par Mitth'raw Nuruodo » Mer 04 Mar 2009 - 20:57 Sujet: Re: En Chute Libre dans les Ténèbres
Désolé de double-poster, mais bon...
« Suivez-moi, Général Shen-Jon. Puisque nous avons perdu la bataille spatiale, il nous faut nous préparer à un rude combat terrestre. »
A peine descendu de son chasseur posé à Heyan-Palavas, Echuu laissa Volran Daar les entraîner, lui et Naat, vers Adr-Palavas. Il fut surpris de ne lire ni peur ni colère sur le visage du Premier Ministre, seulement une étrange résignation mêlée de tristesse; hélas, on ne pouvait en dire autant des autres membres du gouvernement de Palanhi, comme Echuu put le constater lorsque l'airspeeder de Volran les eut conduit à destination: le Ministre de l'Intérieur foudroya du regard les arrivants au moment même où ils ouvrirent la porte du dernier étage du siège du gouvernement de Palanhi.
«Êtes-vous fier de vous, Jedi? Vous avez attiré sur nous la fureur de l'Amiral Ssran et de la Confédération, et maintenant, vous échouer à nous protéger?
Un regard noir du Premier Ministre le rappela à l'ordre.
-Aucun journaliste n'est présent, Heldry. Alors épargnez-nous vos longues tirades pompeuses, et n'essayez pas de nous faire croire que vous vous souciez de ce qui peut arriver au peuple de Palanhi. Maître Shen-Jon et sa Padawan ont décidé de rester malgré les ordres du Chancelier, et ils restent encore nous aider malgré la destruction de la flotte; je pense que cela démontre autant leur courage que leur volonté de nous protéger. Comment se déroule l'évacuation?
Heldry avait manifestement quelque chose à ajouter au sujet de la responsabilité des Jedi, voir de celle de Volran lui-même, mais il sembla finalement décider que le jeu n'en valait pas la chandelle; quand il répondit, ce fut pour parler de l'évacuation.
« Nous avons commencé à évacuer la population d'Heyan-Palavas et des quinze autres principales villes vers les campagnes, mais à ce rythme-là, ça nous prendra des siècles; rien n'a été prévu pour une évacuation aussi massive, et la population ne nous facilite pas la tâche... J'ai bien peur que la plus grande partie de la population ne soit pas loin si... Non, quand l'Amiral Ssran commencera son bombardement...
-C'est bien ce que je craignais... répondit Volran. Où est Kaerdra?
-Elle est déjà partie au centre de commandement organiser la défense des batteries planétaires; nous serions d'ailleurs bien inspirés de la rejoindre, Adr-Palavas est très exposé aux bombardements... J'espère que vous êtes bien conscient que nos soldats volontaires et les clones que nous ont laissé les loyalistes ne feront pas le poids face aux légions de droïdes de Ssran?
-A ce propos, intervint Echuu, Naat et moi devrions peut-être rejoindre les défenseurs de l'une des batteries?
-Tout de suite, Général, assura Volran. Nous allons juste au centre de commandement de la défense voir où vous envoyer.»
Echuu et Naat se trouvaient toujours au centre de commandement lorsque l'assaut des Séparatistes contre les batteries qui défendaient Heyan-Tall commença. Mais contre toutes attentes, il ne constitua pas en le débarquement de TMT, de Super Droïdes, de droïdekas ou d'un quelconque autre élément de l'infanterie Séparatiste; l'Amiral Ssran y avait préféré des vaisseaux de bombardement, au nombre de six./
« Qu'espère-t-il? s'interrogea Kaerdra à voix haute. Ces vaisseaux ne sont pas du tout assez puissants pour détruire les batteries avant d'être eux mêmes détruits, et ils n'auront pas non plus le temps de se poser à proximité des batteries pour débarquer des troupes...
-Je n'aime pas ça du tout, commenta Volran. Vous connaissez l'Amiral Ssran, il doit avoir trouvé une tactique tordue...
-Je rêve ou ce sont des canonnières de classe Drastyra? demanda Echuu, qui avait déjà rencontré ce type d'appareils lorsque le Conseil des Jedi l'avait envoyé tenter d'empêcher la guerre entre le système d'Emberlene et ses voisins.
-On dirait bien, oui, confirma un officier. Ce sont les seules vaisseaux à avoir des missiles aussi volumineux proportionnellement à leur taille. Mais je croyais qu'elles avaient toutes été détruites lors de la guerre d'Emberlene?
-La plupart, oui, mais quelques-unes ont du nous échapper; ceci dit, je doute que Ssran les ai choisit par hasard pour mener cet assaut. Mais que peut-il bien vouloir faire de ces énormes missiles? Que prépare-t-il? »
Au fond de la salle, le Ministre de la Culture, Natiorg, entra et murmura quelque chose à Heldry; quoi que ce fut, ce dernier en parut profondément soulagé, et Natiorg repartit. Pendant ce temps, alors que Echuu et Kaerdra réfléchissaient en silence sur l'usage que Ssran comptait faire de ces canonnières, les Drastyra parvinrent à portée des batteries planétaires; les batteries tirèrent lentement leurs puissantes salves rouges sur les vaisseaux ennemis; tous furent abattus l'un après l'autre. Cependant, les Drastyra avaient toutes eu le temps de tirer leurs impressionnants missiles, qui vinrent s'écraser sur les imposantes batteries... Mais n'explosèrent pas. Personne ne comprit ce qui se passait jusqu'à ce que l'un des missiles s'ouvre et qu'en sorte une silhouette en armure dorée.
« Ce ne sont pas des missiles, mais des capsules! réalisa brusquement Naat d'un ton désespéré, mais où perçait cependant une admiration forcée.
-Ingénieux, remarqua Heldry. Ainsi, ses troupes ne seront pas exposées aux batteries...
-Je présume qu'il a aussi engagé des mercenaires pour l'occasion, supposa Echuu, ça m'étonnerais que des droïdes soient assez autonomes pour se débrouiller dans une telle situation... »
Les occupants du centre de commandement passèrent une demi-heure extrêmement angoissante à espérer un miracle, mais il ne s'en produit pas; prises par surprise, incapables de servir de l'incroyable puissance de feu des batteries, les troupes d'Esraal Par cédèrent facilement face aux mercenaires bien entraînés de l'Amiral Ssran. Echuu avait de plus en plus l'impression qu'un Sarlacc de Tatooine était en train de lui dévorer le cœur.
« Qu'allons-nous faire à présent? se lamenta Naat.
-La seule chose que nous puissions encore faire, lui répondit Echuu d'un ton où perçait le désespoir, nous allons prendre le commandement des soldats clones et de ce qui reste des volontaires de Palanhi, et nous allons essayer de reprendre les batteries avant que le bombardement de Ssran n'ait fait trop de dégâts... »
Bien sûr, personne ne s'était réellement attendu à ce que les volontaires de Palanhi parviennent à défendre durablement les batteries contre les droïdes, mais voir l'Amiral Ssran se jouer aussi facilement et aussi rapidement de la défense de Palanhi, c'était réellement désespérant... Echuu aurait voulu avoir au moins le temps d'aider les soldats d'Esraal, quitte à mourir avec eux...
Au fond de la salle, Natiorg revint, et comme précédemment, dit quelque chose à voix basse à Heldry; celui-ci sourit comme si on venait de lui annoncer qu'il était nommé Chancelier Suprême de la République en remplacement de Palpatine. Echuu, l'observant, se demanda quelle bonne nouvelle Natiorg pouvait lui avoir annoncé... Peut-être l'évacuation de la population d'Heyan-Palavas s'était-elle mieux passée que prévu? Quoi qu'il en fut, Heldry se tourna vers Kaerdra et lui dit quelque chose que Echuu n'entendit pas en désignant l'extérieur du bâtiment... Celle-ci sortit aussitôt.
« Qu'attend-il pour commencer le bombardement? s'interrogea Volran Daar. Ce n'est pas que je sois impatient, mais à présent qu'il tient les batteries, qu'est-ce qui peut bien l'empêcher de... »
Le Premier Ministre fut interrompu par la brusque entrée de près d'une vingtaine d'hommes armés; avant que qui que ce soit n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, ils cernèrent les occupants de la salle et pointèrent leurs armes vers eux. Heldry prit la parole d'un ton qui indiquait sans ambigüité qu'il allait expliquer ce qui était en train de se passer.
« Je vais vous le dire, moi, pourquoi l'Amiral Ssran ne nous bombarde pas! Jedi, ne faites pas un geste où j'ordonne à mes hommes de vous abattre; Volran, restez où vous êtes; tandis que vous trois et Kaerdra n'avez cessé de travailler à la perte de Palanhi, que vous en ayez eu conscience ou non, Nam Ezrak, Natiorg et moi-même, sachant que votre pitoyable flotte et l'armée sous-entraînée de Par ne sauraient nous protéger, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour convaincre l'Amiral de renoncer à dévaster la planète; et croyez-le ou non, il a accepté, à condition que nous lui livrions les Jedi et le Premier Ministre!
Naat fut la première à réagir, et comme s'y attendait Echuu, ce fut peu diplomatiquement:
-Heldry, vous êtes un imbécile doublé d'un lâche et d'un opportuniste! Vous imaginez-vous vraiment que Ssran va épargner votre planète? Bien sûr que non, il vous a simplement manipulé pour que vous lui livriez ses pires ennemis! A présent, il va pouvoir massacrer les civils sans craindre que nous l'en empêchions ou que nous nous échappions! Mais que vous êtes vous donc imaginé? Certainement pas que Ssran épargnerait le peuple de Palanhi, vous n'êtes pas naïf à ce point; ne vous aurait-il pas plutôt promis la vie sauve et le poste de premier Ministre?
-Taisez-vous donc, petite Jedi prétentieuse et écervelée! Je ne sais pas ce que va faire Ssran; ce que je sais, en revanche, c'est qu'en nous entraînant dans votre croisade contre la Confédération, vous n'avez réussi qu'à nous attirer la fureur d'un ennemi bien trop puissant pour nous tous; même si Ssran ne tient finalement pas ses promesses, je ne pourrais pas faire pire que vous, Palanhi est déjà condamnée, à vous entendre! Condamnée par vos agissements irréfléchis à la bataille de Treska II, condamnée par votre incapacité à nous défendre! Par ailleurs, je vous rappelle qu'il y a peu, vous étiez très enthousiastes à l'idée de mourir pour sauver les milliards d'habitants de cette planète; réjouissez-vous, je vous en donne enfin l'occasion! »
Echuu ne dit rien, mais il commençait sérieusement à s'inquiéter; et non plus seulement pour les habitants de Palanhi, mais aussi pour lui-même et pour Naat: des soldats vivants étaient bien plus difficiles à vaincre que des droïdes, et il n'était pas sûr de l'emporter en cas d'affrontement contre vingt soldats dont la moitié se trouvaient derrière lui; quoi qu'il en soit, Volran et Naat avaient toutes les chances d'y passer...
Volran prit la parole à son tour, plus calmement:
« Puis-je savoir comment vous comptez expliquer ce coup d'état et votre reddition au Parlement et au peuple, Heldry? Tous deux ont fini par soutenir mon engagement auprès de la République...
-...Parce que vous et Kaerdra les avez convaincus par vos mensonges qu'ils n'avaient pas le choix, que l'Amiral Ssran n'accepterait jamais notre reddition! Mais si Ssran remplit sa part du contrat, je suis certain qu'ils changeront très vite d'avis et considérerons d'un autre œil votre soutien à la République; et sinon, s'il décide de bombarder Heyan-Palavas malgré tout, j'aurais des soucis plus importants que l'opinion du peuple et du Parlement... Vous êtes un imbécile, Volran: depuis toujours, Palanhi échappe aux guerres absurdes que se livrent les Jedi grâce à sa neutralité; et vous, vous n'avez rien trouvé de mieux à faire que de soutenir la République! Et même à présent que l'Amiral Ssran a vaincu la flotte d'Ackara, vous continuez à vouloir combattre la Confédération jusqu'à la mort comme un héros d'holofilms! Qu'avons-nous donc à y gagner, si ce n'est peut-être une note de bas de page dans les livres d'histoire?
Cette fois, Echuu explosa:
-Ce que nous avons à y gagner? La satisfaction de savoir que l'on a fait tout ce que l'on pouvait pour empêcher la mort d'innocents, de ne pas avoir de sang sur les mains, voilà ce que l'on a à y gagner! Tout le monde meurt un jour, Heldry, jeune ou vieux, Premier Ministre ou non, riche ou pauvre; alors autant mourir la conscience tranquille!
-Taisez-vous donc, vous racontez n'importe quoi, comme tous les Jedi; du sang sur les mains? Mais c'est vous qui en avez pour nous avoir entraîné dans cette guerre! Avoir la conscience tranquille? Quelle importance! Taisez-vous, vous dis-je, ou nous vous calmerons à coup de rayons paralysant! Il faut que je contacte l'Amiral Ssran. »
Echuu hésita: il mourrait d'envie d'en découdre avec Heldry et ses hommes, même si Naat et Volran n'y survivraient probablement pas; mais pourtant, malgré l'urgence de la situation, la Force semblait lui conseiller d'attendre...
Il frémit de colère lorsque se matérialisa en face d'Heldry l'hologramme d'un Quarren grand et robuste; le Ministre de l'Intérieur prit à nouveau la parole:
« ça y est, je les tiens, Amiral! Nous sommes dans le centre de commandement de la défense de Palanhi, et je viens de capturer les Jedi et Daar!
-Pas trop tôt, rétorqua Ssran d'un ton amusé qui donnait l'impression à Echuu de voir une araignée dévaronienne jouant avec sa proie. Attendez, surtout ne quittez pas le centre de commandement: je vous envoie un vaisseau chargé de droïdekas et de créatures originaires de Myrkr qui neutralisent les pouvoirs des Jedi; le Comte Dooku se cherche de nouveaux disciples, peut-être ces deux-là feront-ils l'affaire... Quant à Daar, je vais lui faire payer cher sa trahison...
-Comme vous voudrez, Amiral » approuva Heldry avant de couper la communication.
Dès que Heldry eut prononcé ces mots, la Force cria à Echuu qu'il devait agir. Sans s'accorder le temps de la moindre réflexion, entièrement guidé par la Force, Echuu attira brusquement son sabre dans sa main, l'alluma et en frappa le soldat juste derrière lui; sans perdre la moindre seconde, il profita de la surprise de ses adversaires pour faire subir le même sort à deux autres soldats. Naat imita son Maître dès qu'elle vit jaillir sa lame verte et éventra un quatrième soldat; tout cela s'était passé en quelques secondes, et les soldats réagirent en arrosant les deux Jedi d'un feu nourri. Echuu para le plus de rayons possibles, mais la Force lui souffla qu'il n'avait pas le temps d'affronter les autres soldats; toujours guidé par la Force, il se découpa une ouverture dans la fenêtre de transparacier la plus proche... Et sauta. Il était au cinquième étage, mais la Force lui disait qu'il valait mieux prendre le risque d'une chute que de rester dans le centre de commandement; sachant que Naat n'avait pas encore une maîtrise de la Force suffisante pour sentir le danger aussi précisément, Echuu se servit de la télékinésie pour l'envoyer vers ce qu'il espérait être une autre fenêtre de transparacier, même s'il n'avait pas le temps de viser et de vérifier...
Alors qu'il invoquait la Force pour ralentir sa chute et atterrir en un seul morceau, Echuu aperçut avec horreur l'espace d'une fraction de seconde une énorme salve rouge tombant du ciel, puis l'énorme explosion du centre de commandement attestant de la mort de Volran Daar et d'Heldry... Et de Naat? Si elle n'avait pu quitter le centre de commandement à temps, Echuu ne se le pardonnerait pas... Toutefois, Echuu n'avait pas senti la mort de sa Padawan dans la Force, il y avait donc de grandes chances pour qu'elle fut encore en vie...
L'atterrissage du Maître Jedi fut douloureux, mais sa grande maîtrise de la Force l'avait sauvé; bien plus douloureux lui fut la vision qu'il découvrit en se relevant: il pleuvait sur Heyan-Palavas, et pas de l'eau.
C'est parfait, jubila l'Amiral Ssran en voyant les batteries de l'Oeil du Cyclone rayer de la carte le centre de commandement de la défense de Palanhi, éliminant une bonne fois pour les deux Jedi, ce courageux imbécile de Volran Daar et le lâche Heldry.
« Excellent, maintenant concentrez-vous sur Heyan-Proctor et Adr-Palavas; après cela, feu à volonté! Réduisez-moi en cendres cette orgueilleuse cité! » ordonna l'Amiral avec un plaisir évident.
En quelques secondes, sa flotte allait anéantir des métropoles dont beaucoup étaient plus de vingt fois millénaires; cette destruction gratuite, motivée par la seule soif de sang de l'Amiral,choquerait tout le monde. Et c'était bien cela qui réjouissait le plus l'Amiral: savoir qu'on se souviendrait de lui avec terreur des années après sa mort dans toute la Galaxie, et probablement des siècles sur Palanhi. C'était l'idée qu'il se faisait de la réussite: nul n'était tenté de mépriser un tyran; on le haïssait, on avait peur de lui, mais on ne le méprisait pas, on ne l'oubliait pas. Ssran imagina la terreur et l'affolement de ses dizaines de millions de victimes, en bas; elles le considéraient avec effroi, et il n'y avait pas d'effroi sans admiration, cette même admiration que le rat-womp voue au dragon Krayt qui s'apprête à le tuer, être terrifiant mais supérieur... Ssran s'installa confortablement pour ne pas perdre une miette du spectacle.
Alors qu'elle se débattait pour parer les tirs ennemis, Naat sentit brusquement son Maître utiliser la Force pour la projeter vers la fenêtre opposée à celle par laquelle il venait de disparaître; elle eut tout juste le temps de se tailler une ouverture dans le transparacier avant de se retrouver dans le vide. La Padawan n'eut même pas le temps de se demander pourquoi son Maître tenait tant à ce qu'ils quittent le bâtiment avant de recevoir la réponse sous la forme de l'explosion du centre de commandement.
Cependant, si la jeune femme avait échappée au bombardement, elle n'était pas tirée d'affaire pour autant, car elle était en train de tomber du cinquième étage! Elle invoqua aussitôt la Force pour ralentir sa chute, mais rien n'y faisait, elle n'était pas assez puissante, elle allait mourir comme tant d'autres gens en cette journée désastreuse... Elle aurait espérée une mort plus glorieuse... Si seulement elle avait eu le temps de faire plus de mal aux Séparatistes avant de mourir... Soudain, alors que Naat était convaincue que tout était perdu, son désespoir et sa colère semblèrent alimenter son énergie et elle commença enfin à ralentir... Mais le sol était déjà si près, si près... Oubliant totalement toute notion de lumière et d'obscurité, n'ayant plus rien d'autre en tête que sa survie immédiate, Naat s'efforça d'utiliser ses émotions pour contraindre la Force à la sauver... Elle ralentissait de plus en plus, elle était presque sauvée... Elle heurta finalement le sol très violemment, mais elle était toujours en vie, même si elle avait la certitude de s'être cassé un bras -le gauche, heureusement, elle avait eu le réflexe d'atterrir sur celui-là.
Soudain, alors qu'elle se relevait et se remettait en marche très péniblement, Naat sentit dans la Force un brutal déchirement comme elle n'en avait jamais connu jusqu'alors; rien d'étonnant à cela, l'Oeil du Cyclone, dont l'intimidante silhouette obscurcissait le ciel d'Heyan-Palavas tel un immense nuage d'orage, faisait maintenant feu de toutes ses batteries sur Heyan-Palavas, tuant des milliers de gens en quelques minutes! Où que porte le regard de Naat, il n'y avait que des civils fuyant avec affolement la destruction semée par les Séparatistes. Naat savait que près de quatre millénaires ans auparavant, des milliards de civils avaient trouvé la mort lors du bombardement de la planète Taris sans autre raison que la folie du Seigneur Sith Dark Malak; elle savait que les légendaires guerriers Mandaloriens avaient impitoyablement bombardé la planète Serroco; elle savait que des centaine de millions de gens avaient été massacrés durant la crise d'Exorgon; elle connaissait les ravages du bombardement d'Emberlene; mais c'était une chose de savoir que ces tragédies étaient arrivées, et une toute autre que d'assister personnellement à l'une d'elle, de sentir dans la Force la mort de tant de gens sans rien pouvoir y faire, de voir une cité plus ancienne que la République devenir la proie des flammes... C'était bien pire que de voir ses compagnons d'armes exterminés dans l'espace de Taris, car il s'agissait de civils, de gens qui n'y étaient pour strictement rien dans cette guerre et dont la mort était absolument inutile... Plus encore que l'ampleur du massacre, c'était la traîtrise de l'Amiral Ssran qui choquait Naat: à l'évidence, le pirate n'avait jamais eu la moindre intention de tenir les promesses qu'il avait tenues à Heldry...
Naat aurait voulu mourir à l'instant même pour échapper à cette horreur qui dépassait l'imagination, mais la haine colossale qu'elle éprouvait à présent pour l'Amiral Ssran, pour Sev'rance Tann, pour le Comte Dooku et pour la Confédération entière la poussa à courir le plus vite possible pour ne pas devenir une victime de plus du bombardement, car elle se le jura, Ssran ne s'en tirerait pas à si bon compte... Quelles qu'en soient les conséquences, Naat le retrouverait et le tuerait... Mais avant cela, il fallait qu'elle s'échappe d'Heyan-Palavas, ou elle ne serait plus qu'un chiffre dans le bilan du bombardement de Palanhi.
Depuis la mort de Stam, Echuu avait l'impression d'avoir un dragon dans le cœur, une bête titanesque qui crachait du feu et était capable de tout anéantir dans un accès de rage, qui aimait se battre et n'avait pas la moindre pitié pour ses ennemis; comme tous les Jedi, Echuu avait appris alors qu'il était Padawan que ce dragon se nommait « Côté Obscur » et qu'un Jedi ne devait surtout pas se laisser contrôler par lui, même s'il paraissait fort et capable d'exaucer tous les désirs de quiconque l'adopterait. Après la mort de Stam, Echuu avait donc fait exactement ce qu'on lui avait appris: il n'avait pas laissé le dragon le contrôler, contrairement à Naat qui était encore trop inexpérimentée, et il avait bâti des barrières pour le contenir, pour ne pas se laisser emporter par la haine pendant une bataille; excepté lors de la bataille de Treska II où Echuu s'était laissé emporter, le dragon n'était jamais parvenu à franchir ces barrières.
Mais c'était fini, ces barrières venaient de se volatiliser, pulvérisés par l'impact des salves turbolasers sur Heyan-Palavas, écrasées sous la mort de millions de civils, brisées par l'implacable marteau du désespoir. A chaque minute, des dizaines de milliers de gens étaient tués partout sur la planète, et chaque mort décuplait la puissance du dragon, au point que Echuu avait abandonné toute retenue, toute réflexion.
Echuu avait eu de la chance de trouver un speeder à réquisitionner alors qu'il s'éloignait du centre de commandement; il aurait pu s'en servir pour chercher Naat qui devait être quelque part dans les environs, mais même la protection de sa Padawan n'était plus une priorité pour lui, à présent; tout ce qu'il voulait, c'était du sang. Echuu avait donc usé du speeder pour quitter Heyan-Palavas et rejoindre les soldats clones. Il voulait que les crimes de Ssran ne restent pas impunis, et il savait comment s'y prendre pour cela: à la tête des clones-et des derniers volontaires de Palanhi s'il en trouvait- il allait tenter de reprendre le contrôle de l'une des batteries planétaires ; s'il y parvenait, il s'en servirait pour détruire l'Oeil du Cyclone. C'était du suicide, et il le savait: Ssran avait eu tout son temps pour renforcer ses troupes de mercenaires par des armées de droïdes, et les batteries devaient à présent être sous bonne garde. Mais il ne lui importait plus de vivre, seulement de venger les victimes de la Confédération en général et Stam en particulier.
Naat avait bien l'intention de rejoindre les soldats clones afin de leur apporter son aide pour reprendre les batteries planétaires, et de ne rien laisser l'en détourner ou la ralentir; il y avait urgence, de plus en plus d'innocents mourraient à chaque minute, il fallait qu'elle mette un terme à ce massacre sans perdre un dixième de seconde. Pourtant, elle dut s'arrêter en rencontrant Esraal Par et une centaine de ses hommes, qui tentaient manifestement de faire quitter les lieux à la population paniquée; Naat se sentait parfaitement incapable d'abandonner à tant de gens à la mort, elle choisit donc de rester aider les forces de Palanhi à mener les civils vers de grands véhicules de transport. Grands, mais pas assez pour accueillir tout le monde, d'où la présence des hommes d'Esraal pour empêcher la foule de se battre pour la moindre place dans les transports.
« Où les emmenons-nous? demanda Naat.
-Nous allons essayer de caser ceux-là dans une petite ville à des kilomètres au sud d'Heyan-Palavas, en espérant que cette ville soit trop petite pour que les Séparatistes prennent la peine de la bombarder... Mais le voyage ne sera certainement pas de tout repos, Ssran a envoyé ses armées de droïdes encercler les grandes villes pour empêcher les réfugiés de partir... Non, je regrette, monsieur, mais il n'y a absolument plus de place dans ce transports! Veuillez reculer, ou je serais contraint de vous paralyser!»
Comme c'était à prévoir, à présent que chaque centimètre carré des transports étaient occupé, les réfugiés restants tentaient d'entrer par la force, conscients qu'ils n'avaient strictement plus rien à perdre.
« Partons, ordonna Esraal au pilote du premier transport (qui allait avoir beaucoup de difficultés à conduire l'appareil à destination étant donné qu'on avait entassé trois réfugiés juste à côté de lui) avant d'embarquer lui-même dans un autre véhicule, armé celui-ci.
-Mais... On ne va quand même pas laisser tous ces gens ici! objecta Naat, horrifiée.
-Ah non? Alors que voulez-vous que nous fassions? Ces transports sont pleins à craquer, vous le voyez bien; on ne peut rien faire de plus...
-C'est vrai... » admit Naat avec un soupir de désespoir.
Elle savait qu'Esraal avait raison, et pourtant, cela lui fendait le cœur de voir les réfugiés s'éloigner alors que le véhicule d'escorte l'emmenait avec Esraal loin d'Heyan-Palavas...
« Savez-vous où est mon Maître? demanda Naat à Esraal sur le chemin.
-Il est sûrement mort, vous savez... C'est déjà un miracle que vous soyez en vie...
-Non, je ne pense pas; j'aurais senti sa mort dans la Force.
Esraal haussa les épaules.
-On dit que les forces terrestres loyalistes, ces soldats clones, tentent un dernier assaut pour reprendre les batteries; si votre Maître n'a pas été tué par le bombardement, peut-être est-il avec eux.
-Ne devrions-nous pas aller leur prêter main-forte? Avec ces véhicules armés, nous pourrions...
-Non, je ne pense pas; vous vous inquiétez pour votre Maître, et c'est normal. Mais la priorité est de sauver le plus de réfugiés possible, les clones ne réussiront jamais à reprendre les batteries... Attention! »
En travers de la route venaient de jaillir des Chars d'Assaut Blindés et des Super Droïdes; tous ouvrirent aussitôt le feu sur le convoi.
« Voilà exactement ce que je craignais... murmura Esraal. Les CAB sont bien trop louredement armés pour nos véhicules d'escorte... (le véhicule trembla sous l'impact d'un tir qui endommagea considérablement les déflecteurs) Les transporteurs non-armés, tirez-vous de là en vitesse; nous allons essayer de retenir ces maudits droïdes aussi longtemps que possible. Visez les Super Droïdes en priorité, les CAB sont bien trop bien blindés pour notre armement léger... Essayez de contacter le convoi pour Hyrizla; quand ils seront parvenus à destination, peut-être pourront-ils nous aider...»
Naat songea qu'il fallait effectivement espérer des renforts, car les hommes d'Esraal ne pouvaient à l'évidence espérer l'emporter face à des adversaires aussi nombreux et bien armés... Les véhicules d'escorte décimaient les Super Droïdes, mais ils ne pouvaient résister à l'armement supérieur des CAB; deux d'entre eux explosèrent sous les tirs ennemis, et les déflecteurs de celui d'Esraal et Naat commencèrent à faiblir. Naat sentit, pour la énième fois de la journée, les griffes glacées de la peur saisirent son cœur; et si elle mourrait ici, avant d'avoir pu tuer l'Amiral? Et si elle échouait à sauver les réfugiés? Les véhicules d'escorte cédaient les uns après les autres, tandis que tous les CAB étaient toujours présents...
« Sortons, suggéra Naat à Esraal. Ce véhicule n'en a plus plus pour longtemps, et les CAB ne sont pas faits pour viser des cibles petites et rapides; quant aux Super Droïdes, ils ne sont plus si nombreux.
-C'est sûrement notre meilleure chance de survie, en effet... »
Naat, Esraal et une cinquantaine de ses hommes sortirent des véhicules; abrités derrière ce qui restait des véhicules d'escorte, les soldats commencèrent aussitôt à arroser les Super Droïdes d'un feu nourri tandis que Naat détournait le plus de tirs ennemis possibles à l'aide de son sabre. Très vite, les Super Droïdes reculèrent, et Naat crut qu'il étaient tirés d'affaire... Jusqu'à ce que des dizaines de droïdekas arrivent en renfort.
Esraal soupira.
« On dirait bien que c'est fichu, dit-il à Naat tout jetant une grenade qui pulvérisa les boucliers d'un Droïdeka. Mais il faut continuer, ou le convoi sera perdu, lui aussi... »
Les hommes d'Esraal, dont les tirs peinaient à transpercer les boucliers des droïdekas, tombaient les uns après les autres; Naat vit avec horreur le crâne du soldat qui se trouvait juste à côté d'elle transpercé par le tir d'un droïde destroyer, et elle songea que décidément, elle ne parviendrait jamais à oublier cette bataille... Les soldats d'Esraal finirent par n'être plus qu'une dizaine, et le bras de Naat commença à se fatiguer de renvoyer tous les rayons qui passaient à sa portée...
« La fin est proche, dit sombrement Naat à Esraal. Nous allons tous y passer...
-En effet... Je savais bien que ça finirait par arriver, mais j'aurais espéré avoir le temps de sauver plus de réfugiés avant de mourir... A la bataille de Treska II aussi, j'ai cru mourir, avant que les soldats clones n'interviennent; mais cette fois, il n'y a pas de flotte loyaliste pour venir à notre secours, il faudrait un miracle pour nous sauver... »
Alors se produisit un miracle. Naat leva un instant la tête, entendant le bruit d'un vaisseau passant juste au-dessus: et en effet, une petite canonnière de la République passait juste au-dessus des combattants; elle arrosa de lasers rouges les CAB et les droïdekas, dont plusieurs explosèrent.
« D'où sort cette canonnière? s'interrogea Naat d'un ton stupéfait.
-Je n'en sais rien, mais c'est bon pour nous! Tout espoir n'est peut-être pas perdu, après tout! »
Avec l'énergie renouvelée de l'espoir renaissant, les soldats continuèrent à tirer sur les droïdekas, en détruisant quelques-uns grâce aux grenades; la canonnière repassa et vida son réservoir de missiles sur les Séparatistes, au point qu'il ne resta bientôt plus que quelques droïdekas. Tandis que les soldats d'Esraal entreprenaient d'achever les droïdes, la canonnière se posa et en jaillit un Zabrack armé d'un sabre-laser accompagné de commandos clones.
Maître Agen Kolar venait de débarquer.
Echuu se jeta à terre pour éviter le tir d'un droïde-araignée nain, puis il se releva précipitamment pour trancher en deux les quatre droïdes de combat qu'il combattait précédemment.
« Concentrez vos tirs sur les droïdes-araignées! Ordonna-t-il. Nous nous occuperons des droïdes de combat plus tard, si nous sommes toujours vivants! »
Le vacarme des combats autour était si grand qu'il devait crier pour se faire entendre; partout autour de lui, tout n'était que combats et explosions. Il était au cœur de l'enfer, et le dragon en lui aimait cela.
La situation des loyalistes semblait de plus en plus désespérée à chaque minute: Echuu et ses soldats clones assaillaient les droïdes qui défendaient la batterie située au sud d'Heyan-Tall, et ils combattaient courageusement, mais les droïdes étaient encore nombreux, si nombreux! Pour ne rien arranger, si les soldats clones étaient très efficaces contre l'infanterie droïde, il ne disposaient pas d'artillerie lourde qui leur eut permit de faire face aux CAB et aux TMT.
Mais plus la situation était désespérée, plus le dragon devenait fort; et à présent qu'Echuu n'avait plus peur de lui, plus le dragon était fort, plus Echuu l'était. D'une poussée de la Force, le Maître Jedi écrasa la dizaine de Super Droïdes qui s'avançait vers lui, avant de décapiter un droïde de combat qui s'apprêtait à tuer le soldat clone le plus proche. Comme lors de la bataille de Treska II, Echuu se laissait contrôler par sa haine et par son désespoir; et comme lors de la bataille de Treska II, il constatait que cela le rendait plus fort. Les droïdes auxquels il avait affaire tombaient comme des mouches; et peu à peu, ce que Echuu avait jugé impossible plus tôt se produisait: les droïdes commençaient à reculer face aux loyalistes, en dépit de leur supériorité numérique écrasante.
La situation n'était peut-être pas si désespérée que cela, après tout; le dragon tenait ses promesses. Si Echuu continuait à lui obéir et à décimer les droïdes, peut-être parviendrait-il pour de bon à s'emparer de cette batterie et à tuer l'Amiral Ssran...
« Naat! Où est Echuu? » demanda Agen Kolar à la Padawan lorsqu'il fut descendu de la canonnière.
« Je l'ignore, mais les soldats clones attaquent actuellement la batterie au sud du continent; s'il est toujours en vie, Maître Shen-Jon est probablement là-bas. Mais que faites-vous ici, Maître Kolar? Et comment avez-vous franchi le blocus?
-Le Conseil des Jedi craint que ton Maître n'ait basculé du Côté Obscur, Naat; il m'a envoyé le surveiller... Ceci dit, vu la situation, je crois que ma mission consistera plutôt à le tirer de là. Pour ce qui est du blocus, tu sais mieux que moi que vous avez détruit tous les chasseurs-vautours; et les artilleurs des vaisseaux lourds ne sont pas assez rapides pour abattre un vaisseau piloté par un Maître Jedi...
-Très bien. Je vais venir avec vous chercher mon Maître; Esraal, vous venez? demanda Naat à l'homme à côté d'elle.
-Non. Je vous l'ai dit, pour moi, la priorité est de sauver le plus de réfugiés possible.
-Très bien... Bonne chance, en ce cas. »
La jeune femme et Agen embarquèrent à bord de la canonnière, et ils partirent. Il s'agissait maintenant de trouver Echuu, et de déterminer s'il avait ou non basculé du Côté Obscur.
Le dernier droïde-araignée explosa, détruit par les détonateurs thermiques des soldats clones, le dernier Super Droïde tomba, pourfendu par la lame verte d'un Maître Jedi fou de rage et de désespoir, les boucliers du dernier droïdeka furent saturés. Echuu observa avec un sentiment de triomphe le sol jonché de carcasses de droïdes et de cadavres de clones; seule une douzaine de soldats clones avaient survécus à la bataille, mais l'armée droïde avait été tout simplement anéantie. Plus loin se dressait une grande tour surmontée de deux énormes canons turbolasers: une batterie LNR, capable d'abattre les vaisseaux qui descendaient trop bas dans l'atmosphère de la planète; restait à savoir si elle serait assez puissante pour transpercer les boucliers d'un vaisseau aussi gros qu'un Lucrehulk. Mais quoi qu'il en fut, Echuu avait bien l'intention d'essayer.
La seule chose qui s'interposait encore Echuu et la mort de l'Amiral Ssran ainsi que la fin du bombardement, c'était les mercenaires employés par l'Amiral, qui occupaient probablement encore la batterie.
« Venez, ordonna Echuu aux clones, reprenons cette batterie aux mercenaires et mettons fin au bombardement et à la vie de Ssran!
-Mais, Général, nous ne sommes plus que treize, et nous ignorons combien les mercenaires peuvent être, là-dedans...
-Tout à l'heure, nous étions à au moins un contre trois, et nous l'avons emporté.
-Mais cette fois, nos adversaires seront des êtres vivants, pas des droïdes.
-Commandant, vous et vos hommes êtes censé êtes censés être les clones du plus grand chasseur de primes de la Galaxie! Vous n'allez tout de même pas me dire que quelques mercenaires vous font peur?
-Nous sommes peut-être les clones de Jango Fett, mais nous n'avons pas son expérience...
-C'est un ordre, commandant.
-Comme vous voudrez, Général. »
Quelque part au fond d'Echuu, une voix lui criait que le commandant clone avait raison, que si lui-même survivrait certainement à l'affrontement avec les mercenaires, il mènerait probablement encore plusieurs clones à la mort... C'était cette même voix qui lui avait murmuré précédemment qu'il était trop tard pour stopper le bombardement et qu'il ne servirait plus à rien de tuer l'Amiral Ssran, à part à provoquer plus de morts encore... Mais encore une fois le dragon, fort de la mort de plusieurs dizaines de millions d'innocents et de la victoire qu'Echuu avait remporté sur les droïdes grâce à lui, réduisit cette impertinente voix au silence, et Echuu et ses soldats forcèrent les portes de la LNR pour se jeter dans une nouvelle bataille contre les mercenaires de l'Amiral Ssran.
« Amiral? Appela Rey'kas alors que Ssran contemplait toujours son triomphe. Les droïdes que vous avez envoyé protéger la batterie au sud du continent d'Heyan-Palavas... (le pirate Rodien semblait hésitant)
-Eh bien, qu'y-a-t-il? En ont-ils fini avec ces clones?
-Justement non, Amiral... Ce sont les clones qui en ont fini avec eux...
-Les loyalistes l'ont emporté? Mais comment est-ce possible?
-Il semble, Amiral, que le Maître Jedi ait survécu et les ait menés à la victoire... En fait, d'après le dernier rapport des droïdes que nous avons envoyé intercepter un convoi de réfugiés, sa Padawan aussi est toujours en vie et a probablement rejoint cette mystérieuse canonnière qui a franchi le blocus...
L'Amiral Ssran sourit.
-En ce cas, la solution pour protéger la batterie sud est simple: je connais les Jedi; ils préfèrent toujours sauver que tuer, pour des raisons qu'ils sont les seuls à comprendre. Je sais que nous n'avons plus de chasseurs-vautours, mais débrouillez-vous, d'une façon ou d'une autre, pour clouer au sol cette canonnière et prendre ses occupants en otages, à proximité de la LNR... »
Le mercenaire, une brute de Trandosien protégée par une armure dorée, était manifestement très bien entraîné, mais il ne pouvait rien contre un Maître Jedi qui n'avait pas peur du Côté Obscur; lassé de le voir esquiver ses coups de sabre, Echuu n'eut qu'un geste à faire et la Force priva le Trandosien d'oxygène. Echuu se retourna rapidement car la Force venait de lui signaler qu'un de ses soldats clones était sur le point de se faire éventrer à coups de vibro-lames par un autre mercenaire. Un coup de sabre d'Echuu y remédia.
« Vite, à la salle de commandement! cria le clone. Les dix derniers s'y sont retranchés! »
Echuu s'engagea dans le corridor désigné par le clone, bien qu'il n'ait plus que trois soldats avec lui; il n'était pas sûr que cela suffise pour l'aider à faire face aux dix derniers mercenaires, encore moins qu'une fois la bataille terminée ce maigre effectif soit suffisant pour manier une batterie planétaire, mais qu'importait, tout ce que voulait le dragon, c'était du sang.
Mais à ce moment précis, Echuu regarda par une des fenêtres en transparacier de la LNR.
« On dirait bien que les mercenaires vont recevoir des renforts... dit-il en observant des droïdes- araignées en contrebas. Enfin, qu'importe, ils n'arriveront pas à temps pour nous empêcher de tirer sur l'Oeil du Cyclone... »
Il força aussitôt la porte de la salle de commandement... Et fut accueilli par une tempête de tirs ennemis; les mercenaires, bien plus intelligents que les droïdes, changeaient régulièrement leurs angles de tirs, aussi fallut-il tout le talent d'Echuu pour les parer. Après quelques minutes, deux mercenaires tombèrent sous les tirs des soldats clones, et Echuu pensa qu'il était sur le point de remporter la victoire...
… Lorsque la Force lui envoya brusquement la vision de Naat, dans une canonnière avec Agen Kolar (que faisait-il là?) et quelques commandos clones; la canonnière se trouvait juste au-dessus de la LNR où se trouvait Echuu et ses soldats. Le Maître Jedi sentit brusquement la terreur de Naat lorsque la canonnière fut touchée par les tirs d'un droïde-araignée... L'habileté au pilotage d'Agen Kolar empêcha la canonnière de s'écraser trop brutalement, et ses occupants en sortirent tous intacts (exceptée Naat qui s'était apparemment cassé un bras précédemment)... Et entourés de droïdes. Les commandos clones ouvrirent aussitôt le feu, Agen et Naat (de son bras valide, bien sûr) allumèrent leurs sabres, mais il était très clair qu'ils allaient avoir besoin de renforts.
Alors qu'il combattait les mercenaires, Echuu se sentit coupé en deux: une partie de lui-même, celle qui était encore un Jedi, voulait absolument renoncer à la folie et au désespoir qui l'avaient conduits dans cette batterie et sauver sa Padawan ainsi que Maître Kolar; mais il y avait le dragon, le dragon qui n'exigeait rien d'autre que du sang, le dragon qui n'attachait aucune importance à la vie d'Agen Kolar et de Naat Reath... Echuu comprit que c'était maintenant qu'il devait choisir entre le Côté Obscur et le Côté Lumineux, entre tuer et sauver, entre la folie et la raison...
Que suis-je en train de faire? Se demanda-t-il brusquement. C'était comme si la vision d'Agen Kolar lui avait soudain rappelé ses obligations en tant que Maître Jedi; soudain, il ouvrit les yeux et s'aperçut que sa soif de vengeance avait déjà causé la mort d'innombrables clones et que s'il la suivait, il devrait aussi laisser mourir sa deuxième Padawan et un Maître Jedi... Était-ce vraiment ce qu'il voulait? Et si Agen Kolar survivait, il serait renvoyé de l'Ordre Jedi...
Renonce à cette folie tant qu'il en est encore temps! Pensa-t-il. Si tu continues à suivre la folie du dragon, maintenant, en dépit de toute raison, tu ne pourras plus jamais lui échapper... Est-ce vraiment ce que tu veux? Penses à Naat à son arrivée sur Palanhi; est à cela que tu veux ressembler? Veux-tu devenir un nouveau Sora Bulq?
Le dragon partit, chassé par la brusque prise de conscience d'Echuu.
Mais pourquoi ais-je donc accepté cette mission? Se demanda Agen Kolar tout en renvoyant le tir d'un Super Droïde de combat. Il était difficile de ne pas s'en rendre compte: lui, Naat et les clones étaient débordés, les droïdes attaquaient de tous les côtés à la fois, et si personne ne venait à leur secours, ils étaient condamnés... Si seulement Agen n'avait pas été concentré sur le sauvetage d'Echuu au point de ne pas entendre la Force l'avertir que les droïdes s'apprêtaient à abattre la canonnière... Agen en était maintenant convaincu: Echuu était mort ou avait basculé du Côté Obscur...
Aussi la brusque apparition d'Echuu au pied de la LNR, sabre allumé et accompagné de deux soldats clones fut-elle la plus belle chose que le Maître Jedi Zabrack ait jamais vu...
La lame verte d'Echuu Shen-Jon fendit les rangs des droïdes, une pluie de rayons de rayons rouges s'abattit sur eux; après quelques minutes de combat, les trois Jedi et les cinq clones l'emportèrent.
« Agen! s'écria Echuu lorsque le dernier droïde fut tombé. Ton aide est évidemment la bienvenue, mais que fais-tu ici?
-A part te sauver la vie, tu veux dire? Le Conseil des Jedi s'inquiète de tes récents agissements, Echuu; ils m'ont envoyé m'assurer que tu n'avais pas basculé du Côté Obscur... Mais vu la situation catastrophique dans laquelle Naat et toi vous êtes fourrés, je crois que nous ferions mieux de partir tout de suite; ma canonnière n'est pas trop endommagée, en empruntant quelques pièces aux droïdes, nous devrions pouvoir repartir avant l'arrivée de renforts Séparatistes...
-Et laisser des millions de gens mourir ici...
-J'ai bien peur que nous n'y puissions pas grand-chose, Echuu... »
Fort heureusement, la prédiction d'Agen Kolar s'avéra exacte; un quart d'heure plus tard, la canonnière repartait et franchissait à nouveau le blocus, en sens inverse cette-fois. Echuu Shen-Jon, Agen Kolar et Naat Reath s'échappaient de l'enfer.
Esraal Par regarda avec soulagement la frêle canonnière s'éloigner dans les cieux de Palanhi; apparemment, ce mystérieux Maître Jedi Zabrack était parvenu à sauver Shen-Jon et Naat... Si seulement il avait pu emporter toute la population de Palanhi avec lui... Mais puisque ce n'était pas le cas, tout ce qui restait à faire à Esraal, c'était de sauver ce nouveau convoi de réfugiés. Nouveau et probablement dernier, car il ne restait que des cendres d'Heyan-Palavas et de dix-sept autres métropoles de Palanhi.
« Général Par? entendit Esraal. Des droïdes araignées et des Super Droïdes approchent...
-Très bien. Alors donnons aux Séparatistes une bonne raison de se souvenir de nous...
-Vous pensez qu'on va y passer, Général?
-Cette fois, j'ai bien peur que ça ne fasse aucun doute, Commandant... » confirma sombrement Esraal avant de rejoindre la bataille, déterminé à emporter le plus de droïdes possibles avec lui.
Le massacre de Palanhi fit la une de tous les journaux de la Galaxie; le bilan incroyablement lourd, soixante-et-onze millions de morts, choqua énormément. Les réactions politiques différèrent: les autres systèmes du Secteur de Palanhi, Kallirade en tête, ainsi que bon nombre de systèmes neutres à travers la Galaxie, rejoignirent aussitôt la Confédération; les représentants d'autres systèmes comme Alderaan ou Chandrila eurent la réaction exactement inverse et affirmèrent qu'ils étaient plus que jamais unis derrière le Chancelier Palpatine.
Dès qu'il fut arrivé sur Coruscant, Agen Kolar fut convoqué par le Conseil des Jedi en compagnie d'Echuu et Naat.
« Maître Kolar, lui demanda Mace Windu, vous avez été sur Palanhi; pensez-vous que Maître Shen-Jon et sa Padawan aient basculé du Côté Obscur?
-Non, je ne pense pas, Maîtres, affirma Agen Kolar, conscient de l'importance de ses paroles. Lorsque Echuu a appris que Naat et moi étions en danger, il a interrompu son attaque pour venir nous sauver; un Jedi Noir n'aurait pas fait une telle chose. Je suis sincèrement convaincu que si Echuu et Naat nos ont désobéi, c'était avant tout pour le bien de Palanhi. J'ignore ce que Echuu a pu faire pendant la bataille avant mon arrivée, mais à terme, il est clair qu'il a choisi le Côté Lumineux.
-Cependant, ils nous ont désobéis... Et ils sont en partie responsables de ce qui s'est passé, même s'ils pensaient bien faire, rappela Windu. Ce sont eux qui ont pris le risque de trahir l'Amiral Ssran à la bataille de Treska II, pensant que cela sauverait Palanhi, sans cela, le nombre de victimes aurait été bien moins élevé...
-Avec tout le respect que je vous doit Maître Windu, intervint Naat, dont les yeux étaient rouges des larmes qu'elle avaient versé sur le trajet du retour, cela aurait effectivement sauvé Palanhi si l'Amiral Ssran n'avait pas choisi de rester sur Ando et surtout si vous n'aviez pas décidé de nous priver de renforts... Ando était isolée, et avec votre appui, nous aurions pu l'emporter...
-Une mauvaise décision c'était, admit Maître Yoda, mais comprendre vous devez, jeune fille, que votre comportement depuis la mort de Stam Reath de plus inquiétants est... Quoi qu'il en soit, puisque Maître Kolar nous affirme que du Côté Obscur vous n'avez pas basculé, nous vous accordons le bénéfice du doute cette fois-ci. »
Cette entrevue avec le Conseil des Jedi ne réconforta en rien Echuu; car plus il y repensait, plus il avait l'impression qu'il était personnellement responsable du désastre de Palanhi. Les propos d'Heldry et maintenant de Maître Windu accentuaient encore ce sentiment. Sur Treska II, Echuu s'était laissé envahir par le Côté Obscur, et il avait brillamment remporté la victoire; à la fin de la bataille de Palanhi, Echuu s'était à nouveau servi du Côté Obscur, et il avait été sur le point de tuer l'Amiral Ssran et de mettre fin au bombardement, jusqu'à ce qu'il renonce finalement au Côté Obscur... Il était donc obligé de se poser la question: le Côté Obscur était-il le plus fort? Echuu aurait-il pu sauver Palanhi s'il s'en était servi? Si la réponse à ces deux questions était oui, alors c'était la faute d'Echuu si ces millions de gens étaient morts et l'Amiral Ssran toujours en vie...
On avait toujours dit à Echuu que le Côté Obscur ne servait qu'à tuer et à détruire, qu'il ne servait que son utilisateur... Mais dans ce cas précis, son usage aurait sauvé d'innombrables vies... N'avait-on pas plus de sang sur les mains si on refusait de se servir du Côté Obscur pour sauver des vies que si on s'en servait? Les Jedi eux-mêmes ne reconnaissaient-ils pas que tuer était parfois nécessaire? Alors pourquoi se servir du Côté Obscur ne le serait-il pas? Comment pouvait-on se permettre le luxe d'avoir peur du Côté Obscur alors qu'il pouvait sauver des millions de gens? N'était-ce pas justement cette attitude-là qui était égoïste?
Questions terrifiantes... Qui ne seraient jamais venus à l'esprit d'Echuu avant la bataille de Palanhi. C'était comme si depuis cette bataille, le dragon qui habitait le cœur d'Echuu avait laissé la place à un adversaire plus redoutable encore, un serpent au contact glacial qui empoisonnait l'esprit d'Echuu avec le venin du doute...
Trois jours plus tard, la République toute entière tremblait sur ses bases; le Conseil des Jedi convoqua Echuu alors que le soir tombait:
«Nous venons d'apprendre une terrible nouvelle, Maître Shen-Jon; la planète Sarapin, qui fournit la plus grande partie de l'énergie de la République, vient de tomber, annonça sombrement Plo Koon. La République est plongée dans la plus grave crise depuis le début de la guerre; si Sarapin n'est pas très vite repris, la fin de la République est proche.
-Et c'est vous et Naat que nous allons envoyer mener l'assaut pour reprendre Sarapin, ajouta Shaak Ti.
-Comme vous voudrez, Maîtres. Mais je croyais Sarapin imprenable? Qui a donc réussi un tel exploit?
Les Maîtres échangèrent quelques regards, puis Mace Windu prononça comme à contrecœur ce nom qui fut comme un coup de poignard pour Echuu:
-Sev'rance Tann. Les rapports sont formels, elle a volé une arme mise au point dans le plus grand secret par les ingénieurs Wookies, le Décimator, et s'en ait servi contre les défenseurs de Sarapin. Jor Drakkas est mort en tentant de l'arrêter. »
Jamais Echuu ne s'était senti aussi mal qu'en cet instant. Avec le serpent qui lui rongeait le cœur depuis le massacre de Palanhi, on lui confiait une mission d'une importance capitale et on lui apprenait que la femme qui avait tué Stam était de retour? C'était une véritable invitation à basculer du Côté Obscur...
Alors que la nuit tombait, Echuu regarda l'ascenseur qui l'avait emmené à la salle du Conseil des Jedi redescendre dans les niveaux les moins éclairés de Coruscant; en ce terrible instant, Echuu se sentait exactement comme lui: En Chute Libre dans les Ténèbres.
Et voilà, en Chute Libre dans les Ténèbres, qui, vous l'aurez compris, sert d'introduction à la campagne de SWGB CCc'est fini! Des commentaires? Des choses à améliorer? Quels chapitres avez-vous préféré, et pourquoi? etc...
"Ma chérie, ma chérie, je vis en toi ; et je t'aime si fort que tu accepterais de mourir pour moi." (Carmilla, Sheridan le Fanu)