par Benje Socar » Mer 21 Juin 2006 - 12:10 Sujet: TROISIEME EPOQUE : Chapitre 13 - Partie 1
Chapitre XIII
L’Ultime Commandement
« La vie humaine est interrogation. Pourquoi ? Telle est la devise de l’humain. Il est celui qui peut comprendre la nature, il en discerne le fonctionnement même s’il n’en saisit pas toujours les desseins. Or c’est dans cette faille qu’il s’engouffre. Il a perdu de vue que le vrai pouvoir réside dans le Comment et non dans le Pourquoi. Cela, il doit le réapprendre chaque jour, à chaque instant : par sa science il peut contrôler un univers ; mais au moindre signe de faiblesse, c’est l’univers qui le détruira. Le Pourquoi est toujours une impasse, et toute stagnation est assurance d’une chute prochaine. »
Les Mémoires perdues
Les vaisseaux-astéroïdes semblaient indestructibles : leur coque aspirait les lasers sans aucun dommage, de même pour les torpilles. A l’inverse, même si la précision n’était pas le point fort de ces ennemis, leurs missiles de lave, qui réveillaient de terribles souvenirs dans la mémoire collective, étaient puissamment destructeurs : un chasseur n’avait guère de chance de survivre au-delà de trois coups au but. Il apparut aussi que les petits vaisseaux-astéroïdes étaient capables, à faible distance, d’avaler les boucliers protecteurs !
Les canaux de communication étaient saturés d’appels et de cris de soldats en détresse, complètement désorientés par cette technologie inconnue. De son côté, le Maître Jedi Cartos Fascina ne faisait plus qu’un avec la Force, la laissant guider ses mouvements pour gagner en rapidité, ses réflexes décuplés. Mais il était toujours incapable de percevoir l’ennemi, et encore moins d’anticiper ses attaques. C’était comme si les blocs de roche se mouvaient seuls, bien qu’il sache pertinemment que ce n’était pas le cas. Ils avaient affaire à d’étranges créatures extragalactiques qui pilotaient ces vaisseaux incroyables.
Une centaine de ces vaisseaux-astéroïdes étaient en action, presque deux fois plus que les chasseurs républicains. A cela il fallait ajouter la surprise qui en avait déstabilisé plus d’un et c’est presque naturellement que le combat tournait à l’avantage des premiers.
Sur son vaisseau amiral, Leo Spartakus demeurait interdit. Si les renforts n’arrivaient pas bientôt, la flotte ne serait plus que poussières dans quelques heures.
Bon sang ! Ils ne peuvent tout de même pas être invincibles !
En réponse à son agitation intérieure, un technicien analyste vint le rejoindre sur le pont principal. Les éclairs orangés illuminaient la scène de leurs lueurs fantasmagoriques. Les deux grands astéroïdes qui avaient surgi au début des combats demeuraient immobiles, spectateurs attentifs des combats. Leur rôle se limitait à empêcher toute retraite des républicains. Pour le moment.
« Monseigneur ! Nous pensons avoir trouvé la faille dans la conception de ces chasseurs ! »
Une fine pellicule de transpiration faisait ridiculement luire le front dégarni du petit bonhomme dans les explosions orangées lointaines.
« Je t’écoute, répondit Spartakus avec majesté.
- Apparemment, une sorte de puits gravifique, un mini trou noir, si vous préférez, protège la coque de ces vaisseaux. Ce sont eux qui absorbent nos rayons lasers.
- Un trou noir, dis-tu ?
- Oui. Mais d’après nos calculs, il est impossible qu’il couvre l’ensemble du vaisseau. Il doit être manœuvré de l’intérieur, un peu comme lorsque l’un de nos chasseurs répartit la charge de ses boucliers sur telle ou telle partie sensible de sa coque.
- Si deux chasseurs l’attaquaient de front, il ne pourrait pas couvrir les deux attaques ! comprit aussitôt le jeune prince.
- C’est la conclusion à laquelle nous avons aboutie, Monseigneur. »
Déjà Leo avait sauté sur son micro, informant les pilotes de cette découverte.
Le technicien s’était effacé, aussitôt remplacé par un officier qui avait surgi derrière son dos.
« Monseigneur, nous venons d’apprendre qu’une petite flotte vient de quitter l’hyperespace. Il semblerait que le Maître Jedi Brulus et le Grand Amiral Rogeredi soient à sa tête.
- Ils ne pouvaient pas mieux tomber. Informez-les immédiatement de la situation, et précisez-leur bien la découverte de nos analystes. »
L’officier paraissait gêné.
« Il y a un problème, Monseigneur. »
C’est étrange comme quand tout va mal il y a toujours un nouveau problème prêt à vous sauter à la gorge.
« Ils ont été éjectés de leur couloir de navigation bien avant la position qu’ils s’étaient fixés. Ils sont aux prises avec les deux mastodontes.
- Il nous faut leur porter secours immédiatement !
- Mais…
- Que le croiseur République nous accompagne après avoir dépêché la moitié de son escadron aux ordres de l’amiral Patrox. Il nous faut aussi trois canonnières.
- Bien, Monseigneur. »
Sans nul doute, pensait le militaire, la réaction prématurée de son chef les menait droit au suicide.
« Faîtes aussi décoller la navette d’infiltration et prévenez le Maître Fascina. Il saura quoi faire.
- Immédiatement, Monseigneur. »
La loyauté de l’officier avait déjà balayé tous ses doutes.
Si seulement tout pouvait être aussi simple !
A quelques centaines de kilomètres de là, une de nos vieilles connaissances, promue chef des armées rebelles, analysait la scène depuis le pont de commandement du Liberté.
« Tout ceci ne me dit rien qui vaille » souffla Rogeredi à son ami, le hobbit Giorgio Math.
Une effervescence extraordinaire régnait sur le pont du navire : des techniciens couraient çà et là, désemparés par la sortie brutale hors de l’hyperespace. Des blessés rejoignaient tant bien que mal l’infirmerie, d’autres erraient, hagards. Un escadron de chasseurs Faucons avait été envoyé en reconnaissance pour tenter de mieux cerner l’ennemi. Un brouillage de signal empêchait toute communication avec la flotte que l’on distinguait de l’autre côté des deux énormes astéroïdes.
Il avait fallu quelques minutes avant que les premiers tirs soient échangés. La moitié de l’escadron de reconnaissance fut détruite dès la première vague de boules de lave.
« Diable ! Nous voici revenus au temps des Nazguls !
- A ceci près, mon ami, qu’aucune de ces créatures diaboliques n’atteignait une taille équivalente à un superdestroyer… »
Une vingtaine de petits astéroïdes s’échappèrent du ventre du plus gros vaisseau, crachant aussitôt leur flot mortel.
« Maître Brulus ! Une idée quelconque à propos de ces extraterrestres ? » demanda Rogeredi au Jedi, qui dirigeait le destroyer de classe Victoire L’Etoile Filante.
L’autre mit quelques secondes avant de répondre.
« Quelque chose ne va pas. Ces extraterrestres sont invisibles dans la Force.
- Ce ne sont pas des droïdes ?
- Non, nous autres les Jedi sommes capables de sentir les droïdes dans la Force, même s’il est impossible de deviner leurs intentions. Ici, c’est autre chose : le vide absolu. »
Une attaque ennemie ébranla un instant le pont du Liberté. La communication fut rompue l’espace de quelques secondes.
« Je pense que nous avons intérêt de faire preuve d’une grande mobilité. Qui sait ce dont ses extraterrestres sont capables ? déclara Maître Brulus.
- Que la Force soit avec nous ! » conclut Giorgio Math, devançant son ami.
L’ivresse du vol spatial était à nouveau sienne, après des centaines d’années passées sur ce trou perdu de Middle Earth ! Simbadsic, ancien navigateur de la Guilde Spatiale, laissa une nouvelle pastille d’épice fondre sous sa langue, ouvrant son esprit sur l’infini de l’espace. Il voyait clairement la position des vaisseaux, calculait les déplacements, prévoyant tout quelques secondes à l’avance. La navette d’infiltration, spécialement conçue en vue de cet unique challenge, répondait au moindre de ses ordres. Derrière elle, le petit chasseur de Cartos Fascina avait enclenché le pilote automatique qui suivrait au millimètre près les déplacements de Simbadsic. Les deux vaisseaux allaient foncer à travers l’espace à une vitesse impossible pour tout être humain, grâce à la prescience du navigateur. Il s’agissait du parachuter une équipe au sol pour secourir Benje Socar et tenter de déstabiliser l’ennemi au maximum.
« Tenez vous prêts ! » dit Simbadsic de sa voix nasillarde.
Il espérait ne pas avoir à regretter la proposition des Républicains.
Il enclencha mentalement la commande de démarrage dès que le bon moment arriva. A bord de son chasseur, le Maître Fascina fut écrasé contre le dossier de son siège. L’espace autour de son cockpit semblait s’être dilaté, défilant à une vitesse propre à arracher l’estomac. Il ferma les yeux, essayant de rétablir un certain équilibre interne.
Je crois que c’est pire que la première fois où j’ai utilisé un Portoloin !
Soudain, le vaisseau fit un brusque écart et retrouva une vitesse normale, la course oblique.
J’ai été touché !
Le Jedi consulta son écran : il n’avait rien.
Mais alors…
La navette !
Il était toujours branché en mode automatique. La secousse n’avait été que la retranscription de ce qu’avait ressenti la navette d’infiltration ! La jungle de Phoenix IV se précipitait à l’encontre du chasseur.
Il était en train de s’écraser !
Cartos Fascina débrancha immédiatement la commande de vol automatique et reprit les commandes de son vaisseau. La navette, droit devant lui, poursuivait sa chute dans l’enfer émeraude. Quand il eut enfin réussi à se poser, le Jedi courut à travers la jungle jusqu’aux lieux de l’accident. Ce fut avec soulagement qu’il constata que la petite troupe d’infiltration était indemne. Mais ce n’était malheureusement pas le cas du vaisseau, bon pour la casse.
Quant à Simbadsic, son bocal de vapeur d’épice, qui l’avait maintenu en vie pendant tous ces siècles, s’était brisé dans l’accident.
Il savait bien qu’il n’aurait pas dû accepter l’offre des Républicains.
Il avait toujours eu horreur de ceux qui mouraient en héros…
* * *
Les deux silhouettes indistinctes s’affrontaient dans un chaos de lumières irisées par la tempête de poussière qui les suivait violemment, pas à pas. Les coups s’enchaînaient et s’entrechoquaient selon un rythme hiératique mais précis, gagnant en intensité au fur et à mesure que les deux combattants s’avançaient sur la corniche escarpée.
Les deux champions de la Force s’affrontaient, deux hommes qui avaient su échapper à la spirale du temps et maîtriser ses complexes schémas.
Aujourd’hui, l’un d’eux devait disparaître.
Pour toujours.
Une estocade rata de peu le Seigneur du mal.
« Impressionnant ! Benje Socar t’a bien formé. »
Un cri parmi tant d’autres, vite perdu dans la tempête.
Thomas-Leto puisait au fond de sa mémoire pour retrouver les sortilèges les plus anciens, d’antiques maléfices dont Voldtari ignorerait la parade. Mais l’Empereur était puissant. Plus puissant que ce que le garçon avait imaginé. Et pourtant, il vaincrait : la survie de l’humanité dépendait de ce duel.
Ce qui se passait sur Phoenix IV n’était qu’un simulacre de la scène qui se jouait ici, sur Mordor.
Un rocher se détacha soudain du flanc de la corniche, juste sous le pied de Thomas-Leto. Un instant déséquilibré, il manqua de perdre pied et sa concentration se brisa. Ce fut suffisant pour Voldtari : ces quelques secondes de battement lui avaient permis de découvrir la faille dans les nouveaux pouvoirs que le gamin avait acquis sur Arrakis.
Son corps.
L’eau lui était mortelle.
Aussitôt, l’Empereur bondit et disparut derrière une masse de rochers. Dans le même temps, il invoqua le Charadras, non pas contre le garçon mais quelques mètres au-dessus de sa tête. Thomas-Leto comprit trop tard la manœuvre de son adversaire et quand une boule de feu passa à quelques centimètres de la tempête de glace en formation, des centaines de gouttelettes brûlantes mordirent férocement sa chair, piques acérées enduites de poison. Le souffle lui manqua et sa vision s’obscurcit le temps qu’il puisse reprendre ses esprits et invoquer la Force pour s’en faire un manteau. D’un simple hochement de la tête il transforma les gouttes en autant de poignards qu’il lança contre Voldtari.
Et le duel reprit de plus belle.
Autour d’eux, des éclairs commencèrent à zébrer l’espace et les vents se déchaînaient chaque seconde un peu plus.
Le cœur de la Tempête Coriolis arrivait sur eux.
Des clones Jedi. Par centaines. Surgis de nulle part, sabre-laser au poing.
Mudir n’en croyait pas ses yeux.
Il n’y avait pas cinq minutes, les Fremen sortaient victorieux de leur affrontement contre les orques, et voilà maintenant qu’une nouvelle armée s’échappait des entrailles du Mordor, invincible celle-là !
Il ne restait plus qu’un seul espoir.
Le Démon du désert.
Si leur dieu n’intervenait pas, ils étaient morts.
Mais où était-il à présent ? La tempête avait dressé un mur infranchissable pour tout être vivant.
J’ai foi en mon dieu.
Tout ce qu’il entreprend ne peut être marqué que du sort de la réussite car sa vision englobe le Temps.
Il viendra nous sauver, quand le moment sera venu.
S’il n’est pas là, c’est que nous pouvons survivre seuls.
Pour l’instant.
En quelques cris, Mudir rassembla ses hommes autour d’un cercle de taille moyenne. Les Jedi Noirs attendaient, visiblement amusés. Posément, le Fremen sortit de son barda un générateur de champ de protection de sa fabrication qu’il plaça au centre de la formation. Il patienta quelques instants, le temps que les Jedi comprennent ce qui se passait sous leurs yeux, avant d’actionner l’appareil.
Aussitôt les adeptes du Côté Obscur s’élancèrent, mais le puissant champ d’énergie stoppa leur course.
Il ne restait plus aux Fremen que l’attente : soit leur Maataï allait revenir les sauver, soit les Jedi Noirs auraient raison des forces du générateurs et tous seraient massacrés.
Mais le Maataï reviendrait.
Cela était écrit…
Il ne voyait plus rien. N’entendait plus rien.
Tout n’était plus que chaos indescriptible au cœur de la tempête. Thomas-Leto ne se fiait plus qu’à la Force pour repérer Voldtari et diriger ses coups. Tous deux étaient infatigables, et chacun possédait des atouts hors du commun : Thomas-Leto, son corps d’une robustesse et d’une rapidité inégalables, ainsi qu’une pratique du duel plurimillénaire ; Voldtari, toute la rage du Côté Obscur, et surtout son nouvel Anneau de puissance qui lui permettait de pénétrer l’esprit du garçon pour retourner ses armes contre lui.
Cependant, l’Empereur commençait à douter : la transformation de Thomas-Leto faisait de lui l’égal d’un dieu, libéré de la dualité du Bien et du Mal, du Lumineux et de l’Obscur, capable de prévoir l’avenir aussi parfaitement qu’il connaissait le passé et percevait le présent. Impossible de le corrompre. Impossible de le vaincre.
Une rage nouvelle redoubla dans le cœur de Voldtari quand une pluie acide commença à les gifler de plein fouet. Le manteau de Force usait de leur énergie au combat. Cependant, l’humidité de l’air mettait Thomas-Leto au supplice, écorchant sa trachée à chaque inspiration.
Les deux adversaires ne voyaient plus où ils posaient les pieds et à tout moment le gouffre risquait de les engloutir. Leurs oreilles commençaient à siffler sous les multiples coups assénés par l’orage qui grondait au-dessus de leur tête tandis qu’ils croisaient le fer selon une cadence ahurissante.
« Vous ne pouvez pas gagner, Voldtari !
- Si tel est mon destin… »
Ce fut l’unique dialogue que laissa filtrer la tempête.
Hors les éclats de sabre, on n’entendait rien d’autre qui ne fût le fracas du vent contre la roche.
Soudain, la foudre frappa tout prêt, manquant de les toucher. Voldtari se servit de cette énergie comme d’un amplificateur et décupla la puissance de ses sortilèges l’espace de quelques secondes, obligeant Thomas-Leto à battre en retraite. La pluie continuait de les marteler, plus violente que jamais. Le terrain commençait à devenir boueux et malgré la protection de son bouclier de Force, le garçon glissa en arrière.
Tout comme le désirait Voldtari : une petite poussée mentale suffit à précipiter son petit-fils par-dessus la corniche !
Un bruit sourd lui parvint derrière la tempête, et la Force se tut.
Un nouvel éclair vint déchirer le sol, obligeant l’Empereur à faire un brusque écart.
Ecart qui le plaça tout juste dans l’angle d’attaque du garçon !
« Comment est-ce possible ? »
Un instant, il avait disparu de la Force, et le voilà soudainement partout, devant et derrière lui, sur ses côtes !
Nul endroit où il ne sentait sa présence !
Cette multiplication le déstabilisa suffisamment pour que le Rictus Sempra l’atteigne de plein fouet, faisant jaillir sa sabro-baguette hors de sa main.
Un long cri de rage échappa des lèvres de l’Empereur qui tentait en vain de récupérer son arme. Déjà la tempête s’était chargée de la faire disparaître bien hors de portée. Les différentes images de Thomas-Leto s’avancèrent calmement avant de se fondre en une seule représentation. Sa peau rugueuse, couleur temps, luisait sous les éclairs.
« Vous avez perdu, Voldtari. »
La voix du garçon était chargée de ses souvenirs infinis et parvenait à dominer tout le vacarme ambiant.
L’autre laissa libre cours à sa haine, projetant flammes et rochers sur son adversaire.
Un bras de la tempête s’interposa entre eux, balayant ses attaques comme s’il se fut agi de simples brindilles.
Il contrôle la Tempête Coriolis !
« Inutile de résister, grand-père. Votre temps est révolu.
- Jamais !
- Voyez, vous faîtes preuve de la même obstination que votre fille et votre petit-fils. Il est une heure pour chaque chose : vous avez eu votre utilité, maintenant il vous faut disparaître. »
Pareil à un enfant coléreux, Voldtari relança un flot incontrôlé de Force qui, à nouveau, fut contré par Thomas-Leto avec une facilité inhumaine.
Un dieu !
« La religion est une arme bien dangereuse qu’il faut utiliser avec parcimonie. »
L’Empereur déchu gardait le silence.
Il avait perçu un ultime espoir.
Il ne disparaîtrait pas, pas complètement.
Il lui resterait un moyen, par-delà la mort, de détruire Thomas-Leto et de retrouver sa place dans la galaxie.
C’est pour cela qu’il lui fallait disparaître.
Pour laisser sa place à l’autre.
L’autre lui-même.
Là, dans son esprit.
« Adieu, grand-père.
- La mort n’est que le commencement. »
Voldtari ferma les yeux, vaincu.
Il attendait les deux mots fatidiques qui scelleraient sa destinée…
Plus que quelques minutes et il serait trop tard.
Le cœur battant, Mudir contemplait avec effroi le cadran du générateur de bouclier : les énergies de l’engin déclinaient de seconde en seconde sous les attaques répétées des Jedi Noirs.
Dix pour cent.
Neuf pour cent.
Seule sa foi lui permettait de ne pas céder à la panique.
Huit pour cent.
Le Maataï allait revenir. Il ne pouvait pas abandonner ses disciples.
Sept pour cent.
Il était impossible qu’il en soit autrement.
Six pour cent.
Cinq pour cent.
Quatre pour cent.
Un cri retentit. Le plus affreux qu’on n’eût jamais entendu.
Un cri de désespoir et de haine.
Un cri de mort.
Dans le même instant, plus tonitruants que le hurlement d’outre-tombe, sur fond de foudre, se détachèrent deux mots hypnotiques.
ESCA FLOWNE !
Et puis, plus rien.
La tempête avait disparu et les Jedi se tenaient immobiles, comme envoûtés.
C’est alors que Mudir le vit.
A son doigt luisait l’Anneau de la prophétie.
Déjà les Jedi avaient un genou à terre : ils juraient fidélité à leur nouveau maître.
Celui qui avait terrassé Voldtari.
Le Maataï !