Bon, je suis en train de relire
Réfugiés pour préparer le chapitre suivant de
L'Ascension, rassurez-vous pour ceux qui suivent, mais voilà un autre passage de
Y a-t-il un Jedi pour sauver le Chancelier? si vous me le permettez
Chapitre Deuxième
« Mais qu'est-ce que c'est que ça, par la barbe de Palpatine ?
-Je ne sais pas, mais ce que je sais, c'est que ça ne me dit rien qui vaille...
-J'avais un mauvais pressentiment... On dit que les sorcières de Krath laissent planer une atmosphère sinistre partout où elles passent... Vous pensez que ça a pu leur servir à ressusciter quelqu'un ? Un Seigneur Sith ancien, par exemple?
-Mais il est peut-être toujours ici, alors !
-Attendez, c'est peut-être juste un symbole... Peut-être un signe employé par une secte d'Anzatis pour prévenir ses membres d'une attaque ici cette nuit-même ?
-Oui, ce n'est pas impossible non plus... Ou alors... Ou alors c'est un avertissement pour nous... Cet immeuble appartient dorénavant au fantôme de l'Amiral Far'rey qui hante je ne sais plus quelle passe, et nous ne devons plus nous en approcher pendant qu'il pousse les habitants à s'entretuer jusqu'au dernier onze jours durant...
-Peut-être qu'en nettoyant avec le sang d'un nerf né une journée de pleine lune, nous pourrions...
-Obi-Wan Kenobi, Chevalier Jedi victime d'un râteau, je peux quelque chose pour vous, Messieurs ? »
À peine visible dans la lumière du soir qui tombait, la gravure avait une allure à la fois grotesque et effrayante, comme une menace mortelle voilée aux Hommes par des contours dérisoires ; elle consistait en un entrecroisement de lignes qui formaient neuf carrés de taille approximativement identiques, deux d'entre eux étant occupés par des croix et un autre par un rond.
Obi-Wan frissonna ; voilà qui lui rappelait quelque chose qu'il aurait préféré oublier...
« Vous savez ce que c'est, maître Kenobi ? demanda anxieusement le policier.
Obi-Wan releva très lentement la tête vers lui et resta un instant à le dévisager sans mot dire, tous les passants suspendus à ses lèvres, puis il répondit :
-J'ai bien peur que oui, hélas... Tout cela ressemble fort à un symbole Sith.
-Ah, c'est bien ce que je craignais... affirma le policier d'un ton grave, manifestement en proie à des craintes indicibles. Impossible d'infliger une amende au responsable pour détérioration de la voie publique, donc ?
-Non, je crois qu'il vaudrait mieux éviter...
-Et... Que va-t-il arriver aux occupants de l'immeuble, alors ? demanda une passante, une femelle Weequay ?
-Rien. Rien, s'ils repeignent leur immeuble. Ce rose, c'est affreux, les Sith ne le souffriront pas longtemps...
-Ah... Bien, nous allons voir ce que nous pouvons faire, Maître Kenobi, merci de votre aide.
-Mais de rien, c'est mon devoir... »
Obi-Wan quitta le petit attroupement et rejoignit son Padawan, qui l'attendait au bas de l'immeuble de Leybla ; ils se mirent tous les deux en marche vers l'arrêt de la ligne neuf.
« C'est bon ? Qu'est-ce que c'était ?
-Oh, rien de grave, je t'expliquerais...
-Comme vous voudrez... Notre enquête commence bien, en tous cas, nous en savons plus sur les projets du Chancelier et sur les motifs de l'assassinat de Molif Zarran, nous avons appris l'existence d'une menace pour la sécurité de la Galaxie toute entière...
-Tu plaisantes ? Pour une fois qu'on a une jolie politicienne à interroger, il faut qu'on tombe sur une lesbienne...
-Oui, d'accord, mais je veux dire, on a plein de nouvelles pistes à explorer...
-Ce ne sont pas des pistes que j'aurais voulu explorer, moi...
Anakin cessa brusquement de marcher.
-Bon, Maître... Faites un effort, quand même, je me sens plus professionnel que vous, là...
-Mais je n'ai pas besoin d'être professionnel, moi, je suis déjà Chevalier Jedi... Et un Chevalier Jedi doit savoir rester humain, sans quoi le fanatisme le mènera au Côté Obscur. Mais la Sénatrice ne nous a strictement rien appris, en fait, puisqu'elle a refusé de nous donner une preuve de quoi que ce soit... Elle aurait tout aussi bien pu inventer cette affaire pour ce que nous en savons, nous n'avons donc rien de concret...
-Ah, vous pensez qu'elle aurait inventé cette histoire de rendez-vous avec l'autre Twi'leck pour nous décourager ?
Obi-Wan soupira comme s'il allait mourir de honte pour son Padawan.
-Et là, qui est-ce qui n'est
pas très professionnel ? Quoique, tu as peut-être raison, en fait, peut-être que ça aussi, elle l'a inventé, mais ce n'est pas le sujet... Non, je veux dire que tant qu'elle se refuse à nous donner quelque chose de sérieux sur le projet
Narines de Palpatine, ça ne nous avance pas beaucoup... C'est même pire que ça, en fait, puisque nous ne pouvons même pas en parler au Conseil... Bon, évidemment, l'avantage de ne pas avoir de possessions matérielles, c'est qu'ils ne peuvent pas baisser notre salaire, mais quand même...
-Alors qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
Obi-Wan haussa les épaules.
-On continue notre enquête normalement... Il faut qu'on aille sur Corellia rencontrer la prostituée, et peut-être le gérant de l'hôtel s'il a contacté la police... Ah, et pas de bêtises avec la prostituée, hein, je ne veux pas t'entendre lui faire de compliments sur ses mamelles...
-Mais tant que je ne m'y attache pas, je ne risque pas de basculer du Côté Obscur...
-Je sais, mais on a pas les moyens. »
Deux heures plus tard, les deux Jedi gagnèrent le spatioport de Coruscant pour s'envoler vers Corellia ; le Conseil des Jedi refusant fermement une dépense aussi inutile au développement de leur enquête, Obi-Wan dut gagner au sabacc leurs places dans un transport bon marché face à un Elomim particulièrement louche qui s'était hâté de prendre congé en voyant arriver la sécurité de Coruscant.
C'est ainsi que le transport pour Corellia, un vaisseau brun tout en hauteur que ses dimensions destinaient clairement à transporter massivement les passagers qui ne pouvaient se payer mieux, s'éleva avec une sorte de grâce lourde et fatiguée dans l'air du soir de Coruscant, deux Jedi à son bord... Ils n'avaient passé que quelques heures sur la planète, et cela rappelait cruellement à Anakin que les Jedi étaient condamnés à voyager toute leur vie, à n'être chez eux nulle part ; une part de lui aimait cela, se réveiller tous les matins sur une monde différent sans savoir de quel côté de la Galaxie il serait le lendemain avait quelque chose d'attrayant, mais il se sentait aussi désorienté dans une telle existence... Tatooine avait été un foyer qu'il haïssait, mais c'était un foyer tout de même. Là, c'était comme un rappel géographique du caractère éphémère de toute chose, y compris de ses proches... Rien n'était fixe dans sa vie, ni planète ni relations ; si, il y avait Obi-Wan, mais c'était différent... Obi-Wan était son professeur, un excellent professeur, certes, mais leurs relations n'étaient pas celles d'égaux, si bien qu'il apparaissait toujours à Anakin moins comme un ami que comme une sorte de cadre imposé à sa vie par le Conseil des Jedi...
C'était triste, parce que Anakin, malgré leurs perpétuels désaccords, éprouvait une réelle admiration pour son maître ; il incarnait le Jedi qu'il rêvait d'être depuis toujours, plein de sagesse et d'une puissance mystérieuse, il avait vaincu un Seigneur Sith sur Naboo, il connaissait la ligne numéro neuf de Ligne d'Azote...
Dans leur étroit compartiment aux parois ternes, il se tourna soudain vers son maître, décidé en cet instant à lui dire toute l'admiration qu'il avait pour lui quelles que puissent être leurs différences ; manifestement agité de sentiments comparables, Obi-Wan le devança, et Anakin sentit son rythme cardiaque s'accélérer à la pensée qu'après tout, ils pouvaient peut-être se comprendre...
« J'ai soif, tu peux aller me chercher un café, s'il te plait ? grogna Obi-Wan.
-Bien sûr, Maître. »
Il était surpris, il fallait l'admettre, et même un peu déçu, mais après tout, Obi-Wan avait raison ; ils risquaient de s'attacher s'ils se confiaient l'un à l'autre au lieu de parler comme un Maître et son Padawan, donc ils risqueraient de basculer du Côté Obscur...
Alors Anakin devait rester seul et sans repères.
Dans l'obscurité, pourrait-on dire.
Il quitta le compartiment, décidé à remplir sa mission ; il n'y avait pas de petit devoir, la vertu était un état dans lequel on faisait tout son possible pour aider son prochain, qu'il s'agisse de le sauver d'Anzatis affamés ou de lui apporter un café. Il ignora la famille Barabel occupée à répandre du sel sur un bébé Hutt en face et s'efforça de progresser dans l'étroite coursive malgré les vibrations du passage en hyperespace.
« Chers passagers, chères passagères, chers droïdes et chers Hutts, commença une voix droïde dans les hauts-parleurs, vous êtes les bienvenus sur notre ligne Coruscant-Corellia. Arrêts prévus aux astroports de Caluula, Byss, Lwhekk, Vjun, Felucia, Gamorr et Dagoba. Merci de surveiller vos bagages, particulièrement à l'astroport de Rodia ; la compagnie décline toute responsabilité en cas de vols, blessures, viols, meurtres ou démembrement, merci d'en tenir compte et passez bon voyage. »
Anakin en déduisit que le prix accessible de leurs places s'expliquait par le fait que la compagnie n'avait tout simplement pas contractée d'assurance pour se couvrir dans les cas énoncés, mais cela ne le concernait pas ; de toute façon, ce n'était pas la question, la compagnie était libre de proposer les conditions de voyages qui lui paraissaient les plus appropriés, personne n'avait forcé les voyageurs à la choisir.
Cela ne lui indiquait pas où il pourrait trouver du café.
« Tu en as mis, du temps, remarqua Obi-Wan sur un ton lourd de reproches lorsque son Padawan revint.
-Désolé, Maître, mais j'ai eu du mal à trouver, il m'a fallu une demi-heure avant de trouver un Calibop pour m'expliquer que c'était à l'étage deux virgule cinq, et il y avait plein de monde ; apparemment, les gens pensent qu'il ne vaut mieux pas s'endormir sur cette ligne...
-Ne te cherches pas d'excuses, Anakin, interroges-toi simplement sur le bien-fondé de tes actions... L'étage deux virgule cinq, tu dis ?
-Euh, oui, en fait, il y a une espèce de turbo-élévateur intermédiaire en haut du premier étage qui s'arrête entre le deuxième et le troisième... Apparemment, l'architecte du vaisseau est Gungan, on dit qu'il a aussi fait les plans d'une faculté de droit sur une planète primitive...
-Hhhhmmm... Donnes... Merci.
-Maître, nous allons avoir des problèmes pour nous déplacer à la surface de Corellia aussi ?
-Non, nous n'aurons pas trop à nous éloigner du spatioport pour suivre la piste de notre homme d'affaires, et heureusement, parce que les Corelliens ont une façon un peu spéciale de conduire...
-Ah. Et...
Anakin prit une voix de conspirateur.
-Vous avez triché au sabbac, tout à l'heure ? Vous avez influencé l'esprit de l'Elomim ?
Obi-Wan haussa un sourcil.
-Anakin, allons, crois-tu que je ferais une chose pareille ? Ça m'aurait facilité la partie, et la facilité appartient au Côté Obscur... La Force est une alliée, pas une carte de sabacc.
-Alors comment avez-vous fait pour gagner ? Parce qu'à part la Maîtresse de Sabres, vous n'aviez rien...
-Je n'ai pas triché, Anakin, j'ai communiqué une information à mon adversaire : je savais qu'il redoutait l'irruption de forces de l'ordre et que les FSC étaient justement sur sa piste, alors je lui ai donné le sentiment qu'il n'était pas en sécurité, ce qu'il n'était effectivement pas, afin qu'il décide par lui-même de faire semblant de perdre pour quitter les lieux rapidement...
Anakin le regarda d'un air émerveillé.
-Alors on peut tricher au sabacc comme ça sans basculer du Côté Obscur ?
-Tout à fait, Anakin ; tu vois, pour le Chevalier Jedi avisé, le Côté Obscur n'est pas plus puissant, seulement plus facile, car il demande moins de réflexion pour chercher comment aider son prochain tout en atteignant ses objectifs. On peut aussi accomplir de grandes choses sans contraindre la Force par ses sentiments les plus égoïstes ; par exemple, gagner au sabacc.
-Génial !
-Oui, je trouve aussi.
À cet instant précis, la porte s'ouvrit sur trois contrôleurs Neimoidiens armés de vibro-matraques.
-Compartiment 11-38, c'est bien ici ?
-Oui, tout à fait, répondit Obi-Wan, intrigué. Que pouvons-nous pour vous, messieurs ?
-Lequel d'entre vous est Zardrr Vekker ?
-Euh... Anakin, es-tu Zardrr Vekker ? interrogea Obi-Wan.
-Non, je ne crois pas, Maître.
-Ah ? Eh bien, je suis raisonnablement convaincu que ce n'est pas moi non plus, donc a priori, ce n'est aucun de nous deux ; pourquoi ? Qui est donc ce Zarddr Vekker ?
-Il s'agit d'un dangereux terroriste interstellaire d'origine Elomim recherché depuis trente ans pour avoir retardé d'un quart d'heure un astronef Coruscant-Corulag grâce à un habile sabotage à l'astroport de Caluula, et c'est bien lui qui a acheté ces places d'après les FSC...
-Nous avons des têtes d'Elomim ? demanda Anakin, sceptique.
-Comment voulez-vous que nous le sachions ? Vous, les non-Neimoidiens, vous vous ressemblez tous... Vos yeux sont tous du même rouge.
-Oui, d'accord, mais ce n'est pas nous, on vous dit...
-Vous lui avez donc volé les places ? Intéressant. Je vous rappelle que si la compagnie décline toute responsabilité en cas de vol pendant le voyage, cela ne concerne pas les places achetées au sol, puisqu'à ce moment-là, le passager n'est pas encore prévenu, ce qui est contraire au premier article de la Grande Codification Coruscantie qui veut que le déclin de ses responsabilités vis-à-vis de ses passagers par une compagnie de transport ne soit possible qu'après informations desdits passagers, et ce exclusivement dans le cas où lesdits passagers ne souffrent pas de prédispositions les empêchant de comprendre l'avertissement, auquel cas la compagnie est responsable, mais cela nécessite l'apport d'une preuve médico-légale, or vous devez pour l'apporter prouver votre statut de médecin, car il n'y a que vous dans ce compartiment, or l'arrestation d'un terroriste présumé est légalement autorisée dans les plus brefs délais, vous ne sauriez donc recourir à temps à un médecin pour prouver que ce passager Elomim ne pouvait intégrer l'avertissement de déclin de nos responsabilités, donc vous ne pourriez pas prouver que s'il était monté à bord, vous auriez pu lui voler ses places sans que nous n'en soyons responsables, donc sans que nous ne voyions contractuellement contraints d'agir contre vous ; dans le cas où vous lui auriez pris les places au sol, avant embarquement, celui-ci étant défini dès l'instant où le passager a physiquement pris place dans le transport, vous apparaissez clairement comme des tiers nuisant à l'exécution du contrat entre nous et M. Vekker, auquel cas le droit contractuel en cours dans le Secteur Seswenna nous autorise à...
-Bon, j'en ai marre, grommela Anakin.
-Anakin, attends !
N'étant pas d'humeur à discuter avec son maître, l'adolescent saisit son sabre-laser et en fit jaillir la lame bleue avant de l'abattre promptement sur le coup du Neimoidien ; le faisceau d'énergie concentré déchira la chair verte avant de rompre les os puis les boyaux, brûlant la vie du Neimoidien si vite que son sang n'eut pas le temps de couler. Un cri de terreur face à l'éternité glacée de la mort mourut dans sa gorge tandis que la lame lui prenait sa trachée, et sa tête tomba au sol ainsi, la bouche toujours ouverte, à jamais incapable de formuler ses dernières paroles. Privé de son chef, le corps tomba.
Les deux Neimoidiens restants blêmirent légèrement.
-Je dois vous prévenir, jeune homme, que ce que vous venez de faire peut être apparentée par la jurisprudence en cours à une tentative d'intimidation sur un salarié d'une compagnie de transport...
Obi-Wan soupira.
-Génial... Anakin, tu es un bon Jedi, mais je trouve que tu prend tes décisions un peu rapidement... Enfin, personne n'est parfait. Messieurs, je crois ce que Anakin essayait de vous dire en réalisant cette séparation, c'est que ce que vous dîtes n'a ni queue ni tête -enfin, vous m'avez compris...
-Vous n'en êtes pas moins en état d'arrestation jusqu'à ce qu'il soit établi que vous n'êtes pas Zardrr Vekker et que vous ne lui avez pas volé ses places... Veuillez nous suivre sans discuter, et n'essayez pas de nous corrompre, notre loyauté ne va qu'à la compagnie...
-Et vous comptez faire quoi, si on obéit pas ? lâcha Anakin.
-Monsieur, je dois vous prévenir que si vous causez la mort de plus de deux salariés d'une société commerciale de tout type, celle-ci est fondée à demander réparation au titre de préjudice moral à partir du moment où leur décès est intervenu dans le cadre de leurs fonctions ; s'il est démontré qu'ils agissaient sans l'autorisation de leurs supérieurs, en-dehors de leur fonctions et à des fins étrangères, le préjudice est attribuée aux familles des salariés si elles peuvent prouver que le salaires des victimes...
-Oui, oui, d'accord, concéda Obi-Wan, mais même si je ne lâche pas mon Padawan sur vous et si nous acceptons de vous suivre, vous comptez faire quoi, exactement ? Attendre l'arrivée sur Corellia pour nous expulser ? Mais nous aurons alors voyagé avec des tickets volés, ce qui est exactement le contraire de ce que vous cherchez à obtenir et ne saurait donc rentrer dans le cadre de la défense de vos intérêts ; par ailleurs, si nous sommes effectivement ce terroriste Elomim, vous pourrez être accusés de complicité puisque vous nous aurez aidé à atteindre Corellia. Nous éjecter du transporteur ? Mais nous sommes dans l'hyperespace, et nous éjecter ici, ça s'appelle un meurtre, ce qui est désapprouvé dans la plupart des systèmes de droit du secteur Seswenna...
Le deuxième et désormais second Neimoidien sourit d'un air mauvais.
-Vous oubliez qu'à partir du moment où vous avez acheté ces places, c'est le droit contractuel qui s'applique entre vous et la société de transport, donc ses agents tant qu'il n'est pas prouvé qu'ils sont sortis du cadre de leurs fonctions ; or, comme notre droïde vous l'a indiqué par haut-parleur tout à l'heure, nous déclinons toute responsabilité en cas de meurtre, il n'est pas précisé si cela s'applique ou non aux salariés de la compagnie elle-même. Par conséquent, tandis que vous n'avez pas le droit de priver la compagnie d'un deuxième et j'espère second employé, aucune limite légale ne nous empêche effectivement de vous balancer tête la première dans l'hyperespace...
-Mais nous n'avons pas acheté les places nous-mêmes, il n'y a donc pas contrat, opposa Anakin.
-Cela rentre tout à fait dans le cadre du transfert de responsabilité contractuelle involontaire, assura aimablement le Neimoidien.
-Objection ! s'éleva Obi-Wan. Votre droïde a parlé de meurtre, or les conventions interstellaires définissent aujourd'hui le meurtre comme un acte ayant causé la mort d'autrui sans préméditation ; or, en l'occurrence, nous balancer tête la première dans l'hyperespace serait bien un geste prémédité, puisque vous êtes venus ici à cette fin expresse, il s'agira donc en fait d'un assassinat, ce vis-à-vis quoi vous n'avez pas décliné votre responsabilité. Vous pourriez le faire à présent, mais tous les passagers n'en seraient alors pas informés, ce qui s'oppose aux closes de non-discrimination. Il est donc établi que nous balancer tête la première dans l'hyperespace entrerait dans la qualification d'assassinat et sortirait donc de votre responsabilité contractuelle pour rentrer dans votre responsabilité délictuelle ; notre employeur, l'Ordre Jedi S.A.R.L., sera donc fondé à demander réparation si nous sommes assassinés, non pas à vous personnellement, mais bien à la compagnie, puisque nous sommes alors dans le cadre de la responsabilité des commettants du fait de leurs préposés...
Le Neimoidien réfléchit un instant, puis, ne trouvant apparemment aucune faille dans ce raisonnement, acquiesça.
-Très bien, en ce cas, veuillez accepter nos excuses pour ce malentendu, messieurs... Bon, et sinon, vous avez vos tickets ? »
« Tu sais, j'aime bien Coruscant, mais il faut admettre qu'une planète où l'on peut voir le ciel et le sol sans devoir descendre des kilomètres en speeder, c'est plutôt pas mal, commenta Obi-Wan lorsqu'ils débarquèrent tous deux dans le spatioport de Coronet le lendemain, les Neimoidiens leur souhaitant une bonne journée.
Le voyage à bord du transport s'était passée sans encombre, quoique trouver le sommeil avait été compliqué par une voisine Zeltronne particulièrement bruyante ; cependant, les contrôleurs Neimoidiens n'avaient manifestement rien trouvé d'autre dans la Grande Codification Coruscantie pour se débarrasser d'eux. Anakin leur en voulait de les avoir ainsi dérangés alors que lui-même s'était efforcé de se montrer le plus coopératif possible, mais il ne pouvait s'empêcher d'admirer leur loyauté sans faille à leur compagnie.
-On la retrouve où, cette prostituée, Maître ?
-Pas loin de l'astroport, rassures-toi... Elle doit s'occuper des étrangers de passage à Coronet comme Zarran, elle dépend du Ministère du Tourisme... Ah, je crois que c'est elle.
Obi-Wan désignait une petite jeune femme brune plongée dans une conversations animée avec un couple de Togrutas, qui finirent par repartir d'un air manifestement déçu.
-Mademoiselle... ?
La femme se retourna brièvement.
-Ah non, je ne vais pas le répéter toute la journée, si vous êtes deux, il faut payer un supplément...
-Non, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit... Nous sommes les Jedi envoyés de Coruscant.
-Ah ! Ah oui, évidemment...
-Pourquoi « évidemment » ? s'étonna Anakin.
-Peut-être parce que vous êtes tous les deux habillés comme des clodos ?
Obi-Wan prit manifestement un moment pour se rappeler qu'il n'y a pas de passion, il n'y a que la sérénité, avant de lui rétorquer :
-Mademoiselle, il est vrai que notre profession nous impose certaines contraintes qui sont parfois considérées par certains comme dégradantes, mais je vous prierais de ne pas nous prendre de haut pour cette raison... Quoi que vous en pensiez, notre métier est utile à certains.
-Bon, bon, ce n'est pas la peine de s'énerver pour ça...
-Vous êtes bien Norja Dynems, la prostituée qui...
-Je suis hôtesse d'accueil horizontal fonctionnaire du Ministère du Tourisme, Monsieur ! Ne soyez pas si crû !
-Si vous voulez... soupira Obi-Wan, désespéré. Bon, vous avez rencontré Molif Zarran, oui ou non ?
-Oui, oui, le gros type Coruscanti, je m'en souviens... C'était il y a maintenant quatre jours, un soir où je me trouvais un peu plus loin dans la périphérie de Coronet, plongée dans une alternance perpétuelle entre lumière et ténèbres à cause d'un éclairage intermittent, respirant une brise fraîche qui ramenait de la vie dans mes poumons au milieu de tout ce monde de ferrobéton et de duracier, attendant une personne à laquelle confier ma chair et mes sentiments ; c'est alors que...
-Bon, vous en pourriez pas aller aux faits ? s'agaça Anakin sous le regard réprobateur de son Maître.
-Comment ? s'exclama Norja, manifestement choquée, déchirée entre son envie de s'effondrer en sanglots et celle de gifler Anakin. Oh, je vois, je ne suis pour vous qu'une source d'informations vous permettant de progresser dans votre enquête pour vous assurer que vous toucherez votre salaire mensuel grâce à la mort de cet homme, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi cynique et intéressé ! Quand je pense que...
-Ben en fait, l'Ordre Jedi ne nous paye pas, avança Obi-Wan, déconcerté. Nous...
-... N'êtes-vous donc pas capable de voir qu'il y a une personne comme vous qui pense, ressent et souffre comme vous sous l'informatrice que vous êtes venue chercher ? La Galaxie se résume-t-elle à vos yeux à un vaste ensemble d'intérêts potentiels, est-ce que je ne suis pour vous qu'un moyen de parvenir à vos fins ? Ne puis-je être une fin en soi ? Je...
-Calmez-vous, calmez-vous (et Anakin, que je ne te vois pas toucher à ton sabre-laser!)... Mon Padawan est jeune et impatient, il a fait preuve de maladresse, voilà tout... Vous n'avez qu'à reprendre votre récit là où vous l'avez laissé, voilà tout...
-Non. Je suis désolée, j'aimerais pouvoir vous aider, mais je ne m'en sens plus la force... Vous avez voilé la lumière de mon esprit par vos fins enténébrées, déchiré mon cœur par vos paroles tranchantes, écrasé mon amour pour ma vie et celle d'autrui sous le poids de vos exigences ; à présent, la flamme est morte en moi, j'ai perdu mon inspiration, je ne sais plus ce que je disais, et les mots sont des oiseaux craintifs qui ne reviennent jamais lorsqu'on leur a fait peur...
-Allons, allons, je suis sûr que... Euh...
-Bon, coupa Anakin, vous allez nous dire ce qui s'est passé, oui ?
-Oui. Oui, car ces évènements m'ont marqués, comme me marque toute chose qui se produit dans cette vie passionnante que je sais apprécier à sa juste valeur, et à présent, je veux vous les faire connaître afin d'ouvrir vos yeux sur la beauté de tout ce qui nous entoure, de tout faire comprendre que je suis plus qu'une source d'informations ; je veux que lorsque vous penserez à moi à l'avenir, vous vous souveniez d'une autre conception de l'univers portée par un être semblable à vous, même incompréhensible... Je disais donc que cet homme, ce Molif Zarran comme j'ai ultérieurement appris son nom, est venu me trouver pour me demander mes services, pour que je devienne pour lui chaleur et réconfort éphémères, un amour mystérieux et insaisissable dont il se demandera plus tard s'il l'a vraiment éprouvé où s'il n'a été que le jouet d'une pulsion venue du monde matériel ; j'aurais été ravie de remplir ce rôle en lequel je vois ma mission. Il ne convenait pas à mes yeux, certes, car trop ancien et trop enveloppé à mon goût, mais était-ce de sa faute ? Mon devoir était justement d'être pour lui ce que la nature l'empêchait d'obtenir, suivant un critère juste, le fric... Mais, lorsque je lui ai fait part de la somme qu'il me fallait en échange de ce moment où je serais à lui, il m'a blessé en refusant sous prétexte que j'étais trop chère ! S'en est suivi un échange particulièrement peu aimable au cours duquel je me suis moqué de lui pour ne plus souffrir seule, pour lui faire prendre conscience du mal qu'il faisait, et il s'en est allé... Il m'avait dit qu'il chercherait quelqu'un d'autre, mais je l'ai clairement vu prendre la direction de son hôtel, espérant probablement s'y réfugier pour noyer sa solitude dans le shockball plutôt que d'ouvrir les yeux sur ses torts...
-D'accord... articula péniblement Obi-Wan. D'accord... D'accord. Donc, en clair, il a refusé d'avoir un rapport sexuel avec vous parce qu'il estimait votre prix trop élevé, vous vous êtes disputés et il a préféré repartir à son hôtel, c'est bien cela ?
-Quel éclairage crû vous jetez sur mon histoire, quel ignorance vous avez de ces forces dévastatrices que sont les sentiments ! Si c'est au travers de ce prisme froid que vous voyez le monde qui vous entoure, votre vie doit être bien triste !
-Oui, ou la vôtre, soupira Obi-Wan. Et après ? Savez-vous s'il a encore rencontré quelqu'un sur le chemin de son hôtel ?
-Non, je ne crois pas... Ah, si, un Rodien qui lui a demandé l'heure avant de passer son chemin...
-Ah ? Ça, c'est plus intéressant, Maître, non ? demanda Anakin, soudain excité.
-Pourquoi donc ? demanda Norja, intriguée.
-Parce que la plupart des chasseurs de primes sont Rodiens et Niktos... C'est un fait.
La prostituée écarta les yeux et resta la bouche grande ouverte, le souffle d'une exclamation un instant bloqué dans sa gorge par le choc...
-J'appelle SOS Spécisme... murmura-t-elle finalement.
-Non, attendez, ce n'est pas ce qu'Anakin voulait dire...
-Non ! Je suis désolée, mais je ne peux laisser passer des propos aussi diffamatoires, aussi insultants, aussi méprisants...
-Je... Attendez... Vous ne voulez appeler personne, vous ne voulez pas que nous nous en allions... Vous voulez notre attention, parce que pour une fois, vous avez des gens qui sont prêts à vous parler et à vous écouter au lieu de simplement vous toucher et vous payer... énonça lentement Obi-Wan, s'efforçant de relancer le moulin à paroles, conscient de ce que leur ferait Maître Windu si l'Ordre Jedi se retrouvait visé par une plainte de SOS Spécisme. Vous voulez nous parler, rendez-vous-en compte... Nous vous écoutons...
-Oui... Oui, vous avez raison ! Je me sens si seule, dans ce métier ! Je...
-À la bonne heure... Pourquoi avez-vous choisi ce métier, pour commencer ?
-Pour manger à la fin du mois sur une planète où l'inflation crève les plafonds et où l'emploi stagne, comme tout le monde, rétorqua Norja, brusquement bien plus sèche. Le secteur des services est le dernier à proposer des salaires corrects...
-Et... Ici, c'est donc une activité entièrement légale et encadrée par le gouvernement ? demanda Anakin, à la fois curieux et excité.
-Bien sûr ! Pourquoi pas ? Nous avons le choix, après tout !
-D'un certain point de vue, oui, déclara Obi-Wan en levant les yeux au ciel. Bien, nous vous remercions de votre aide, Mademoiselle Dynems, nous allons vous laisser vous occuper de l'accueil horizontal, au revoir... Si un autre détail vous revient en mémoire, n'hésitez pas à nous contacter.
-On ne lui demande pas l'adresse de l'hôtel, Maître ? demanda Anakin.
-Ne me donnes pas d'ordres, Anakin, surtout quand tu vois bien que je vais le faire ! pesta Obi-Wan. Oui, euh, Mademoiselle, je ne sais pas si le gérant a contacté la CorSec à présent, aussi nous vous serions gré de nous donner l'adresse de l'hôtel où a séjourné M. Zarran si vous la connaissez, ou du moins sa localisation approximative...
-D'accord... Attendez... Voilà.
-Très bien... Excusez-nous de vous avoir dérangé sur votre lieu de travail, et au revoir. Et Anakin, viens, je te rappelle que nous sommes toujours sous la coupe des restrictions budgétaires... »
La prostituée les regarda partir tristement, comme si tout son univers se trouvait soudain dépeuplé par leur départ...
Sur l'ordre d'Obi-Wan, les deux Jedi se hâtèrent de gagner l'hôtel, ce qui fut légèrement compliqué par leur parfaite méconnaissance des rues de Coronet et l'esprit facétieux des passants Corelliens.
« Vite, Anakin, nous y sommes presque... Enfin, normalement... Il n'y a pas un instant à perdre...
-Mais pourquoi est-ce si urgent que nous arrivions à l'hôtel, Maître ? demanda Anakin tout en courant.
-Tu ne comprend pas ? Molif Zarran a rencontré un agent des Hutts avant d'être assassiné, nous devons le retrouver en espérant qu'il n'ait pas encore quitté Corellia, et le gérant de l'hôtel peut peut-être nous y aider !
-Mais Norja n'a rien dit de tel ! protesta Anakin.
-Non, mais elle a dit qu'il avait rencontré un Rodien...
-Mais je croyais qu'il ne fallait pas faire de lien entre Rodien et chasseur de primes, Maître...
-Pourquoi, tu as déjà connu un Rodien adulte qui ne soit pas un chasseur de primes au service des Hutts, Anakin ?
-Euh... Non, Maître.
-Tu imaginerais un Rodien devenir Jedi et pourquoi pas tomber dans une mission quasi-suicidaire pour sauver les Jedi d'un envahisseur extragalactique ?
-Non...
-Bon, eh bien moi non plus. Là, on arrive... Ça tombe bien, parce que je n'en peux plus.
Essouflé, Obi-Wan ralentit sa course pour commencer à marcher sur le parking de l'hôtel.
-Maître, vous pensez qu'on peut vraiment se fier aux indications de cette prostituée ?
-Pourquoi pas ?
-Peut-être parce qu'elle est complètement folle ?
-Allons, ne juges pas si vite, Anakin... Il arrive que les gens soient plongés si profondément dans les ténèbres qu'ils sont obligés d'inventer leur propre soleil, et ceux qui vivent à la surface ne comprennent pas, expliqua sombrement le Chevalier Jedi. C'est comme ça. Bon, on interroge le gérant, et on voit si on a une chance de retrouver ce chasseur de primes... Sinon, on fait notre rapport à Leybla pour voir si elle peut nous aider, et
après on contacte le Conseil...
-Bien, Maître. »
Obi-Wan ouvrit la porte de l'hôtel et pénétra dans un hall très simple ; il fut durement rattrapé par la réalité en constatant que l'hôtel était géré par un homme, qui les observait derrière le comptoir, assez peu séduisant qui plus est. L'interrogatoire s'annonçait déjà beaucoup moins intéressant...
« Bonjour Monsieur, nous sommes Jedi et nous aimerions vous parler d'un client descendu dans votre hôtel il y a quelques jours, Molif Zarran, résuma Obi-Wan alors que les deux Jedi s'avançaient dans la pièce.
-Ah ! Parfait, j'avais justement contacté la CorSec cet après-midi... Oui, il est venu il y a quatre jours, en effet, mais je ne peux pas vous dire grand chose de plus, il est vite reparti, et je n'ai pratiquement pas discuté avec lui... Il semblait d'assez mauvaise humeur en rentrant, à vrai dire, avoua l'homme chauve. Je ne crois pas qu'il ait rencontré qui que ce soit dans mon hôtel... Très réservé. Avant cela, je sais que la CorSec a découvert qu'il s'était rendu sur un Destroyer Stellaire, mais son propriétaire est au-dessus de tout soupçon, puisqu'il s'agit d'un politicien, notre Ministre de l'Économie. Apparemment, il devait s'assurer de son soutien pour un projet important...
-Oui... Je ne voudrais pas vous précipiter, Monsieur, prévint Anakin, suscitant la fierté de son Maître, mais il se pourrait que la sécurité galactique soit en jeu, cet homme d'affaires avait une mission de la plus haute importance à accomplir pour le Chancelier Suprême, et il détenait des renseignements qui sont à présent entre nos mains et qui, s'ils étaient découverts par les mauvaises personnes, pourraient leur donner donner accès à une super-arme très puissante qui...
Subitement un peu moins fier de son Padawan, Obi-Wan lui plaqua une main sur la bouche pour l'empêcher de poursuivre.
-Excusez-le, j'ai réussi à apprendre à mon Padawan à se montrer poli, mais pas à être intelligent... Il ne voulait certainement pas vous mettre en danger en vous confiant des informations sur le vaisseau que le Chancelier fait construire en secret pour ne pas qu'il soit découvert par les Sith. Euh... Bref, nous sommes sur la piste d'un agent des Hutts, si vous pouviez nous aider à...
Le gérant sourit, horrible dans son immonde chemise rose.
-Oui... Un agent des Hutts, oui, à vrai dire, je m'étais préparé à cette éventualité...
Il appuya sur un bouton sur son comptoir, et une énorme porte blindée s'abattit soudain avec un bruit fracassant en face des Jedi, dissimulant l'escalier qui menait aux étages, puis ce fut au tour de sa sœur jumelle devant la porte de l'hôtel, enfermant les Jedi et voilant la lumière du jour.
« Attendez... conseilla le gérant en tâtonnant dans l'obscurité.
Il mit en marche un éclairage électrique, jetant une faible lumière sur la pièce.
-Monsieur, je ne comprend pas ! protesta Obi-Wan. Qu'est-ce que cela signifie ?
-Attendez, je vous dit, lui demanda sèchement le gérant en cherchant manifestement un autre bouton sur son comptoir. Je n'ai pas fini... Ah, le voilà.
Soudain, avant qu'aucun des deux Jedi n'ait pu faire quoi que ce soit, le sol s'ouvrit en deux sous leurs pieds, il se sépara en deux larges tranches blanches qui rentrèrent brusquement sous les murs, et Obi-Wan sentit avec horreur ses jambes se dérober sous lui... Il entendit le cri d'Anakin alors que lui-même tombait dans les ténèbres, que se passait-il ? Il tombait, tombait, tombait...
-À l'aide ! hurla-t-il alors que le hall d'entrée n'était plus qu'une tâche lumineuse très loin au-dessus de lui.
Et il ne sentait toujours rien de solide sur lui... Jusqu'où Anakin et lui allaient-ils tomber ? Et puis, le fond fut là, les deux Jedi le heurtèrent avec un bruit sourd, et Obi-Wan sentit le choc propager une onde de douleur dans son corps qui lui vrilla le cerveau... Ils étaient toujours dans le noir... Où étaient-ils, et qu'allait-il se passer à présent ? Il se releva douloureusement et se maudit de s'être fait piéger si bêtement... Il avait crû que les choses seraient faciles, qu'il n'aurait qu'à retrouver le Rodien ; il s'était donc laissé séduire par le Côté Obscur, et c'était là sa punition... Y survivrait-il ?
-Ça suffit ! Qu'est-ce que vous nous voulez ? hurla Anakin à l'intention de la lueur encore visible en haut.
Le gérant était maintenant trop loin, mais sa réponse fut retransmise probablement par des hauts-parleurs situés près d'eux ; Obi-Wan commença aussitôt à chercher trace d'un mur...
-À votre avis ? rétorqua le gérant. Je suis l'agent des Hutts ! J'étais chargé par mes maîtres de surveiller ce monsieur Zarran...
-Ah non, ça, c'est complètement faux, s'insurgea Obi-Wan, c'est un Rodien, l'agent des Hutts...
-Vous cherchiez un Rodien ?! Eh bien, vous vous êtes trompés, parce que je ne le connais pas, et c'est moi, l'agent des Hutts... Bon, peu importe. Alors comme ça, Palpatine construit un vaisseau en secret, hein ?
-Nous ne vous dirons rien ! clama Anakin.
-Vous y étiez bien disposés tout à l'heure, pourtant... Mais peut-être avez-vous simplement besoin d'encouragements supplémentaires ?
Un râle féroce se fit entendre quelque part des Jedi...
Beaucoup trop près.
-Maître ? appela Anakin, inquiet.
-Rapproches-toi de moi, Anakin, s'il te plait... Oh non... »
S'il avait su que cela finirait comme cela... Maudites restrictions budgétaires... On ne pouvait s'y tromper, hélas, c'était bien le rugissement furieux d'un Rancor qui retentissait quelque part dans les profondeurs caverneuses qui s'étendaient sous le parking de l'hôtel...
Obi-Wan eut l'impression de s'entendre respirer pour la dernière fois.