Bon, je crois que le moment est venu de dégainer le chapitre ultime!
Voici donc le chapitre X, qui sert à conclure l'action (bon, il y aura encore l'épilogue derrière). Si vous voulez donc voir la Dernière Volonté de l'Empereur en action, c'est par ici que ça se passe.
Bonne lecture!
Chapitre X :
L’Armada FantômeJour J***
Aldwin Faraday avançait d’une démarche rapide dans les immenses couloirs déserts du sinistre Palais Impérial. Ses pas résonnaient sur l’inquiétant marbre noir, tandis qu’il n’osait pas relever la tête, de peur de regarder dans les yeux les immenses statues de pierre qui défiaient tout visiteur s’aventurant dans cette partie du Palais. Celles ci atteignaient presque la voûte du toit et étaient toutes figées à jamais dans une posture de défi et de suprématie.
Aldwin Faraday préféra jeter un rapide coup d’œil au dehors par les immenses vitraux, somptueusement décorés et disposés à intervalle régulier, mais la nuit qui enveloppait Coruscant dissimulait les alentours du Palais. L’air était frais et pas un bruit ne se faisait entendre, si bien que le général Impérial pouvait percevoir les battements légèrement affolés de son propre cœur. Faraday passa devant une nouvelle statue au regard hautain avant de s’élancer sur une volée de gigantesques marches. Puis il franchit une porte grandiose et s’immobilisa en pénétrant dans l’impressionnante salle du trône de l’Empereur.
Palpatine était assis dans son fauteuil, ses mains cadavériques posées sur les accoudoirs noirs. Deux gardes, vêtus de leurs flamboyantes tenues rouges étaient postés de part et d’autre de lui, parfaitement immobiles. Des torches enflammées éclairaient la pièce, mais même leur puissante chaleur ne parvenait pas à lutter contre la froideur qui émanait de l’Empereur. Derrière lui, une immense baie vitrée offrait une vue poignante sur Coruscant et ses milliards de petites lueurs. De cette pièce, Palpatine pouvait avoir le sentiment de présider à la destinée de tous ces êtres insignifiants. Le leader incontesté de la galaxie dévisagea Faraday avec ses petits yeux perfides enfoncés dans ses orbites, avant de lancer d’une voix éraillée mais effrayante :
-Merci d’être venu si rapidement, général.
-Je vis pour vous servir, votre majesté, assura Faraday en effectuant une légère génuflexion.
-Je n’en doute pas.
L’Empereur fit alors signe d’un geste nonchalant à ses deux gardes de s’éloigner. Ceux-ci obtempérèrent aussitôt et passèrent de part et d’autre de Faraday avant de quitter la pièce sans un bruit. Puis la lourde porte se referma, laissant Palpatine et Faraday seuls. Ce dernier déglutit avec difficulté car c’était la première fois qu’il se retrouvait en tête à tête avec le maître de la galaxie.
L’Empereur tapota de ses longs doigts maigres ses accoudoirs avant de lancer avec force et conviction :
-J’ai une mission de la plus haute importance à vous confier.
-Je suis à vos ordres.
Palpatine se leva de son trône et descendit quatre marches, ses pieds semblant glisser avec agilité sur le sol lisse de la pièce. Il s’approcha assez de Faraday pour que celui-ci puisse voir les stigmates que portait son visage, tels de profonds sillons qui ravageaient sa chaire flasque. Au milieu de ce visage hideux, les yeux flamboyants de l’Empereur étaient inquisiteurs. Faraday fut une nouvelle fois impressionné par cet Empereur au corps malingre mais qui dégageait une puissance brute et obscure incommensurable. Palpatine était un être d’obscurité dans les ténèbres, une ombre qui partout où elle allait, oblitérait la lumière.
Rassemblant son courage, Faraday regarda l’Empereur droit dans les yeux. Celui-ci afficha un rictus répugnant, dévoilant ses dents jaunies et déchaussées :
-Comme vous le savez très certainement, l’Alliance Rebelle nous cause beaucoup de tort.
-Elle sera bientôt éradiquée monseigneur, ce n’est qu’une question de temps.
-Vous parlez comme le Seigneur Vador.
-Mais…
-Il suffit ! Il n’y a personne à convaincre dans cette pièce général, vous pouvez parler librement, siffla Palpatine.
-Monseigneur, il est vrai que les Rebelles nous donnent du fil à retordre, mais ils ne sont rien de plus qu’un groupuscule, certes bien organisé, qui est toutefois condamné à être traqué dans le moindre recoin de la galaxie par nos forces. Et si je puis me permettre, avec l’Etoile Noire, nous disposerons d’une puissance de dissuasion unique !
Palpatine foudroya alors Aldwin du regard, forçant celui-ci à faire un pas en arrière :
-Je pensais pourtant que vous émettiez de sérieux doutes quand au bien-fondé du projet Etoile Noire ?
-Monseigneur, je n’ai jamais remis en doute votre clairvoyance, je m’interroge juste sur l’utilité d’allouer autant de ressources dans un projet fort dispendieux !
Palpatine ne répondit rien. Il fit un nouveau pas en avant, puis enchaîna :
-Si je vous ais fait venir, c’est pour vous confier la gestion et la réalisation d’un autre projet qui me tient à cœur. Voyez-vous général, je préfère envisager toutes les possibilités. Et je ne peux nier que l’Alliance Rebelle constitue une menace. Je compte l’écraser comme un vulgaire insecte, mais au cas où j’échouerai, je veux réserver un cadeau à ses êtres répugnants qui ont osé me défier.
-J’avoue que j’ai du mal à comprendre…
Palpatine releva alors le menton, dévoilant son cou ravagé par la vieillesse et lança d’une voix déterminée :
-Je vais être simple et concis. Si Coruscant ne peut-être à moi, alors elle n’appartiendra à personne.
Voyant l’air circonspect de Faraday, l’Empereur lui tourna le dos et se dirigea vers l’immense baie vitrée. En le voyant s’éloigner ainsi, Aldwin eut le sentiment que Palpatine était un être petit, voûté et en apparence fragile. Mais l’impérial avait depuis longtemps appris à ne pas se fier aux apparences, surtout en ce qui concernait l’Empereur.
Celui-ci regarda les lumières qui éclairaient Coruscant avant de poursuivre de sa voix venue d’outre tombe :
-Cette planète est pleine de contraste, général. Elle est le symbole de ma toute puissance et contient en elle-même les germes de ma chute. Tous ces êtres répugnants qui conspirent contre moi et mon pouvoir, ces sous-hommes à l’esprit étriqué qui n’ont jamais été capable de comprendre ma vision de la galaxie…Je veux, j’exige même, qu’ils ne puissent en aucun cas survivre à l’Empire Galactique.
Faraday s’approcha à son tour, s’arrêtant aux côtés de Palpatine :
-Mais monseigneur, l’Empire régnera pendant plus de mille ans…
Palpatine ne répondit rien et préféra poursuivre sur sa lancée :
-Je vais vous confier une mission bien précise, général. Je vous charge de superviser la construction d’une immense flotte de combat qui aura comme seul et unique objectif, la destruction pure et simple de Coruscant.
En entendant ces mots, Faraday crut qu’il allait défaillir. L’Empereur venait de lui donner l’ordre de préparer un subterfuge capable d’anéantir le cœur battant de la galaxie.
-Je…je ferai comme bon vous semblera.
-Cette flotte sera construite dans les Régions Inconnues, aux coordonnées que je vous fournirai ultérieurement. Et dès qu’elle sera achevée, elle attendra patiemment le moment propice pour être réveillé et fondre sur sa proie.
-Mais qui commandera cette flotte monseigneur ?
-Personne… répondit le vieillard avec un sourire malsain.
-Personne ?
-Nous aurons l’occasion d’en reparler. Sachez cependant une chose, tous les vaisseaux de cette flotte seront remplis d’une substance chimique particulièrement dévastatrice, réagissant à l’oxygène, afin d’infliger des blessures terribles à Coruscant, des blessures dont elle ne se relèvera jamais.
Faraday écarquilla les yeux de stupeur, se demandant si l’Empereur n’était pas en train de devenir complètement fou. C’est alors que celui-ci leva lentement les bras vers le ciel et continua :
-Et quand mon
Armada Fantôme s’abattra sur Coruscant telle une pluie destructrice, tous ceux qui auront osé me défier seront balayés! Le droit de vie et de mort, voilà ce que j’aurai ! Coruscant est à moi et à personne d’autre !
Le rire de l’Empereur résonna dans la vaste pièce austère et les flammes des torches vacillèrent…
Et l’obscurité malfaisante enveloppa Coruscant.
***
Aldwin Faraday ouvrit brutalement les yeux en entendant le rire démoniaque de Palpatine. Il voulut prendre une grande goulée d’air mais on avait posé quelque chose sur sa bouche qui l’en empêcha. Un bruit assourdissant l’enveloppait, et il eut l’impression qu’on le déplaçait sur une civière. Plusieurs personnes s’affairaient autour de lui, tandis qu’en relevant les yeux, il put voir un plafond d’un blanc immaculé défiler inlassablement. Faraday battit des paupières, ce qui attira l’attention d’un médecin qui lui lança d’une voix qui paraissait étonnamment lointaine :
-Tenez bon, vous allez vous en sortir.
Avant qu’il ne sombre de nouveau dans l’inconscience, il eut juste le temps de comprendre qu’il entrait au bloc opératoire.
***
Dans le tribunal désert, Joshua Tenling rassemblait encore ses esprits après ce qu’il venait de se passer. Tout s’était déroulé si vite et avec une telle intensité, que le commandant avait du mal à croire que tout ceci était bien réel. Pourtant, la vision d’une tâche de sang en train de sécher sur le sol finit de le convaincre. A l’heure qu’il était, Aldwin Faraday, le seul à savoir ce qu’impliquait la
Dernière Volonté de l’Empereur, était entre la vie et la mort. Tenling se surprit à espérer que Faraday s’en sorte, car même s’il survivait à l’opération, il ne pourrait de toute façon plus être d’aucune utilité pour faire échouer le plan de Palpatine. Pas à temps, en tout cas.
Tenling était toujours en train de tourner en rond en se rongeant les ongles quand Connor Skell approcha, l’air contrarié :
-L’homme qui a tiré sur Faraday a été emmené en salle d’interrogatoire. De toute façon, je suis d’or et déjà persuadé qu’il a bénéficié d’une complicité interne pour passer à l’action. Avec les fouilles à l’entrée du tribunal, il ne pouvait pas y faire pénétrer une arme, sauf si elle lui a été fournie après coup. C’est un de nos propres hommes qui est responsable de tout ceci ! Reste à savoir lequel.
Tenling fit un grand geste vague de la main :
-Tout ceci n’a plus d’importance de toute façon.
-Faraday a eu le temps de vous dire quelque chose ? s’enquit le jeune lieutenant
Son commandant s’arrêta enfin et le dévisagea d’un air grave :
-Oui, mais je ne sais pas trop quoi en penser. Selon lui, une Armada Fantôme devrait arriver d’ici douze heures, moins maintenant…
-Une
Armada Fantôme ? Des vaisseaux de guerre, vous pensez ?
Joshua souleva les épaules :
-Probablement. Si c’est ça la
Dernière Volonté de l’Empereur, alors il y a fort à parier que cette armada ne soit pas constituée de petits vaisseaux de croisière.
-Et qu’est ce qui vous tracasse ?
-Le manque d’information…j’étais si prêt du but ! C’est rageant, je suis persuadé que Faraday voulait tout m’avouer au moment où il a été abattu !
Les deux hommes gardèrent le silence pendant quelques secondes avant que Tenling ne lance :
-Et je crois bien que les ennuis ne font que commencer.
-Comment ça ? demanda Skell en fronçant les sourcils
-Vous voyez cette salle d’audience ?
-Oui et bien ?
-Elle est vide…
-A cause de la panique, il nous était impossible de contenir les gens dans la salle. Il fallait les laisser évacuer, nous n’avions pas le choix.
-Précisément. Et maintenant, tous les journalistes qui sont au courant de la
Dernière Volonté de l’Empereur vont se précipiter à leur rédaction pour diffuser l’information !
-Oh…se contenta de faire Skell qui avait oublié cet aspect des choses.
Tenling se mit la tête dans les mains :
-Faraday avait raison. J’ai moi-même déclenché la
Dernière Volonté de l’Empereur ! Le chaos va se répandre comme une traînée de poudre à la surface de Coruscant quand la population va être mise au courant, et personne ne pourra l’arrêter !
Skell releva alors les yeux vers le dôme et fit en observant la nuit qui tombait :
-Avec un peu de chance, la plupart des gens n’écouteront plus les infos ce soir.
-Bon, venez, je dois aller voir le général Cracken et lui expliquer les derniers développements. Quelque chose me dit qu’il ne va pas être très content…
-Eh, mais…pourquoi est ce que je dois venir moi aussi ?
-Parce que vous êtes dans la même mélasse que moi ! Allez, venez !
-Charmant…
Les deux hommes remontèrent alors les escaliers qui leur permettraient de sortir de la salle d’audience, quand tout à coup, un soldat arriva dans le sens inverse en courant à grandes enjambées. C’est essoufflé qu’il s’immobilisa en face de Tenling, des gouttes de sueur s’écoulant le long de ses tempes :
-Ah…co…commandant, vous voilà !
-Qu’y a-t-il soldat ?
-On m’a chargé de vous…faire part d’une nouvelle…inquiétante.
Joshua sentit un poids énorme s’abattre instantanément sur ses épaules. Qu’allait-il encore se passer ?
-Je vous écoute.
-Il y a une heure à peine, toutes nos centrales qui projettent le bouclier planétaire ont été simultanément attaquées !
-Quoi ?
-Oui, les six en même temps. Ce sont les Impériaux qui ont fait le coup. Nombreux sont ceux à être morts pendant les combats, mais ils étaient plus nombreux, bien organisés et surtout, ils ont bénéficié de l’effet de surprise.
-Attendez, attendez…vous voulez dire que…commença Skell le cœur battant la chamade.
-Oui mon lieutenant, j’ai bien peur que les six centrales ne soient plus opérationnelles. Nous sommes dans l’incapacité de déployer le bouclier planétaire autour de Coruscant.
Skell resta pétrifié pendant d’interminables secondes, tandis que Tenling exprimait son désespoir :
-Mais putain, j’avais demandé à ce que l’on renforce la sécurité autour de ces foutues centrales !
-Mais mon commandant, nous manquons d’homme. L’Etat Major n’a été en mesure d’allouer que quatre soldats supplémentaires pour chaque centrale. Inutile de vous dire que ça n’a pas suffi.
-
L’Armada Fantôme ! s’exclama alors Skell
Ignorant les yeux ronds du soldat, Skell pivota vers son supérieur et lança :
-C’est ça ! Les centrales ont été détruites pour nous empêcher de déployer le bouclier planétaire ! Quand cette armada arrivera, Coruscant sera sans défense ! Les impériaux avaient tout prévu.
-Et il nous reste moins de douze heures pour empêcher ce désastre.
Skell hocha la tête avant d’ajouter avec un sourire las :
-Le général Cracken ne va vraiment pas être content.
***
« Mesdames et messieurs, une nouvelle terrible vient de nous parvenir du Tribunal Spécial de Jugement des Crimes Impériaux. En effet, selon notre envoyé spécial sur place, Aldwin Faraday aurait été chargé de déclencher un projet destructeur, dénommé la Dernière Volonté de l’Empereur, dont le but serait l’anéantissement pure et simple de Coruscant. Mais pire encore, le déclenchement de ce projet doit avoir lieu dans un peu plus de onze heures. Bien que nous n’ayons encore que des informations fragmentaires sur ce sujet, il apparaîtrait que l’Empereur serait en personne à l’origine de ce plan et qu’il aurait confié à Faraday la tâche de le déclencher après sa mort, afin de terrasser coûte que coûte les héritiers de l’Alliance Rebelle. Nous vivons des heures bien sombres et la peur emplit à nouveau nos cœurs, tandis que cette menace impitoyable pèse sur nous. Nous vous tiendrons bien entendu au courant de tout développement concernant ce sujet, mais d’or et déjà, nous vous demandons de ne pas céder à la panique… »«Coruscant a peur ce soir, tandis que nous apprenons que la planète serait condamnée à une destruction imminente. Cette information épouvantable vient tout droit du Tribunal Spécial du Jugement des Crimes Impériaux, où Aldwin Faraday aurait reconnu être l’instigateur de ce projet incroyable, appelé la Dernière Volonté de l’Empereur. Nous rejoignons sur place notre envoyé spécial qui… »
«…Aldwin Faraday qui est à présent dans l’incapacité d’en dire d’avantage sur ce mystérieux plan, puisque nous venons d’apprendre qu’il a été transféré à l’hôpital après avoir été la victime d’un attentat au cœur même du Tribunal… »
« On nous signale les premiers attroupements auprès des guichets des compagnies de transports permettant de quitter Coruscant. Avec cette inconcevable menace, toute destination, même la moins reluisante, apparaît comme salvatrice pour éviter la destruction… »
« …Pire encore, l’Empereur lui-même serait de retour d’entre les morts pour guider cette ultime attaque vengeresse de l’Empire Galactique, bien décidé à pourfendre la jeune Nouvelle République. Et nous recevons à présent Diotr Bekers, célèbre auteur d’une biographie contestée sur l’Empereur Palpatine. Alors M.Bekers, dîtes nous comment l’Empereur est parvenu à ressusciter ? » ***
Quand Joshua Tenling et Connor Skell pénétrèrent en trombe dans le bureau du général Cracken, la nuit avait totalement enveloppé cette partie de Coruscant. Mais peut-être encore plus que d’habitude, la planète semblait soumise à une activité frénétique, à une tension palpable.
Le commandant de la cellule antiterroriste comprit tout de suite que Cracken n’était pas resté inactif. Plusieurs autres hauts gradés de l’armée étaient là, et la discussion était très animée. En entendant la porte s’ouvrir, Airen pivota légèrement sur lui-même avant de s’exclamer :
-Ah, commandant, lieutenant, vous allez peut-être pouvoir nous en dire d’avantage que ce que racontent les médias ! Je suppose que vous avez pu vous entretenir avec Faraday sur
la Dernière Volonté de l’Empereur avant qu’il ne soit touché ?
-En effet, mon général. Il m’a confié qu’une
Armada Fantôme, ce sont ses mots, était en route pour Coruscant et qu’elle arriverait dans onze heures environ. Cette information colle parfaitement avec les actes de sabotages des groupuscules impériaux contre les centrales chargées de projeter le bouclier planétaire.
-Vous êtes donc en train de dire que nous sommes sans défense contre cette armada, demanda un des deux autres commandants présents.
Tenling expira bruyamment, exprimant ainsi sa profonde lassitude :
-Disons que nous souffrons d’un handicap certain sans notre bouclier. Toutefois, j’attire votre attention sur le fait que nous disposons de quelques heures pour nous préparer.
-Vous avez une idée de la taille de cette flotte ennemie ?
-Malheureusement aucune. Faraday n’a pas eu le temps de m’en dire plus.
Un silence pesant tomba dans le bureau, permettant d’entendre dans le lointain d’innombrables bruits de klaxons et autres cris de colère. La panique s’emparait de Coruscant, petit à petit, quartier par quartier, en même temps que la terrible nouvelle se répandait inéluctablement. Déjà, on pouvait discerner dans le ciel de luxueux yachts qui s’apprêtaient à gagner l’espace pour fuir tant qu’il en était encore temps. Tenling déglutit avant de lancer d’une voix légèrement tremblante :
-En laissant les journalistes quitter le tribunal, je leur ai permis de divulguer l’information. Je suis responsable de ce chaos.
-Vous lamenter sur votre sort ne servira à rien, commandant. J’ai besoin que vous soyez concentré sur notre objectif ! Un objectif simple : sauver cette planète de la destruction. Nous avons eu trop de mal à la reconquérir pour la perdre à nouveau.
-Je comprends.
Joshua fit alors l’effort de se ressaisir, même si une petite voix au fond de son esprit lui disait qu’en temps que représentant de la Nouvelle République, il avait légitimé la menace que constituait la
Dernière Volonté de l’Empereur. Si c’était Faraday qui en avait parlé le premier, les médias auraient dénoncé une vile tentative d’effrayer la population et jamais des millions de personnes n’auraient convergé vers tout type de vaisseau spatial capable de quitter rapidement Coruscant. La voix ferme de Cracken sortit Tenling de ses angoisses :
-Bien, nous n’avons pas beaucoup de temps. L’enjeu est simple pour nous, il faudra cueillir cette
Armada Fantôme à sa sortie de l’hyperespace et la maintenir éloignée de l’orbite basse de Coruscant.
-Nous nous dirigeons donc vers une bataille spatiale de grande envergure, fit remarquer Connor d’un air sombre.
-En effet. Mais nous ne savons pas quelle force l’ennemi va engager dans l’affrontement !
-De quels vaisseaux disposons-nous pour la défense de Coruscant ? demanda un caporal au regard noir.
-Il se trouve que le général Bel Iblis est justement en orbite autour de la planète avec le Guerrier Invincible, ainsi que douze corvettes lourdes. Nous pouvons également compter sur la flotille de l’Amiral Ackbar qui mènera lui-même l’assaut à bord de son vaisseau étendard, le
Fureur des Cieux. Nous disposons de fait d’environ trois cents chasseurs de combat, aile X et aile Y principalement. Le problème risque surtout d’être le nombre de pilote que nous avons à notre disposition.
-Je suis volontaire ! s’écria aussitôt Connor en avançant d’un pas.
Tenling pivota légèrement sur lui-même pour regarder le lieutenant :
-Vous ? Mais vous savez piloter ?
Skell bomba le torse avant de répondre :
-Bien sûr, tous les agents des Forces Spéciales d’Intervention ont reçu une formation de pilote. Et j’ajouterai que je tiens à défendre ce monde, coûte que coûte.
-Très bien lieutenant, nous vous affecterons à un escadron.
-Nous avons d’autres forces à engager dans la bataille ? s’enquit alors Tenling.
-Nous avons bien quatre autres corvettes, mais elles sont en réparation pour l’instant. Et je ne sais pas si elles pourront être opérationnelles à temps. Je vais donc demander d’urgence des renforts. Je comptais rappeler les unités de combat stationnées autour de Contruum et Corulag. Ce sont elles qui sont les plus proches de Coruscant. Elles n’arriveront peut-être pas avant
l’Armada Fantôme, mais elles pourraient constituer une seconde vague de défense inestimable. Enfin, l’Amiral Ackbar va certainement œuvrer à ce que Mon Calamari envoie ses croiseurs de réserve, mais je doute qu’ils arrivent à temps. Quant à nos vaisseaux éparpillés dans tout le reste de la galaxie pour bouter les Impériaux hors d’innombrables mondes, ce n’est même pas la peine d’en parler. Nous ne pouvons pas décemment compter sur eux.
-La situation n’est guère encourageante, maugréa un commandant.
-Elle pourrait être pire, nous pourrions ne même pas savoir que nous allons être attaqués, rétorqua Tenling.
Airen Cracken croisa alors ses bras musclés sur son torse avant de déclarer :
-Messieurs, je crois que nous savons tous ce que nous avons à faire. Personnellement, je vais rester ici pour coordonner le déploiement des militaires sur Coruscant. Je crains que nous n’ayons d’importants débordements de foule à gérer.
-Justement, qu’allons nous faire pour ces civils ?
-Je vais réquisitionner tous les vaisseaux capables de voler et organiser l’évacuation dans des quartiers stratégiques. Mais nous savons tous que c’est là un acte désespéré. Il est impossible d’évacuer Coruscant.
-Alors, on en est là…à devoir choisir entre ceux qui vivront et ceux qui mourront ! maugréa Skell
-Lieutenant, ce choix ne se présentera pas si nous débarrassons cette galaxie du cadeau empoisonné de l’Empereur. Mais si nous échouons…
Cracken laissa volontairement sa phrase en suspens, provoquant un frisson glacé qui parcouru l’échine de Connor Skell.
***
« L’armée est intervenue il y a dix minutes environ pour disperser la foule qui tentait de franchir un barrage de sécurité. Selon notre reporter sur place qui a été sérieusement bousculé, des tirs de blasters auraient même été tirés. Les individus qui ont déclenché l’émeute auraient voulu par tous les moyens monter dans un cargo d’évacuation, déjà plein à craquer, et n’auraient pas supporté le refus des forces de l’ordre. Celles-ci ont d’ailleurs bien du mal à contenir les mouvements de foule qui devraient s’amplifier dans les heures à venir… »
« …serait entre la vie et la mort et donc dans l’incapacité de coopérer. Selon une personne qui a souhaité rester anonyme, la menace viendrait de l’espace, par l’intermédiaire d’une gigantesque flotte qui aurait pour ordre de tout dévaster sur son passage. Ce témoignage confirme notre information selon laquelle l’Etat Major serait en train de préparer la défense de Coruscant. Des mouvements de troupes ont été observées et des vaisseaux de guerre, parmi lesquels le croiseur de l’Amiral Ackbar en personne, auraient quitté leurs quais d’amarrage. Prions pour que nos soldats soient en mesure de repousser cette menace ! »
«-Je pense que nous payons ici une stratégie trop laxiste qui voulait que nous ne menions pas une guerre totale aux Impériaux. En leur laissant la possibilité de se ressaisir, nous nous sommes nous même tirés un laser dans le pied et je dois dire que la Nouvelle République a fait preuve d’une impardonnable faiblesse. Une faiblesse qui pourrait nous coûter très cher. C’est une véritable guerre de civilisation à laquelle nous allons assister !
-Mais monsieur le Sénateur, ne doit-on plutôt pas voir dans cette affaire la… »
«L’Empereur est vivant pour la bonne et simple raison qu’il est immortel. Il est l’incarnation de cette galaxie, son cœur battant. Nous savons tous que sa puissance est incommensurable et il est donc parvenu à défier la mort. Et je pense que nous allons payer le fait d’avoir osé croire que nous étions capables d’abattre un tel leader et son Empire Galactique. »***
Joshua Tenling se tenait immobile dans une vaste pièce aux murs d’un blanc immaculé, à la lumière d’un jaune vif et à l’atmosphère parfaitement aseptisé. Il regardait avec un mélange d’appréhension et de regret la grande cuve à bacta qui se tenait à deux mètres de lui. Les bras croisés, le regard sombre, Tenling se demanda ce que l’on ressentait quand on était plongé dans ce liquide vert transparent. En tout cas, Aldwin Faraday semblait paisible, ses bras flottant de part et d’autre de lui, son menton reposant sur le haut de sa poitrine. Tenling se pencha légèrement et vit que l’impérial avait les yeux fermés, comme s’il dormait.
Tenling ne se retourna même pas quand il entendit la porte transparente par laquelle il était entré, coulisser sur elle-même dans un léger bruissement d’air. Des pas résonnèrent sur le carrelage blanc avant que l’individu ne s’immobilise. Puis une voix amicale fit :
-Il vivra.
Joshua pivota enfin et dévisagea le docteur qui venait d’entrer. Celui-ci poursuivit :
-Nous avons du l’opérer d’urgence pour stopper l’hémorragie interne mais fort heureusement, aucun organe vital n’avait été touché, ce qui nous a considérablement facilité le travail. Dans deux heures, nous l’enlèverons de cette cuve et nous le sortirons du coma artificiel dans lequel nous l’avons plongé. Mais il lui faudra beaucoup de repos avant de pouvoir de nouveau se déplacer seul.
Tenling ne répondit rien, alors le docteur vint se mettre à sa hauteur et continua :
-C’est Aldwin Faraday, n’est ce pas ?
-Oui.
-Et vous êtes le commandant Tenling, je suppose.
-On ne peut rien vous cacher, docteur.
-Alors, c’est vrai ce qu’on raconte ? Cette histoire de
Dernière Volonté de l’Empereur, cette…
Armada Fantôme, ou je ne sais quoi ?
-Oui.
-Oh…
Joshua regarda alors le médecin, qui ne semblait nullement affolé, avant de demander :
-Je m’étonne que vous n’ayez pas déjà cherché à quitter Coruscant !
L’homme en blouse blanche haussa les épaules :
-Oh vous savez, je sais très bien que je n’ai aucune chance de quitter cette planète. D’autant plus que je n’ai pas de vaisseau personnel. Et puis, je crois que ma place est ici, à soigner les gens. Croyez le ou pas, mais on n’arrête pas de m’amener des blessés depuis tout à l’heure. Il semblerait que la situation dégénère de plus en plus.
-Alors bonne chance, docteur !
-Vous aussi, commandant.
Tenling pivota sur lui-même, tournant le dos à la cuve dans laquelle baignait Faraday puis se dirigea vers la sortie. Et alors qu’il allait passer la porte, le médecin l’appela une dernière fois :
-Eh, commandant !
-Oui ?
-Faîtes moi plaisir, bottez les fesses une bonne fois pour toute à ces foutus impériaux !
***
Cette nuit là sur Coruscant, fut une des plus éprouvantes que la planète ait connue depuis des années. Cette nuit là, la peur, la colère, l’instinct de survie s’exprimèrent dans ce qu’ils avaient de plus brutaux et de plus primitifs, créant un malstrom de sentiments destructeurs. Cette nuit là, Coruscant bascula dans les ténèbres. Et pourtant, plus encore qu’à l’accoutumé, la planète n’eut pas le droit de dormir, des milliards de lueurs l’en empêchant, faisant de ce monde de ferrobéton et de duracier une boule de lumière éblouissante.
Mais auparavant la nuit, le calme envahissait certains quartiers, les habitants rentraient chez eux et une quiétude relative se saisissait des cœurs et des âmes. Mais pas cette nuit là. Cherchant désespérément à fuir un monde qu’ils pensaient condamné, des millions de personnes se ruèrent vers les compagnies de transports, n’hésitant pas à se battre pour avoir le droit d’embarquer dans un vaisseau déjà surchargé. Des émeutes se déclenchèrent un peu partout, et rapidement, d’immenses colonnes de fumée s’échappèrent de bâtiments victimes de la furie de ces êtres désespérés.
Les autorités tentèrent alors de reprendre le contrôle de la situation. Des milliers de soldats détournés tant bien que mal de leurs affectations habituelles, et en renfort des forces de sécurité planétaires, se déployèrent dans les rues, les quadrillant pour les pacifier. Mais leur présence massive ne fit que renforcer la haine d’individus prêts à tout. Des échauffourées éclatèrent dans certains quartiers sensibles des niveaux inférieurs et les affrontements durèrent presque toute la nuit, rythmés au son des sirènes hurlantes.
Mais ces situations d’extrêmes tensions où tout semble perdu, sont également celles où règnent les pillages et les exactions sordides. Toute la nuit, des cris, des échos de combats, des tintements de verre brisés et bien d’autres bruits inquiétants se firent entendre, apeurant ceux qui avaient décidé de se barricader chez eux. Car cette nuit là fut paradoxalement aussi celle du silence. Des familles entières, pleurantes, se blottirent chez elles, priant pour que la Dernière Volonté de l’Empereur n’anéantisse par leur monde et leur vie par la même occasion. Et toute la nuit, les enfants gémirent, ne comprenant pas pourquoi une telle inquiétude transparaissait sur les visages de leurs parents. Cette nuit là fut celle de tous les cauchemars, des rêves obscurs où un être cadavérique enveloppé de noir et au rire effrayant répandait le mal sur Coruscant, enserrant la planète dans un étau de souffrance.
Et quand enfin, les premières lueurs du jour apparurent, Coruscant était épuisée, pantelante. Mais tous, sans exception, levèrent les yeux vers le ciel rougeoyant, là où l’avenir du cœur battant de la galaxie allait se jouer dans un ultime et épique affrontement.
***
Sur le balcon du bureau d’Airen Cracken, au sein du Palais Impérial, ancien symbole par excellence de la toute puissance de l’Ordre Nouveau, le général de la Nouvelle République et le commandant Joshua Tenling regardaient également le ciel baigné par les premiers rayons de soleil. Cracken avait les traits tirés, les yeux cernés et une profonde lassitude s’exprimait sur son visage d’habitude serein. Quant à Tenling, même s’il tentait de le dissimuler, une peur immense l’envahissait peu à peu, menaçant de le consumer de l’intérieur. Ses habits étaient froissés et il aurait eu bien besoin d’un bon bain relaxant pour dénouer les muscles de ses épaules.
-Ces dernières heures ont été pénibles, lança Cracken en remontant le col de son uniforme pour se protéger du froid matinal.
Tenling regarda au loin un bâtiment en proie aux flammes et sur lequel s’activaient les vaisseaux des pompiers, avant de répondre :
-Oui, je ne pensais pas vivre des instants aussi dramatiques. Ces moments où tout semble perdu, où l’on a ce sentiment poignant que nous sommes au bord d’un précipice sans fin.
Pas très loin au dessus de leur tête, la circulation aérienne était pratiquement congestionnée, si bien que des conducteurs excédés ou peut-être apeurés, n’hésitaient pas à sortir des voies de circulation habituelles, quitte à provoquer des accidents mortels.
Cracken regarda son subordonné avant de poser une main compatissante sur son épaule :
-Vous n’êtes pas responsable de ce désastre. Seul l’Empereur l’est. Vous, vous n’avez fait que tenter de l’empêcher.
-Et je me demande si je n’ai pas échoué…
-Je ne crois pas non, après tout, nos forces spatiales sont prêtes à accueillir l’ennemi, quel qu’il soit.
-Peut-être, se contenta de murmurer Tenling les yeux dans le vague.
Airen posa alors la question qui lui brûlait les lèvres et dont il savait pertinemment que la réponse allait lui retourner le cœur :
-Dans combien de temps la Dernière Volonté de l’Empereur est-elle censée se déclencher ?
Joshua regarda prestement sa montre avant de s’immobiliser. Puis, au bout de plusieurs secondes, il releva la tête et plongea son regard angoissé dans celui de Cracken :
-On y est.
***
En orbite autour de Coruscant, l’imposante flotte de la Nouvelle République attendait que
l’Armada Fantôme se matérialise devant ses yeux. Au cœur du redoutable détachement armé, le
Fureur des Cieux était impressionnant avec sa coque oblongue parsemée de protubérances et sa couleur rose coquillage. Le puissant croiseur Mon Calamari était escorté par un contingent de corvettes d’assaut grises plus petites mais lourdement armées et au blindage renforcé. Toutefois, ces corvettes manquaient cruellement de vitesse et en avaient déjà payé le prix lors de la Guerre Civile Galactique contre les agiles et intraitables chasseurs TIE.
Dans le secteur Ouest, le
Guerrier Invincible, commandé par le Général Garm Bel Iblis était encore en mouvement, afin de prendre sa position définitive d’attente. Long de plus d’un kilomètre, le vaisseau portait encore les stigmates de ces derniers affrontements. Toutefois, il avait déjà eu l’occasion à maintes reprises de se confronter aux redoutables destroyers impériaux. Une nuée de frégates et de patrouilleurs, tels des insectes excités, volaient tout autour, effectuant les derniers réglages avant la bataille.
Enfin, dans le secteur Est, un croiseur hors d’âge, le
Triomphant, était parvenu à rentrer à temps d’une mission sur Contruum, à la différence des forces rappelées de Corulag qui se faisaient encore attendre. Lui aussi était accompagné de corvettes lourdes et de frégates. Quant à ses cales, elles regorgeaient d’Ailes X et de bombardiers prêts à en découdre. A la vue de la configuration adoptée par les troupes de la Nouvelle République, le message était clair : personne ne devait pénétrer dans l’atmosphère de Coruscant, coûte que coûte.
Sur le pont de commandement du
Fureur des Cieux, l’Amiral Ackbar, vêtu de son fonctionnel uniforme d’un blanc immaculé, attendait avec calme le début des hostilités. Tout autour de lui, des officiers et des techniciens s’affairaient, relayant des informations ou vérifiant que tous les systèmes du vaisseau étaient parés pour l’affrontement. Alors qu’Ackbar semblait comme perdu dans ses pensées, fixant l’espace infini de ses yeux globuleux, un lieutenant engoncé dans ses habits s’approcha et lança d’une voix stressée :
-Amiral, le QG nous signale que le temps est écoulé. L’ennemi quel qu’il soit devrait déjà être arrivé.
-Alors à l’évidence, il est en retard. Etonnant pour des impériaux habitués à respecter les ordres.
-Peut-être…peut-être que tout ceci n’est qu’une mascarade ! Un plan fourbe destiné à semer la zizanie sur Coruscant ! Les Impériaux ne peuvent pas nous attaquer en masse, c’est impossible, ils n’en ont plus les ressources.
Ackbar comprit alors que le lieutenant cherchait coûte que coûte à se rassurer. Nié l’existence d’un ennemi effrayant était toujours un excellent moyen pour se faire. L’Amiral aurait bien aimé être du même avis, mais quelque chose dans ses tripes lui disait qu’il s’apprêtait à vivre les heures les plus sombres de son existence. Cette simple pensée le fit frissonner, ce qui était très inhabituel pour un membre de son espèce.
Il s’approcha alors un peu plus de la grande verrière d’observation et cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à distinguer quelque chose dans les ténèbres insondables de l’espace. En vain, tout semblait calme. Au bout de plusieurs minutes, la tension commença à redescendre sur le pont de commandement, quelques rires de soulagement ne tardèrent pas à fuser et des discussions naquirent un peu partout. Ackbar se détourna alors de la verrière, les yeux plissés par la réflexion.
C’est alors que les alarmes de proximité se mirent brutalement à hurler, baignant aussitôt le centre opérationnel dans une atmosphère rougeoyante.
-Vaisseaux en approche ! hurla un opérateur les yeux écarquillés et rivés sur ses instruments de détection.
Ackbar fit aussitôt demi-tour, juste à temps pour voir les courbes de l’hyperespace se distendre à cinq milles kilomètres environ de sa position. Puis, une vingtaine de vaisseaux apparurent tout en ralentissant, avant d’adopter rapidement une position d’attaque en forme de flèche.
-Qu’est ce que c’est que ça ? murmura le Mon Calamarien pour lui-même.
-Forme inconnue Amiral ! Ca ne correspond à aucun vaisseau impérial que nous avons dans nos bases de données ! s’écria un technicien comme s’il avait pu entendre son supérieur.
Les vaisseaux étaient de formes trapues, massives, aux angles taillés à la serpe. Deux immenses propulseurs tubulaires étaient intégrés de part et d’autre de la structure et de multiples tourelles lasers blindées hérissaient la coque des appareils. Leur couleur était des plus intrigantes, un noir mat qui brillait légèrement à la lumière des lointaines étoiles. En un mot comme en cent, ces sortes de corvettes blindées futuristes avaient de quoi inquiéter et stupéfier.
Et c’est alors que vingt autres vaisseaux apparurent, puis d’autres encore, émergeant de l’espace profond telle une vague obscure qui menaçait de déferler inéluctablement sur Coruscant.
-Ennemis localisés dans le secteur Est!
En tournant la tête légèrement à droite, Ackbar vit en effet une puissante lumière se propager avant de disparaître aussitôt, trahissant la décélération brutale des vaisseaux, avant que ceux-ci n’adoptent la même position d’attaque que ceux arrivés précédemment. L’opérateur reprit une nouvelle fois la parole, tandis que de la sueur perlait dans son cou :
-Le Général Bel Iblis signale que d’autres vaisseaux ont surgi de l’hyperespace dans son secteur. Apparemment, ils sont prêts à nous défier frontalement !
-Projection tactique ! cria Ackbar pour la première fois de sa voix rocailleuse.
-A vos ordres.
Aussitôt, une projection tridimensionnelle de la bataille se matérialisa sur une grande table holographique circulaire. Les vaisseaux ennemis avançaient maintenant par grappe, prêts à fondre sur leurs opposants républicains.
-Bien, messieurs, voici le dernier cadeau de l’Empereur Palpatine. Je propose donc de nous montrer fort impoli et de le refuser.
Alors l’expérimenté Amiral releva les yeux et fit à son opérateur :
-Lancez tous les chasseurs et allons défier cette
Armada Fantôme.
***
Solidement attaché dans son harnais de sécurité, le lieutenant Connor Skell fit jaillir son aile X flambant neuve des soutes du gigantesque
Fureur des Cieux. Malgré l’imminence de la bataille, Connor ne put s’empêcher d’être impressionné. D’abord parce que la vue de Coruscant à des milliers de kilomètres sous lui était subjuguante : la planète ressemblait à une grosse boule d’acier strié de décharges lumineuses. Ensuite parce qu’il se retrouva aussitôt au milieu d’un véritable déluge de chasseurs qui se regroupèrent tous en escadrons avant de voler à pleine vitesse vers la flotte ennemie. Et enfin parce que cette dernière avait quelque chose d’effrayant et de morbide.
L’Armada Fantôme ressemblait à une épée aiguisée qui s’apprêtait à se planter dans le cœur de Coruscant. Une épée dont la lame emplissait la totalité du champ de vision de Connor.
La voix calme de son chef d’escadron suffit à faire sortir le jeune lieutenant de ses pensées :
-L’ennemi est en vue. Rappelez vous des consignes, il ne faut pas le laisser s’approcher de Coruscant. Mais prenez garde, nous ne savons pas de quoi ces vaisseaux sont capables ni quelle est leur puissance de feu réelle.
-Bien reçu leader, fit Connor presque en même temps que les huit autres membres de l’escadron.
-Alors allons-y, en formation d’attaque, volets déployés, armez les missiles à protons ! Et pas de quartier…
Le chasseur de tête exécuta lui-même les manœuvres comme pour donner l’exemple, avant de virer brutalement à tribord et de prendre de la vitesse, aussitôt imité par les autres pilotes de l’escadron
Lune Verte.
Sortant de toutes les cales à un rythme soutenu, les chasseurs de la Nouvelle République se déployèrent en une toile dense et mortelle avant de se précipiter vers les étranges vaisseaux ennemis qui ne semblaient pas prendre mesure de la menace qui fonçait sur eux. Au contraire, ils continuaient d’avancer tout droit, se dirigeant vers Coruscant avec une détermination en apparence inébranlable. Connor s’assura rapidement que tous les voyants dans son cockpit étaient au vert et que les systèmes d’armement étaient parés avant d’abaisser la visière de son casque. Puis il jeta un coup d’œil à ses ailiers qui volaient de part et d’autre de lui, l’un légèrement en dessous. Déglutissant avec peine, il expira un grand coup et se saisit de son joystick de tir.
-Que la fête commence…
A bord du
Fureur des Cieux, une véritable effervescence s’était emparée du pont de commandement. Et dans le fossé qui faisait tout le tour de celui-ci, les hommes d’équipage ne cessaient de relayer des ordres ou de prendre des informations venant des autres vaisseaux de la flotte. Assis dans son fauteuil de commandement, l’Amiral Ackbar regarda avec appréhension les appareils de la Nouvelle République prendre position et se mouvoir afin de barrer la route à l’Armada Fantôme. Le Mon Calamarien s’arrêta un moment sur le nombre vertigineux de petits points bleus, représentant les ailes X, Y et B, qui avançaient en tête de détachement, avant de relever les yeux et de lancer :
-Laissons une chance à nos visiteurs de repartir d’où ils viennent. Je veux leur parler.
Il ne fallut que quelques secondes avant que l’officier des communications ne s’exclame :
-Nous émettons sur toutes les fréquences Amiral, vous pouvez y aller.
Se redressant dans son fauteuil en cuir blanc, Ackbar fit :
-Vaisseaux inconnus, vous entrez dans une zone interdite, sous protection exclusive de la souveraine et indépendante Nouvelle République. Faîtes demi tour immédiatement où vous serez responsable du déclenchement des hostilités. Je répète, faîtes demi tour où nous serons obligés d’avoir recours à la force.
L’Amiral se tut et regarda alors les vaisseaux noirs continuer leur progression, arrivant presque à distance de tir. Aucune transmission ne parvînt en retour.
-Bon, je n’en attendais pas moins d’eux.
Puis à tous ses officiers de pont :
-Ordonnez le déclenchement des combats. Et passez-moi les Généraux Bel Iblis et Rafelder.
-A vos ordres.
Connor n’avait pas encore pu ouvrir le feu quand tout bascula brutalement dans l’horreur. Arrivé à distance de tir, les vaisseaux de l’Armada Fantôme laissèrent tout à coup parler la puissance de leurs tourelles lasers. En un instant, un déluge d’énergie s’abattu sur les chasseurs de la Nouvelle République. Connor sentit alors ses boucliers déflecteurs être surchargés et tandis qu’un flot de lumière éblouissante engloutissait son appareil, il hurla à son droïd astromécano :
-Oriente toute la puissance vers les déflecteurs avant !
Le droïd obtempéra aussitôt. Soudain, Connor vit un de ses ailiers être littéralement déchiquetés par les tirs ennemis. Après que les boucliers eurent rendus l’âme, le cockpit fut arraché et une puissante boule de flamme consuma le reste de la structure. Des débris d’acier surchauffés furent catapultés dans l’espace et Connor dut virer brutalement sur bâbord pour les éviter.
-Nom de…
La frappe ennemie se poursuivit. Tout en maintenant leur progression vers l’atmosphère de Coruscant, les envoyés de l’Empereur continuèrent à déverser leur puissance de feu dévastatrice. Skell aperçut des dizaines de chasseurs et bombardiers exploser en un instant, illuminant l’espace de multiples lueurs orangées.
-Ripostez ! hurla alors Leader
Lune Verte sur la fréquence tactique.
Un flot de lasers partit immédiatement vers leurs cibles, croisant les tirs ennemis et créant ainsi une toile d’énergie mortelle. Les tirs de la Nouvelle République vinrent rebondir sur les déflecteurs des vaisseaux impériaux, propageant à chaque fois une aura bleutée.
A présent, les Ailes X étaient pratiquement au contact des corvettes ennemies qui maintinrent leur barrage dissuasif. Connor passa d’une aile sur l’autre pour éviter les impacts avant de partir dans une vrille maitrisée et de se jeter sur sa cible. Le jeune lieutenant vit alors les tourelles lasers dorsales pivoter sur elle-même et se pointer vers l’X Wing.
-Et merde !
Skell appuya deux fois sur son joystick et deux torpilles fusèrent aussitôt, se ruant vers le vaisseau impérial. Les missiles frappèrent leurs cibles et parvinrent à anéantir les boucliers puis à atomiser les tourelles de tir. Mais le vaisseau ne fut pas détruit pour autant, et il continua sa course folle, faisant feu de ses batteries encore intactes pour se dégager le passage.
Au moment où Skell dessinait un virage très serré qui l’enfonça dans son siège baquet, une surpuissante déflagration rattrapa son petit vaisseau et l’envoya valdinguer comme un vulgaire fétu de paille. Complètement hagard, Connor crut sa dernière heure arrivée quand il sentit cette main gigantesque retourner son appareil aussi facilement. Les alarmes se mirent à hurler dans le cockpit, lui vrillant les oreilles, et tout le fuselage fut secoué par de violents tremblements qui menacèrent son intégrité. Parvenant enfin à rétablir l’assiette de son engin, Skell coupa les alarmes et tenta de faire un diagnostic des fonctions principales de vol. Il comprit alors que l’explosion qui l’avait touchée avait littéralement atomisée tout un groupe de vaisseaux qui en décousaient auparavant à cinq kilomètres de là. A présent, des milliers de débris brûlants flottaient avec paresse dans l’espace, tandis qu’une Aile Y sectionnée en deux partait dans une ultime vrille. Et Connor se demanda ce qui avait pu provoquer une telle propagation d’énergie destructrice.
L’Amiral Ackbar était en train de discuter avec les projections holographiques des Généraux Bel Iblis et Rafelder quand un incroyable arc lumineux se propagea dans l’espace et éblouit le pont principal du
Fureur des Cieux, dont les verrières se polarisèrent immédiatement. Puis, une redoutable onde de choc rattrapa l’immense vaisseau qui fut soudainement secoué.
-Qu’est ce que c’était que ça ? s’écria aussitôt l’image bleutée de Bel Iblis
Ackbar jeta un coup d’œil sur la projection tactique de la bataille et vit que des escadrons entiers de chasseurs venaient de disparaître en un claquement de doigt. Un point rouge, symbolisant un vaisseau ennemi, manquait également à l’appel. Un officier confirma alors ce que l’expérimenté Amiral venait de comprendre :
-On dirait qu’un vaisseau impérial a été détruit !
-Et c’est lui qui a causé cette déflagration ? s’étonna le Général Rafelder
-Absolument.
-Je n’aime pas du tout ça, se contenta alors de marmonner Bel Iblis en triturant sa barbe.
Connor accéléra encore, faisant parler la puissance de ses turbines avant d’ouvrir de nouveau le feu sur un engin ennemi qui avançait à la perpendiculaire de lui. Plusieurs tourelles latérales furent déchiquetées par les frappes précises du petit chasseur. Sentant qu’il venait de s’ouvrir une brèche, Connor expédia une nouvelle torpille qui fila vers sa cible sans que rien ne puisse la stopper. Elle pénétra comme dans du beurre dans la structure noire du vaisseau impérial avant d’exploser brutalement. Bien que ce dernier ne soit pas détruit par l’impact, une partie de sa soute fut violemment exposée au vide spatial et des débris s’éparpillèrent dans l’espace. Puis, le redoutable vaisseau commença à gîter, abandonnant sa course jusque là rectiligne.
Skell s’apprêtait à porter le coup de grâce quand la voix de son chef d’escadron retentit sur la fréquence tactique :
-A tous les chasseurs, prenez garde, ces foutus vaisseaux propagent une vague d’énergie considérable quand ils explosent. Anéantissez-les à bonne distance !
Accusant réception du message, Connor effectua une vertigineuse boucle avec son chasseur pour s’éloigner de sa cible dont l’arrière était maintenant en flamme. Le jeune lieutenant n’eut même pas à finir le travail. L’appareil se désintégra soudainement et une onde de choc prodigieuse se propagea, envoyant valdinguer plusieurs ailes B qui passaient encore trop près à ce moment là. Trois d’entre elles se télescopèrent et furent désintégrées en une fraction de seconde. Connor regarda pendant quelques instants ce qu’il restait du vaisseau impérial partir à la dérive, avant de lancer :
-Il y a quelque chose qui amplifie les explosions ! Ce n’est pas normal !
C’est alors que les immenses croiseurs de la Nouvelle République entrèrent dans la danse, déversant un flot croisé de lasers sur plusieurs vaisseaux ennemis dont les boucliers encaissèrent les impacts. Aussitôt, sentant que la menace venait surtout des plus gros bâtiments de guerre, les tourelles pivotèrent simultanément pour tirer vers ces derniers. La riposte fut violente et le
Fureur des Cieux fut sérieusement ébranlé. Pire encore, une des frégates qui l’accompagnait fut littéralement sectionné en deux. Ackbar vit avec horreur la structure s’écarter, exposant au vide des centaines de soldats qui furent instantanément congelés avant de dériver dans l’espace.
Le Mon Calamarien jeta un coup d’œil sur la projection tactique et vit que les impériaux continuaient leur implacable progression et qu’ils éventreraient bientôt les lignes de la Nouvelle République. Cette stratégie étonna beaucoup l’Amiral qui ne comprit pas pourquoi son adversaire était prêt à subir de lourdes pertes pour pouvoir pénétrer dans l’atmosphère de Coruscant. Se retournant vers un de ses officiers, Ackbar fit :
-Lancez un scan de la flotte ennemie !
-Un scan mais…
-Faîtes le !
-A vos ordres.
L’homme s’activa alors sur son ordinateur tandis que le Fureur des Cieux était de nouveau ébranlé par de multiples impacts. Enfin, l’officier releva les yeux de ses instruments et dit d’une voix étrange :
-Je…je ne comprends pas, les scans ne détectent rien. Je vais recommencer.
-Non ! Ils ne détectent rien parce qu’il n’y a rien à détecter.
-Comment ça ?
-Il n’y a personne dans ces vaisseaux. Ils sont pilotés par ordinateur, et les systèmes de défense sont également automatiques.
L’officier fit les yeux ronds :
-Mais alors…quel est l’intérêt de vouloir à tout prix atterrir sur Coruscant ?
-Ca je l’ignore. Pour l’instant.
Ackbar en était encore à réfléchir quand la voix d’un autre officier de pont se fit entendre, surpassant à l’occasion les bruits répétés des alarmes :
-Amiral, des rapports nous indiquent que le
Triomphant est en difficulté. Le général Rafelder aurait bien besoin d’aide.
Le Mon Calamarien regarda en premier lieu la projection tactique et vit que trois vaisseaux ennemis convergeaient effectivement vers l’antique croiseur. En relevant les yeux vers la verrière d’observation, Ackbar fut d’abord éblouie par une succession d’explosions, puis par les échanges constants de lasers qui striaient l’espace de vert et de rouge. Puis, au loin, il discerna la coque massive du
Triomphant, soumis à la violence des tirs des appareils en approche. Autour de lui, des essaims de chasseurs voltigeaient en tout sens, escortant des frégates qui pilonnaient leurs adversaires avec toute la puissance de feu disponible.
-On ne peut rien pour lui, il va devoir s’en sortir tout seul.
Le
Triomphant fit face avec vaillance aux trois envoyés de l’Empereur qui le harcelaient de tirs, tout en se précipitant toujours vers lui. Sur le pont de commandement, le Général Rafelder écarquilla les yeux de stupeur en constatant que ses opposants n’avaient à l’évidence pas l’intention de changer de cap.
-Accentuez la puissance de feu sur le vaisseau le plus endommagé.
-A vos ordres ! Braquez les batteries 3 à 20 sur l’appareil de tête ! relaya un lieutenant.
Aussitôt, une myriade de lasers s’abattu sur le vaisseau ciblé, annihilant en deux secondes les boucliers déjà fortement éprouvés. Les tirs suivants perforèrent la proue et dévastèrent le poste de pilotage. D’immenses flammes s’échappèrent alors du fuselage mais s’éteignirent bien vite à cause du manque d’oxygène. Malgré tout, une série d’explosions ébranla ce qu’il restait de la structure avant qu’une ultime et prodigieuse boule de feu ne consume le vaisseau définitivement. Dans l’instant qui suivit, l’onde de choc se déploya à une vitesse vertigineuse et carbonisa plusieurs chasseurs de la Nouvelle République. Puis elle rattrapa un autre vaisseau impérial qui implosa violemment sous l’impact. Enfin, elle frappa de plein fouet le Triomphant dont la coque émit des grincements inquiétants. Le général Rafelder vacilla sur ses pieds avant de se retenir comme il le put. Mais en relevant les yeux, il eut la satisfaction de voir qu’il ne restait plus qu’un seul vaisseau ennemi en approche. Cependant, celui-ci était à présent à moins de dix kilomètres. Rafelder se retourna violemment et hurla :
-Toutes les batteries sur le dernier adversaire ! Détruisez-moi ce fumier.
Le
Triomphant fit une nouvelle fois parler sa puissance de feu, quadrillant l’espace de décharges destructrices. Mais le vaisseau impérial encaissa les impacts sans dévier de sa route.
-Mais…mais il va nous éperonner ! murmura Rafelder
A présent, le vaisseau emplissait la verrière du
Triomphant. Sentant son cœur s’emballer, le général de la Nouvelle République s’époumona :
-Dégagez de sa route ! Vecteur d’évitement !
De façon pataude, le vieux croiseur commença alors à pivoter sur lui-même pour s’écarter, mais offrant par la même occasion son flanc aux tirs ennemis. L’engin impérial n’était plus qu’à un kilomètre à présent, et la collision devenait inévitable. Comprenant qu’il ne parviendrait jamais à éviter l’impact, Rafelder ouvrit un canal de communication avec le Fureur des Cieux et lança d’une voix calme :
-Amiral, j’ai bien peur que vous deviez vous passer de nous pour la suite du combat. Désolé d’avoir échoué.
Le vaisseau blindé à la coque noir heurta de plein fouet le croiseur qui faillit se retourner littéralement sous la violence du choc. L’appareil impérial continua sur sa lancée, s’enfonçant dans la structure de sa cible. L’explosion fut cataclysmique. Des gerbes de flammes fusèrent en tout sens, propulsant d’énormes plaques de métal surchauffées. Puis
le Triomphant s’ouvrit en deux, la poupe chuta en arrière et des milliers de corps furent catapultés dans le vide cosmique, allant s’entrechoquer avec des caisses de matériel et même des chasseurs qui étaient restés dans les soutes. La proue quant à elle, fut dévorée par une ultime explosion, avalant au passage un escadron entier d’ailes Y.
Sur la projection tactique de la bataille, Ackbar vit avec horreur le gros point bleu représentant
le Triomphant disparaître subitement, laissant une énorme brèche dans le système de défense de la Nouvelle République. Et bien que contrôlés par des ordinateurs, les vaisseaux ennemis comprirent l’opportunité qui se présentait à eux et se ruèrent dans la faille afin de plonger vers Coruscant.
-Interceptez-les ! Ne les laissez pas passer ! cria Ackbar.
Analysant en une fraction de seconde les forces en présence, l’Amiral poursuivit :
-Corvettes
Droit de Vengeance, Faim de Victoire et
Bourreaux de l’Empire, coupez leur la route ! Escadrons Soleil Jaune, Planète Rouge et Ciel Bleu, cueillez les par l’arrière.
-Ici le
Droit de Vengeance, nous sommes confrontés à un feu nourri et nous ne sommes pas sûr de pouvoir appliquer votre ordre, Amiral !
Ackbar poussa un soupir de désespoir avant de se reprendre presque aussitôt :
-Général Bel Iblis, que font vos frégates ?
La voix légèrement couverte de parasites du Corellien se fit bientôt entendre :
-J’en ai perdu la moitié pour stopper la première vague d’assaut. Les autres sont engagées dans des affrontements localisés, elles tiennent pour l’instant à distance l’ennemi.
-Vous pouvez en envoyer prendre la place du
Triomphant ?
-J’ai bien peur que non. Ca serait ouvrir une brèche pour en fermer une autre !
-C’est mal parti…
-Je ne vous le fais pas dire.
L’Amiral pivota alors vers son officier de communication et dit :
-Alertez Coruscant, dîtes leur qu’ils risquent d’avoir très prochainement de la visite.
Allez, je reviens vite avec la deuxième partie du chapitre!