt qu’il les a convaincus d’agir ainsi pour éviter de s’exposer au feu. Ils sont à couvert pour le moment, mais leurs capteurs indiquent deux douzaines d’hommes à proximité de la section d’évacuation bâbord.
— Deux douzaines… C’est plus que nous…
— Je leur ai demandé de les prendre à revers, histoire de réduire l’écart.
Jagen acquiesça distraitement.
— Nous devons accéder au pont le plus vite possible.
C’était évidemment la meilleure chose à faire, compte tenu de la situation actuelle. Le groupe républicain se remit donc en marche, à une allure soutenue que le colonel suivait sans trop de mal. Vanya était à présent à la tête de l’opération, et prenait son nouveau rôle très à cœur. Déchargé de ses responsabilités, Jagen pouvait se permettre de repenser aux évènements précédents, et à l’étrange comportement de la jeune femme.
Elle me comprend, elle m’observe, elle tient à moi…
Non ! Tout ce qu’elle veut, c’est gagner la bataille pour sauver la vie de Salussa. Si nous échouons à présent, il mourra lorsque les renforts de la Brigade Stellaire arriveront.
Elle aurait très bien pu me laisser mourir un peu plus tôt… Elle n’a pas vraiment d’attachement à la République. Alors, si ce n’est pas par loyauté… Disons, au moins, de l’amitié ?
C’est une mandalorienne. Une tueuse. Tu n’es qu’un moyen pour elle d’atteindre ses objectifs, et tu le sais.
Faux. Il y a… Ce petit quelque chose, unique, entre nous…
Tu te fais des idées. Le conflit qui faisait rage entre le cœur et l’esprit de Jagen manqua de lui donner un mal de tête carabiné. Visiblement, le stim ubese ne protégeait pas contre les blessures sentimentales.
Ils progressaient toujours, traversant à présent ce qui était jadis les quartiers des invités. Sur le
Forte Tête, Jagen avait emprunté une coursive similaire avec le chancelier Kalpana et les amiraux Corona et Willspawn, des siècles plus tôt… Il se souvenait des grandes suites, de leur mobilier luxueux…
Les difficultés commencèrent lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur du sas qui reliait le
Champion de Rendili au
Knight’s Blade. Plusieurs pirates stationnaient là, et réagirent promptement une fois la surprise passée. Fort heureusement, les Républicains ne subirent là aucune autre perte qu’un fusil d’assaut.
Au-delà du hall d’accès se trouvait le pont.
— Ils se sont enfermés, constata Vanya en essayant d’ouvrir la porte. Je pense que vos droïdes ont été trop zélés…
— Maintenant que nous contrôlons le sas, nous pourrions faire venir des renforts…
— Non ! Nous ne pouvons pas encore attendre, Colonel ! Nos amis sur le
Knight’s Blade ne tiendront pas indéfiniment…
Elle posa la main sur une des sacoches accrochées à sa ceinture et en sortit une des grenades capturées plus tôt.
— Verrouillez vos casques, leur dit-elle. Jace, faites-moi la courte échelle.
— Avec plaisir…
Elle se hissa sur les épaules du soldat et lui fit signe de se rapprocher d’une des parois.
Jagen comprit alors ce qu’elle avait repéré depuis le début : une petite grille d’aération, qui menait sans doute directement vers le pont.
J’aurai deux mots à dire à Blissex si je m’en sors…Un court rebond métallique se fit entendre, puis le silence retomba.
Jagen crut tout d’abord que la tentative de Vanya avait échoué, mais un petit sifflement le détourna vite de cette idée.
Le bruit s’amplifia, et sa cause devint manifeste ; de grandes volutes de gaz gris et vert s’échappaient de la bouche d’aération sabotée. Le colonel ignorait ce qu’était cette substance, mais cela ne lui plaisait pas du tout.
De l’autre côté de la porte, des cris atroces commencèrent à jaillir. Cela allait du hurlement strident au râle d’agonie, musique de mort et de douleur qui pétrifia les Républicains.
Tout à coup, la porte s’ouvrit en grand, et d’autres volutes de fumée vinrent s’ajouter à ceux qui tournaient déjà autour d’eux. Un pirate jaillit de ce brouillard en hurlant et en courant, et mourut avant de les avoir tous dépassés.
Moins d’une minute plus tard, tout était fini. Le gaz était retombé, la porte ouverte et l’équipage pirate du
Champion de Rendili refroidi.
Les senseurs de la combinaison de Jagen lui indiquèrent que l’air était de nouveau respirable.
— Au nom de la Force, Vanya, qu’avait-vous fait ? s’exclama-t-il dès que son casque fut enlevé.
— Le nécessaire, répondit la jeune femme avec fermeté. Nous sommes en possession du
Champion de Rendili.
— Mais… Ce gaz… Ce n’est pas…
— Juste ? Honorable ? Éthique ? demanda-t-elle dans un murmure en se rapprochant, de sorte qu’il soit le seul à pouvoir l’entendre. J’en suis bien consciente. Parfois, il faut se mettre au niveau des adversaires pour pouvoir l’emporter. Je n’en suis pas fière, mais je l’accepte. Ce gaz est du dioxys. C’est une invention neimoïdienne, qui mélange une toxine issue de leurs propres ruches avec du monoxyde de carbone. Les filtres à air de la plupart des vaisseaux modernes savent l’aspirer et le stocker en sécurité – mais généralement trop tard pour que l’équipage s’en sorte. Je me suis servi de mes connaissances, voilà tout. À présent, si vous voulez bien vous presser, nous avons encore du travail…
— Je… Oui, je vous suis.
Elle le mena vers la console de commandement du pont. Jagen ne put s’empêcher de sentir une bouffée de nostalgie en arpentant cette structure familière. L’endroit, ouvert sur l’espace par de vastes baies, était presque similaire à celui du
Forte Tête qu’il avait tant apprécié.
La seule différence étant les cadavres à l’expression horrifiée qui jonchaient le sol.
— Dallin, ça se présente comment ?
— Ils n’ont pas eu le temps de verrouiller l’ordinateur, Madame, répondit le jeune concerné. Je viens d’y entrer quelques commandes qui nous garantiront un accès total à l’ensemble des sections du vaisseau.
— Alors, c’est à vous de jouer, Colonel, si vous vous en sentez la force.
Jagen acquiesça lentement et se plaça dans le siège du commandant. À présent, en effet, c’était à lui de jouer.
Et à la Brigade de perdre.
— Vanya, prenez place sur le poste de contrôle des réacteurs… Voilà, celui-ci. Dallin, vérifiez si le sas d’accès est bien verrouillé de notre côté.
— On dirait, mais il ne va pas le rester longtemps ! Je crois qu’on a de la compagnie !
— Quel genre ?
— Une dizaine d’hommes qui remontent le sas déployé par le
Champion.
— Paix à leur âme. Vanya, enclenchez les réacteurs subluminiques, décalage horizontal zéro, vertical zéro, avancée de cent quatre-vingt mètres.
Aussitôt, Jagen ressenti la poussée des moteurs du vaisseau. Dans un premier temps, le bras-couloir déployé maintint le
Champion sur sa position initiale ; mais malgré sa solidité, le dispositif ne pouvait pas résister aux puissants réacteurs de l’Hammerhead.
Le bras se rompit, entraînant les pirates paniqués qui tentaient d’y échapper dans le vide stellaire.
— Un point pour la République ! s’écria un soldat derrière lui.
— Mais il en reste encore d’autres dans le vaisseau.
— Nous pouvons les contacter, suggéra Vanya.
— Voyons d’abord avec Tinor… Mettez-moi en communication avec lui.
Assez vite, le visage de l’officier en second du
Knight’s Blade apparut sur la console de Jagen. Il avait l’air épuisé mais indemne, ce qui rassura le colonel.
—
Au rapport…— Quelle est la situation, Lieutenant ?
—
Je… La situation. Oui. Eh bien, nous les avons repoussés de tous les endroits stratégiques. Ils ont attaqué le réacteur il y a quelques minutes, mais ça n’a pas duré. — Ils ont sans doute reçu des rapports sur la situation ici…
—
Ce qui expliquerait bien des choses. Ils se dirigent vers les hangars. Pouvons-nous rallumer les systèmes ? — Évidemment ! Mais surtout, empêchez-les à tout prix de s’enfuir !
—
À vos ordres !— Mell, intervint Vanya, est-ce que Rihad va bien ?
— Qui ça ? demanda Jagen.
—
Le capitaine Salussa a été légèrement touché, mais il souhaitait vous indiquer que votre plan a été mis en application. — Excellent. Remerciez-le de ma part, d’accord ?
—
Bien sûr. Jagen attendit que le visage de Tinor ait disparu pour se tourner vers la jeune femme.
— Quel plan ?
— Vous allez le découvrir très bientôt. Je me doutais de leur réaction une fois que nous serions en possession du
Champion.
— Vous m’en direz tant…
Elle fit quelque pas pour s’éloigner, mais Jagen n’en avait pas terminé.
— Rihad ?
— Vous m’appelez bien Vanya, non ? répondit-elle avec plus d’agacement qu’il ne l’aurait espéré.
— C’est votre supérieur hiérarchique…
— Et un très bon ami.
Sans ajouter un mot, elle poursuivit son chemin, laissant Jagen seul avec ses pensées – pas franchement agréables.
Il étudiait le contenu de l’ordinateur de bord lorsque de nouveaux signaux apparurent sur l’écran.
De très nombreux signaux.
— Quoi, encore…
— Ce sont les nôtres, constata Dallin, qui s’était rapproché. Nos chasseurs.
— Mais ce sont les hommes de la Brigade Stellaire qui les pilotent, ajouta Vanya.
— Génial, maugréa Jagen.
— Ne vous inquiétez pas, j’ai fait transférer toute la puissance sur les boucliers.
Il y avait pourtant de quoi avoir peur. Les escadrons ne pouvaient pas faire grand-chose contre la coque du
Knight’s Blade, mais le
Champion risquait de subir des dégâts critiques. Et il y avait déjà une brèche, grâce aux droïdes…
Alors qu’il songeait aux ordres à donner, le ciel s’illumina de mille éclats.
Puis les lumières se dissipèrent, laissant le vide reprendre sa place.
— Boum, dit une voix derrière lui.
Jagen se retourna si brusquement que son flanc meurtri lui envoya une vive douleur, malgré les stims.
— Vous… C’était ça, votre plan ?
— Je crains qu’il ne faille commander de nouveaux chasseurs, Colonel, déclara Vanya d’un air impassible.
* *
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Quelques chiffres :
- C'est la partie la plus longue que j'aie publié pour l'heure, avec vingt pages.
- Avec ces vingt pages, on dépasse les trois cents pour l'ensemble du livre.
- Et avec ce chapitre, on dépasse les deux cents heures d'édition pour tout le document de travail.
Voilà, j'espère que ça vous a plu !