Oui, j’ai l’impression de ça doit dépendre de mes histoires (et aussi du style choisi pour les écrire) : j’ai d’autres de mes histoires où l’on m’a reproché exactement l’inverse. A savoir descriptions ratées mais scènes d’action bien rythmées… Peut-être que j’ai du mal avec les scènes d’action quand une histoire commence de manière très narrative… ?
Bon, sinon je publie tôt aujourd’hui, je ne suis pas dispo ce soir.
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VII
« Jinn ? Jinn comment ? Vous croyez qu’on va se contenter de ça ? Jinn tout court ? 95% des habitants de cette galaxie ont plus d’un seul nom. Et c’est valable pour au moins 99% des cultures humaines. Alors : c’est quoi votre autre nom ? Votre nom complet ! aboya un officier impérial humain au visage rouge de colère. »
Jinn réfléchit à toute vitesse. Tout cela lui paraissait par trop invraisemblable. La façon dont il était traité, pour un mal qu’il n’avait de toute évidence pas commis. Lorsqu’on lui avait demandé son nom, le « Jinn » était sorti tout seul de sa bouche. Mais pour autant qu’il le sache, il pouvait bien se trouver sur une de ces planètes de la Bordure Extérieure où les gens de sa condition n’étaient pas en odeur de sainteté. Et un nom de famille aussi connu que le sien pouvait tout à fait le démasquer sur le champ. Aussi, il répondit à la question –essayant d’être suffisamment rapide pour cacher l’hésitation qu’il venait d’avoir.
« Jinn Fry, dit-il calmement, balançant le premier nom qui lui était venu. »
L’impérial avait une réponse à sa question. Mais en dépit de la coopération évidente de son prisonnier, il ne semblait pas vouloir se calmer.
« Bon, éructa-t-il. C’est un début. Maintenant, tu vas me dire pour quelle raison tu te battais avec ce marchand. »
Et Jinn de répondre posément.
« Mais, je ne me battais pas le moins du monde. C’est lui qui s’est jeté sur moi, et je ne faisais que me…
-TU TE FOUS DE MOI ? On a au moins dix témoins, qui affirment que c’est toi qui a commencé ! Parce que tu avais volé un truc sur son étal et qu’il l’a vu.
-Ecoutez, je ne sais pas qui vous raconte pareille chose. Mais si vous voulez toute la vérité, je vais vous l’exposer.
-Tu ferais mieux, mon gaillard. »
Et Jinn lui raconta tout –du moins à partir du moment où il était arrivé au marché. Comment il avait voulu aborder le marchand occupé, comment un Kobocois avait volé un objet sous ses yeux, comment il l’en avait accusé auprès du vendeur, comment ce dernier s’était énervé.
« Et tu continues à te foutre de moi ! Vol à la tire, troubles sur la voie publique, refus d’obtempérer, tu crois vraiment que tu peux ainsi te moquer impunément de l’Empire ? »
Jinn ne répondit rien. Eut-il été coupable d’un seul des crimes dont on l’accusait, il trouvait la réaction du militaire tout à fait exagérée. A moins qu’il n’eut été effectivement reconnu par le type, qui n’appréciait pas vraiment les gens de son Ordre…
L’homme se calma un peu, repassant au vouvoiement respectueux. Mais on sentait bien dans sa voix toute la colère qui l’animait.
« Et d’abord, qu’est-ce que vous faites là ? Vous n’êtes pas d’ici, vous… Ça se voit. Que faites-vous sur Koboc ?
-Je n’en sais rien du tout, répondit Jinn en toute honnêteté. »
Le soldat se renfrogna. Encore plus courroucé intérieurement. C’est pourtant d’une voix redevenue cette fois totalement calme qu’il dit :
« Parfait. Puisque tu le prends comme ça… Tu peux être sûr que je vais m’occuper de ton cas. »
Et il sortit.
Jinn attendit une heure. Il s’étonna qu’on ne le ramène pas dans une cellule –ce qui aurait été la chose la plus logique à faire, considérant qu’on le croyait de toute façon coupable. Il demeura assis, fixant de temps à autre la glace sans tain derrière laquelle il soupçonnait qu’on le regardait toujours. Il eut été facile de le savoir avec assurance, grâce à la Force. Mais la Force l’avait vraiment abandonné cette fois. Quand la porte s’ouvrit, il s’attendait à être reconduit, et se leva sans mot dire. Mais un officier impérial, un homme très grand aux cheveux noirs, entra seul. Il lui intima l’ordre de se rasseoir –ce qu’il fit sans discuter.
« Veuillez excuser le comportement de mon subalterne. Même votre supposée culpabilité dans une simple bagarre de rue ne justifie pas vraiment ce genre d’emportement, je le reconnais. »
Ah… pensa Jinn. Enfin quelqu’un de censé.
« Ceci étant, il ne vous a pas menti dans le simple but de vous faire peur. Nous avons bien une bonne dizaine de témoins qui vous ont vu attaquer ce brocanteur, au moins autant que lui-même vous attaquait. Et même si je reconnais que ces témoignages sont flous, ils semblent tous s’être mis d’accord à votre sujet. (il marqua un temps) Quant au fait que vous auriez volé ce Kobocois… Disons simplement que c’est une hypothèse qui paraît plus crédible que celle d’un autre voleur qui vous aurait refilé son larcin en douce dans le but de s’innocenter –un voleur qui, soit dit en passant, s’est évanoui dans le nature.
-J’en conviens.
-Et si on ajoute à cela le fait que vous ne semblez guère franc dans vos réponses…
-Vous vous trompez. Je n’ai pas menti une seule fois. »
Evidemment, cette phrase elle-même était un mensonge, puisqu’il avait menti sur son nom de famille. Mais pour le reste, il n’avait rien caché.
L’officier ne semblait guère apprécier ce qu’il venait d’entendre. Il sortit une petite télécommande de sa poche et appuya sur le bouton. Jinn ne sut jamais son effet, mais l’impérial coupa la retransmission du son dans la pièce. Cette base étant la « sienne, » il y faisait la loi. Aussi, jamais personne ne disait rien lorsqu’il voulait jouer seul avec un de ses prisonniers.
« Parfait… Je vais jouer franc-jeu avec vous. Et je vais tout vous dire. Voyez-vous, Mr. Fry, nous vivons une triste époque. Quand la racaille de la galaxie décide de combattre un empire qui a ramené l’ordre dans tout le cosmos, on est en droit de se poser des questions sur l’avenir de notre monde. Ces rebelles sont effectivement une épine dans le pied de l’empire, dont il se passerait volontiers. Mais je crois qu’une des conséquences fâcheuses de la nouvelle politique militaire prônée par notre cher Empereur Palpatine, c’est que nos soldats ont tendance à voir le mal partout. Par exemple, certains pensent que vous êtes vous-mêmes un de ces rebelles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils m’ont demandé de venir vous interroger en personne. »
Ainsi donc, Jinn n’avait pas été pris par la police, mais par l’armée. Leur uniforme, faisant plus penser aux militaires, lui avait déjà mis la puce à l’oreille à ce sujet. Mais il en avait à présent la confirmation. Cela signifiait-il que Koboc était gouvernée par une junte militaire ? Peut-être.
« J’estime personnellement que cette attitude paranoïaque nous dessert totalement, encore qu’elle permette d’augmenter considérablement notre budget, fit-il avec un clin d’œil. Le fait est que… vous êtes un étranger, de toute évidence ; trop peu d’humains vivent ici. Mais vous n’êtes clairement pas un touriste. Votre présence est donc assez douteuse. Vous comprenez mieux, j’espère, la réaction excessive du capitaine Stan.
-Je… suppose.
-Pour ma part, vous n’êtes pas une seule seconde un espion rebelle. C’est une hypothèse qui me fait doucement rire, rien que d’y penser. Outre qu’aucun détail ne puisse le laisser penser, Koboc n’a aucune importance stratégique : qu’est-ce qu’un espion viendrait faire ici ? Cela étant, tous mes subalternes –y compris les plus hauts gradés- sont convaincus du contraire. Ils pensent qu’il faudrait vous torturer pour vous faire avouer qui vous êtes réellement…
-Si j’ai bien compris, ce n’est pas d’être un voleur ni un fauteur de troubles, dont je suis accusé en réalité ?
-Pas vraiment. Ceci-dit, même si c’était le cas, mes hommes sont avant tout des militaires… Ils n’auraient jamais dû devenir des policiers si vous voulez mon avis. Pour tout vous dire, je crois bien qu’ils s’ennuient un peu dans ce rôle –et qu’ils seraient capables de vous accuser de n’importe quoi de terrible juste pour pouvoir vous torturer et s’occuper un peu. Alors, si vous n’êtes qu’un simple voleur à la petite semaine, ou même un cambrioleur de haute voltige : peu m’importe. Je vous conseille vivement de parler rapidement avant qu’ils ne décident qu’une autre méthode est plus recommandée que la manière douce pour vous faire parler. Croyez-moi, la prison d’ici est bien plus agréable que la torture… »
L’officier s’apprêta à se lever, pour laisser à Jinn le temps de peser le pour et le contre.
« Et en admettant que ce que j’ai raconté à votre capitaine était la vérité, aussi incroyable soit cette vérité, que se passera-t-il ? »
L’homme se rassit.
« Même si l’hypothèse est douteuse, je suis personnellement prêt à vous croire. Il n’en sera pas de même pour tous les autres soldats de cette base.
-Ça veut dire que je dois avouer des crimes que je n’ai pas commis, ou bien être torturé pour qu’on m’en fasse avouer d’autres que je n’ai pas commis non plus ? »
L’impérial ne répondit pas, ce qui fut tout aussi parlant.