Parce qu'il est dommage qu'un tel topic finisse aux oubliettes, parce que tu n'es pas le seul assez fou pour vouloir t'y mettre, et parce que j'ai réussi à obtenir l'approbation du grand manitou (
), voila ce que j'ai réussi à faire
La voie du Jedi
Temple Jedi, Coruscant
Le jour prenait fin sur ce qui fût autrefois la capitale galactique de bien des régimes politiques. Les bâtiments de la planète reflétaient les derniers rayons solaires, rendant le spectacle du coucher de soleil magnifique.
Mais le Bothan Traest Dama’fey n’avait pas le temps de s’attarder devant ce spectacle naturel. L’esprit occupé, Dama’fey méditait, attendant que son apprenti le rejoigne, afin qu’ils se présentent tous deux devant la plus grande instance juridique de la Galaxie : le Conseil Jedi. Lorsqu’un jeune humain d’environ dix neuf années standard se présenta dans la pièce, le Bothan déclara :
« Tu es en retard, jeune apprenti. »
« Oui Maître, excusez-moi. Cela ne se reproduira plus. »
« La prochaine leçon portera sur la ponctualité » continua Dama’fey d’une voix amusée. « Mais ne faisons pas attendre le Conseil plus longtemps. Suis-moi.» Et sans jeter un regard en arrière, le Maître Jedi pénétra dans la salle de cette prestigieuse assemblée des douze Jedi les plus sages de l’Ordre, laissant derrière lui un Lexan Horn quelque peu nerveux.
C’était la première fois que Lexan et son maître étaient véritablement convoqués par le Conseil. De toute évidence, on allait leur confier une mission, et Lexan était excité à l’idée d’en découvrir la teneur. Il avait travaillé dur pour devenir ce qu’il était aujourd’hui.
D’origine Corellienne, Lexan avait, comme la plupart de ses pairs, une nette tendance à la rébellion, et à défier l’autorité. Il s’était plusieurs fois mis dans des situations périlleuses, ce qui lui avaient valu quelques petits ennuis avec Dama’fey par la suite. Heureusement pour lui, il s’était assagi avec le temps, et était, au prix de nombreux efforts, devenu patient. Désormais, il réfléchissait plus que de coutume avant de se lancer dans l’action, pour le grand plaisir de son maître, qui ne tarissait pas d’éloges sur le talent de son apprenti.
Lorsque Lexan Horn pénétra à son tour dans la salle du Conseil, il ne fut pas surpris de voir que les Maîtres étaient déjà présents. Installés dans de confortables fauteuils, leur visage semblait serein.
Etonnant, pour des créatures dont les responsabilités sont aussi grandes que la galaxie elle-même !, pensa Horn. Il fut interrompu dans ses pensées lorsque Maître Meror O'Lakk, assis à sa droite, prit la parole :
« Jedi Dama’fey, apprenti Horn. Nous vous attendions. Maintenant que vous êtes présents, nous pouvons commencer. »
« Vous n’êtes pas sans savoir que des troubles récents sont apparus récemment dans le Secteur 6. D’après nos informations, plusieurs attaques terroristes ont eu lieu sur Dubrillion il y a moins de 36 heures standard. » poursuivit Shan Me.
Le Bothan Dama’fey anticipa la demande de ses supérieurs : « Désireriez-vous que nous nous chargions de cette affaire, Maîtres ? »
Meror O'Lakk qui avait prit la parole en premier répondit de sa voix mélodieuse: « C’est exactement ce que le Conseil désire. Rendez vous sur Dubrillion, et enquêtez sur ces troubles. »
« Soyez prudent, nous ignorons tout de l’identité des coupables » ajouta Maître Shana, une Falleen.
« Que la Force soit avec vous deux » acheva Maître Horn’y.
« Merci, Maîtres, que la Force soit avec vous », répondit Dama’fey en s’inclinant respectueusement, de même que son apprenti. « Il en sera fait selon les ordres du Conseil. »
Une fois sorti, Dama’fey ordonna à Horn d’aller se renseigner autant qu’il le pouvait aux archives du Temple, sur ce groupe terroriste, pendant que lui-même irait ordonner la préparation de leur vaisseau. « Et n’oublie pas, ajouta le Bothan. Ne néglige aucune information. J’ai vu de nombreux plans échouer à cause d’une mauvaise préparation. Il est inutile de te dire que je veux éviter que cela nous arrive. » Lexan Horn hocha la tête. « Oui, Maître. Bien entendu »
Pendant que son maître se dirigeait vers les hangars du temple, Lexan, quant à lui, entreprit de se rendre à la bibliothèque Jedi.
Dans la bibliothèque, s’affairait une humaine, assez jeune. Occupée à étudier sur un terminal d’ordinateur, elle ne vit pas arriver un apprenti un peu plus âgé qu’elle. Lorsqu’elle leva les yeux de son terminal, un sourire illumina le visage de Clohé Kjynn qui se mit à rougir, avant de se forcer à se contrôler, sans succès. Elle détourna le regard quelques secondes, le temps pour elle de reprendre ses esprits, puis refit face au jeune Corellien. « Ah Lexan… Euh… Quelle bonne surprise ? Qu’est ce que tu viens faire ici ? On te voit plus souvent étudier la maîtrise du sabre que l’Histoire et la géopolitique. »
Alors que Lexan commençait à lui répondre, lui expliquant le pourquoi de sa venue ici, il se rendit très vite compte que son interlocutrice ne l’écoutait pas vraiment. Horn savait qu’il déstabilisait la jeune fille à chaque fois. Et à vrai dire, il prenait un malin plaisir à la déconcerter le plus souvent possible. Il n’était pas véritablement attiré par Clohé. Elle n’était pas vraiment son genre. Il aimait juste s’amuser un petit peu à ses dépends.
« Clohé ? Houhou Clohé, tu m’écoutes oui ou non ? » demanda Lexan, tout sourire en prenant une pose un petit peu déconcertante pour la jeune fille. Celle-ci répondit rapidement. Trop rapidement pour quelqu’un qui ne suivait pas vraiment ce que venait de dire son interlocuteur. « Oui, oui, bien sûr que je t’écoutais » déclara-t-elle vivement en rougissant de plus belle. « Mais euh… excuse moi, je réfléchissais à mon étude sur le contexte politique qui a précédé la paix entre la Nouvelle République Galactique et les Vestiges de l’Empire Galactique, improvisa-t-elle. Un devoir que m’a donné Maître Heda. Mais je ne trouve pas grand-chose sur cette période, les archives d’avant la guerre contre les Vong ont presque toutes été détruites. » maugréa la jeune fille.
« Bon eh bien, je vais te laisser à tes devoirs. Bonne chance quand même ! » annonça Horn qui commençait à s’éloigner, tout sourire en repensant à la tête de la jeune fille lorsqu’il s’était rapproché d’elle.
Quelques heures plus tard, alors qu’il étudiait les renseignements qu’il avait obtenus concernant Dubrillion, Lexan fut rejoint par son Maître, qui lui annonça que tout était fin prêt à leur expédition dans le Secteur 6. « As-tu trouvé ce qu’il nous fallait ? » s’enquit le maître Jedi. « Oui Maître, j’ai réussi à obtenir quantité d’information qui nous seront profitables, j’en suis sûr. Je pense qu’on peut y aller, désormais. »
Vaisseau consulaire Jedi, hyperespace
Alors que leur vaisseau consulaire voyageait dans l’hyperespace, les deux Jedi méditaient dans leur cabine. Horn tentait de déchiffrer les murmures de la Force, lorsqu’il eut une vision.
Une femme se tenant dans une pièce immense, son étincelant sabre laser au poing. Une masse de corps s’engouffrant entre les battants d’une porte imposante. Un homme dégainant son blaster, regardant la multitude depuis un balcon. La foule hurlante déferlant sans but déterminé. Un tireur d’élite dissimulé sur un toit, ajustant la visée de son fusil. Puis ce fût le néant.
Lexan ouvrit les yeux, en sueur.
Quelle étrange vision… Je ferais mieux d’en parler à Maître Dama’fey. Après avoir rejoint son mentor, et lui avoir fait part de sa vision, Horn ajouta : «Je suis persuadé que la femme au sabre laser était l’ancienne Jedi Organa Solo, sœur de l’illustre Luke Skywalker. »
« Comment ?, s’étrangla Dama’fey sous le coup de la stupeur. La Force aurait induite une vision de ce qui s’est passé il y a plusieurs siècles ? Etrange, en effet. »
« Comment était-ce, Maître ? Je veux dire…, enchaîna Horn avec embarras. Vous êtes Bothan, et je sais que Bothawui a été très impliquée dans la crise de cette époque. »
Le Maître Jedi réfléchit quelques instants, puis soupira, sa fourrure ondulant sur son visage.
« Je l’ignore. Ou plutôt, le peuple Bothan tente d’oublier cette crise, qui s’avéra désastreuse pour son histoire. Ainsi que la cause de cette crise... » Il s’arrêta quelques instants, plongé en pleine réflexion, avant de poursuivre : « Mais si la Force t’a montré cela, tu es en droit de savoir ce qui s’est passé. Tout commença peu après l’ascension de Palpatine au rang d’Empereur. Camaas, la planète d’un peuple pacifique aujourd’hui presque disparu, a été victime d’un complot. Alors que les forces impériales se préparaient à l’assaut de la planète, un groupe de Bothans, manipulés par l’Empereur, sabota le bouclier planétaire. Ce fut un horrible massacre. Pas une créature vivante à la surface n’en réchappa. Les seuls Camaasi qui survécurent furent ceux qui étaient absents lors du drame. Grâce à la Force, les ancêtres de Maître O’Lakk survécurent, permettant à l’Ordre d’avoir cet éminent membre aujourd’hui. »
« Par la Force ! » Lexan venait de prendre conscience de l’ampleur du carnage. Une planète ravagée, une espèce vouée à disparaître… « Est-ce que Maître O’Lakk vous a déjà parlé de cela, Maître ? »
« Non, jeune apprenti. Je n’ai jamais eu l’occasion d’aborder le sujet avec lui. Je sais qu’il est idiot de penser qu’il éprouve du ressentiment, mais à vrai dire, le peuple Bothan ne s’est jamais vraiment pardonné totalement ce désastre. Mais, Maître O’Lakk est un Jedi. Il n’a pas le droit d’éprouver de la colère, et en un sens, c’est bien mieux pour tout le monde »
Lexan eut l’impression que son Maître se servait de cette excuse pour excuser son manque de courage. Mais après tout, de nombreuses années avaient passé, et il était inutile de ressasser les malheurs du passé.
Le Bothan poursuivit : « Mais l’Histoire ne s’arrête pas là. Bien des années plus tard, une crise politique majeure éclata, divisant la République en deux. D’un côté, se trouvaient tous les peuples qui souhaitaient que la totalité des Bothans paient pour les agissements de quelques uns. De l’autre, on trouvait tous ceux qui refusaient que l’intégralité du peuple Bothan souffre. Comme à chaque fois lorsque deux camps s’opposent, la situation empira. Un groupuscule sabota les boucliers planétaires bothans, et les vaisseaux en orbite entrèrent dans une guerre civile… »
Lexan Horn, troublé d’apprendre tout ceci, prit la parole. Il lui paraissait inconcevable que les Jedi de l’époque ait laissé une situation se détériorer à ce point.
« Comment auraient dû agir les Jedi ? Il devait bien en avoir, à cette époque ! »
Dama’fey fut surpris d’entendre cette question. « Eh bien, finit-il par dire, je suppose que les Jedi auraient empêché le sabotage des boucliers bothans. En tout cas, c’est ce que j’aurais essayé de faire... Mais ceci est le passé, jeune apprenti. Concentre-toi sur le présent, et uniquement sur lui. Si cela peut te rassurer, je ne pense pas que les Jedi auraient pu faire quoi que ce soit. »
Cette dernière phrase coupa le souffle au jeune Corellien. Lui qui était tellement sûr des Jedi, tellement confiant en leur capacité et leur jugement, ne pouvait admettre qu’ils aient laissé une telle atrocité se produire. Sans un mot, il rejoignit sa cabine, et se remit à méditer.
Que pouvait bien signifier cette vision ? Il n’en savait strictement rien. Il plongea un peu plus dans la Force, et entrevit un début de réponse. Son maître lui avait dit qu’Organa Solo s’était retrouvée en pleine émeute, alors que son but était seulement de rencontrer les chefs de clans bothans. Une mission simple, qui s’était passablement compliquée en un rien de temps.
Ca pouvait ressembler à sa propre mission à lui. Cette escapade commençait relativement bien, lui et son maître n’avait rencontré aucun souci. Mais l’instinct du jeune homme lui souffla que c’était le calme avant la tempête.
Ainsi cette vision n’avait alors d’autre but que de lui montrer que rien n’était jamais facile, et que la plus simple des missions pouvait virer au cauchemar. Lexan ne se laissa pas démonter pour autant. Il ferait tout pour atteindre son objectif. Il était un Jedi. Apprenti encore, certes, mais un Jedi tout de même. Et grâce à la Force, il pourrait venir à bout de toutes les surprises que lui réservait cette mission. Il n’échouerait pas. Il n’en avait pas l’habitude, et ce n’était certainement pas maintenant qu’il allait commencer !
Dubrillion, Secteur 6
Dubrillion possédait de nombreuses villes, avec de très hautes tours, ce qui laissait certains voyageurs exagérer en affirmant que Dubrillion était une mini Coruscant. Comme dans toutes grandes villes, il existait des quartiers d’affaires, où il était possible de se balader sans rencontrer de problème, et les autres quartiers. Dama’fey décida de commencer l’enquête dans un des nombreux quartiers pauvres de la cité. Lorsque son apprenti lui demanda la raison d’une telle décision, Dama’fey lui répondit : « Voyons, jeune apprenti, je te croyais plus malin que cela… Crois tu vraiment que nous trouverons les informations que nous cherchons dans les quartiers riches, où la sécurité est beaucoup plus renforcée que dans les quartiers défavorisés ? Et puis, ajouta le Bothan l’air absent, la Force me souffle de commencer à chercher dans ces quartiers. »
Cela faisait maintenant une heure standard que Lexan et son maître arpentaient les ruelles de la ville, à la recherche de renseignements. En vain. Après s’être séparés pour être plus efficace dans leur recherche, Dama’fey et Horn avaient prévu de se retrouver dans un bar miteux de cette partie de la ville, dont le nom de
Morpion Fumant, ce qu’ils firent.
Accoudés au bar, Dama’fey interrogeait le droïd serveur, lorsque Horn le rejoignit. « Rien de mon côté, Maître. Il serait plus judicieux de continuer nos investigations dans un autre quartier de la ville, qu’en dites-vous ? » Le Bothan lui répondit après deux secondes de réflexions : « Je dis que tu devrais être un peu plus attentif à la Force, jeune apprenti. La Force m’a montré que c’est dans ce quartier que nous trouverons ce que nous sommes venus chercher. C’est donc ici que nous resterons. Tiens, nous avons de la compagnie. »
Pendant qu’il parlait, un groupe de Trandoshéens s’étaient approchés, l’air menaçant. Ils étaient environs une vingtaine, et trois d’entre eux portaient une sorte de branche sur le dos.
Des ysalamaris, pensa Horn.
Ca va se jouer serré.
« Vermine Jedi, cracha celui qui semblait être le chef. Vous pensiez vraiment que vous pointer ici suffirait à nous faire peur ? Vous pensiez vraiment qu’en vous voyant apparaître, nous autres Trandoshéens allions prendre nos jambes à notre cou ? Vous êtes encore plus idiots que ce qu’on raconte ! » Les autres Trandoshéens ricanèrent, mais n’éloignèrent pas pour autant les pattes de leur blasters. Le chef fit signe à un de ses compagnons d’approcher, puis lui dit : « Va prévenir le baron que tout est prêt. On s’occupe de nos deux gêneurs, puis on finit le boulot. » Puis, s’adressant à sept autres Trandoshéens : « Vous là… Allez au lieu de rendez-vous, et commencez l’opération. On vous rejoint dès que je me serais occupé de cette vermine ! »
Dama’fey s’interposa, confiant : « Pas si vite, mes amis. En tant que représentant de la Justice et du Conseil Jedi, je vous place en état d’arrestation. Veuillez déposer vos armes je vous prie. »
« En état d’arrestation, hein ?, renifla le Trandoshéen avec dédain. Mes armes ? Je vais les déposer. Une fois que je t’aurais refroidi ! » hurla-t-il en se jetant sur le Bothan. Ce dernier esquiva à la dernière minute, puis assena un puissant coup de coude dans le dos de son adversaire, l’envoyant s’effondrer sur une table avoisinante. C’est à ce moment précis que choisit Horn pour se jeter dans la mêlée. Activant son sabre, il entreprit de désarmer les Trandoshéens. Même s’il était coupé de la Force sous l’effet des ysalamaris, il restait un combattant émérite, et en l’espace d’une dizaine de seconde, deux lézards gisaient sur le sol.
Alors que le chef des Trandoshéens se relevait pour affronter Dama’fey, les autres agresseurs se mirent à ouvrir le feu sur Lexan, qui plongea derrière le bar pour se mettre à couvert, laissant son maître dans une fâcheuse posture. Les Trandoshéens portant les ysalamaris s’étaient brièvement éloignés pendant l’altercation, afin de mettre au point un plan d’attaque. Heureusement pour nos deux Jedi, ils se trouvèrent un instant hors de la bulle anti-Force, ce qui permit à Dama’fey d’ordonner à son apprenti de se lancer à la poursuite des sept Trandoshéens chargés de l’exécution de l’opération. « Ne t’en fais pas pour moi, le rassura-t-il. Va, et arrête ces bandits » A peine avait-il achevé cette pensée que la bulle anti-Force englobait toute la zone de bataille, et le força à focaliser toute son attention sur son combat à mains nues avec le chef des reptiles.
Lexan, profitant du chaos ambiant, parvint à sortir à l’insu des Trandoshéens persuadés qu’il se terrait tel un lâche. Une fois à l’extérieur, et donc hors de la zone d’effet des ysalamaris, Lexan projeta la Force, et étendit ses perceptions. A quelques centaines de mètres de l’endroit où il se trouvait, il perçut une onde de peur et de détresse, ainsi qu’une volonté de faire souffrir. Parallèlement à cela, il perçut également, dans la direction opposée, un sentiment d’excitation typiquement trandoshéen, et une très puissante colère.
Il repensa à la vision qu’il avait eue en venant, et constata que tout n’était jamais vraiment simple. La situation était devenue quelque peu hors de contrôle. Lui, Lexan Horn, apprenti Jedi promit à un brillant avenir dans l’Ordre, venait de prendre conscience que tout ne pouvait aller comme on le souhaitait.
Pour la première fois de sa vie, Lexan fut la proie du doute. Pour la première fois de sa vie, Lexan Horn ne savait que faire. Devait-il aller poursuivre les Trandoshéens, alors qu’ils ne menaçaient personne directement, ou bien devait-il secourir ces quelques individus qui nécessitaient une aide
immédiate ? Au fond de lui-même, Horn était persuadé qu’en laissant filer les Trandoshéens, il mettait en jeu la vie de plusieurs milliers d’individus. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à ignorer cet appel à l’aide. Souhaitant trouver une solution rapidement grâce à la Force, il fit appel à elle, espérant que sa puissante alliée lui soufflerait la bonne marche à suivre. A son grand désarroi, il ne perçut rien. Pas la moindre trace d’indice.
Pile au bon moment ! Génial ironisa-t-il.
Se fiant à sa conscience, qui lui dictait de ne pas laisser des individus à la merci de leur bourreau, Lexan se mit à courir vers le lieu où il avait senti la première perturbation dans la Force.
Arrivé dans la ruelle d’où émanait ce qu’il avait perçu, il constata qu’un groupe d’individus de plusieurs espèces (de l’Ithorien, à l’Humain, en passant par le Gotal) était tenu en joue par une bande d’hors la loi, prêts à les dépouiller.
Cette fois, ça passe ou ça casse. Et le temps joue contre moi… Génial ! Puis, après s’être raclé la gorge, il saisit son sabre laser, sans toutefois l’activer, et lança à l’adresse des bandits :
« On m’avait toujours dit que traîner dans un coin pareil pouvait attirer des ennuis. A l’évidence, ce sont des ennuis pour les imprudents. »
Bien… Si je les fais perdre leur sang froid, ils m’attaqueront, et on en finira beaucoup plus vite !
Un membre du groupe de voleurs s’approcha à une dizaine de pas du jeune Jedi. Petit, le crâne rasé, il arborait une barbe qui descendait jusqu'à sa poitrine. Il avait l’air vif. « Et que nous vaut l’honneur de recevoir la visite d’un Jedi ? » demanda-t-il d’un ton ironique. « Peut-être voulez-vous vous joindre à nous » nargua le petit être chauve en s’inclinant bien bas, provoquant ainsi les rires de ses acolytes.
Lexan, qui savait ne plus avoir de temps à perdre, répondit d’un ton roide : « Ce qui m’amène, ce sont les ordures dans votre genre. » Il activa son sabre. « Veuillez déposez les armes, et personne ne sera blessé. Vous pourrez même filer, si le cœur vous en dit, mais je serais moins clément si je vous revois. Choisissez, et agissez ! »
Les voleurs, qui devaient être au nombre de douze, ricanèrent, et, au lieu de déposer les armes comme il leur avait été suggéré, choisir l’affrontement. Le petit chauve déclara à l’adresse des autres : « Réglez-vos blasters sur Paralysant. Il parait que les Jedi sont très appréciés de certains seigneurs du crime. Ou plutôt de leur bestiole de compagnie ! »
Zut… Je ne pourrais pas renvoyer leur tir si ce sont de simples paralysants. Que la Force me vienne en aide..
Puis l’apprenti Jedi Lexan Horn s’élança.
Le petit chauve qui se tenait sur son chemin vit son bras se découper de son corps au niveau de son épaule. Quand ledit bras toucha le sol, Horn était cinq mètres plus loin, occupé à sauter, à virevolter, esquivant comme il le pouvait les douzaines de rayons paralysants qui convergeaient vers lui. Une tornade d’une couleur bleutée s’abattit sur les douze mercenaires. Lorsqu’il se retrouva au beau milieu du groupe, ses adversaires hésitèrent à ouvrir le feu, ne voulant pas prendre le risque d’étourdir un collègue. Lexan mit à profit ses quelques centièmes de secondes pour mettre en morceau quatre des blasters pointés sur lui, et à l’aide de coups secs et précis, il frappa trois de ses adversaires, les envoyant au tapis. D’un geste vif de la main, il tenta d’envoyer une onde de Force. Se souvenant que sa famille était peu douée pour la télékinésie, Lexan esquiva pour le mieux les coups qui pleuvaient sur lui. Il en reçu plusieurs, mais ripostait lorsqu’il en avait l’occasion, assommant de ce fait à nouveau quatre adversaires. Lexan n’utilisait pas son sabre, bien que ce dernier eût été activé. Il n’en avait pas besoin, et il ne voulait pas tuer ses adversaires.
Il en reste quatre, et désarmés. Ca, c’est plus dans mes cordes !
Puis il sauta, pour se retrouver un peu plus loin, à quelques mètres du petit chauve occupé à tenir son moignon. Horn commençait à se détendre. Il n’avait pas oublié sa principale mission, mais là, à cet instant précis, il était dans son élément. L’action. Voila ce qui manquait à certains Jedi. Lui, il prenait plaisir à agir. D’une certaine manière, cela lui permettait de se détendre. Il avait l’esprit clair, beaucoup plus réceptif à la Force.
D’un geste désinvolte, il désactiva son sabre laser, et l’accrocha à la ceinture de sa tunique. Puis, souriant à ses quatre adversaires, il se mit en position de combat, selon une antique forme d’arts martiaux qu’il avait étudié au Temple. Les quatre hommes se consultèrent d’un regard, puis d’un commun accord, s’élancèrent vers le Jedi. Lexan attendit qu’ils soient à moins de trois mètres pour agir.
Sautant au dessus des mercenaires, il se réceptionna habilement derrière l’un deux, puis l’assomma d’un geste précis au niveau du coup. Un coup de pied bien placé de la part d’un mercenaire lui fit perdre l’équilibre, mais Horn parvint à entraîner un autre dans sa chute, et l’envoyer voler contre le mur avoisinant. Il restait donc deux adversaires face à lui. Se relevant sans peine, il envoya un puissant coup de poing à la mâchoire d’un agresseur. Il sentit les os de sa main craquer, mais ignora la douleur. Il s’en occuperait en temps voulu.
Les deux mercenaires, voyant qu’ils ne pourraient gagner contre un adversaire pareil, prirent la sage décision de prendre leurs jambes à leur coup.
Savourant un court instant sa victoire, Lexan sentit un étrange picotement dans le bas du dos. Faisant volte-face, il constata que le chauve se tenait face à lui, blaster levé.
Résister… Je dois… résister… Ne pas… s’évanouir. Avant de s’écrouler sur le sol, il perçut un rayon rougeâtre fondre sur le chauve, lui trouant littéralement la poitrine. Puis Lexan sombra dans l’inconscience.
Lorsqu’il revint à lui, sa première réaction fut de vouloir se protéger de la personne qui se penchait vers lui.
« Calmez-vous, Jedi. Vous avez été touché par un tir paralysant. Laissez-moi vérifier que vous ne vous êtes pas blessé dans votre chute » dit une voix au ton étrangement apaisante.
Horn plissa les yeux, et découvrit qu’un Ithorien l’examinait. Tentant tant bien que mal de se redresser, il grimaça de douleur lorsqu’il s’appuya sur sa main qui avait si violemment assommé un mercenaire.
« Apparemment, vous n’avez rien. Je ne sais pas comment mes compagnons et moi pouvons vous remercier de nous avoir aidé » poursuivit la voix de celui que Lexan baptisa « Tête de Marteau ».
Pour seule réponse, Horn demanda : « Combien de temps ? Depuis combien de temps suis-je évanoui ? ». Pour la première fois depuis son réveil, Horn regarda autour de lui. Il constata qu’une jeune humaine, charmante de surcroit, s’était agenouillée près de lui. Son instinct reprenant le dessus, il ne put s’empêcher de lui adresser un sourire qui se voulait des plus charmeurs. L’humaine lui sourit en retour, et alors que Lexan s’apprêtait à lui demander son nom, l’Ithorien lui répondit d’une manière rassurante : « Vous êtes tombé il y a moins de trente minutes standard. D’habitude, ceux qui subissent un tir de paralysant sombrent dans l’inconscience pendant plusieurs heures. Il faut croire que vous n’êtes pas un individu normal, Jedi ».
Trente minutes ? Par la Force, j’espère qu’il n’est pas trop tard…
Constatant que la jeune fille le fixait intensément, Lexan lui sourit une nouvelle fois. La jeune fille commença à lui parler, lui demandant son nom, d’où il venait, depuis quand il était un Jedi. Horn entreprit de lui répondre, bombant légèrement le torse. Il ne pouvait s’empêcher de vouloir l’impressionner. C’était son caractère. Une dizaine de minutes passèrent pendant lesquelles Lexan resta assis par terre, à converser avec la jeune humaine. Puis, réalisant qu’il perdait du temps, il se releva rapidement, et après avoir lancé un « Au revoir, et merci pour tout », accompagné d’un sourire plus que chaleureux, Lexan projeta la Force, essayant de repérer les Trandoshéens. Lorsqu’il fut à peu près certain de l’endroit où ils se trouvaient, il se mit à courir, faisant appel à la Force pour soulager ses muscles quelques peu endoloris. Il courait depuis environ cinq minutes, et sondait régulièrement la Force, afin de vérifier que les lézards ne se déplaçaient pas.
Puis une intense vague d’émotion déferla sur lui. Dure, froide, lourde de terreur. La souffrance était également grandement présente. Sentant que les Trandoshéens étaient parvenus à leur fin, il puisa plus profondément dans la Force, et accéléra autant qu’il le put.
Lorsqu’il arriva sur la place principale de la ville (qui regroupait plusieurs bâtiments gouvernementaux), environ une vingtaine de minutes plus tard, une vision d’horreur s’offrit à lui. L’imposant édifice face à lui était en flamme, et de nombreux individus de toutes espèces sortaient en courant, l’air affolé, couverts de sang et de poussière. Horn mesura à cet instant précis l’étendu de son échec. Parmi la foule, il aperçut son maître, qui commençait à prodiguer des soins à ceux qui en avaient besoin, en attendant les équipes de secours.
Puis sans attendre, Horn se mit à imiter son maître, espérant venir en aide à ceux qu’il pouvait, à défaut de n’avoir pu sauver tout le monde…
Vaisseau consulaire, hyperespace
Le vaisseau filait vers Coruscant. Depuis le début du voyage, Lexan restait cloitré dans sa cabine, à ruminer de sombres pensées. Lorsqu’il avait écouté les informations sur le réseau planétaire, le dernier bilan faisait état de deux milliers de victimes au moins, dû à l’effondrement du bâtiment.
J’aurais pu empêcher ce massacre. J’aurais DU empêcher ce massacre…
Bien entendu, les Trandoshéens leur avaient filé entre les doigts. Dama’fey était parvenu à gagner son duel face au leader des agresseurs. Voyant que leur chef ne se relèverait pas de sitôt, les autres avaient filé sans demander leur reste. Malgré cela, Dama’fey lui-même n’avait pu empêcher l’attentat.
Au bout du troisième jour de voyage, le Bothan rejoignit son apprenti dans sa cabine, afin de déterminer pourquoi il avait pu échouer dans sa tentative d’empêcher les Trandoshéens d’accomplir leur méfait.
Lorsqu’il fut mit au courant de la situation, Dama’fey ne prit pas la parole. Aucune remontrance, aucune remarque. Lexan savait que son Maître était bien plus déçu qu’il ne le laissait paraître. Cherchant à obtenir des réponses sur le rôle des Jedi, Lexan ne put s’empêcher de demander :
« Maître, que doivent faire les Jedi dans des situations pareilles ? Devons-nous venir en aide aux plus pressé, ou voir sur le long terme ? »
« Vois-tu, jeune apprenti, les Jedi se doivent de venir en aide au plus grand nombre. Par conséquent, dans le cas qui nous occupe, tu aurais dû te lancer à la poursuite de ces Trando. Cela aurait évité un désastre. »
Lexan savait que son maître pouvait se montrer dur. Néanmoins, l’entendre qualifier ainsi de désastre sa tentative d’aider tous ceux qu’il pouvait lui fit énormément de peine.
« Oui… Un désastre » répliqua Lexan. « Mais comment peut-on se qualifier de
bon Jedi, si nous nous coupons de la réalité ? Peut-on encore prétendre aider les nécessiteux si nous les laissons à leur triste sort pour nous préoccuper d’une cause plus
grande ? »
« Bien entendu, Lexan. Se mettre au service d’une noble cause revient à aider les nécessiteux, comme tu le dis si bien. »
« Maître, vous ne comprenez pas », répondit Horn qui commençait à perdre patience. « Ce que je demande est la chose suivante : faut-il privilégier les actions immédiates, et tenter de minimiser les conséquences néfastes par la suite, lorsque ces dernières apparaissent? Ou bien nous faut-il accepter que certains souffrent pour atteindre nos objectifs ? »
« Jeune apprenti, tu me déçois profondément. », déclara solennellement Dama’fey, sa fourrure ondulant légèrement sur son visage. « Je pensais qu’après toutes ces années à étudier avec moi, tu aurais compris ce que signifiait venir en aide aux autres. Crois-tu sincèrement qu’aider un individu dans l’immédiat lui rend service ? Qu’est ce qui te dit qu’en l’aidant de cette manière, tu ne le rends pas dépendant des forces de sécurité ? Non… Crois en mon expérience, jeune apprenti. Ce que tu as fait ne signifie pas aider quelqu’un. Pour preuve, tu as laissé mourir plus d’innocents que tu n’en as sauvé. »
« Maître, vos propos m’effraient. Les Jedi sont les gardiens de la Justice. Comment pouvons-nous être justes si nous nous coupons du peuple ? », insista Lexan.
« Tu apprendras avec le temps que les Jedi ne sont pas chargés d’être justes, jeune
apprenti » répliqua Dama’fey, en insistant bien sur ce mot. « Le Conseil se charge d’être juste. Il prend les décisions, et nous, nous exécutons ses ordres. »
« Justement Maître ! » s’emporta Lexan Horn, qui se rendait compte qu’il ne pouvait avoir gain de cause face à un interlocuteur aussi têtu. « Comment peuvent-ils déterminer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas ?! Je sais pertinemment qu’ils sont sage, et plus en phase avec la Force que je ne le suis. Mais tout le contrôle de la Force ne peut remplacer l’expérience sur le terrain. Tout le contrôle de la Force ne peut aider à déterminer comment aider au mieux, tant qu’ils n’ont pas
vécus comme ceux que nous sommes censés aider et protéger. »
« Effectivement, Lexan. Comme tu le dis, ils sont plus en phase avec la Force que tu ne le seras sans doute jamais. La Force est la vie. A partir de là, ils peuvent prendre les décisions qui s’imposent. »
« Maître, je ne comprend pas. Le Conseil est rarement au contact de la population. Bien que de nombreux Jedi tentent de faire leur possible, c’est aussi pour cette raison que la population devient de plus en plus méfiante à notre égard. N’est-ce également pas pour cela que l’Ordre a maintes fois failli être annihilé ? »
« Puisque tu en viens aux exemples, jeune apprenti, donnons-en ! D’après les archives, si Coruscant est tombé lors de la guerre contre les Vong, c’est parce qu’un imbécile a décidé d’épargner les vaisseaux de réfugiés derrière lesquels se terraient les Vong ! Ne penses-tu pas qu’il aurait mieux valu pour tout le monde de les sacrifier, pour la sauvegarde de la planète, et remporter une victoire décisive ? »
« Mais la situation était différente » insista Lexan, qui ne partageait pas l’opinion de son mentor. « On espérait…. »
« Justement ! L’espoir ! Chose vaine réservée aux pauvres fous ! L’espoir n’est qu’un voile que nous nous mettons devant les yeux pour oublier la douleur et la souffrance de la réalité. Les Jedi n’espèrent pas ! Il faut vivre dans le présent, et ne pas avoir foi en l’espoir, qui ne peut que décevoir ! »
« Maître… » commença Lexan prudemment. « Vous dites qu’il nous faut vivre et agir dans le présent. Dans ce cas, pourquoi ne pas aider les nécessiteux de l’instant
présent ? »
Alors qu’il ne trouvait rien à répondre à cela, Dama’fey se leva brusquement et déclara : « Le capitaine m’attend sur la passerelle. En attendant, médite, et pense aux nombreuses victimes dont tu aurais pu éviter la mort, il y a quelques jours. »
Puis il laissa Lexan seul. Seul avec des questions. Seul, sans réponses. Juste des doutes.
De quelle manière devait agir les Jedi, Lexan l’ignorait. Mais il entendait bien le découvrir. Son maître pouvait se montrer borné, et pas assez entreprenant. Selon Lexan, Dama’fey limitait beaucoup trop ses aptitudes, car il n’osait pas agir par lui-même, étant sûrement trop habitué à se voir dicter sa conduite. Mais Lexan Horn, qui ne voulait en aucun cas devenir comme son maître, aussi limité dans ses aptitudes, se jura qu’il découvrirait de quelle manière les Jedi doivent agir, et qu’il ferait en sorte de tenir cette nouvelle ligne de conduite.
Oui, bientôt, je saurais quelle est la voie que les Jedi se doivent de suivre.
Puis il replongea en méditation, et il crut entendre une voix lui murmurer : « Fais confiance à la Force. Fais confiance à la Force… »
FIN
Ilu, qui espère que cette petite histoire vous a plu, et qui attend vos avis avec impatience!
Arrête de contempler les étoiles. Rejoins-les!